#19 Série sur la nouvelle évangélisation
Outils pour la nouvelle évangélisation Annexe B
«Dans la culture technologique actuelle également, c’est le paradigme permanent de l’inculturation de l’Evangile qui sert de guide, en purifiant, en guérissant et en élevant les éléments les meilleurs des […] nouvelles formes de communication »
#19 Série sur la nouvelle évangélisation
Outils pour la nouvelle évangélisation Annexe B
La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
— Pape Jean-Paul II
P. Jonah Lynch, FSCB & Michelle K. Borras
servICe D’INFOrmATION CATHOLIQue
servICe D’INFOrmATION CATHOLIQue
Aujourd’hui, nous entendons souvent la question : « Comment l’Église peut-elle utiliser les nouvelles technologies pour poursuivre sa mission ? » Avant de pouvoir répondre, nous devons d’abord entrer dans un processus d’écoute, d’interprétation et de jugement – de discernement – qui soustend toute proclamation de l’Évangile. Ce livret a pour but d’aider le lecteur à s’engager dans ce travail de discernement. Il offre des lignes de conduite pour réfléchir de manière critique à ces questions. « Quels aspects des nouveaux moyens de communication sont compatibles avec le message de l’amour de Dieu fait homme en Jésus-Christ ? Lesquels ne le sont pas ? Comment garantissons-nous que les moyens que nous employons pour proclamer l’Évangile ont comme origine, constante orientation et objectif la rencontre concrète avec l’Amour qui sauve ?
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r ÉDACT rICe
eN CHe F
La technologie et la nouvelle évangélisation
:
Série sur la nouvelle évangélisation
© Copyright 2012, P. Jonah Lynch
michelle K. Borras, Ph.D.
401 Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ? C ONCePTION
grAPHIQu e
L’usage de la technologie dans la nouvelle
:
évangélisation : Quelques lignes de conduite
Alton Pelowski
© Copyright 2012, Chevaliers de Colomb Tous droits réservés.
1ère
A TA NT A ImÉ Le mONDe
»
404 un Dieu qui est trois fois Amour 405 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école de Benoît XvI
nouvelle traduction liturgique de la Bible les pays francophones (AeLF).
« C A r D Ie u
403 Les mystères de la vie de Jésus
Les citations des Écritures sont issues de la de l’Association épiscopale liturgique pour
PA rTI e
402 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne
2ème
PA rTIe
« A PPe LÉ s
à A Ime r …
»
406 Appelés à aimer: La théologie de l'amour humain selon de Jean-Paul II 407 à l’image de l’Amour: Le mariage, la famille et la nouvelle 408 suivre l’Amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée
susan m. Timoney, s.T.D. Censor Deputatus
Le nihil obstat et l’imprimatur sont des déclarations officielles attestant qu’un
ImPrI mATu r
livre ou un livret ne contient pas d’erreurs
Cardinal Donald Wuerl
doctrinales ou morales. Cela n’implique
Archevêque de Washington
pas que les personnes qui ont accordé le nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec
Archidiocèse de Washington
3ème
:
PA rTI e
… D A Ns L’É g LIse , É P Ouse
De L’A gNeAu
409 « Qu’il me soit fait selon ta parole » : marie, l’origine de l’Église 410 Avec le cœur de l’Époux : Le sacerdoce ministériel 411
La transfiguration du monde : Les sacrements
412
Lumière et silence : un journal intime eucharistique
413
Libres en vue de quoi ?
414
La justice : De la dignité du travail
415
La justice : L’Évangile de la vie
le contenu, les opinions ou les affirmations qui y sont exprimés.
I m A g e De L A C O u v e rT u r e
évangélisation
21 août 2012
N I H I L OB s TAT
4ème
Deux des rachetés de la « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer,
5ème
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient
416
debout devant le Trône et devant l’Agneau » (Apocalypse 7,9). Les élus qui
417
sont ressuscités portent les objets par lesquels ils ont glorifié Dieu pendant
PA rTI e
PA rTIe
« A Ime r
« IL
eN ACT e eT e N v ÉrITÉ
»
NOu s A A ImÉ s J usQu ’ Au BOu T
»
La dignité de la personne souffrante « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et la vie éternelle
leur vie terrestre. Du mur de la Parousie, Chapelle redemptoris mater, Cité du vatican. Les mosaïques de la chapelle ont été réalisées par le p. marko Ivan rupnik et les artistes du Centre Aletti en 1999. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
A NN e Xes : O u TILs 418 419
POu r L A NOu veLLe ÉvANgÉLI sATION
La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
P. Jonah Lynch, FSCB & Michelle K. Borras
Sommaire
La technologie et la nouvelle évangélisation 2
Prémisse
4
Quelques exemples
8
La technologie n’est pas neutre
12
Communion et communication
15
L’incarnation à l’époque de Facebook
18
Le corps et l’amour
21
Limites et infini L’usage de la technologie dans la nouvelle évangélisation : Quelques lignes de conduite
27
La centralité de l’Incarnation
29
Un don gratuit
30
« Silence et parole : chemin d’évangélisation »
32
Sources
35
Les auteurs
36
Le Service d’information catholique
Détail du Mur de la Parousie, Chapelle Redemptoris Mater, Cité du Vatican. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
La technologie et la nouvelle évangélisation P. Jonah Lynch, FSCB
Comment
l’Église
peut-elle
utiliser
les
nouvelles
technologies pour poursuivre sa mission ? C’est une question amplement débattue parmi les évêques, les prêtres et les laïcs qui désirent légitimement vivre leur foi dans le monde moderne et les missionnaires qui veulent proclamer l’Évangile « à temps et à contretemps » (2 Timothée 4,2), avec tous les outils disponibles. En même temps, les parents s’inquiètent des éventuels effets négatifs des nouvelles technologies ; les éducateurs s’emploient à les utiliser pour améliorer leur enseignement, avec des résultats mitigés, et les innovations continuent à une vitesse accélérée, laissant chacun tenter de rattraper son retard. L’objectif de ce livret est
d’éclaircir
quelques
éléments
de
cette
histoire
compliquée et d’offrir une lecture catholique de leur signification. Pour ce faire, j’aimerais emprunter une approche intuitive. Je commencerai avec quelques exemples des changements que nous avons connus ces dernières décennies. Cela nous permettra d’avoir un regard plus rapproché de certaines des questions sous-jacentes à propos de la technologie. En particulier, cela nous aidera à voir que la technologie n’est pas simplement un outil neutre, que l’on peut utiliser quel
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que soit l’objectif que l’on se donne. D’autres exemples suivront pour étoffer la discussion. En conclusion, je rappellerai quelques points essentiels de la mission de l’Église dans le monde en commençant à faire le lien avec les réflexions précédentes sur la technologie. Commençons par une brève prémisse.
Prémisse Toute la vie chrétienne repose sur deux mystères principaux : la Sainte Trinité et l’Incarnation. La Trinité est le nom que nous donnons à l’insondable beauté de communion en Dieu lui-même, parfaite unité de trois personnes qui sont néanmoins distinctes les unes des autres. Participer à cette unité est un des désirs les plus profonds qu’ait une personne humaine : vivre dans les profondeurs de l’amour, de l’amitié et de la communion, mais sans dissoudre son identité dans la foule. Nous voulons profondément être reliés à d’autres personnes, aimer et être aimés parce que nous sommes « image et ressemblance » de Dieu lui-même, qui est Trinité. Il n’est pas difficile de voir que ce désir de communion est au cœur de ce qui a fait que les réseaux sociaux ont connu une croissance aussi exponentielle cette dernière décennie. En 2009, Benoît XVI affirmait : « Ce désir de communication et d’amitié est enraciné dans notre propre nature d’êtres humains et ne peut être compris de façon adéquate uniquement comme une réponse aux innovations technologiques. À la lumière du message biblique, ce désir doit plutôt être considéré comme un reflet de notre participation à l’amour communicatif et unifiant de Dieu, qui veut faire de l’humanité entière une seule famille »1.
2
L’autre très profond mystère de notre foi, l’Incarnation, est le pont qui relie deux mondes qui, sinon, seraient restés séparés. En Jésus-Christ, Dieu est révélé et rendu présent au milieu de nous. Plus encore : la chair elle-même, cette partie de la personne humaine qui ne semblait destinée qu’à la décomposition et à la mort, se révèle d’une importance cruciale. Dieu a non seulement pris chair mais, dans sa résurrection, il montre la destinée éternelle et transfigurée du corps humain. Marie a déjà part à cette destinée. Nous aussi, par la grâce de Dieu, nous le pouvons. Dès son commencement, le christianisme a connu la tentation pérenne de sous-estimer l’importance du corps. Dans les siècles passés, de nombreux débats dogmatiques cruciaux ont eu lieu sur ce sujet et beaucoup des plus dangereuses hérésies ont dévalué le corps. Certaines philosophies ont situé l’origine du mal dans la réalité physique et le bien dans un royaume exclusivement spirituel. Notre tradition chrétienne, d’autre part, a toujours affirmé la bonté de toute la création. Toutes les générations de chrétiens ont eu à réapprendre à penser à Jésus-Christ, « vrai homme et vrai Dieu », sans souligner excessivement une partie de cette expression au détriment de l’autre. Quand nous parlons du « corps et du sang, de l’âme et de la divinité » du Christ présent dans l’Eucharistie, nous parlons de cette union étonnante entre des opposés apparents, physiques et spirituels. Dans les vingt siècles de la vie de l’Église, on a apporté beaucoup de clarté à ces définitions, mais elles conservent un mystère fondamental qui n’a jamais été et ne peut pas être épuisé. Passons à notre sujet à partir de quelques exemples pris dans la vie courante.
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Quelques exemples Quand j’étais enfant, mon père travaillait dans une agence d’assurances. Il quittait la maison vers huit heures et rentrait à cinq heures et demie. Pendant ce temps, il passait beaucoup de coups de téléphone, écrivait beaucoup de lettres et rencontrait beaucoup de monde. Mais de cinq heures et demie de l’après-midi au lendemain matin, il ne faisait rien de tout cela. Il y avait une distinction claire entre le lieu de travail et la maison. Tout le monde le sentait : même si vous connaissiez le numéro de téléphone de la maison de votre employé, il n’était pas juste de le déranger chez lui sauf en cas d’extrême urgence. Vingt ans plus tard, mon père travaillait encore pour une agence d’assurances. Mais désormais, même pendant ses congés, il devait vérifier ses messages téléphoniques, répondre au téléphone à des appels professionnels et envoyer des mails de son blackberry. Il n’y avait plus de distinction claire entre la maison et le travail. Les causes de cette situation sont complexes. L’une d’elle est le fait qu’un appel sur un téléphone portable n’est pas lié à un lieu physique spécifique. Cela affaiblit inévitablement la perception que l’on pourrait « déranger » la personne que l’on appelle. Cela était plus fort lorsque le numéro de téléphone était directement lié à un lieu. : un appel professionnel sur un téléphone fixe devait être important. Ce qui auparavant était lié objectivement à des lieux physiques est aujourd’hui déterminé seulement par votre volonté : nous devons éteindre notre téléphone afin de préserver le silence d’une conversation importante, d’une célébration liturgique ou d’un repas avec des amis. Et souvent, même si nous avons décidé d’éteindre notre
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téléphone, ceux qui nous entourent ne l’ont pas fait. Il y a quelques décennies, un paroissien aurait été vraiment impoli s’il avait interrompu la messe pendant la consécration par un bruit fort. Aujourd’hui, tous les paroissiens doivent prendre la décision d’éviter d’interrompre la messe par une sonnerie de téléphone portable. Prenons un autre exemple : le « chat » en ligne. Sur mon compte Gmail, je peux voir quand certains de mes amis proches sont en ligne. En cliquant sur leur nom, j’ouvre une fenêtre de discussion que j’utilise parfois pour dire bonjour à des personnes que je n’avais pas prévu de contacter mais que je remarque simplement en ligne. Il y a quelque temps, je « discutais » avec un ami qui vit en Espagne et que je vois rarement. Notre conversation ressemblait à quelque chose comme cela : Moi : Salut, Jacques, comment vas-tu ? Jacques : Bien, et toi ? Moi : Bien. Et ton travail ? Jacques : Ça va, un peu en baise à cause de la crise Moi : Et ta petite amie ? Pendant que l’autre personne tape sa réponse, la fenêtre de discussion de Gmail montre une phrase qui dit : « Jacques est en train d’écrire… ». Cette phrase demeure visible tant que l’autre personne tape réellement ; quand elle s’arrête, la phrase disparaît rapidement. Après ma dernière question, en regardant ce message, je pouvais dire que Jacques tapait quelque chose, puis s’est arrêté, puis il a recommencé à taper, puis une longue pause et au bout de deux minutes, j’ai reçu sa réponse : « Bien ».
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Que s’est-il passé entretemps ? A-t-il d’abord dit quelque chose d’autre, changé d’avis, puis adressé un bon mot ? Ou at-il reçu un appel téléphonique ou un message électronique ? Ou est-il allé boire un verre d’eau ? Je ne le saurai jamais. Cela m’a enseigné quelque chose à propos du « chat ». Cela rapproche les gens : je n’avais pas prévu de parler avec mon ami à l’étranger mais la fenêtre de discussion a permis que nous ayons un bref contact. En même temps, la discussion écrite crée une distance qui n’existe pas dans d’autres formes de communication à distance. Par exemple, au téléphone, il aurait été plus facile d’interpréter cette longue pause. J’aurais probablement été capable de deviner si les choses allaient vraiment « bien » ou pas entre lui et sa petite amie. Le « chat », en revanche, rendait ce silence complètement illisible. Un troisième exemple : la télévision. La disponibilité de nombreuses chaînes permet de zapper continuellement d’un monde à un autre (c’est vrai pour trois ou quatre, sans parler de cinq cent chaînes par satellite). Cette expérience nous conditionne et nous fait penser que le monde n’est pas d’abord « donné » mais choisi. Vous voulez ressentir quelque chose en particulier ? Et bien, choisissez le programme qui vous fera vous sentir détendu, excité, effrayé, joyeux, sentimental, etc. Ou vous ne savez pas comment vous voulez vous sentir, alors vous commencez à zapper d’une chaîne à l’autre, vous arrêtant quelques secondes sur les images qui vous attirent le plus instinctivement. Les écrans de télévision ont un caractère complètement différent de tous les autres objets. Ils semblent presque magiques. Ils attirent notre regard avec un pouvoir que les peintures des plus grands maîtres ne peuvent égaler. De plus, ils sont tout-puissants, ils peuvent devenir n’importe quelle
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image : à l’écran, on peu regarder une comédie, le pape célébrant le Chemin de Croix le vendredi saint, ou un film pornographique. Ce sont trois expériences qui se situeraient plus naturellement dans trois lieux différents : un théâtre, une Église et une maison close mais qui peuvent se côtoyer dans une apparente harmonie sur l’écran de télévision du salon. Ce dernier mot sur la télévision nous conduit à une première conclusion. Dans Se distraire à en mourir, Neil Postman écrit : Il est invraisemblable d’imaginer que quelqu’un comme notre vingt-septième président, l’homme au triple menton et aux trois cents livres, William Howard Taft, pourrait être mis en avant en tant que candidat à la présidence dans le monde d’aujourd’hui. La forme du corps d’un homme est en grande partie sans rapport avec la forme de ses idées quand il répond à un public par écrit ou à la radio, ou même par des signaux de fumée. Mais elle est est tout à fait pertinente à la télévision. La grossièreté d’une image de trois cents livres, même si elle a la parole, pourrait facilement submerger toutes les subtilités logiques ou spirituelles véhiculées par cette parole. Car à la télévision, le discours est réalisé en grande partie grâce à l’imagerie visuelle, ce qui veut dire que la télévision nous donne une conversation en images, pas en mots ... Vous ne pouvez pas faire de la philosophie politique à la télévision. La forme nuit au contenu.2
Les trois exemples que nous avons brièvement examinés nous aident à voir que, avec un léger changement, la dernière phrase de Postman « la forme nuit au contenu » pourrait décrire les trois technologies que nous avons présentées. Le
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téléphone portable change notre perception de l’espace et de la vie privée ; la discussion en ligne obscurcit la signification du silence et change le genre de choses qui peuvent, ou non, être dites clairement ; la télévision altère notre relation au monde
de
différentes
manières
importantes.
Plus
généralement, nous pourrions dire que toute technologie apporte avec elle un changement dans notre approche du monde et dans notre relation avec lui.
La technologie n’est pas neutre Les changements dans notre approche du monde apportés par l’usage de la technologie sont très importants. En particulier, cela dépend beaucoup de quels aspects de la vie sont simplifiés et lesquels sont rendus plus difficiles à travers une technologie donnée. Dans ma conclusion, je proposerai que nous regardions avant tout ce que nous souhaitons faire ou dire à travers la technologie, afin d’être conscients des gains et des pertes encourus par son emploi. Mais nous devons auparavant aborder une idée fausse qui est commune. Très fréquemment, nous disons ou nous entendons les autres dire que la technologie est neutre et que tout dépend de la manière dont vous l’utilisez. L’analogie existe avec des outils plus anciens : on dit qu’un couteau n’est ni bon ni mauvais et vous pouvez l’utiliser pour couper du pain ou pour tuer un homme. Je voudrais regarder de front cette question. Premièrement, je dois clarifier qu’en disant que la technologie n’est pas neutre, je ne dis pas qu’elle est intrinsèquement mauvaise. Par « neutre », nous signifions en général, en prenant les choses à l’extrême, qu’internet n’a
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pas été inventé par le diable. Et même s’il y avait une odeur de souffre, il est indéniable qu’avec ce qui est mauvais, beaucoup de bonnes choses peuvent être trouvées sur Internet. Nous présumons donc que le seul réel problème est de bien utiliser internet et les autres technologies. Le problème est qu’à ce point, nous avons tendance à faire un saut injustifié. C’est-à-dire que nous avons tendance à penser que seul l’utilisateur utilise la technologie. Mais cela n’est pas vrai : c’est aussi la technologie qui « utilise » son utilisateur. Tous les outils ont un impact sur la personne qui les utilise. En ce sens, ils ne sont pas neutres. Les exemples qui vont suivre se comprennent plus clairement si nous mentionnons brièvement un récent développement
dans
les
neurosciences
appelé
la
« neuroplasticité ». Ce terme indique le fait que l’expérience modifie le cerveau humain de manière physiquement mesurable, incluant la croissance et la mort, le renforcement ou l’affaiblissement de dentrites (quelque chose comme des fils de branchement) entre les neurones, ainsi que la reprogrammation de groupes de neurones pour de nouvelles fonctions. Ces développements ont été discutés dans de nombreux livres récents auxquels je renvoie le lecteur intéressé3. Pour notre objectif, il suffit d’affirmer que les changements qui se produisent dans le cerveau, résultant d’activités répétées, peuvent avoir des conséquences importantes. J’aimerais mentionner un exemple personnel lié à la lecture et la prière. À un certain moment dans ma vie de prêtre, je passais beaucoup de temps à faire de la lecture rapide de livres, de sites de nouvelles sur la toile et d’études universitaires, lorsque je préparais un diplôme de Master. Je suis devenu bon en multitâche et je trouvais rapidement les
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informations utiles pour les papiers que j’écrivais. En même temps, j’ai fait l’expérience d’une difficulté croissante à garder mon esprit fixé sur une seule chose à la fois, en particulier quand je lisais des ouvrages théologiques compliqués et quand je priais le bréviaire. Mes yeux continuaient de sauter d’une ligne à l’autre, cherchant les mots-clés sans suivre le rythme paisible du texte biblique. Au début, cela ne semblait pas être un problème sérieux et j’ai continué comme cela. Quand un ami m’a donné un exemplaire de Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté, de Nicolas Carr, j’ai réalisé que mon expérience était plus importante que je ne l’avais d’abord pensé. Carr montre dans son livre que la forme de lecture que je faisais était littéralement en train de recâbler mon cerveau ! Autrefois, l’on pensait que le cerveau atteignait une forme substantiellement fixe avec la maturité physique et qu’il fonctionnait plus ou moins comme un ordinateur. Le livre de Carr m’a aidé à voir que la réalité était tout à fait différente. Les neurones forment continuellement de nouvelles connections entre eux. Nous sommes nés avec des structures
neurologiques
mais
ces
structures
sont
profondément modifiées par l’expérience. La signification et l’importance de cette découverte sont difficiles à surestimer. Une des dynamiques sous-jacentes s’appelle la loi de Hebb, formulée par le neuro-scientifique canadien Donald Hebb en 1949 : « Des cellules qui fonctionnent ensemble se connectent ensemble ». Si deux neurones, plus ou moins dans la même zone du cerveau, sont stimulés en même temps par une expérience, ils peuvent former entre eux des connections physiques à travers la croissance de nouvelles dendrites. Plus récemment, Edward Todd et Michael
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Merzenich ont démontré qu’il y a d’autres mécanismes possibles. Non seulement l’expérience génère des structures neurologiques, renforçant ou affaiblissant les liens entre neurones, mais cela peut aussi faire que des groupes entiers de neurones changent de rôle. Ainsi, par exemple, les personnes victimes d’un AVC peuvent retrouver des mouvements du corps en « reprogrammant » les neurones dans une zone non endommagée, pour ensuite substituer les neurones endommagés4. Et ce n’est pas tout. Il suffit qu’une expérience soit « remémorée » pour fortifier les connexions en jeu. Un exemple notable de ce phénomène concerne la pratique musicale. On peut pratiquer en ne faisant que penser à jouer, sans toucher du tout le clavier d’un piano, et progresser réellement. Une étude faite en 1995 par Alvero Pascual-Leone a démontré qu’un groupe de pianistes qui avaient seulement imaginé jouer certaines notes manifestaient les mêmes changements dans leur cerveau que d’autres qui avaient réellement joué sur le clavier !5 Quand des connexions sont renforcées entre des neurones, elles peuvent devenir la voie de communication la plus facile. C’est ainsi que se forment les habitudes, à la fois d’action et de pensée. Tout cela a des implications profondes sur notre rapport à la réalité. Nous devenons ce que nous pensons, ce que nous voyons, ce que nous lisons et ce que nous faisons. Ce n’est pas une affirmation mystique : sur un plan neurologique, nos expériences ne nous laissent jamais inchangés. Elles nous modifient, pour le meilleur et pour le pire, créant ou renforçant de nouvelles connexions dans notre cerveau, en affaiblissant ou en éliminant d’autres, nous formant à l’image de nos actions, nos pensées, nos désirs et nos outils. 11
S’il existe une relation à double sens entre un outil et son utilisateur, entre l’homme et la technologie, quels sont les outils auxquels nous aimerions le plus ressembler ? Lire les Écritures crée une capacité puissante de raisonnement et une attention au détail subtil que l’homme n’a pas naturellement. Cela ne s’acquiert qu’avec une longue expérience et avec la décision de se concentrer sur certains types de lecture. Méditer la vie des saints nous aide à former notre volonté et notre intelligence selon les standards les plus élevés. Une bonne action morale crée des habitudes vertueuses. En d’autres termes, toutes ces actions évoquées reconnectent notre cerveau à l’image de ces mêmes actions. Dans ce petit livret, il n’y a pas assez de place pour poursuivre ce raisonnement6. J’espère que ces commentaires aident au moins à voir que la question avec laquelle nous avons commencé – Comment l’Église peut-elle utiliser les nouvelles technologies pour poursuivre sa mission ? – n’a pas de réponse facile précisément parce que les technologies elles-mêmes modifient les messages qu’elles portent. Ce problème n’est pas nouveau ; toute forme de communication y participe. Mais c’est un problème particulièrement important aujourd’hui car il résulte de l’accélération continuelle du développement et de l’usage des technologies de la communication.
Communion et communication Le désir de communion me semble être un point sur lequel nous devrions porter notre attention. Nous devrions d’abord regarder les raisons profondes qui poussent les hommes et les femmes à constamment rechercher de nouveaux moyens de communication plutôt que la
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méthodologie technique qui, de toutes façons, change rapidement et qui doit être constamment réapprise. En même temps, il faut que nous ayons une réflexion critique sur nos succès et nos échecs dans cette quête de communion. Dans son message pour la Journée internationale des communications sociales 2011, le pape Benoît XVI a demandé : Qui est mon «prochain» dans ce nouveau monde ? N’y a-t-il pas le danger d’être moins présent à ceux que nous rencontrons dans notre vie quotidienne ordinaire ? N’y a-t-il pas le risque d’être plus distrait, parce que notre attention est fragmentée et absorbée dans un monde «différent» de celui dans lequel nous vivons? Avons-nous le temps d’opérer un discernement critique sur nos choix et de nourrir des rapports humains qui soient vraiment profonds et durables ? Il est important de se rappeler toujours que le contact virtuel ne peut pas et ne doit pas se substituer au contact humain direct avec les personnes à tous les niveaux de notre vie.7
En réalité, il ne faisait que répéter, en termes encore plus vibrants, ce qu’il dit dans Verbum Domini : Parmi les formes nouvelles de communication de masse, un rôle croissant est aujourd’hui reconnu à internet qui constitue un nouveau forum sur lequel il faut faire résonner l’Évangile avec la conscience. Il faut cependant avoir conscience que le monde virtuel ne pourra jamais remplacer le monde réel et que l’évangélisation ne pourra profiter de la virtualité offerte par les nouveaux médias pour instaurer des relations qui n’auront du
13
sens que si on rejoint une approche personnelle qui demeure irremplaçable.8
Une
confession
par
téléphone,
fax,
messagerie
électronique ou « chat » serait-elle la même chose, en ce qui concerne la rencontre avec la miséricorde divine à travers le prêtre présent dans le confessionnal ? Ne serait-elle pas beaucoup plus abstraite et froide (outre qu’elle serait invalide) ? Pouvez-vous demander à votre petite amie par skype de vous épouser ? Il me semble que la communication virtuelle peut être un soutien pour les relations mais elle ne peut pas les faire grandir et mûrir avec la vitesse, la profondeur et l’honnêteté que seule la communication personnelle et physique peut garantir. L’histoire de l’Église est pleine de beaux exemples de personnes
comme
saint
Paul,
qui
ont
essayé
de
communiquer leur foi avec toutes les nouvelles formes de communication disponibles à leur époque. Je pense aussi aux scribes qui ont copié des pages et des pages de manuscrits, tout comme les plus récents évangélisateurs par la télévision, y compris l’American Fulton Sheen ou l’incroyable énergie du prêtre polonais Maximilien Kolbe qui fonde des journaux et même des villes avant de mourir en martyr à Auschwitz. Enfin, souvenons-nous de la puissante influence du pape Jean-Paul II ou de Mère Teresa : ils avaient une présence lumineuse et convaincante, même sur un écran de télévision. Mais je ne peux m’empêcher de penser que les actions de ces personnes ont porté un vrai fruit à la mesure des relations interpersonnelles qu’elles ont favorisées dans des petites communautés locales. Un autre document ecclésial produit par le Conseil pontifical pour les communications sociales en 2002 dit
14
ceci : « La réalité virtuelle ne peut pas substituer la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, la réalité sacramentelle des autres sacrements et les célébrations liturgiques auxquelles on participe dans une communauté humaine en chair et en os. Sur internet, il n’y a pas de sacrements ». En d’autres termes, le problème fondamental pour les catholiques ne semble pas tellement être de conquérir les espaces sur la toile pour le Christ, mais plutôt de vivre avec le Christ et l’Église dans les sacrements. Ceux qui font cela « cristifieront » tous les lieux où ils vivent, y compris internet.
L’Incarnation à l’époque de Facebook J’ai récemment reçu un message informatique d’une amie, Anna.
Elle
me
parlait
d’un
jour
particulièrement
dramatique où elle avait découvert l’amitié d’une personne qui lui était chère. La lettre était belle, une histoire simple et émouvante. Quelques semaines plus tard, je parlais avec une amie commune de ce message et elle me révéla qu’elle aussi avait reçu le même message électronique. Mais ne m’était-il pas destiné ? Ou était-ce plutôt comme un article de journal, facilement mis en copie et envoyé à plusieurs personnes ? Là aussi, pourquoi avons-nous tendance à nous sentir déçus quand nous découvrons ce genre de chose ? Pourquoi la lettre devrait-elle avoir moins de valeur si elle est envoyée aussi à d’autres ? La même chose est vraie pour les œuvres d’art. Aux enchères chez Christie’s, les originaux valent des millions et les reproductions, pas plus de quelques dizaines de dollars. De même, quand un artiste fait plusieurs exemplaires d’une œuvre, comme dans le cas d’impression ou de gravure sur bois, il les numérote. Ce n’est pas la même chose d’avoir un 15
original ou une copie. Ce n’est pas la même chose d’avoir un poster fabriqué en série ou une gravure numéro 53 sur 100. Qu’est-ce qui change dans le cas d’une lettre personnelle ? L’estimation de la personne change. Anna a écrit un message qu’elle a envoyé à d’autres pour gagner du temps. Mais il a ainsi été sorti du contexte d’intimité d’une amitié entre son auteur et le destinataire. Seul le texte est resté sans la toile complexe d’intention, de forme et de suggestion qui n’existe que dans une relation personnelle unique. Un signe du caractère faussé de ce type d’action est le sentiment de culpabilité qu’il crée, que l’on trouve dans le fait que l’expéditeur a tendance a cacher le fait que c’est un message envoyé à plusieurs personnes. Les cartes de Noël sont habituellement signées à la main, même si le reste est imprimé. La plupart d’entre nous voulons être estimés plus que ce que nous méritons. Prenez les photos des profils Facebook : la plupart ne reflètent pas nécessairement ce qu’est la personne, mais plutôt ce qu’il ou elle voudrait paraître. C’est une petite vanité tout à fait pardonnable, mais il dévoile une manière d’être qui ronge l’amitié, cette véritable communion que nous désirons tant. À travers ces petits manques de sincérité, se développe une mentalité pour laquelle l’apparence est plus importante que la vérité et qui est un obstacle à l’amour. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec Web 2.0 ? Sur les blogs ou les réseaux sociaux, chaque personne émet des informations, et la plupart des messages sont envoyés dans l’air à une pluralité de destinataires. C’est quelque chose de différent d’une conversation entre amis. Dans une lettre adressée à Facebook (comme si c’était une personne), Adam Briggle aborde le problème de la communication de masse :
16
À cause de l’auditoire mixte susceptible de voir ces expressions publiques… je ne me sens pas du tout libre. En effet, je commence à sympathiser avec les sociétés de radiotélédiffusion et de médias qui ont à produire un contenu qui convient à tout le monde. Dans ces espaces, je ne joue pas avec mon identité et ne m’exprime pas tant que je n’essaie de purifier en le rendant neutre un « moi » adapté à une diffusion auprès d’un large public. C’est l’art de l’autocensure, en tentant de gérer la collision de contextes de vie qui, normalement, demeurent séparés. J’ai vu des commentaires innocents déraper en une litanie de rancœurs parce que ce qui se dit le mieux à une personne se dit autrement à une autre et pas du tout à une troisième9.
Vu d’un point de vue personnel, cela peut ne pas être très convaincant. « D’accord, les communautés virtuelles ne sont peut-être pas aussi fortes que les communautés réelles, mais est-ce vraiment important ? » C’est plus facile à comprendre si nous regardons du point de vue du destinataire. Même si j’écris des messages copiés sur du papier carbone pour gagner du temps, je préfèrerais que mes amis m’écrivent personnellement sur une base privée, un à un. J’aimerais que notre conversation se déroule à un rythme équilibré entre la parole et l’écoute. J’aimerais que notre amitié soit pleine de charité sincère. Exactement ce que je fais à l’égard des autres presque sans y penser, je ne voudrais pas qu’on me le fasse. Quand je vais sur un forum sur Internet pour essayer de résoudre un problème sur mon ordinateur, j’ai rapidement accès aux connaissances combinées de plusieurs milliers de personnes. Et je suis souvent en mesure de trouver vite une solution mais j’ai tendance à réduire ces personnes à de simples fournisseurs d’informations, ce qui est moindre
17
qu’une personne. D’autre part, je n’aimerais pas être traité comme un simple fournisseur d’information mais comme un être unique. Je ne suis pas un simple événement parmi des événements. Je ne suis pas une simple fonction parmi des fonctions, ni une goutte dans un océan. Le concept de personne, dont l’occident chrétien est fier à juste titre, affirme que chaque homme et chaque femme est un tout, un infini. Je suis un événement unique, et je trouve dans l’unicité de la chair et des relations humaines locales le fondement nécessaire aux amitiés fortes et vivantes que je cherche.
Le corps et l’amour À l’école élémentaire, nous avions l’habitude de faire passer des mots d’amour entre élèves. Ils étaient tellement directs qu’ils en étaient ridicules. Je crois qu’une fois j’ai écrit à une fille : « Veux-tu être ma petite amie ? » avec deux cases à cocher, « oui » et « non ». Au lycée, les choses sont devenues plus compliquées et je n’avais en général pas le courage de poser la question directement alors j’essayais au téléphone. J’étais là, faisant tout mon possible pour interpréter les microsecondes de chaque pause et le ton de la voix afin de comprendre les intentions réelles de mon amie. Je me souviens que certaines relations étaient en quelque sorte doublées : il y avait la relation au téléphone et la relation en personne pendant les journées de classe. Les fleuves de paroles que nous avions dites dans la soirée semblaient ne pas survivre à la lumière du lendemain. Quand j’ai enfin eu une petite amie, j’ai immédiatement réalisé qu’être ensemble était complètement différent de ces interminables conversations téléphoniques. Tout d’abord,
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c’était bien plus difficile de masquer mes sentiments. Quand j’étais fatigué, ou fatigué de dire des mots doux, je ne pouvais pas me cacher derrière quelques monosyllabes prononcées ça et là au téléphone. J’étais tout d’une pièce, lisible à chaque instant et pas seulement quand je sortais de mon silence. Le regard de mes yeux en disait plus que beaucoup de paroles. Les caresses que j’avais si profondément désirées étaient un signe d’amour, mais elles devenaient vite vides et nous éprouvions le besoin de trouver des mots toujours plus forts et des gestes toujours plus tendres pour dire la même émotion. Comme c’est étrange, et comme on se sent maladroit quand on réalise qu’un excès d’expression étouffe l’amour ! C’est important parce que cela nous aide à comprendre que le langage de l’amour, comme d’autres langages et d’autres expériences fondamentales, est infiniment variable. Il requiert tous les sens et tous les registres expressifs ne serait-ce que pour approcher de loin ce que nous voudrions exprimer.
Cela
nous
aide
à
percevoir
que
toute
communication qui n’inclut pas la présence physique des personnes mais qui se présente seulement avec des mots, des images et des sons par le biais d’une machine, perd la plus grande partie de son efficacité, même avec l’addition d’émoticônes. Un mot écrit dans un texto n’a pas le même caractère individuel qu’un mot écrit à la main, qui trahit la hâte ou l’attention ainsi que la personnalité de la personne qui écrit. Le langage de l’amour, comme le langage de la religion, a besoin de la communication personnelle, du corps. Nous pouvons faire confiance à une personne, pas à un message. Nous pouvons éprouver les battements de notre cœur pour quelqu’un qui est ici, maintenant, avec nous. Nous pouvons voir son visage, évaluer la sincérité de son sourire,
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la pureté de son regard. Nous pouvons lui serrer la main et mesurer sa conviction et sa chaleur humaine. Dans mon corps, je fais l’expérience de la beauté de la relation dont les limites physiques ne sont pas une coquille mortelle mais une frontière perméable qui permet la communion. Justement parce que ma main n’est pas la même que celle de la personne qui la serre, il est beau que nos mains soient unies. S’il n’y avait pas de frontière, il ne pourrait pas non plus y avoir la surprise et la gratitude dont nous faisons l’expérience dans la proximité de l’autre. Dans la chair, il y a moins de confusion. Tout d’abord parce qu’il y a un certain sentiment de modestie devant une présence physique, qui aide à ne pas se précipiter, à ne pas prétendre à la fusion de nos âmes dès le premier rendezvous. Et entretemps, grâce aux messages corporels continus qui arrivent à travers les gestes, les tons de la voix, les expressions du visage, les pauses etc., nous obtenons une idée de l’autre personne sans avoir à tout mettre dans la clarté forcée et l’appauvrissement typique du discours direct. S’approcher de certains thèmes sur la pointe des pieds n’est pas nécessairement un manque d’amour de la vérité. Cela peut très bien exprimer le respect de la liberté et la subtilité de certaines vérités. Certains sujets sont comme les cyclamens qui ne peuvent vivre qu’à l’ombre des arbres dans la forêt. La lumière directe les tue. Cela nous conduit à poser une question surprenante : pourrait-il se faire que les limites mêmes imposées par la réalité physique aient une signification positive ? Pourrait-il se faire que le désir d’étendre ces limites, de conquérir l’espace et le temps avec des moyens de transport et de communication toujours plus puissants, ne soit pas toujours un désir utile ?
20
Les limites et l’infini Jeune séminariste, j’ai passé une fois un été avec le chapelain d’un hôpital, le père Vincent. Je l’accompagnais quand il rendait visite aux malades. Par une chaude matinée de juillet, nous avons entendu crier dans le hall de l’hôpital. La voix venait d’une chambre isolée où une femme, qui s’appelait Rachel, mourait d’un cancer. Les infirmiers ne pouvaient rien faire pour apaiser ses douleurs. À un étage où ils étaient occupés par les soins à donner à beaucoup d’autres patients, ils restaient à distance des cris. C’était des infirmiers très généreux, désireux de faire tout ce qu’ils pouvaient pour aider mais quand il n’y avait plus rien à faire, ils ne se sentaient pas à l’aise de rester avec cette femme. Le père Vincent se dirigea vers le cri. Il entra et ferma la porte. Puis il se mit à genoux et commença à crier avec elle. Elle criait : « O Dieu » et il criait : « O Dieu, aide-la, aide-la ! ». Il tenait sa main. Au moins, ainsi, elle savait que quelqu’un priait avec elle. Nous sommes restés là longtemps. Au bout d’un certain temps, au lieu de dire « Pourquoi, o pourquoi, mon Dieu ? O arrêtez, arrêtez » elle dit « J’offre, j’offre, je l’offre ». Dans les derniers moments de sa vie, le désespoir est devenu de l’espoir. Quand je vois des tableaux ou des icônes représentant la descente du Christ aux enfers, je pense à ce moment. La main du père Vincent était comme la main du Christ, rejoignant le fonds obscur du désespoir pour apporter la lumière et l’espérance. En fait, ce n’est pas exagéré de dire que sa main était la main du Christ apportant le salut à Rachel. C’est la réalité frappante de l’amour singulier du Christ pour chaque personne, qu’il désire exprimer à travers 21
son Corps, l’Église. Ce moment a éclairé pour moi une des raisons pour lesquelles Jésus a voulu confier son Église tout entière à la fragile et « inefficace » communication de personne à personne qu’il a inaugurée avec ses disciples : rien d’autre ne fonctionne. Aucun soin à distance n’aurait suffi pour Rachel. La seule réponse possible à son besoin, après que tous les médicaments avaient été essayés, tous les soins palliatifs donnés, était la main et la voix d’une personne humaine dans la même chambre qu’elle. Et cela fut le moyen de son salut, pour qu’elle apprenne à croire que Dieu ne nous abandonne pas et à croire que même sa souffrance pouvait trouver un sens dans sa Croix. Cela ne signifie pas que tous les efforts des docteurs et des infirmiers étaient inutiles, bien au contraire. Ils étaient absolument
utiles,
mais
secondaires.
Ce
qui
était
fondamental, c’était le contact humain qui ne pouvait advenir que dans une rencontre de personne à personne. Il n’y avait aucun moyen de multiplier l’efficacité du père Vincent à travers les progrès des technologies de la communication. La seule chose bonne pour Rachel, en ce matin de juillet, était la main du père Vincent dans la sienne. Cette histoire nous aide à voir que la question par laquelle nous avons commencé, « comment l’Église peut-elle utiliser les nouvelles technologies pour poursuivre sa mission » doit être posée comme une question secondaire. L’Église doit « discerner la valeur de toute chose », retenant ce qui est bon (cf. 1 Thessaloniciens 5, 21), mais elle ne doit jamais oublier qu’elle a commencé par l’amour singulier, spécifique, personnel de Jésus pour ses disciples. Aucun progrès technique ne pourra jamais faire que cette forme de relation soit démodée.
22
La même vérité est visible dans de nombreux autres domaines de la vie chrétienne. Un couple marié doit accepter beaucoup de limites dans la vie commune : les limites causées par les personnalités des deux époux, par leur situation sociale, par leurs enfants, par la maladie ou un accident, etc. C’est pourtant précisément à l’intérieur de ces limites
que
le
couple
peut
faire
l’expérience
de
l’accomplissement et de la beauté de sa vocation. Les alternatives à la fidélité ne mènent pas au bonheur. Un prêtre missionnaire peut avec raison être plein du désir d’apporter le Royaume de Dieu à tous les hommes et toutes les femmes, mais s’il ne prend pas soin d’une communauté, son propre troupeau, il finira par se disperser dans l’activité et portera peu de fruit. L’Église existe parce que les gens sont blessés. Son but n’est pas simplement de proclamer efficacement la Bonne Nouvelle et puis d’aller faire autre chose, mais d’être physiquement le Corps du Christ. Toute la vie chrétienne repose sur l’expérience des sacrements, de la liturgie, de la communion de l’Église et du mystère du temps de Dieu. Les blessures guérissent lentement et souvent un docteur ne peut pas accélérer la guérison. Il doit être désireux d’attendre,
de
considérer
chaque
personne
comme
complètement unique, complètement digne de son entière attention. Il ne doit pas courir d’un patient à l’autre, dans une tentative de soigner un plus grand nombre, au détriment de la qualité des soins eux-mêmes. Dans son désir juste de faire plus de bien, il ne doit pas finir par considérer ses patients comme de simples problèmes et non comme des personnes. De même, un missionnaire doit s’occuper de l’autre, attendre qu’il s’ouvre au Christ et être désireux d’attendre
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aussi longtemps qu’il est nécessaire. Cela met une limite assez basse au nombre de personnes dont il peut s’occuper correctement ; mais c’est seulement en acceptant cette limite que son travail porte vraiment du fruit. Je crois que c’est ce que le Christ nous a montré dans sa propre approche pédagogique qui a concentré beaucoup de son attention sur un tout petit groupe d’hommes. Il semble raisonnable de douter que les nouvelles technologies puissent fondamentalement révolutionner la vie humaine dans son ensemble et, avec elle, la nouvelle évangélisation. Jésus-Christ, qui « révèle l’homme à luimême »10, n’est pas une étape intermédiaire en évolution. Il représente la plénitude de l’humanité, la hauteur à laquelle nous pouvons aspirer par sa grâce, non une pierre d’achoppement sur le chemin qui fait de nous des cyborgs. Nous ne devrions donc pas penser que les développements technologiques ont déjà apporté, ou apporteront dans l’avenir, un changement fondamental dans la structure de la personne humaine. Comme j’ai essayé de le montrer avec l’histoire du chapelain, ce qui est réellement essentiel ne peut souvent pas être donné et reçu sinon en personne. Et cette main tendue, le Christ présent révélant son amour personnel et singulier pour moi et pour vous, est le véritable contenu de la nouvelle évangélisation. En conclusion, nous devons veiller à ce que notre question sur la manière d’utiliser les nouvelles technologies ne supplante pas la question plus importante : que cherchonsnous à faire en les utilisant ?
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25
Détail du Mur de la Parousie, Chapelle Redemptoris Mater, Cité du Vatican. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
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L’usage de la technologie dans la nouvelle évangélisation : Quelques lignes de conduite Michelle K. Borras
La tâche des chrétiens de proclamer l’Évangile « à temps et à contretemps » (2 Timothée 4,2) implique nécessairement du discernement par rapport aux moyens avec lesquels nous nous acquittons de cette charge.11 Une rencontre du message chrétien avec la « culture de la technologie » d’aujourd’hui nécessite un sens aigu du discernement, puisque la Parole de Dieu juge et sauve à la fois, « purifiant, guérissant et élevant les éléments les meilleurs » de toute culture humaine12. Pour cette raison, nous désirons offrir quelques lignes de conduite fondamentales dans notre effort d’inculturation de l’Évangile pour les hommes et les femmes toujours plus « numérisés » d’aujourd’hui.
1. La centralité de l’Incarnation Nous proclamons la Bonne Nouvelle de l’Incarnation du Fils de Dieu, qui a assumé toute la nature humaine afin de nous sauver. Par sa passion, sa mort et sa résurrection, il rachète la personne humaine (corps, âme et esprit) en communion avec toute l’humanité et avec Dieu. Puisque l’Évangile est le message de l’Amour incarné qui, seul,
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sauve, il ne peut être proclamé adéquatement que d’une manière incarnée. En d’autres termes, la proclamation de l’Évangile correspond à son contenu et elle n’est convaincante que quand elle est incarnée dans la vie des personnes qui la proclament et quand elle conduit à une rencontre concrète avec l’Église du Christ. De nombreux moyens sont utiles dans l’effort de proclamer l’Évangile, y compris l’art et l’image, le discours raisonné et la diffusion d’informations sur la foi. Toutefois, aucun de ces moyens ne peut suffire. Tous doivent avoir pour origine, orientation constante et objectif explicite une rencontre concrète avec l’Amour qui sauve. L’Évangile doit toujours avoir un « visage » : d’abord, le visage de mon voisin qui me l’annonce et qui m’aime, en qui je commence à comprendre ce que signifie chercher le visage de Dieu. Selon le pape Benoît, « même proclamée dans l’espace virtuel du réseau, elle [la vérité de l’Évangile] exige toujours de s’incarner dans le monde réel et en relation avec les visages concrets des frères et sœurs avec qui nous partageons la vie quotidienne. Pour cela les relations humaines directes restent toujours fondamentales dans la transmission de la foi! »13 Seules de telles relations humaines directes peuvent communiquer l’Amour de Dieu qui humanise l’homme et l’entraîne dans une communion authentique. Nous ne pouvons vraiment nous aimer qu’avec notre voix, nos mains, notre présence et notre patience ; ainsi, tous les moyens numériques doivent être évalués selon cette norme de l’amour et la servir. Lignes de conduite pour le discernement Dans tout usage de moyens technologiques pour la proclamation de l’Évangile, nous devons rester attentifs
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aux
dimensions
de
la
culture
numérique
qui
n’encouragent pas la croyance dans la centralité de l’Incarnation, ou qui sont incompatibles avec celle-ci. Dans la mesure du possible, nous devons éviter de contribuer à la culture de la désincarnation et de la solitude que décrit Benoît XVI, et répondre à son appel à nous engager pour promouvoir « une communication humanisante » : Aujourd’hui, de nombreux jeunes, étourdis par les possibilités infinies offertes par les réseaux informatiques ou par d’autres technologies, établissent des formes de communication qui ne contribuent pas à la croissance en humanité, mais risquent au contraire d’accroître le sentiment de solitude et de dépaysement. Face à ces phénomènes, j’ai parlé d’ […] un défi auquel on peut et on doit répondre avec une intelligence créative, en s’engageant à promouvoir une communication humaine, qui stimule le sens critique et la capacité d’évaluation et de discernement.14
2. Un don libre L’Évangile est proclamé de manière convaincante par « la beauté de la vie chrétienne » qui est « plus incisive encore que l’art et l’image […] A la fin, seul l’amour est digne de foi et apparaît crédible […] une vie chrétienne vécue en plénitude parle sans avoir besoin de paroles »15. Confrontés à un message aussi incarné, nous commençons à comprendre que l’Évangile n’est pas quelque chose que nous pouvons nous donner à nous-mêmes ou contrôler ; ce n’est pas simplement le sujet de nos intérêts et de nos choix primordiaux. Nous ne le choisissons pas comme nous choisirions de lire un journal d’information plutôt qu’un
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autre, ou comme nous ferions un achat en ligne plutôt qu’un autre. C’est un don gratuit d’amour qui demande une réponse d’amour : « La vérité de l’Évangile n’est pas quelque chose qui puisse être objet de consommation, ou d’une jouissance superficielle, mais un don qui requiert une libre réponse »16. Lignes de conduite pour le discernement Nous devons rester vigilants quant au caractère anonyme et à la société de consommation auxquels nous prédispose la culture des communications numériques. Nous nous efforçons donc de proposer un contenu réfléchi clairement orienté vers une expérience de l’Évangile comme don que nous recevons et donnons aux autres dans « des rapports humains qui soient vraiment profonds et durables »17. Dans le
contenu
comme
dans
notre
méthode
de
communication, le manque d’authenticité, la distraction et l’absence de réflexion critique générés par la culture numérique
dominante
doivent
être
vus,
jugés
et
transformés à la lumière de la Parole de Dieu18.
3. « Silence et parole : chemin d’évangélisation »19 Il
n’existe
pas
de
proclamation
ou
de
réception
authentiques de l’Évangile qui n’impliquent pas, en tant que dimension essentielle et constante, une rencontre avec le mystère de Dieu et le pouvoir de sa Parole. C’est pourquoi la proclamation de la foi implique toujours une éducation au silence. Le silence est nécessaire à la prière et à la communication efficace. Comme nous le rappelle le pape Benoît : « S’éduquer à la communication veut dire apprendre à écouter, à contempler, bien plus qu’à parler, et
30
ceci est particulièrement important pour les acteurs de l’évangélisation »20. L’effort pour inculturer l’Évangile dans tous les aspects de la vie contemporaine sera efficace dans la mesure où il conduit les personnes, évangélisateurs et évangélisés, à garder leur « regard fixé sur Jésus-Christ »21, à faire l’expérience de son amour et à contempler la Beauté révélée en lui. Toute communication de la foi chrétienne doit, dans sa méthode et dans son contenu, rester continuellement informée par son objectif : la rencontre transformante avec Dieu, qui se produit par dessus tout dans la liturgie de l’Église et dans le silence de l’adoration. Lignes de conduite pour le discernement Gardant un œil sur les dangers de la multiplication des paroles
et
des
messages
dans
le
domaine
des
communications sociales, notre communication de la foi doit rester attentive à la nécessaire interaction entre la parole et le silence. Nous devons chercher à conduire les hommes et les femmes d’aujourd’hui à une expérience du silence dans lequel Dieu parle et dans lequel nous apprenons ce que signifie aimer. Comme l’explique Benoît XVI : De cette contemplation naît […] l’urgence de la mission, la nécessité impérieuse « de communiquer ce que nous avons vu et entendu », pour que tous soient en communion avec Dieu (cf. 1 Jn 1,3). La contemplation silencieuse nous immerge dans la source de l’Amour, qui nous conduit vers notre prochain, pour sentir sa douleur et lui offrir la lumière du Christ, son Message de vie, son don d’amour total qui sauve.22
31
Sources 1
Benoît XVI, Message pour la 43ème Journée mondiale des communications sociales, 24 mai 2009.
2
N. Postman, Se distraire à en mourir, Éd. Nova, 2010. Notre traduction.
3
Entre autres Nicholas Carr : Internet rend-il bête ? (Robert Laffon, 2011), Norman Doidge : The Brain that Changes Itself (Penguin, 2007), Stanislas Dehaene : Reading in the Brain (Penguin, 2009) and Maryanne Wolf : Proust and the Squid (Harper 2007).
4
Ces découvertes enthousiasmantes ont été racontées avec des détails passionnants par Norman Doidge dans The Brain that Changes Itself. L’auteur, psychiatre et chercheur à l’Université de Colombia, à New York, reconstruit l’histoire des découvertes fondamentales en neurosciences, en présentant diverses « études de cas » de sa connaissance personnelle. Cinq ans plus tôt, Jeffrey Schwartz et Sharon Begley racontaient la même histoire dans un langage plus technique dans The mind and the Brain (HarperCollins, 2002).
5
Décrit dans Schwartz et Begley, 217.
6
Je consacre plus d’espace au développement de ces thèmes dans The scent of Lemons (London : Darton, Longman and Todd, 2012).
7
Benoît XVI, Message pour la 45ème Journée mondiale des communications sociales, 5 juin 2011.
8
Benoît XVI, Exhortation apostolique Verbum Domini, 116.
9
Dans Facebook and Philosophy, ed. D.E. Wittkower, (Chicago : Carus Publishing Company, 2010), 168. Notre traduction.
10 Cf. Concile Vatican II, Constitution dogmatique Gaudium et Spes, 22.
32
11 Cf. Lineamenta pour le synode sur la nouvelle évangélisation de 2012, « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », 3-4, sur le fait que la nouvelle évangélisation est nécessairement « un processus de discernement. La proclamation requiert d’abord des moments d’écoute, de compréhension et d’interprétation ». 12 Cf. Benoît XVI, Discours aux participants à l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la culture, 13 novembre 2010 : « Dans la culture technologique actuelle également, c’est le paradigme permanent de l’inculturation de l’Evangile qui sert de guide, en purifiant, en guérissant et en élevant les éléments les meilleurs des
nouveaux
langages
et
des
nouvelles
formes
de
communication ». 13 Benoît XVI, Message pour la 45ème Journée mondiale des communications sociales, 5 juin 2011. 14 Id., Discours aux participants à l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la culture, 13 novembre 2010. 15 Ibid. 16 Benoît XVI, Message pour la 45ème journée mondiale des communications sociales. 17 Ibid. 18 Les questions du pape Benoît fournissent des critères utiles pour le discernement : « Les nouvelles technologies permettent aux personnes de se rencontrer au-delà des frontières de l’espace et des cultures, inaugurant ainsi un tout nouveau monde d’amitiés potentielles. Ceci est une grande opportunité, mais comporte également une attention plus grande et une prise de conscience par rapport aux risques possibles […] N’y a-t-il pas le danger d’être moins présent à ceux que nous rencontrons dans notre vie
33
quotidienne ordinaire ? N’y a-t-il pas le risque d’être plus distrait, parce que notre attention est fragmentée et absorbée dans un monde «différent» de celui dans lequel nous vivons? Avons-nous le temps d’opérer un discernement critique sur nos choix et de nourrir des rapports humains qui soient vraiment profonds et durables ? Il est important de se rappeler toujours que le contact virtuel ne peut pas et ne doit pas se substituer au contact humain direct avec les personnes à tous les niveaux de notre vie. » (ibid.). 19 Titre du message de Benoît XVI pour la 46ème Journée mondiale des communications sociales, 20 mai 2012. 20 Ibid. 21 Benoît XVI, Lettre apostolique Porta Fidei, 13. 22 Benoît XVI, Message pour la 46ème Journée mondiale des communications sociales.
34
Les auteurs Jonah Lynch, F. S. C. B. (1978) est prêtre depuis 2006. Il est diplômé en physique à l’Université McGill de Montréal puis il est entré au séminaire. Il a étudié la philosophie et la théologie à l’Université du Latran et a obtenu un Master en Éducation à l’Université George Washington. Il écrit sur la musique et la théologie pour l’édition américaine de Communio. En Italie, il a publié cinq livres et une édition anglaise de son ouvrage sur la technologie et les relations humaines, The Scent of Lemons (Darton, Longman & Todd). Il est vice-recteur du Séminaire de la Fraternité sacerdotale des Missionnaires de Saint Charles Borromée à Rome. Michelle K. Borras, Ph.D., a été directrice du Catholic Information Service de 2011 à 2016. Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie de l’Institut, section de Washington, D.C., avec une thèse sur l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur adjoint pendant l’année académique 2010-1011 et a donné des séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar. Outre de nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le domaine de la littérature catholique et de la théologie.
35
Le Service d’information catholique Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est impliqué dans l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont lancé le Catholic Information Service (CIS) pour fournir des publications catholiques au grand public ainsi qu’aux paroisses, écoles, maisons de retraite, établissements militaires, prisons, assemblées législatives, au corps médical et aux personnes individuelles qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le CIS a publié et distribué des millions de livrets et des milliers de personnes ont suivi sa formation catéchétique.
36
419-F 10/16
« Catholic Information Service » est une marque déposée des Chevaliers de Colomb.
r ÉDACT rICe
eN CHe F
La technologie et la nouvelle évangélisation
:
Série sur la nouvelle évangélisation
© Copyright 2012, P. Jonah Lynch
michelle K. Borras, Ph.D.
401 Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ? C ONCePTION
grAPHIQu e
L’usage de la technologie dans la nouvelle
:
évangélisation : Quelques lignes de conduite
Alton Pelowski
© Copyright 2012, Chevaliers de Colomb Tous droits réservés.
1ère
A TA NT A ImÉ Le mONDe
»
404 un Dieu qui est trois fois Amour 405 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école de Benoît XvI
nouvelle traduction liturgique de la Bible les pays francophones (AeLF).
« C A r D Ie u
403 Les mystères de la vie de Jésus
Les citations des Écritures sont issues de la de l’Association épiscopale liturgique pour
PA rTI e
402 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne
2ème
PA rTIe
« A PPe LÉ s
à A Ime r …
»
406 Appelés à aimer: La théologie de l'amour humain selon de Jean-Paul II 407 à l’image de l’Amour: Le mariage, la famille et la nouvelle 408 suivre l’Amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée
susan m. Timoney, s.T.D. Censor Deputatus
Le nihil obstat et l’imprimatur sont des déclarations officielles attestant qu’un
ImPrI mATu r
livre ou un livret ne contient pas d’erreurs
Cardinal Donald Wuerl
doctrinales ou morales. Cela n’implique
Archevêque de Washington
pas que les personnes qui ont accordé le nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec
Archidiocèse de Washington
3ème
:
PA rTI e
… D A Ns L’É g LIse , É P Ouse
De L’A gNeAu
409 « Qu’il me soit fait selon ta parole » : marie, l’origine de l’Église 410 Avec le cœur de l’Époux : Le sacerdoce ministériel 411
La transfiguration du monde : Les sacrements
412
Lumière et silence : un journal intime eucharistique
413
Libres en vue de quoi ?
414
La justice : De la dignité du travail
415
La justice : L’Évangile de la vie
le contenu, les opinions ou les affirmations qui y sont exprimés.
I m A g e De L A C O u v e rT u r e
évangélisation
21 août 2012
N I H I L OB s TAT
4ème
Deux des rachetés de la « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer,
5ème
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient
416
debout devant le Trône et devant l’Agneau » (Apocalypse 7,9). Les élus qui
417
sont ressuscités portent les objets par lesquels ils ont glorifié Dieu pendant
PA rTI e
PA rTIe
« A Ime r
« IL
eN ACT e eT e N v ÉrITÉ
»
NOu s A A ImÉ s J usQu ’ Au BOu T
»
La dignité de la personne souffrante « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et la vie éternelle
leur vie terrestre. Du mur de la Parousie, Chapelle redemptoris mater, Cité du vatican. Les mosaïques de la chapelle ont été réalisées par le p. marko Ivan rupnik et les artistes du Centre Aletti en 1999. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
A NN e Xes : O u TILs 418 419
POu r L A NOu veLLe ÉvANgÉLI sATION
La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
#19 Série sur la nouvelle évangélisation
Outils pour la nouvelle évangélisation Annexe B
«Dans la culture technologique actuelle également, c’est le paradigme permanent de l’inculturation de l’Evangile qui sert de guide, en purifiant, en guérissant et en élevant les éléments les meilleurs des […] nouvelles formes de communication »
#19 Série sur la nouvelle évangélisation
Outils pour la nouvelle évangélisation Annexe B
La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
— Pape Jean-Paul II
P. Jonah Lynch, FSCB & Michelle K. Borras
servICe D’INFOrmATION CATHOLIQue
servICe D’INFOrmATION CATHOLIQue
Aujourd’hui, nous entendons souvent la question : « Comment l’Église peut-elle utiliser les nouvelles technologies pour poursuivre sa mission ? » Avant de pouvoir répondre, nous devons d’abord entrer dans un processus d’écoute, d’interprétation et de jugement – de discernement – qui soustend toute proclamation de l’Évangile. Ce livret a pour but d’aider le lecteur à s’engager dans ce travail de discernement. Il offre des lignes de conduite pour réfléchir de manière critique à ces questions. « Quels aspects des nouveaux moyens de communication sont compatibles avec le message de l’amour de Dieu fait homme en Jésus-Christ ? Lesquels ne le sont pas ? Comment garantissons-nous que les moyens que nous employons pour proclamer l’Évangile ont comme origine, constante orientation et objectif la rencontre concrète avec l’Amour qui sauve ?
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