Appelés à aimer : La théoloie de l’amour humain selon Jean-Paul II

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Série sur la nouvelle évangélisation

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Série sur la nouvelle évangélisation

Appelés à aimer : La théologie de l’amour

« J’ai appris à aimer l’amour humain »

humain selon Jean-Paul II

— Saint Jean-Paul II

Katrina F. Ten Eyck & Michelle K. Borras ServICe D’INFOrmaTION CaTHOlIque

ServICe D’INFOrmaTION CaTHOlIque

Cette introduction aux catéchèses de saint Jean-Paul II sur l’amour humain, ou « théologie du corps », guide le lecteur à l’intérieur de l’enseignement novateur du pape sur la mariage, la famille et la sexualité dans le contexte de la vocation à l’amour de la personne humaine. Créés à l’image de Dieu, chaque homme et chaque femme est appelé à faire de soi un don total. Chacun est appelé à participer à la tâche de la construction de la civilisation de l’amour.

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1 qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?

Directrice du Catholic Information Service

Toutes les œuvres citées sont la propriété de leurs auteurs respectifs.

é DIT eurS : andrew matt et alton Pelowski

Série sur la nouvelle évangélisation

Tous droits réservés.

1ère

Pa rT Ie

« C a r D Ie u

a TaN T a Imé le mONDe

»

2 « Je crois en toi » : la question de Dieu dans le monde moderne 3 les mystères de la vie de Jésus

les citations des écritures sont issues de

4 un Dieu qui est trois fois amour

la nouvelle traduction liturgique de la

5 Nous sommes venus l’adorer : Introduction à la prière à l’école

Bible de l’association épiscopale liturgique

de Benoît XvI

pour les pays francophones (aelF). 2ème

Pa rTIe

« a PPe lé S

à a Ime r …

»

6 appelés à aimer : la théologie de l’amour humain de Jean-Paul II 7 à l’image de l’amour : le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation 8 Suivre l’amour pauvre, chaste et obéissant : la vie consacrée 3ème N I H I l OB S TaT

21 juillet 2014

Susan m. Timoney, S.T.D. Censor Deputatus

De l’a gNeau

10 avec le cœur de l’époux : le sacerdoce ministériel 11 la transfiguration du monde : les sacrements

déclarations officielles attestant qu’un

12 lumière et silence : un journal intime eucharistique

livre ou un livret ne contient pas d’erreurs

Donald Cardinal Wuerl

doctrinales ou morales. Cela n’implique pas que les personnes qui ont accordé le nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec

archidiocèse de Washington

… D a NS l’é g lISe , é P OuSe

le nihil obstat et l’imprimatur sont des

ImPrI maTu r

Archevêque de Washington

Pa rTI e

9 « qu’il me soit fait selon ta parole » : marie, l’origine de l’église

le contenu, les opinions ou les affirmations qui y sont exprimés.

4ème

Pa rTI e

« a Ime r

eN aCT e e T eN vé rITé

»

13 libres en vue de quoi ? 14 la justice : De la dignité du travail 15 la justice : l’évangile de la vie 5ème

Pa rTIe

« Il

NOu S a a Imé S Ju Squ ’ au BOuT

»

16 la dignité de la personne souffrante I m a g e De l a C O u v e rT u r e

Saint Joachim et sainte anne, parents de marie. Chapelle de l’université du

17 « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : la mort et la vie éternelle

Sacré-Cœur, Fairfield, Connecticut. la mosaïque a été réalisée par le père marko Ivan rupnik, SJ et les artistes du Centre aletti en 2008. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre aletti.

a NN e XeS : O u TIlS

POur l a NOuv e lle éva NgélISaT ION

a la beauté de la sainteté : l’art sacré et la nouvelle évangélisation B la technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement


NOTE A L’ATTENTION DU LECTEUR : Les réflexions qui suivent sur la théologie de l’amour humain selon Jean-Paul II, ou « théologie du corps » doivent beaucoup au livre « La beauté de l’amour et la splendeur du corps : à l’école de Jean-Paul II », par Carl Anderson et José Granados (Ed. de l’Emmanuel, Paris 2012). Les personnes intéressées par une introduction plus approfondie à l’enseignement novateur du pape sur le mariage, la famille et la sexualité, dans le contexte de la vocation à l’amour de la personne humaine, sont invitées à consulter ce texte.



Appelés à aimer : La théolgie de l’amour humain selon Jean-Paul II

Katrina F. Ten Eyck & Michelle K. Borras



Sommaire Le plan de Dieu sur l’amour humain 1

L’éducation d’un pasteur

3

« Au commencement… »

5

La création est un don

6

Le corps révèle la personne

8

La solitude originelle

10

L’unité originelle

12

La signification nuptiale du corps

14

La signification générative du corps

Chute et Rédemption 19

Un rejet de l’amour

21

La honte

24

La vie dans la perspective de la rédemption

27

Le Christ accomplit la signification du temps

30

« Heureux les cœurs purs » : la vie dans l’Esprit

Appelés à aimer 35

« Un don de soi désintéressé »

37

Le mariage et la virginité

40

Va et vis-le !

43

Sources

47

Les auteurs


Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit… (Genèse 1,27-28)

Adam et Eve au paradis, vêtus de gloire. Église Sainte Marie, Mère de l’Église, Maribor-Pobrežje, Slovénie. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.


Le plan de Dieu sur l’amour humain L’éducation d’un pasteur Avant de devenir le pape Jean-Paul II, le père puis l’évêque Karol Wojtyła allait souvent en montagne ou faire du kayak avec ses nombreux jeunes amis adultes. Au cours de ces excursions, il les écoutait parler de leur désir de vivre leurs relations d’une façon qui leur apporterait le bonheur. Ils partageaient avec lui leurs espoirs, leurs craintes, leurs difficultés et leurs découvertes en amour. Un bon nombre de ces jeunes gens et jeunes femmes se fiancèrent et Wojtyła célébra leurs mariages et baptisa leurs enfants, les accompagnant à travers les défis et les joies de la vie familiale. En eux, il voyait d’abord ce qu’il a exprimé dans sa pièce, La Boutique de l’orfèvre : « Créer quelque chose, réfléchir… l’Existence et l’Amour absolus sont sans doute la chose la plus extraordinaire qui existe »1. Lorsque le cardinal Wojtyła devint pape, il dit que ces jeunes gens lui avaient enseigné une des leçons les plus importantes de sa vie : « J’ai appris à aimer l’amour humain »2. Puis, quand il commença son pontificat par cinq années de réflexion intense sur le mariage, la famille et la sexualité dans le contexte de la vocation de la personne humaine à l’amour,

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son « éducation » - et ces jeunes gens – firent partie du patrimoine de l’Église universelle. Dans le cycle des 129 catéchèses hebdomadaires de JeanPaul II sur l’amour humain, connues comme la « théologie du corps », le monde a reçu le fruit riche de vies comme celle de Jerzy Ciesielski. Ciesielski, un des jeunes amis de Wojtyła, n’a pas seulement enseigné au prêtre à faire du kayak et partagé avec lui son incroyable joie de vivre ; il lui a montré la beauté et le sérieux avec lesquels un chrétien peut s’approcher de la décision de se marier. Après la mort soudaine de Ciesielski en 1970, Mgr Wojtyła se rappela la nuit où Ciesielski avait décidé de demander la main de sa future épouse : « Je n’oublierai jamais cette soirée à son retour de Tyniec où, en prière… il s’était préparé pour la grande décision de sa vie… À partir de ce jour, il sut et fut pleinement convaincu… que c’était Dieu qui la lui avait donnée »3. De ces observations de première main, Jean-Paul II grandit dans la compréhension de ce que l’enseignement de l’Église sur le mariage et la sexualité, et sur la vocation humaine à l’amour, n’était pas qu’une suite de « permis » et d’ « interdits ». De telles règles existent certainement, mais elle n’ont pas de sens hors de leur contexte : elles sont fondées sur une compréhension bien plus grande et plus belle de ce que signifie la vie et de qui est la personne humaine dans le plan de Dieu. Cette compréhension plus large est ce qui a donnè à Cieselski sa joie contagieuse et son sérieux lorsqu’il décida de se marier. De même, c’est ce qui a permis au p. Wojtyła non seulement de trouver les enseignements de l’Église sur le

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mariage et la sexualité intellectuellement convaincants mais de tomber amoureux de l’amour humain.

« Au commencement… » Dans les Évangiles, la manière dont les pharisiens s’approchent de Jésus ressemble beaucoup à celle dont beaucoup de nos contemporains approchent le christianisme. Ils demandent à Jésus ce qu’ils considèrent comme une question strictement morale : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » (Mt 19,3). Dans la tradition juridique juive de cette époque, cela signifiait : uniquement pour une raison sérieuse, ou pour n’importe quelle raison ? Si cette question n’a rien perdu de sa pertinence aujourd’hui, elle en sous-entend d’autres : « Estil permis de s’engager dans des relations sexuelles avec une personne du même sexe, de modifier les structures de la famille, de rechercher la fertilisation in-vitro ou de divorcer et se remarier ? Oui ou non ? » Les pharisiens ne le réalisent peut-être pas, mais leur question est trop étriquée. Cachées en elle – comme dans nos questions plus contemporaines – se trouvent des questions bien plus larges sur la nature de la personne humaine et sur la signification de l’amour. Alors, plutôt que de répondre en termes de ce qui est ou n’est pas permis, Jésus dit quelque chose qui pourrait sembler aux pharisiens, ou à nous-mêmes, une parole étrange : « Au commencement, il n’en était pas ainsi » (Mt 19,8). Il met les pharisiens devant le fait le plus original et essentiel de l’humanité : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et

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femme » (Gn 1,27). Toute la vérité sur l’amour commence par ces mots. Face aux nombreuses questions contemporaines sur la moralité sexuelle, Jean-Paul II a rappelé la réponse de Jésus. En d’autres termes, le pape aussi a commencé son enseignement sur l’amour humain non pas avec des débats de société, mais avec quelque chose de bien plus profond – quelque chose qui a donné à ses jeunes amis polonais une raison de vivre, et qu’il articulera lui-même en tant que pape pour toute l’Église et pour le monde. En repartant du défi lancé par le Christ aux Pharisiens, Jean-Paul II a dirigé notre attention vers la création de l’homme et de la femme et vers le plan de Dieu sur l’amour humain. Lorsque Jean-Paul II a commencé sa théologie sur l’amour humain par une investigation des chapitres 1 et 2 de la Genèse, exactement comme le

Christ qui renvoyait les

Pharisiens au plan divin originel, son intention n’était pas de donner un récit scientifique de la création. Le livre de la Genèse emploie un langage figuratif pour exprimer des vérités profondes sur Dieu, sur le monde qu’il a créé et sur ce que signifie être un être humain4. Le Christ, qui « sait ce qui est dans l’homme », comprenait qu’on ne peut répondre à aucune question morale, ni même la poser correctement, si l’on ne fait pas un pas supplémentaire pour contempler cette vérité sur la création. La réponse concernant ce qui est permis ou interdit restera incompréhensible jusqu’à ce que nous nous demandions qui l’homme et la femme sont appelés à devenir. À la suite de son Seigneur, Jean-Paul II nous met lui aussi au défi de nous situer plus en profondeur : en méditant la Parole de Dieu,

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nous ne devons pas nous contenter de demander une liste à cocher des permis et des interdits. Nous devons d’abord essayer de comprendre ce que signifie être humain. C’est seulement si nous empruntons ce chemin de réflexion et de compréhension que la vision qu’a le Christ de la personne humaine et du monde transforme notre propre vision. En commençant avec le riche enseignement de JeanPaul II sur l’amour humain, nous pouvons prendre ce chemin de conversion. Nous pouvons commencer à comprendre qui nous sommes et ce qu’est l’amour, et ainsi voir le monde tel qu’il est réellement.

La création est un don Jean-Paul II fait observer que la première chose que les chapitres 1 et 2 de la Genèse nous révèlent sur Dieu est qu’il est le Créateur5. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Dieu a-t-il décidé de s’amuser à mettre ensemble des éléments

comme

des

composants

mécaniques

sans

réellement investir son être le plus profond ? A-t-il fait les choses sans raison particulière pour oublier ensuite l’œuvre de ses mains ? Ou bien se passe-t-il quelque chose de plus dans le récit de la création de la Bible, où nous pouvons avoir un aperçu de la nature de Dieu ? Le pape donne une réponse décisive. Il contemple l’acte de la création dans lequel rien n’existait au départ à part Dieu. Puis, dans un acte d’une pure et insondable générosité– « Que… soit » (cf. Genèse 1,3) – il y eut un cosmos dont la beauté et la puissance sont comme une empreinte du Créateur. Création « signifie donation », écrit le pape, « une

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donation fondamentale et ‘radicale’… une donation dont le don jaillit précisément du néant »6. Toutes les autres formes de don nécessitent la présence préalable d’un donateur et d’un récepteur. Mais la création n’est pas un don ordinaire : en créant l’univers, avec l’homme et la femme, Dieu donne aux récepteurs leur véritable existence. Dans la Genèse, Adam et Ève, qui représentent le premier homme et la première femme de même que tous les hommes et toutes les femmes, sont eux-mêmes un don. Leur être a sa source dans la générosité de Dieu, son désir de communiquer sa bonté. Ils vivent « dans la dimension du don »7. Bien sûr, l’univers tout entier est un don, mais il ne devient intelligible que lorsqu’Adam – c’est-à-dire la personne humaine, vient à l’existence, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette créature, à la différence des autres, peut s’émerveiller devant l’univers, faisant écho au jugement de son Créateur « C’était très bon » (Genèse 1,31). Adam est capable non seulement de recevoir le don de la création, mais de laisser sa richesse et sa beauté provoquer en lui une question : « D’où vient toute cette bonté ? » Un peu comme des enfants qui découvrent le monde pour la première fois, Adam peut demander « Pourquoi ? » ou mieux, « Qui ? » Que signifie ce don et quelle est sa source ? Il peut découvrir que « le monde est mystérieux, non pas parce qu’il manque de sens » mais parce qu’il contient tellement de sens qu’il ne l’épuisera jamais8. En d’autres termes, Adam peut s’émerveiller. L’« empreinte de Dieu » dans la création signifie que le monde est toujours plus grand, plus profond et plus beau que la compréhension humaine que nous en

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avons . Il est un appel adressé à l’homme, le poussant à chercher l’origine de toute cette abondance. Jean-Paul II note plus loin : « L’homme apparaît dans la création comme celui qui a reçu le monde comme un don, et vice versa, on peut aussi dire que le monde a reçu l’homme comme un don »9. C’est parce que le monde apparaît à Adam comme un don mystérieux, « saturé de signification »10 qu’il l’aime et qu’en l’aimant et en le servant, il devient un don pour le monde.

Le corps révèle la personne Quand Dieu donna à Adam son existence et le plaça dans un monde débordant de signification, il lui donna aussi un « mode » particulier pour accueillir ce don immensément généreux de la création. Nous pourrions aussi dire qu’une « dimension » particulière fut donnée à la personne humaine, la rendant capable de recevoir le monde comme un don et d’être un don pour le monde. Cette dimension de l’existence humaine est le corps. Cette façon de parler du corps peut nous surprendre. Nous vivons dans une société qui réduit souvent le corps à ses fonctions biologiques, ou qui le voit comme une machine compliquée, dont le disfonctionnement ne nécessite, pour y remédier, qu’un bon traitement, un programme d’exercices, un régime ou un livre de développement personnel. Depuis longtemps maintenant, la société occidentale a tendance à voir le corps comme rien de plus qu’un objet matériel que nous habitons par hasard et que nous pouvons utiliser comme nous l’entendons.

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Pourtant, si nous réfléchissons un instant, il n’est pas difficile de voir combien ce regard contredit l’expérience humaine fondamentale. Mon corps ne peut être un outil que j’utilise, ou une machine séparable de moi car je suis mon corps et je ne peux « être » de la même manière un outil ou une machine. Quand mon corps souffre, je souffre. Quand il a faim ou soif, j’ai faim et j’ai soif. Quand mes lèvres forment un sourire ou que mes bras se tendent pour étreindre, je souris et j’étreins et les autres comprennent ce que je « dis » même si je n’ai pas prononcé un mot. Avec ces exemples, nous commençons à saisir un point clé de la « théologie du corps » de Jean-Paul II. Parce qu’il a un corps, Adam est comme les autres animaux. Cependant, parce qu’il a un corps humain, il est aussi complètement différent d’eux : ce corps est quelque chose d’unique dans le monde. Jean-Paul II explique que le corps humain « exprime la personne »11. Il montre l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. A cause de son corps, Adam peut s’émerveiller devant la richesse de l’univers et cultiver la terre qui lui a été confiée, en manifestant sa personne à travers un travail créatif. Il peut reconnaître un autre corps qui « exprime la personne », recevoir cette personne avec un cri de joie devant la bonté de Dieu : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Genèse 2,23). Il peut aimer en entrant en communion avec une autre personne. Par dessus tout, il peut se promener « dans le jardin à la brise du jour » avec Dieu (cf. Genèse 3,8). Il peut être le seul ‘animal’ dans la création qui prie. Le corps nous immerge dans le monde d’une manière particulière (c’est-à-dire dans ce lieu, avec ces caractéristiques

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physiques, avec cette famille, peut-être avec ce handicap), mais cette immersion n’est pas une imposition cruelle. C’est plutôt la façon qui nous est donnée de recevoir le monde et les autres comme un don de Dieu pour nous, et de le servir comme le don que Dieu a fait de nous pour le monde. Notre corps nous permet de rencontrer le monde, les autres personnes et Dieu et de communiquer avec eux. En d’autres termes, il rend la communion – le don de soi donné et reçu – possible pour nous. La dimension corporelle de l’existence humaine rend visible le fait que nous avons été créés pour l’amour.

La solitude originelle En Genèse 2, Adam est créé avant Eve et il est décrit comme étant seul parmi les animaux. Incarné comme eux, il ne trouve cependant pas de compagnie avec eux car son corps, à la différence du leur, révèle une personne, un sujet. Il peut penser, s’émerveiller et s’interroger sur le sens des choses : il a une raison. Il est libre de choisir ce qui est bon : il a une volonté. Le monde physique, qu’il découvre à travers son corps, lui « parle » mais l’incite aussi à chercher un sens. Adam est sans repos car il découvre quelque chose comme un appel inscrit dans son existence incarnée. Dieu, qui a réfléchi avant de façonner sa créature – « Faisons l’homme à notre image… » - l’a fait différent des oiseaux, des poissons, des bestioles et des bestiaux (cf. Genèse 1,20-26). Le corps d’Adam ne l’oriente pas seulement vers les plantes, animaux et choses de la création, qu’il nomme ; il l’oriente vers l’écoute de la parole de Dieu (cf. Genèse 2,16) et

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vers le discours. En d’autres termes, cette créature dont le corps manifeste une raison et une volonté, est orientée vers le dialogue, vers la communion. La première communion dans laquelle Adam est établi quand il voit le jour est la communion avec Dieu. Jean-Paul II enseigne que seul Adam « est constitué selon la mesure de « partenaire de l’Absolu »12. L’homme ne peut pas trouver de véritable compagnie parmi les animaux car il a été fait pour le dialogue avec Quelqu’un d’autre. Quand l’Écriture nous dit que l’homme est créé à l’image de Dieu, cela signifie surtout qu’il est créé dans une « relation unique, exclusive et inégalable avec Dieu lui-même »13. C’est la dimension fondamentale, et fondamentalement positive, de la personne humaine que Jean-Paul II appelle « solitude originelle »14. « Solitude originelle » ne signifie pas d’abord qu’Adam a été créé dans le jardin sans Eve comme si le Créateur l’avait placé, malheureux et solitaire, dans le paradis. La signification première est plutôt qu’Adam est créé avec un appel à la communion planté profondément en lui : il est créé pour le bonheur suprême de la communion avec Dieu. Saint Augustin a exprimé cette vérité fondamentale sur l’existence humaine dans une prière connue : « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi »15. L’arrivée d’Eve n’enlèvera pas cette dimension de solitude originelle. La solitude de chaque homme et de chaque femme devant Dieu est précisément ce qui fait d’eux des personnes créées par amour et appelées à l’amour16. C’est ce qui les rend capables de recevoir la création comme un don et de devenir

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un don à leur tour. La solitude originelle est au cœur de la dignité humaine.

L’unité originelle Dans Genèse 2, Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (2,18). À nouveau, cela ne signifie pas que la solitude originelle soit une expérience négative, rendant Adam malheureux.

Cela

indique

plutôt

qu’Adam

ne

peut

pleinement se comprendre ou comprendre sa relation fondamentale avec Dieu sans Eve. L’expérience qu’a Adam du monde à travers son corps lui montre que le monde est un don. Cependant, il ne peut pas saisir la profondeur et la largeur de ce don tant que personne ne l’aide à découvrir que le Donateur n’est pas simplement bon ou tout-puissant, car l’empreinte que Dieu laisse sur la création est l’amour. Cette découverte est cachée dans la joyeuse exclamation d’Adam qui, d’une certaine façon, est redite chaque fois qu’un homme et une femme tombent amoureux : « Cette fois-ci, voilà » s’écrie-t-il. Voici enfin une autre personne créée par amour et appelée à l’amour ! Elle est intimement liée à moi – « l’os de mes os » - partageant la même humanité. Et elle est fondamentalement différente de moi, dans une différence qui est essentielle pour l’expérience de l’unité : « On l’appellera femme » (Genèse 2,23). En sa présence, Adam commence à comprendre l’appel à la communion inscrit dans son être. En d’autres termes, en présence d’Eve, Adam comprend enfin qu’il est un homme (au sens de masculin et non simplement générique, un ‘être humain’). Son corps porte un appel à un don de soi par amour, par lequel il entre dans une

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communion de personnes fructueuse et fidèle. Jean-Paul II explique que ce don de soi mutuel est basé sur la « masculinité et la féminité qui sont en quelque sorte deux différentes ‘incarnations’… où… l’être humain, créé ‘à l’image de Dieu’ est un corps »17. La ‘communion à travers la différence’, où l’homme et la femme non seulement individuellement mais ensemble sont l’image de Dieu, est la dimension de la personne humaine que Jean-Paul II appelle « unité originelle »18. Cette unité complète mais n’élimine pas la solitude originelle de la personne humaine. La Genèse décrit l’expérience subjective que font Adam et Eve de leur unité par ces mots : « Tous les deux, l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre. » (Genèse 2,25). Cette absence de honte n’est pas du tout l’équivalent de l’impudeur. C’est une expérience de plénitude que les êtres humains ont perdue quand ils ont rejeté l’amour de Dieu par le péché. Jean-Paul II appelle cette plénitude « innocence originelle »19. Cette innocence n’est pas de la naïveté mais elle consiste à voir l’autre personne complètement et naturellement dans la vision de Dieu, sans la moindre inclination à manipuler ou à utiliser. En Eve, Adam vit un être créé pour lui-même, un enfant de Dieu, un partenaire de l’Absolu et donc une véritable compagne. Et elle le vit de la même manière20. Ils ont reconnu que leurs corps, masculin et féminin, indiquent un chemin d’amour : le corps humain est un appel à vivre « selon la communio personarum (communion de personnes) voulue pour eux… par le Créateur21. Et si le Créateur a planté un tel appel au don de soi et à la communion dans les profondeurs de leur être comme une

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dimension essentielle de leur ressemblance avec lui, alors qui donc ce Dieu peut-il être ? Jean-Paul II écrit que, parce que le corps est un « témoin de la création en tant que don fondamental », il est aussi « un témoin de l’amour comme la source d’où jaillit ce même don »22. Le Créateur est bien sûr davantage que bon et toutpuissant. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « Dieu qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain. Car l’homme est créé à l’image et à la ressemblance du Dieu (cf. Gn 1, 27) qui est lui-même Amour » (1604).

La signification nuptiale du corps Le premier homme et la première femme portent dans tout leur être – et même dans leur corps – un appel à se recevoir mutuellement et à se donner l’un à l’autre dans une communion qui implique toutes les dimensions de leur personne : physique, émotionnelle et spirituelle. Elle implique même le temps : toute leur vie. La Genèse décrit cela de manière très concise : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un » (Genèse 2,24). Les corps, masculin et féminin, d’Adam et Eve sont naturellement ordonnés à se recevoir mutuellement, devenant un don pour l’autre et participant à une fécondité mutuelle. Adam accueille Eve et la reçoit alors qu’elle est créée dans sa féminité ; ce faisant, il devient un don pour elle. De même, en étant accueillie par Adam, Eve « l’accueille de la même manière, en tant qu’il est voulu « pour lui-même » par le Créateur et constitué par lui à travers sa masculinité »23. Ils

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découvrent que leurs corps ont une signification nuptiale ou sponsale. C’est-à-dire que leurs corps les orientent vers un don total d’eux-mêmes qui est fécond et durablement fidèle. Cette signification nuptiale du corps n’est pas une sorte de compulsion ou d’instinct aveugle ; il n’y a pas de don sans liberté. Mais la liberté impliquée ici n’est pas non plus un choix arbitraire, comme si Adam et Eve pouvaient inventer quelque signification alternative de leur corps ou un appel à quelque chose d’autre qu’une communion de personnes féconde et fidèle. Au contraire, en présence l’un de l’autre, l’homme et la femme découvrent un ordre de la création : l’univers tout entier, y compris nous-mêmes, est pur don. Nous pourrions aussi bien dire que cet ordre, qui nous entoure et nous imprègne, est l’amour. L’homme et la femme sont invités à vivre dans cet ordre en se recevant mutuellement et en se donnant librement. Ainsi, leur être – leur nature la plus profonde – se réalise. Ensemble, ils découvrent une vérité que le Concile Vatican II exprimera nouvellement pour notre temps : « l’homme […] ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de luimême »24. Jean-Paul II écrit que le premier homme et la première femme « ont émergé de l’amour et initient l’amour » : la personne humaine est « enracinée dans l’amour »25. En d’autres termes, la signification nuptiale du corps est fondatrice pour l’existence humaine. C’est aussi vrai pour ceux qui ne se marient pas, comme les personnes appelées à suivre le Seigneur dans une vie de virginité consacrée. Très fondamentalement, la personne humaine est appelée – et elle le désire – à aimer, c’est-à-dire à faire d’elle-même un

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don, à exister en communion. Hors de la communion, l’être humain ne peut trouver le sens de son existence ni faire l’expérience du vrai bonheur. Dans un beau paradoxe, la communion d’Adam et Eve entre eux n’éliminent pas leur solitude originelle ; en revanche, elle approfondie cette communion originelle avec Dieu. Le premier homme et la première femme découvrent que la réponse la plus adéquate qu’ils puissent donner à la suprême générosité du Créateur est d’être l’un pour l’autre, d’être don : de se donner totalement, corps, âme et esprit, pour toujours. Ils sont tous deux partenaires de l’Absolu et Dieu lui-même les a donnés l’un à l’autre comme un chemin vers lui. Pour être vrai envers lui, envers eux-mêmes et envers le don de la création, leur amour doit être total et complet. En empruntant ensemble ce chemin de don mutuel de soi, ils ont à nouveau et plus profondément l’intuition de ce que signifie le fait que la Source de l’univers n’est pas seulement bonne ou toute-puissante, mais qu’elle est l’Amour. Dans cet appel à aimer inscrit dans leur corps, l’homme et la femme commencent à percevoir qu’à l’origine de toute chose, il y a Dieu qui dit : « Faisons l’homme à notre image » (Genèse 1,26). Dieu

lui-même

est

une

‘Unité

dans

la

différence’

insurpassable, une communion d’amour insondable.

La signification générative du corps Nous avons vu que la solitude originelle, dans laquelle tout être humain est créé en relation avec le Créateur, est le fondement permanent de l’unité originelle, dans laquelle l’homme et la femme forment ensemble l’image de Dieu. En un sens, cela revient à dire qu’être enfant de Dieu – être en

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communion avec lui dès qu’on existe – est le fondement irréductible du don que l’on fait de soi-même. Comment pourrions-nous donner si nous n’avions pas d’abord reçu le don de l’existence ? Comment pourrions-nous apprendre à aimer si nous n’étions pas aimés en premier (cf. 1 Jean 4,19) ? La solitude originelle et l’unité originelle sont donc deux dimensions de la même réalité. Elles signifient exister « dans la dimension du don » qu’il s’agisse du don que nous avons d’abord reçu ou du don que nous sommes appelés à devenir. La solitude originelle – à savoir la communion primordiale de l’homme et de la femme avec Dieu – et l’unité originelle – à savoir leur mutuelle communion devant Dieu – sont toutes deux approfondies dans une autre expérience humaine fondamentale. Quand les époux deviennent « une seule chair » (Genèse 2,24), ils reçoivent la preuve visible que leur amour est plus grand que les deux réunis. Il porte du fruit audelà de tout ce qu’ils peuvent faire ou produire : ils deviennent parents. Jean-Paul II explique que l’expression biblique pour l’union conjugale, « connaître », est évocatrice. Dans cette rencontre entre deux sujets humains, l’homme et la femme parviennent en effet à une nouvelle connaissance l’un de l’autre, s’aidant ainsi mutuellement à une nouvelle connaissance d’eux-mêmes. Une nouvelle dimension des personnes émerge. Avec la signification nuptiale, leur corps a une signification générative : ils portent en eux la capacité de devenir père et mère. La pleine signification de l’expérience de l’unité de l’homme et de la femme émerge dans le temps. En neuf mois, arrive une troisième personne qui couronne leur amour : un

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enfant. L’unité originelle de l’homme et de la femme est par nature féconde, ouverte à recevoir et à nourrir d’autres. Ainsi, elle est l’image, en y participant, de la générosité du Créateur. En leur enfant, les époux ont un testament visible de ce qu’ils vivent « dans la dimension du don ». Le cri joyeux d’Eve à la vue du fruit surabondant de leur union fait écho à celui, émerveillé, d’Adam rencontrant sa femme : « J’ai acquis un homme avec l’aide du Seigneur ! » (Genèse 4,1). Il y a là quelque chose qui dépasse totalement toute capacité d’action ou d’imagination des époux : un nouveau sujet, une personne unique et inégalable, un autre partenaire de l’Absolu. Ils ne peuvent s’attribuer le mérite de l’existence de cet enfant car, comme eux, il est créé par amour et appelé à aimer, dans la dignité inviolable de sa solitude originelle. Cet enfant qui a été « acquis… avec l’aide du Seigneur » est fait pour la communion avec Dieu. L’amour des parents et la totalité avec laquelle ils se donnent est pour l’enfant la première révélation que l’Amour absolu est à l’origine de son existence. Dans le temps, il reconnaîtra que cet amour est un reflet de Dieu lui-même. L’amour de ses parents reflète pour lui l’Amour qui l’a appelé à l’être. Dans toutes ces expériences humaines fondamentales – solitude originelle, unité originelle et découverte de la signification générative du corps – nous voyons que la personne humaine ne manifeste pas seule l’image de Dieu et qu’elle ne répond pas seule à cette « vocation fondamentale et innée »26. Elle le fait toujours dans une communion de personnes, comme enfant, époux/épouse ou parent, qui prennent ensemble un chemin d’amour vers Dieu.

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« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu » (Psaume 51,10)

Maison d’édition France Prešeren, Ljubljana, Slovénie. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.

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Chute et Redemption Un rejet de l’amour Le livre de la Genèse rapporte les premières paroles de Dieu à Adam : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin » (Genèse 2,16). Le Créateur donne avec une générosité sans réserve. Il place Adam dans la « dimension du don ». Il donne aussi un commandement dans l’intention d’aider Adam à rester dans cette dimension, ou ordre, qui imprègne l’univers : « mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas » (Genèse 2,17). Ces images figuratives révèlent une vérité profonde. Comme nous l’avons vu, l’ordre de la création est un ordre d’amour et l’amour doit être gardé. La Parole immensément généreuse de Dieu, qui a appelé l’univers à l’existence et façonné l’homme et la femme à l’image de Dieu, demande à être gardée. L’amour exige l’obéissance, c’est-à-dire de rester dans une juste relation avec Celui qui a aimé le premier. Tant qu’Adam et Eve reconnaissent que leur propre liberté – leur existence même – leur vient comme un don de l’amour de Dieu, ils vivront dans la liberté de l’amour. S’ils brisent l’ordre de l’amour, en disant à Dieu « Nous ne voulons pas de toi », ils se placent eux-mêmes en dehors de la générosité dans laquelle le monde a été fait. Parce qu’ils ont été créés pour recevoir et être un don, ils brisent aussi

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quelque chose de profond en eux : « car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Gen 2,17). « Tu peux manger les fruits de tous les arbres » sauf un, a dit Dieu. Le seul « arbre » dont ils ne pouvaient pas manger contenait le mystère de la liberté de Dieu – et aussi de la liberté de l’homme, car la personne humaine a été créée libre pour être capable d’entrer en communion avec Dieu. Adam et Eve peuvent demeurer dans une relation d’obéissance aimante envers Dieu, sachant qu’au cœur de leur liberté réside sa liberté qui les a créés et qui les soutient. Le tentateur est subtil. Il déforme les paroles de Dieu, le premier mensonge se traçant un chemin dans la création : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : « Vous ne mangerez d’aucun arbre… » ? » (Gen 3,1) ? Ne t’a-t-il pas donné ce commandement non pas parce qu’il est un donateur et un amant, mais parce qu’il veut te refuser une réelle liberté ? Il doit être pingre, ne voulant pas que soyez « comme des dieux », ce que vous serez si vous saisissez ce fruit par vousmêmes (Gen 3,5) ». Le « serpent » tord ainsi la vérité lumineuse selon laquelle Adam et Eve avait déjà été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu voulait entrer en dialogue avec eux. Il avait fait d’eux des « partenaires de l’Absolu » et maintenait leur liberté dans la sienne. Mais parce qu’il est Dieu et qu’ils ne le sont pas, il faut qu’il leur fasse ce don. Il faut qu’il leur montre comment vivre à son « image » et qu’il les aime de l’amour qu’ils montreront ensuite au monde. Le premier homme et la première femme ont écouté le « maître du soupçon »27 originel. Ils ont voulu connaître non seulement le bien mais aussi le mal, et le péché a montré son

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horrible visage dans l’humanité. Adam et Eve ont choisi de ne pas rester dans l’ordre de l’amour. Ils n’ont plus désiré recevoir la création, se recevoir l’un l’autre et recevoir Dieu lui-même comme un pur don et ils ont détruit quelque chose dans le monde et en eux-mêmes. Ce fut la fin de la communion qui avait rempli leurs jours, la gloire de Dieu qui les avait recouverts et l’harmonie avec l’univers dont ils avaient joui. L’Écriture exprime cette perte dramatique avec une terrible simplicité : l’homme et la femme « surent qu’ils étaient nus » et ils se cachèrent (Gen 3,7-8). Pour la première fois, ils sont confrontés à la possibilité de se regarder égoïstement, avec un regard qui calcule comment l’autre être humain peut être utilisé pour le plaisir ou le profit. La signification de leur corps n’est plus claire ; en effet, leur corps semble se rebeller contre eux. Ils sont devenus comme des étrangers au monde, l’un à l’autre et à Dieu. Jean-Paul II l’explique ainsi : « À travers la ‘nudité’ se révèle l’homme… dépouillé de cet amour qui avait été la source du don originel, la source de la plénitude du bien destiné à la créature »28.

La honte Cette aliénation – ou, étant donné ce qu’était l’intention de Dieu pour l’homme et la femme, cette terrible chute – s’exprime à travers deux expériences qui sont liées : la honte et la peur. « La honte cosmique » : c’est ainsi que Jean-Paul II appelle la première forme de honte qu’éprouvent l’homme et la femme après la chute29. L’homme et la femme sentent qu’ils

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sont en dehors de l’harmonie avec l’univers. Leur corps n’exprime plus leur personne, manifestation transparente de l’image de Dieu. Le corps a aussi perdu sa relation harmonieuse avec le monde physique. Le travail est laborieux, c’est un combat entre des forces de la nature qui menacent maintenant l’existence. Le corps humilie par sa faiblesse, ses pulsions désordonnées et sa maladresse à s’exprimer. La mort plane à l’horizon et le déclin semble être la dernière humiliation affligeant non seulement les hommes et les femmes mais toute l’existence. Parce que la personne humaine ne perçoit plus spontanément le monde et son corps comme un don, elle est tenté de voir le monde comme une collection d’objets vide. Si elle avait reçu le monde comme un don merveilleux du Créateur afin de le cultiver et d’en prendre soin (cf. Genèse 2,15), elle a maintenant tendance à exploiter le monde, son propre corps et les autres personnes, les utilisant pour ses propres fins. Elle a perdu sa capacité à voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu. Jean-Paul écrit ceci : « En quelque sorte l’homme perd la certitude originelle de « l’image de Dieu » exprimée dans son corps. Et, d’une certaine manière, il perd également le sens de son droit de participation à la perception du monde dont il jouissait dans le mystère de la création. »30 Avec ce nouveau déséquilibre dans la relation de la personne humaine avec le monde, celle-ci recèle dans son cœur un déséquilibre encore plus profond. Cette discordance est ce que Jean-Paul II appelle la « honte immanente », « quasi une rupture de l’unité spirituelle et somatique originaire de l’homme. Son corps a cessé de puiser à la force

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de l’Esprit »31. Lorsque son corps commence à se rebeller contre son esprit, l’homme perd son assurance et sa maîtrise de soi. Il est divisé. Cette « guerre » intérieure a des effets drastiques sur les relations humaines. Adam et Eve qui avaient été auparavant capables de construire un monde commun sont maintenant tentés par la domination, la violence et le désir de manipuler (cf. Genèse 3,16). Ils ont peur, non seulement de Dieu à qui ils ont désobéi, mais l’un de l’autre. Ils regardent maintenant, dubitatifs, la dimension même de l’existence humaine destinée à servir la communion interpersonnelle, les corps masculin et féminin : « La pudeur sexuelle… atteste la perte de la certitude originelle que le corps humain, à travers sa masculinité

et

sa

féminité,

était

précisément

le

« substratum » de la communion des personnes qui l’exprimait « simplement », qui servait à la réaliser »32. Pour eux, l’amour entre l’homme et la femme n’est plus relié de manière évidente à l’amour de Dieu. La tradition chrétienne utilise un terme spécifique pour décrire ces fissures qui traversent l’homme et la femme après la chute : la concupiscence. La concupiscence est une sorte d’aveuglement vis-à-vis de la vérité de la personne humaine, une distorsion du désir qui fait pencher la personne vers le péché. Quand le monde n’est plus compris comme un don de Dieu, qui est bon, les hommes et les femmes sont enclins à se mesurer, et à mesurer les personnes et les choses selon une mauvaise compréhension. Le corps, qui maintenant « contient en soi un constant foyer de résistance à l’esprit »33, est bien trop souvent enclin à la poursuite du plaisir ou du profit, au lieu de l’amour. Une logique de la domination a pris

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la place de la logique de l’amour, qui avait été l’ordre originel de la création. C’est bien sûr une « chute » qui éloigne de la beauté de la création. La personne humaine « fut endommagée dans tout ce qui appartient à sa nature même, à son humanité dans la plénitude originelle « de l’image de Dieu »34. La tradition appelle ce dommage le « péché originel ». Bien que le péché originel ait causé une fracture dans l’homme et dans toutes ses relations, ce n’est pas le « critère absolu » selon lequel nous comprenons la personne humaine ou l’éthique.35 Les paroles de Dieu devant la création « cela était très bon » (Genèse 1,31) et l’appel à aimer qu’il a planté profondément dans l’homme et la femme, sont trop grands pour être effacés par le péché. Même la honte ouvre à une signification positive. JeanPaul II observe que dans le monde déchu, le sentiment de honte de l’homme et de la femme n’est pas simplement une mesure de la disharmonie ; cela les aide aussi à protéger ce qui reste de sacré en eux. Adam et Eve portent encore leur dignité d’enfants de Dieu. Ils sont encore appelés à la communion avec leur Créateur et entre eux de sorte qu’ils se « firent des vêtements » pour se protéger d’un regard réducteur ou de concupiscence (Genèse 3,7). En réfléchissant sur les lettres de saint Paul, Jean-Paul II explique que « c’est précisément de la honte que nait le « respect » pour le corps, un respect que… saint Paul demande de maintenir »36. L’homme et la femme n’ont pas totalement perdu le sens de leur appel originel. Ils sont profondément blessés, mais ils n’ont pas besoin de désespérer. La parole de Dieu et sa fidélité sont plus grandes que leur tragédie. Aucun péché ne peut

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éliminer la bonté de la création ou la dignité de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

La vie dans la perspective de la Rédemption A partir du moment où Adam et Eve ont perdu leur innocence originelle, et donc le paradis, l’humanité a vécu dans l’espoir : Dieu a proclamé un jour où la « descendance » de la femme écraserait le serpent, le tentateur (Genèse 3,15). En d’autres termes, à partir du moment du premier « non » de l’humanité à l’amour de Dieu, l’histoire humaine a été vécue dans l’espérance de la Rédemption. Adam, Eve et tous leurs descendants attendaient le jour où ils seraient restaurés dans l’existence dans la « dimension du don ». Le péché originel a détruit la plénitude de l’amour qui était le droit de naissance de nos premiers parents, mais il n’a pas coupé tout accès aux expériences humaines originelles. Le tout petit enfant s’éveille encore dans l’émerveillement du sourire de sa mère et il sourit en retour ; il parvient à une connaissance de lui-même à l’intérieur d’une communion d’amour. De même, le regard de l’enfant est toujours plein d’émerveillement lorsqu’il découvre le monde. Les hommes et les femmes qui tombent amoureux d’une manière plus profonde qu’un engouement passager sentent toujours que leur corps porte un appel à un don de soi complet. Bien sûr, Adam et Eve ne pouvaient pas retrouver la spontanéité avec laquelle ils pouvaient auparavant exprimer la signification de leur corps. Le corps a perdu sa transparence originelle : la solitude originelle, l’unité originelle et la signification générative du corps sont

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toujours à l’œuvre dans les expériences des personnes, mais ces dimensions ne sont pas évidentes comme elles l’étaient au commencement. Aucun de tous leurs efforts pour être vertueux ne peut guérir le dommage de la concupiscence. La situation de l’humanité n’était pas désespérée, mais elle n’avait qu’une espérance : la Rédemption ne peut venir que de Dieu. Pendant des siècles, l’humanité attendit en peinant. Pendant des siècles encore, le peuple choisi par Dieu, Israël, a

prié

dans

l’espérance,

recevant

le

début

de

la

communication de Dieu sur lui-même à travers la Loi et les prophètes. Enfin, dans « la plénitude des temps » (Galates 4,4), la miséricorde de Dieu s’exprima de manière insurpassable : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jean 3,16). Le Fils de Dieu fait chair a pris sur lui la signification de nos corps et l’a vécue dans sa vie, sa mort et sa résurrection : « Le Verbe se fit chair » (Jean 1,14). Jésus-Christ, en qui la divinité et l’humanité se sont jointes dans le sein de la Vierge37, était le Fils, l’Époux et l’image du Père. Dans sa vie, sa mort et sa résurrection, il a pris sur lui l’image et la ressemblance de Dieu brisées pour les rétablir. Le Concile Vatican II déclare : « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme »38. En lui, le corps humain était de nouveau ce que Jean-Paul II appelait un « sacrement primordial » : une manifestation visible et effective de l’amour de Dieu dans le monde39.

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Le Concile a aussi affirmé que, lorsque le Fils éternel est devenu « l’Homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché »40, la nature humaine a fait plus que de retourner simplement à son état originel. Le Corps du Christ n’est pas seulement un « sacrement primordial » comme celui d’Adam et Eve. Ce corps est le sacrement d’où découlent les sept sacrements de l’Église : c’est la divinité « tissée » avec l’humanité, Dieu fait chair. L’humanité ne pouvait avoir rêvé d’une telle gloire, même dans toute la splendeur de son innocence originelle : « la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale »41. Le Christ, que la tradition appelle le nouveau ou second Adam, révèle pleinement Dieu à l’homme et, ce faisant, « révèle l’homme à lui-même »42. Il réalise les expériences humaines originelles et les couronne à la fois d’une manière nouvelle et inimaginable.

Le Christ réalise la signification du corps Quand Adam et Eve n’ont plus désiré vivre dans la communion avec Dieu qu’était leur « solitude originelle », ils sont devenus aveugles à la paternité de Dieu. À la place de la relation de confiance dans laquelle ils avaient été créés, ils n’ont vu en lui qu’un dictateur jaloux dont la liberté était en concurrence avec la leur. Ils ont voulu être « comme des dieux » sans Dieu, inconscients du fait qu’ils blessaient ainsi terriblement leur propre et réelle ressemblance avec Dieu. En bref, ils ont cessé d’être des enfants – non pas enfantins et

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immatures, ce qu’ils sont devenus après la chute, mais des enfants mûrs recevant tout don bon de leur Père qui est aux cieux (cf. Matthieu 7,11). Dans sa prédication et sa prière, dans sa vie et sa mort, le Christ a manifesté qu’il était le Fils unique du Père. Dans notre faible chair, il a ainsi perfectionné la dimension de solitude originelle, dans laquelle tous les êtres humains ont été créés en tant que « partenaires de l’Absolu ». Les disciples l’ont entendu prier comme personne n’avait jamais prié : « Abba, Père… » (Marc 14,36). Ils ont vu sa confiance lorsqu’il dormait pendant une tempête terrifiante (Marc 4,38). Enfin, l’un d’eux a entendu le grand cri avec lequel, dans un abandon sans limites, le Fils mourant a remis son Esprit à son Père : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ! » (Luc 23,46). Adam et Eve se sont renfermés loin de Dieu. Ils ne voulaient plus recevoir ses dons. Le Fils, d’autre part, est si ouvert que même sa mort est une prière : même alors, il reçoit tout des mains du Père qu’il sait être bon. En JésusChrist, la vulnérabilité même du corps humain n’est pas simplement devenue une expression de communion avec Dieu. Elle a aussi révélé la source de toute communion : l’amour indéfectible entre le Père, le Fils et l’Esprit en Dieu. En outre, en révélant la pleine mesure de l’amour de Dieu pour l’humanité, le Christ s’est révélé comme le vrai Époux. En Israël, « l’Époux » était un titre du Dieu de l’Alliance, qui aimait son peuple d’un amour éternel (cf. Isaïe 62,5 ; Osée 2,16-20). Quand le Fils incarné s’est livré à la mort par amour pour l’humanité, nous voyons ce que Jean le Baptiste avait laissé entendre à ses disciples : « Celui à qui l’épouse

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appartient, c’est l’Époux », avait dit le Baptiste de Jésus (Jean 3,29) : ce titre appartient au Fils de Dieu, qui accomplit la « nouvelle et éternelle Alliance »43 dans sa chair. Le Rédempteur et l’Époux d’Israël et de l’église restaure et mène à sa perfection la signification nuptiale du corps. De prime abord, cela peut nous paraître étrange. Après tout, Jésus n’a pas choisi une femme particulière en tant qu’épouse. Cependant sa virginité n’a été qu’une complète ouverture, une volonté de recevoir toute la création et chaque être humain comme un don du Père. Contrairement à Adam et Eve, le Christ a aimé sans saisir. Il voulait rendre le monde et toute personne au Père, guéris de la blessure causée par le péché. Ce faisant, il a réalisé l’appel originel de l’homme et de la femme. Non seulement il a reçu le monde comme un don mais il est devenu un don pour le monde. En effet, il est devenu un don total de lui-même pour le salut de toute l’humanité. Carl Anderson et José Granados commentent cette réalisation inattendue de la solitude originelle et de l’unité originelle dans la corps souffrant du Christ, qui demeure : « l’affirmation la plus éloquente de ces expériences originelles que le langage du corps ait jamais prononcé »44. En instituant l’Eucharistie, la nuit qui précéda sa mort, Jésus dit : « Ceci est mon corps, livré pour vous » (Luc 22,19) : « En prononçant cette simple phrase, le Christ réalise le langage du corps, parce que ses mots décrètent le don total de sa propre chair qui manifeste l’amour du Père pour le monde »45. « Ceci est mon corps, livré pour vous ». En un sens, toute la signification du corps est réalisée par ces mots. Le corps était

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fait pour communiquer le don de la personne. Il était fait pour être un « lieu » de communion qui porte du fruit pour Dieu et pour le monde. Nous ne devrions donc pas être surpris si le don que fait Jésus de lui-même ne réalise pas seulement de manière surabondante la signification filiale du corps (solitude originelle) et la signification nuptiale (unité originelle) mais aussi sa signification générative. Eve s’est réjouie à la naissance d’un enfant, « acquis » avec l’aide du Seigneur. Le Fils de Dieu fait chair « scelle l’Alliance dans le sang de sa croix et “remet son Esprit” (cf. Jean 19, 30) à l’Église… l’Épouse aimée et féconde qui engendre de nouveaux enfants jusqu’à la fin des temps »46.

« Heureux les cœurs purs » : La vie dans l’Esprit Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous a ouvert le chemin pour redevenir enfants de Dieu et il a restauré en nous la possibilité d’un amour sponsal véritable. Nous pouvons trouver merveilleuse cette réalisation de la signification du corps, mais comment pouvons-nous partager tout cela quand notre cœur et notre corps sont encore marqués par la concupiscence ? Comment ce qui s’est produit dans le corps du Christ peut-il nous être communiqué ? La distance entre notre pauvre capacité à aimer et l’amour que le Christ nous a manifesté semble être un fossé infranchissable. En effet, ce fossé est infranchissable, s’il n’y avait pas le don qui nous a été fait lorsque le Père a relevé Jésus-Christ d’entre les morts. « Entre tes mains je remets mon esprit », a crié Jésus, mourant, à son Père (Luc 23,46). Quand le Père l’a établi

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« selon l’Esprit de sainteté… dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection » (Romains, 1,4), cet Esprit est répandu sur toute l’humanité. Le Saint Esprit, que Jean-Paul II appelle le « don incréé »47, nous communique les expériences du Christ et accorde notre cœur à son amour. L’Esprit de Dieu est l’Esprit d’Amour, qui restaure l’image brisée de Dieu en nous. Comme nous l’avons vu, cette image a été cassée par le péché : la personne humaine est divisée en elle-même et les effets de la concupiscence divisent aussi les hommes et les femmes entre eux. L’Esprit Saint, d’autre part, est un Esprit d’unité qui travaille pour nous faire réintégrer les dimensions de l’amour : les impulsions sensuelles, les émotions et l’affirmation de la dignité de la personne. Plus encore, l’Esprit nous aide à reconnaître notre relation à Dieu en tant que bienaimé. Il ouvre nos yeux à quelque chose que nous avons perdu avec le premier péché : reconnaître que Dieu participe à l’amour humain. Jean-Paul II parle de ce processus de réintégration en se centrant sur deux « fruits » de l’Esprit dans l’homme et la femme rachetés : la pureté et la piété. Ces dons, ou vertus, indiquent la guérison des fractures dans la personne humaine et dans sa relation au monde. Nous avons souvent tendance à penser aux vertus comme des règles à suivre ou un effort à faire pour être parfaits mais, comme le montre Jean-Paul II, cette compréhension n’est pas chrétienne. Les vertus, telles que la pureté et la piété, sont des dons de l’amour de Dieu qui nous transforment intérieurement. Ce ne sont « pas seulement – et pas tant des ‘œuvres’ de l’homme, mais plutôt un ‘fruit’, à savoir un effet, de l’action de l’ ‘Esprit’ dans l’homme »48. Ce sont des

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« effets » de l’Esprit d’Amour en nous qui nous rendent capables de partager l’amour de Dieu de manière créative et spontanée. La pureté, premier « fruit de l’Esprit » dont parle Jean-Paul II dans le contexte de la rédemption de l’amour, est la vertu qui réintègre le cœur humain de sorte que ses besoins, ses émotions et ses désirs sont véritablement ordonnés à l’amour. C’est la capacité à recevoir notre propre corps et celui des autres comme un don de Dieu au lieu de le traiter comme un objet qui peut être manipulé pour céder au plaisir ou à la recherche de profit. Le pape écrit : « A travers la rédemption, tout être humain se reçoit et reçoit de Dieu, en quelque sorte, son propre corps de façon nouvelle »49. Cette nouvelle conscience du don de Dieu entraîne une nouvelle obligation : nous devons respecter le corps humain, restant vigilants devant les tentations à l’utiliser ou le manipuler afin que nos cœurs soient formés dans l’art du véritable amour. Dans cette perspective, la pureté n’est pas de la pudibonderie. Ce n’est pas non plus un trait de faiblesse. Au contraire, c’est le courage de garder son esprit et son corps incorrompus afin qu’ils se donnent tout entiers, découvrant ainsi les profondeurs du véritable amour. Jean-Paul II explique : « La pureté est une exigence de l’amour. C’est la dimension de la vérité intérieure de l’amour dans le cœur humain »50. Elle nous permet de nous percevoir et de percevoir les autres comme des personnes, c’est-à-dire comme des sujets irremplaçables créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

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Enfin, la pureté nous permet de percevoir Dieu lui-même, présent dans l’amour humain. « Heureux les cœurs purs », a dit Jésus, non seulement parce qu’ils se verront, et verront les autres personnes, de manière juste, mais parce qu’« ils verront Dieu » (Matthieu, 5,8). En d’autres termes, la pureté est inséparable de la piété, ce don de l’Esprit qui rend « le sujet humain sensible à la dignité qui appartient au corps humain en vertu du mystère de la création et de la rédemption »51. Il « voit » et vénère Dieu à qui appartient le corps et qui est la source de l’appel que le corps porte en lui-même.

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« Dieu qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain » (Catéchisme de l’Église catholique, 1604) Le mariage, chemin de retour au Père : saint Joachim et sainte Anne, les parents de Marie. Mur de la divinisation de l’humanité, Chapelle Redemptoris Mater, Cité du Vatican. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti. 34


Appelés à l’amour « Un don de soi désintéressé » En résumé, dans ses catéchèses sur l’amour humain, ou « théologie du corps », Jean-Paul II voulait donner un cadre pour réfléchir sur la personne humaine dont le corps porte les signes de son appel originel. Toute personne humaine est faite à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 26). Puisque Jésus-Christ a révélé que le Dieu-Créateur est une communion de personnes, Père, Fils et Saint Esprit, cela signifie aussi que tout être humain est fait à l’image de cette parfaite communion, source de tout amour. Fait par amour, l’homme est appelé à aimer. Jean-Paul II a entrepris une relecture profonde du récit de la création dans la Genèse, pour montrer que toute la création étant un don et reflétant la générosité de Dieu, la personne humaine rayonne de cette générosité d’une manière particulière. L’Homme est une personne, un sujet libre, corps et esprit, qui peut recevoir de Dieu le don de la création. Surtout, il peut recevoir une autre personne comme un don et un signe de l’amour de Dieu, devenant un don en retour. En effet, l’appel à recevoir et à devenir un don dans l’amour est inscrit si profondément dans la personne humaine que le pape écrit : « L’Homme… ne peut ‘pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même’. Tel est le magnifique paradoxe de l’existence humaine »52.

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Le corps joue un rôle crucial dans cet appel à recevoir et à devenir un don. Le « corps exprime… la personne » : dans le corps, quelque chose de spirituel, l’image de Dieu, devient visible53. Le corps humain est un signe que nous venons de Dieu, qui nous appelle à la communion avec lui (solitude originelle) et les uns avec les autres (unité originelle). Plus spécifiquement, la différence sexuelle, à savoir l’existence en tant qu’homme ou en tant que femme, permet à la personne humaine de percevoir que même son corps « porte en lui le signe du don originel et fondamental [de Dieu] »54. Le corps avec sa différence sexuelle est une invitation à un « don de soi désintéressé » dans un union exclusive, fidèle et féconde qui reflète la fidélité et la générosité de Dieu. Comme nous l’avons vu, le péché a obscurci l’appel à aimer inscrit dans la personne humaine. La concupiscence a conduit l’homme et la femme à « mal interpréter » le corps, ignorant son « langage » de don total de soi. Mais quand le Fils de Dieu a pris un corps humain et s’est lié par une alliance d’amour indissoluble à l’Église, son Épouse, le « langage du corps »55 est apparu dans toute sa puissance originelle. « Ceci est mon corps » (Luc 22,19), a dit le Christ, en anticipation de sa passion et de sa mort rédemptrice, de sa résurrection par le Père et de l’effusion de son Esprit sur « toute chair » (cf. Joël 2,28). L’Église, qui reçoit sa chair rompue et son sang versé pour nous, comprend que le corps est fait pour être donné. Nous sommes faits pour être donnés. L’appel à aimer que le corps humain porte en lui est, en dernier recours, un appel à partager l’amour de Dieu. Le « oui » fragile

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de l’Homme pour aimer est appelé à partager un amour qui est plus fort que la mort. A la lumière du don total que le Christ fait de lui-même, dans lequel les chrétiens sont baptisés, nous voyons tout plus clairement : la personne humaine est la seule créature dans l’univers visible qui soit appelée à donner sa vie librement et définitivement. Son cœur ne serait jamais satisfait par un demi-amour vague, temporaire et purement émotionnel. Comme l’ont compris Jean-Paul II et son ami Jerzy Ciesielski, l’Homme est fait pour une alliance. Quelle que soit la manière dont celle-ci est accordée à chaque personne, même si c’est seulement à travers une mort acceptée dans un abandon par amour, elle est faite pour dire « à jamais ».

Mariage et virginité Jean-Paul II ne conclut pas sa catéchèse sur le corps humain par sa réflexion sur les vertus de pureté et de piété et sur les dons du Saint Esprit. Il contemple plutôt la puissance de la résurrection du Christ et la vie éternelle déjà à l’œuvre en tous ceux qui ont été « baptisés dans sa mort » (Romains 6,3). La résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, dans la puissance de l’Esprit, n’était pas, écrit le pape, « seulement… une manifestation de la vie qui vainc la mort, un retour final, pour ainsi dire, à l’Arbre de Vie ». Elle indique aussi une « révélation de la destinée de l’Homme »56. L’Homme est fait pour la communion avec Dieu dans « un amour d’une telle profondeur et puissance de concentration » qu’il « absorbera complètement » et réalisera « toute la subjectivité psychosomatique de la personne » au ciel57. Il est fait pour partager ce dernier « à jamais » d’amour.

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Mais pour les baptisés qui ont reçu le don de l’Esprit, ce futur « à jamais » du ciel est dès maintenant à l’œuvre. L’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ les transforme et informe leur vie, les façonnant selon l’alliance de Dieu. Ce façonnement des vies humaines selon l’amour de Dieu devient le plus concret et visible dans ce que la tradition appelle les deux « états de vie » : le mariage et la virginité consacrée. Sur ces chemins profondément liés, un homme ou une femme partage le « don désintéressé de lui-même »58 du Christ de telle manière que ce partage devient la forme exclusive de la vie de cette personne. Lorsque Jésus-Christ a guéri et réalisé la signification du corps dans son incarnation, restaurant en l’Homme la pleine image et ressemblance de Dieu, il couronna aussi l’amour fécond et fidèle entre l’homme et la femme. Parce qu’il « a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle… il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante » (Éphésiens 5,25-27) : le mariage des baptisés est plus qu’un signe de la bonté de Dieu. Le mariage, « sacrement primordial », est devenu l’un des sept sacrements, véritable participation au don total que le Christ fait de lui-même. Le mariage chrétien n’est pas simplement appelé à imiter l’alliance exclusive, féconde et indissolublement fidèle du Christ avec l’Église, son Épouse ; il participe réellement à cette alliance. Malgré le besoin qu’ont les époux d’une conversion continuelle, toutes les joies, les difficultés et même les tragédies du mariage chrétien sont « à l’intérieur » de la véritable alliance de mariage entre le Christ et l’humanité rachetée, scellée sur la croix.

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Tout l’enseignement de l’Église sur le mariage découle de la « rédemption du corps »59 accomplie dans la passion, la mort et la résurrection du Christ. Son amour est exclusif, exprimant son entier engagement envers l’Église, son Épouse. Son amour est indissolublement fidèle et soutient nos amours humains vacillants. Son amour est fécond, ou génératif, respectant le « langage » du corps de don total de soi, dans toutes ses dimensions60. Enfin, son amour est plénitude de communion entre les personnes car, à travers lui, il nous révèle la communion du Père, du Fils et de l’Esprit Saint en Dieu. Depuis le don total de lui-même qu’a fait le Christ pour l’Église, l’amour humain a un hôte divin, Dieu luimême, en son sein. A travers les siècles, d’innombrables hommes et femmes seront appelés sur un chemin intimement lié au mariage chrétien : la virginité consacrée, ou virginité « pour le Royaume ». Il est bon de se marier parce que l’amour entre un baptisé et une baptisée participe de l’alliance d’amour indestructible que Dieu a scellée avec l’homme en JésusChrist. Et il est bon aussi de ne pas se marier – lorsque Dieu appelle quelqu’un sur ce chemin – afin de montrer par toute sa vie l’amour divin qui demeure en tout mariage. Ceux dont la vocation consiste à suivre Jésus pauvre, chaste et obéissant, vivent littéralement ce que tout chrétien est appelé à vivre en esprit. Ils deviennent un rappel vivant du Dieu qui nous a aimés le premier et qui nous a appelés le premier à l’amour. La virginité consacrée n’est pas un chemin facile, mais c’est un chemin de joie. Se référant à la vie consacrée, Jean-Paul II a écrit qu’« à travers le sérieux et la profondeur de la décision, à travers la gravité et la responsabilité que cela entraîne, ce

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qui brille et rayonne, c’est l’amour : l’amour en tant que disponibilité à faire ce don exclusif de soi pour le ‘Royaume de Dieu’ »61. Le témoignage de toute une vie rendu au primat de Dieu, que nous devons aimer de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toute notre force (Deutéronome 6,4 ; Marc 12,30), n’ignore pas la signification sponsale, filiale et générative du corps. Au contraire, il vit ces significations d’une manière surprenante qui anticipe leur réalisation finale au ciel. Quand nous regardons des saints tels que Jean-Paul II ou Mère Teresa, ce « don de soi exclusif » pour Dieu et par Dieu, pour nos frères et sœurs, est tout sauf stérile ; c’est une source de fécondité extraordinaire pour l’Église et pour le monde. [Pour une discussion plus approfondie sur le mariage et la vie consacrée, nous vous renvoyons au deux livrets de la Série sur la nouvelle évangélisation, les livrets CIS #407 : À l’image de l’amour : le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation et #408 : Suivre l’amour pauvre, chaste et obéissant : la vie consacrée].

Va et vis-le ! Avec cette exploration de l’appel fondamental de tout être humain à « se trouver… par le don désintéressé de luimême »62, et les vocations liées au mariage et à la vie consacrée, il devrait maintenant être clair que la catéchèse sur l’amour humain de Jean-Paul II, ou « théologie du corps », n’est pas une doctrine abstraite. Au contraire, la théologie du corps doit devenir chair dans la vie des hommes et des femmes. Ainsi que l’a appris le père Karol Wojtyła lorsqu’il passait du temps avec ses jeunes amis adultes en Pologne, toute véritable éducation à l’amour doit être vécue.

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Le riche développement par Jean-Paul II de l’enseignement de l’Église sur la personne humaine et sur l’amour humain est profondément pertinent non seulement pour les catholiques mais pour tout homme et tout femme de tous les temps ; en effet, tous les êtres humains sont créés par amour et pour l’amour. Au plus profond d’eux-mêmes, tous les hommes et toutes les femmes portent l’appel à aimer, même si cet appel est frustré ou blessé par un environnement brisé. Tout être humain est fait pour s’épanouir dans une communion de personnes, construisant à travers des relations humaines – et en particulier à travers les familles – une « civilisation de l’amour »63. Il est évident que le monde dans lequel nous vivons ne reflète pas toujours cette civilisation. Nous vivons non seulement dans ce que le prophète Amos appelait un faim « d’entendre la Parole du Seigneur » (Amos 8,11) mais aussi dans une faim qui est liée : une faim de vraies relations humaines et de sains mariages et familles qui sont la base d’une culture digne de l’être humain. En d’autres termes, notre monde est affamé de la vision de l’amour humain que saint Jean-Paul II a reçue de la tradition de l’Église et de ses jeunes amis pour les donner au monde. Ce monde, qui est fracturé, a besoin de témoins de la vérité de l’amour. Les familles jouent un rôle vital et irremplaçable dans ce témoignage. Comme l’a affirmé Jean-Paul II à maintes reprises, la famille est la cellule fondamentale de la société et elle est au cœur de la construction d’une civilisation de l’amour.64 Les familles, qui cherchent vraiment à être des écoles d’amour où les époux, les parents et les enfants apprennent le pardon et grandissent dans l’estime de la

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dignité de l’être humain, sont source de force non seulement pour les membres de la famille, mais pour les amis, les voisins et les étrangers. Elles aident à façonner leur sphère sociale, culturelle et politique de telle sorte que celle-ci devienne davantage un « foyer » pour la personne humaine. Les personnes consacrées, qui se donnent totalement à Dieu et, à travers lui, à leurs frères et sœurs, rendent un témoignage singulier à la vérité de l’amour. Cela est vrai même si leur vie, parfois, est complètement cachée. Les religieux contemplatifs et actifs, ainsi que les personnes laïques consacrées, qui portent la fécondité de l’amour virginal du Christ dans toutes les dimensions de la vie humaine, indiquent tout l’amour divin qui est à la source de toute culture vraiment humaine. Les personnes célibataires qui n’ont pas trouvé leur chemin vers un engagement définitif et les jeunes ont un rôle important à jouer dans la construction d’une civilisation de l’amour. Ils sont appelés à vivre leur vœu baptismal dans leurs situations respectives, travaillant avec l’amour généreux du Christ. Il n’est pas exceptionnel qu’ils portent des souffrances uniques avec amour et patience : c’est précisément cet amour qui porte du fruit pour le monde. Jean-Paul II lui-même nous a montré avec une clarté irréfutable que sa plus grande œuvre n’a pas été d’écrire la catéchèse qui a formé sa théologie de l’amour humain. C’est le témoignage que, comme chrétien, il a donné par sa vie. Dans sa vie, son enseignement et jusqu’à sa manière de mourir, saint Jean-Paul II fut ce que chacun de nous est appelé à être : une vivante « théologie du corps », un témoin de la vérité de l’amour.

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Sources 1

Karol Wojtyła, La boutique de l’orfèvre, notre traduction.

2

Jean-Paul II, Entrez dans l’espérance.

3

Karol Wojtyła, « Remembering Jerzy Ciesielski »

4

Cf. Jean-Paul II, Homme et femme il les créa. Une spiritualité du corps. Paris, Cerf, 2004, 3 ; et aussi 8,2. Toutes les citations de cet ouvrage se réfèrent au numéro de l’audience suivi du numéro du paragraphe.

5

Homme et femme il les créa, 13,2-3.

6

Homme et femme il les créa, 13,3.

7

Homme et femme il les créa, 13,2.

8

Carl Anderson et José Granados, La beauté de l’amour et la splendeur du

9

Homme et femme il les créa, 13,4.

corps : à l’école de Jean-Paul II, Ed. de l’Emmanuel, 2012.

10 Anderson et Granados, La beauté de l’amour. 11 Homme et femme il les créa, 7,2. 12 Homme et femme il les créa, 6,2. 13 Ibid. 14 Homme et femme il les créa, 5,7. 15 Saint Augustin, Confessions, I, 1. 16 Cf. Catéchisme de l’Église catholique (=CEC), 1604. 17 Homme et femme il les créa, I,8,2. 18 Homme et femme il les créa, I,8. 19 Homme et femme il les créa, I,16,3. 20 Cf. Homme et femme il les créa, I,15,3. 21 Homme et femme il les créa, I,12,5. 22 Homme et femme il les créa, I,14,5. 23 Homme et femme il les créa, I,15,3.

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24 Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne Gaudium et spes, 24 ; cité in Jean-Paul II, Lettre aux familles, 11. 25 Homme et femme il les créa, I,15,2. 26 CEC, 1604. 27 Cf. Homme et femme il les créa, II,23,1 où Jean-Paul II cite le philosophe français Paul Ricoeur. 28 Homme et femme il les créa, II,4,2. 29 Homme et femme il les créa, II,4,4. 30 Ibid. 31 Homme et femme il les créa, II,5,2. 32 Homme et femme il les créa, II,6,3. 33 Homme et femme il les créa, II,5,3. 34 Homme et femme il les créa, II,4,2. 35 Homme et femme il les créa, II,23,3. 36 Homme et femme il les créa, II,32,5. 37 Cf. saint Augustin, Homélie 8 sur l’Évangile de Jean. 38 Concile Vatican II, Gaudium et spes, 22. 39 Homme et femme il les créa, I,19,4. 40 Concile Vatican II, Gaudium et spes, 22. 41 Ibid. 42 Ibid. 43 Canon romain de la messe, Prière eucharistique 1. 44 Anderson et Granados, La beauté de l’amour et la splendeur du corps : à l’école de Jean-Paul II, Ed. de l’Emmanuel, 2012. Notre traduction. 45 Ibid.

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46 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Foyer des Équipes Notre Dame », 23 septembre 1982, 1. 47 Jean-Paul II, Lettre encyclique Dominum et vivificantem (sur l’EspritSaint dans la vie de l’Église et du monde), 10. 48 Homme et femme il les créa, II,28,6. 49 Homme et femme il les créa, II,33,2. 50 Homme et femme il les créa, II,26,7. 51 Homme et femme il les créa, II,34,2. 52 Jean-Paul II, Lettre aux familles, 11, citant le Concile Vatican II, Gaudium et spes, 24. 53 Homme et femme il les créa, I,14,4. 54 Homme et femme il les créa, 13,4. 55 Homme et femme il les créa, V,17,21. 56 Homme et femme il les créa, III,8,1. 57 Homme et femme il les créa, III,5,3. 58 Concile Vatican II, Gaudium et spes, 24. 59 Homme et femme il les créa, II,26. 60 Cf. Homme et femme il les créa, V,20 sq, où Jean-Paul II montre comment, contrairement aux méthodes naturelles de régulation des naissances, l’acte de la contraception falsifie ou interprète mal le « langage du corps ». 61 Homme et femme il les créa, IV,7,8. 62 Concile Vatican II, Gaudium et spes, 24. 63 Lettre aux familles, 13, citant Paul VI. 64 Ibid., « La famille et le centre et le cœur de la civilisation de l’amour »

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Les auteurs Katrina F. Ten Eyck a un Master d’études théologiques de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les Études sur le mariage et la famille de Washington, D.C. Elle s’intéresse particulièrement à la relation entre les conseils évangéliques et l’ordre séculier. Katrina Ten Eyck vit avec son mari et sa fille près de Zürich, en Suisse.

Michelle K. Borras, Ph.D., est directrice du Catholic Information Service. Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie de l’Institut, section de Washington, D.C., avec une thèse sur l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur adjoint pendant l’année académique 2010-1011 et a donné des séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar. Outre de nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le domaine de la littérature catholique et de la théologie.

Le « Service d’information catholique » Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est impliqué dans l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont lancé le Catholic Information Service (CIS) pour fournir des publications catholiques au grand public ainsi qu’aux paroisses, écoles, maisons de retraite, établissements militaires, prisons, assemblées législatives, au corps médical et aux personnes individuelles qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le CIS a publié et distribué des millions de livrets et des milliers de personnes ont suivi sa formation catéchétique. « Catholic formation Service » est une marque déposée des Chevaliers de Colomb

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Katrina F. Ten Eyck & Michelle K. Borras ServICe D’INFOrmaTION CaTHOlIque

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Cette introduction aux catéchèses de saint Jean-Paul II sur l’amour humain, ou « théologie du corps », guide le lecteur à l’intérieur de l’enseignement novateur du pape sur la mariage, la famille et la sexualité dans le contexte de la vocation à l’amour de la personne humaine. Créés à l’image de Dieu, chaque homme et chaque femme est appelé à faire de soi un don total. Chacun est appelé à participer à la tâche de la construction de la civilisation de l’amour.

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