Esther M. García - La demoiselle noire/La doncella negra

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La demoiselle noire la doncella negra 3me ĂŠdition

Esther M. GarcĂ­a


La demoiselle noire Esther M. García Collection Fuera de Serie 1re édition: 2010, La Regia Cartonera, Monterrey (Mexique). 2me édition: 2013, Babel Cartonera, Cochabamba (Bolivie)/ Bagnères-de-Luchon (France). 3me édition: 2015, Kodama Cartonnière, Tijuana (Mexique)/ Montréal (Québec). (CC) Esther M. García, Jean Crampagne, Daniela A. Elías (CC) Kodama Cartonnière, 2015, pour cette édition Blog: kodamacartonniere.tumblr.com Facebook: /kodama.cartonniere Twitter: @KodamaCartonniere Conception de la collection: Néstor Robles Mise en pages: Aurelio Meza Édition: Anne-Marie Jean Montenegro et Clémentine Bouchereau Image et maquette de la couverture: Ariel Leviel Logo Fuera de Serie: Talia Pérez Logo Kodama: Careli Rojo, d’après un personnage de Mononoke Hime (Dir. Hayao Miyazaki, Studio Ghibli, 1997). Les kodama sont des esprits du bois dans la mythologie japonaise. Son nom peut vouloir dire « écho », « esprit d’arbre », « petite boule » ou « petit esprit ». Dans le film de Miyazaki, les kodama se montrent seulement quand le bois est pure et, en êtant polluê par l’homme, ils meurent et tombent comme des feuilles fantômes. Cette œuvre est sur une licence Creative Commons Attribution - NonCommercial - ShareAlike 4.0 International. Quelques droites reservés. Hecho en México y Québec / Fabriqué au Mexique et au Québec


La demoiselle noire la doncella negra 3me édition

Esther M. García Traduction de

Jean Crampagne et

Daniela A. Elías


Ojos de niño Niño, no te adentres En los lugares oscuros del alma, Porque allí lobos grises aúllan, Los flacos lobos grises. Patrick Kavanagh / A un niño

Para el niño la muerte es un misterio sagrado y él es el guardián de ese misterio. Ese secreto trascendental, depositado en la discreción frágil de los niños se vuelve, además, acto poético terrible. Y no sólo la muerte, sino el amor y la vida también, cobran en la visión del niño un significado sobrenatural. Salvador Elizondo


Yeux d’enfant Enfant, ne t’efonce pas Dans les lieux obscurs de l’âme, Parce que là-bas les loups gris hurlent, Les maigres loups gris. Patrick Kavanagh / À un enfant

Pour l’enfant la mort est un mystère sacré et lui-même est le gardien de ce mystère. Ce secret transcendant, entreposé dans la discrétion fragile des enfants devient, en outre, un acte poétique terrible. Et non seulement la mort, mais l’amour et la vie aussie, portent dans la vision de l’enfant une signification surnaturelle. Salvador Elizondo


[Destructor] Hablo desde aquí desde las sombras oscuras de mi infancia y por vez primera veo mis manos ensangrentadas de realidad Yo decido quien vive o muere Mi dedo índice decide el destino de la hormiga Yo elijo si ese pedazo de carne y hueso cae como pesada roca sobre ella o jala el gatillo de la tierna escopeta lanzando la bala amorosa que penetrará la dura o suave carne de algún gato u otro animal Yo devoro los signos Soy yo el crepúsculo de todas las palabras porque el universo nace desde mi garganta porque nada en este mundo existe sin ser pronunciado por mí antes Yo soy el señor de las sombras El amo y dueño de la nada Yo soy la bestia El bárbaro lo salvaje Mi linaje es cósmico Yo soy el híbrido El creador o destructor del mundo

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[Destructeur] Je parle d’ici depuis les ombres obscures de mon enfance et pour la première fois je vois mes mains ensanglantées de réalité Je décide qui vit ou meurt Mon index décide le destin de la fourmi Je choisis si ce morceau de chair et d’os tombe comme une lourde roche sur elle ou s’il appuie sur la gâchette du tendre fusil lançant la balle amoureuse qui pénétrera la dure ou douce chair de quelque chat ou de tout autre animal Je dévore les signes C’est moi le crépuscule de tous les mots parce que l’univers naît de ma gorge parce que rien dans ce monde n’existe sans être avant prononcé par moi Je suis le seigneur des ombres Le maître et patron du néant Je suis la bête Le Barbare la sauvagerie Mon lignage est cosmique Je suis l’hybride Le créateur ou destructeur du monde

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[Demiurgos] Mi madre ha juntado arena roja del desierto de Dead woman’s city y mi padre ha traído los huesos frágiles de un antiguo y rojo pájaro que hace años había muerto Amasaron amasaron y amasaron juntaron la arcilla roja y empezaron a modelar Así nací Un frágil esqueleto dentro de un paquete de carne molida —lo cósmico de mi linaje se diluyó como agua— Me venden en el supermercado caro de la vida Etiquetada Sola Comestible espero a mi devorador enemigo al hombre que aceptará el precio por tenerme y comerá cada trozo de mí para luego tal vez escupirme como carne atorada en el diente pero no me desanimo Mis huesos se juntarán de nuevo y —¡Oh, poderoso milagro ancestral!— saldré volando porque los seres como yo nunca mueren.

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[Démiurges] Ma mère a rassemblé du sable rouge du désert Dead woman’s city et mon père a apporté les os fragiles d’un ancien oiseau rouge qui depuis longtemps était mort Ils ont pétri ils ont pétri pétri encore Ils ont pris l’argile rouge et ils ont commencé à modeler Me voici Un fragile squelette dans un paquet de viande hachée —le cosmique de mon lignage s’est dilué comme de l’eau— Ils me vendent dans le supermarché de luxe de la vie Étiquetée Seule Comestible j’attends mon dévoreur ennemi l’homme qui acceptera le prix pour m’avoir et mangera chaque morceau de moi pour ensuite peut-être me cracher comme de la viande coincée dans la dent mais je ne me décourage pas mes os se joindront à nouveau et —Oh, puissant miracle ancestral !— je sortirai en volant parce que les êtres comme moi ne meurent jamais.

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[Los ojos de un niño] Desde el fondo de mí misma habló el recuerdo de la sangre que llama, que gime y llora sin tener voz arrullándose en ratos con el sonido de mi corazón. Desde el fondo del abismo que tiene mi nombre y cara abrió los ojos un niño desnudo de alas rojas. Adiviné el sonido y la violencia de su alma todavía dormida; vi sus cabellos escarchados de fuego y a sus manos de pluma dibujar mariposas. Aquel recuerdo ya no palpita desde las profundidades del signo que me articula. Hay sombras y sangre en los ojos de un niño. Ya mi voz no le regalará el trino de las aves ni los pétalos extendidos de la flor en capullo a los niños muertos.

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[Les yeux d’un enfant] Du fond de moi-même a parlé le souvenir du sang qui appelle, qui gémit et pleure sans avoir de voix en roucoulant par instants avec le son de mon cœur. Du fond de l’abîme qui a mon nom et visage a ouvert les yeux un enfant nu aux ailes rouges. J’ai deviné le son et la violence de son âme encore endormie; j’ai vu ses cheveux givrés de feu et ses mains en plume dessiner des papillons. Ce souvenir-là ne palpite plus Des profondeurs du signe qui m’articule. Il y a des ombres et du sang dans les yeux d’un enfant. Ma voix ne lui offrira plus le trille des oiseaux ni les pétales tendus de la fleur en bouton aux enfants morts.

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[Girl, tuyas son las flores de oro]

a María Isabel

De aquel cangrejito a colores que agitas en tu mano, de las rosas-magnolias que se vuelven ceniza en tus manos sin líneas o la euforia que te recorre las venas benditas. Girl, you are the golden flowers Con tu puchero-lucero y tus ojos enigmáticos nunca tendrás miedo de las tardes de incendios negros ni de otras flores comunes. Tú naciste como el lirio blanco en el cuadro de Van Gogh, eres eterno lejano en donde los pétalos hirientes de otras flores jamás rozarán tu acuática piel. Niña, tuyas son las flores de oro Tus manos golpetean incesantes la piel del agua y la arena de silencios circulares que ésta profesa. Tu eterna soledad de muñecos, talcos y pegatinas rosas llenan el infinito espacio de tu mundo. Amas las manos como quien ama los cuerpos tocados por la tímida luz solar y su volátil letanía. Manos que granizan como cantos de petirrojos manos que callan la soledad de tu mundo manos-tentáculos que llaman tu atención. 14


[Girl, tiennes sont les fleurs d’or]

à María Isabel

De ce petit crabe bariolé que tu agites dans ta main, des roses-magnolias qui deviennent cendre dans tes mains sans lignes ou l’euphorie qui parcourt tes veines bénies. Girl, you are the golden flowers Avec ta marmite-étoile et tes yeux énigmatiques jamais tu n’auras peur des soirs de noirs incendies ni d’autres fleurs communes. Toi tu es née comme le lys blanc dans la toile de Van Gogh, tu es l’éternel lointain où les pétales blessants d’autres fleurs jamais ne frôleront ton aquatique peau. Fillette, tiennes sont les fleurs d’or Tes mains tapotent sans cesse la peau de l’eau et le sable aux silences circulaires que celui-ci professe. Ton éternelle solitude de poupées, talcs et autocollants roses emplissent l’espace infini de ton monde. Tu aimes les mains comme l’on aime les corps touchés par la timide lumière solaire et sa volatile litanie. Mains qui grêlent comme des chants de rouges-gorges mains qui taisent la solitude de ton monde mains-tentacules qui attirent ton attention. 15


Girl, tú eres las flores doradas La casa se cae en pedacitos y puede llenarse de cucarachas, pero tu sonrisa sostiene el techo y los insectos se transforman en tiernos peluches. Niña, the golden flowers are yours Levitas levemente y te lleva el viento, junto a las hojas de los árboles marchitas por la arena del tiempo; tú te elevas dorado pez. Te agitas y te estremeces entre los brazos que te aman, así escapas mantequilla-pez. Girl, tuyas son las flores doradas y el aroma de la música del agua que nosotros —mala hierba— jamás conoceremos.

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Girl, c’est toi les fleurs dorées La maison tombe en petits morceaux et peut se remplir de cafards, mais ton sourire soutient le toit et les insectes se transforment en tendres peluches. Fillette, the golden flowers are yours Tu lévites légèrement et le vent t’emporte avec les feuilles des arbres fanées par le sable du temps; toi, tu t’élèves poisson doré. Tu t’agites et tu trembles entre les bras qui t’aiment, ainsi tu t’échappes beurre-poisson. Girl, tiennes sont les fleurs dorées et l’arôme de la musique de l’eau que nous — mauvaise herbe — jamais ne connaîtrons.

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[Abandono] Ayer papá me regaló un ramo de flores secas para decirme cuánto me amaba

El día de mi cumpleaños me regaló una muñeca sin un ojo envuelta en papel viejo sin una tarjeta sin un “te quiero” ni abrazos ni besos

NO de esas cursilerías no hubo nada

Sólo la imagen triste de mi muñeca bastaba para decirme cuánto me amaba

Entre él y yo hay silencios de arañas tejidos por el tiempo circular Entre él y yo hay abismos de mariposas negras que revolotean incesantemente por toda la casa En la noche me dejó una nota en la mesita junto a mi cama no había nada escrito en ella sólo las marcas de lágrimas secas por él derramadas para decirme así de ese modo cuánto me amaba Mi padre me llevó de paseo hoy por la mañana no tomó mi mano al caminar por la calle 18


[Abandon] Hier papa m’a offert un bouquet de fleurs sèches pour me dire combien il m’aimait

Le jour de mon anniversaire il m’a offert une poupée sans un œil enveloppée dans du vieux papier sans une carte sans un « je t’aime » ni embrassades ni baisers

NON de ces bonnes manières il n’y a rien eu

Seule la triste image de ma poupée suffisait pour me dire combien il m’aimait Entre lui et moi il y a des silences d’araignées tissés par le temps circulaire Entre lui et moi il y a des abîmes de papillons noirs qui volètent sans cesse dans toute la maison

Dans la nuit il m’a laissé un mot sur la table de chevet près de mon lit sans rien d’écrit dessus seules les marques de larmes sèchées par lui versées pour me dire de cette façon combien il m’aimait Mon père m’a amenée promener aujourd’hui au matin il n’a pas pris ma main pour marcher dans la rue 19


ni al cruzar hasta la plaza En medio de tanta gente hay una inmensa ola de silencio cubriendo las miradas Vi una tras otra varias caras pero la de él no pude verla por más que intentaba Me quedé sola llorando en medio de la plaza por más que grité su nombre no aparecía ni él ni su mirada pensé: “lo que ha ocurrido es para decirme cuanto me ama”

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ni pour traverser jusqu’à la place Au milieu de tant de gens il y a une immense vague de silence couvrant les regards J’ai vu l’un après l’autre plusieurs visages mais le sien je n’ai pu le voir malgré tous mes efforts Je suis restée seule en pleurs au milieu de la place j’ai eu beau crier son nom ni lui ni son regard n’apparaissait j’ai pensé « ce qui s’est passé c’est pour me dire combien il m’aimait »

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[El lenguaje] Aún eras niño todavía tenías alas y aquella oscuridad no anidaba en tu garganta. Tal vez —quieres pensar— fue aquel ser limpio y perfumado, aquel monstruo protector y bien amado, el que inició la pesadilla. ¡Sí! Fue la vez que te meció en sus brazos tus ojos y los suyos se mezclaron. Sentiste un hálito de paz. Ella pronunció dos palabras y grandes hilos negros salieron de su garganta; se ondearon levemente en el aire y acariciaron tu cara. Sentiste esa calidez abrasadora y en ese olor que no descifrabas; había un vacío que te ahogaba. Pero ese aliento fibroso, negro y maldito reptaba poco a poco hacia tu nariz produciéndote al final un hoyo negro en las entrañas. Al fin cada vocablo se fue acumulando formando una consistencia fibrosa en tu garganta y de tus labios salieron hilachos grises de imberbes palabras.

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[Le langage] Tu étais encore enfant tu avais encore des ailes et cette obscurité-là ne nichait pas dans ta gorge. Peut-être — veux-tu penser — ce fut cet être pur et parfumé, ce monstre protecteur et bien aimé, qui amorça le cauchemar. Oui ! Ce fut la fois qu’il te berça dans ses bras tes yeux et les siens se mêlèrent. Tu sentis un souffle de paix. Elle prononça deux mots et de grands fils noirs sortirent de sa gorge ondulèrent légèrement dans l’air et caressèrent ton visage. Tu sentis cette ardeur brûlante et dans cette odeur que tu ne déchiffrais pas; il y avait un vide qui t’étouffait. Mais cette haleine fibreuse, noire et maudite, rampait peu à peu vers ton nez creusant à la fin un trou noir dans tes entrailles. Finalement chaque mot s’accumula en formant une consistance fibreuse dans ta gorge et de tes lèvres sortirent des effilochures grises d’imberbes paroles.

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[El músico]

a Aarón Levi

Mi hermano teje sonidos con sus manos en su guitarra, entrelaza hilos de notas, ritmos, matices; para recrear, acústicamente, las imágenes que no puede ver. En los tiempos en que vivíamos en un agujero negro, él hacía con sus melodías una luz azul-verdosa que iluminaba, brevemente, nuestro oscuro hogar. Creó suaves telas con sus acordes que llenaban de color las habitaciones y cada intensidad de la nota transformaba a las cucarachas en ruiseñores y a las tarántulas en flores. De eso ya hace mucho tiempo. Él sigue tejiendo música, creando nuevas formas; llenando de luz los espacios huecos. Mientras nosotros aquí, en la oscuridad, oímos grabaciones sin que nada se ilumine y los animales rastreros y los insectos siguen como siempre acechándonos a cada instante.

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[Le musicien] à Aarón Levi

Mon frère tisse des sons avec ses mains sur sa guitare, il entrelace des fils de notes, rythmes, nuances; pour recréer, acoustiquement, les images qu’il ne peut voir. Au temps où nous vivions dans un trou noir, lui, il faisait avec ses mélodies, une lumière bleue-verte qui illuminait brièvement, notre sombre foyer. Il créa de douces toiles avec ses accords qui remplissaient de couleur les pièces et chaque intensité de la note transformait les cafards en rossignols et les tarentules en fleurs. De cela il y a déjà longtemps. Lui, il tisse toujours de la musique, créant de nouvelles formes; remplissant de lumière les espaces creux. Tandis que nous ici, dans l’obscurité, nous écoutons des disques sans que rien ne s’illumine et les sales bêtes et les insectes continuent comme toujours à nous épier à chaque instant.

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[El plomo y yo]

a los niños olvidados en Torreón

I Cerca del lugar de humo y metal está mi casa copia idéntica de otras tantas De ellas no sale la gente a respirar el aire de la noche aquí no hay risas aquí nadie en estos hogares canta Sólo con mi madre y un perro que por las noches ladra al viento vivo yo

II Miro mi mano Miro mi mano el dorso los dedos las uñas la piel Si no fuera por tres simples cosas —pienso— sería como todos los demás Todos me amarían No tendrían miedo de tomarme de la mano Nadie me vería con desagrado

III Al amanecer los rayos dorados se vuelven bruma que pica la piel En la escuela cubrimos nuestras bocas con telas azules jugamos a hacer rondas y miramos al cielo pidiendo auxilio

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[Le plomb et moi]

aux enfants oubliés à Torreón

I Près du lieu de fumée et métal est ma maison copie identique à tant d’autres D’elles ne sortent pas les gens respirer l’air de la nuit ici il n’y a pas de rires ici personne dans ces foyers ne chante Seule avec ma mère et un chien qui la nuit aboie au vent je vis

II Je regarde ma main Je regarde ma main le dos les doigts les ongles la peau Si ce n’était pas ces trois simples choses — je pense — je serai comme tout le monde Tous m’aimeraient Ils n’auraient pas peur de me prendre par la main Personne ne me verrait avec mépris

III Au point du jour les rayons dorés deviennent brume qui pique la peau À l’école nous nous couvrons la bouche de tissus bleus nous jouons à la ronde et nous regardons le ciel en implorant de l’aide

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IV El agua veneno inunda las cañerías se sirve a diario a la hora de comer al lavarte las manos al bañarte al tener sed Poco a poco la muerte se forma dentro de mí Circula en el rojo líquido de mi organismo

V Cinco son los años que mi padre lleva muerto En la fábrica en que trabajaba adquirió un cangrejo que paulatinamente le chupó los huesos y volvió negro el interior de él

VI Miro mi mano miro mi mano Contemplo mis ocho dedos en primer plano y allá a lo lejos reina la gran asesina de humo y metal De su gran chimenea roja desprende como costra marranosa mercurio en el río cercano a las casas Ya en pocos días será el agua en el vaso en que siempre bebo.

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plomo y


IV L’eau poison inonde les canalisations on s’en sert chaque jour à l’heure du repas pour te laver les mains pour te doucher pour étancher la soif Peu à peu la mort prend corps en moi Elle circule dans le liquide rouge de mon organisme

V Il y a cinq ans que mon père est mort Dans l’usine où il travaillait il acquit un crabe qui peu à peu lui rongea les os et noircit ses entrailles

VI Je regarde ma main Je regarde ma main je contemple mes huit doigts au premier plan et là-bas au loin règne la grande assassine de fumée et métal De sa grande cheminée rouge elle répand comme une croûte dégoûtante du plomb et du mercure dans la rivière proche des maisons D’ici quelque jours sera l’eau le verre dans lequel je bois toujours.

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[Caracoles]

a todas las que han visto el dolor Niña, no veas más esa larga espiral de agua y desperdicio yéndose por el escusado; sabemos que esto ha sido duro, tu sangre y mi sangre han tenido una herida que lentamente ha sabido cerrarse. ¿Recuerdas aquel caracol formado en tu vientre y el sonido de su corazón albergando vida? Yo todavía lo sueño entre murmullos de mar y cantos de ruiseñores. Es difícil despertar y oír que sólo el cuervo grazna o que afuera de nuestra ventana sólo está el desierto. Vanamente intentamos insuflarle vida a los lirios muertos para escuchar por un rato sus risas. Nuestra esperanza se arrastró lentamente por el piso el día que por primera vez lo nombraron y lo imaginamos en el patio de nuestra madre. Él o ella, ya florecidos, jugando con el perro o con alguna mariposa y ya más tarde con los caracoles escondidos en la tierra. Ellos saldrían lentamente de sus caparazones, mostrándose ante ellos con sus cuerpos gris transparente ante el rayo de luz. Pero no fue así. El dolor poco a poco nos comió el vientre y entre ida y venida un poco de ellos se iba despacio por el agua de las cañerías, 30


[Escargots]

à toutes celles qui ont vu la douleur Fillette, ne vois plus cette longue spirale d’eau et de déchets s’évacuant dans le water; nous savons que ça a été dur, ton sang et mon sang ont eu une blessure qui lentement a su se refermer. Te souviens-tu de cet escargot formé dans ton ventre et du battement de son cœur plein de vie? Moi, je rêve encore de lui entre des murmures de mer et de chants de rossignols. Difficile de se réveiller et de n’entendre que le croassement du ou que derrière notre fenêtre seul existe le désert. [corbeau Nous essayons en vain de donner vie aux iris morts pour écouter leur rires ne serait-ce qu’un instant. Notre espoir se traîna lentement par terre le jour où pour la première fois on a dit son nom nous l’avons imaginé dans la cour de notre mère. Lui ou elle, déjà en fleur, jouant avec le chien ou avec un papillon et plus tard avec les escargots cachés dans la terre. Eux sortiraient lentement de leur coquilles, se montrant devant eux avec leur corps gris transparent devant le rayon de lumière. Mais il n’en fut pas ainsi. La douleur peu à peu nous dévora le ventre et entre allées et venues une partie d’eux mêmes s’en allait lentement dans l’eau des canalisations,

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sin un ala de ángel que los salvara de esa muerte. Así fue nuestro martirio, niña mía, sólo nos queda el eco del mar en los caracoles allá, en la lejanía.

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sans une aile d’ange qui les sauva de cette mort. Ainsi fut notre martyre, ma fille, seul nous reste l’écho de la mer dans les escargots là-bas, dans le lointain.

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La doncella negra


La demoiselle noire


[La doncella negra] I Mi madre es como un perro rabioso queriendo morder y destrozar mi alma con sus rabiosas palabras a mí la benjamina la enferma la tonta la rosa que no tiene pétalos sólo espinas. Mi madre es la gran niña con la hoz negra la gran devoradora de pájaros escupidora de aves tornasoles masticadas por el gran diente fervoroso de la religión. Así es mi madre —¿Verdad que sí doncella negra?— Ni siquiera ha de imaginar que orino miedo por las noches pensando qué pasará cuando ella muera. Ella sólo piensa “Dios mío Dios mío ¿porqué me habrás dado por hija a esta estúpida maldita malditita malditilla pendejuela?” Mi amor por ti madre es una flor hecha de vísceras secas.

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[La demoiselle noire] I Ma mère est comme un chien enragé qui veut mordre et briser mon âme avec ses mots enragés moi la benjamine la malade l’idiote la rose qui n’a pas de pétales rien que des épines. Ma mère est la grande enfant à la faux noire la grande dévoreuse d’oiseaux cracheuse d’oiseaux tournesol mastiqués par la grande dent fervente de la religion. Ainsi est ma mère — N’est-ce pas, noire demoiselle? — Elle ne doit même pas imaginer que je pisse de peur la nuit en pensant que se passera-t-il quand elle mourra. Elle se contente de penser « Dieu Mon Dieu comment as-tu pu me donner pour fille cette idiote maudite petite maudite maudite petite abrutie ? » Mon amour pour toi mère est une fleur faite de viscères secs.

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II Dime mami, ÂżdĂłnde ha quedado la palabra materna que lamerĂĄ con ternura las heridas? Mi madre es un pozo seco y nuestras bocas han muerto de sed. Toda palabra de amor ha encontrado su muerte en este desierto en que nos hemos convertido.

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II Dis-moi maman, où est la parole maternelle qui lèchera avec tendresse les blessures ? Ma mère est un puits sec et nos bouches sont mortes de soif. Tout mot d’amour a trouvé sa mort dans ce désert que nous sommes devenues.

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Madre. Por favor apaga el televisor, acércate a mí.

Madre: se cae el techo de la casa Madre: los gusanos salen por el grifo del agua

MADRE Apaga ya el televisor, cántame al oído una canción de cuna.

MADRE ¡Devuélveme mi corazón aunque sea sólo un trozo de carne seca!

—¡Quítate de la tele, niña tonta!

Madre: los gusanos se amontonan por toda la casa

MADRE ¿Podrías dejar de ver la tele y voltear a verme?

Madre: mi padre es un payaso oscuro que se comió mi niñez y la vomita en mi cama

Madre: por favor voltea a verme

Madre: me comen las arañas

III


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MÈRE Rends-moi mon cœur même s’il n’est qu’un morceau de viande sèche!

— Sors de la télé, petite idiote!

Mère : les vers s’entassent dans toute la maison

MÈRE Éteins tout de suite la télévision, chante-moi à l’oreille une berceuse.

Mère : S’il te plaît éteins la télévision, viens près de moi.

Mère : les vers sortent par le robinet de l’eau

Mère : le toit de la maison s’écroule

MÈRE Pourrais-tu arrêter de regarder la télé et revenir me voir ?

Mère : mon père est un clown sombre qui a mangé mon enfance et la vomit sur mon lit

Mère : s’il te plaît reviens me voir

Mère: les araignées me mangent

III


[Ruinas de la infancia] Madre: he matado una niña la tiré en un basurero en las afueras de mi alma Padre: Soy una línea quebrada crack crack crack Soy una mujer que dejó a un lobo comerse su corazón para volverla hombre No me pidas que te perdone Abba Baba Grandísimo vashnukad Bebe sigue bebiendo y atragántate de soles negros hasta que te consumas por dentro y yo mire tus ojos irse dentro de ti Con gusto me reiré de tus cuencas vacías Madre: Salió mal el resultado de tu ecuación Heme aquí I’m a kurva Tú fuiste la primera en señalarme con el dedo Venía quebrada 42


[Ruines d’enfance] Mère : J’ai tué une enfant je l’ai jetée dans une décharge dans la banlieue de mon âme Père : Je suis une ligne brisée crack crack crack Je suis une femme qui a laissé un loup manger son cœur pour qu’elle devienne un homme Ne me demande pas de te pardonner. Abba Baba Grandissime vashnukad Bois continue à boire étrangle-toi de soleils noirs jusqu’à ce que tu te consumes à l’intérieur et que je regarde tes yeux s’enfoncer en toi Avec plaisir je rirai de tes orbites vides Mère : Nul fut le résultat de ton éducation Me voici I’m a kurva Tu as été la première à me montrer du doigt J’étais brisée 43


fracturada desde antes del vientre Tú y él me dieron semejante alma así Soy una progresión aritmética 3 5 7 9 11 13... Cada vez hay más y más fragmentos de mi alma dispersos por todas partes Dime madre Dime padre ¿En qué acabará alguien así? Nada bueno ha de traer un alma enferma infeliz como aquella niña que veía asomarse por mis ojos y tuve que ahorcarla para según tu Madre para según tu Padre Perdonar Ser feliz Pero... Madre Padre Nada ha cambiado Mi alma sigue quebrada fracturada Crack Crack Crack Siempre seguirá así 44


fracturée dès avant ton ventre Toi et lui m’ont ainsi donné âme semblable Je suis une progression arithmétique 3 5 7 9 11 13... Il y a de plus en plus et plus de fragments de mon âme partout dispersés Dis-moi mère Dis-moi père Comment finira ce genre de fille ? Rien de bon ne donnera une âme malade malheureuse comme cette enfant que je voyais apparaître à mes yeux et il m’a fallu la pendre pour d’après toi Mère pour d’après toi Père Pardonner Être heureuse Mais... Mère Père Rien n’a changé Mon âme est toujours brisée fracturée Crack Crack Crack Toujours elle sera ainsi 45


Eros


Eros


[Estoy llena de amor] a Humberto P.

Estoy llena de amor hasta las vísceras. Florida y llena de los gusanos amorosos que me carcomen la piel dejándome al aire libre las heridas. Estoy llena de amor, de ese peligroso mal de rubios cabellos y verdes ojos. Todo él recorre el líquido rojo en mis venas que es su nombre. Estoy llena de amor y respiro a su lado como una magnolia casi muerta, casi marchita implorando el favor de sus manos y sus caricias. Estoy llena de amor perfumado y enervante. Mis manos son espinas doradas que dulcemente penetrarán sus carnes y depositarán en él el veneno de mi nombre. Estoy llena de amor y agónica, siniestra yazgo a su lado esperando a que abrace este cuerpo, esta herida, esta llaga que no deja de llamarle.

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[Je suis pleine d’amour] à Humberto P.

Je suis pleine d’amour jusqu’aux viscères. Fleurie et pleine des vers amoureux qui rongent ma peau laissant à vif mes blessures. Je suis pleine d’amour, de ce mal dangereux aux cheveux blonds et aux yeux verts. Lui tout entier parcours le liquide rouge dans mes veines qui est son nom. Je suis pleine d’amour et je respire à son côté comme un magnolia presque mort, presque fané implorant la faveur de ses mains et ses caresses. Je suis pleine d’amour parfumé et énervant. Mes mains sont des épines dorées qui doucement pénètreront son corps et y déposeront le poison de mon nom. Je suis pleine d’amour et agonisante, sinistre je gis a son côté dans l’espoir qu’il embrasse ce corps, cette blessure, cette plaie qui sans cesse l’appelle.

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Estoy llena de amor ciego y de mil ojos. Estoy llena de esta muerte hecha de seda que me roza el oĂ­do como un cuchillo, como un cuchillo que me abre el alma. ÂĄEstoy llena de amor! Y de mi interior salen numerosos petirrojos que se lanzan al vacĂ­o esperando su muerte.

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Je suis pleine d’amour aveugle et d’un millier d’yeux. Je suis pleine de cette mort faite de soie qui frôle mon oreille comme un couteau, comme un couteau qui ouvre mon âme. Je suis pleine d’amour ! Et de mes entrailles s’échappent nombre de rouges-gorges qui se lancent dans le vide attendant la mort.

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[Noche de bodas] Miro los hilos de luz que cuelgan de los techos roídos mientras formo un mar de sangre debajo de mis pies Nunca vi cosa tan hermosa tu recuerdo corre detrás de mí puñal en mano y yo vuelo con mi vestido blanco ¿Para qué hablamos de pureza? El alma está teñida de negro de telarañas secretas que tú no has visto Hablas de amor de infinito de estrellas para entregarme en tu mano (Tus ojos muestran la lascivia el antojo de otro cuerpo mientras tu corazón repite mi nombre) Me lanzo al vacío a la nada de todas formas mis ojos ya han estado más ciegos y voy bajando voy cayendo El infinito no está en las estrellas en eso tan triste e inmortal Está en las aguas negras (de este mar mi conciencia) esas aguas que se derraman en el piso haciéndose rojizas mientras un puñal atravesando la carne es lo único que siento y veo la tenue luz en el techo

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[Nuit de noces] Je regarde les fils de lumière qui pendent des plafonds vermoulus alors que je forme une mer de sang sous mes pieds Jamais je n’ai vu chose si belle ton souvenir court derrière moi poignard en main et moi je vole avec ma robe blanche Pourquoi parlons-nous de pureté ? L’âme est teinte en noir de toiles d’araignée secrètes que toi tu n’as pas vues Tu parles d’amour d’infini d’étoiles que m’offre ta main (Tes yeux brillent de désir lascif, d’envie d’un autre corps alors que ton cœur répète mon nom) Je me lance dans le vide dans le néant de toute façon mes yeux ont déjà été plus aveugles et je descends, je tombe L’infini n’est pas dans les étoiles chose si triste et immortelle Il est dans les eaux noires (de cette mer ma conscience) ces eaux qui se répandent par terre en devenant rougeâtres alors qu’un poignard traversant ma chair est tout ce que je ressens et je vois la faible lumière au plafond

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[Diálogo de los amantes]

El acto del amor es lo más parecido a un asesinato. En la cama, en su terror gozoso, se trata de borrar el alma del que está, hombre o mujer, debajo. Por eso no miramos. Leopoldo María Panero / Necrofilia

Prólogo La perfecta maldad nacida del vientre de la poesía dormita entre sábanas de rosa y espinas Así es la muerte acechando en el lecho Así la muerte bifurcándose en dos caras cuando tétricamente se ve reflejada

Ella Toma la carne de mi pecho Ábrela muérdela destrózala ámala Abre el agujero por donde saldrá esta vieja bestia a lamerte los labios

Él El amor es esta muerte buscando abrigo y consuelo en tus entrañas Es la hora en que el pájaro muere y el viento calla

Ella Abro mis ojos en este viento húmedo al sentir el puñal atravesarme Ya no hay desierto que emita 54


[Dialogue des amants]

L’acte de l’amour est le plus semblable à un assassinat. Au lit, dans sa terreur jouissive, il s’agit d’effacer l’âme de celui qui est en-dessous, homme ou femme. C’est pour cette raison qu’on ne regarde pas. Leopoldo María Panero / Nécrophilie

Prologue La parfaite méchanceté née du ventre de la poésie somnole entre les draps de rose et d’épines Telle est la mort aux aguets dans le lit Telle est la mort bifurquant dans deux visages quand sombrement elle se voit reflétée

Elle Prends la chair de mon sein Ouvre-la, mords-la, déchire-la, aime-la Ouvre le trou par où sortira cette vieille bête pour lécher tes lèvres

Lui L’amour est cette mort cherchant refuge et consolation dans tes entrailles C’est l’heure où meurt l’oiseau et se tait le vent

Elle J’ouvre mes yeux dans ce vent humide en sentant le poignard me traverser Il n’y a plus de désert qui ne porte 55


sólo mi eco ahora el mar repite incesante nuestras voces

Él Recibe ánfora mía este dolor en que borro tu alma mientras cierro los ojos y la muerte nos abraza

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que mon écho maintenant la mer ne cesse pas de répéter nos voix

Lui Reçois, ô mon amphore, cette douleur où j’efface ton âme pendant que je ferme les yeux et que la mort nous étreint

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[I Love the Streets] Entre los pies gastados por el tiempo pasan las líneas de los años Están vestidos con el zapato roto pisan las calles sucias la orina seca y el rastro de mierda I love the streets y el olor a desastre y tristeza que despiden Con los ancianos sentados en las bancas de los parques y los niños corriendo detrás de sus sueños para que no los abandonen De las mujeres con el pelo pringoso y embarañado con los niños secos de amor agarrados de la mano ILoveTheStreetS Con los hombres con la cabeza rapada por los piojos que danzaban en ella y las niñas con la cara manchada y la ropa percudida ¡Sí! Yo amo las calles con las palomas muertas decorando los pisos entre las flores secas y las hojas de otoño amarillo El amor brilla en estas calles Con el viejo que agoniza en la banqueta 58


[I Love the Streets] Entre les pieds usés par le temps passent les lignes des anées Vêtus de souliers fichus ils foulent les rues sales l’urine sèche et les traces de merde I love the streets et l’odeur de désastre et de tristesse qu’elles dégagent Avec les vieux assis sur les bancs des parcs et les enfants courant derrière leurs rêves pour qu’ils ne les abandonnent pas Des femmes aux cheveux gras et emmêlés avec les enfants secs d’amour maintenus par la main ILoveTheStreetS Avec les hommes au crâne rasé à cause des poux qui dansaient dessus et les filles au visage souillé et aux habits crasseux Oui ! J’aime les rues avec les pigeons morts décorant la terre parmi les fleurs sèches et les feuilles d’automne jaune L’amour brille dans ces rues Avec le vieux qui agonise sur la banquette 59


entre el hedor del alcohol la soledad y el viento cargado de azules melodías ai lov de estrits Las mujeres golpeando al niño el niño que caza y fastidia a la paloma la paloma que no canta porque es mucho su dolor y muere como el viejo en un rincón solitario de las aceras Yo amo estas calles aun si huelen a mierda o al desperdicio tirado de hace días Con los suelos manchados en llanto de tanto soportar los pies de tantos tantos y tantos hombres y la tristeza colgada del rostro de muchas mujeres Yoamolascalles y la vida que en ellas florece en cada punto en cada rincón o esquina

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dans la puanteur de l’alcool la solitude et le vent chargé de mélodies bleues ai lov de estrits Les femmes frappant l’enfant l’enfant qui chasse et embête le pigeon le pigeon qui ne chante pas parce que sa douleur est grande et il meurt comme le vieux dans un coin solitaire des trottoirs J’aime ces rues même si elles sentent la merde ou les ordures jetées depuis des jours. Avec les sols salis de pleurs A force de supporter les pieds de tant tant et tant d’hommes et la tristesse pendue au visage de bien des femmes Jaimelesrues et la vie qui en elle fleurit dans chaque endroit dans chaque coin dans chaque angle

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La galería La pintura tiende, subversivamente, a la condición de espejo. El espejo realiza en sí mismo su condición suprema. La pintura que realiza la condición esencial de espejo, realiza, a su vez, una función absoluta. Salvador Elizondo / Cuadernos de escritura


La galerie La peinture tend, subversivement, à l’état d’un mirroir. Le mirroir réalise par lui même, son état suprême. La peinture qui réalise l’état essentiel d’un mirroir, réalise, à son tour, une fonction absolue. Salvador Elizondo / Cahiers d’écriture


[Skrik]

El Grito, Edvard Munch, 1893

Espectador Música de fondo: Ne me quitte pas En la escena: Hombres Mujeres Niños, caminando de un lado a otro como hormigas en la tierra, como lombrices a r r a s t r á n d o s e, huyendo de algo en un interminable laberinto de imágenes que no sienten ni comprenden. En la pared colgado crucificado: Skrik Con sus atardecer de sangre, con su río manchado de melancolía y ahí parado, fríamente en el puente, a la vista de los transeúntes Él Tú Yo Nosotros Con el rostro agónico De diferentes edades nombres y sexos GRITAMOS Pero el mundo sigue girando, el sol alumbrando y las demás lombrices y hormigas siguen su camino. 64


[Skrik]

Le Cri, Edvard Munch, 1893

Spectateur Musique de fond: Ne me quitte pas En scène: Des hommes Des femmes Des enfants, cheminant d’un côté à un autre comme des fourmis sur la terre comme des vers qui s e t r a î n e n t, fuyant quelque chose dans un interminable labyrinthe d’images qu’ils ne ressentent ni ne comprennent Au mur accroché crucifié : Skrik Avec son crépuscule de sang, avec son fleuve tâché de mélancolie et là immobile, froidement sur le pont, à la vue des passants Lui Toi Moi Nous Le visage agonisant De tous âges noms et sexes NOUS CRIONS Mais le monde continue de tourner, le soleil de briller et les autres vers et fourmis suivent leur chemin. 65


Pintor El cigarrillo descansa quietamente entre los dedos índice y medio, mientras tú, Edvard, piensas en el largo cabello de tu hermana, rojizo como el óleo salido de su boca en el suave instante de la muerte. Ya no pienses más, Edvard, las arañas en tu cabeza te miran extrañadas porque no dejas que nadie más inunde sus tejidos más que ella. Sales a la calle a despejar la mente con los amigos, cuando el sol se convierte en sangre y la gente paulatinamente deja de tener cuerpo y cara. Ahí mismo llega tu musa roja y algo en tu interior se descontrola. Alguien grita dentro de ti el nombre de ella, ahí es cuando ese grito te abraza. Entonces despiertas y la colilla del cigarrillo sigue, incandescente humeante pegada a la que no está quemada, entre tus dedos índice y medio.

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Peintre La cigarette repose tranquillement entre l’index et le majeur, tandis que toi, Edvard, tu penses à la longue chevelure de ta sœur, rougeâtre comme l’huile sortie de sa bouche dans le doux instant de la mort. Ne pense plus, Edvard, les araignées dans ta tête te regardent étonnées parce que tu ne laisses personne d’autre inonder leurs toiles plus qu’elle. Tu sors dans la rue aérer ton esprit avec les amis, quand le soleil devient sang et les gens progressivement perdent corps et visage. C’est là qu’arrive ta muse rouge et quelque chose en toi se détraque. Quelqu’un crie à l’intérieur de toi son nom à elle, c’est là que ce cri t’étreint. Alors tu te réveilles et le bout de la cigarette continue, incandescent à fumer collé à celui qui n’est pas brûlé, entre ton index et ton majeur.

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[Saturno devorando a su hijo]

Francisco de Goya, 1823

Adentro del lienzo grita una voz que desde afuera, donde tú y yo estamos parados, nadie oye, sólo yo. ¿Ves ese cuerpo desgarrado y desmembrado tan amorosamente? Podríamos ser tú y yo, padre. Juguemos a que corro en la niebla del silencio y que tú corres detrás de mí como un lobo acechando a su víctima. No sabremos cuándo, ni cómo pero pronto mi cuello estará en tus garras y luego mi cabeza en tus fauces; pronto vendrá el feroz mordisco y los músculos y las venas del cuello estallarán como débiles y plásticas ligas al estirarse. No contento con ello los celos anidarán como pájaros picoteando tu cabeza y pensarás, acaso, en tu reinado y en eliminar a toda tu descendencia. Uno a uno comerás mis brazos, Me dejarás sin entrañas, Manos y piernas. Tus ojos saldrán del espacio carnoso de sus cuencas, revelando el horror que te come por dentro ante tal acto, mostrando, tal vez, su aspecto de limón seco y viejo conteniendo un llanto amargo. ¿Escuchas, padre, la voz que grita desde aquel cuadro?

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[Saturne dévorant son enfant]

Francisco de Goya, 1823

A l’intérieur de la toile crie une voix que de l’extérieur, où toi et moi sommes immobiles, personne n’entend, sauf moi. Vois-tu ce corps déchiré et démembré si amoureusement ? Ce pourrait être toi et moi, père. Jouons, je cours dans le brouillard du silence et toi, tu cours derrière moi comme un loup guettant sa victime. Nous ne saurons quand ni comment mais soudain mon cou sera dans tes griffes et ensuite ma tête dans ta gueule; vite viendra la féroce morsure et les muscles et les veines du cou éclateront en s’étirant comme des bandes fragiles et en plastique. Non content de cela la jalousie fera son nid comme des oiseaux picorant ta tête et tu penseras, peut-être, à ton règne et à éliminer toute ta descendance. Un à un tu mangeras mes bras, Tu me laisseras sans entrailles, Sans mains ni jambes. Tes yeux sortiront de l’espace charnu de leurs orbites, révélant l’horreur qui te mange au-dedans devant un tel acte, montrant peut-être son aspect de citron sec et vieux contenant un pleur amer. Entends-tu, père, la voix qui crie de ce tableau?

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[Henry Ford Hospital]

La Cama Volando, Frida Kahlo, 1932 No quiero llorar, no, no quiero.

I

Abrir los ojos y ver el infierno engrandecerse mientras mi cuerpo se hace más chico es propio de la pesadilla... ¿O será que la realidad es este cruel sueño?

II Perdí a mi hijo hoy en la mañana, la enfermera que me atendió tiene cara de payaso y la doctora era una de las enfermas. Perdí a mi hijo hoy en la mañana y entre sangrado y sangrado, de sábanas llenas, mi marido cogía con sus modelos sin culpa ni pena. Perdí a mi hijo ayer por la mañana y hoy, muy a mi pesar y con todo mi dolor, vuelve a brillar el sol, como si nada de lo ocurrido ayer fuera cierto.

III Dijeron que murió a los tres meses y medio me jodieron las venas, me limpiaron por dentro para evitar las infecciones y, aún con anestesia, 70


[Henry Ford Hospital]

Le Lit Volant, Frida Kahlo, 1932

I

Je ne veux pas pleurer, non, je ne veux pas. Ouvrir les yeux et voir l’enfer s’agrandir tandis que mon corps se rapetisse c’est le propre du cauchemar... Ou, peut-être la réalité est-elle ce rêve cruel?

II J’ai perdu mon enfant aujourd’hui au matin, l’infirmière qui m’a soignée a un visage de clown et la doctoresse était une des malades. J’ai perdu mon enfant aujourd’hui au matin et en sang et sang, de draps couverts, mon mari baisait avec ses modèles sans scrupules ni états d’âme. J’ai perdu mon enfant hier matin et aujourd’hui, bien malgré moi et toute ma douleur, brille à nouveau le soleil, comme si rien des évènements d’hier n’était vrai.

III On a dit qu’il est mort à trois mois et demi on m’a esquinté les veines, on m’a nettoyé l’intérieur pour éviter les infections et même sous anesthésie, 71


sentí el dolor clavarse en mi adolorido cuerpo. Grandes larvas transparentes inundaron mi rostro, mis manos y mi alma. Mi hijo murió p o c o a p o c o entre sangrado y sangrado; decidió, pues, no tenerme por madre, no crecer en mi cuerpo jodido y de mierda.

IV Las flores ya no crecen, las semillas no germinan; los árboles, hace mucho, dejaron de morir de pie porque la tierra en que quisieron crecer está muerta.

V

No quiero llorar, no quiero, pero a veces hay un petirrojo en mi pecho que llora día y noche; es tan hermoso, que los hombres lo admiran y con gusto lo oyen. No quiero llorar, no puedo, por eso me desgarro la cara y mis quejidos y lamentos lloran en un lienzo. ¿Puedes ver mi rostro? ¿Ves lo que hay dentro de estos ojos? Aquí no hay lágrimas, Sólo entre mis cejas yace el petirrojo muerto. No quiero llorar, no, no quiero. 72


j’ai senti la douleur s’enfoncer dans mon corps meurtri De grandes larves transparentes ont inondé mon visage mes mains et mon âme. Mon enfant est mort p e u à p e u sanglant et sanglant; il a décidé donc de ne pas m’avoir pour mère, de ne pas grandir dans mon corps de merde esquinté.

IV Les fleurs ne poussent plus, les graines ne germent pas; les arbres, depuis longtemps, ont cessé de mourir debout parce que la terre où ils ont voulu grandir est morte.

V

Je ne veux pas pleurer, je ne veux pas, mais parfois il y a un rouge-gorge dans ma poitrine qui pleure jour et nuit; il est si beau que les hommes l’admirent et avec plaisir l’écoutent. Je ne veux pas pleurer, je ne peux pas, c’est pour ça que je me déchire le visage et mes plaintes et lamentations pleurent sur une toile. Peux-tu voir mon visage ? Vois-tu ce qu’il y a à l’intérieur de ces yeux ? Ici il n’y a pas de larmes, seul entre mes sourcils gît le rouge-gorge mort. Je ne veux pas pleurer, non, je ne veux pas. 73


[El Suicidio de Dorothy Hale]

Frida Kahlo, 1938/39

I Aquí huele a rojo: en la habitación, en las bebidas, los gritos, la gente. Adiós a la buena comida, a los criados, la vida cara. Aquí huele al vómito de la muerte. La gente en la fiesta ríe, mi máscara con ellos canta y por dentro, el olor fétido de quien sabe que la vida ya no sabe a nada.

II Aquí huele a rojo: Me miro en el espejo me pongo mi vestido negro y prendo un ramo de rosas amarillas al lado opuesto al corazón. Me miro en el espejo pero esa que veo, ya no soy yo. La imagen que se me devuelve ha visto profundamente la oscuridad de la luna. Para esa yo, dejó de existir el sol. Hay alguien o algo susurrándome al oído: “Ya es tiempo”, entonces pienso:

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[Le Suicide de Dorothy Hale]

Frida Kahlo, 1938/39

I Ici l’odeur est rouge: dans la chambre, dans les boissons, les cris, les gens. Adieu aux bons repas, aux serviteurs, au luxe. Ici ça sent le vomi de la mort. Les gens de la fête rient, mon masque avec eux chante et en moi, l’odeur fétide de qui sait que la vie n’a plus goût à rien.

II Ici l’odeur est rouge: Je me regarde dans le miroir je mets ma robe noire et j’accroche un bouquet de roses jaunes au côté opposé du cœur. Je me regarde dans le miroir mais celle que je vois, ce n’est plus moi. L’image qu’il me renvoie a vu profondément l’obscurité de la lune. Pour celle que je suis, a cessé d’exister le soleil. Il y a quelqu’un ou quelque chose qui me susurre à l’oreille: «Il est temps», Alors je pense:

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“Gracias por todo a mis amigos. Las deudas y el vivir del favor, en un abrir y cerrar de ojos, desaparecerán”. ¡Adiós! grita el último invitado al irse y cerrar la puerta. ¡Adiós! grita la imagen del espejo ante mis ojos que la ven. ¡Adiós! grito desde la ventana del hotel Hampshire ¡Adiós! El largo viaje ha comenzado.

III El canto negro del gallo, 6:00 am. El aire helado penetra como dagas cuando uno cae desde lo alto y, al llegar al suelo, este traje de fiesta que es el cuerpo queda marcado en el piso, tendido como ropa roída y vieja, mientras el alma va penetrando el pavimento hasta llegar al cielo profundo y rojo del averno.

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«Merci pour tout, mes amis. Les dettes et la vie grâce aux faveurs, en un clin d’œil, disparaîtront», Adieu ! crie le dernier invité en partant et en fermant la porte. Adieu ! crie l’image du miroir devant mes yeux qui la voient. Adieu ! je crie depuis la fenêtre de l’hôtel Hampshire Adieu ! Le long voyage a commencé.

III Le chant noir du coq, 6:00 am. L’air glacé pénètre comme des dagues quand on tombe de haut et, en arrivant à terre, ce costume de fête qu’est le corps reste marqué sur le sol, étendu comme du vieux linge moisi, tandis que l’âme pénètre dans les pavés jusqu’à atteindre le ciel profond et rouge de l’averne.

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Lugares para habitar


Des lieux pour habiter


[La jaula]

Un petirrojo en una jaula hace que se enfurezca el cielo William Blake / Augurios de Inocencia Dorados barrotes brillan al exterior de ésta, mi casa. En su interior hay pedazos de periódicos del ayer, porciones mínimas de frutas podridas, semillas secas, agua sucia. Aquí, en este lugar, canto, aquí lloro, duermo. Aquí me he quedado sin plumas y mi dueña pretende que emita el sonido que a ella le complace. Pajarito azul, pajarito azul, ¿Cantarás ahora una bonita melodía? Pajarito azul, pajarito azul ¿Cuándo me harás feliz? He tratado de escapar y Voy dando tumbos entre las paredes de esta jaula. Todo es en vano, los barrotes son firmes y ella ha puesto candado a la puertecilla. El sol se filtra, levemente, por las rendijas de mi hogar; se siente tan frío, se ve tan oscuro en esta primavera tan invernal. Habrá un día, me digo, un día en que mis alas de nuevo salgan y la luz del sol cubra mi cara. Habrá un día, me repito, y el mundo me verá volar. 80


[La cage]

Un rouge-gorge mis en cage Voilà tout le ciel en rage William Blake / Augures d’innocence Des barreaux dorés brillent à l’extérieur de celle-ci, ma maison. À l’intérieur il y a des morceaux de journaux du passé, des portions minuscules de fruits gâtés, des graines sèches, de l’eau sale. Ici, en ce lieu, je chante, ici je pleure, je dors. Ici j’ai perdu mes plumes et ma patronne exige que j’émette le son qui lui fait plaisir.

Petit oiseau bleu, petit oiseau bleu, chanteras-tu maintenant une [belle mélodie? Petit oiseau bleu, petit oiseau bleu, quand me rendras-tu heureuse? J’ai tenté de m’échapper et je tournoie entre les murs de cette cage. En vain, tout, les barreaux sont solides et elle a mis un cadenas à la petite porte. Le soleil filtre, légèrement, à travers les fentes de mon foyer ; on sent tant de froid, c’est si sombre dans ce printemps bien hivernal. Un jour viendra, me dis-je, un jour où mes ailes à nouveau pousseront et la lumière du soleil couvrira mon visage. Un jour viendra, je me répète, et le monde me verra voler. 81


[El laberinto] Altas paredes, porosas y viejas, reinan en este lugar, en el que habito y en que me sueño. Hay pasillos de interminables recuerdos, así como habitaciones llenas de retratos y ecos viejos. Mis abuelos muertos viven en uno de los cuartos, me preguntan por sus hijos, por sus nietos y lloran, amargamente, porque los ciegos no los pueden ver. En otras fracciones del lugar, donde no hay salida visible, se encuentran los gritos y golpes de mis padres persiguiéndose unos a otros con la finalidad única de tocarse y volverse de nuevo cuerpos para volverse a destrozar. Los cuartos más cercanos al centro del laberinto los habitan pequeños niños que se desvanecen si me acerco, cantan cuando la lluvia cae, ellos son mis hermanos y hermanas y los reconozco por el pájaro de sus voces y sus enormes ojos tristes de tanto ver la felicidad. En el corazón de este sitio me encuentro yo mitad hombre-bestia, mitad mujer-flor. Espero, eternamente, a que alguien deje la marca del ovillo hasta la puerta. Espero, eternamente, a que alguien no se espante de mi apariencia y me haga compañía. 82


[Le labyrinthe] De hauts murs, poreux et vieux, règnent en ce lieu où j’habite et où je rêve. Il y a des couloirs aux souvenirs interminables, ainsi que des chambres pleines de portraits et d’échos anciens. Mes grands-parents morts vivent dans une des pièces, ils me demandent des nouvelles de leurs de leurs petits-enfants et ils pleurent, amèrement, [enfants, parce que les aveugles ne peuvent les voir. Dans d’autres parties de l’endroit, sans sortie visible se situent les cris et les coups de mes parents à la poursuite les uns des autres dans le seul but de se toucher et de redevenir des corps pour à nouveau se déchirer. Les pièces les plus proches du centre du labyrinthe sont habitées par de petits enfants qui s’estompent si je m’approche, chantent quand tombe la pluie, ce sont mes frères et sœurs et je les reconnais par l’oiseau de leurs voix et leurs grands yeux tristes à force de voir le bonheur. C’est au cœur de ce lieu que je me trouve mi homme-bête, mi femme-fleur. J’espère, éternellement, que quelqu’un laisse la marque de la pelote jusqu’à la porte. J’espère, éternellement, que quelqu’un ne soit pas effrayé par mon et me tienne compagnie. [apparence 83


[Árbol] Tengo una semilla en las manos que no ha podido crecer. He intentado plantarla en varios suelos: en el mar, en el desierto, en la montaña; ningún lugar le ha gustado para echar raíz. Ella me acompaña en cada viaje, en cada suelo que he pisado en estos años. Yo le he dicho: “Por fin éste será nuestro lugar” pero ella adivina las intenciones del tiempo y se hace la sorda a mis palabras, se arrulla sola, duerme. Las plantas de mis pies se han desgastado, la piel se me ha curtido, estar a la intemperie me ha deshecho el cuerpo, pero ella no quiere enraizarse. Ella guarda en sí el fruto de la alegría, el resguardo, el futuro; Sin embargo, vive suspendida en el tiempo que no se ha iniciado aún. Yo sé que ella, secretamente, sueña que sus raíces crecen que sus manos se levantan airosas hacia el cielo y emerge de ellas el frondoso follaje que me tapará con recelo. Así lo sueña ella y así lo imagino yo.

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[Arbre] J’ai une graine dans les mains qui n’a pas pu pousser. J’ai essayé de la planter dans différents sols: dans la mer, dans le désert, dans la montagne, aucun endroit ne lui a plu pour prendre racine. Elle m’accompagne dans chaque voyage, sur chaque sol que j’ai foulé ces dernières années. Je lui ai dit: « Finalement celle-ci sera notre terre » mais elle devine les intentions du temps et fait la sourde à mes paroles, elle roucoule toute seule, elle dort. La plante de mes pieds s’est usée, ma peau s’est tannée, vivre dans les intempéries m’a brisé le corps, mais elle ne veut pas s’enraciner. Elle garde en elle le fruit de la joie, de la protection, le futur; Cependant, elle vit suspendue dans le temps qui n’a pas encore commencé. Je sais qu’elle, secrètement, rêve que poussent ses racines que ses mains se lèvent gracieuses vers le ciel et qu’en sort le feuillage touffu qui me couvrira avec défiance. Ainsi le rêve-t-elle et ainsi, moi, je l’imagine.

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[Casa musical]

Cuando quede el mundo reducido a un único bosque negro para nuestros cuatro ojos pasmados, a una playa para dos chicos fieles, a una casa musical para nuestra simpatía clara, yo te encontraré. Arthur Rimbaud / Iluminaciones Los armónicos emergen de cada cosa que toco y vive en nuestra casa. Limpio la mesa y suena un “Fa”, hago de comer y de las cacerolas se desprende un olor a “Re” sonoro. Cuando sales de bañarte por las mañanas y te veo de reojo, suena “Sol”, lentamente, derramándose de tu cuerpo para besarme el oído. Sacudo el polvo y emerge el recuerdo de nuestro hijo haciendo un “Do” redondo, triste y negro, entonces los gatos maúllan un “Mi” agudo y desesperado y dejo de llorar puras “La”. Los pisos limpios son un “Si” muy blanco que brilla cuando tú caminas en ellos. Así es cada día en nuestra casa musical, En donde conforme pasan los días y las horas las notas musicales cambian y se transforman en melodías polifónicas, según el estado anímico de nuestro hogar, según lo que toco y veo.

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[Maison musicale]

Quand le monde sera réduit en un seul bois noir pour nos quatre yeux étonnés,—en une plage pour deux enfants fidèles,—en une maison musicale pour notre claire sympathie,—je vous trouverai. Arthur Rimbaud / Illuminations Les sons harmoniques émergent de tout ce que je touche et ce qui vit dans notre maison. Je nettoie la table et résonne un « Fa », je fais de quoi manger et des casseroles se dégage une odeur de « Ré » sonore. Quand tu sors du bain, le matin, et que je te regarde du coin de l’œil. résonne « Sol », lentement, se répandant de ton corps pour me baiser l’oreille. Je secoue la poussière et le souvenir émerge de notre fils faisant un « Do » rond, triste et noir. Alors les chats miaulent un « Mi » aigu et désespéré et je cesse de pleurer des « La » purs. Le sol propre est un « Si » très blanc qui brille quand tu y marches. C’est ainsi chaque jour dans notre maison musicale où, à mesure que passent les jours et les heures, les notes de musique changent et se transforment en mélodie polyphonique, selon l’état d’âme de notre foyer, selon ce que je touche et vois.

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[Caja de Cartón] La oscuridad brilla como sol negro dentro de estas cuatro paredes de papel. La luz es un halo polvoriento y frágil que se filtra por las pequeñas grietas acariciándome el rostro. La fachada de este lugar es triste está humedecida por las lágrimas del abandono y cubierta de cintas adhesivas que cuelgan por doquier. Esta caja de cartón es mi vivienda. Dentro de ella hay vajillas rotas y sucias. No hay agua ni muebles. La cañería está tapada y el ambiente huele a mierda. Aquí vivimos mi madre y yo cosechando en nuestras mentes los recuerdos de un padre y esposo que se fue junto con el último gramo de comida y el último rastro de felicidad.

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[Boîte en carton] L’obscurité brille comme un soleil noir à l’intérieur de ces quatre murs de papier. La lumière est un halo poussiéreux et fragile qui filtre par les petites crevasses en caressant mon visage. La façade de cet endroit est triste humectée par les larmes de l’abandon et couverte de bandes adhésives qui pendent partout. Cette boîte en carton est ma demeure. À l’intérieur il y a de la vaisselle cassée et sale. Il n’y a ni eau ni meubles. Les tuyaux sont bouchés et l’air sent la merde. C’est ici que nous habitons, ma mère et moi, récoltant dans nos esprits les souvenirs d’un père et d’un époux qui est parti avec le dernier gramme de repas et la dernière trace de bonheur.

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EntropĂ­a


Entropie


[Bestia poética] Aquella mancha oscura, rondando de un lado a otro en su jaula, ruge tu nombre y el de tus antepasados. Su color te deja ciego y sordo: es la música. Se convierte en lo que quiere: pájaro o felino, estará listo para destruirte o te lamerá los pies como el perro callejero que espera la limosna del afecto. De sus ojos brotará la palabra perfecta y su nombre será legión. Vendrá de noche y entre trago y trago de signos y símbolos circulares te corromperá el alma. Cuídate de ver tu reflejo en su rostro o no sabrás si tú o eso son el artificio de qué o quién. Hay quienes se han entregado al pozo negro de su belleza y jamás han vuelto a ver la luz.

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[Bête poétique] Cette tache sombre tournant d’un côté à un autre dans sa cage, rugit ton nom et celui de tes ancêtres. Sa couleur te rend aveugle et sourd: c’est la musique. Elle devient ce qu’elle veut: oiseau ou félin, il sera prêt à te détruire ou il te lèchera les pieds comme le chien errant qui attend l’aumône de l’affection. De ses yeux surgira le mot parfait et son nom sera légion. Il viendra la nuit et, entre gorgée et gorgée de signes et de symboles circulaires, il te corrompra l’âme. Garde-toi de voir ton reflet sur son visage ou tu ne sauras pas si toi ou cela sont l’artifice de quoi ou de qui. Il y en a qui se sont livrés au puits noir de sa beauté et jamais n’ont revu la lumière.

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[Paraíso artificial] Primero cómprate las tetas de silicona más caras y luego cambia tu rostro, en la clínica más barata, por uno más nuevo; al fin y al cabo eres un sombra más caminando y soñando que es una modelo o estrella de cine entre estas cerezas podridas del nuevo sueño gringo. Inhala dulcemente el aroma agrio de la cocaína hasta que tu nariz reviente en serpentinas rojas. Métete-teté hasta el fondo de las orejas el poderoso Do sonoro de las anfetas. No pienses, la televisión y el YouPorn lo harán por ti y gratuitamente te harán famos@ en esta nuez podrida. Deja tu alma en los avatares de Internet y olvida a tus amigos en los campos estériles de lo que era tu conciencia. Compra coca-cola’s. Demanda a Dios Todopoderosohacedordeluniverso por no cumplir sus promesas eternas o córtale el cuello en la versión más moderna del Playstation. No sientas pena; desde el siglo XIX sabemos que “Dios ha muerto”. Conviértete entonces en el súper-hombre-metrosexual: depílate la ceja, bórrate la nariz, arráncate la boca; desaparece cual mago tus ojos, que no quede nada de lo que eres, eras, fuiste. 94


[Paradis artificiel] D’abord achète-toi les seins de silicone les plus chers et ensuite change ton visage, dans la clinique la moins chère, pour un plus neuf; en fin de compte tu es une ombre de plus qui marche et qui rêve qu’elle est un top model ou une star de ciné parmi ces cerises gâtées du nouveau rêve yankee. Inhale doucement le parfum aigre de la cocaïne jusqu’à ce que ton nez éclate en rouge serpentins. Mets-toi-toi jusqu’au fond des oreilles le puissant DO sonore des amphétas. Ne pense pas, la télévision et le YouPorn le feront pour toi et gratuitement te rendront célèbre dans cette noix gâtée. Laisse ton âme dans les avatars d’Internet et oublie tes amis dans les champs stériles de ce qui était ta conscience. Achète des coca-colas. Incrimine Dieu Toutpuissantcréateurdelunivers pour ne pas tenir ses promesses éternelles ou coupe-lui le cou dans la version plus moderne de la Playstation. N’aie pas de peine; depuis le XIX siècle nous savons que «Dieu est mort». Deviens alors le super-homme-métro sexuel: Épile-toi les sourcils, efface ton nez, arrache-toi la bouche; fais disparaitre, tel un magicien, tes yeux, qu’il ne reste rien de ce que tu es, tu étais, tu as été. 95


AquĂ­ todos flotamos. Somos pelusas en este aire tecnolĂłgico-cibernĂŠtico Donde las flores ya nacen muertas.

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Ici nous flottons tous. Nous sommes des peluches dans cet air technologique cybernétique Où les fleurs quand elles naissent sont déjà mortes.

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Hay arañas en el cielo blanco

acariciando, con el suave terciopelo de sus patas su sangre que se convierte en veneno Trepan l e n t a m e n t e por las venas hasta llegar a los ojos volviéndolo ciego.

A veces no importa la hora que sea oye la voz de mamá que es un MONSTRUO albo y limpio acariciándole los miedos que tontamente se asoman a saludarla. Ella dsrz etoa todo con sus palabras CISMA erupción de vísceras lengua bífida de demonio acariciando las entrañas Manos de agua Contracción de músculos en piedra Pupila gelatinosa de leche dilatada Así se siente la palabra madre y lo que ella escupe de su tierna boca hacia él Así la peluda palabra caminando por el techo ocho patas miles de ojos invadiéndolo todo convirtiéndose en CAOS 98


Il y a des araignées dans le ciel blanc

caressant, du doux velours de leur pattes leur sang qui devient poison Grimpent l e n t e m e n t dans leur veines jusqu’à arriver aux yeux le rendent aveugle.

Parfois peu importe l’heure il entend la voix de maman qui est un MONSTRE propre et blanc lui caressant les peurs qui bêtement se penchent pour la saluer. Elle dtut éri tout avec ses paroles SCHISME éruption de viscères langue bifide de démons caressant les entrailles Des mains de l’eau Contractions de muscles en pierre Pupille gélatineuse de lait dilatée Ainsi ressent-on le mot mère et ce qu’elle crache de sa tendre bouche vers lui Ainsi le mot poilu marchant sur le toit huit pattes des milliers d’yeux envahissant tout pour devenir CHAOS 99


Índice Ojos de niño

Destructor • 6 Demiurgos • 8 Los ojos de un niño • 10 Girl, son tuyas las flores de oro • 12 Abandono • 16 El lenguaje • 20 El músico • 22 El plomo y yo • 24 Caracoles • 28 La doncella negra La doncella negra • 34 Las ruinas de la infancia • 40 Eros Estoy llena de amor • 46 Noche de bodas • 50 Diálogo de los amantes • 52 I Love the Sreets • 56 La galería Skirk • 62 Saturno devorando a su hijo • 66 Henry Ford Hospital • 68 El suicidio de Dorothy Hale • 72 Lugares para habitar La jaula • 78 El laberinto • 80 Árbol • 82 Casa musical • 84 Caja de cartón • 86 Entropía Bestia poética • 90 Paraíso articifial • 92 “Hay arañas en el cielo blanco...” • 96


Table des matières Yeux d’enfant

Destructeur • 7 Démiurges • 9 Les yeux d’un enfant • 11 Girl, tiennes sont les fleurs d’or • 13 Adandon • 17 Le langage • 21 El músico • 23 Le plomb et moi • 25 Escargots • 29

La demoiselle noire Eros

La galerie

La demoiselle noire • 35 Ruines d’enfance • 41

Je suis pleine d’amour • 47 Nuit de noces • 51 Dialogue des amants • 53 I Love the Streets • 57

Skirk • 63 Saturne dévorant son enfant • 67 Henry Ford Hospital • 69 Le suicide de Dorothy Hale • 73 Des lieux pour habiter La cage • 79 Le labyrinthe • 81 Arbre • 82 Maison musicale • 85 Boîte en carton • 87 Entropie Bête poétique • 91 Paradis artificiel • 93 « Il y a des araignées dans le ciel blanc » • 97


Este libro ha recorrido México, Francia y ahora Québec, donde la tercera edición fue terminada e impresa en Montreal a finales del verano de 2015. Las cigarras y los kodama darán cuenta de ello.




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