Hag Saméah Tou bichevat 5772-2012
Dans ce magazine, vous serez surprises de découvrir les merveilles que vous pouvez faire avec les fruits : gâteaux, crèmes, compotes et compositions de fruits. Esthétique, rapide et… délicieux.
Le magazine des fêtes juives
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Tou bichevat, le Nouvel An des arbres, la fête des fruits !
Éditorial
Nous avons le plaisir de vous proposer des recettes fruitées et colorées même pour celles parmi vous qui sont très pressées : des gâteaux, des crèmes, des compotes. Le 15 Chevat ! C’est à cette période de l’année que les arbres commencent à s’habiller de fleurs avec le premier, le magnifique amandier.
Essayer de remplacer le traditionnel café par un délicieux lait d’amandes accompagné de muffins complets pour un hiver plein de santé.
Découvrez les merveilles à faire vous-même avec des fruits : une composition de fruits qui ravira toute la famille. Attention ! N’oubliez pas la vérification des fraises, fruits rouges, agrumes et fruits secs ! Enseignez à vos jeunes enfants les différentes bénédictions et montrez-leur la variété extraordinaire de la Création. Et enfin, pour vous mesdames, mesdemoiselles, une histoire. Tou bichvat, c’est le réveil de la nature, le début de la floraison, alors que paradoxalement, le mois de Chevat est le mois le plus froid où la nature semble inerte. Il représente l’espoir d’un lendemain meilleur, d’un avenir plus beau… car là où il y a la foi en le Créateur, tout est possible…
Hag Saméah !
www.hagsameah.org Retrouver le magasine Hagsameah en ligne.
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Le fraisier
Ingrédients: • 5 gros œufs
• 1.5 Verres de sucre • ¾ de verres d’huile • 1 petite cuillère de sucre vanillé • 2 verres et demi de farine
• Un demi-sachet de levure chimique • 1 kg de fraises bien véri fiées • Crème pâtissière
Réalisation : Battre les œufs et le sucre environ 7 minutes à la vitesse maximum. Ralentir au numéro 3 et verser l’huile doucement, puis ralentir au minimum pour ajouter la farine, le sucre vanillé et levure chimique. Verser dans 3 moules ronds (26 cm de diamètre) Température et temps de cuisson : 180° pendant 10 minutes. (On peut aussi verser dans un seul moule et couper le gâteau en trois couches différentes) Etaler sur le gâteau refroidi une bonne couche de crème pâtissière et poser des tranches de fraises pour couvrir la surface. Poser le deuxième gâteau et de nouveau mettre une bonne couche de crème pâtissière et poser des tranches de fraises pour couvrir la surface. Ajouter la troisième couche de gâteau et poser des jolies demi fraises. Badigeonner les fraises avec de la confiture de fraises ramollie.
Tarte aux Poires et au Chocolat
Ingrédients: Pâte à tarte (pour un moule rond d’environ 22 cm) • 200 g de farine • 75 g de margarine molle • ½ paquet de levure chimique • ½ verre de sucre • 1 œuf
Flan : • 1 verre de farine • 1 verre de crème liquide • 1 verre de sucre • 3 œufs entiers • 1 boite de poires égouttées (environ 400g) • 1 sachet de sucre vanillé
Ganache : • 100g de chocolat noir • 120 ml de crème liquide
Réalisation : Préparation de la pate : Mettre tous les ingrédients dans le robot et mélanger jusqu’à ce que la pâte soit homogène. Filmer et mettre au réfrigérateur le temps de préparer le flanc. Préparation du flanc aux poires : Mixer les poires égouttées, mixer à nouveau.
rajouter tous les ingrédients et
Préparation de la ganache (juste avant d’être versé): Verser la crème liquide dans une petite casserole et faire cuire à feu doux. Aux premières bulles, éteindre et mettre le chocolat cassé en morceaux. Remuer jusqu’à ce que le chocolat fonde complètement et que la crème soit homogène. Cuire à blanc le fond de tarte à 180°C. Verser le flanc sur le fond de tarte. Renfourner jusqu’à ce que le flanc soit ferme. Laisser refroidir et verser la ganache sur le tout.
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«Lait» aux amandes et à la cannelle
Ingrédients: Préparation : 5 minutes Pour 2 verres
• 2 cuillères à soupe de crème d’amandes ou ½ verre (50 gr) d’amandes épluchées • 1 cuillère à soupe de miel • 2 verres (500 ml) d’eau (chaude ou froide) • ¼ de cuillère à café de cannelle
Réalisation : Introduire tous les ingrédients dans le blender et faire fonctionner 2-3 minutes jusqu’à obtenir une boisson homogène. Verser dans un verre et servir. On peut saupoudrer légèrement de cannelle.
Excellent pour faire le plein d’énergie le matin. Ce délicieux lait d’amande a la prétention de remplacer le traditionnel café. Essayer-le, vous ne regretterez pas !
Compote aux 3 fruits Ingrédients: • 1 boite d’ananas au sirop (environ 800g avec le jus)
• 1 boite de pèches au sirop (environ 800g avec le jus)
• 1 paquet de pudding vanille (85g) • 1 paquet de gelée à la fraise (85g) • 5 Kiwis
Réalisation :
Vous avez des invités- surprise? Ce dessert est pour vous! Rapide, délicieux et très esthétique!
Mixer le contenu de la boite d’ananas et de pèches avec le sirop d’une des deux boites. Ajouter les trois quarts du paquet de pudding à la vanille et remixer. Ensuite, partager ce mélange en deux et ajouter dans l’un des deux le paquet de gelée à la fraise, puis mixer à nouveau. Mixer les kiwis et ajouter le quart de pudding vanille restant. Dans des verres, superposer les 3 couleurs et décorer avec une meringue de chantilly. Servir très frais.
Verrines aux fruits rouges Ingrédients: • • • • •
Un bol de framboises Quelques fraises Un peu de menthe 125g de petits suisses nature 100g de crème liquide battue en chantilly • 40 g de sucre vanillé + 40g de sucre en poudre
Dessert express 100% de succès !
Réalisation : Réserver quelques framboises ou fraises entières. Réaliser un coulis de framboises fraîches, avec le sucre en poudre et un peu d’eau. Passer au tamis. Détendre les petits suisses avec une cuillère à soupe de lait, incorporer la crème en chantilly sucrée. Disposer un peu de coulis dans les verres, puis avec une poche, la crème au fromage, quelques fruits et un peu de menthe. Servir très frais. Simple, mais si agréable.
Muffins aux myrtilles Très faciles à faire : il suffit de mélanger les ingrédients et les verser dans le moule. Délicieux et léger pour le petit-déjeuner, servi tout chaud à sa sortie du four. On peut le faire cuire aussi dans un moule plat et le couper en morceaux après cuisson.
Ingrédients: (pour 12 muffins) • ¼ de verre (60 gr) de sucre brun ou de miel • 2 œufs • ½ verre (125 ml) de lait ou d’eau • ½ verre (125 ml) de concentré de jus d’orange naturel • un verre de fruits (pommes râpées, pêches coupées en cubes, dattes coupées en petits morceaux) • 1 ½ verre (190 gr) de farine complète • 1 verre (90 gr) de flocons d’avoine • 2 cuillères à café de levure chimique • ½ cuillère à café de bicarbonate • 1 verre (100 gr) de myrtilles congelées • 3 cuillères à soupe de noix concassées (facultatif) • 3 cuillères à soupe d’huile • Un moule à 12 empreintes creuses, ou des moules à muffins individuels, huilés
Réalisation : Préchauffer le four à 190 °. Mélanger dans un grand récipient le sucre, les œufs, le lait, le concentré d’orange et les bananes. Ajouter les autres ingrédients et bien mélanger. Verser le mélange jusqu’au deux tiers des creux du moule et faire cuire environ 25 minutes ou jusqu’à ce que les muffins soient dorés et secs. Variation :Remplacer les myrtilles par des pépites de chocolat.
Crème au t e c n a l b t a l o c cho s e g u o r s t i u r f aux
Ingrédients: • 200 gr de chocolat blanc • 600 gr de crème fraiche • 3 cuillères à soupe de sucre glace • ½ verre de groseilles, myrtilles ou fraises en purée • Garniture : fruits frais
Réalisation: Faire chauffer 400 gr de crème fraiche jusqu’à presque ébullition. Oter du feu, ajouter le chocolat et remuer jusqu’à obtenir un mélange homogène. Réfrigérer pendant 12 heures. Battre les 200 gr de crème fraiche restants avec le sucre glace. Ajouter délicatement la crème fraiche battue à la crème cuite. Séparer la crème en deux et ajouter à l’une des moitiés les fruits en purée. Remplir un demi-verre de la crème aux fruits, verser au-dessus la crème blanche et décorer des fruits frais. Variation : Pour obtenir un gâteau à la mousse, préparer une base de gâteau dans un moule rond et y superposer la crème aux fruits, la crème blanche puis les fruits. Mettre au congélateur pendant quelques heures et couper en parts triangulaires.
Pour préparer le plateau de fruits:
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Photo 1 : les fruits Une petite pastèque Un melon vert Un melon orange Une grappe de raisins Un kiwi dur
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Photo 2 : les ustensiles Un couteau aiguisé Un épluche-légume Deux emporte-pièces Une assiette ronde à la taille de votre choix
3 Photo 3 : couper la pastèque au milieu dans la longueur.
Toubichvat, c’est l’occasion de louer le créateur pour les merveilles de la nature : la richesse des fruits de l’arbre, leur variété de formes, de couleurs et de gouts. Présentez les fruits avec un peu de savoir-faire en suivant les instructions et le résultat sera sensationnel. Mais ne gardez pas les fruits que pour la fête des arbres! Offrez un arrangement de fruits à la place d’un gâteau ou de petits fours, Cela fait autant plaisir, c’est plus rapide à réaliser et c’est surtout…plus de vitamines et moins de calories. Préparation :
Photo 4 : poser chaque moitié le côté coupé vers le bas, et couper des tranches de 2 cm d’épaisseur.
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Photo 5 : poser les tranches de pastèque l’une sur l’autre autour de l’assiette (de gauche à droite).
6 Photo 6 : éplucher les deux melons (facultatif).
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Photo 7 : couper les deux extrémités du melon. Photo 8 : couper les melons en deux moitiés égales. Photo 9 : poser chaque moitié la face coupée vers le bas, et couper en tranches d’1 cm d’épaisseur.
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Photo 10 : poser en rond les tranches du melon orange sur les tranches de pastèque, plus près du centre de l’assiette. Photo 11 : poser en rond quelques tranches de melon vert au-dessus des tranches de melon orange.
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Photo 12 : couper en deux chacune des quatre extrémités des melons.
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13 Photo 13 : avec le grand emporte-pièce, couper en forme de fleur les tranches des extrémités, et pour le milieu de la fleur, couper avec le petit emporte-pièce. Photo 14 : insérer le cœur (coupé avec le petit emportepièce à l’intérieur des fleurs.
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Photo 15 : poser les fleurs sur le devant de l’assiette, et la grappe de raisins vers l’arrière. Photo 16 : éplucher le kiwi et le couper en quatre dans la longueur. Photo 17 : poser les tranches de kiwi sur l’assiette (comme sur la grande photo).
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Un magnifique
étrog
Chira fait passer son regard d’une femme à l’autre. Chacune avec son passé, sa vie ; chacune avec sa souffrance personnelle. Le point commun ici est évident et pourtant, Chira cherche d’autres traits communs. A part le fait bien clair que chacune des dames présentes désire ardemment avoir un enfant, en quoi se ressemblent-elles ? Chira est une conseillère qui organise des séances de groupe de soutien. Cette fois, elle a été invitée à diriger la rencontre mensuelle de ces femmes jeunes et âgées, mariées depuis trois ans ou depuis vingt ans, qui ne cessent d’espérer avoir un enfant à elles. Elle prend courageusement l’initiative de toucher un point sensible. Toutes les femmes rassemblées ici ont subi de
nombreuses déceptions, tensions et situations désagréables. Chacune a des rêves brisés et un espoir qui persiste à surgir. Elles ont sûrement déjà parlé de tout, et souvent. C’est un groupe qui se rencontre régulièrement depuis des années. Chira, résolue, décide de lancer une balle difficile. Celle qui sera assez courageuse pour l’attraper et la soulever aura certainement fait un pas pour soulager sa souffrance. « J’ai une question assez personnelle à vous poser, très personnelle, même » ditelle. Les dames, qui ont beaucoup entendu parler d’elle, sont intéressées de la voir intervenir dans leur groupe. On dit qu’elle est sensible envers les autres mais aussi courageuse et puissante. Trouvera-t-elle quelque chose de nouveau à leur dire ? « Bien entendu, aucune n’est obligée de répondre. Mais celle qui voudra le faire… cela aidera peut-être les autres. Essayez de considérer cette révélation personnelle comme une sorte d’amendement, de réparation. Et peut-être pourrons-nous toutes en apprendre quelque chose. » Elle se tait et laisse ses paroles pénétrer les cœurs. Les dames écoutent attentivement. « L’une de vous porte-t-elle en elle des sentiments de culpabilité ? L’une d’entre vous a-t-elle l’impression que D. ne lui a pas donné d’enfant parce qu’elle a commis une certaine faute qu’elle n’a pas encore
réparée ? Quelqu’une ici pense-t-elle que ces longues années d’attente sont une punition pour une certaine faute ? Si oui, est-elle prête à nous faire connaître son histoire ? » Déborah lève la première un doigt tremblant. Après le sien, d’autres doigts se lèvent, hésitants, douteux. La balle que Chira a lancée a touché plusieurs camps simultanément. Elle discerne des grimaces de douleur sur les visages. Chira fait signe à Déborah de prendre la parole. « Je ne peux pas le nier. Cette idée-là, que j’ai fait une faute qui m’empêche d’avoir des enfants, me vient souvent à l’esprit. Je n’ai jamais osé en parler ouvertement. J’ai essayé d’aborder le sujet de façon contournée et on m’a toujours dit qu’il y a dix raisons pour lesquelles D. nous met à l’épreuve, et seule la dixième est une punition ou une expiation. Des raisons que nous ignorons la précèdent. Cela peut être des épreuves pour faire grandir l’homme, le désir de D. d’entendre nos prières, une réparation, une mission à remplir, des calculs divins, etc. On ne doit pas penser en premier à la punition. » Toutes les dames hochent la tête. Elles ont elles aussi entendu des explications semblables. Déborah poursuit : « Malgré tout, mes sentiments de culpabilité sont liés à une certaine histoire qui m’est arrivée, et que je veux vous raconter… Cela ne m’est pas facile mais je vous fais confiance…. J’avais 14 ans, je venais d’entrer au secondaire. J’étais intelligente, rapide, je réussissais dans tout. A part cela, j’étais assez fière de moi, je crois. En tous cas, un jour, une amie de ma mère a téléphoné. Comme ma mère n’était pas là, j’ai décroché et au cours de notre conversation, cette amie me demande ce que je pense de ma prof. J’ai honte de vous dire ce que j’ai
répondu… Je n’ai pas pensé une seconde que cette conversation avait une incidence quelconque. J’ai dit que ma prof était idiote, qu’elle n’avait pas un niveau suffisant et qu’elle nous punissait pour n’importe quoi. J’ai dit qu’elle avait des sautes d’humeur, qu’elle était un jour gaie et le lendemain, abattue. J’ai dit que malgré son air jeune, elle avait le caractère d’une vieille dame. Cette amie était étonnée. Elle m’a demandé si j’étais sûre de ce que je disais et j’ai répondu que j’en étais certaine et qu’elle pouvait demander à toutes les filles de la classe, qui lui diraient la même chose. Pour qu’elle me croie, j’ai ajouté quelques descriptions hautes en couleur. Je ne savais pas du tout quel drame j’allais causer… » Déborah lève les yeux vers ses amies. Toutes sont assises en rond, le regard fixé sur elle. « La conversation s’est terminée et je l’ai oubliée tout de suite après. Le soir même, les filles de la classe se sont téléphoné les unes les autres pour annoncer que notre prof se fiançait ce soir-là ! Comme j’étais contente! Tout d’un coup, elle m’avait l’air d’être la meilleure maîtresse du monde. Tout ce que j’avais dit sur elle plus tôt dans la journée s’était envolé. En réalité, je l’aimais bien ; je ne sais pas pourquoi j’ai parlé comme cela à son sujet. Les élèves ont écrit « Mazal Tov » sur une pancarte qu’elles ont suspendue dans la classe ; elles ont accroché des ballons et préparé les chants à entamer dès que la prof entrerait. Nous nous sommes habillées pour l’occasion et nous avons attendu impatiemment son arrivée. Elle a ouvert la porte, pâle et les sourcils froncés. Dès qu’elle a vu le décor, elle est restée immobile, en état de choc, puis s’est mise à pleurer et a quitté précipitamment la classe. Nous l’avons vue par la fenêtre marcher très vite en direction du portail. Deux minutes plus tard, nous
avons entendu un bruit de freins effrayant. Nous sommes restées immobiles et, quand les sirènes d’une ambulance ont hurlé dans la rue, nous savions qu’elle emportait notre maîtresse à l’hôpital. Je ne peux pas vous décrire ce qui s’est passé dans la classe. Les filles étaient sûres qu’il s’était passé quelque chose et que les fiançailles n’avaient pas eu lieu, et que c’était la raison pour laquelle la prof avait pleuré. C’est alors que j’ai compris qui était la personne cruelle qui avait causé tout cela… » Déborah essuie les larmes qui coulent sur ses joues. Les dames la regardent sans dire un mot. « Par miracle, elle a été très légèrement blessée. Mais elle ne s’est pas fiancée jusqu’à aujourd’hui. Ensuite, j’ai entendu dire que les fiançailles étaient presque annoncées et qu’elles ont été annulées au tout dernier moment. Elle a beaucoup souffert de cela et a eu très honte. Personne ne connaît ma part dans cette affaire, mais moi, je le sais. Je sens que j’ai causé la rupture de ces fiançailles, et que cette jeune fille n’a pas d’enfant jusqu’à ce jour, et que c’est pour cela que moi non plus je ne peux pas en avoir… » Déborah pleure à chaudes larmes et les femmes s’approchent délicatement d’elle pour lui faire sentir leur présence et leur solidarité. « Aujourd’hui, avec votre maturité d’adulte, êtes-vous capable de voir votre part réelle dans cet épisode?» demande lentement Chira en sachant que les mots qu’elle va prononcer sont importants pour toutes les dames présentes.
« Est-ce que vous pensez qu’une petite fille de 14 ans a assez de force pour détruire un foyer ? » Déborah lève les yeux. « Vous pensez réellement que ce n’est pas moi qui ai condamné cette maîtresse à une vie de célibataire ? – Si c’était moi qui vous racontais cette histoire sur moi-même, que me diriez-vous, Déborah ? – Je dirais que vous étiez jeune et que vous n’auriez effectivement pas dû dire cela, mais pas plus. Je dirais que tout est voulu par le Ciel. Si D. ne l’avait pas voulu, on ne vous aurait pas interrogé à propos de cette jeune fille, et on n’aurait certainement pas réussi à faire échouer ce chidoukh qui était presque conclu. Ce n’est sûrement pas les paroles d’une enfant de 14 ans qui renversent une situation à ce point ! Je vous aurais dit que vous avez certes mal agi en parlant comme cela, et que vous l’avez sûrement regretté depuis. Les conséquences de tout cela ne sont pas entre vos mains. Seul D. dirige le monde. » Chira prend la parole, s’assurant que son audience est attentive. « Parfois, nous assumons un fardeau de sentiments de culpabilité parce qu’ils nous procurent un certain ordre dans le chaos que nous vivons. Ils nous fournissent un moyen de dominer la situation. Pour Déborah, cette conjoncture incroyable où toute la classe était prête à se réjouir avec sa maîtresse et où la prof se met à pleurer et finit par avoir un accident de voiture, était trop difficile à assumer. Pour elle, l’idée qu’elle était la cause de ce bouleversement, même si c’est terrible, était un sentiment qui donnait un certain équilibre. ‘Le monde n’est pas cruel, c’est moi qui le suis. C’est moi qui ai fait cela.’ Mais cette idée est fausse. C’est un piège dans lequel nous tombons tous. Les hommes sont petits. Ils sont susceptibles de
choisir le mal et d’être les envoyés pour faire le mal, mais ils ne peuvent causer de mal à personne. Ils ne peuvent pas faire quelque chose que D. n’a pas voulu ! Déborah n’est certainement pas responsable du fait que sa maîtresse ne s’est jamais mariée ! Et si je voulais quand même réparer ce que j’avais fait, que me conseilleriez-vous de choisir ? Quel acte régulier me diriez-vous d’accomplir pour que je sente que j’ai expié ma faute, ou tout au moins que j’ai tenté d’y parvenir ? » Déborah réfléchit longuement. « Je vous aurais conseillé d’étudier chaque jour deux lois sur l’interdiction de lachone hara, comme la Rabbanit Kaniewsky le conseillait souvent. J’ai mal agi en disant du mal sans réfléchir sur cette prof et pour réparer cette faute, la chose la plus utile, c’est d’étudier les lois qui concernent la parole. Celle qui étudie sérieusement s’éloignera progressivement de la faute. – Très bien, alors nous avons pris une décision. » Chira est très satisfaite : Déborah a traversé ce processus de façon positive. Elle a exprimé ses sentiments de culpabilité, expliqué ellemême pourquoi ils ne sont pas réalistes, et proposé une voie de réparation qui effacera la faute. La fausse culpabilité nous freine et nous empêche d’avancer. Quand Déborah s’est débarrassée de ce sentiment et a pris sur elle une décision utile et positive, un changement pourra se produire. « Pourtant… » Naomi, de côté, désire ajouter quelque chose. « Pourtant, cela ne suffit pas. Je dirais… Je dirais… Vous savez, c’est bientôt Tou Bichevat. A Tou Bichevat, on prie pour avoir un magnifique étrog à Souccot parce qu’à ce moment-là, la résine monte dans l’arbre et le fruit commence à se former. C’est alors le moment de prier qu’il se développe bien et qu’il soit beau. Quand tu
pries pour avoir un enfant, ajoute une prière pour ta maîtresse. Tes prières opéreront peut-être un changement. Elle pourra peutêtre encore se marier et avoir des enfants. Le mérite de ton étude quotidienne de deux lois sur le lachone hara montera certainement au Ciel et opérera des délivrances ! » Ces paroles touchantes émeuvent l’assistance. Elles restent assises. Des femmes qui espèrent, et dont l’attente envahit presque tout leur univers. Elles réfléchissent au étrog, au fruit qui commence à se former, et à la prière qui le fait mûrir peu à peu. Elles réfléchissent à Déborah et à sa maîtresse, et à elles-mêmes. ** Le soir même, Déborah commence à étudier deux lois sur le lachone hara. Son mari approuve son initiative et se joint à elle. Elle s’est renseignée discrètement sur le nom et le prénom de sa maîtresse d’autrefois et ajoute son nom à ses prières ferventes. Quand elle prie d’avoir un enfant, elle pense aussi à cette jeune fille et au changement qui se produira peut-être suite à sa prière. « Il n’est pas de famille qui étudie deux lois sur le lachone hara chaque jour et qui n’ait pas vu de grandes délivrances » disait Rav Ségal, Roch Yéchiva de Manchester. Sa délivrance à elle arrivera-t-elle ? A Souccot, le mari de Déborah récite la bénédiction sur son étrog avec une forte émotion : leur espoir avait été comblé et ils en attendaient l’heureux dénouement. Avant Tou Bichvat, Déborah avait donné naissance à une fille en parfaite santé. Elle continue à étudier deux lois sans manquer un seul jour. Un magnifique étrog a déjà fleuri grâce à ses prières. Elle attend que le deuxième donne bientôt un beau fruit épanoui. Et nous nous joignons à sa prière…