#61 ARTRAVEL
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ARCHITECTURE | DEcoration | food | travel le meilleur des lieux contemporains
L’architecture à son paroxysme
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news | medias
Texte : Monique Neubourg
Restaurant Yukawatan, Karuizawa, Japon ›› Noriyuki Hamada ›› Glénat Cuisinier samouraï (si l’on en croit son chignon), élevé autant par la tradition nippone que par les préceptes d’Excoffier, Noriyuki Hamada est l’auteur maestro autant que magicien, d’une cuisine que l’on ne peut goûter qu’à condition de traverser la moitié du globe pour se rendre au Yukawatan (abrité par l’hôtel Bleston Court), à Karuizawa. Karuizawa est connue pour ses onsen, bains dans une eau volcanique naturellement chaude, et est fréquentée par les riches Tokyoïtes qui y établissent leur résidence secondaire. Alors que personne n’aurait pu imaginer la cuisine japonaise sans poisson de mer, Noriyuki Hamada n’a que des matières premières locales, purs produits de la région du Shinshu, légumes de montagnes et poissons d’eau douce (lui, l’enfant de la mer, né dans un port de pêche !). Dans ses mains, la carpe n’a plus le goût de vase. Mais s’il prépare à la japonaise, il cuit à l’occidentale. Couronné d’un Bocuse de bronze en 2013, il a épaté les plus grands par sa cuisine aussi bonne que belle. À en croire notre guide, Chihiro Masui, ici au stylo mais aussi à la fourchette, ses plats sont au-delà du meilleur. À voir les photos de Richard Haughton, on la croit et on les croquerait. Ce livre, gros par l’épaisseur, grand par les talents, est une invitation à la table de ce chef exceptionnel. On y suit son palais, à travers les cinq saveurs. Sucré, amer, acide, salé, umami, les recettes détaillées à l’appui permettront aux plus toqués de passer à l’acte.
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Textes : Monique Neubourg
Marvel
30 moustachus qui n’ont jamais rien fait de mal
Hyper Geography
›› Sidonie Mangin & Gonzague Dupleix
›› Joe Hamilton
›› Contrepoint
›› Jean Boîte
Ce pourrait être une devinette enfantine : quel est le point commun entre Groucho Marx, Frida Kahlo, Freddie Mercury et Salvador Dali ? À l’attention, entre autres, des hipsters, qui si on leur pinçait le nez il en sortirait encore du lait, cet indispensable ouvrage sur les moustaches qui ont fait le monde avant que la leur ne commence à pousser. Car même si tombée en déshérence (notamment à cause de gens comme Edgar Hoover qui ne voulait que des profils glabres parmi ses agents du FBI ou de la mort de Clémenceau, papa des brigades du Tigre, reconnaissables à leurs bacchantes de compète), la moustache n’a jamais lâché le morceau. Malicieux avec culture, insolents avec pertinence, l’auteur et l’illustratrice, en indigo et doré, nous proposent leur top 30 des moustaches stylées, car l’essentiel, c’est celui qui la porte. Et s’il en manque des célèbres, c’est exprès. Stylé et spirituel.
On connaissait les livres de tables basses, ces injustement raillés coffee table books dont nous vous suggérons les meilleurs éléments à chaque numéro. Pour « Hyper Geography », s’impose plutôt la table de banquet. Comme d’habitude chez l’éditeur Jean, il y a une boîte et de l’internet. De la boîte surgit non pas un pantin sur ressort mais un accordéon de pages, pour un ouvrage tout en longueur, quatre mètres à la reliure, deux petits basketteurs ! On ne tourne plus les pages, on les déplie soigneusement, longuement. Hyperconnecté à l’instar de tous les artistes convoqués dans cette collection, l’Australien Joe Hamilton (qui a égrené les prémices de ce « monstre » sur Tumblr), revisite le monde en une fresque d’images collectées in et off (line, bien sûr), digitales et répétitives afin de créer un paysage mental sans début ni fin, bluffant et entêtant. Ses images bouclent les unes sur les autres, entre la nature, les constructions et le numérique. L’artiste représente un nouvel environnement hybride. L’atlas du troisième type est né.
›› Roy Thomas & Josh Baker ›› Taschen Éleveur de « men », Spiderman, X-Men, Iron Man, Kingsman (qui a en ce moment les honneurs du cinéma) et autres Thor ou Hulk, héros de ces fictions pulpées qui faisaient le bonheur des gamins américains, albums aujourd’hui cultes et hors de prix, super bande dessinée pour faire super rêver avec les super héros aux super pouvoirs. Marvel, c’est 75 ans super réussis, depuis les cartoons en quadrichromie de 1939 aux cartons pleins à Hollywood aujourd’hui. Parmi les 2 000 images de ces 700 pages XL (A3 donc), on trouvera des comics vintage, des photos des coulisses des films, des objets cultes, des collectors. Comme si tout ce que touchait Marvel devenait de l’or. Comme dit Tom Wolfe, c’est « Marvelous » !
http://hypergeography.tumblr.com
Marques et pubs cultes ›› Pierre Lescure ›› La Martinière On savait Pierre Lescure fétichiste de la bakélite, adorateur des objets des années 50 (ce livre est dédié entre autres familiers à Raymond Loewy). Avec ce tour d’horizon des publicités des marques qui composaient l’environnement français des années 40 à 60, il est dans son élément. Publicité, publicité, il faut le dire vite, on disait la réclame alors. Pas de finasseries, pas d’intellectuels avec sociologie + 12 pour inventer des slogans. L’après-guerre devient la société de consommation, la femme découvre les « arts ménagers », et Bic cohabite avec Banania et Butagaz. Les codes couleurs sont pétaradants, pastel no pasaran, on fait dans le pimpon. Les affichistes avaient d’autres noms de famille que Photoshop. Bref, à travers ces images d’un autre temps, c’est toute la société de l’époque qui défile et se met à nu.
Codex Seraphinianus ›› Luigi Serafini ›› Rizzoli NY Les chimères existent, elles sont dans ce « Codex » merveilleusement et monstrueusement cryptique. L’alphabet semble sorti d’un traité de nœuds à l’usage des scouts et des marins, les dessins d’une séance de rêves éveillés avec des amis surréalistes. C’est pourtant bel et bien une encyclopédie, avec onze chapitres qui passent en revue les plantes, les animaux, les êtres, les machines... d’un monde miroir du nôtre, grotesque et naïf. Fasciné par le trait, la compulsion, la logique qui nous échappe, on le lit, d’un bout à l’autre, ou du moins, on le parcourt, on ne rate aucun signe. On reconnaît, on s’égare, on s’émerveille, on ne comprend rien, on absorbe tout. Dada pas mort ! Luigi Serafini, architecte et designer, a initialement publié cet ouvrage en 1981 en Italie, il avait 32 ans. Il est sans aucun doute le fils du lapin d’Alice et de Marcel Duchamp, la sage femme s’appelait Raymond Roussel. « Codex Seraphinianus » est vertigineusement dingue et plein de sens, comme les fous de Shakespeare.