Dubstep
identitĂŠ graphique
&
Lionel ROUSSEAU Master de communication visuelle 4ème année section concept e-artsup 2010
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Problématique A quoi reconnait-on une identité culturelle ? Une culture se caractérise par le message qu’elle véhicule, un mode de vie, des valeurs, des traditions, des croyances, etc... Mais lorsque l’on pense à une culture, comme le punk, le gothique, les geeks, le SCI-FI, et bien d’autre, nous nous les représentons grâce à des images mentales, qui peuvent être des clichés, comme une caractéristique visuelle des individus ou d’un aspect de cette culture. Ce qui nous permet donc de différencier une culture d’une autre, c’est avant tout son identité visuelle : des couleurs, des formes, des supports, un style vestimentaire, etc… Cependant, que se passe-t-il avec le phénomène d’acculturation ? Lorsque plusieurs cultures se mélangent pour en créer une nouvelle, comment la reconnaitre ? Faut-il mélanger leur identité ? En créer une nouvelle ? Pour observer ce phénomène, un des meilleurs exemples est la musique. C’est un art en perpétuel évolution, qui se nourrit de lui-même à travers un riche héritage dans lequel vont puiser les artistes, mélangeant les styles dans le but de créer de nouvelles sonorités.
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Le Dubstep L’un des derniers genres musicaux en date est le Dubstep. En analysant son nom, on aura tôt fait de le relier au «dub», auquel il puise ses racines, lui même directement issu du reggae. On a ensuite le «step», le pas qui fait référence au beat généralement situé entre 130 et 140 bpm. Cela constitue la particularité majeure de ce genre. Les fréquences dites «sub-basses» sont alors perceptibles par les oreilles, ainsi que le reste du corps grâce aux infrabasses générées. D’autre part, il est évident que ce genre musical est né grâce à la scène électro actuelle. Fortement influencé par l’électro des années 90, il se rapprocherait d’avantage de la minimale et de la Drum and Bass. On peut noter un son dépouillé, et des rythmes saccadés, mais ralentis par rapport à la DnB. Pour ce qui est de la puissance et de la violence de cette musique, issu du 2 step, on peut l’apparenter au Hip-hop. Une autre particularité indéniable est le côté atmosphérique et planant. Par ce coté introspectif, on pourrait fortement l’associer au mouvement psychédélique. Non pas que le dubstep vienne puiser directement dans ce dernier, mais que les paysages sonores générés, ainsi que les images fixes et animées associées nous renvoient à une abstraction délirante. 6
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Le Programme Comment identifier visuellement ce genre «nouveau» ? _ Par son passé culturel ? _ Par une spécificité sonore véhiculée ? Existe-t-il déjà des codes graphiques propres ? C’est donc l’occasion de regarder ce qu’il se passe au niveau de l’élaboration de l’identité visuelle d’un genre musical, ici le Dubstep. Pour se faire, je propose d’analyser les cultures dans lesquelles il vient puiser, à savoir le Dub, pour son inspiration directe et historique, le Hip-hop, pour sa présence sous-jacente, et le Psychédélique, en tant que résultante sonore et valeur ajoutée à ce style. Suivra une comparaison avec les caractéristiques visuelles du Dubstep, pour aboutir finalement sur la création de l’identité de l’artiste Boxcutter à travers un album.
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Analyse
p. 28 - 35
Psychédélique
p. 10 - 43
Dubstep p. 36 - 43
p -ho
Hip 20 - 2
D p . 1 ub 219
7
p.
conclusion p. 44 - 51
Création p. 52 - 67
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Analyse
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Le dub historique Le DUB, qui signifie en anglais copier ou doubler un film, est né à la fin des années 60 sur l’île de la Jamaïque. En 1967, dans un dancehall, le Disc jockey Rudy Redwood va diffuser par accident un morceau de reggae en version instrumentale, qui va alors faire forte impression. Ainsi vont apparaitre sur les faces B des vinyles les versions instrumentales des morceaux. Quelques mois plus tard, King Tubby, un ingénieur du son, de son vrai nom Osbourne Ruddock, s’intéresse au phénomène. Il a l’idée de graver ses dubplates de manière à amplifier l’espace sonore du couple basse/batterie, en atténuant les voix sous des effets de réverbération. Si la naissance du genre ne peut lui être attribuée à 100%, il reste le producteur par lequel le mouvement s’est développé. Bien qu’il fut devenu un style musical à part entière, le Dub est devenu un terme fourre-tout, tout comme la techno dans les années 90, effaçant les spécificités de groupes bien différents les uns des autres. Aujourd’hui, on compte près de 9 styles de Dub, allant du plus roots au plus électronique. Ce dernier n’est donc plus considéré comme un style musical mais plutôt comme une manière de produire et de traiter le son.
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13 corpus servant de base à l’étude : pochettes de CD / vinyles
Analyse graphique
typographie handmade écrit à la main, > au crayon, > au pinceau, > découpé, > dessiné >
comic > bubble > déformé
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rough > typo
salie,
> destructurée, > vieillie, > percée
3d effet utilisé seul ou combiné
perspective déformation typographique
arrondi typo épousant la forme du vinyl ou de la photo
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Analyse graphique
mise en page centré
aligné à gauche
aligné à droite
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traitĂŠ graphique illustration
50%
photo retravaillĂŠe
50%
17
Analyse graphique
couleurs
couleurs rastafarai couleurs Jamaique
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éléments plastiques l’étoile l’étoile est récurrente, symbole à la fois religieux, politique, naturel ou explosif.
le cercle le cercle, comme l’étoile a une dimention spirituelle, mais représente surtout le vinyl et les baffles.
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Le hip hop historique Le Hip-hop est un mouvement culturel et artistique qui est apparu au début des années 1970 dans le Bronx à New York. L’expansion de ce mouvement a été fulgurante, jusqu’à s’étendre au monde entier. Son importance est telle, qu’aujourd’hui le Hip-hop est indissociable de la culture urbaine. La culture hip-hop connaît quatre moyens d’expression : le DJing, le MCing, le B-boying ou break dancing et le graffiti né quelques temps auparavant. à cela s’ajoute le human beatboxing, le street-language, le street-fashion et le street-knowledge. L’origine du mot « hip-hop » n’est pas clairement définie. En anglais, « to be hip » signifie être à la mode et « to hop », sauter. Si la notion de tendance peut être notable, le saut n’est pas une caractéristique du genre. L’explication de D. Dufresne semble plus probable. En slang, l’argot américain, « Hip » signifie compétition, et « Hop », danser. En effet, l’aspect de compétition est indéniable. C’est en quelque sorte faire la démonstration de son talent, par son improvisation et son inspiration, tel un impromptu pour un poète. Les « clashs » ou les « battles » font l’objet d’événements organisés lors de soirées Hip-hop. Pour ce qui est de la danse, c’est un aspect fondamental, puisque directement lié au B-boying. Le Hip-hop reste donc avant tout un mouvement pour s’exprimer, se défouler, revendiquer, tout en se divertissant.
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21 corpus servant de base à l’étude : pochettes de CD / vinyles
Analyse graphique
typographie handmade écrit à la main, > calligraphie > découpé > dessiné >
tag style poska > rayure de vitre > flop et graff >
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rough typo salie, destructurée, > brisée, > texturée > >
gothique typo sur base de gothique, modifiée façon trash ou tag
grasse typo épaisse du type linéale ou égyptienne
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Analyse graphique
mise en page centré
aligné à gauche
aligné à droite
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traitĂŠ graphique illustration
photo retravaillĂŠe
70%
30%
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Analyse graphique
couleurs
Le rouge et le noir sont largement dominants, symbolisant certainement les conditions de vie des rappeurs (passion, violence, mort, vie nocturne) et leurs aspirations (puissance, et pouvoir)
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éléments plastiques le cercle fait référence au cercle social, au vinyl, et certaienement au soleil, pour l’ascension sociale
le triangle le triangle, est moins présent et d’avantage suggéré. Il peut évoquer la supériorité hiérarchique
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Le psychédélique historique Le terme psychédélique vient du grec : « psyche » : âme, et « delos » : visible. Il peut signifier « révélateur de l’âme », ou « expansion de l’esprit ». Il est utilisé pour désigner une famille de psychotropes (hallucinogènes ou perturbateurs). Le terme psychédélique est utilisé pour la première fois en 1957 par le psychiatre britannique Humphrey Osmond, pour décrire les effets du L.S.D. (« acide »). L’expérience psychédélique est souvent caractérisée par des hallucinations visuelles, sonores, et des introspections. La prise de stupéfiants a donc influencé le rock de l’époque, ce qui lui a valu le nom de rock psychédélique. Ce mouvement est né à San Francisco. Cette musique, intimement liée au mouvement hippie, cherche à se détacher de la pop music par l’innovation et l’organisation de grands concerts en plein air. Le psychédélisme prône les philosophies orientales et la vie en communauté, critiquant la société occidentale capitaliste. L’art psychédélique a gagné en popularité en particulier à travers les affiches de concerts ou les couvertures d’albums, grâce à des designers comme Wes Wilson, Victor Moscoso, Rick Griffin et Martin Sharp.
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29 corpus servant de base à l’étude : affiches (à gauche) & pochettes de CD / vinyles (à droite)
Analyse graphique
typographie typofigure typo déformée, prenant la forme voulue, voir représentant elle-même la forme
morphose s’adapte à la forme d’un cadre, d’une image ou d’une illustration
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perspective utilisation de l’effet «Star Wars»
art déco typo à forte influence art déco
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Analyse graphique
mise en page centré
aligné à gauche ou à droite
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traitĂŠ graphique illustration
photo retravaillĂŠe
60% 40%
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Analyse graphique
couleurs
couleurs associĂŠes par 2 ou 3, souvent par complĂŠmentaires
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éléments plastiques le cercle il cadre l’affiche, attire le regard, hypnotise
l’ondulation elle dynamise le visuel, donne un effet vaporeux d’élévation lié à la prise de drogue
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Le Dubstep Il est né dans le sud de Londres au début des années 2000. Il serait une mutation du Speed Garage, lui-même issu de la techno des années 90, et du 2-Step, une évolution du hip hop. Le terme « dubstep » a été inventé par Ammunition Promotions, l’un des fondateurs du genre. Il fut employé publiquement la première fois en 2002 sur une couverture du magazine XLR8R, avant d’avoir une compilation à son nom : Dubstep Allstars. Depuis, ce genre ne cesse de croitre, avec l’apparition de nouveaux artistes et de nouveaux labels. Il est même aujourd’hui source d’inspiration pour d’autres styles musicaux, influençant une certaine culture populaire, tel un véritable phénomène de mode.
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37 corpus servant de base à l’étude : pochettes de CD / vinyles
Analyse graphique
typographie handmade rough dessiné > au pinceau > découpé > >
tag >
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style poska
grasse épaisse, de type linéale ou égyptienne
géométrique carrée, agressive, > futuriste, > technologique > >
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Analyse graphique
mise en page centré
aligné à gauche
aligné à droite
40
traitĂŠ graphique illustration
50%
photo retravaillĂŠe
50%
41
Analyse graphique
couleurs
le noir est omniprésent en rapport à la nuit. Le gris a aussi une place importante, même teinté de bleu, rappelant le béton des villes.
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éléments plastiques le cercle il cadre l’affiche, attire le regard, hypnotise
le triangle le triangle, est moins présent et d’avantage suggéré. Il peut évoquer l’ascension sociale ou une recherche spirituelle
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44
+
+++
+++
++
+++
+++
art déco
grasse
gothique
+
adapté
rough
handmade
tag
Dub
++
+
+++
Hip-hop +++
typographie
Bilan
Psychédélique
illustration photo (retouchée)
30% 70%
60% 40%
éléments plastiques récurents
couleurs
aligné à droite
aligné à gauche
centré
++
+
+++
++
++
+++
50%
+
+
+++
mise en page
50%
45
46
+
+++
++
+
géométrique
art déco
grasse
gothique
tag
adapté
++ +
rough
handmade
+++
Dubstep +
Dub
+++
+ Hip-hop +
+++
Psychédélique
typographie
Bilan
photo (retouchée) 50%
éléments plastiques récurents
illustration 50%
couleurs
aligné à droite
+
53%
+
aligné à gauche
+ +++
centré
+++ +++
mise en page
47%
Remarque : à travers cette brève analyse menée sur quelques échantillons représentatifs, on peut dire que le dubstep, dans sa globalité, reprend bien les codes des genres musicaux dont il s’inspire. On remarque surtout qu’il partage près de 3/4 des codes graphiques du Hip-hop. 47
Conclusion Cette analyse a permis de mettre en avant les codes graphiques de 3 cultures, à savoir le Dub, le Hip-hop, et le Rock Psychédélique. Le but étant de les confronter avec ceux du Dubstep, afin de voir si ce dernier s’en est inspiré, et dans quelle mesure il a innové.
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On aura donc pu remarquer de nombreux points communs avec ses prédécesseurs, pour la plupart partagés avec le Hip-hop. Cela se voit notamment au niveau de la palette de couleur, très réduite, avec forte dominante de noir et de gris, et en second le rouge. Les inspirations visuelles issues du Dub, sont plus rares, mais souvent très tranchées, ou bien présentes la plupart du temps avec des polices « handmade » ou « rough ». A contrario, les codes du Rock Psychédélique sont très peu présents. Cela est compréhensible pour 2 raisons : le Dubstep ne revendique pas le Psychédélique comme origine, et ce dernier arbore un design particulier, voir caricatural. On peut donc se demander que fait le Psychédélique dans cette analyse. Mais comme expliqué à son début, que cela soit voulu ou non, il existe des similitudes sonores. On est effectivement loin du son d’origine, mais la scène musicale est aujourd’hui le témoin d’une révolution sonore, ou le Psychédélique y prend toute sa place. Cela se voit surtout au niveau de la scène électro, notamment française et anglo-saxonne, avec des artistes comme Turzi, Coudlam, Animal Collective, Fuck Buttons, et j’en passe. Mais le Dubstep n’y fait pas exception. Il est clair qu’avec le temps, 2 courants vont être dissociés, l’un restant expérimental, plus proche du Psychédélique,
et un autre plus commercial porté vers le danceflor. Il serait donc intéressant de s’approprier l’univers visuel psychédélique pour différencier le premier du second. En revanche, le Dubstep se distingue déjà par l’arrivée récente d’un style visuel différent, avec des polices géométriques, futuristes, voir abstraites. Cependant, ces codes ne lui sont spécifiques, car ils sont déjà fortement présents dans la musique électronique. C’est d’ailleurs assez logique, étant donné que la musique est faite sur ordinateur. à titre individuel, on se rend compte qu’il existe de grands clivages visuels entre les labels, et par voie de fait, entre artistes. Cela pourrait sembler évident, et même souhaitable, mais les choix graphiques n’ont pas de liens directs avec leur positionnement, dans le sens ou les différences sonores sont faibles. L’identité souvent forte des labels, à l’image de Tempa ou d’ApplePips, prend le pas sur celle des artistes. Sans compter que la majorité des productions sont des singles, où les visuels sont souvent réduits à leur minimum. Pour s’en détacher, je pense que l’identité de chacun est à prendre au cas par cas. C’est à mon sens la prochaine étape à franchir pour le Dubstep dans la création visuelle. Reste encore la question : à quel niveau l’identité graphique d’un artiste doit se différencier de son label, voir de son style musical ? 49
Solutions Voici 4 exemples de pochettes d’album répondant aux conclusions de l’analyse de manières différentes mais pertinentes par rapports aux codes étudiés : Dub Rap : le seul titre englobe 2 styles musicaux, le visuel évoquant d’avantage le psychédélique et le hip-hop. On retrouve le cercle, l’étoile, une typo du genre art nouveau suivant un arrondi, un tag, les ondulations bicolores psychédéliques, et le noir et le rouge. Toute fois, le résultat manque de simplicité. Les 3 autres visuels me semblent être la parfaite expression de ce qu’est le dubstep : on retrouve le cercle, le noir et le gris pour les codes graphiques, le tout dans un esprit très illustratif et psychédélique. Cela est notamment exprimé au travers des réverbérations visuelles, qu’elles soient sous forme de typographie abstraite, de nuages ou de rayonnement. On peut d’ailleurs noter dans les 3 derniers exemples que l’utilisation de photos est quasi inexistante. Cela ne veut pas dire que la photo n’est pas une solution graphique adéquate. Mais on peut tout de même reconnaitre qu’elle offre une variété visuelle insuffisante, en tout cas telle qu’observé dans notre analyse. Leur utilisation est donc possible, mais requiert un traitement ou l’adjonction d’éléments graphiques pour aboutir à une identité graphique particulière.
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Dub Rap : DJ Ricky Switch
Label Sirius : une identité déclinée pour tous les artistes
Shlohmo : Artiste indépendant
Flyng Lotus : Artiste du label Warp, et de son propre label Brainfeeder
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Création
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Boxcutter De son vrai nom Barry Lynn, Boxcutter est né en 1980 et réside dans le nord de l’Ireland. Sa musique a évolué en même temps que la scène dubstep. Sur base de dub et de drum and bass, elle est influencée par la «world music», le tout frayant avec l’IDM (Intelligent Dance Music). L’artiste est signé sur le label Planet Mu. Avec 4 albums à son actif, on sent une ambiance récurrente, et pourtant les visuels sont assez différents, voir radicalement, avec «Glyphic». Il suffit d’aller sur sa page myspace pour comprendre que Boxcutter n’a pas d’identité : un fond marron et un avatar énigmatique. Je propose donc d’en créer une à partir des conclusions de l’analyse faite auparavant.
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Oneiric - 2006
Glyphic - 2007
Balancing Lakes - 2008
Arecibo Message - 2009
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Logotype L’identité d’un artiste commence par son nom. En l’occurrence, celui de Barry Lynn est bien choisi : «Box» + «Cutter». Il décrit parfaitement son style musical, à la fois massif et mordant. La boîte fait office d’écrin mystérieux, renfermant un univers étonnant. Dans cette optique, j’ai voulu faire un logo en parfait accord avec ce nom : des lettres cubiques, formant elles-mêmes un cube, ajourées par des pointes, comme s’il elles avaient été taillées, coupées. Le tout formant une sorte de glyphe mystique à déchiffrer. Je propose ici 3 versions : 1. Elle s’inspire de certaines polices géométriques utilisées, mais avec des incisions plus marquées. 2. Les lettres ne sont faites qu’avec 2 formes : un carré et un triangle, le nombre du dernier variant entre 1 et 4 par lettre. Le résultat tire d’avantage vers le psychédélique, plutôt d’un genre mexicain ou maya. 3. Les lettres d’un tenant s’entre-pénètrent, poussant l’image de l’épine à son maximum. Elles sont plus complexes, mais plus aérées, et laissent plus facilement lire le nom de loin. Afin de les mettre en situation, les 3 versions sont utilisées sur des propositions de jaquette CD. On peut envisager de choisir un seul logo, ou bien garder les 3 et changer de version en fonction du support. 56
1.
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Logotype 2.
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3.
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Pochette CD Faire une pochette de disque, c’est à mon sens se faire une image mentale de la musique. Cela est bien entendu suggestif, mais il y a certainement des sensations communes aux auditeurs, et c’est ce qui doit être retranscrit dans le visuel. Pour ma part, voici la description de mon ressenti ou des images me venant à l’esprit à l’écoute de ces 4 albums de Boxcutter : 6 pieds sous terre et la tête dans les étoiles > flottaison dans le vide sidéral > voyage cosmique au centre de la terre > supernova prête à exploser > puis creusé par une armée de machines ... >
Toutes ces images ont un point commun : la nuit. Elles expriment en fait les mêmes notions : l’espace, le vide, le rêve, la solitude, l’abstrait, l’énigmatique. Tout cela donne donc de la matière, en ajoutant bien sûr les codes graphiques vus précédemment. Il ne faut pas non plus oublier la place qu’occupe la musique électronique dans le visuel, avec ses sons froids et répétitifs torturés sur ordinateur.
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J’ai choisi comme titre de l’album «Preferment», qui veut dire élévation. à travers 7 propositions, j’ai cherché à effacer les repères, renverser l’espace, transformant l’ascension en chute et inversement.
p r e f e r m e n t
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p r e f e r m e n t
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preferment
63
64
p r e f e r m e n t
65
prefer ment
66
preferment
preferment
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Bilan Le dubstep n’est certes pas un phénomène de société dont tout le monde parle, mais un genre musical underground mystérieux. C’est d’ailleurs ce qui le rend attrayant et qui m’a donné envie d’en savoir plus. Ma passion pour la musique et le graphisme se sont réunies par le moyen de cette étude que je souhaitais partager, au delà de tout goût personnel, l’émergence de ce genre musical «nouveau» étant l’occasion d’observer les prémices d’une naissance graphique. Mon analyse se limite bien sûr à cette seule dimension, mais il est certain que le dubstep mériterait une recherche plus approfondie. Il serait aussi intéressant d’étudier son impact sociologique à travers le comportement des artistes et son influence sur le mode de vie de ses adeptes. Je pense notamment au mythique Burial, jeune homme qui a largement participé à la renommé du genre, à la fois par sa musique et le mystère planant sur son identité et sa discrétion. Pour se faire, il faudrait certainement passer quelque temps à écumer les clubs au cœur de Londres. Il est encore difficile de définir ce mouvement car, bien qu’âgé de près de 10 ans, il commence tout juste à se démocratiser, surtout sur internet. Il est évident que ce genre issu de mutations et d’expérimentations va subir des changements.
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On peut déjà voir apparaitre un schisme, amorcé entre le déjà nommé «popstep», profitant de la notoriété du genre et de l’attrait des jeunes pour ses basses impressionnantes, et un dubstep plus underground, fidèle à ses débuts, restant l’œuvre d’artistes isolés offrant une musique de qualité sans se soucier de leur succès. Une autre de mes craintes serait qu’à l’instar du Dub, le dubstep devienne un terme «fourre tout» qui se limiterait d’avantage à une technique ou un son particulier, à savoir des basses triturées, plutôt qu’un genre à part entière. Mais seul l’avenir le dira. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de faire cette analyse : faire un rapide état des lieux à un moment charnière dans l’évolution du mouvement. Il sera intéressant de comparer le dubstep d’aujourd’hui à celui de demain, ce qu’il en restera et les différentes mouvances qui en seront issues. Les paris sont donc lancés. Rendez-vous dans 10 ans, peut-être pour l’analyse d’un nouveau genre musical ! Lionel Rousseau.
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Bibliographie Encyclopédie Universalis Bruno Blum, Le Reggae - Castor Astral Michel Gombart et Philippe Jelmoni, Le graphisme psychédélique Kevin M. Moist - Dayglo Koans and Spiritual Renewal: 1960s Psychedelic Rock Concert Posters and the Broadening of American Spirituality Hugues Bazin, La culture hip-hop - Desclée De Brouwer, Paris, 1995 Christian Béthune, Le rap - Une esthétique hors la loi - Collection mutations, Autrement, 2003
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