Direction de la Veille et Sécurité Sanitaire
Saint Denis, le 04 octobre 2017
Peste à Madagascar Une épidémie de peste pulmonaire est en cours à Madagascar. Au 03 octobre 2017, un total d’environ 150 cas de peste pulmonaire, dont 17 décès, a été notifié dans le pays. La Croix-Rouge malgache fait état d’un bilan supérieur de 15%, mais information prise à L’Institut Pasteur de Madagascar, nous serions sur des données intermédiaires avec une progression plus rapide au regard des années précédentes récentes mais sur une évolution qu’il conviendra d’analyser sur les 6 mois. La peste est une maladie endémique à Madagascar ; des cas de peste bubonique sont signalés presque chaque année pendant la saison épidémique non contagieuse de façon interhumaine (entre septembre et avril) et peu de forme pulmonaire. Cependant, l’épidémie actuelle associe à la forme bubonique, la forme pulmonaire de la peste en proportion plus importante de ce que l’on savait pour les deux dernières années soit un ratio de 50%/50% et a été signalée dans des zones où la maladie n’est habituellement pas présente et dans des villes très peuplées (Tamatave, Antananarivo) même si c’est essentiellement à ce jour en milieu hospitalier en ce qui concerne les grandes villes. Ce phénomène s’était déjà produit officiellement lors de la saison pesteuse 2014-2015 sans qu’aucun cas ne soit survenu en dehors de Madagascar (officieusement depuis de nombreuses années mais les autorités malgaches étaient peu enclines à communiquer). Le risque de contracter la maladie pour des personnes séjournant à Madagascar est actuellement considéré très faible, compte tenu de la situation épidémique pour l’instant très limitée à l’échelle de Madagascar et de la rapidité de l’apparition des symptômes, comme cela est précisé dans le paragraphe suivant, et il n’y a donc pas de mesures de prévention systématique recommandées (sauf si le séjour peut entrainer des contacts directs avec des malades comme des missions sanitaires ou humanitaires par exemple). À ce jour, L’OMS ne préconise aucune restriction de voyage ou de commerce avec Madagascar, ni le MEAE. Le risque de voir débarquer un cas de peste à la Réunion ou à Mayotte est actuellement extrêmement faible. En effet, le délai d’incubation de la maladie est très court (de quelques heures jusqu’à moins de 3 jours) et surtout le tableau clinique est d’apparition très brutale (forte fièvre, détresse respiratoire, dégradation rapide de l’état général expectorations profuses rosées ou non, etc.), si bien qu’une personne malade ne devrait pas avoir le temps ou la capacité de prendre un moyen de transport aérien ou maritime, et encore moins de se présenter à un comptoir aux douanes ou à la préfecture. Malgré ce risque très faible, les autorités se préparent tout de même à cette éventualité. Des procédures sont actuellement mises en place par l’ARS, en lien avec les autorités aéroportuaires, les compagnies aériennes et les services d’urgence à la Réunion et à Mayotte pour la prise en charge d’un éventuel cas suspect de peste dans un avion en provenance de Madagascar. Plusieurs réunions ont eu lieu à l’aéroport de la Réunion à ce sujet et des contacts sont également établis avec les responsables de l’aéroport de Mayotte. En parallèle, les organisations de prise en charge hospitalière d’un éventuel cas suspect sont opérationnelles et en cours de consolidation à la Réunion Mayotte. Ainsi, en cas de détection d’un cas suspect de peste, et conformément aux procédures nationales applicables en pareil cas, le patient serait immédiatement isolé et pris en charge directement par le SAMU là où il se trouve pour être transféré en isolement selon le cas au CHU de la Réunion site Nord, Etablissement de Santé de Référence, ou au CH de Mayotte. L’ensemble des personnes qui auraient été en contact avec ce malade seraient tout de suite
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identifiées et mises sous traitement antibiotique prophylactique, traitement qui s’avère être une mesure parfaitement efficace pour éviter la maladie. L’antibiothérapie est très classique et fait appel à des spécialités très utilisées dans la pratique médicale courante, et disponible très aisément à la Réunion et à Mayotte. Il est à noter que le patient n’est pas contagieux avant l’apparition des signes cliniques. L’analyse biologique est opérationnelle au laboratoire de sécurité P3 du CHU de la Réunion site Nord et peut y être réalisée dans un délai de 3 heures suivant la réception du prélèvement. Pour Mayotte, faute de disposer de la technique analytique sur place, une organisation est en cours pour la livraison de Tests de Détection Rapide qui peuvent au moins donner une première orientation diagnostic dans l’attente du retour des résultats des prélèvements envoyés à la Réunion ou en métropole pour analyse. À noter que l’ensemble du dispositif de prise en charge à la Réunion a pu être testé avec succès suite à la détection d’un cas suspect de peste de retour de Madagascar qui s’est présenté spontanément ce mercredi 04/10 aux urgences du CHU Sud, a immédiatement été pris en charge, et transféré en isolement au CHU Nord où des analyses ont été réalisées et ont permis d’infirmer dans la soirée le diagnostic. L’ARS élabore actuellement des éléments de langage et de communication à l’attention de l’ensemble des intervenants susceptibles d’être concernés (autorités aéroportuaires, compagnies aériennes, organisation de voyages, médecins, voyageurs, etc…)
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