Diagnostic archéologique sur la place Roumegou à Gradignan

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L’Archéologie préventive à Bordeaux Métropole L’archéologie préventive vise à assurer la sauvegarde du patrimoine archéologique lorsqu’il est menacé par des travaux d’aménagement. Un service d’archéologie préventive intégré à Bordeaux Métropole, quel intérêt ? Disposer d’un tel service au sein même de la collectivité permet d’intervenir plus rapidement, parfois très en amont des projets d’aménagement. Nouvelle compétence votée en 2011, le service d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole a reçu le 22 avril 2013 l’agrément du Ministère de la culture et de la communication. Il existe aujourd’hui près de 70 services archéologiques similaires en France. Quelles en sont les principales missions ? • Le service d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole réalise avant tout des opérations de terrain sur l’ensemble du territoire.

Ces opérations, obligatoirement prescrites par le Préfet de région, 1 sont des diagnostics , des fouilles 2 3 préventives et des sauvetages urgents , donnant lieu à un rapport transmis à l’État et à l’aménageur. Environ 10 opérations préventives sont réalisées chaque année. • Il assure une veille archéologique et exerce un rôle de conseiller auprès des directions de Bordeaux Métropole et des aménageurs. Il joue un rôle d’interface avec les services de l’État (DRAC Aquitaine, service régional de l’archéologie). • Il traite, gère, étudie et stocke l’ensemble des mobiliers archéologiques issus de ses opérations. • Il exploite et diffuse ses résultats auprès de la communauté scientifique et du grand public.

Le diagnostic archéologique vise, par des études, prospections ou travaux de terrain, à mettre en évidence et à caractériser les éléments du patrimoine archéologique éventuellement présents sur un site. Bordeaux Métropole réalise l’ensemble des diagnostics prescrits sur son territoire.

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La fouille préventive, après diagnostic ou directement si les informations sont suffisantes, vise, par des études, des travaux de terrain et de laboratoire, à recueillir les données archéologiques présentes sur un site, à en faire l’analyse, à en mesurer la compréhension. Bordeaux Métropole réalise en priorité les fouilles préventives prescrites au niveau métropolitain et communal.

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Le sauvetage urgent, comme son nom l’indique, consiste à intervenir et à sauver des éléments du patrimoine archéologique lorsque des travaux en cours ont fait apparaître des vestiges archéologiques.

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Diagnostic archéologique en milieu rural, dans la commune de Saint-Aubin de Médoc.

Fragment d’insigne de pèlerin de Saint-Jacquesde-Compostelle (plomb) découvert dans une tombe médiévale du cimetière de Bruges.

Base archéologique à Bruges, salle d’étude du mobilier.

©Bordeaux Métropole

Sarcophages mérovingiens mis au jour lors de la fouille du cimetière à Bruges en 2014.


Fouilles archéologiques Diagnostic archéologique sur la Place Bernard Roumegoux de Gradignan Durée des travaux :

du 16 mars au 24 avril 2015 Dans le cadre du projet de requalification des espaces emblématiques du centre ville de Gradignan piloté par Bordeaux Métropole en liaison avec la ville de Gradignan, le parking de la place Bernard Roumégoux, située face à l’actuelle église paroissiale e du XIX siècle, va prochainement faire l’objet d’un important remodelage. Sous ce parking sont conservés les vestiges de l’ancienne église Saint-Pierre et de son cimetière qui accueillaient les paroissiens de Gradignan au Moyen Âge et à l’époque moderne. Un diagnostic archéologique a été prescrit par le Préfet de région afin d’évaluer la nature, la profondeur et l’état de conservation des vestiges attendus dans le sous-sol de cet espace.

Cette opération est menée par le service d’Archéologie préventive de Bordeaux Métropole. Le potentiel de ce type de site (cimetière associé à une église paroissiale) repose sur l’apport qu’il peut fournir sur la connaissance de la population inhumée, sur l’évolution architecturale du lieu de culte et l’organisation de son cimetière, et plus largement, sur la mise en place des paroisses au cours du Moyen Âge.

Dates d’intervention : partie sud du parking : 16 / 03 - 03 / 04 partie nord du parking : 13 / 04 - 24 / 04

Bordeaux Métropole Service d’Archéologie Préventive Samuel Virelli 05 57 53 31 63


Plan d’intervention

pour le diagnostic archéologique sur la place Roumegoux à Gradignan. (Bordeaux Métropole)

Place B. Roumegoux

Ancienne Église Saint-Pierre

Rue

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Phase 2

Phase 1 Ancien cimetière

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Les résultats attendus Le diagnostic va être réalisé sur la totalité du parking qui occupe la place face à l’actuelle église paroissiale de Gradignan construite en 1864. Des tranchées vont être réalisées sur l’ensemble du parking, réparties uniformément, pour évaluer la quantité, la nature et la profondeur des vestiges encore enfouis liés à l’ancienne église Saint-Pierre et son cimetière. Ces vestiges vont permettre de compléter les connaissances sur e l’église antérieure, mentionnée par des documents du XIX siècle, et aussi de mieux comprendre l’organisation du cimetière, d’un point de vue de la population inhumée mais aussi sur les différents types de sépultures identifiables (en pleine-terre, en coffrage de bois ou de pierres, en sarcophages…). Comprendre le phasage chronologique de l’église va de paire avec la compréhension de l’organisation du cimetière qui l’entoure. En effet l’évolution du lieu de culte peut influencer l’organisation du cimetière et le cheminement à travers cet espace. Les structures observées permettront de mieux connaitre l’architecture de l’ancienne église, très mal connue à ce jour, et donc de savoir comment on y accédait, en passant d’abord par le cimetière… Enfin ces observations seront utiles pour une éventuelle fouille préventive. Les données issues du diagnostic archéologique seront autant d’éléments nécessaires pour connaître et comprendre la vie des paroissiens qui nous ont précédés et, à une échelle plus large, elles contribueront à poursuivre l’écriture de l’histoire de nos communes.


Fouille du cimetière de l’église Saint-Martin de Blanquefort en 2014.

©Bordeaux Métropole ©Bordeaux Métropole

Sépultures mises au jour lors de la fouille du cimetière de Bruges en 2014.


L’église paroissiale Saint-Pierre de Gradignan L’ancienne église de Gradignan est très mal connue. Une note publiée en 1843, dans les actes de l’Académie Royale des Sciences, Arts et Belles Lettres de Bordeaux, rapporte un état des lieux sur l’église Saint-Pierre de Gradignan. Rédigée par Charles des Moulins, 1 cette note donne une description d’ensemble de l’édifice . Cette église était orientée (autel majeur à l’est), adoptant une architecture romane et sans aucune ornementation, ni à l’extérieur ni à l’intérieur. Le plan présentait une nef unique terminée à l’est par une abside pour le chevet. Charles des Moulins mentionne pour la nef des baies très étroites e qu’il interprète comme des réalisations du X siècle. Il est mentionné aussi une tour carrée à trois étages faisant office de clocher, e construite au XIV siècle. Des contreforts plats, également attribués e à des restaurations effectuées au XIV siècle, contrebutaient la nef. L’église était terminée à l’ouest par un porche qui abritait une porte refaite e au XVIII siècle. Le sol du cimetière s’étant peu à peu relevé, l’église était enterrée d’un mètre et il fallait descendre un escalier de neuf marches pour y entrer. Lors d’une campagne de restauration en 1843, le sol autour de l’église a été e déblayé, mettant au jour les contreforts du X siècle et leur soubassement, ainsi que les bases de l’ancienne porte de l’église ou d’un enfeu (niche aménagée dans le mur et abritant une sépulture). Au cours des travaux de 1843, l’extrémité occidentale de l’église a été reconstruite avec la mise en place d’une terminaison de plan rectangulaire entourée de deux chapelles formant un faux transept. L’autel majeur aurait alors été déplacé à l’ouest et l’église pouvait s’ouvrir vers l’est, vers la « Route royale de Bordeaux à Bayonne », axe de grand passage. Le diagnostic effectué sur la place apportera de nouveaux éléments pour mieux comprendre la construction de cette église, le type de matériaux utilisés, leur agencement ainsi que de nouveaux éléments sur le plan de l’édifice et le phasage chronologique de ses multiples remaniements.

Charles Des Moulins, « Note sur les réparations faites à l’église de Gradignan », Actes de l’Académie Royale des Sciences, Arts et Belles Lettres de Bordeaux, 1843, p. 281-293.

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« cadastre 1845 » : extrait du cadastre daté de 1845 où le plan de l’église illustre les constructions réalisées en 1843. (Archives départementales de la Gironde, cote 3 P 192/26)


Le cimetière de l’église Saint-Pierre de Gradignan Le cimetière entourait l’église avant qu’il ne soit déplacé au XIX siècle. Une visite de l’ancienne église Saint-Pierre, faite en 1842 juste avant une campagne de travaux pour la consolider, précise que, pour y accéder, « il fallait franchir un mur et entrer dans le cimetière pour apercevoir les fenêtres et contreforts » de l’église. Le cimetière semble encore en place et vraisemblablement entouré d’une clôture, même si officiellement il est déplacé dès 1836… e

Sur des documents du XIX siècle, plan et cadastre, l’accès au cimetière apparaît au nord, par une entrée signalée dans une clôture. On y arrive e par une route nommée « allée » sur un plan du XIX siècle. Ce chemin apparaît en ligne droite menant jusqu’à la propriété de M. d’Acostat sur e le cadastre du XIX siècle. e

Lors des travaux de restauration de l’édifice menés en 1843, le sol a été abaissé d’un mètre, faisant apparaître des parties anciennes de l’église mais faisant aussi probablement disparaitre de nombreuses sépultures liées à l’occupation médiévale et moderne du cimetière. Le diagnostic archéologique mené sur la place Roumegoux apportera de nombreux indices sur les différents types de sépultures conservées dans le cimetière : cercueils en bois, coffrage en pierres, sarcophages… Mais aussi sur leur organisation dans l’espace et les cheminements pour circuler au sein de cet espace. Enfin, le diagnostic permettra peutêtre de situer la clôture du cimetière et d’observer si des sépultures se trouvaient à l’extérieur de cet espace, amenant à se questionner sur l’évolution et la gestion de ce cimetière.


« cadastre XIX  » : Extrait du cadastre du XIX siècle (non daté) : le cimetière est clairement signalé autour de l’église et on en aperçoit l’accès et le chemin qui y mène au nord. (Archives départementales de la Gironde, cote 3 P 192/4) e

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« Gradignan église » : Plan du bourg de Gradignan, XIX siècle (non daté). (Archives départementales de la Gironde, cote 2 Fi 729) e


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