Corps Adjectif
Introduction
A bien des égards, la question de la représentation des corps, et de sa symbolique, est centrale dans l’histoire de l’art. A ce titre, cette question prend beaucoup d’importance avec l’avènement des religions Judéo-chrétiennes, et de l’art religieux. C’est avec la Bible qu’apparait la notion de corps symbolique et d’objets symbolisant le corps humain. Cette question est plus que présente aujourd’hui, en particulier depuis l’arrivée de l’art abstrait. En effet, aujourd’hui, tout possède le potentiel pour symboliser un corps. Ainsi, le corps se charge d’adjectifs cherchant à le définir : Picasso peint des corps torturés dans Guernica, jusqu’à Boltanski qui représente les corps décimés, exterminés lors de la Shoah, par leurs vêtements ramassés par une grue, lors de son exposition au Grand Palais en 2010. Pour ma part, j’ai souhaité revenir aux fondements de ce qui fait la symbolique du corps : Jésus Christ. J’ai aussi cherché à questionner les résonnances que cette représentation avait eues au cours de l’histoire, en particulier avec l’opposition entre Protestants et Catholiques. Enfin, j’ai aussi souhaité poser une question simple : fautil voir un symbole à chaque objet, ou ne le considérer que pour ce qu’il est ?
Schéma Heuristique
Corps Adjectif
Objet métaphore du Corps
Substitution d’un objet au corps
Dilution des frontières entre le corps et sa représentation
Corps du Christ
Pain
Eucharistie
Corps symbolique
Croix
Passion du Christ
Recherches Sémantiques Corps : Ensemble des parties matérielles constituant l’organisme, siège des fonctions physiologiques et, chez les êtres animés, siège de la vie animale. Dérivé du latin corpus, le corps. Adjectif : Partie du discours, variable en genre et en nombre, se rapportant dans la phrase au substantif. Emprunt au latin adjectivum. Métaphore : Figure d’expression fondée sur le transfert à une entité du terme qui en désigne une autre. Du grec μεταφορά (metaphora) qui signifie transport. Représentation : Action de rendre quelque chose présent à quelqu’un en montrant, en faisant savoir. Emprunt eu latin repraesentatio, le fait de mettre sous les yeux. Christ : Nom attribué à Jésus de Nazareth au titre de son onction messianique. Emprunt au Latin Christus, qui signifie le messie. Pain : Aliment fait d’une certaine quantité de farine mêlée d’eau et de levain et cuit au four. Du Latin panis, ou nourriture. Croix : Ensemble formé de deux branches ou de deux éléments qui se coupent à angle plus ou moins ouvert, généralement à angle droit. Du Latin Crux, la croix. Passion : Souffrances, supplices qui précédèrent et accompagnèrent la mort de JésusChrist. Emprunt au latin Passio, la souffrance. Eucharistie : Sacrement contenant le corps, le sang et la divinité du Christ au terme de la transsubstantiation du pain et du vin, renouvelant rituellement en action de grâce le sacrifice du Christ et constituant la nourriture des fidèles et le symbole de leur unité. Emprunt au grec εὐχαριστία, erucharistia, « reconnaissance; action de grâces ». Symbole : 1 Ensemble de formules résumant la foi chrétienne; profession de foi chrétienne. 2 Objet sensible, fait ou élément naturel évoquant, dans un groupe humain donné, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d’absent ou d’impossible à percevoir. Emprunt au Latin symbolum, reconnaissance d’identité.
Recherches Iconographiques
Gaspard de CRAYER, le Christ en croix entre Sainte Madeleine et Saint Franรงois
Lucas Signorelli, La Sainte Eucharistie
Salvador DALI, Le Christ de Saint Jean de Croix
Adam SHELDON, Cricified Jesus Made of Toasts
Recherches et Développement Problématique : Ma première intention est de soulever et de remuer toute la symbolique chrétienne autour de l’eucharistie. Cette question est centrale dans l’histoire des chrétiens. En effet, il s’agit d’un des désaccords les plus sanglants entre Catholiques et Protestants. Pour les Catholiques, le pain est réellement le corps du Christ. Celui-ci s’empare de la substance du pain lors de la cérémonie. Au contraire, pour les Protestants, le corps du Christ n’est pas vraiment présent, il ne s’agit que d’un symbole.
C’est donc autour du symbole du pain que j’ai voulu réfléchir. Utiliser
le pain sous la forme d’une croix est la manière la plus puissante d’évoquer Jésus Christ. Néanmoins, à la lumière des premières explications, cette représentation pose certaines questions : représenter un corps sous la forme de pain est-ce représenter Jésus ? S’attaquer au pain avec un couteau, est-ce s’attaquer à l’image de Jésus ? Cela mène à la question de la dilution de la frontière entre le corps et sa représentation. Cette question est très proche des problématiques de la photographie : la photographie est la représentation la plus fidèle d’une personne, alors peut-on vraiment dire qu’il s’agit de cette personne ?
Mise en scène : J’ai en premier lieu hésité dans le choix du pain. Néanmoins, je me suis porté vers l’utilisation de la baguette pour plusieurs raisons. En effet, la baguette permet de représenter la croix. Elle permet aussi de s’émanciper d’une image trop traditionnelle symbolisée par un pain boulle. La photo est prise en plongée, mais pas de manière totalement verticale. Il s’agit en effet de donner un effet de perspective, comme si la baguette était posée sur une table.
Le fond blanc porte la croix comme au creux d’un halo, ce qui amplifie
la symbolique sacrée de l’objet.
Mise en scène : L’étape suivante est de symboliser le christ sur la croix. Or, le pain est-il ici la croix ou le corps du christ ? Afin d’appuyer sur cette question, j’ai décidé d’ajouter des couteaux à l’endroit des clous, dans le corps du Christ, afin de symboliser sa position sur la croix.
Mise en scène : Ma dernière étape est d’ajouter un décor, sous la forme d’un drap en soie. Ce drap revet plusieurs significations. En effet, il peut symboliser le Saint Suaire, drap dans lequel le Christ fut revêtu après sa descente de croix. Les motifs rapellent l’origine orientale du Christ, et le ramènent dans l’antiquité en Palestine. Enfin, il ajoute de l’ambiguité à la scène : il pourrait très bien s’agir d’une nappe sur une table, avant un déjeuner.
Recherches typographiques Je cherche en premier lieu un espace où insérer la typographie. Je pense à la placer dans le coin supérieur droit. C’est un espace clair où la typographie s’intègre subtilement, comme cachée dans un repli.
Recherches typographiques Cependant, je choisis de placer la typographie sur un couteau, par la nécessité du symbole. En effet, c’est la passion du Christ, ses peines sur la croix, qui font que son corps devient symbolique. Insister sur le couteau c’est souligner ce passage important de la Bible.