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Le premier journal d'actualité de Monaco

Année XIX • Numéro 192 • Mensuel édité par Global Media Associates Sas • Gérant de la publication Roberto Volponi • Rédaction et administration : “ Le Beausoleil de Monaco ” 6, Boulevard de la Turbie 06240 Beausoleil • Tél. : +33 09.50.79.90.84 • Fax (+33) 09.55.79.90.84 • Siège Social : Piazza Caduti della Montagnola 48 00142 Rome • Tél./Fax (+39) 06.23.31.52.15 • Bureau de Milan : Tél./Fax (+39) 02.70.03.01.42

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Avril 2020

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Dossier Spécial

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L'urgence sanitaire

Le Prince Albert est guéri et plaide pour l'unité des Institutions

Monaco uni face au Covid-19

N° 193 • Avril 2020 1 9 ☞  FINANCE FINANCE • LES ECONOMIES MONDIALES FACE AUX PROBLEMES D'UNE CRISE SANS PRECEDENT • PAGE


DOSSIER SPECIAL

Dans l’urgence Covid-19

Monégasques et résidents se demandent ce qui va nous arriver et si les bonnes décision

DOSSIER

«I

ls n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » ce vers d’une fable de La Fontaine « Les animaux malades de la peste » nous donne déjà la morale de cette crise sanitaire unique. Nous en sortirons, mais différents. Quand on relit en confinement « La peste » de Camus, on en est vitrifié. Tout serait à citer comme « Ah ! Si c'était un tremblement de terre ! Une bonne secousse et on n'en parle plus... on compte les morts, les vivants, et le tour est joué. Mais cette cochonnerie de maladie ! Même ceux qui ne l'ont pas la portent dans leur cœur ». Tout cela est très beau et donne de l’espoir et Camus va nous accompagner tout au long de cet article pour prendre de la hauteur comme une respiration en restant concret « Ce que l'on apprend au milieu des fléaux, c'est qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ». On peut l’espérer sans en être sûr. Mais à dire vrai en cette période la plus profonde des réflexions est superficielle, une seule chose compte, lutter efficacement contre la maladie. Le journaliste lui est un veilleur d’actualité et un passeur d’analyses : c’est déjà un rôle important, et pour l’heure suffisant...

g Nos spécificités, nos forces... nos faiblesses Tous les monégasques et résidents se demandent ce qui va nous arriver et si les bonnes décisions ont été prises ? Le ressenti est très contrasté. Il y a eu un choc terrible dans l’opinion, la contamination au som-

L'EDITORIAL par Roberto Volponi

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g Complémentarité institutionnelle Le Conseil national n’a depuis cette date cessé de demander d’être partie prenante à sa place dans la réflexion débouchant sur des décisions de la responsabilité exclusive du gouvernement. Cela s’est concrétisé le 30 mars. Le gouvernement a pris de nombreuses décisions sur tous les plans d’ailleurs. Le 28 fèvrier, devant certaines réactions sur les réseaux sociaux, le président Valeri appelait au calme et au sang froid. Le 11 mars le Conseil national organisait un point presse séparé de celui du gouvernement, ce que tout le monde a remarqué. La © Photo SKY

par Patrice Zehr

met de l’Etat et notamment celle du Prince souverain. Cela a libéré la parole… si même lui est touché… tout le monde peut l’être ! Touché car au travail avec un gouvernement de proximité lui-même contaminé. Le travail du gouvernement est incontesté, mais pour son efficacité et sa communication, c’est tout autre chose. Des critiques peuvent être entendues. Elles portent sur nos spécificités, des forces en temps normal, qui peuvent être des faiblesses en cas de crise exceptionnelle. Monaco est une cité-état avec une communauté de destin avec la France, un pays à forte densité avec de nombreux travailleurs frontaliers et de riches résidents venant du monde entier. On aime bien, se sentir à part, nous sommes considérés comme des privilégiés. Mais face au virus personne n’est à part. Il y a eu certainement au début un déni comme partout et malgré l’exemple terrible de l’Italie du nord si proche. Pas ça, pas chez nous ! Et puis est apparu un sentiment de défiance, on ne nous dit rien, pour ne pas porter tort à certains intérêts, c’ est pourquoi les chantiers ne ferment pas et que les italiens continuent à venir travailler. Ce ressenti a été répercuté bien sûr au Conseil National qui dés le 24 février demandait au gouvernement une information régulière et transparente.

tension institutionnelle était indiscutable lors de la séance extraordinaire du Parlement avec une demande de création par les élus unanimes d’un groupe mixte. La réponse du gouvernement a été, après avoir réaffirmé très fermement ses prérogatives, une ouverture sur l’idée. Restait donc à concrétiser. Ce sera fait dans la journée du 23 avec une lettre ouverte des élus, de tous les élus au Souverain et le même jour la réponse

Rien ne sera plus comme avant. Peut-être...

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N° 193 • Avril 2020

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epuis le mois dernier, la force dévastatrice de la pandémie du Codid-19 s’est manifestée dans toute son ampleur de catastrophe planétaire. Trop longtemps - et parfois toujours - sous-estimé, en Europe comme ailleurs, ce phénomène historique pourrait laisser des traces indélébiles dans l’humanité entière et surtout - nous en apprendre beaucoup pour l’avenir. Rien ne sera plus comme avant, on entend déjà dire. Forcément. Notamment à Monaco, où on a assisté ce mois-ci à une série d’événements qui se sont succédés à un rythme compulsif. Le Conseil national, premier à se rendre pleinement compte de la gravité du problème, qui se mobilise en dénonçant le manque dramatique d’information de la part du gouvernement et - pour le quotidien local - devient contaminé par le virus… ! Le gouvernement qui réagit avec des conférences de presse quotidiennes de circonstance pour essayer en vain de rassurer la population, a obtenu l’effet contraire, quand nous avons appris la positivité du même Ministre d’Etat, et - quelques jours après - aussi celle du Chef d’Etat… Une séance publique extraordinaire « kafkaïenne », sans chef de l’Exécutif, où des ministres ne voulaient ou ne pouvaient répondre aux questions des élus, en faisant appel à leurs prérogatives institutionnelles, se limitant ainsi à répéter ce qui avait été déjà fait et dit, sans ajouter rien de nouveau. Une télévision d’Etat qui continuait à diffuser une image idyllique du pays, complètement détachée de la réalité environnante, où le président du Conseil national se voyait soupçonné par certains - en demandant la création d'un comité mixte - de vouloir déstabiliser les institutions et de politiser la crise, contre la volonté du Souverain. Immédiatement démenti par ce dernier, qui a de suite approuvé la création de ce comité. Rien ne sera plus comme avant ? Peut-être… Car à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, Monaco semble toujours continuer à sous-estimer la gravité de cette crise sanitaire. Pour l’instant, le gouvernement n’a fait qu’adopter – pas après pas – les mêmes mesures progressivement adoptées déjà par le gouvernement français, sans pour autant aller jusqu’au bout et avoir le courage de franchir le dernier pas, ou d’aller même au-delà. Soit, le confinement vraiment obligatoire et non seulement volontaire, faisant seulement appel au « sens des responsabilités » des monégasques et des résidents. Il n’est pas nécessaire de douter de ce sens des responsabilités des habitants de la Principauté pour comprendre qu’il suffit de l’irresponsabilité d’un seul individu pour sabrer en grande partie l’énorme effort d’une population entière… Et pourtant, voir ce qui se passe actuellement à seulement quelques kilomètres de distance, comme partout dans le monde, ça ne semble pas suffisant pour arrêter une fois pour toutes de se leurrer d’être une sorte de monde a part… Ni d’avoir compris désormais que même si le Covid-19 souvent n’entraîne pas la mort, non seulement pour les plus âgés et les plus faibles, toutefois le virus qui est à l’origine de la maladie est extrêmement contagieux et que seul un confinement très strict peut non pas arrêter, mais ralentir, sa diffusion. A l’heure actuelle, aucun des quelques remèdes pharmacologiques utilisés pour d’autres maladies – tous encore en phase d’expérimentation – n’a démontré son absolue efficacité, et sans doute qu’il faudra encore attendre longtemps avant de pouvoir compter sur un vaccin. Et tout laisse à penser que nous ne sommes qu’au tout début de la diffusion de cette pandémie… Rien ne sera plus comme avant. Il ne nous reste qu’à l’espérer pour l’avenir, et que cette terrible expérience puisse à la fin se révéler paradoxalement précieuse pour nous apprendre à construire un monde meilleur. Elle pourrait nous enseigner à ne pas négliger les dangers cachés qui nous entourent et à redécouvrir les vraies valeurs qu’on avait oubliées. Elle peut nous apprendre que même le navire le plus costaud, face à un tsunami, ne peut qu’être irrémédiablement balayé. Quand la mer est toujours calme, même un bateau qui présente des failles peut naviguer tranquillement, mais si la mer devient houleuse il commence à montrer toutes ses failles et risque même de couler, s’il doit faire face à une tempête. S’il arrive à s’en sortir, il doit tout de suite réparer ses failles. Hors de toute métaphore, on peut se permettre d’être indulgents quand tout va bien, mais face à une crise grave, on ne peut plus se le permettre. Transparence, compétence et responsabilité ne sont pas des mots vides de sens dans une telle situation, mais chargés de véritables exigences. Si en temps « normal » on peut sourire face à la propagande, en période d’urgence cela devient difficilement tolérable, avec une réalité qui s’impose avec tant de force. Si en temps de « paix » on peut se permettre d’avoir des fonctionnaires à des postes de responsabilité, non pas en vertu de leurs compétences spécifiques, mais comme récompense d’une carrière dans des domaines les plus variés ou de leur fidèle dévouement, comme simples exécuteurs de décisions prises ailleurs et dont ils ne sont pas les vrais responsables, ce n’est plus possible quand on est en « guerre ». Et surtout, si ceux qui sont cooptés justement pour bien conseiller ne donnent que des mauvais conseils, ils doivent forcément se mettre de côté, ou être sommés de le faire…


L'EMERGENCE CORONAVIRUS

9 une seule priorité : protéger !

ns ont été prises. Les doutes demeurent surtout sur la communication et sur l'efficacité des mesures adoptées PREVENTION

Toutes informations utiles sur le site du gouvernement

n cas de doutes sur les gestes barrière à E adopter, sur la possibilité de déplacement et de toutes les informations relatives à l'émer-

Département des Affaires Sociales et de la Santé

gence sanitaire provoquée par la diffusion du virus Covid-19, le gouvernement princier à créé un site internet entièrement dédié à ce sujet pour répondre à toutes les questions des citoyens et des résidents de Monaco : www.covid19.mc g Singapour et Suède : deux exemples d'approches différentes pour faire face à la crise...

LES GESTES DE PRÉVENTION

Lavez-vous souvent les mains (+ de 10 secondes)

de ce dernier. Une réponse positive avec la création d’un « Groupe mixte de suivi ». Fin de partie. Personne n’aurait pu comprendre qu’une crise institutionnelle s’ajoute à la crise sanitaire. Le Prince a été écouté dans ses appels à l’unité et il a donné le tempo « Le temps est à l’action, à la solidarité, à l’unité ». La controverse est maintenant derrière contrairement à l’épidémie. Dans ce journal nous avons voulu donner la parole à ceux qui décident et ceux qui proposent, à ceux qui réfléchissent à la crise sanitaire et à ses conséquences sociales et économiques. C’est d’eux que dépend l’avenir proche ou plus lointain. « Tout le monde était d'accord pour penser que les commodités de la vie passée ne se retrouveraient pas d'un coup et qu'il était plus facile de détruire que de reconstruire. » (Camus). g Suivre mais sans suivisme Monaco par cohérence est obligé de suivre le modèle français, cela a été reproché, mais peut sans doute faire mieux et plus notamment sur les masques et le dépistage comme souligné dans une lettre du 25 avril du Conseil national au conseiller-ministre de la santé. Cette inflexion souhaitable a été réaffirmé lors de la première réunion du Comité mixte du 30 mars. Car la méthode française imitée en moins rigoureuse que l’italienne est un aveu terrible reconnu par le Conseil scientifique français : « La seule stratégie opérationnelle… Car l’alternative du dépistage massif des personnes infestées n’est… pas pour le moment réalisable ». On ne le fait pas parce que l’on ne peut pas. CQFD. Monaco doit forcément suivre mais sans suivisme doctrinal. Le débat sur la si contestée espérance autour de la Chloroquine l’illustre. Le CHPG de Monaco suit Nice et Marseille deux villes un peu en rupture avec la doctrine ultra prudente nationale française. Il y a donc une marge d’autonomie. Qui a tort, qui a raison : on ne peut le dire, et personne ne le sait avec une certitude absolue. « Les hypothèses, en

SINGAPOUR : Ce serait le modèle à suivre, salué par nombre d’experts… Singapour a été l’un des premiers pays touchés par le coronavirus. Le Covid-19 y a été importé dès janvier 2020 par des touristes chinois arrivés de la ville de Guanxi. Ils avaient mis à profit la trêve du Nouvel an pour une excursion dans la petite cité-État de 5,6 millions d’habitants. Le 4 février, le premier cas local était enregistré. Sept semaines plus tard, le hub du commerce, de la finance et du high-tech asiatique ne recense que 558 cas et 4 décès. Les hôpitaux ne sont pas submergés. L’épidémie est contenue. Les autorités de Singapour ont immédiatement déployé tous les moyens disponibles : images de surveillance vidéo, relevés des cartes bancaires, travail de dizaines de détectives au ministère de la Santé, qui ont épluché tous les déplacements. Singapouriens et résidents ont reçu un message leur enjoignant de télécharger TraceTogether sur leur smartphone : ils doivent y enregistrer leur numéro, activer le Bluetooth et les notifications. À partir de là, tous les itinéraires sont enregistrés, l’informatique fait le reste : dès qu’une personne est testée positive, tous ceux qui l’ont côtoyée sont convoqués pour un test et éventuellement placés en quarantaine.

Evitez de vous embrasser

Evitez de vous toucher les yeux, le nez et la bouche

Evitez les poignées de main

Evitez les foules, maintenir une distance de 1 mètre

Toussez ou éternuez dans votre coude

Evitez de voyager dans les zones infectées

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• SUEDE : Seules les personnes âgées ont été invitées

à se mettre en confinement volontaire. Il est recommandé à leur famille de ne pas leur rendre visite. Oui, les cours des universités et des écoles secondaires sont donnés désormais à distance, mais les écoles primaires et les garderies, elles, sont toujours ouvertes. Même chose pour les bars, restaurants et espaces publics, où il est désormais interdit d’y tenir des rassemblements de plus 500 personnes, selon le cadre sanitaire imposé par le gouvernement. « Les politiciens suédois estiment qu’il faut aussi penser à la période post-contamination, en veillant à ce que la société fonctionne le mieux possible et surtout qu’elle ne s’effondre pas, relate Françoise Sule, professeure de français à l’Université de Stockholm, jointe par Le Devoir. Les écoles et les garderies sont ouvertes pour éviter que les parents restent à la maison, ce qui affecterait les ressources nécessaires pour les services de santé et d’autres fonctions vitales dans la société. » Dans les pages du quotidien Svenska Dagbladet, l’épidémiologie en chef du gouvernement, Anders Tegnell a assuré que l’approche de la Suède visait à « assurer une progression lente de la maladie », pour éviter que les personnes infectées ne mettent trop de pression sur les ressources en soins de santé. Selon lui, la pandémie « va se calmer naturellement en mai prochain pour reprendre à l’automne ». Une immunisation naturelle de masse, en laissant le virus se répandre dans une partie de la population, particulièrement celle qui est le moins à risque de développer des complications devrait, selon lui, après l’été, atténuer les effets du coronavirus sur la population.

science comme dans la vie, étant toujours dangereuses » (Camus). Pourquoi s’en priver - toutefois dans les cas graves sans, bien entendu, faire de la vente libre sans contrôle. « Il est des heures dans l'Histoire où celui qui ose dire que 2 et 2 font 4 est puni de mort ». Monaco ne peut seul faire comme la Suède ou Singapour mais notre pays peut sans doute produire des tests et fabriquer des masques pour une population tout de même dense mais réduite. g Aucune bonne volonté ne doit être écartée La première réunion du Comité mixte GouvernementCN sur la crise sanitaire a eu lieu le 30 mars. Comme

c’est son rôle, le CN a répercuté les attentes de la population : des masques pour tous et des tests généralisés. Les élus ont donné des pistes concrètes car bien sûr - le problème c’est la faisabilité. Est-ce possible pour Monaco en se démarquant de la France pour se rapprocher d’autres approches et mettre toutes les cordes à notre arc sanitaire ? Aucune solution ne doit être écartée, aucune idée ne doit être ignorée, aucune bonne volonté ne doit être mise sur le côté. A Monaco c’est possible : le message a été entendu et va être mis en œuvre pour qu’à la la fin du compte ce qui «ne nous a pas tué nous rende plus fort». Ce n’est plus Camus, pour une fois, mais Nietzche. N° 193 • Avril 2020

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DOSSIER SPECIAL

"Unis face à une épidemie qui devrait encore durer" g Monsieur le Ministre d’Etat, la contamination de notre Souverain après la vôtre a été un choc pour les Monégasques. Comment allez-vous, comment se porte le Prince et que retirez-vous à titre personnel de cette épreuve ? Serge Telle* : "Heureusement le Souverain et moimême n’avons présenté que de légers symptômes. Mais il est vrai que c’est une très désagréable nouvelle d’apprendre qu’on est positif au covid19. Il faut reconnaître que me retrouver confiné en pleine crise sanitaire est un élément dont je me serais bien passé. Heureusement, ceci ne m’a pas empêché de travailler à distance. Je gardais un lien avec les membres du Gouvernement et mes collaborateurs grâce aux technologies. Sur le plan personnel, j’ai beaucoup pensé à cette extraordinaire mobilisation des services de santé et de secours qui sont en première ligne depuis plusieurs semaines. Je pense aussi à toutes ces personnes qui se sont impliquées dans la désinfection de nos espaces publiques, au call center ou dans les cuisines collectives pour préparer des repas pour les personnes isolées. Cette crise sanitaire démontre que toutes et tous avons cette capacité très forte de nous mobiliser dans une forme d’union nationale face à l’adversité." g Cette contamination de l’Exécutif à son plus haut niveau s’explique par la multiplication des réunions de proximité à cause de l’évolution de l’épidémie. Diriez-vous que c’est le prix à payer au service de la Principauté et de ses habitants ? ST : "Il est évident que mes fonctions sont par essence un investissement 24/24 pour la Principauté et ses habitants. Avant, pendant et après cette crise sanitaire. Peu importe les conséquences sur ma santé. Je ne sais pas bien du reste comment j’ai été infecté. Ce qui me frappe, c’est surtout l’engagement profond que prennent ces centaines de personnels soignants et de secours auprès des patients infectés. Ce sont elles qu’il faut saluer." g On ne sait pas - bien sûr - comment les choses vont évoluer, mais êtes-vous satisfait de la réactivité de votre gouvernement ou avez-vous des regrets ? Êtes-vous optimiste ? ST : "Le Gouvernement avait clairement anticipé. Dès

la mi-janvier, nous avions travaillé sur un processus de prévention. Le 30 janvier, nous avions du reste émis un communiqué pour alerter des risques à voyager dans la région de Wuhan. Nous avons eu le temps de nous préparer avec la direction de l’hôpital, les corps médicaux, les services sanitaires et d’urgences. Je pense que sur ce plan-là, il y a une vraie unité nationale. Celle de l’efficacité, du résultat, de l’altruisme, de la solidarité. Je me réjouis que nous ayons pu retarder au maximum l’arrivée du virus et surtout sa propagation sur notre territoire. Ceci est d’autant plus remarquable que notre pays est en lien immédiat avec la France et l’Italie, les deux principaux foyers sur le continent européen. Mais restons modestes, dans une crise sanitaire aussi gravissime que celle-ci, il serait indécent de faire des comparaisons. Je peux en tous cas affirmer que la mobilisation des autorités sanitaires, du personnel hospitalier, des services sociaux de la Mairie ont été exceptionnels et permettent certainement de faire face de la meilleure façon qui soit à cette épidémie qui devrait encore durer quelques semaines. Restons mobilisés. Soutenons-nous. Prenons patience aussi avec ces mesures de confinement qui sont inconfortables mais tellement essentielles." g Le Prince a lancé un appel à l’unité nationale qui a été entendu. Le communiqué du palais du 23 mars met un point final aux discussions entamées au parlement le 19 lors de la séance extraordinaire. Tous ensemble, chacun dans son rôle derrière le Souverain ?

SOUTIEN PSYCOLOGIQUE

Un centre d’appels pour informer

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epuis le 30 janvier dernier, le Gouvernement Princier a mis en place un centre d’information sur le COVID19 à destination du grand public. Afin de permettre aux services d’urgence et au CHPG de se concentrer sur leurs missions premières, cette cellule d’information permet de répondre aux questions à l’exception de tout protocole médical. Jusqu’il y a quelques jours, les téléphonistes répondaient à près de 200 appels quotidiens. Depuis quelques jours, le rythme semble se stabiliser autour de 80 coups de téléphone par jour. Les équipes en place constatent que, depuis le renforcement des mesures de confinement, la nature des appels a tendance à tout doucement changer. Près de 7% des appelants expriment un besoin de parler, de se changer les idées voire de partager leurs inquiétudes face à l’isolement pour certaines d’entre eux. Afin d’accompagner les Monégasques et les Résidents qui souhaitent bénéficier d’une écoute psychologique, le Gouvernement princier a demandé à des psychologues de rejoindre le centre d’appel Covid-19. Leur objectif est d’accompagner moralement les personnes qui vivent moins bien les règles de confinement ou le développement de l’épidémie de coronavirus. Le Conseiller de Gouvernement-Ministre en charge de la Santé est allé soutenir ces équipes composées de personnels de la Direction de l’Action Sanitaire épaulés par des secouristes de la Croix-Rouge Monégasque et un médecin superviseur. A l’occasion de ses échanges avec les téléphonistes, Didier Gamerdinger a remercié au nom du Gouvernement princier toutes ces personnes qui se dépensent sans compter depuis plusieurs semaines pour accompagner les habitants de la Principauté dans ces moments exceptionnels. Les Monégasques, les résidents et les salariés peuvent ainsi poser toutes les questions qu’ils souhaitent en lien avec le COVID19 en composant le numéro : 92 05 55 00.

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DOSSIER

par Patrice Zehr

ST : "Je ne vais pas revenir sur ces discussions qui sont tellement éloignées de la réalité de terrain et des préoccupations. La préoccupation du Gouvernement c’est de garantir la résistance du système de santé, de soigner les patients malades de la meilleure façon qui soit. Depuis le début de cette épidémie, le Gouvernement gère une crise sans précédent. Les départements de l’Etat travaillent sans relâche 7j/7 pour organiser la résistance sur tous les plans face au coronavirus. Les services de la Mairie sont à pied d’œuvre. L’ensemble des Monégasques et des résidents respectent les règles de confinement qui bouleversent leurs habitudes de vie, la scolarité de leurs enfants, les moments de partages en famille. Je pense que les discussions politiques n’ont que peu d’intérêt dans ces moments particuliers." g Quel message souhaitez-vous délivrer aux Monégasques et aux résidents ? ST : "Je pense que tous les acteurs concernés ont pleinement mesuré l’importance de leur rôle. Je veux vraiment saluer tous ceux qui, dans leurs compétences, permettent de faire face à ça virus. Cela va des commerces qui se sont adaptés aux nouvelles règles sanitaires, aux personnels de grandes surfaces, aux services d’entretien et de propreté, à l’ensemble de la population qui respecte les mesures de confinement et puis il y a tous les agents des départements qui se dépensent sans compter. Tous sont dans l’action dans l’intérêt général. Je les en remercie. Notre communauté nationale parvient à être soudée avec régulièrement des beaux témoignages de solidarité sur les réseaux sociaux. Nous démontrons-là, toute l’humanité dont nous pouvons faire preuve." * Ministre d’Etat de la Principauté de Monaco depuis le 1er février 2016


L'EMERGENCE CORONAVIRUS

"L'union nationale pour les solutions les plus efficaces" par Roberto Volponi

g Lors du Comité Mixte de Suivi Covid-19 du 30 mars, dans quel climat s’est déroulée la réunion et avec quels résultats ? SV : "C’était une première réunion cruciale mais bien tardive, que nous attendions depuis plusieurs semaines et qui a fini par se dérouler la veille du dernier jour du mois de mars, qui représente pour beaucoup une échéance compliquée. Sur la forme notre délégation a présenté ses propositions au Gouvernement. La réunion a été plutôt constructive et les échanges ont été nombreux. Il ne s’agissait pas de recevoir de longs exposés thématiques, mais bien de débattre de solutions concrètes sur le plan sanitaire tout d’abord, puis social et économique. Nous avons pu formuler, pendant près de 4 heures, l’ensemble de nos propositions." g L’essentiel c’est bien sûr la stratégie que le gouvernement doit appliquer après consultations. Tous les pays ont hésité et parfois modifié leur approche. Confinement, dépistage, port du masque, quelles sont vos principales propositions ? SV : "Tout le monde a pu se rendre compte de la pénurie de masques. Même les personnels soignants ont été et sont encore en tension sur ce sujet, au moment où je vous parle. Tous les personnels au contact d’autres personnes et notamment des personnes âgées, en manquent. Cette pénurie n’est pas acceptable. Donc nous avons demandé où en est ce dossier de la livraison massive de masques. La population a besoin d’être rassurée et de pouvoir s’en

procurer, ne serait-ce que pour aller faire des courses alimentaires. Nous avons fourni des contacts de fournisseurs. Encore plus que les masques, il faut surtout généraliser les tests. Oui, l’OMS le dit elle-même, il faut « tester, tester, tester ». Cela permet d’isoler les cas avérés, avec des symptômes ou non. Et de stopper la propagation du virus de façon nette. La Corée du Sud a appliqué cette méthode et l’Allemagne également. On voit nettement les résultats efficaces de telles politiques. Notre taille doit nous permettre d’agir de façon plus autonome, sans donner le sentiment de suivre la France. Il s’agit de tester 37000 résidents ainsi que les actifs, soit en tout moins de 100.000 personnes. Là encore nous avons donné des contacts de fournisseurs de tests, qui ont tous les agréments nécessaires. Concernant le respect du confinement, nous avons demandé un contrôle renforcé des entrées de ville, notamment pour que ceux qui habitent au-delà des communes limitrophes et qui ne travaillent pas actuellement en Principauté, ne viennent pas y faire leurs courses." g L’impact économique et social est énorme, quelles sont vos mesures phares ? SV : "Comme nous le répétons depuis le début de cette crise, nous demandons à ce que personne n’ait de difficultés financières en ce début de mois d’avril. Il faut que des aides publiques directes parviennent bien à toutes les structures et personnes directement impactées Le Conseiller-Ministre Jean Castellini a semble-t-il pris la mesure du problème, mais il faut faire vite. Il y a urgence. Il faut accepter

© Photo CN

g Mr le Président Valeri, le 23 mars dernier dans un communiqué du palais, le souverain a répondu positivement à la lettre ouverte du CN envoyée le jour même dans l’esprit des débats de la séance publique extraordinaire du 19 mars. Êtesvous satisfait ? Stéphane Valeri* : "Tout d’abord je veux rappeler que le Conseil national travaille dans l’unité de l’ensemble des 24 conseillers nationaux. C’est donc unis comme l’exige cette situation de crise que nous avançons pour les Monégasques et les Résidents. Le Prince l’a dit : « le Conseil national a sa place dans le dispositif de lutte contre cette épidémie ». Nous sommes satisfaits et conscients de la responsabilité qui est la nôtre. Le Souverain a rappelé également, comme nous, le besoin d’unité des Institutions pour affronter efficacement cette crise sans précédent. Dans notre pays à nul autre pareil, le Gouvernement est nommé par le Prince, et non pas l’émanation d’une majorité élue comme ailleurs en Europe. Et c’est très bien ainsi ! Mais il doit alors s’appuyer encore plus sur le Parlement. Il en va de l’équilibre de nos institutions. Le Conseil national est dans son rôle, qui est de faire remonter les attentes et les inquiétudes de la population, pour une approche de proximité, qui ne soit pas qu’un point de vue administratif. On l’a vu lors du budget primitif : lorsque le Gouvernement s’appuie correctement sur le Conseil National, c’est Monaco et toute la monarchie constitutionnelle qui y gagnent. Les luttes d’égos, les stigmatisations ou les crispations institutionnelles de certains, n’ont vraiment pas leur place au moment de prendre des décisions cruciales pour la santé et l’avenir de nos compatriotes, des résidents et de l’ensemble des acteurs économiques de notre pays. Notre délégation travaille au sein du Comité Mixte de suivi dans l’unité de l’Etat et dans l’union nationale, dans la recherche permanente de l’efficacité, notamment pour que personne ne se retrouve en difficulté, ni au début ni à la fin du mois d’avril, ni tant que durera cette crise."

le principe de l’aide publique directe massive. D’où notre proposition de Fonds d’Intervention d’Urgence, directement doté dans un premier temps de 150 millions d’euros. En effet, les garanties de prêts bancaires ne suffiront pas. Il faut injecter d’urgence du cash dans l’économie." * Président du Conseil national depuis le 22 février 2018. Ancien Conseiller de gouvernement - Ministre des affaires sociales et de la santé

COMITE MIXTE

La proposition du CN acceptée

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ette lettre Princière du 23 mars a remis de façon équilibrée, ferme et définitive, les pendules institutionnelles à l’heure. C’est dans le soutien réaffirmé de l’action du gouvernement, un oui sans équivoque à la demande pressante du parlement et de tous ses élus d’être impliqués pour le bien commun. La volonté d’information et de participation des représentants des monégasques aux côtés des conseillers-ministres choisis et nommés par le Prince est reconnue comme légitime. Un premier point est à souligner- Le Prince se félicite que son message du 19 mars ait été entendu. Il a été lu sur place juste avant la séance extraordinaire. Il était bon de le réaffirmer en préambule. Cela lève toutes les suspicions entretenues parfois entre le 19 et le 23 sur un conseil national qui n’aurait pas pris en compte le message Princier. La Lettre ouverte des conseillers nationaux au Souverain, le 23 également, a été une offre de soutien au delà de toute polémique sur de réelles divergences d’approche. Comment en aurait-il été autrement face a cette crise gravissime ? Le message a été entendu et approuvé. Le CN souhaite apporter sa contribution dans le strict cadre de « ses compétences institutionnelles » Le CN a donc toute sa place dans le dispositif de lutte contre cette épidémie. Ceux qui auraient voulu l’en écarter- au cas où il y en aurait - en sont pour leurs frais. Concrètement, on aura donc un « Comité mixte de suivi », les représentants des monégasques seront informés des décisions prises par le gouvernement et pourront avant formuler leurs propositions. C’est donc une décision démocratique répondant aux attentes qui n’enlève aucune prérogative au gouvernement, respectant à la lettre l’esprit des institutions et qui débouche sur une application concrète répondant à une situation exceptionnelle.« Le temps est à l’action, à la solidarité, à l’unité » . Cela va sans dire mais c’est mieux en le disant et mieux encore si c’est le Prince souverain qui le dit. Dont acte. (P.Z.)

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DOSSIER SPECIAL

"Tout est fait en tout pour répondre aux attentes..." par Patrice Zehr

DOSSIER

ors d'un point presse téléphonique du 31 mars, juste avant bouclage, nous avons posé quelques questions à Didier Gamerdinger*. Voici dans l’esprit et non au mot près - ses réponses, peu avant la diffusion - le jour même - de deux communiqués du Palais Princier, dont le plus important concernait sans doute l’état de santé du Souverain, guéri et sorti de quarantaine. Enfin, un autre communiqué, cette fois de la part du Conseil national... g Ouverture partielle de la plage du Larvotto déjà cet été ? La première question était relative à l'annonce du Conseiller-ministre de l'Équipement, Marie-Pierre Gramaglia, sur une possible reprise du chantier du Larvotto, en vue d'une éventuelle ouverture partielle de la plage dès cet été 2020. Y a-t-il donc un espoir de déconfinement à cette date ? Mr Gamerdinger a trouvé la remarque logique. Pour se rendre au bord de mer, même de façon réglementée, il faut bien entendu être déconfiné. Nous n’avons pas encore atteint, à Monaco, le pic de l’épidémie - a-t-il noté. Il faut donc rester prudent, même au regard des évolutions dans les régions françaises voisines ou italiennes, pour le moment relativement épargnées. Mais nous devons tout faire pour donner aux monégasques et résidents un espace balnéaire, si cela est possible et raisonnable. Cela se fera dans les règles les plus strictes de sécurité, bien sûr, comme l’a précisé à deux reprises Mr Gamerdinger... g Une généralisation des tests ? Oui, mais surtout à la sortie du confinement... Mais cela semble impliquer une généralisation des tests ? En effet, pour le Conseillerministre, il faudra faire le maximum de tests possibles à la sortie du confinement. Tout est fait pour nous en donner les moyens. Il est cependant attendu l’homologation d’un certain nombre de modèles, dont des tests sérologiques, des prises de sang et des réactifs compatibles avec les automates du CHPG. Notre population est réduite, moins de 40.000 habitants, et nous pouvons espérer avoir une vision assez large rapidement pour être significative, comme cela se fait dans de nombreux pays même avec des populations plus importantes. L’importance de tests massifs à la sortie du confinement est donc reconnue…

g Les difficultés rencontrées pour récupérer un nombre suffisant de masques... Même approche aussi pour les masques ? Réponse positive de Didier Gamerdinger, qui précise qu’il faut tenir compte d’une crise mondiale et que nous avons des difficultés d’approvisionnement, chacun voulant garder les masques produits dans le pays producteur. Priorité donc à Monaco aux catégories les plus exposées, mais le gouvernement a bien noté que dans certains pays, notamment d’Asie, la culture du masque était évidente et généralisée. Monaco va donc tout faire pour passer des commandes et produire ici des masques en grande quantité, et déjà 400.000 sont arrivés de l’extérieur. L’objectif est clair, mais les moyens sont compliqués. La Principauté étend déjà la livrai-

TROIS QUESTIONS A :

son de masques aux personnels des grandes surfaces et aux concierges d’immeubles et veut protéger le corps hospitalier et médical, les forces de sécurité et tous ceux qui sont en contact avec la population. L’idéal serait des masques pour tous ceux qui le désirent, même de différentes natures. Tout est fait en tout pour répondre aux attentes, le Conseillerministre a ainsi expliqué. g L'annonce de la guérison du Prince, l'avis du Palais et la réponse du CN... Juste avant l'annonce officielle de la guérison du Souverain, le Palais avait diffusé un communiqué où l’on pouvait remarquer une inflexion dans le ton par rapport au précédent (voir page 5). On y verra sans doute un rappel à l’ordre. Le Souverain demande au CN de ne pas en faire trop sur les réseaux sociaux, ni dans les critiques du gouvernement pour éviter de semer le doute dans la population, tout en prenant en compte ses demandes. Pas de changement ni sur le fond, ni sur la méthode et les choses avancent pour l'intérêt général. Ce qui reste l’essentiel... Seulement quelques heures plus tard, une réponse rassurante est venue par le président du Conseil national, avec un communiqué dans lequel il se dit d'accord avec le Prince que dans la gestion de cette crise "les ambitions politiques n’ont pas leur place", tout en confirmant l'engagement de l'Assemblée "de jouer son rôle de ressource institutionnelle pour l’Etat”. * Conseiller de Gouvernement - Ministre des Affaires Sociales et de la Santé depuis le 1er juin 2017

JEAN CASTELLINI *

g La priorité reste la santé mais bien sûr... Il faut aussi veiller à celle de notre modèle économique et social : comment concilier les deux à Monaco ? Jean Castellini : "L’approche du Gouvernement princier en la matière se veut pragmatique, à l’écoute de acteurs économiques et surtout inscrite dans la durée incertaine de la crise sanitaire actuelle. Crise économique comme crise sanitaire : il existe des gestes, des mesures barrières, un traitement, et un jour, une phase de rétablissement, de convalescence. Les premières mesures barrières dans le domaine économique et social concernent notamment le report des charges sociales, le recours au chômage partiel ou au chômage total temporaire. Ainsi, il a été décidé d’acter un report du paiement de la TVA collectée par les entreprises qui le demanderaient pour une durée de 3 mois, sous réserve du respect des obligations déclaratives. Le Gouvernement a également décidé d’une mesure exceptionnelle pour les commerçants occupant un local dans les domaines ayant dû fermer et cesser leur activité. Ils seront exemptés de loyers et de charges pour l’intégralité du 2ème trimestre 2020. Il s’agit donc bien d’une suppression de loyer et non d’un report comme le demandait le Conseil National. Pour ceux qui se sont acquittés du paiement d’un loyer en mars, ce loyer leur sera remboursé. Les activités de bureaux ou industrielles continuent, pour certaines en mode dégradé, pour d’autres moins, mais toutes avec un impact négatif sur l’activité. Nous avons finalisé, avec l’assistance de l’OECM, une procédure qui nous permettra de les soutenir également. Conscient que la situation est particulièrement délicate pour certains travailleurs indépendants, le Gouvernement Princier crée également un Revenu Minimum Extraordinaire, dont le montant et les modalités d’octroi seront très bientôt précisés, notamment sur le site internet du Service Public Entreprises. Il s’agit de soutenir financièrement les travailleurs indépendants disposant d’une autorisation ministérielle en nom personnel qui, à cause de la crise du Covid19, subissent une baisse totale de leur activité, au point de les priver de toute ressource. Nous pensons notamment aux exploitants des commerces qui ne figurent pas dans les activités dites essentielles et dérogatoires, aux activités liées à l’événementiel ou aux relations publiques par exemple, ainsi qu’aux artisans-taxis. L’Administration met tout en œuvre pour que cette aide soit versée dans les meilleurs délais, et demeure, plus que jamais, à l’écoute du secteur privé. En ce qui concerne, les mesures financières, elles ont été renforcées par rapport aux initiatives prises dans un premier temps. Le dispositif de bonification de prêt a été étendu. Concrètement, cela veut dire qu’un entrepreneur, commerçant, artisan etc., qui demandera à sa banque un prêt de trésorerie ou un découvert bancaire se verra de facto appliquer un taux zéro. Si la banque annonce un taux d’intérêt, il sera pris en

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"Se serrer les coudes et faire preuve de courage" charge par l’Etat. Le Gouvernement a annoncé aussi un fonds de garantie des crédits à hauteur de 50 millions d’euros. Ce fonds, dont le montant pourra être revu à la hausse en fonction de l’évolution de la conjoncture, est destiné à soutenir les entreprises qui, impactées par la crise, ont besoin de trésorerie. Ainsi, un entrepreneur, commerçant, artisan etc., qui ne serait pas en mesure de rembourser le prêt qui lui serait fait, verrait l’Etat se substituer à lui pour le remboursement. Le fonds de garantie, jusqu’à présent, était abondé à part égale par les établissements de crédit et l’Etat. Aujourd’hui, c’est l’Etat qui assume sa responsabilité. Il s’agit là de mesures exceptionnelles certes mais qui seront amené à évoluer en fonction de l’évolution de la crise sanitaire et de ses impacts sur notre économie."

g Notre bonne santé budgétaire et économique va être à mise à rude épreuve. Pensez-vous que notre indiscutable prospérité peut nous permettre de faire face ? JC : "Nous avons la caractéristique d’une bonne santé économique et des budgets sans déficit depuis 8 ans. Nous partons donc avec un certain avantage par rapport aux pays européens qui ont, pour la plupart, des déficits structurels importants. Mais soyons lucides et pragmatiques, l’année 2020 sera certainement très difficile sur le plan budgétaire du fait à la fois de la baisse prévisible des recettes et de l’augmentation de certaines dépenses à caractère temporaire et exceptionnel. Il faudra donc se serrer les coudes et faire preuve de courage et de créativité." g Il faudra bien revoir le budget, faire appel au Fond de réserves, cela passe par le vote du CN. Le 19 mars cela s’est mieux terminé que ce que l’on pouvait craindre un moment - après le communiqué du palais du 23 - êtes-vous confiant sur les convergences institutionnelles pour prendre la mesure dans l’unité voulue par le Prince de défis jamais vus pour notre pays ? JC : "Nous avons la caractéristique d’une bonne santé économique et des budgets sans déficit depuis 8 ans. Nous partons donc avec un certain avantage par rapport aux pays européens qui ont, pour la plupart, des déficits structurels importants. Mais soyons lucides et pragmatiques, l’année 2020 sera certainement très difficile sur le plan budgétaire du fait à la fois de la baisse prévisible des recettes et de l’augmentation de certaines dépenses à caractère temporaire et exceptionnel. Il faudra donc se serrer les coudes et faire preuve de courage et de créativité. * Conseiller de Gouvernement - Ministre des Finances et de l' Économie depuis le 26 décembre 2012

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L'EMERGENCE CORONAVIRUS

"Il faut se doter des tests permettant de dépister le plus grand nombre" g L’indispensable dans cette période est l’unité d’information et de communication sur la santé. Cela a trop tardé selon les élus, mais on y est enfin parvenu après le communiqué du Palais répondant à la lettre ouverte des élus... Christophe Robino* : "La communication comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, est très importante pour informer de manière transparente et rassurer les résidents. Elle nécessite un partage de l’information entre les institutions et surtout elle doit être commune. Il aura fallu une session extraordinaire du Conseil National et une lettre ouverte au Souverain, signée par tous les élus rassemblés autour de notre Président Stéphane Valeri, pour qu’enfin le Gouvernement accepte, sur instruction du Palais, la mise en place de la commission mixte de suivi de cette crise sans précédent." g Vous êtes aussi médecin, impliqué de longue date, au CHPG. Sur le plan sanitaire, comment jugez-vous les actions du gouvernement pour protéger la population ? CR : "Les élus de la majorité et des minorités, sont tous extrêmement préoccupés et mobilisés par la situation et travaillent sans relâche avec les permanents du Conseil National pour élaborer des propositions. Beaucoup de travail a été fait, beaucoup de mesures prises ont été rendues possibles grâce à la mobilisation de tous. La réorganisation des établissements de santé au premier rang desquels le CHPG, sous la responsabilité de sa Directrice, en collaboration avec les équipes médicales et soignantes, mais aussi le Centre Cardio Thoracique, l’Institut Monégasque de Médecine du Sport et le Centre d’Hémodialyse Privé de Monaco, devrait permettre de faire face à la situation. Mais cela ne suffit pas, il ne faut pas se contenter de suivre les décisions françaises. Il faut mieux contrôler le confinement. Il faut se procurer en grande quantité des masques. Il faut les distribuer largement en priorité aux soignants, aux services de secours, aux agents de la Sûreté Publique, aux TROIS QUESTIONS A :

ambulanciers, aux bénévoles et aux personnes malades confinées en famille, mais aussi aux personnels (commerçants, caissières, chauffeurs, …) qui continuent de travailler au service et au contact des résidents. C’est une des mesures incontournables pour prévenir la diffusion du virus et amortir le pic de l’infection. C’est une des mesures indispensables pour préserver les capacités d’accueil de nos établissements de santé et éviter de devoir faire demain des choix difficiles. « Tester, tester, tester ». Le mot d’ordre de l’OMS est clair. Il faut en urgence se doter de quantités suffisantes de tests permettant de dépister le plus grand nombre et à minima les personnes symptomatiques pour pouvoir les prendre en charge sans retard. Il faut préciser qu’il existe 2 types de tests : ceux qui permettent de mettre en évidence l’ARN du virus (RT-PCR) dans les écouvillonnages nasopharyngés ou les prélèvements pulmonaires et ceux qui détectent l’apparition dans le sang d’anticorps dirigés contre le virus (tests sérologiques), plusieurs jours après le contact avec le virus et traduisant l’apparition d’une immunisation contre le virus. Les premiers détectent de la présence du virus dans l’organisme, les deuxièmes témoignent d’un contact antérieur et d’une protection au moins partielle contre le virus. Ils seront utiles pour savoir quelle proportion de la population a réellement été exposée au virus. C’est grâce à ces tests que l’on pourra connaitre l’incidence réelle de la maladie sur notre territoire, suivre son évolution et adapter les mesures sanitaires à prendre." g Vous avez évoqué très rapidement les traitements anti viraux dont on parle de plus en plus. Est-ce un espoir et où en est-on à Monaco, par rapport aux polémiques françaises ou aux initiatives du CHU de Nice ? CR : "Bien sûr que c’est un espoir, non seulement un espoir mais une nécessité. Les atermoiements administratifs et la nécessité évoquée par certains de disposer d’études scientifiques robustes pour mettre en route de nouveaux traitements ne se justifient qu’en période nor-

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par Roberto Volponi

male. Il s’agit aujourd’hui de sauver des vies et certains débats pourront avoir lieu après. Tous ceux qui le nécessitent, devraient pouvoir être traités, en étant bien sûr informés qu’il s’agit de traitements qui ne sont pas officiellement validés. Au CHPG, nous avons commencé à utiliser le traitement décrit par le Pr Raoult. Ce traitement doit bien sûr être réservé à une prescription hospitalière. Il pourra être proposé à toutes les personnes présentant une atteinte respiratoire avant le stade de la réanimation." * Président de la Commission des Intêrets sociaux et des Affaires diverses du Conseil national

BALTHAZAR SEYDOUX *

"Des aides publiques directes pour survivre à la crise"

g Sur le soutien à l’économie, le CN a fait des propositions concrètes, ces propositions seront exposées au gouvernement dans le cadre du groupe mixte ou séparément ? Lesquelles en tout cas sont pour vous essentielles ? CS : "Dans le cadre du Comité de Suivi, qui a été demandé par le Conseil National, les élus de l’Assemblée insisteront auprès du Gouvernement pour qu’il aille plus loin dans le soutien aux entreprises. Nous devons être réalistes : à ce stade, les mesures prises de contre-garantie de l’Etat, en cas de prêt bancaire, ne seront pas suffisantes pour sauver toutes les entreprises de la faillite. Nous demanderons, comme nous l’avons déjà fait en Séance Publique Extraordinaire le 19 mars dernier, des aides publiques directes, notamment pour ceux qui ont été contraint de fermer leurs boutiques et n’ont donc plus de chiffre d’affaires. Il faut, à tout prix, leur permettre de survivre à cette crise, en les soutenant financièrement de manière urgente. Les démarches pour pouvoir bénéficier de ces aides doivent être simples, et les réponses rapides. Il faut aussi penser aux travailleurs indépendants, aux professions

libérales et aux dirigeants des très petites entreprises, impactés dans leur chiffre d’affaires. Il faut les aider, en leur versant, sur fonds publics, une indemnité mensuelle, équivalente au salaire médian. Au-delà de l’aspect sanitaire, la priorité absolue pour le Conseil National, est que personne à Monaco ne se retrouve en difficulté à la fin des mois de mars et avril 2020, et tant que durera cette crise. Peu importe le coût, le soutien aux forces vives de la Principauté est un investissement indispensable pour l’avenir. Nous devons absolument permettre à notre tissu économique de traverser cette crise foudroyante, tout en posant les bases d’une relance de l’économie dès que la crise sanitaire sera passée." © Photo CN

g Il faudra revoir de façon drastique le budget 2020... Pour faire face, le gouvernement devra compter sur le vote du CN. Cette évidence est-elle prise en compte par tous ? Nos finances publiques peuvent-elles faire face à cette crise, et comment ? Balthazar Seydoux : "Le budget de l’Etat va de toute évidence être largement impacté par la crise sanitaire liée au COVID19, D’une part, car les recettes vont être largement revues à la baisse à minima pour les mois de mars à mai et, d’autre part, du fait des dépenses nouvelles qui résultent des mesures déjà prises et qu’impliqueront les futures mesures de soutien de l’économie. Certaines mesures qui ont déjà été prises auront un impact évident sur le budget. Je pense notamment au maintien des rémunérations en chômage total temporaire ou en chômage partiel, à la révision des modalités de la bonification des taux d’intérêts qui permet de ramener les prêts à un taux de 0%, ou encore à la contre-garantie de l’Etat pour les prêts octroyés par les établissements bancaires. Heureusement, les finances publiques de notre pays sont saines, nous sommes en excédent depuis 8 années. Ces excédents, ainsi que ceux des années précédentes, ont permis de constituer un Fonds de Réserve Constitutionnel qui, certes, souffre du krach boursier sans précédent que nous connaissons, mais dont le rôle est bien de faire face à d’éventuelles crises. Nous voulons qu’il joue tout son rôle dans cette crise du Covid-19 et nous permette ainsi de compenser le déficit du budget de l’année 2020.

g L’économie ne peut primer sur la santé, c’est évident. Mais est-ce plus difficile à Monaco qu’ailleurs, pays d’événementiel, de tourisme et de chantiers ? BS : "Nous l’avons dit, la santé est la priorité absolue pour le Conseil National. C’est pour cette raison que les élus ont adopté à l’unanimité lors de la séance publique du 19 mars dernier, une résolution visant à soutenir la lutte contre le COVID 19 et à accompagner les résidents, l'ensemble des actifs et des acteurs économiques de la Principauté, qui comprend des propositions de mesures tant sur les plans sanitaire, économique et social. Bien évidemment, la Principauté est frappée de plein fouet par les mesures de fermeture des commerces et par les reports des évènements touristiques, culturels et sportifs parmi lesquels les plus emblématiques : le Grand Prix Automobile de F1, le Grand Prix historique et le Rolex Master. C’est la partie visible de la crise mais en réalité, c’est toute l’économie qui est indirectement touchée. Pour les chantiers, nous avons demandé l’arrêt de tous les chantiers publics et privés. Aucun chantier de taille conséquente, ne peut assurer une sécurité sanitaire absolue, notamment avec les déplacements des ouvriers, du moins durant la période de confinement de la population. La situation est la même que dans les autres pays touchés par cette grave crise sanitaire, économique et sociale. Comme je suis de nature optimiste, je pense que notre petite taille est un atout car nous pouvons être plus réactifs que les grandes nations. Cette réactivité suppose une réelle volonté politique de tout faire, à tout prix, pour sortir de cette guerre. Cette volonté, nous l’avons au Conseil National, toutes tendances politiques confondues." * Président de la Commission Finances et Economie nationale du Conseil national

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Ministère d’Etat

• Je suis un parent • Je suis un senior / une personne isolée / handicapée • Je suis un employeur / un salarié • J’ai des questions sur les mesures officielles prises par la Principauté

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ECONOMIE & FINANCE

La finance à l’ère du Coronavirus par Thierry Crovetto *

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g Monétisation de la dette des états L’intervention des états pour soutenir l’économie devrait se solder par une explosion des déficits budgétaires. Ainsi Emmanuel Macron a annoncé vouloir agir « quoi qu’il en coûte », les dépenses des états devraient s’envoler. Des déficits de l’ordre de 10% sont tout à fait plausibles cette année ! Toutefois, l’explosion déficitaire devrait n’avoir qu’un impact limité sur la soutenabilité des finances publiques, selon certains économistes qui expliquent que la dette a été monétisée avant même d’être émise. Les banques centrales ont déjà annoncé des programmes de « Quantitative Easing » quasiment sans limite… En effet, le montant global de la dette rachetée par la BCE devrait avoisiner les 1 110 milliards d’euros. g Conséquences économiques La monétisation de la dette par les banques centrales revient à faire marcher la « planche à billets » et donc à prendre le risque de créer trop d’inflation à terme. Il y a également un risque de crédibilité et de confiance envers les banques centrales et les monnaies. La dette des états ne peut cependant pas grimper indéfiniment et devra être remboursée à terme, quoi qu’il arrive. Le retour d’une forte croissance économique est peu probable, alors le retour de l’inflation et des hausses d’impôts seront sans doute les moyens pour rembourser la montagne de dette générée. Cette crise montre du doigt les limites de la mondialisation. Nous avons par exemple pris conscience que 60% à 80% des principes actifs de certains médicaments étaient fabriqués en Chine ou en Inde. Cela crée une dépendance forte. Beaucoup de sociétés vont relocaliser leur production, ce qui aura pour consé-

© Photo lesechos.fr

g Des risques de défaillance des entreprises accrus Les agences de notation Moody's, Fitch, S&P Global Ratings et les autres sont sur le pied de guerre. Depuis le début de la crise du coronavirus, elles révisent à la baisse leurs évaluations de la qualité de crédit des entreprises emprunteuses, à un rythme inédit, pour tenir les porteurs obligataires constamment informés des risques qu'ils courent. La révision de la notation est d’autant plus indispensable que les entreprises sont en première ligne, contrairement aux dernières crises financières. Ces dégradations contribuent à renchérir le coût de financement des sociétés. Des entreprises « zombies », maintenues artificiellement en vie uniquement par l’accès facile et peu cher au crédit ces dernières années, pourraient faire défaut alors que la musique s’est arrêtée… Le crédit constitue un risque réel pour les investisseurs, aussi bien par la possibilité de défaut que par le manque de liquidité sur les marchés, en période de crise.

quence une hausse des prix. Cela va également favoriser le retour de l’inflation… g Conséquences financières Nous sommes rentrés dans un marché baissier (Bear Market), un des plus rapides de l’histoire, qui risque de durer. Espérer un scénario en V avec un fort rebond à court est assez hypothétique. D’autant qu’on ne peut pas écarter une réplique de l’épidémie, c’est ce qu’anticipe par exemple des chercheurs de l’Imperial College de Londres… Les Etats risques d’être tenté d’intervenir davantage dans la finance : financement d’entreprise ou garantie, nationalisation de certaines entreprises, suspension du paiement de

dividendes aux entreprises dans lesquels l’Etats est actionnaire ou celles aidées par l’Etat, blocage du rachat de certaines entreprises par des sociétés étrangères… Un retour de l’inflation peut être joué via les obligations indexées en couvrant éventuellement le risque de taux) et serait également positif pour l'or (et les autres matières précieuses) qui est soutenu en cas de baisse des taux réel (taux nominaux – inflation) et qui pourrait être recherché en cas de perte de confiance dans les monnaies suite au recours excessif de la planche à billets par les banques centrales. * Président Délégué TC Stratégie Financière. La Tour Odéon, 36 avenue de l’Annonciade. Tel. : 06.80.86.83.11 Email : tcrovetto@ tcsf.mc ; web : www.tcsf.mc

ANNULATIONS

L’agenda du MEB bouleversé, l’Assemblée Générale reportée reportée

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’Assemblée Générale 2020 constituera un évènement phare de l’agenda du Monaco Economic Board (MEB). L’occasion de bilans et perspectives, d’élections et de mises en lumière d’informations importantes, notamment financières. C’est pourquoi, en raison de la crise liée au Covid-19 et afin qu’aucun membre souhaitant participer à cet évènement ne soit pénalisé, l’Assemblée Générale du MEB initialement prévue le jeudi 19 mars 2020 est reportée au lundi 27 avril 2020 (sauf si le prolongement de cette crise ne permettrait pas sa tenue à cette date). L’agenda du MEB a déjà été bousculé par le coronavirus, particulièrement dans ses opérations à l’étranger. Ainsi, après consultations avec ses partenaires sur place, le MEB a décidé de reporter à une date ultérieure la mission économique prévue les 30 et 31 mars à Versailles et Paris. Autre mission reportée sine die, celle qui devait se tenir à Saint Pétersbourg du 31 mai au 4 juin. En cause notamment, l’annulation du Forum SPIEF qui devait participer à la réussite de cette opération et la quarantaine imposée en Russie aux voyageurs venant de France. Enfin le MEB devait prendre part au Dubai Boat Show du 9 au 13 mars aux côtés des autres membres du Cluster Yachting Monaco. Le salon est reporté au mois de novembre à l’occasion du lancement de l’Exposition Universelle Dubai 2020. Le MEB y sera présent aux côtés de ses partenaires. En local, pour des évènements réunissant de petites audiences, les actions prévues sont pour le moment maintenues avec un principe général du cas par cas. Les adhérents du MEB seront informés au fur et à mesure de l’évolution de la crise. En cas de doute, ils sont invités à contacter le MEB : info@meb.mc - +377 97 98 68 68.

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ECONOMIE

utre le coût humain et social de cette pandémie mondiale, nous devons nous attendre à une récession généralisée pour 2020, malgré les réactions vigoureuses des différents gouvernements et banques centrales. La crise actuelle est “comparable à la grande récession de 1929” a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances français, le 24 mars dernier. Selon lui, “Nous faisons face à un choc violent, global et durable. » Le président de la Réserve fédérale de St. Louis, James Bullard, estime que les taux de chômage pourraient atteindre 30% aux Etats-Unis au deuxième trimestre après les fermetures d’entreprises liées au coronavirus… La crise actuelle vient de l’économie réelle et se propage aux marchés financiers, à l’inverse de ce qui a été le cas lors de la crise de 2008. Certes, mais des bulles s’étaient déjà formées sur plusieurs classes d’actifs et le TINA (« There Is No Alternative ») avait poussé de nombreux investisseurs à prendre plus de risques qu’ils auraient dû, en oubliant de vérifier si leur risque était correctement rémunéré. La volatilité des principales classes d’actifs était extrêmement basse, montrant la forte complaisance des investisseurs. C’était notamment le cas sur le crédit. Les flux sur ce segment se sont inversés, la liquidité s’est asséchée et comme on pouvait s’y attendre, certains ETF obligataires ont eu du mal à suivre…

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L'ACTUALITE

ACTUALITE

Emouvante ordination de Monseigneur David

✲ M O NACO E N BRE F ✲ ☞ Monaco : L’interdiction d’UBER sur le territoire monégasque confirmée. « Toute plateforme étrangère de mise en relation entre chauffeurs professionnels et particuliers est strictement interdite sur le territoire. Seule une tolérance pourra être acceptée lors de la dépose en Principauté d’un client chargé à l’extérieur de la Principauté », l’Ordonnance Souveraine n°1.720 a été renforcée en ce sens. ☞ Monaco : L’Institut Audiovisuel a désormais sa salle de cinéma. « Il était devenu indispensable d’avoir un lieu pour accueillir le public et les scolaires afin de montrer nos collections ». Toutes les écoles monégasques sont donc concernées par cette initiative pédagogique dans le cadre des activités périscolaires. La salle a également vocation à accueillir du public dans le cadre de projections. Située dans les locaux de l’Institut Audiovisuel au sein de l’Engelin, cette « Petite salle » a une capacité de 35 fauteuils.

par Amanda Coutelle

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☞ Menton : Depuis mi février (et jusqu’au 14 novembre), SNCF Réseau réalise des travaux de voie et de rénovation du tunnel ferroviaire de Menton long de 473 m. Moderniser le système d’assainissement des eaux pluviales afin d’éviter une limitation temporaire de vitesse, très pénalisante pour l’exploitation ferroviaire sur cet axe principal de la région PACA. Ces travaux permettront l’amélioration de la régularité sur l’axe, une meilleure qualité de service (ponctualité, fiabilité sur le plan du transport) et le maintien de la performance des infrastructures.

a cérémonie solennelle de l’Ordination de Mgr Dominique-Marie David, nouvel Archevêque de la Principauté, a eu lieu le dimanche 8 mars en la Cathédrale de Monaco, célébrée par Mgr Bernard Barsi, désormais Administrateur Apostolique du diocèse, entouré de Mgr Jean-Paul James, Archevêque de Bordeaux et Bazas, et de Mgr Yves Le Saux, Évêque du Mans. La cérémonie, ouverte à tous les fidèles, s’est déroulée en présence de la Famille Princière et des plus hautes autorités de l’Etat.

☞ Nice : Le Club de la Presse Méditerranée 06, qui regroupe près de 70 journalistes et 35 communicants dans les Alpes Maritimes et les pays du pourtour Méditerranéen, a élu son Conseil d’administration 2020 à l’issue de l’assemblée générale ordinaire qui s’est tenue à Nice dans les locaux de France Bleu Azur. Paul Barelli (journaliste indépendant, ex RMC et ex correspondant du Monde) a été réélu Président du Conseil d’Administration.

g Le chemin de vie du nouvel Archevêque de Monaco Mgr Dominique Marie David est né le 21 septembre 1963 à Beaupréau (Maine et Loire), dans le Diocèse d’Angers. Il a obtenu une Licence de Philologie anglaise à l’Université Catholique de l’Ouest à Angers, et a travaillé comme professeur d’anglais. En tant que membre de la Communauté de l’Emmanuel, il a étudié à la Faculté de Théologie de l’Université Catholique de l’Ouest (Angers) et au Séminaire Interdiocésain Saint Paul de Louvain la Neuve, en Belgique. Titulaire du Baccalauréat de Théologie à l’Université Catholique de l’Ouest. ; Il a été ordonné prêtre le 29 juin 1991 pour le Diocèse de Nantes en tant que membre de la Communauté de l’Emmanuel. g Le message de Mrg. David : « COVID-19, l’Église agit » Dans un courrier adressé aux prêtres, dès le lendemain de sa consécration épiscopale, Mgr David a demandé que, face à l’épidémie du Coronavirus, des prières publiques soient organisées dans les différentes églises et chapelles du diocèse, invitant tous les Chrétiens à une prière fervente, en même temps qu’était rappelée la nécessité de prendre les mesures d’hygiène adéquates à la situation. Les différentes paroisses et aumôneries ont d’ores et déjà répondu à l’appel du nouvel l’Archevêque. A chaque messe et temps de prière, des intentions particulières sont formulées, la messe votive « pour les temps d’épidémie » est célébrée régulièrement par les prêtres et des temps particuliers de prière sont organisés dans les différents lieux de culte.

g Les rendez-vous virtuels mis en place par le Diocèse* Le Diocèse de Monaco propose aux fidèles plusieurs rendez-vous pour s’unir dans la prière pendant cette période si particulière. Vous pourrez retrouver : tous les matins à 9h, la prière des Laudes (prière du matin) qui sera chantée en direct de la cathédrale de Monaco. Tous les soirs à 18h, et vers 21h30 sur la chaîne Monaco Info, diffusion de la messe du jour célébrée dans une église ou chapelle de la Principauté. Pour suivre ces offices et vous joindre à cet élan de prière, rendez-vous sur www.diocese.mc ou sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, Vimeo @ DioceseMonaco. *Toutes les informations sur ces temps particuliers proposés par les paroisses du diocèse sont disponibles et mis à jour au fil du temps sur le site www.diocese.mc

HOMMAGE

Astérix n’ira pas aux Jeux Olympiques... A

lbert Uderzo nous a quittés le 24 février. Le jour où les instances olympiques ont annoncé le report des Jeux de Tokyo 2020. Coïncidence ? Les compères Goscinny et Uderzo avaient publié à l’été 1968 leur 12° album « Astérix aux jeux Olympiques ». Ils n’avaient pas envisagé ce scénario.

Albert Uderzo avait 92 ans. La potion magique conserve. Il a rejoint René Goscinny, parti il y a longtemps déjà. Si vous voyez un nuage avec des moustaches et un casque ailé, ne cherchez pas… ils se sont remis au boulot… Le site officiel d’Astérix – moderne notre petit gaulois – a publié un hommage simple et touchant, intitulé : Merci Maestro : "C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès d’Albert Uderzo, le co-créateur d’Astérix avec René Goscinny. Depuis plus de 60 ans, Astérix a suscité chez des millions de lecteurs à travers le monde, page après page, et à chaque relecture, un plaisir et une joie profonde. Devenu un véritable mythe, le petit Gaulois fait aujourd’hui partie du patrimoine littéraire et artistique universel, et continuera longtemps encore de porter ses valeurs de tolérance et de résistance dans ses aventures. Au-delà de l’immense artiste qu’il était, nous perdons un homme d’exception, que chérissaient tous ceux qui avaient eu la chance de le rencontrer. Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches d’Albert Uderzo". Un hommage que lui rend aujourd’hui – crayon en main - notre dessinateur Jean-Jacques Beltramo. Et que partage la rédaction de La Principauté.

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Rédaction : “Le Beausoleil de Monaco” 6, bd de la Turbie 06240 Beausoleil Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 email : laprincipaute@yahoo.fr http://www.laprincipaute.net

Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker

Avec la collaboration de Lisa Arquette Amanda Coutelle Pierre Dévoluy Pascale Marcaggi Andrea Noviello Pierre-Alain Martini Alan Parker-Jones

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Direction Communication Claudia Albuquerque Thierry Carpico Murielle Gander Cransac Philippe Lombard

Projet graphique

GMA Studio Design

Relations Publiques Mary Coles

Promotion & Publicité Chantal Garry Dessinateur Jean-Jacques Beltramo Diffusion Monaco & PACA SEC Cour Anc. Gare SNCF

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☞ Monaco : L’Oscar 2020 du meilleur court-métrage a été présenté à la Mission Permanente de Monaco à l’ONU. Le film « Apprendre à faire du skateboard dans une zone de guerre (si vous êtes une fille) ». Réalisé par Carol Dysinger, le documentaire raconte l’histoire de jeunes filles afghanes qui apprennent à lire, à écrire et à faire du skateboard grâce au travail de l’ONG Skateistan à Kaboul, organisation, créée par Oliver Percovich en 2007, par ailleurs primée par Peace and Sport (meilleure ONG en 2009 et « image de l’année » en 2011) avant de recevoir le « World Award 2020 » du Comité International Olympique décerné dans le cadre des « Women and Sport Awards ». ☞ Monaco : Le Comité pour la promotion et la protection des droits des femmes a récemment inauguré, au Ministère d’Etat l’oeuvre photographique réalisée par l’artiste Anthony Alberti, allias Mr One Teas, dans le cadre de l’opération #8MarsMonaco qui symbolise l’égalité dans le monde du travail. La campagne met en avant 80 femmes et hommes, associés par binôme, qui exercent la même activité. Au total 40 métiers sont représentés pour montrer cette mixité à travers des professions dont certaines sont exercées traditionnellement par des hommes ou des femmes : conducteur de travaux, jardinier, chauffeur de car, sage-femme, éducateur de jeunes enfants… ☞ Monaco : « Chacun chez soi, mais tous ensemble ! » tel est le credo d’actualité de l’Orchestre Philharmonique en ces jours si difficiles à vivre. L’Orchestre propose de rester en contact par le biais de vidéos, qui seront diffusées sur ses réseaux sociaux. Message : « Les musiciens vont enchanter vos oreilles et réchauffer vos cœurs, sur des extraits de leur choix proposés régulièrement, jour après jour. En ouverture de cette belle initiative la première vidéo de la série « L'OPMC à la maison », était un extrait du Duo pour violons en mi mineur de Pleyel, magnifiquement interprété par nos violonistes Peter & Katalin Szüts. A suivre… ☞ Monaco : Les membres du Monaco Collectif Humanitaire ont tenu leur réunion annuelle mi-mars 2020. Depuis sa création en 2008, 428 enfants -provenant principalement du continent africain - ont été opérés de pathologies cardiaques et orthopédiques, à Monaco et Nice, et depuis l’an dernier au Mali. Sur les 36 enfants pris en charge durant l’année par le MCH, 10 l’ont été au Mali. En effet, 35 000 euros ont été alloués à la Chaîne de l’Espoir, partenaire du Collectif, afin de financer 10 opérations d’enfants au Centre Festoc de Bamako au sein de l’hôpital Mère-Enfant le Luxembourg. En savoir plus sur : https://www.facebook.com/monacocollectifhumanitaire/ ☞ Monaco : « Let’s PRAY ! » Tel est le message de l’équipe du Service des Jeunes du Diocèse de Monaco : Clotilde, Hilary, Damien et le Père Julien, qui propose un rendez-vous prière à vivre chez soi, mais en communion de coeur et d’esprit avec le plus grand nombre : « Nous publierons tous les soirs à 21h une intention, accompagnée d’un chant de louange que nous vous invitons à écouter. Pour vous y joindre, consulter le site internet du diocèse, rubrique « service des jeunes » : https://bit.ly/2xOkvul2). Vous abonner à nos réseauxsociaux: https://m.facebook.com/jeunesktosmc/Instagram: https://www. instagram.com/jeunesktosmc/?hl=frTwitter : https://mobile.twitter.

La photographie du mois

Impression Tipografia San Giuseppe Taggia (IM) N° de Commission Paritaire : 0522U81608

Copyright © 2020 Global Media Associates Sas - Piazza Caduti della Montagnola 48 - 00142 Rome

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© Photo Michael Alesi

☞ Monaco : « Afin de renforcer les mesures de de lutte contre le Covid-19, le Gouvernement Princier a souhaité que les espaces publics comme les trottoirs et les ascenseurs soient traités », a indiqué Marie-Pierre Gramaglia, Ministre de l’Équipement, de l’Environnement. La SMA a mis en place l’organisation du procédé : quais de la gare, ascenseurs er rampes, avec un bactéricide à la senteur de pin des landes… Un lancier accompagne la grosse arroseuse d’une capacité de 8000 litres. Pour les ascenseurs et rampes, les agents, munis du nécessaire, désinfectent manuellement les boutons et les rampes des escalators et les mains courantes des galeries piétonnes. Ces opérations mobilisent plus de 30 d’agents 7 jours sur 7.

C’était en 2017, pour le 37e album des aventures Astérix et Obelix (le 3e signé par le duo Ferri / Conrad) : Astérix et la Transitalique. Une course de chars à travers toute la péninsule opposant les valeureux gaulois à un méchant masqué du nom de… Coronavirus !


Les Twin Bottles au Yacht Club par Amanda Coutelle

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e projet des « Twin Bottles : message écologique dans une bouteille », est né de la rencontre entre le sculpteur Helidon Xhixha et le jeune photographe Giacomo Jack Braglia. Ensemble, ils ont eu l’idée originale de lancer sur les mers un message fort dénonçant la pollution des océans due, en grande partie, à la multiplication à l’infini de nos bouteilles plastique… L’installation a accosté en mer Méditerranée, dans le port de Monaco, face à son prestigieux Yacht Club… La première présentation de l’œuvre à eu lieu Venise, du 20 juillet au 1er septembre 2019, sur le Grand Canal…

g Les deux messagères écolos appelées à voyager… L’installation, spécialement conçue pour être exposée dans un milieu aquatique, peut voyager grâce à sa capacité d’adaptation à chaque lieu d’exposition, favorisant un échange qui a chaque fois, dans un nouveau paysage, crée une œuvre d’art renouvelant, dans un autre pays, son message symbolique…. Après Venise, Milan, où l’oeuvre fut présentée, du 16 au 15 décembre 2019, à l’occasion des résultats du 5ème Osservatorio nazionale sullo stile di vita sostenibile (Observatoire national des modes de vies durables), l’installation a accosté en mer Méditerranée, face au prestigieux Yacht Club de la Principauté de Monaco…* g Bio express de « Jack » Braglia… En 2019, du 11 mai au 24 novembre, « Jack » a présenté ses œuvres #MayYouLiveToHelpWalkers, à la 58e Biennale de Venise dans le pavillon de la République arabe syrienne dont, grâce à ses expériences de volontariat en Afrique, il s' est inspiré pour analyser les contrastes de notre époque, et en particulier, le

© Photo YCM

g La technique imaginée par les artistes : mixer l’acier à la photo 3D ! Pour donner corps à leur vision, les deux messagers ont imaginé l’alliance de leur techniques artistiques, façonner l’acier et la photographie 3D pour parvenir à réaliser une installation environnementale qui reproduit, à grande échelle, deux bouteilles écrasées flottant à la surface de l’eau, symboles de nos déchets abandonnés. La bouteille en acier inoxydable produisant un effet miroir, a été créée par le sculpteur Helidon Xhixha, l’autre, recouverte d’images parlantes de déchets plastiques, est l’œuvre du photographe suisse Giacomo Jack Braglia. Le projet est soutenu précisément par la Fondation Gabriele et Anna Braglia..

grand problème de l'émigration qui affecte de nombreuses régions du monde, l'Afrique, le Moyen-Orient et la Syrie en raison de la guerre. #MayYouLiveToHelpWalkers est un cri imaginaire pour faire comprendre au public la nécessité d'aider ces millions de « marcheurs » qui quittent leur pays d'origine, marchant vers des lieux où ils espèrent trouver un présent et un avenir meilleurs. En novembre 2019, Giacomo Jack Braglia a reçu les Visvamitra International Awards 2019, Award of Excellence in Arts, en Sicile, à Syracuse. * Les « Twin Bottles » devaient encadrer la 4ème Monaco Ocean Week prévue du 22 au 27 mars (annulée en raison de la pandémie, elle est reportée en 2021). La « Monaco Ocean Week est un événement placé sous l’égide de la Fondation Albert II, dédié à la protection de l’écosystème marin et au développement durable de l’économie bleue.

LE TRI EST UTILE Ce n’est pas bébé qui dira le contraire

LE RECYCLAGE DE SIX BOUTEILLES EN PLASTIQUE PERMET DE FABRIQUER UNE PELUCHE

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6x * Les bouteilles en plastique se jettent dans le bac jaune

= Source de la conversion :

Pouvez-vous imaginer un monde sans doudou ?

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ART & CULTURE

Confinés, redécouvrons le plaisir de la lecture ! par Viviane Le Ray

CULTURE

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lanées dans Le Figaro, rapportées par Philippe Tesson, les paroles de Julien Gracq : « Le livre ouvre un lointain à la vie que l’image envoûte et immobilise… » En préambule de cette page spéciale « Beaux livres », page habituellement dédiée à la présentation du programme du Théâtre Princesse Grace, une initiative bienvenue d’Antoine Gallimard : le célèbre éditeur propose chaque jour, sous l’appellation « Tracts de crise », des écrits courts et inédits d’auteurs de la Maison liés à la pénible circonstance qui est la nôtre… g Des écrits sous des angles variés : littéraires, sociétaux, philosophiques... Ces textes stimulants sont publiés au seul format numérique et envoyés automatiquement, et gratuitement. Ils peuvent être aussi téléchargés sur les sites des libraires. Régis Debray, Danièle Sallenave, Cynthia Fleury, Erri De Luca, René Frégni, et bien d’autres ont déjà confié leur texte. « Ces "Tracts de crise", ce difficile moment passé, seront réunis dans un livre imprimé », précise Antoine Gallimard. Page de présentation et d’inscription : https://tracts.gallimard.fr/fr/pages/tracts-de-crise g L’Histoire de l’art pour petits… et grands ! Un voyage à travers l'histoire de l'art pour les petits (mais pas seulement), à la découverte des vingt plus belles peintures du monde du XVème au XIXème siècle, grâce aux outils et aux jeux imaginés, on compare les chefs-d’œuvre d’une même époque ou d’un même artiste. Une expérience unique d’approche de l’art. Un bémol : un grand oublié Van Gogh ! L’auteur, Charlie Ayes, historienne d'art britannique (études aux instituts Courtauld et Sotheby's de Londres), a su mettre sa passion et ses connaissances à la portée, j’allais écrire au service, en particulier de la jeunesse, avec des mots simples à des années lumière de ceux des critiques intellos qui éloignent le grand public de l’art… De la même façon, on peut enrichir ses connaissances et son imagination en suivant Charlie Ayres dans son musée personnel : Le

Printemps de Botticelli, La Joconde ; on passe des Jeux d'enfants de Pieter Bruegel l'Ancien à Velasquez, de L'art de la peinture de Jan Vermeer, au romantisme de Caspar David Friedrich. (A partir de 6 ans). • « L’histoire des plus belles peintures du monde » - Charlie Ayres (Flammarion) g Les femmes et la lecture Des siècles durant, l’addiction des femmes à la lecture a été considérée comme une activité désordonnée, les incitant à négliger d'abord leurs tâches domestiques, puis leurs devoirs publics : c'était une activité immorale, impudique et dépravée. Les femmes qui lisaient, non seulement se mettaient en danger, mais elles étaient dangereuses. En réalité, par leur désir effréné de lecture, elles ont acquis une grande connaissance des hommes et une subtile intelligence de la vie. Paisible, dans un intérieur bourgeois, sous le pinceau de Gustave Caillebotte, solitaire dans l'entrée d'un hôtel, chez Edward Hopper, dénudée chez Félix Vallotton, la femme, un livre à la main, se pose en militante… La croqueuse des féministes actuelles en folie que je suis, a pris je l’avoue bien du plaisir à lire et regarder cet ouvrage ! De courtes notices accompagnent une sélection de peintures, dessins et photographies de lectrices de toutes conditions et époques. Les auteurs : Stefan Bollmann et Laure Adler, poursuivent leur l'exploration du thème de la lecture féminine, entreprise dans leur premier livre « Les Femmes qui lisent sont dangereuses » ! • « Les femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses » - Laure Adler/ Stephan Bullmann (Flammarion) g L’Académie Française comme vous ne l'avez jamais vue Voici dévoilées, transcrites et commentées une centaine de pièces manuscrites, choisies parmi une collection entièrement consacrée aux quelque sept cents Immortels ayant siégé à l’Académie française depuis sa fondation en 1635. Au fil des lettres se révèle une chronique vivante de la Compagnie, dans ses travaux quotidiens, son protocole,

LIVRE

La diplomatie et son dictionnaire

Solange Podell s’en est allée

S

olange Podell, la photographe bien connue sur Monaco pour ses portraits, vient de nous quitter. Elle laisse en héritage ses nombreux clichés, dont ceux de la famille princière. « Chère Solange, Au fil des ans, vous vous étiez faite discrète à Monaco. Et pourtant...quelle existence bien remplie vous avez eue. Mille vies devrait-on dire...Vous laissez dans votre sillage un doux parfum de nostalgie où s’entremêlent de fascinantes rencontres et expériences. De vos premiers pas de petit rat au Théâtre du Chatelet jusqu’au Rocher de Monaco où vous travaillerez en tant que photographe dans les années 70, à la demande de la Princesse Grace, bien de jolis moments jalonneront votre parcours. Enfant, à Paris, vous rêvez de danse, de chant et de cinéma. Vous n’avez que 13 ans quand, chaussée de vos ballerines, vous faites votre premier spectacle devant un public, en avant-première d’un récital de Maurice Chevalier. Vous foulez les pistes du Cirque d’Hiver Bouglione pour prendre quelques cours d’acrobaties auprès de Zavatta. Sur les bancs d’une école du spectacle, vous avez pour camarade Charles Aznavour, avec qui vous garderez une amitié, et dont vous croiserez le chemin, ici et là, au gré de ses spectacles. Vous vous produisez comme danseuse dans les salles prestigieuses de la capitale. Vous êtes recrutée pour faire partie de la troupe des Blubell Girls. Lors d’une tournée en Normandie, vous êtes arrêtée le 6 juin 1944 et on vous escorte jusqu’à la Kommandantur à Paris. Vos figurations dans quelques grands classiques du cinéma suffisent pour qu’un chasseur de talents vous remarque et vous envoie par delà les océans. Vous avez 20 ans et un gros studio Hollywoodien vous fait des œillades avec un contrat de sept ans. Rien ne se profilant à l’horizon de vos rêves, vous le rompez et décidez de traverser les Etats-Unis avec en point de mire : Broadway. Vous partagez une forte amitié avec un jeune homme qui commence à faire parler de lui sur les planches. Vous faites des balades, accrochée à lui derrière sa moto. ll deviendra une icône du cinéma. Il s’appelle Marlon Brando. Vous fréquentez un peu l’Actors Studio, travaillez sur Broadway et pour la chaîne de télévision CBS. Vous êtes témoin direct de la Révolution cubaine castriste de 1959. Votre passion pour la photo vous fera passer de l’autre côté de l’objectif. Parmi vos portraits les plus célèbres on peut citer Dali, Warhol et la Princesse Grace pour laquelle vous immortalisez ses retrouvailles avec Hitchcock lors du festival de Cannes en 1972. La rencontre avec la Princesse Grace propulsera votre carrière. Une proposition du palais changera votre destin ; vous vous installez dans la Principauté et devenez la photographe attitrée de l’Office du Tourisme de Monaco dans les années 70. Merci pour toutes vos heures passées à raconter vos jolies histoires qui ont permis à ma plume de noircir les pages de votre biographie (« Mademoiselle Trystram »)

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profession de diplomate, victime de tenaces, est mal connue. DaLnielaclichés Jouanneau en corrige l'image avec

© Photos DR

Cyriaque Griffon

g Le monde charmant de le mode « Tout sur la Mode, Panorama des mouvements et des chefsd’œuvre », nous entraîne du kimono japonais au sac Kelly de la maison Hermès, en passant par les perruques de Marie-Antoinette, le kilt, les tailleurs de Savile Row, le poncho, les robes du soir de Jeanne Lanvin, le sportswear, le glamour d'Hollywood des années 1930 ou les Sapeurs du Congo. Cet ouvrage indispensable et complet présente l'histoire passionnante de deux millénaires de la mode. Tous les mouvements clés de l'histoire de la mode sont passés au peigne fin… 150 pièces devenues des icones sont analysées. Plus de 1 600 illustrations sont commentées. Repères chronologiques. Biographie des couturiers. 90 entrées facilitées par thèmes, ainsi que 6 grandes sections chronologiques. • « Tout sur la Mode » - Marnie Fogg/Valérie Steele (Flammarion/ Beaux Livres) g Quelques paroles d’écrivains qui font du bien ! « Le seul moyen de supporter l'existence, c'est de s'étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle. Le vin de l'art cause une longue ivresse et il est inépuisable.» (Gustave Flaubert) - « Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie » (Montesquieu) - « Peut-être distinguera-t-on deux classes d'hommes, les uns formés par la télévision, les autres par la lecture » (Ernst Jünger) - « Une bibliothèque est comme une cave : un lieu de plaisir... » JeanClaude Carrère.

DISPARITION

Là-haut, nous vous laissons encore chausser vos ballerines et danser Cette fois-ci pour l’éternité, Solange, Avec ceux qui riment avec votre nom, Avec les anges.

ses traditions, comme au travers des crises et querelles qui ont marqué son existence. Dans l’intimité de ces manuscrits le lecteur se sent placé au plus près des mœurs, des préoccupations et des débats de la célèbre Compagnie, au cœur de ces réseaux qui, à chaque époque, se forment, rayonnent puis se distendent... Avec la participation (entre autres), de Pauline de Flers, Élisabeth Badinter, Gabriel de Broglie, Hélène Carrère d'Encausse, Alain Decaux, Florence Delay, Michel Déon, Jean Dutourd, Pierre Nora, René de Obaldia, Jean d'Ormesson, Yves Pouliquen, Pierre-Jean Rémy, Pierre Rosenberg, Jacques-Alain de Sédouy, Florence Terray et Jean-Claude Yon. • « L’Académie Française de 1635 à nos jours, au fil des Lettres » - Philippe de Flers/Thierry Bodin (Gallimard)

talent et un humour que l'on ne soupçonnait pas au « Département » comme les initiés désignent le Quai d'Orsay. L'ouvrage commence à A comme Alcôves (« diplomatie d'influence par le charme qui a toujours existé ») et s'achève à Z comme Zimbabwe, ancienne Rhodésie, premier poste du jeune chargé d'Affaire. Dans un monde toujours plus chaotique, aux acteurs imprévisibles et aux crises multiples, « les diplomates sont plus nécessaires que jamais pour permettre aux États de se comprendre et d’agir ensemble. ». L’ambassadeur représente son pays, le fait connaître et même aimer. Il informe « la Centrale », non sans faire part de ses propres convictions, et met en œuvre la politique de son gouvernement. Profession d'action, passionnante et quelques fois risquée – plusieurs ambassadeurs français ont été tués en poste –, elle laisse une réelle liberté à l'ambassadeur qui peut initier des projets locaux de son équipe. Mais « le Poste » est constamment menacé par la chasse aux budgets : « réduire effectifs et moyens d'une ambassade, c'est appauvrir le rayonnement de la France dans le monde ». L'ouvrage offre aussi une somme d'anecdotes et une galerie de portraits inédits ainsi qu'une description « amoureuse » d'implantations diplomatiques françaises exceptionnelles, comme le Palais Farnèse à Rome ou la Résidence des Pins à Beyrouth. (P.D.)

g Dictionnaire amoureux de la Diplomatie. Daniel Jouanneau. Plon. 900 pages. Prix: 28 €


Portrait d’artiste : Michèle Kleijnen

Effeuillage littéraire...

00 ans après la création de la « Bibliothèque Plon », la maison fait renaître sa collection de Livres de poche avec deux ouvrages dédiés aux Académiciens français : « Maurice Druon, mémoires » et « Joseph Kessel » raconté par Yves Courrière… Druon écrit dans l’avant-propos : « Suite profane d'une tradition sacrée, les « mémoires » sont le vêtement qui nous habillera sur notre lit de mort, le vernis de notre sarcophage. Le témoignage est l'acte terminal de notre mission, sa perfection au sens premier du terme (…) Aux lecteurs que j’aurai dans cent ans - sauf incendie total, il y en aura forcément quelquesuns -, ce que je vais conter paraîtra aussi lointain que semblaient aux hommes de mon temps les Lettres de Plie le Jeune, ou tels de ces ouvrages d’il y a deux millénaires dans lesquels nous avons apaisé notre curiosité du passé, et puisé quelques enseignements… ». Le romancier, l'homme politique, l’infatigable combattant pour la défense de la langue française, nous dit tout de sa jeunesse à la fin de la Seconde Guerre mondiale… Entre Druon : 675 pages et Kessel : 1475 pages, le confinement se fait soudain plus léger ! _____________________________________ « Maurice Druon, mémoires » / « Joseph Kessel » par Yves Courrière - (Plon/L’Abeille)

g V.L.R : Quelques mots sur votre démarche artistique ? M.K : Ma rencontre avec la peinture et l’expression du voyage se sont présentés à l’adolescence sur le bateau où je vivais en famille. Dans ma vie professionnelle, j’ai accommodé mes pinceaux vers d’autres horizons tout en conservant un espace de créativité pour mes besoins d’évasion. Un beau jour, je me suis sentie à l’étroit sur mes toiles et j’ai réalisé des mobiles, « sortir du cadre » s’est imposé. g V.L.R : Votre expérience personnelle au sein du Collectif « No Made » ? M.K : De merveilleuses rencontres avec une pléiade d’artistes, au fil des ans, le thème adopté s’accompagne de réflexions salutaires, globales, ouvertes en résonnance chez chacun en fonction de son regard, sa sensibilité, tout en y trouvant une parité spontanée. Des recettes il n’y en a visiblement pas, c’est un mélange de points de vue, d’alchimie, d’écologie relationnelle, de beaucoup travail et d’un zest de pensée magique… g V.L.R : La philosophie de votre « Spirale d’or », Villa Roc Fleuri,sur le thème : « Bâtir » ? M.K : Plusieurs pistes m’ont traversé l’esprit ; je souhaitais mettre à contribution la diversité des matériaux, mettre en lien, l’art, l’artisanat, l’art de l’architecture par les trois vertus exprimées par Vitruve (env.80 av. J.-C.) : « Solidité, Utilité, Beauté », concept qui inspira à Léonard de Vinci son « homme de Vitruve » (dessin env.1487). Au XXème siècle, Le Corbusier imaginera un système intégrant le nombre d’or, donnant ainsi naissance à « son Modulor ». C’est de manière artisanale, par les mesures, les matériaux et les gestes utilisés, que mon projet s’est bâti afin que les proportions soient en lien avec le nombre d’or. La structure en bois évoque un bâti vernaculaire dont la taille ellemême est calculée avec le nombre d’Or, omniprésent en art, en poésie, dans la musique, la nature, la science… * Du nom du botaniste, alors Directeur du Jardin Exotique / plus d'infos : https://arboretum-roure.org/art/

BEAU LIVRE

Les photos magiques de Périer

orsque je revois ces images, je réalise la chance qui fut la mienne…» «L Ce livre volumineux rassemble près de 400 clichés – dont 150 photos inédites - ; deux décennies de stars naissantes, devenues légendes, immortalisées par le photographe de « Salut les copains »… SLC comme on disait à l’époque entre copains ! g Un témoignage fort en images et en textes

Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, Françoise Hardy ou encore les Beatles ou Marianne Faithfull, Mick Jagger et les Rolling Stones, Monsieur Eddy (Mitchell), Antoine, Cloclo, James Brown ou Bob Dylan…Autant d’images en N&B ou en couleurs que le photographe commente. Un témoignage souvent amusant, sur cette génération qu’il a connue et côtoyée. Ainsi Chuck Berry : « Le journal avait obtenu que je parte en tournée avec Chuck Berry. Les conditions étaient assez spéciales car il était plutôt prés de ses sous, aussi voyageait il seul sans manager ni musicien. Je traversai donc le sud des Etats-Unis avec lui dans sa Thunderbird décapotable passant de la Georgie à la Louisiane sous un soleil de plomb. Arrivé en ville, il allait dans les bars ou dans une université pour se trouver des musiciens…. » ! g Le soir où Johnny est mort pour de… faux ! Ou encore une folle cavalcade avec « Jojo » ; « 1967. Johnny n’a pas fermé l’œil depuis 48 heures dans les boîtes de la région. Ce soir là on est à Juan-lesPins. Lorsqu’il sort de scène, les cheveux blonds plaqués sur son visage par la sueur, il entre dans sa loge et me dit : Viens, on va à Bayonne…. 800 kilomètres de virages !... Il faut voir le spectacle d’une Lamborghini Miura lancée à 180 lors d’une nuit de retour de vacances (1er septembre). A cette vitesse, cela frise l’attraction de la foire du Trône. .. Johnny n’en a cure, les maxillaires bloqués, comme son pied sur l’accélérateur, sa tête est déjà à Bayonne, son cœur est à Sylvie et sa mort à James Dean. Quant à mes miches…elles sont bien là et elles n’en mènent pas large ». La course s’achèvera au petit matin à 140 contre un tronc d’arbre. Johnny n’a rien, Jean-Marie Périer est légèrement blessé. Le soir Johnny est sur scène. Un livre pour le plaisir… (P.Y.R.) g 1960-1970" Jean-Marie Périer. Auteur (textes et photos): Jean-Marie Périer. Préface de Patrick Modiano. Editions : Loin de Paris / Privat. 416 pages. Prix public: 39,90 euros

© Photo YCM

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g L’esprit du groupe « no-made », créé en 2003 par Denis Gibelin L’esprit « no-made » se caractérise par sa relation à la nature : les œuvres lui sont confiées afin qu’Elle les re-sculpte avec le vent, la pluie, la neige, le soleil. Comme à l’Arboretum de Roure, Marcel Kroenlein*, le seul d’altitude d’Europe lié à l’Art… La co-fondatrice, Michèle Ramin, a passé le relais à Jean Mus élu président…

Le Ray

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par Viviane Le Ray

utodidacte, Michèle Kleijnen, encore enfant, est emportée dans le tourbillon de parents Peace and Love à bord d’un voilier « Baltic Trader ». Du Maroc aux Antilles voguant d’île en île, livrée à ellemême, à l’école de la vie… Elle aurait pu écrire comme tant de bourlingueurs… Elle va peindre ce qu’elle voit : le moteur du bateau qui l’intrigue, puis ses rêves d’adolescente… Une peinture inspirée des naïfs croisés au Mexique, à Saint-Domingue, au Cap Haïtien. Loin des îles, l’artiste célèbre toujours la nature en explosions de couleurs et de formes. Ironie du destin, nomade dans l’âme, elle fait partie du Collectif « no made » !

par Viviane

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enry James, a durant toute sa vie voyagé en Europe comme dans son pays natal, avec le désir de noter tout ce qui pouvait alimenter ses sensations, son inspiration. Il a rassemblé ses notes dans de mémorables essais et récits de voyage. Voyages d'une vie réunit trois grands volumes : Heures anglaises (1905), Heures italiennes (1909) et La Scène américaine (1907). Heures anglaises et Heures italiennes, des recueils de textes écrits avec des variations d'humeur qui en font tout le charme ! La Scène américaine est le fruit d'un périple en Amérique, à partir d'août 1904 après 20 ans d’absence d'absence. James avait quitté un New York provincial. Il découvre le surgissement des gratte-ciel, les flots d'immigrés, les constitutions de fortunes, bref, l'explosion du XXe siècle et les prémices de la future domination planétaire des ÉtatsUnis… Un récit prémonitoire et intemporel… _____________________________________ « Voyages d’une vie » - Henry James – (R. Laffont/ Collection Bouquins)

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e bonheur en littérature ne consiste pas à gagner du temps pour aller à l’essentiel mais à perdre du temps pour parvenir à l’inessentiel. Autrement dit, à accepter d’être pris par surprise pour découvrir précisément ce que je n’avais jamais recherché » : Frédéric Vitoux nous offre des éclats de vie, tristes ou joyeux, qui surgissent sans être convoqués… Chaque court chapitre ouvre une fenêtre: Vittorio Gassman racontant qu’une miette de pain collée à la lèvre d’une jeune femme a sonné le glas de leur liaison inspire à l’auteur une réflexion sur la fin de l’amour… Une phrase prononcée par Ginger Rogers dans le film La fille de la 5ème avenue « les riches sont juste des pauvres avec de l’argent », le rôle qu’a joué l’opus III de Beethoven dans l’éveil à la musique de l’Académicien, tel tableau de Goya dans son éveil à la peinture, son expérience en usine, sa découverte des livres et des écrivains, constituent quelques-uns des fleurons de ces éclats de vie… _____________________________________ « Longtemps, j’ai donné raison à Ginger Rogers » Frédéric Vitoux - (Grasset)

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epuis toujours, Didier Blonde collectionne dans un carnet les adresses et numéros de téléphone des personnages de romans qu'il croise au fil de ses lectures. Ce livre les rassemble par ordre alphabétique (Mme Arnoux, la Dame aux camélias, Arsène Lupin, le commissaire Maigret, Nana, Swann... ). Dans un parcours « à la Modiano » nous découvrons où ils résident, transitent, se cachent, ou finissent leurs jours… L’auteur a mené une enquête de terrain et dans les archives, qui permet d'interroger la part de fiction que revêtent ces lieux : numéros inexistants, immeubles détruits, rues fictives ou disparues. Des index par arrondissements et par rues cartographient ce Paris romanesque… _____________________________________ « Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature » - Didier Blonde – (L’Arbalète/ Gallimard)

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AUTOUR DE MONACO CONFERENCE • A la Maison des Océans, Jean-Louis Etienne, Alexis Jenni et Robert Calcagno ont débattu sur un sujet assez spécial spécial

Là où les arbres ne cachent pas la forêt... par Pascale Marcaggi

EVENEMENTS

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g Une affinité entre deux hommes... A l’affiche de cette soirée délibérément littéraire – une première également -, Jean-Louis Etienne, autant délicieusement accessible que mondialement connu, et Alexis Jenni, le Prix Goncourt 2011 dont la biographie de John Muir est un pur régal. Mais l’auteur de ces arbres plantés à la Maison des océans est d’abord Robert Calcagno, le directeur général et porte-parole de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco (autrement-dit Musée océanographique de Monaco et de la Maison des océans, à Paris) : « j’ai une affinité personnelle avec Frédérik Paulsen. » Et de préciser la nature de cette affinité : « pour lui, il n’y a pas que les affaires ». Il est vrai que l’industriel pharmaceutique a sa rushbod : en 2013, il avait réalisé une première, atteindre les huit pôles de la planète (lire Voyage au bout du froid : Les 8 pôles, de Frederik Paulsen). De cette affinité entre les deux hommes, s’est tissé le lien entre la Maison des océans et les éditions Paulsen. Aujourd’hui, il paraît frappé au coin du bon sens. g Jean-Louis Etienne, l'arbre et le gîte et le couvert de la biodiversité Ce soir-là, Jean-Louis Etienne, auteur d’Aux arbres citoyens – Renouer avec l’écosystème Terre (éditions Paulsen, 17 octobre 2019) a, une fois de plus, décomplexé le public en mettant son érudition à la portée de tout le monde. Et en rappelant son parcours non linéaire : champion des chemins de traverse, le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire et en tirant lui-même son traîneau pendant 63 jours, a été tourneur-fraiseur et médecin, cette dernière formation lui ayant été idéale pour savoir se servir de ses dix doigts : véridique, une urgence « mains » arrivée à l’hôpiENVIRONNEMENT

Pollution plastique : il y a urgence

lus de la moitié de tous les plastiques du monde entier ont été fabriqués P depuis l'année 2000, et 10% seulement

des 9,2 milliards de tonnes de matières plastiques produites depuis 1950 ont été recyclées, révèle un rapport* publié par trois associations. Le document suggère d'agir à la source et de réduire de beaucoup le plastique produit. Une découverte réalisée à 9000 mètres de profondeur illustre dramatiquement ce rapport. g Une nouvelle espèce de crustacé contaminée par le plastique avant même d'être découverte ! Une nouvelle espèce d’amphipode, un crustacé de la taille d’environ un centimètre, a été découverte dans les profondeurs de la Fosse des Mariannes déjà contaminée par le plastique. C’est ce que révèle une nouvelle recherche de l'Université de Newcastle, soutenue par le WWF et publiée dans la célèbre revue scientifique Zootaxa le jeudi 5 mars. Les chercheurs ont ainsi choisi de nommer officiellement ce petit crustacé "Eurythenes Plasticus", en référence au plastique qui le contamine.

g Une première inquiétante « Cette nouvelle espèce d’amphipode des grands fonds a été trouvée dans la fosse des Mariannes de l'océan Pacifique, entre le Japon et les Philippines, l'un des endroits les plus profonds au monde, contaminée par du polyéthylène téréphtalate (PET), une substance que l'on trouve dans divers articles ménagers d'usage courant tels que les bouteilles d'eau ou les vêtements de sport. En nous révélant que des espèces qui vivent dans les endroits les plus reculés de la planète ont déjà ingéré du plastique avant même que l'humanité ne les découvre, cette recherche illustre pleinement l’ampleur et la gravité de la pollution plastique dans le monde. Il y a beaucoup de nouvelles espèces que l’on trouvera et que l’on décrira, dans les océans, qui seront contaminées, malheureusement », déplore Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF. * "L'Atlas du plastique", document didactique et bien documenté, compilé par trois associations, la Fondation Heinrich Böll, proche des Verts allemands, le think tank La Fabrique écologique et la plateforme Break free from plastic

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tal un mois de juillet, en a même été le déclic. L’arbre ? « C’est tout de même assez génial, de se nourrir les pieds dans l’eau et la tête au soleil ». Mais le carbone ? Quand vous achetez une planche chez Castorama, on vous vend 50% de carbone ». En somme, on se fait avoir, « sauf que 50% des troncs d’arbres sont constitués de cet atome que nous diabolisons ». Quant à la couleur verte des feuilles des arbres, «c’est parce que l’eau est bleue… ». Jean-Louis Etienne, ce sont la modestie et l’humour faites homme. Une vie extraordinaire, qui fait envie. Et qu’il raconte dans ce dernier ouvrage, écrit depuis la cabane qu’il s’est construit dans le Tarn. g Alexis Jenni, «à côté de John Muir, je ne suis qu’un promeneur » Quant à John Muir, la phrase était de lui : « J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond » éditions Paulsen, 16 janvier 2020). Elle résume si bien sa vie, que l’écrivain Alexis Jenni l’a choisie pour signer la biographie documentée qui se lit comme un roman, de ce personnage insolite et attachant. Imaginez votre père, vous signaler un soir : « pas la peine de faire vos devoirs, demain, on part en Amérique. » Le papa en question n’est pas rigolo. Sur le bateau de la traversée, il se renseigne vaguement sur quel coin de l’Amérique planter la tente qu’il n’a même pas. Et voilà son fiston, John Muir, vivre à onze ans « la petite maison dans la prairie », version « camp de travail ». C’est fou, ce que ce gamin aura enduré. La nuit, dans un froid glacial, il construit pourtant en cachette, des machines entièrement en bois, à l’aide de bouts de bois taillés à l’opinel : «sa machine à donner l’heure et à se lever tôt » (une horloge au mécanisme entièrement en bois) lui sera son sésame. Montrée à Wisconsin, elle lui offrira l’accès à l’université, lui qui ne lisait plus. Savait–il encore ? Evidemment. Façon Jean-Louis Etienne, qui trouve que médecine, c’est bien pour apprendre à se servir de ses dix doigts, l’ingéniosité de John Muir pour la technicité lui crée le déclic : c’est la nature, qu’il faut aller voir. Et nous ? Ce soir-là, tout le monde avait envie de rester, de garder une partie de rêve au fond de sa poche. Avoir, aussi, un rêve à soi. C’est aussi cela, qu’ont réussi Robert Calcagno et les éditions Paulsen : personne n’a reçu de leçon sur l’environnement tel un coup de règle sur les doigts, mais retrouvé l’envie. On l’a bien compris, entre la rue Saint-Jacques et le boulevard Saint-Germain, se construit la visionnaire bibliothèque des Jules Verne du XXIe siècle. Au fait, seulement des hommes dans cette histoire ? Pas du tout, car l’âme de cette bibliothèque s’appelle Isabelle Parent, la directrice des éditions Paulsen, qui crée littéralement le lien entre les auteurs et leurs sujets, l’un et l’autre incarnant la place urgente pour l’aventure dans ce monde, celle de croire que celui-ci n’est absolument pas fini.

© Photos IOP

rès jolie première, à la Maison des océans à Paris le 5 février dernier : sous le porche en fer forgé à l’effigie d’un poulpe et pour la première fois depuis 1906, le public toujours enclin par affection à l’appeler l’Institut océanographique de Paris, se pressait ce soir-là, pour entendre parler… des arbres !


SPORT & LOISIRS COVID19 • Tout comme les Jeux Olympiques au Japon, la totalité des disciplines ont été contraintes de suspendre partout leurs activités

Tout le sport mondial à l'arrêt par Pierre-Yves Reichenecker

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g A fur et à mesure, ils ont dû céder à l'évidence... Première sportive. Le monde du sport est à l’arrêt. Tous les sports. Partout. Les championnats de foot sont suspendus en attendant une date… à définir. Quelques tentatives de matches joués à huis clos ont déclenché des polémiques. Des joueurs en chômage partiel ! Des salaires à la baisse ! Du jamais vu. Et l’EURO 2020 est reporté à l’été prochain. Dates provisoires 11 juin au 11 juillet 2021. Quant au format, impliquant des matchs dans 12 pays différents, l'UEFA souhaite le conserver. Comme l'UEFA, la confédération sud-américaine a décidé de décaler d'un an l'organisation de la Copa America qui se déroulera en Argentine et en Colombie. En basket, le championnat professionnel NBA nord-américain de basket a été suspendu. Les compétitions de l'Euroleague et de l'Eurocup ont été suspendues également. Rugby : quatre matches du Tournoi des Six Nations ont été reportés en octobre, dont un France-Irlande. Le championnat de France est suspendu. Tennis : Les organisateurs de Roland-Garros ont annoncé le 17 mars le report du tournoi du Grand Chelem du 20 septembre au 4 octobre. Le Tournoi de Monte-Carlo est annulé. La phase finale de la Fed Cup prévue en avril a été reportée. Tous les matches ATP et WTA ont par ailleurs été suspendus jusqu'au 7 juin. g Deux et quatre roues au garage. Et le Tour de France ? Les sports mécaniques ne sont pas épargnés. Epreuves reportées ou annulées du championnat du monde moto. En Rallies, les annulations se succèdent. Les 24

© Photo http://bulletinf1.com

SPORT

remière historique. Les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 sont reportés. A 2021 – sans doute en été – mais s’appelleront toujours Jeux Olympiques 2020. Comme parfois à l’ONU, on arrête les pendules. Le gouvernement japonais a tenu aussi longtemps que possible, avant de prendre ou d’accepter cette décision devenue inévitable. Le monde du Covid est à l’image de ce virus : impitoyable. C’était la décision la plus sage, la plus raisonnable. Comment maintenir les jeux sans garantie sanitaire absolue ? Comment faire participer des athlètes peu ou mal entrainés puisque confinés ? Comment auraient-ils pu aller à Tokyo, sauter plus haut, courir plus vite, lancer plus loin ? « Et là j’aurai le temps de me préparer. C’est une bonne chose ». C’est Teddy qui l’a dit. Et la mascotte des Jeux, Miraitowa reste souriante. Contre mauvaise fortune… garder bonne figure (tradition nippone). Coubertin aurait pu le dire.

Heures du Mans ont été reportés aux 19-20 septembre. La saison 2020 de Formule 1 n’a pas commencée. Déjà 8 Grands-Prix reportés… ou annulé comme celui de Monaco. Le circuit de la Principauté n’est pas permanent. Il se monte et démonte chaque année. Deux mois de travaux. L’ACM a commencé la mise en place puis a du renoncer. Les patrons de la F1 espèrent rajouter quelques épreuves en août et décembre. Et peut être essayer des GP sur 2 jours. L’idée n’est pas neuve. On pourrait comme cela organiser plus de courses dans l’année ! Reste pour l’instant (jusqu’à quand ?) une incertitude. Elle concerne le Tour de France cycliste. Pourra- t-il se tenir en juillet comme prévu ? Rien n’est moins sûr. Le Paris-Nice s'est achevé un jour plus tôt après l'annulation de la huitième étape le 13 mars. Le Giro italien, dont le départ était programmé à Budapest le 9 mai, a été reporté. Toutes les courses cyclistes prévues jusqu'à fin avril en France et en Espagne ont d'ores et déjà été annulées. Volley, ski, hand-ball, Hockey etc... tous les sports sont impactés. Et l’avenir dépend de la pandémie. Et de ce Covid impitoyable. En paraphrasant une célèbre série de la télé, on oserait même dire : "Covid : ton univers impitoyable…"

WORLD ATHLETICS

Les athlètes approuvent le report des JO

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a Commission des athlètes de World Athletics, la Federation mondial de l'athlétisme - dont le siège principal est installé en Principauté de Monaco depuis 1993 - se félicite de la décision du gouvernement japonais et du CIO de reporter à 2021 les Jeux olympiques de Tokyo. Dans un communiqué diffusé au lendemain de l'officialisation de cette décision, les représentants des athlètes expriment l'appréciation por cette choix pars que "apporte non seulement la clarté que les athlètes recherchaient en ces temps difficiles, mais qu’elle leur permet également de se concentrer sur le fait de rester en bonne santé et de contribuer à la lutte contre cette crise sanitaire mondiale sans précédent. Nous comprenons que de nombreuses questions restent sans réponse. C’est pourquoi, à mesure que nous avancerons, nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec World Athletics et d’autres groupes d’athlètes de notre sport pour apporter des réponses à ces questions. À cette fin, nous avons commencé à travailler avec World Athletics pour explorer la possibilité d’offrir aux athlètes des opportunités de compétition cette année, à condition qu’ils puissent le faire en toute sécurité. En outre, nous espérons participer au processus actuel de révision du système de qualification pour les Jeux olympiques et nous veillerons à ce que les préoccupations des athlètes soient prises en considération avant que toute modification de ce système ne soit mise en œuvre. Pour l’instant, nous demandons aux athlètes de suivre les recommandations de leur gouvernement et des autorités sanitaires en restant chez eux et en respectant la distanciation sociale pour préserver la santé de leur entourage. Ensemble, nous pouvons faire partie de la solution et, le moment venu, grâce à l’athlétisme, être la source d’inspiration dont notre monde aura besoin. À tous les athlètes, nous vous encourageons à nous contacter si vous avez des questions ou des préoccupations. Nous sommes à votre écoute.Nous espérons vous voir bientôt sur les pistes. Prenez soin de vous, restez chez vous."

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