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LaPrincipauté €2

Le premier journal d'actualité de Monaco

Année XXI • Numéro 195 • Mensuel édité par Global Media Associates Sas • Gérant de la publication Roberto Volponi • Rédaction et administration : “ Le Beausoleil de Monaco ” 6, Boulevard de la Turbie 06240 Beausoleil • Tél. : +33 09.50.79.90.84 • Fax (+33) 09.55.79.90.84 • Siège Social : Piazza Caduti della Montagnola 48 00142 Rome • Tél./Fax (+39) 06.23.31.52.15 • Bureau de Milan : Tél./Fax (+39) 02.70.03.01.42

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Juin 2020

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Dossier Spécial

P h o t o © C o m m u n i c a t i o n PA C A

Une reprise sur fond de crise

Pierre Dartout, Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Un Ministre d'Etat

pour gros temps 2020 1 8 ☞  FINANCE FINANCE • LES STRATÉGIES D'INVESTISSEMENT "ESG" GÉNÈRENT-ELLESN° 195 DE• Juin L’ALPHA ? • PAGE


DOSSIER SPECIAL

Un retour à la vie normale

La prospérité de Monaco lui a permis de faire face aux conséquences inévitables du c

DOSSIER

D

epuis quelques jours, Monaco a retrouvé une partie de son attractivité. Après la reprise des commerces, c’est celle du tourisme local, des bars et restaurants, en attendant la plage. On sent bien dans l’air ce parfum si particulier de beaux jours pas comme les autres, entre impatience et prudence. Impatience de la fin de l’épidémie pour un retour à une vie normale. Prudence face à ce qui reste dans l’air. La prudence, on la voit dans la fréquentation des commerces, les masques et les distances. On la verra encore tout l’été, même si la situation continue à s’améliorer. Se souhaiter les meilleures vacances possibles dans le moins pire des mondes probables, c’est le vœu de l’été 2020.

g Derrière le ciel bleu, les nuages... On ne partira pas, pour ceux qui pourront partir, avec l’esprit totalement tranquille. Il ne faudra pas en tout cas se cacher la tête dans le sable de la plage et pratiquer en plein soleil la politique de l’autruche. Car tout le monde le sait, même dans un ciel pur l’avenir amènera des nuages et du gros temps. Sans doute pas un nouveau gros temps sanitaire, même si personne n’en est absolument certain, mais un

L'EDITORIAL

A

par Roberto Volponi

© Photo DF

par Patrice Zehr

gros temps économique et social, ça tout le monde en est sûr. C’est pourquoi notre dossier n’est pas axé sur les plaisirs du déconfinement estival, mais sur les problématiques de la reprise qui n’évitera pas la crise. La prospérité de Monaco lui a permis de faire face aux conséquences économiques du confinement. En a-t-on fait assez ? Fallait-il en faire plus, plus longtemps, différemment ? Nous avons posé la question à des acteurs importants de notre vie économique. Mais nous avons aussi voulu savoir comment ils voyaient la suite, s’ils étaient confiants ou inquiets. Ce qui est sûr, c’est que la crise sociale conséquence de l’inévitable crise économique, est certaine. Elle est certaine en France, en Italie et au moins dans toute l’Europe du sud, plus touchée que celle du nord ou de l’est. Monaco ne sera pas épargnée par la récession qui vient. « C’est une crise sans précédent, et surtout, sans réel point de comparaison, estime Jean Castellini, conseillerministre des finances. Il y a eu des crises économiques dans le passé. Celle des subprimes en 2008, mais aussi la crise monétaire de la zone euro dans les années 2010/2011. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un évènement que certains considèrent dans la catégorie des “cygnes noirs”, c’est-à-dire sans réel point de comparaison ». Le déficit budgétaire de l’État a été estimé à 477 millions d’euros en 2020.

g Se préparer à la suite Il faut se préparer à la suite. Tout faire pour que la crise sanitaire puis économique, ne se transforme en catastrophe sociale avec des entreprises en faillites et des licenciements en série. Certaines de nos spécificités nous protègent, d’autres qui étaient des atouts nous

Une paix sociale indispensable pour la reprise

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N° 195 • Juin 2020

© Photo DR

près le début du déconfinement, et au moment d'une ouverture progressive, actuellement en cours, on peut déjà dresser un premier bilan de cette crise de la Covid-19. Sur le plan strictement sanitaire, la situation à Monaco - qui n'a jamais été veritablement inquietante - semble être désormais globalement sous contrôle. Les cas positifs confirmés s’avèrent aujourd'hui être extrêmement sporadiques et le décompte total n’a pas passé la barre psychologique des deux chiffres. La distribution des masques à l’ensemble de la population, grâce à une collaboration retrouvée entre le gouvernement et un Conseil national très actif, tout comme le dépistage sérologique massif – couplés avec toutes les mesures d’hygiène et de distanciation sociale – semblent pouvoir assurer un niveau de sécurité satisfaisante, en vue d’une reprise qui se veut toutefois toujours prudente. Difficile de faire plus, si on ne veut pas rester confinés à outrance, en attente d’une disparition totale du virus qui pour l’heure ne semble pas imminente. Peut-être recommander l’utilisation d’une application de traçage sur la base de volontariat, à l’exemple du pays voisin, ou adopter le sien propre ? Entre temps, on ne peut que rester très vigilants et attentifs à l’évolution de la situation. Reste à voir l’impact suite à la reprise des activités plus à risque, tout d’abord bars et restaurants, et puis plus particulièrement celles liées au tourisme international. Sur le plan politique, la création d’un comité mixte gouvernement-Conseil national - pour faire face à cette crise sanitaire - a sans doute fait preuve d’efficacité dans une situation d’urgence extrême. Les hésitations initiales du gouvernement se sont rapidement dissipées grâce à la pression constante, mais toujours constructive des élus. Une expérience qui a porté ses fruits et qui - on le souhaite - devrait se reproduire sur des grands thèmes d’intérêt national, dans un esprit de loyale concertation, sans pour autant être taxée d’être une sorte de cogestion cachée. L’arrivée annoncée pour le mois de septembre du nouveau Ministre d’Etat (voir page 6) aura comme effet inévitable de limiter l’action de perspectives à long terme du gouvernement, qui devra forcément se limiter à gérer la suite de la crise sanitaire jusqu’à la fin de l’été. En conséquence de ce changement, on peut s’attendre à un remaniement consistant des membres de l’Exécutif, comme c’est d’usage dans une telle situation, et peut-être aussi à des changements importants au sein des autres institutions non électives. Enfin, c’est surtout sur le plan économique et ses répercussions sur le plan social que se porte l’attention majeure, car la reprise s’annonce difficile pour la plupart des activités, d’autant plus que certaines d’entre elles ne pourront pas encore redémarrer et devront donc demeurer inactives. Le tsunami Covid-19 a laissé ses traces destructrices presque partout en Europe et sur la planète entière, mais Monaco a su faire face à la crise beaucoup mieux qu’ailleurs, et ce en ayant recours seulement à ses propres ressources, grâce notamment au Fonds de Réserve Constitutionnel. Mais malgré les efforts communs du gouvernement et du Conseil national, la Principauté n’a pas pu remédier à tous les dégâts provoqués par l’inévitable crise économique et l'inquiétude sociale qui en résulte. La priorité numéro un à Monaco a porté sur la sauvegarde de l’emploi. Le but serait d’éviter qu’une seule personne puisse perdre son travail. Néanmoins, la décision du président de la Fédération patronale de dénoncer devant le Tribunal Suprême la loi votée - en pleine crise - sur l’interdiction des licenciements injustifiés et l’obligation du télétravail pendant la période d’urgence sanitaire, ne semble pas seulement inopportune dans son timing, mais aussi anachronique. Quand toutes les libertés ont été réduites pour protéger la santé publique, la liberté des entrepreneurs de licencier sans raison, ne semble pas du tout prioritaire…


LES INQUIETUDES DE LA REPRISE

le sur fond de crise économique

confinement. Maintenant, il faut éviter que le tsunami sanitaire puisse se transformer en catastrophe sociale INTERVIEW

PHILIPPE ORTELLI *

fragilisent. On pense au tourisme, à la culture, à l’événementiel, mais aussi aux perspectives d’investissements. Dans un monde où plus rien n’est sûr, la sécurité sera l’exception. La sécurité institutionnelle va rester indiscutable à Monaco, alors qu’à la fin des vacances le pays aura un nouveau Ministre d’Etat et un gouvernement sans doute remanié pour faire face au nouveau contexte. Car tout ne reprendra pas comme avant. Notre bassin d’emploi ne pourra éviter de se contracter et de limiter peut être l’appoint si importants des pendulaires. Il y aura diminution des embauches et forcément des plans de départ volontaire, sinon des licenciements secs. Reste à en connaitre le nombre, de quelques centaines à plusieurs milliers, ce ne sera pas la même chose. L’augmentation du nombre des salariés ne pourra se poursuivre en tout cas comme les années précédentes et cela aura des conséquences. g Sauver notre modèle social Notre modèle social sera véritablement à l’épreuve. Le Prince aura besoin pour faire face de la disponibilité et de l’efficacité de tous. Il lui faudra du solide et de l’innovant. Contre la crise imprévisible, mais inévitable, Monaco va jouer la carte de l’innovation. La Principauté a pris la bonne direction environnementale et numérique. Nous avons déjà mis les pieds hier dans le monde de demain, nous avons commencé à faire ce que tout le monde fera. Ce que tout le monde devra faire. Encore faudra t-il que ce soit possible économiquement et socialement. C’est pourquoi cet été, il est interdit de bronzer idiot, même si ça fait plus envie que jamais...

g Mr Ortelli, la FEDEM vient de prendre une décision spectaculaire. Vous avez décidé d’attaquer en justice la légalité de la loi 1488 sur la limitation du droit de licencier et l’obligation du télé travail pendant cette crise. Pourquoi ? Philippe Ortelli : "Notre objectif est d’aider les entreprises à résister au mieux à la crise post-confinement qui risque d’être particulièrement difficile, afin de limiter au maximum la “casse sociale” que beaucoup craignent. Cette loi vient interdire aux entreprises d’adapter leur masse salariale à la situation du marché : tout licenciement est interdit, dès lors qu’il est en lien avec la crise née du confinement. Cela signifie concrètement qu’une entreprise qui aurait perdu la moitié de son chiffre d’affaires ne pourrait pas réduire son personnel pour survivre, mais devrait attendre le dépôt de bilan, et donc licencier tout son personnel. C’est absurde. Plus fondamentalement, le simple fait de devoir soumettre un licenciement, qui est un acte important de gestion d’une entreprise, à autorisation administrative, est une atteinte fondamentale à la liberté d’entreprendre. C’est en effet l’entrepreneur qui, pour rappel, à Monaco est aussi le plus souvent l’actionnaire de l’entreprise, est à même de juger des meilleures décisions à prendre pour que son entreprise puisse s’épanouir et recruter. Cela a été constaté dans tous les pays au cours de l’Histoire : l’économie dirigée ne mène qu’à la ruine, alors que la liberté permet le développement de la richesse profitable à tous. Dire que cette loi protège les salariés du licenciement est donc un mensonge : elle ne va faire au contraire que fragiliser l’économie monégasque, et augmenter le nombre de salariés licenciés. Heureusement, la liberté d’entreprendre est garantie par la Constitution, et c’est elle qui a permis la réussite de notre pays, et le financement de notre système social très généreux. Il est vital de la protéger, d’où notre action auprès du Tribunal Suprême. Cette décision a été prise à une très grande majorité des membres du Bureau Fédéral et bénéficie du soutien des Présidents de syndicats professionnels. L’obligation de télétravail dès que le poste le permet est une atteinte au droit des salariés. Le télétravail a en effet été une solution efficace pendant la crise du confinement, mais il faut bien se rappeler qu’il n’est pas adapté à tous les salariés. Il n’y a pas que le poste qui compte, l’humain aussi ! Les études ont notamment montré que certains ne parviennent plus à séparer vie professionnelle et vie privée, au risque de burn-out, et le télétravail empêche les discussions informelles, de “machine à café”, qui sont si importantes pour la création de l’esprit d’entreprise. Nous sommes donc pour le développement du télétravail, avec la simplification des procédures, mais dans le respect des besoins de chacun. Obliger tout le monde à télétravailler dès que c’est physiquement possible, et même si ce n’est psychologiquement pas adapté, comme cette loi l’impose, est une atteinte aux droits des salariés. Au travers de cette requête, nous intervenons aussi sur ce point. De plus, les amendes pénales prévues dans la loi nous paraissent totalement disproportionnées par rapport à la faute. Il faut raison garder."

© Photo Iulian Giurca / Caroli Media

"Une atteinte à la libertè d'entreprendre"

g Comment jugez-vous l’aide gouvernementale aux entreprises, faut-il faire plus et plus longtemps ? PO : "La FEDEM a été associée à la mise en place de ces aides, notamment le Chômage Total Temporaire Renforcé (CTTR), mais pas seulement, et les a soutenues : elles ont certainement sauvé de nombreuses entreprises, et de nombreux salariés. Mais elles ont aussi un coût qu’il faudra payer : elles viendront réduire notre capacité future à créer de la richesse, c’est-à-dire à améliorer la vie de tout le monde, résidents et salariés. Il faut donc trouver un équilibre. Arrêter brutalement ces aides ne nous paraît pas pertinent : toutes les entreprises n’ont pas pu recommencer à travailler, et beaucoup de celles qui l’ont pu sont toujours en activité réduite, que ce soit pour des raisons légales ou simplement commerciales, les carnets de commande étant souvent vides. L’équilibre requis pourrait venir d’une personnalisation de ces aides : les réduire progressivement pour les secteurs qui parviennent à remonter, afin de pouvoir continuer de soutenir les entreprises en difficulté sans trop mettre en péril notre avenir." g Comment voyez-vous l’avenir de la reprise êtes-vous plutôt confiant dans un rebond économique ou plutôt inquiet sur la situation de nombreuses entreprises monégasques ? PO : "Ce confinement généralisé à près de la moitié de la planète a été unique dans l’Histoire, on ne peut pas prédire quelles seront ses conséquences, aucun exemple historique ne peut nous y aider. Nous pouvons cependant imaginer que les petites entreprises qui ont perdu 50% ou 100% de leur chiffre d’affaires pendant plus de 45 jours auront du mal à se relever, malgré les aides. Or l’immense majorité des entreprises monégasques sont des PME et des TPE, il faut donc s’attendre au pire, et tout faire pour les aider à survivre. De plus, le confinement de 3 milliards d’individus a cassé les chaînes de production et logistiques, qu’il va falloir recréer. Le moindre des objets que nous utilisons ne peut exister sans la coopération d’un nombre incalculable de personnes. Leonard Read, créateur de la Foundation for Economic Education (FEE), avait montré en 1958 qu’un simple crayon de bois nécessite le travail du forestier, du fabricant d’outils, du forgeron, du personnel de transport, des mineurs de graphite, etc... C’est ce qu’on avait nommé après Adam Smith la “main invisible” : toutes ces personnes qui ne se connaissent pas, mais cherchent juste leur intérêt (vendre leur bois, ou leur fer, etc…) et qui vivent tout autour du monde se retrouvent à coopérer comme si une main magique guidait leurs actions, et c’est ce qui nous permet de bénéficier de leur production. Il faudra voir comment ces multiples équilibres se reconstruiront après le confinement. D’un autre côté, la Principauté a déjà montré sa capacité à rebondir économiquement. Son modèle social libéral est solide, au point d’avoir pu aider les entreprises et les salariés les plus impactés à moins souffrir de cette crise. Nous pouvons donc espérer que le rebond sera plus rapide ici qu’ailleurs, à la condition bien sûr qu’il ne soit pas empêché par des lois liberticides." g Que propose votre Fédération pour participer à une sortie de crise dynamique pour Monaco ? PO : "Tout simplement de continuer ce qui a permis à notre pays son succès : de laisser les entrepreneurs libres d’entreprendre, de risquer, d’échouer, de recommencer, de réussir. C’est la liberté économique qui attire ici les entrepreneurs, et qui permettra alors notre rebond, et c’est elle qu’il faut au maximum protéger. Rompre le pacte de confiance dans cette liberté est très grave, et nous avions alerté le Chef du Gouvernement à ce sujet. N’oublions surtout pas que c’est la richesse créée par les nombreuses entreprises du pays, qui compte plus d’emplois que d’habitants, qui finance entièrement notre modèle social très généreux. Toute atteinte à cette liberté serait catastrophique pour tous, à court ou moyen termes." * Président de la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM)

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DOSSIER SPECIAL

"Un gros plan de relance en soutien du commerce local" par Patrice Zehr

DOSSIER

g Monsieur Matile-Narmino, comment ressentez-vous la reprise des activités de vos adhérents depuis la fin du confinement à Monaco ? Nicolas Matile Narmino* : "Elle est contrastée. Les commerçants de rue semblent, sur ces trois premières semaines, retrouver grâce à la clientèle locale, un chiffre d'affaire encourageant. Il faut garder à l'esprit que les commerçants n'ont pour la plupart pas travaillé depuis le 13 mars et là nous allons croiser les chiffres du Grand Prix et comme vous pouvez l'imaginer ça va être très dur. Je suis particulièrement préoccupé par les commerçants du Carré d'Or, Métropole, Park-Palace, mais aussi du Rocher, qui eux sont dépendants de la clientèle touristique pour 60 à 80% de leur chiffre d'affaire et qui aujourd'hui sont vraiment à la peine. Les commerçants ont pour la majorité tous ouvert et espèrent voir l'ensemble des commerces comme les restaurants ouvrir au plus vite mais aussi l'ensemble des frontières en Europe et dans le monde ce qui permettrait le retour de notre clientèle internationale, vitale à notre économie."

g Qu’attendez-vous du gouvernement pour soutenir le retour à l'activité de nos commerçants et artisans ? Avez-vous des propositions ? NMN : "Et bien, en plus de ce que je viens de vous dire, il faut penser à un plan de relance, un plan Marshall pour l'économie Monégasque. L'UCAM travaille et va faire de nombreuses propositions pour soutenir le commerce local. Nous allons aussi faire des propositions pour augmenter le pouvoir d'achat de nos clients salariés et résidents qui sont notre première richesse. Il est vital de créer un cercle vertueux où nos salariés, nos résidents retrouvent le chemin du commerce local. On l'a noté depuis la reprise, la clientèle locale est la force qui nous permet de survivre aujourd’hui. Demain, j'en suis certain chacun d'entre nous qui vit ou travaille à Monaco aura à coeur de soutenir nos commerces, nos entreprises, notre économie locale dans son ensemble. On est tous conscients de ce que Monaco nous à donné, cette stabilité fiscale, sociale et institutionnelle et cette prospérité qui profite à tous. Voulons-nous préserver ce modèle ? C'est le moment de rendre à Monaco, à nos commerces, à nos entre4 QUESTIONS A :

© Photo UCAM

g Le plan d’aide de l'Etat a-t-il sauvé de nombreux commerces ? A-t-il été suffisant ? NMN : "Il est trop tôt pour le dire. C'était l'urgence et dans la sidération du confinement et de la paralysie instantanée du commerce, les choses ont été faites pour préserver l'emploi et palier à l'urgence de trésorerie. Depuis le déconfinement on rentre dans « le monde d'après », c'est maintenant qui faut permettre à l'économie de repartir au plus vite, de la soutenir et l'accompagner sur les mois à venir. Il faut éviter à la rentrée de septembre ou d'ici la fin de l'année un tsunami de faillites. Tout le monde est conscient que nos commerces ne vont pas réussir, malgré la résilience et la mobilisation des commerçants, à retrouver rapidement leur chiffre d'affaire d'avant crise et d'assumer toutes les pertes accumulées lors de ces derniers mois de fermeture. Il faudra poursuivre le CTTR au moins jusqu'à la fin 2020, continuer à permettre l'accès au prêt garanti par l'Etat, baisser voir annuler les charges sociales selon les cas mais aussi trouver des solutions pour ajuster les loyers du privé pour les commerçants qui ne retrouveraient pas leur clientèle."

prises cette prospérité. Consommer local c'est générer les recettes fiscales qui ont permis à nos institutions, au Gouvernement, au Conseil National de financer ce climat favorable et vertueux qui fait Monaco. Je suis confiant dans l'avenir et notre capacité à nous réinventer car je connais le dynamisme de nos commerçants et entrepreneurs monégasques. J'ai confiance dans nos institutions pour nous soutenir dans ces moments extrêmement difficiles et ensemble nous allons relever ce défit. La vision et l'altruisme de notre Prince Souverain pour la défense de la planète doivent nous inspirer pour construire le monde de demain. Et derrière lui nous ferons bloc pour sortir grandis de cette épreuve et je suis convaincu que nous retrouverons le chemin de la prospérité dans les mois à venir." * Président l’Union des Commerçants et Artisans de Monaco (UCAM)

CEDRICK LANARI *

" La crise a enfin prouvé que le télétravail était possible"

g Comment se présente la reprise ? Êtes-vous plutôt optimiste ou inquiet pour les salariés ? CL : "Nous connaitrons vraiment les effets de cette crise dans plusieurs mois, lorsque le CTTR et le contrôle des licenciements ne seront plus d’actualité. En effet les conséquences économiques risquent d’imposer un nouveau mode de fonctionnement tant aux entreprises (par le biais du télétravail) qu’aux salariés par le biais de formations si

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leur secteur initial est en difficultés. Donc oui la F2SM est inquiète et vigilante pour les salariés".

© Photo F2SM

g Monsieur Lanari, votre syndicat la F2SM est il satisfait des aides gouvernementales pendant la période du confinement ? Cédrick Lanari : "Bien que notre Fédération ait demandé un maintien de salaire au niveau du salaire médian (2200€), nous avons salué l’effort fait par l'Etat sur les petits salaires. En effet, même si nous aurions préféré que l’assiette soit calculée sur la moyenne des 12 derniers mois, ce qui fait que pour la majorité des salariés cela ne représente pas 80,6% du net mais suivant les cas et les plafonds entre 70% et 80% du net. Par ailleurs, nous saluons l’encadrement des licenciements par la direction du travail pendant cette période inédite et bien sûr l’encouragement qui a été donné au télétravail. En effet, cette crise a prouvé que oui le télétravail était possible et qu’il sera très difficile pour les sociétés, qui ne voulaient pas le mettre en place, et qui ont été contraintes par la crise, de revenir en arrière. Cela démontre surtout que les réticences se trouvent dans la tête de certains managers encore empreints d’une culture du présentéisme et non du management par projet. Cela dit, le télétravail doit se faire également sur la base du volontariat, en effet certain salariés ne le souhaitent pas".

g Une réaction au communiqué de le FEDEM attaquant en justice les limitations du droit de licenciement et des obligations de télétravail ? CL : "La FEDEM conteste une atteinte au pouvoir de direction de l’employeur alors que la mesure encadrant les possibilités de licenciements est temporaire. Ce faisant, elle fait de l’intégrisme et du dogmatisme juridique conduisant à la déshumanisation de la société. alors que la situation actuelle exige la prise en compte de facteurs humains et sociaux et surtout de la confiance en l’avenir. Bien évidemment, la F2SM estime ce recours inopportun dans la situation actuelle qui exige l’engagement de tous les acteurs sociaux à l’effet de redresser l’économie. La FEDEM aura peut-être juridiquement raison, mais d’ores et déjà, elle a moralement tort."

g Qu’attendez-vous du gouvernement dans les prochaines semaines pour aider au redémarrage économique ? CL : "Le gouvernement devra continuer à trouver un équilibre entre le prolongement du CTTR, l’assouplissement de la loi sur le télétravail, le déconfinement total, tout en conservant les précautions sanitaires. Le tout en ayant à l’esprit que Monaco dépend des décisions des autres pays. En effet cela aura forcement un impact sur l’emploi notamment dans les secteurs touristique, hôtellerie, restauration et bien sur les jeux dont les plus gros joueurs peuvent venir de pays encore en restriction". * Président de la Fédération des Syndicats de Salariés de Monaco (F2SM)


LES INQUIETUDES DE LA REPRISE

"Il faudra de la patience car c’est une vraie traversée du désert !" g Pour les restaurants et bars de Monaco l’heure de la réouverture a sonné… Jugez-vous les conditions d’accueil suffisamment souples pour recevoir dans de bonnes conditions la clientèle ? Philippe Poidevin* : "Les conditions d’ouverture ne sont pas simples. De plus parler de bonnes conditions est relatif, car nous sommes obligés d’exercer notre métier avec des contraintes et des conditions très astreignantes, ce qui nous limite fortement. Et de plus ces conditions ne pourront pas s’adapter à tous les types et concepts de restaurant. Ces conditions touchent plusieurs secteurs. La partie sanitaire sera la plus difficile à mettre en place car nous n’avons aucune idée ou recul sur sa faisabilité. On nous demande l’obligation pour la clientèle de réserver… mais que faisons-nous des clients éventuels de passage, si nous avons des tables vides ? Bien que je comprenne que cette obligation ait été mise en place pour éviter une file d’attente, un restaurant ce n’est pas une boulangerie ! Concernant le port des masques, ce sera très difficile et inconfortable, en cuisine. On n’est pas derrière un bureau ou une caisse, on fait des efforts physiques, dans la chaleur estivale, et celle des fourneaux, la gêne des masques peut entrainer des insuffisances respiratoires, donc à voir...! Pour les clients ce ne sera pas attractif : réservation, attente pour un placement avec port du masque obligatoire avant de s’installer à la table. Même en terrasse à l’air libre ? Ils devront le mettre a chaque déplacement notamment pour aller aux toilettes. Si le masque doit être enlevé pour chaque bouchée, cela ressemble à une volonté de démotiver les clients de venir au restaurant ! Pour la distance entre les tables, et le nombre de convives, cela peut être respecté, bien sûr, selon les espaces disponibles de l’établissement. Quant aux produits sanitaires à disposition, les préventions sur table, les nettoyages du mobilier, et locaux des toilettes, tout cela a un coût, pas seulement celui des produits mais aussi celui du temps passé par les employés à appliquer ces mesures. Les conditions demandées pour le nettoyage et la désinfection font déjà partie de nos impératifs de travail, surtout en cuisine, où nous avons déjà des règles sanitaires très strictes. Ce n’est qu’un rappel a l’ordre…! L’organisation demandée pour le personnel de se changer au vestiaire un par un, de prendre les repas en horaires décalés, de garder la distance d’1,5 mètre entre les personnes, tout cela me semble très compliqué à gérer, d’autant qu'éviter le contact entre employés me paraît imposer une discipline impossible ! J’imagine qu’il n’est, et qu’il ne sera pas facile à faire observer ces règles en toute intégrité, et que des contrôles seront prévus. Mais il faut comprendre que l’on nous demande de faire notre métier, qui est un métier de service difficile, de le faire avec des conditions telles que la démarche d’ouvrir sera pour l’exploitant peut-être fatale !" g Comment jugez-vous l’aide à votre secteur par le gouvernement pendant la période de confinement ? FP : "Le gouvernement a été très réactif, car pour les restaurants, bar, discothèques, la fermeture a été brutale et inattendue. Il est sûr qu’après avoir dû fermer les établissements nous restions à l’écoute des dispositions prises par le Gouvernement et le Conseil national. Le Gouvernement nous a lancé de suite une bouée de sauvetage en prenant en charge les salaires en CTTR, et les loyers domaniaux. Diverses idées de propositions d’aides ont été mises en avant avec les banques et d’autres secteurs de services. Nous sommes dans un pays avec un gouvernement à l’écoute de ses concitoyens, une chance et un avantage pour un exploitant de Monaco. La proximité est un avantage certain pour les échanges avec les autorités, et nécessairement, dérive sur une réactivité certaine et rapide de celles-ci en cas d’urgence." g Êtes-vous inquiet pour certains bars et restaurants de Monaco ? Y aura-il de la casse économique inévitable ? Que faire pour la limiter au maximum ? 3 QUESTIONS A :

FP : "Il est sûr, et même certain que beaucoup d’établissements prendront le risque d’ouvrir, pour répondre à une relance de l'activité et de l'économie monégasque. On le sait, il y a danger, déjà, si le client n’est pas au rendezvous car trop de contraintes, sans compter les touristes étrangers absents, de plus que le télétravail monte en flèche car moins de trafic, de pollution, d’occupation de locaux, donc cela reste avantageux pour une organisation familiale… Il y a plus de 200 restaurants et activités de bouche en Principauté. Cette fermeture de plus de 2 mois sans recette sera sans doute fatale pour les plus fragiles. La fragilité peut venir soit d’un loyer et de charges trop importants car nous sommes à Monaco, soit pour avoir un établissement de saison sans touristes, soit avoir un nombre d’employés trop important, ou des frais financiers conséquents, et plein d’autres raisons dues à des problèmes professionnels ou personnels. Ce secteur d’activité sera pour le déjeuner concurrencé par le télétravail et la vente à emporter, et pour le dîner il sera pénalisé par le manque de touristes ou de fréquentation, en raison de la la suppression des événements festifs et des contraintes sanitaires : il sera difficile de tirer son épingle du jeu ou d’arriver à tirer quelques profits. Il est sûr que le gouvernement a un grand rôle de sauveteur, s’il maintient la prise en charge des salaires pour les CTTR et la gratuité des loyers ou aides le temps nécessaire pour l’entreprise de prendre son élan et de pouvoir payer ses frais la tête hors de l’eau. Ne parlons pas de rechute ce serait la catastrophe !!! Travailler plus pour gagner moins, c’est un peu ce qu’il peut se passer pour l’exploitant, il faudra de la patience car c’est une vraie traversée du désert, où il va falloir faire preuve de professionnalisme et de prévoyance en apportant un savoir-faire dans la qualité et l’anticipation devant tous les impondérables. L’attractivité du restaurateur sera mise à l’épreuve, à lui d’exercer son métier avec talent et conscience, car c’est une activité qui coûte cher et ne pardonne pas les erreurs.

© Photo DR

par Roberto Volponi

* Gérant du restaurant "Quai des Artistes", vice-président de l'Association de l'Industrie Hôtelière de Monaco (AIHM)

CHRISTOPHE GLASSER *

"Une loi pour encadrer les licenciements économiques"

g Quelle est votre réaction a l’action de la FEDEM sur la limitation des licenciements

et le choix du télétravail ? CG : "Dans cette période, une telle action est totalement indécente. Alors que nous devrions ensemble penser au Monaco de demain et dessiner un modèle plus éco-responsable, ils ne pensent qu'à leur petits soucis de gestion. Je ne comprend pas cet acte puéril et je suis même déçu venant de certains."

© Photo USM

g Quel regard votre syndicat porte-t-il sur l'aide gouvernementale aux salariés pendant la période de confinement ? Christophe Glasser : "Le conseiller-ministre aux affaires sociales et à la santé Didier Gamerdinger, nous a régulièrement tenu informé de la mise en place des différents moyens mis en oeuvre par le gouvernement et certains sont tout de même à mettre à l'honneur, comme la prohibition du licenciement. De manière générale nous pouvons dire que le gouvernement à été présent pour assurer des garanties aux salariés, mais il n'en va pas de même du côtés des employeurs. Très peux ont maintenu les salaires à 100% malgré l'importante aide de l'Etat et leurs encouragements. De notre point de vu, sauf quelques cas, les employeurs n'ont pas vraiment participé à limiter cette crise. La preuve en est, la seule motivation de la FEDEM pendant cette situation si singulière a été de dénoncer la prohibition du licenciement à Monaco et demandé que les salariés fassent un effort en ne générant pas de points retraite pendant les deux mois du confinement."

g Craignez-vous des plans de départ volontaires voire des licenciements secs à Monaco ? CG : "Certes, c’est une grande inquiétude pour l’USM. C’est d’ailleurs en ce sens que nous demandons une nouvelle fois que le licenciement sans motif demeure prohibé à Monaco et que cette mesure devienne la norme. Tout comme nous réclamons que les licenciements économiques soient enfin encadrés par un texte législatif avec de vraies garanties pour les salariés. A ce titre je crois qu’il est temps de se mettre au travail et d’enfin offrir à tout un chacun un code du travail monégasque exemplaire et respectable." * Secrétaire Général de l'Union des Syndicats de Monaco (USM)

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POLITIQUE & SOCIETE

Un Ministre d'Etat pour gros temps par Patrice Zehr

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g Autorité d’un côté, équilibres de l’autre Le calendrier aura cependant surpris. Le départ de Serge Telle était annoncé depuis des mois, bien avant l’épidémie. Mais cette épidémie, c’est lui qui a dû la gérer après en avoir été touché, et si par malheur rien n’était terminé en septembre, le passage de relais pourrait s’annoncer bien délicat. Dans le communiqué du Palais il est précisé « Le Prince Souverain attend de monsieur Pierre Dartout qu’il dirige l’action gouvernementale, sous son autorité, dans le respect des équilibres institutionnels ». Autorité d’un côté, équilibres de l’autre. On l’interprétera comme on veut, mais il est incontestable que les débats sur les équilibres institutionnels entre l’Exécutif et le Législatif ont été au centre de la gouvernance de Serge Telle. Au fil des mois, mais avec des à-coups, le fameux « pas vers l’autre » a permis au Gouvernement d’être fidèle aux Directives Princières, en prenant en compte le Programme Législatif massivement soutenu par les Monégasques. Le meilleur exemple en est le plan national de logement. g Un Français de proximité Il y a - à chaque changement de Ministre d’Etat - un moment d’adaptation du nouveau promu aux spécificités institutionnelles. Pierre Dartout est un français de proximité géographique, et il a été directeur de cabinet du président de l’As-

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POLITIQUE

n homme d’ordre va succéder à un diplomate. C’est donc Pierre Dartout qui va remplacer Serge Telle. Un Ministre d’Etat monégasque comme c’est maintenant possible, ce ne sera pas encore pour cette fois. Beaucoup seront déçus, mais les circonstances très particulières de ce changement de gouvernement à l’issue des vacances d’été, rendaient sans doute cette décision difficile. Quand cela arrivera, car ça arrivera, ce sera - espérons-le - dans une situation apaisée avec un retour à la prospérité. Ce retour à la prospérité, avec la gestion des conséquences économiques de la crise, sera la lourde tache de celui qui a représenté l’Etat Français dans la région PACA avec fermeté, mais aussi esprit de dialogue, dit-on.

semblé nationale française, le législatif, il connaît. De plus, cet énarque de la promotion Voltaire, celle de François Hollande et Ségolène Royale, a géré dans la région voisine la crise sanitaire. Il a été très efficace dans les aides de l’Etat aux acteurs économiques et cette efficacité est certainement un élément majeur dans le choix du Souverain monégasque. Serge Telle a été le ministre de la transition écologique et du numérique, Pierre Dartout sera celui des efforts du redressement économique. C’est le grand rendez-vous de septembre. g Une période délicate de transition... Dans l’attente, Serge Telle poursuit sa mission dans la « plénitude de ses responsabilités » Serge Telle reste à la barre pendant la période

délicate du retour du tourisme et des ouvertures des plages et des restaurants. Il aura besoin de toutes les énergies et de toutes les idées, notamment du Comité de suivi où sont représentés les élus chargés d’adapter les décisions aux évolutions. La tentation de juger le gouvernement actuel comme appartenant déjà au passé serait une erreur. En temps normal, le changement annoncé pousserait à gérer les affaires courantes, sans plus. Mais actuellement, il n’y a pas d’affaires courantes, il n’y a que des obligations urgentes et des décisions capitales. Le gouvernement sait qu’il peut compter sur l’esprit de responsabilité des élus, pour que personne n’abandonne prématurément les remparts de la forteresse tant que l’ennemi reste aux portes.

DEBAT

Surveillance médicale avec le risque d'un "Big Brother" ?

a France a autorisé une application Covid-19. L L'application pour smartphone, fonctionnera par Bluetooth et n'utilisera pas la géolocalisation. Elle aler-

g Au-delà de la télésurveillance Pourtant les habitants sont habitués à la télésurveillance. Elle fait partie de l’image de la Principauté et de sa sécurité, élément majeur de son attractivité. Elle est bien acceptée. Mais la surveillance médicale numérique par smartphone, c’est autre chose. Certes ce sera volontaire. Le risque est que si 60 % à 75 % des utilisateurs n’adoptent pas le système, ce dernier ne soit pas efficace. L’autre danger est une menace sur nos libertés, qu’on ne peut totalement écarter. Cette crainte n’épargne pas les démocraties. Le système a été efficace à Singapour – Hong- Kong ou à Taiwan, mais ce sont des sociétés où la notion de l’intérêt de groupe est bien mieux acceptée que dans nos pays de démocratie libérale et de liberté individuelle. L’objectif officiel est de permettre aux autorités d’enrayer la diffusion de la maladie. Il faut donc évaluer le bénéfice sanitaire par rapport à un risque liberticide. Au début de l’épidémie le jeu en valait certainement la chandelle et ça a payé

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g Le problème du contrôle des données Car la surveillance est lourde, suivi des mouvements, identification des contacts, mesures dans certains pays en cas de non respect des obligations sanitaires. En Israël par exemple on a vérifié par drones, liés au Shin Beth, le respect du confinement à domicile par des citoyens mis en quarantaine, car considérés comme contagieux. A Singapour, devant les réticences, on a envisagé une installation automatique, sans consentement. Des applications sont parfois obligatoires aux entrées des grands magasins, des écoles ou des bureaux. Et puis il y a le problème de qui contrôle les données. La France et la Norvège ont choisit l’Etat, ce qui ne rassure pas tout le monde. L’Allemagne et l’Espagne ont préféré regarder vers une solution non étatique type Apple ou Google, ce qui en inquiète beaucoup. Une démocratie peut-elle utiliser une technologie qui est une aubaine pour le contrôle des populations par des régimes autoritaires ? Il faudrait bien sûr multiplier les garanties quitte à brider l’efficacité et à rater l’objectif. La surveillance de la surveillance tue la surveillance. Et puis au niveau de la sécurité des données, il est reconnu que le risque zéro n’existe pas. A Monaco, à l'issue de la dernière réunion du Comité mixte, il a été décidé de pas retenir cette application. (P.Z.) © Photo AFP

tera ses utilisateurs, si ces derniers se sont trouvés à moins d'un mètre et pendant au moins quinze minutes d'une personne contaminée par le coronavirus. Les détracteurs de cette technologie, pointent un danger d’atteinte à la vie privée et aux libertés individuelleS. Ils mettent aussi en doute son efficacité. Le débat est également vif à Monaco.

au delà de la Chine. Mais aujourd’hui la technologie arrive un peu après la bataille, l’épidémie baisse et le besoin du traçage se fait moins fort, peut être provisoirement, dans l’opinion publique.


"Une loi juste et votée à l'unanimité" par Patrice Zehr

g Mr Seydoux, depuis quelques jours les habitants, après le chemin des commerces, retrouvent celui des bars et restaurants, de quelques plages, des petits musées et du casino. Tout cela se fait sous conditions restrictives, prudemment, mais peut se faire grâce aux masques et tests pour tous. C’est un résultat des travaux du comité de suivi et de la contribution des élus aux décisions du gouvernement. Êtesvous satisfait de cette collaboration institutionnelle ? Balthazar Seydoux : "Au début de la crise liée au COVID-19, au mois de mars dernier, le Conseil National a regretté l’absence de concertation du Gouvernement avec le Conseil National, en amont des décisions prises, alors même que leur impact n’allait pas manquer de nécessiter des modifications budgétaires. Au sein du Comité Mixte de Suivi, instauré par le Prince Souverain, les élus de l’Assemblée, représentés par une délégation conduite et composée par le Président Stéphane Valeri, avec des élus représentant toutes les sensibilités politiques, ont pu faire connaître au Gouvernement leurs propositions. Force est de constater que beaucoup d’entre elles ont été prises en compte jusqu’à présent. En matière sanitaire, le Conseil National avait demandé, dès le mois de mars, la distribution massive de masques pour l’ensemble de la population, mais aussi la généralisation des tests pour les Monégasques et les Résidents, pour accompagner la levée progressive du confinement, et en faire une réussite collective. Le Conseil National s’est toujours positionnée comme ressource institutionnelle utile et constructive pour le Gouvernement, à l’écoute des attentes de la population mais aussi de son inquiétude, afin de surmonter de manière unie cette grave crise sanitaire, économique et sociale, pour le bien de la Principauté, des monégasques et des résidents." g Tout le monde pense aux vacances de juillet et août. Partir certes mais aussi accueillir, car le tourisme fait partie de notre prospérité si menacée. La destination Monaco peut-elle être attractive cet été et relancer notre économie locale ? BS : "La Principauté reste bien sûr toujours unique et attractive. L’ensemble du secteur touristique est déjà mobilisé, afin d’accueillir, dans les meilleures conditions, les touristes qui se rendront à Monaco. Il est important que tous les acteurs du secteur touristique se tiennent prêts pour cela, et mettent en place des protocoles sanitaires très stricts, permettant de rassurer la clientèle. Évidemment, l’arrivée d’étrangers en Principauté sera conditionnée à la réouverture des frontières avec les différents Etats, et sera donc très certainement progressive. C’est pourquoi, il nous faudra compter, au moins dans un premier temps, essentiellement sur les visiteurs européens, mais je suis convaincu que la destination « Monaco » continue de faire rêver, comme c’était le cas avant la crise. Pour l’attractivité des investisseurs, il faut continuer de mettre en avant la sécurité des biens et des personnes, ajoutée à la sécurité sanitaire, que seule la Principauté est en mesure d’offrir aujourd’hui. De manière générale, il est très important que l’activité économique redémarre à la fois grâce aux touristes de la Principauté, mais aussi par la consommation de tous les résidents à Monaco. En effet, tous les secteurs du commerce ont souffert. L'offre monégasque est très diversifiée et correspond à tous les

besoins des résidents. Il est donc essentiel que tous ensemble, solidaires, nous participions à la relance économique et commerciale, en réalisant nos achats à Monaco." g Tous les secteurs qui tentent de repartir ont été sinistrés. Ils ont été sinistrés, mais soutenus par l’Etat. Les aides ont-elles été au niveau, fallait-il faire plus, faut-il les prolonger même en les adaptant ? BS : "Dès le 19 mars dernier, avec la Résolution n°29 visant à soutenir la lutte contre la COVID-19 et à accompagner les résidents, l'ensemble des actifs et des acteurs économiques de la Principauté, les élus unanimes avaient demandé la création d’un Fonds d’intervention d’urgence pour le soutien à l’économie. Le Conseil National, dans le cadre de l’union nationale réalisée au sein de l’Assemblée, a fermement soutenu l’idée que le déblocage d’aides directes était indispensable, afin de permettre aux entreprises les plus touchées de faire face à leurs charges fixes. Finalement, ces aides qui ont été mises en place par le Gouvernement, ont certainement permis à de nombreuses entreprises de survivre pendant cette période, notamment celles qui n’avaient plus de rentrées de chiffre d’affaires du fait de leur fermeture imposée par la situation sanitaire. Pour permettre à l’Etat de disposer des crédits nécessaires, le Conseil National a voté une enveloppe totale de dépenses s’élevant à 350 millions d’euros, dont 180 millions dédiés au CTTR, pour éviter les licenciements et 128 millions d’euros pour le Fonds d’Intervention d’Urgence, pour éviter les faillites. Pour le Conseil National, il est indispensable de poursuivre ces aides de l’Etat aux entreprises en difficulté, en particulier pour les secteurs les plus touchés tels que le tourisme, l’évènementiel, l’hôtellerie, la restauration et le transport de personnes. Le Conseil National propose d’adopter le principe de dégressivité des aides plutôt qu’un arrêt brutal de ces dernières, ce qui risquerait d’entraîner des faillites. De plus, il propose d’accompagner plus longtemps dans la durée, les secteurs les plus impactés." g Quoi qu’on fasse, une crise économique paraît inévitable qui va mettre à l’épreuve notre modèle économique et social. A-ton une idée de l’ampleur attendue des faillites, des nonembauches et des licenciements ? BS : "Les mesures qui ont été mises en place suite aux échanges entre le Gouvernement et le Conseil National lors des réunions du Comité Mixte de Suivi, ont permis de limiter, dans un premier temps et dans l’urgence, l’impact économique du confinement sur les entreprises et les commerces de la Principauté. L’objectif était précisément de permettre aux entreprises et commerces ayant subi une perte importante de leur chiffre d’affaires de survivre pendant cette période, où certains ont été contraints de fermer et d’autres ont fonctionné au ralenti. Sans nécessairement conduire à des faillites, qui je l’espère seront limitées, de nombreuses entreprises qui ne pourront pas retrouver un chiffre d’affaires équivalent à celui d’avant la crise, soit par manque de clientèle, soit du fait des contraintes sanitaires qui obligent à un fonctionnement dégradé, risquent de ne pas pouvoir maintenir la totalité des emplois. C’est pour éviter ces conséquences désastreuses, qu’un accompagnement des secteurs les plus impactés, en poursuivant l’attribution d’aides aux entreprises de la Principauté, est indispensable. Je pense notamment aux activités liées au tourisme, à l’événementiel, aux transports, à l’hôtellerie, ou à la restauration, qui pour certaines, n’ont pas encore repris. Pour ces secteurs en grande difficulté, le dispositif du CTTR avec une prise en charge par l’Etat à 100%, devrait être maintenu pendant plusieurs mois. Cet effort de l’Etat impose aussi, afin de préserver les finances publiques, de surveiller et de sanctionner les dirigeants qui pourraient profiter de la situation."

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résident de la Commission des Finances et de l’Economie Nationale, Balthazar Seydoux est aussi membre de la délégation de l’Assemblée au Comité Mixte de Suivi du Covid-19. Il est donc aux côtés du Président du Conseil National sur le front de cette crise, qui prend désormais une dimension économique.

g Pour faire face et atténuer le choc il faut bien encadrer les licenciements abusifs. Une loi a été votée qui paraît de bon sens, elle est attaquée en justice par le président de la FEDEM, comprenez-vous cette position ? BS : "Le Président de la FEDEM a déposé un recours contre ce texte, estimant qu’il portait atteinte à la liberté de travail garantie par la Constitution et à la faculté de rompre le contrat de travail. Je rappelle que ce texte tire son origine de licenciements prononcés sans motif au début de la crise sanitaire, qui ont choqué tout le monde et qui ont mis les salariés concernés dans une situation critique, alors que le CTTR pouvait pourtant prendre en charge pour les employeurs, l’intégralité du chômage des collaborateurs en cas de besoin. Cette loi a été votée à l’unanimité des conseillers nationaux, et résulte d’une totale unité entre le Gouvernement et le Conseil National. Elle a été promulguée par le Prince. Elle prévoit un encadrement des licenciements, durant la période d’urgence sanitaire, en les limitant aux fautes graves des salariés, aux licenciements économiques planifiés antérieurement au 18 mars 2020, au décès d’un employeur, à la disparition de la cause du contrat de travail, ou dans les cas prévus par la loi 1.348 du 25 juin 2008 relative au reclassement des salariés déclarés inaptes par le médecin du travail. De plus, cette interdiction des licenciements (sauf cas exceptionnels précédemment énumérés), sera levée avec la fin de l’urgence sanitaire le 18 juin courant. La démarche du président de la FEDEM est donc un combat idéologique d’arrière-garde. Dans le contexte actuel, ce texte s’imposait. Il est la contre-partie du CTTR et c’est en parfaite conscience que les élus du Conseil National l’ont votée, préoccupés par la protection des salariés dans cette période exceptionnelle. Nous avons par ailleurs comme je l’ai expliqué plus haut, protégé activement aussi l’ensemble des acteurs économiques par des mesures concrètes et adaptées à la situation d’urgence. J’ajouterai, pour reprendre les propos de ma collègue Corinne Bertani, que cette loi est « équilibrée, humaine et pragmatique »."

REACTIONS

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es élus du Conseil national ont ainsi réagi à la requête déposée par la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM) devant le Tribunal Suprême, en annulation de la loi n°1488 portant interdiction de licencier et obligation de télétravailler (voir page 3), par la voix de Corinne Bertani, également Secrétaire Générale de la FEDEM, et de Thomas Brezzo, président de la Commission de Législation.

g Corinne Bertani : « J’ai bien évidemment, comme tous les élus des Monégasques unanimes, voté en faveur de cette loi équilibrée, humaine et pragmatique. Bien que membre du bureau exécutif de la FEDEM, je n’ai été informée de la démarche de Philippe Ortelli qu’au moment même du dépôt de ce recours. J’assume pleinement mon rôle de conseillère nationale, travaillant avec l’ensemble de mes collègues à la défense de l’intérêt général et à la protection de la population et des salariés de la Principauté. Ce texte permet aussi de sauvegarder de nombreuses entreprises de secteurs directement impactés comme l’événementiel et le tourisme, grâce à des mesures de préservation de leurs trésoreries notamment. Je ne peux donc pas être solidaire de la position du président de la FEDEM, n’ayant pas été consultée d’une part, et approuvant d’autre part sans réserve les dispositifs contenus dans la loi mise en cause plus par idéologie selon moi, que par volonté d’accompagner l’économie sur le chemin de la relance». g Thomas Brezzo : « Ce projet de loi du Gouvernement a repris une proposition de loi du Conseil National unanime, et a été promulgué par le Prince Souverain conformément à la Constitution. C’est bien la preuve de l’unité des institutions monégasques autour de ce texte protecteur pour les salariés, contrepartie naturelle du soutien de l’Etat apporté aux employeurs par le CTTR. Rappelons qu’à l’origine de ce texte, il y a eu des licenciements

sans motif au début de la crise, qui ont choqué tout le monde. Ils mettaient les salariés concernés dans une situation critique et dans la quasi impossibilité de retrouver un travail, alors que le CTTR pouvait pourtant prendre en charge pour les employeurs, l’intégralité du chômage des collaborateurs en cas de besoin. Licencier à ce momentlà était donc inutile économiquement et contraire aux valeurs sociales élémentaires. De plus, l’interdiction temporaire de licencier, justifiée par la crise, sera levée avec la fin de l’urgence sanitaire, le 18 juin prochain (comme cela est énoncé dans l’exposé des motifs du projet de loi). Le télétravail quant à lui a été facilité. Il n’est déjà plus obligatoire depuis la levée des restrictions des déplacements, (publiée au JO vendredi 15 mai dernier). Celui-ci a largement fait ses preuves et a permis la continuité de l’activité économique, tout en préservant la santé des salariés et des employeurs dans la lutte contre le Covid-19. Il n’est plus aujourd’hui que fortement recommandé. La mise en cause de ces points est donc un débat d’arrièregarde. Ce recours traduit manifestement une volonté de promouvoir une idéologie dogmatique au lieu de défendre de manière pragmatique l’ensemble des acteurs de notre économie, comme l’a fait le Conseil National à travers de nombreuses propositions».

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"Mr Ortelli poursuit une idéologie dogmatique et d'arrière-garde"

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ECONOMIE & FINANCE

Les stratégies ESG génèrent-elles de l’Alpha ? par Thierry Crovetto *

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g Quels apports pour l’intégration des critères ESG en gestion de portefeuille ? La plupart des études démontrent qu’il existe un lien positif ou nul entre les critères ESG et la performance financière des entreprises. Il est prouvé que l'intégration des critères ESG dans la stratégie et la culture d'entreprise peut conduire à la réduction des risques, en particulier les risques extrêmes. L'intégration de critères ESG peut être une source d’optimisation du couple risque-rendement. Les indices actions ESG ont tendance à surperformer les autres indices. C’est notamment le cas en Europe : sur un an l’indice MSCI ESG Leaders Europe a surperformé de plus de 5% l’indice MSCI Europe. Ce phénomène est largement dû aux flux qui s’orientent de plus en plus vers les stratégies ESG. Ce n’est sans doute pas fini. g Thématiques durables L'approche thématique ESG consiste donc à choisir des entreprises actives sur des thématiques ou secteurs liés au développement durable tels que les énergies renouvelables, l'eau, la santé, ou plus généralement le changement climatique, l'écoefficience, le vieillissement de la population. L'approche thématique peut également être combinée à des filtres ESG. On a souvent vu des approches marketing de l’ESG (« Green Washing »), mais l’approche ESG n’est pas qu’un effet de mode, elle repose sur de vrais atouts ; désormais, on ne doit plus choisir entre l’investissement responsable et l’optimisation du couple rendement risque. On peut choisir des investissements ayant un impact positif sans renoncer à la performance… g Comment bénéficier de l’Alpha des stratégies ESG ? Lorsqu’on investit en action, la performance et le risque viennent du beta (performance du marché) et de l’Alpha (surperformance ou sous-performance du gérant et/ou de la stratégie). Il existe désormais un Alpha ou un facteur ESG, comme les facteurs Value, Momentum, Quality, Size… Mais le facteur ESG draine et drainera des flux d’investissement croissants ce qui auto-alimentera sa surperformance ; ce qui contribuera à attirer de nouveaux investisseurs. Mais il ne suffit pas pour un gérant d’appliquer un filtre ESG quel qu’il soit pour surperformer les marchés. Le gérant doit avoir un processus d’investissement bien structuré. On peut donc appliquer une sélection avec comme premier filtre la notation ESG ou l’inclusion de filtres ESG dans le processus d’investissement des fonds, mais il faut ensuite faire une

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ECONOMIE

’investissement durable (ou ISR, c’est-à-dire Investissement Socialement Responsable) est défini comme l’intégration de critères extra-financiers, reposant sur des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans l’analyse et la gestion de portefeuille. L’analyse ESG remonte aux années 1960, lorsque certaines organisations religieuses ont adopté des filtres éthiques pour identifier et éventuellement exclure de leurs portefeuilles les entreprises ne respectant pas leurs valeurs morales. Les valeurs les plus détestées étaient celles du tabac, des jeux, l’alcool et l’armement. Ces méthodes d’exclusion avaient pour conséquence une réduction de l’univers d’investissement. Cela entrainait souvent une moindre diversification, donc plus de risque et une moindre performance. Aujourd’hui, l’ESG implique une approche plus fine qui peut intégrer un vaste éventail de techniques, du filtrage positif, à son utilisation pour mieux atténuer le risque ou contribuer à l’alpha potentiel. Il existe des labels, des notations et des normes ; les méthodologies sont différentes et peuvent amener à des résultats différents, ce qui peut apporter de la confusion pour les investisseurs.

analyse quantitative et qualitative des fonds. Cette sélection pourra sans doute avoir un meilleur couple rendement risque que les indices actions traditionnels. On peut aussi isoler cet Alpha ESG, en sélectionnant les meilleurs fonds ESG, et en couvrant leur bêta via des contrats futures. On peut ainsi mettre en place une stratégie Alpha ESG totalement décorrélée des marchés dont la performance ne proviendrait que de

l’Alpha des gérants et du facteur ESG. C’est faisable à condition que l’Alpha généré soit régulier et le Bêta assez stable dans le temps. Cette stratégie permettrait d’optimiser le couple rendement risque de son portefeuille tout en investissant de façon responsable et durable. * Président Délégué TC Stratégie Financière. La Tour Odéon, 36 avenue de l’Annonciade. Tel. : 06.80.86.83.11 Email : tcrovetto@ tcsf.mc ; web : www.tcsf.mc

STRATEGIE

La Principauté de Monaco à la chasse des places de port

éjà dotée de deux ports nationaux – Hercule et D Fontvieille -, d’un troisième

acheté en Italie - Cala del Forte à Vintimille, la Principauté vient d’acquérir en ce début d’année 2020, 20% du port de Cap d’Ail*. Un investissement pour l’avenir dit-on sur le Rocher. La concession de l’infrastructure portuaire arrivera à échéance en 2027. g Un premier pas vers l'acquisition ?

Situé à l’opposé du port de Fontvieille, le port de Cap d’Ail est à l’évidence idéalement et stratégiquement placé pour le développement maritime de Monaco. La Principauté fera donc évidemment partie des candidats à la reprise de la concession en 2027, lors de l’appel d’offres européen lancé par la France à cette date. C’est ce que l’on dit à la direction de la SMIP**. Un argument qui pourrait plaider en faveur de Monaco dans le cadre de cette attribution de concession. Il s’agit donc bien d’un investissement stratégique. Essentiellement. Avec 20%, la Principauté ne peut prétendre prendre des décisions engageant le port de Cap d’Ail. Mais faire entendre sa voix sur certains sujets la concernant plus particulièrement. Et d’une volonté de développement économique tournée vers la mer. L’an dernier, Monaco s’était rapprochée du port-parking à bateaux de Beaulieu dans le même état d’esprit. Une tentative avortée, l’addition présentée était trop salée… (P.Y.R.) * Le port de plaisance de Cap-d'Ail est situé dans le Alpes-Maritimes. Il dispose d'une capacité d'accueil de 260 bateaux sur pontons. Le port est réservé aux bateaux de moins de 60 m. Attention, le tirant d'eau maximum est de 20 m. (Source : Guide Marine) ** : Société monégasque internationale portuaire


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L'ACTUALITE

ACTUALITE

Le Monaco Solar 2020 se déroulera en ligne !

✲ M O NACO E N BRE F ✲ ☞ Monaco : Depuis le 20 mai les navires battant pavillon monégasque sont autorisés à naviguer et à faire escale dans les eaux territoriales françaises en Méditerranée. De même, selon ce principe de réciprocité prévu par la convention franco monégasque, les navires battant pavillon français ont également la possibilité de naviguer et de faire escale dans les eaux territoriales de la Principauté. ☞ Roquebrune sur Argens : Pour séduire les touristes, l’Office de Tourisme Roquebrune-sur-Argens s’équipe d’une Webcam sur l’un des plus beaux sites de la commune, véritable carte postale animée. Une vue à couper le souffle pour consulter la météo de ses vacances depuis son bureau ou son canapé et rêver tout au long de l’année avec des images réelles, sans filtre et sans trucage ! Les touristes qui souhaitent découvrir Roquebrune-sur-Argens et Les Issambres auront un aperçu fiable et immédiat de la beauté du territoire. https://roquebrunesurargens-tourisme.fr/decouvrir/webcam-lesissambres/.

par Viviane Le Ray

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© Photo YCM - Studio Borlenghi

e Monaco Solar & Energy Boat Challenge, pour cause de Covid-19, fait peau neuve, avec une 7ème édition « virtuelle », une décision prise dès début mai, en concertation avec les partenaires historiques : Iqos et Credit Suisse, auxquels se sont joints le constructeur automobile BMW et YPI (Yachting Partners International). L’événement dédié à l’innovation en matière de propulsion se déroulera du 30 juin au 4 juillet.

g Bernard d'Alessandri, Secrétaire Général du Y.C.M, précise... « Face au contexte international et pour pouvoir continuer à encourager le travail réalisé par les équipes, il nous a semblé primordial de nous adapter et de faire preuve d’innovation. La situation actuelle incertaine ne permet pas d’accueillir un événement classique accueillant du public. L'année dernière, nous avions eu près de 1000 visiteurs sur le Village et 350 participants sur site. Il nous fallait trouver une solution pour maintenir la compétition sans déroger aux prérogatives sanitaires ». g L’évènement mondial zéro-émission en matière propulsion… Organisé par le Yacht Club de Monaco aux côtés de la Fondation Prince Albert II et de l’Union Internationale Motonautique, ce rendez-vous unique au monde s’inscrit depuis 2014 comme l’évènement zéro-émission en matière de propulsion nautique réunissant chercheurs, universitaires, futurs ingénieurs, inventeurs et professionnels du yachting et de l’énergie. Tous partagent une ambition commune : développer des systèmes de propulsion alternatifs pour bâtir le yachting de demain. Les participants, répartis dans trois catégories : Solar, Energy Class ou Open Sea, ont jusqu’au 31 mai pour soumettre au Jury technique, composé de professionnels, d’acteurs majeurs de l’industrie et des partenaires, une présentation de leur projet. Une soutenance orale en ligne organisée du 30 juin au 4 juillet. g Trois grands prix à la clé Les meilleures améliorations technologiques, les innovations les plus visionnaires et pertinentes seront distinguées dans trois catégories. Les vainqueurs de ces trois catégories recevront un chèque de 2.000 Euros (Remise des prix en ligne le Samedi 4 juillet) : L’Innovation Prize. Les candidats doivent élaborer une présentation écrite de leur projet, accompagnée de photos, croquis ou animation, et complétée par une analyse de ses avantages et inconvénients. Leurs conclusions se baseront sur différents tests permettant de prouver l’efficience énergétique du bateau élaboré ; L’Eco Conception Prize. La participation à une démarche collaborative, les actions préventives, la performance du bateau et la réduction de son impact environnemental doivent être les pierres angulaires du projet dans cette catégorie également soumise à présentation d’un dossier complet ; Le Spirit Prize. Ce dernier des trois prix reflètera l’esprit de compétition, l’originalité des participants à travers la réalisation d’une vidéo d’1mn 20 secondes permettant de présenter le travail en équipe, le bateau, ses évolutions et le travail technique engagé sur les derniers mois écoulés.

NOUVEAUTE

Un bateau 100% électrique et... monégasque

n an après avoir dévoilé à Monaco son prototype, l'entreprise monéU gasque Lanéva Boats s'apprête à lancer la version commerciale de son bateau de luxe, 100% électrique. Une première saison de naviga-

g Eco-friendly et smart Grâce à ses nouveaux équipements, le navire de 7,9 mètres développe une vitesse de croisière de 15 nœuds (et des pointes à 30 nœuds) pour une autonomie de 45 miles nautiques (environ 80 km). Toujours conçu à partir de matériaux nobles et éco-friendly (fibre de lin, fibre volcanique et du liège pour remplacer le teck sur le pont), le Lanéva Boat est également "smart" grâce à un système de connectivité intelligent, qui « permet de suivre les performances du bateau en toutes circonstances ».

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tion, consacrée aux essais techniques, a permis de faire les ajustements nécessaires « notamment au niveau de la propulsion qui est le cœur du bateau" explique François Richard, l'un des quatre fondateurs de l'entreprise. "Nous avons intégré des nouvelles technologies de pointe. Un pack de batterie de 140 kWh dont les cellules ont été conçues pour des opérations militaires tandis que ses deux moteurs en flux axial synonymes de 95% d’efficacité énergétique ont été utilisés dans le secteur de l’aviation ».

g Un marché de niche La présentation du prototype l'an passé - en présence de 300 personnes, dont le Prince Albert II - et les nombreux essais privés, avaient permis à Lanéva d'engranger les marques d'intérêts auprès de particuliers fans de cabotage ou d'hôtels haut de gamme. « L'idée à présent, c'est de convertir les premiers contrats », lance François Richard : "Nous avons nos propres réseaux et nos contacts, nous sommes de toute façon sur un marché de niche ».La startup pensionnaire de l'accélérateur Monaco Tech doit lancer officiellement le navire, retardé pour cause de Covid-19, avant le début de l’été… sans doute.

Mensuel édité par GLOBAL MEDIA ASSOCIATES Sas

Rédaction : “Le Beausoleil de Monaco” 6, bd de la Turbie 06240 Beausoleil Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 email : laprincipaute@yahoo.fr http://www.laprincipaute.net

Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker

☞ Monaco : L’Office des timbres met en vente le 11 juin un bloc consacré au corail. Avec son exposition temporaire « immersion » le Musée Océanographique propose une plongée virtuelle et interactive sur la Grande barrière de Corail, à la rencontre des espèces emblématiques qui la peuplent, et de la mégafaune. Timbres dus à Marie-Christine Lemayeur et Bernard Alunni ☞ Monaco : #Keepclapping pour La CroixRouge particulièrement fière de saluer la valeur du travail de ses bénévoles et de son personnel, qui ont fait tout leur possible pour agir auprès de ceux qui en ont eu besoin durant l’épidémie de Covid-19. Depuis le 16 mars plus de 1 500 journées de bénévolat ont été réalisées, 23 000 livraisons, plus de 3 200 appels au Call Center : soutien psychosocial. D’autres actions ont démarré, la distribution des masques à la gare, l’accompagnement à la levée du confinement pour les associations, les entreprises, les commerçants! ☞ Monaco : Bien que la Médiathèque ait été fermée au public depuis le début de la crise sanitaire, ses équipes n’en restent pas moins actives et toujours à l’affût de nouvelles idées à proposer à leurs abonnés. Sous l’impulsion de sa déléguée Camille Svara, 1er Adjoint au Maire, la Médiathèque propose deux nouveaux services : la livraison à domicile et le « prêt à emporter ». La livraison à domicile est réservée aux personnes âgées ou fragilisées les mardis et jeudis de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30. Concernant le « prêt à emporter », les documents sont centralisés à la Bibliothèque Louis Notari. Renseignements complémentaires : Tél. : +377 93 15 29 40. ☞ Paris : Dans le cadre du plan de déconfinement, le très beau musée JacquemartAndré vient de rouvrir les portes en accueillant le plus grand représentant de l’âge d’or de l’aquarelle anglaise, qui rassemble des prêts exceptionnels de la Tate Britain de Londres. L’exposition t « Turner, peintures et aquarelles. Collections de la Tate » est prolongée jusqu’au 11 janvier : Réservation obligatoire par internet de la plage horaire de visite 2021. La visite virtuelle reste accessible en ligne www.musee-jacquemart-andre.com. Musée Jacquemart-André - Institut de France, 158 Boulevard Haussmann, Pari 8ème . ☞ Monaco : Le Covid-19 est un rappel brutal de la nécessité d'une coopération au-delà des frontières : L’Association les Enfants de Frankie vient d’acheter un Moniteur d’Hemofiltration pour les soins intensifs de néonatologie. Ainsi le CHU Archet 2 de Nice sera le premier service français à utiliser ce type de matériel (un investissement de 30 000 Euros et pour une technologie qui permettra de renforcer les défenses immunitaires des bébés et sauvera des vies dans ce moment si délicat : « Ne laissons pas nos enfants en souffrir », alerte Francien Giraudi, Présidente de l’association. Contact +377 93 30 08 00. ☞ Monaco : Domestique ou sauvages, les abeilles sont utiles à la survie des espèces. Depuis 2018, l’ONU a promulgué la journée la Journée Mondiale des Abeilles pour que toutes les Abeilles soient les reines d’un jour fin mai ! 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète (1 000 rien qu’en France). Le Gouvernement Princier dans le cadre de ses actions en faveur de la biodiversité a mis en place depuis 2011, en collaboration avec l’UNAF, un rucher constitué d’une dizaine de ruches, situées sur le toit du Musée des Timbres et Monnaies à Fontvieille. En 2019 le rucher a produit 128 Kg de miel (récoltés en juin et septembre). ☞ Monaco : En même temps que les bars et les restaurants, le 2 juin, les musées pourront accueillir du public. Au NMNM, seule la Villa Paloma va rouvrir ses portes. Le public, pourra retrouver l’exposition consacrée à Eugène Frey, brusquement fermée à la mi-mars après quelques jours d’exploitation. On découvre le très intéressant travail de l’inventeur des décors lumineux d’opéra au début du XXe siècle, avec une vision contemporaine apportée par l’artiste portugais João Maria Gusmão (voir article dans notre édition du mois de mars).

La photographie du mois

(Source TribuCA.net 28.04.20)

Avec la collaboration de Lisa Arquette Amanda Coutelle Pierre Dévoluy Pascale Marcaggi Andrea Noviello Pierre-Alain Martini Alan Parker-Jones

Photos

Direction Communication Claudia Albuquerque Thierry Carpico Murielle Gander Cransac Philippe Lombard

Projet graphique

GMA Studio Design

Relations Publiques Mary Coles

Promotion & Publicité Chantal Garry Dessinateur Jean-Jacques Beltramo Diffusion Monaco & PACA SEC Cour Anc. Gare SNCF

Impression Tipografia San Giuseppe Taggia (IM) N° de Commission Paritaire : 0522U81608

Copyright © 2020 Global Media Associates Sas - Piazza Caduti della Montagnola 48 - 00142 Rome

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☞ Monaco : Des chiffres de l’IMSEE. Au 31 décembre 2019, les Monégasques étaient 9 486. Avec une augmentation de 1,7 %, la progression est la plus forte depuis 2012 marquée comme on le sait par un changement législatif majeur. Cette population est caractérisée par une forte proportion de femmes (54,8%) même si celle d’hommes augmente régulièrement notamment en raison de la possibilité offerte d’acquérir la nationalité par mariage.

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Le pilote Charles Leclerc a été invité par Claude Lelouch pour participer à son court-métrage «Le Grand Rendez-vous». Dans les rues privatisées de la Principauté, le Monégasque a conduit une Ferrari SF90 Stradale à plus de 200 km/h sous les caméras du réalisateur français. La sortie du court-métrage est prévue pour le 13 juin. Photo © Ferrari


Histoire d’une belle méconnue ! par Amanda Coutelle

A

vec plus de 650.000 visiteurs par an, le Musée océanographique, mastodonte en matière d’accueil, a repris un certain rythme depuis le 2 juin : en temps normal, ce Temple de la science et de la culture, tel que l’a imaginé le Prince Albert Ier, peut recevoir 1.400 personnes au même moment, en ce début de reprise d’activité la jauge sera de 700 personnes… Nous vous proposons de découvrir l’histoire de la belle méconnue du célèbre musée qui pourtant accueille tous les visiteurs depuis des lustres ! g Une mosaïque plus que centenaire ! Des millions de visiteurs venus de toute la planète terre l’ont piétinée parfois sans même sans la voir… Combien l’ont vraiment regardée ? Combien d’entre nous, ici même, connaissons son origine, sa composition ? Chloë Raymond, Attaché de Conservation nous conte la genèse de la belle méconnue : « Cette mosaïque est présente à l’entrée du musée depuis son origine, au début du XXe siècle, depuis son inauguration, en 1910, c’est-à-dire il y a 110 ans. Sa dernière restauration a eu lieu à l’occasion du centenaire du musée, en 2010. Réalisée par Giuseppe (ou Joseph) Tamagno, cette mosaïque fait partie de l’ensemble du décor du musée, choisi par son fondateur Océanographe Le Prince Albert Ier « Outre une référence à l’Antique, au centre se trouve la représentation de l’un des 4 navires océanographiques du Prince Albert Ier (1848-1922), la seconde Princesse-Alice, du nom de l’épouse du Prince. En s’approchant un peu plus, on remarque au centre, dans le ciel, le blason de Monaco, et la cheminée du moteur à vapeur, qui distingue ce navire des deux précédents navires du prince, possédant deux ou trois mâts mais pas de cheminée (innovation). Le navire suivant, la seconde Hirondelle, possède lui aussi une cheminée ». Entre 1898 et 1910, le prince Albert Ier a effectué à bord de la seconde PA 12 campagnes océanographiques (le plus grand nombre de campagnes à bord de l’un de ses navires) depuis le Spitzberg (en Norvège) jusqu’aux îles du Cap-Vert et à la mer des Sargasses ».

g Une très heureuse nouvelle ! « Le navire est entouré par une corde sur laquelle est fixée une guirlande de petites coquilles Saint-Jacques de Méditerranée. Ces dernières font référence à celles trouvées fixées sur le câble télégraphique et étudiées par le scientifique Alphonse Milne-Edwards (1835-1900) qui note, pour la première fois, la couleur rouge des animaux pêchés à grande profondeur ». La grande exposition de l’année 2020 « Immersion », qui recréé grâce à des dispositifs multimédia un lieu de plongée virtuel sur la grande barrière de corail avec la possibilité pour les visiteurs d’interagir avec les espèces qui y vivent, ouvrira ses portes à la mi-juillet en lieu et place du 20 juin date initialement annoncée, pour les raisons que l’on connaît…

g « Vivons l’Océan » : Un appel aux dons… La crise sanitaire a imposé la fermeture du Musée océanographique à Monaco et de la Maison des Océans à Paris, elle a durement affecté les revenus de ces institutions qui dépendent à 70% des recettes de la billetterie et des locations événementielles, autant d’activités mises en suspens depuis plus de 60 jours : « Les épreuves que nous traversons rendent plus criant encore le besoin de nous réinventer en profondeur, de refonder le lien entre les Hommes, les Espèces, la Planète, l’Océan. C’est pourquoi, plus que jamais nous avons besoin de vos dons pour traverser cette crise, y faire face et préparer avec vous l’avenir, avec une détermination et un enthousiasme renforcés (…) Grâce aux dons, nous aurons les moyens de développer divers programmes en s’appuyant sur le Musée océanographique de Monaco, la Maison des Océans à Paris, nos éditions, nos outils digitaux et nos collaborateurs » précise Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco. La prise en charge d’animaux au Centre Monégasque de Soins des Espèces Marines, la mise en place de grands programmes de médiation, la vie des aquariums, la célébration de la science et des champions de l’Océan à travers des prix prestigieux. Mais aussi proposer de nouvelles expériences avec des expositions toujours plus innovantes, mettre la jeunesse à la barre grâce à des activités éducatives, préserver le patrimoine dédié à l’Océan.

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ART & CULTURE

A Santo Sospir avec Carole Weisweiller... par Viviane Le Ray

CULTURE

L

es premiers tatouages sur la peau de Santo Sospir datent de 1950, en 6 mois, à main levée, Cocteau réalise une oeuvre mythologique unique au monde... Francine Weisweiller avait invité le poète à se reposer une semaine, il restera 13 ans... C'est ici, grâce à Jean Marais, qu'il commence à peindre à l'huile, son premier tableau, deux jacinthes daté de 1951, il l'offrira à la petite Carole, fille de Francine sa Dame de coeur... g Peut-on parler d'amitié amoureuse entre votre maman et le poète ? Carole Weisweiller :"Jean aimait s'entourer d'être beaux, maman était très belle, Edouard Dermitt son fils adoptif était magnifique et que dire de Jean Marais ! Il aimait les êtres beaux mais aussi forts et maman avait un caractère très, très fort. Jean était un instinctif, il a senti de suite que cette maison était sa maison... Cocteau souffrait de ne pas avoir d'enfant, il y avait en lui une immense solitude sans doute due au suicide de son père lorsqu'il avait 9 ans, il avait besoin des autres comme d'oxygène. Est-ce que maman était sa fille, moi sa petite fille ? Nous étions sa famille…"

g Adolescente, il vous guidait dans vos lectures ? CW: "Jean Cocteau vous rendait intelligent, il vous élevait, et pourtant je n'ai pas eu le sentiment d'être écrasée par son savoir; il m'avait établi une liste de livres mais jamais il ne m'obligeait, il disait simplement : « J'ai lu ça », il vous donnait envie. Je dois dire que les lectures à la villa n'étaient pas très intellectuelles : Jean s'était pris de passion pour le roman policier : San Antonio, Ponchardier, les américains dont il disait qu'ils étaient Les vrais auteurs du XXème siècle."

g Votre sentiment sur la relation Jean Marais-Cocteau ? CW: "«Jeannot» était un personnage très étrange, l'acteur solaire qu'on connaît cachait une face sombre, comme ce plaisir à s'entourer de garçons sans intérêt, même lorsqu'il était avec Cocteau qu'il aimait, il commettait des incartades. Pour Jeannot la période amoureuse a été courte elle s'est vite transformée en liens filiaux, mais on ne peut pas avoir été plus reconnaissant, il a toujours dit Je ne serais rien, s'il n'y avait pas eu Jean Cocteau dans ma vie. Jeannot était un enfant pour Cocteau et pourtant il était beaucoup plus fort que lui, très peu de choses le touchaient. Cocteau était crucifié par une mauvaise critique, Jean Marais n'en avait rien à faire ! Lorsque Jean Marais n'aimait plus, il n'aimait plus, chez Cocteau les plaies restaient béantes : il ne désaimait jamais..." g Quel regard portez-vous sur la collection du Musée Cocteau - Severin Wunderman, donation du milliardaire américain à la ville de Menton ? CW: "Comme tout collectionneur inconditionnel il n'a peut-être pas toujours acheté ce qu'il fallait, il y a de très belles oeuvres et d'autres moins, mais c'est une chance extraordinaire pour la ville de Menton d'avoir aujourd'hui, avec le musée historique du Bastion, les deux plus beaux musées Cocteau au

© Photos DR

g Comment était la vie de tous les jours à Santo Sospir ? CW: "C'était une fête perpétuelle à St. Jean, en voyage, sur le bateau, Jean apportait dans le quotidien la passion, le rêve, s'il nous faisait participer à ses angoisses ce n'était jamais pesant, de mes 7 ans à mes 21 ans je ne lai jamais vu être impatient. Monsieur Cocteau aimait les autres alors que la plupart des gens s'aiment à travers l'autre... Il prenait plaisir à me raconter des histoires comme celle de La reine des rats qui évoluait tous les jours... Un de mes plus beaux souvenirs demeure la découverte de Venise en sa compagnie, en 1956..." monde... J'espère que cette collection pourra être enrichie par d'autres mécènes, personnellement, je pense que je pourrais peutêtre en faire partie, mais le plus tard possible ! g Les ouvrages dédiés au « poète intime »… CW: "Carole Weisweiller est l'auteur d’une pléiade de livres et biographies sur Jean Cocteau : Les Murs de Jean Cocteau, photographies de Suzanne Held, Hermé (1998) ; Jean Marais, le bien-aimé (avec Patrick Renaudot), Le Rocher (2002) ; Jean Cocteau, les années Francine (1950-1963), Le Seuil (2003) ; Je l'appelais Monsieur Cocteau (avec Jean Marais), Le Rocher (1996/2003). Le dernier en date Ma Famille de cœur, chez Michel de Maule (2016), à propos duquel l’auteur écrit : Je voudrais en évoquant ces quelques personnages qui ont beaucoup compté pour moi affectivement et amicalement après le départ du poète Jean Cocteau, faire revivre une époque bénie où l'amitié, l'intelligence, la bonté régnaient en maître, alors qu'aujourd'hui c'est le Dieu Argent qui prime sur tout. Ces amitiés étaient celles de : Raymond Jérôme, Herbert von Karajan, Peter Brook, Satprem, André Chouraqui, Jean Marais, Jean-Claude Brialy, Madeleine Castaing, Jacques Chazot, Pier Luigi Pizzi, Pablo Picasso, Lucien Clergue, Nana Mouskouri. Pour beaucoup de jeunes, la plupart des noms cités leur seront inconnus mais peut être que ce modeste livre leur donnera envie d'en savoir plus sur ces artistes qui ont marqué leur époque ! Croire en soi est ce qu'il y a de plus important pour réussir sa vie et c'est malheureusement ce que je n'ai pas réussi à faire !"

INTERVIEW

Valentine.N : un art optimiste et habité… V

alentine.N, alias Stéphanie Natera à la ville, vit et travaille à Beausoleil. La jeune femme, peintre et plasticienne qui expose depuis 2008, prend un nouvel envol, ouvre un nouvel atelier au Centre d’affaires Le Forum, à deux pas de Monaco… Rencontre, avec une artiste libre, anticonformiste, un brin rebelle : ce qui ne gâche rien !

g Votre conception de l’acte de créer ? Valentine.N : "Créer c’est entrer dans la matière comme on entre dans la vie. Rechercher l’origine de la création par les couleurs, les différents supports, insérer de l’énergie pour la partager avec la personne qui regarde. Et toujours, se laisser surprendre par ce qui est au-delà de notre imagination. " g Comment travaillez-vous ? V.N : "Je travaille sans limite de temps jusqu’à ce point de tension halluciné entre éveil et rêve. Créant des tableaux ou sculptures fantasmagoriques où réalité et fiction s’entrecroisent dans la cohérence décalée d’une vision subjective. Ce qui m’importe c’est l’enivrement à chaque instant et le partage. En peinture, j’aime entretenir le mystère dans mes visions du monde qui m’entoure, que l’œuvre laisse transparaître un récit, une interrogation, un humour teinté de dérision à des années lumière du politiquement correct, des courants et des modes…" g Quelle serait votre définition de l’Artiste ? V.N : "On nait artiste et on meurt sans savoir réellement si on l’était ! Ma définition se résume à apprendre tous les jours à l’école de la vie, écouter, observer, entretenir ses passions, cultiver la patience, la liberté d’expression sacrée pour un artiste, et courir après son âme pour activer son rôle. Et toujours se tenir à l’écart des tendances…" g Votre rêve le plus fou ? V.N : "J’ai beaucoup de rêves ! Mon coup de cœur, une attirance singulière, serait de partir sac au dos en Asie du Sud Est, au Bhoutan, pour y recueillir des pigments de couleur, réputés uniques et si précieux pour mes créations. Une énergie divine enveloppe ce pays que l’on dit être celui du « Bonheur National Brut » !"

Valentine.N propose des créations originales peinture, sculpture, mobilier d’art. Elle pratique la restauration d'Œuvres et d'objets, anime des ateliers sous forme de stage partageant son enseignement original sur les techniques de développement et de créativité. (V.L.R.) g Informations : Tél. :06.80.86.96.91 / natera.stephanie@orange.fr - Site : www.Atelier-Valentine.fr

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ROMAN

Angélus, thriller moyenâgeux... ous voilà en 1165 en OccitaN nie. Trois protagonistes vont se retrouver au cœur d'évène-

ments d'une rare cruauté, frisant même la perversité. Deux cadavres déguisés en anges sont retrouvés dans deux abbayes différentes. Ce sera Raimon de Termes, un jeune noble, qui sera missionné pour tirer cette affaire au clair. Tout d'abord ce sera Aloïs de Malpas, tisserande, qui sera désignée comme coupable par les siens, tandis qu'un ami des victimes, Jordi de Cabestan, maître tailleur de pierre, cherche à les venger. Chacun d'eux enquêtera. Une intrigue tissée aux fils de l'hérésie cathare et de milieux sociaux différents. Trois univers : l'Eglise, la noblesse, le peuple... Un combat entre le pouvoir de l'Eglise et la naissance d'une religion tournée vers la pureté. Je me suis trouvée plongée dans un univers bien différent de mes dernières lectures. J'ai renoué avec le phrasé, l'ambiance, du moyen-âge. Tout était au rendez-vous... On y trouve les luttes d'influence, l'esprit d'intolérance religieux, la violence crue inhérente à cette époque et tout un panel de travers humains, servi par une intrigue bien ficelée. Un dépaysement total. Un voyage du côté obscur de l'Homme. (T.V.) g "Angélus". François- Henri Soulié. Editeur 10/18. Paru le 5 mars 2020. 522 pages. Prix : 15,90 euro


Une histoire simple, une histoire d'Amour

Effeuillage littéraire...

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a Villa "Le Bout du monde" que la S.A.S La Princesse Antoinette habitait alors (c’était hier…en 1993 !) était un refuge où tout était amour, passion, bonté, tendresse. 7 des 14 hôtes canins symbolisaient la Fleur du pavé, 7 autres étaient des « Aristochiens », sans compter 60 chats. Tout ce beau monde cohabitait en parfaite harmonie, chacun était aimé, choyé... Souvenir d’une belle rencontre...

© Photo AC

g Altesse, vous animez comme le faisait déjà votre mère en 1921, une exposition qui regroupe l'élite de la gente canine et pourtant, autour de vous, je vois évoluer des chiens de « race indéfinie » partageant la vie d'Aristochiens ? Princesse Antoinette : "De race ou pas le chien c'est la loyauté, le dévouement, des sentiments que l'on ne rencontre plus guère chez les hommes. Il n’est pas « frère inférieur », il est comme l'a écrit Koestler notre « frère différent ». Les batards ont droit eux aussi vie épanouie, mais paradoxalement, je dirai que c'est le genre de chiens dont il faut « souhaiter » la disparition. Ce sont des malheureux que les hommes laissent errer par j'menfoutisme, ils finissent dans les fourrières, traînant leur misère. C'est pourquoi j'affirme qu'élever des chiens de race c'est protéger le chien en général. On peut le regretter, mais étant désirés ils sont soignés comme un objet de valeur... " g La défense du droit du chien est pour vous une véritable croisade ? PA : "Bien sûr, certains diront : « Elle ferait mieux de s'occuper des enfants ou des vieillards ». Je le fais mais je ne peux pas les prendre tous chez moi... J'essaie de lutter avec mes modestes moyens contre toutes les lâchetés des humains. La main d'un homme posée sur la tête d'un chien me paraît un geste essentiel. On a trouvé un homme enterré depuis 40 000 ans un chien à son côté. A cette époque le chien travaillait dur, mais il était déjà un compagnon." g D'où vous vient cette passion absolue qui va jusqu'à vivre avec bon nombre de vos chiens et chats, dans votre propre maison ? PA : "Ma mère qui a a fondé la Société Canine de Monaco, avait un chenil de Fox-terriers très réputé, à une époque elle en a eu 36 ! Je prétends, riant à demi, que mon arrière grand-mère la Grande Duchesse de Baden Baden, qui adorait elle aussi les chiens, a créé le premier refuge: sa maison ! Dans sa Jaguar de l'époque, un superbe fiacre, elle ramenait des chiens qui lui semblaient abandonnés... On dit même que lorsqu'elle fut très âgée, elle eut la tendance fâcheuse à penser que tous les chiens qu'elle croisait étaient orphelins, les propriétaires connaissant bien la vieille dame, venaient récupérer leurs fugitifs !" g Depuis le début de notre conversation vous me parlez d'Amour ? Quels sont vos critères pour loger un pensionnaire ? PA : "Voilà la grande question : l'Amour. Je prends avec moi ceux dont je tombe amoureuse, on est faits l'un pour l'autre ou pas. Saint-Exupéry a écrit "On est responsable de ce qu'on apprivoise", mon souhait le plus cher est que ceux qui achètent un animal réfléchissent, tout comme ceux qui disent un jour "Je t'aime"..." g J'ai entendu dire, Altesse, que vous possédiez un chien très rare le "Tsouchi" ? PA : "C'est exact. Il appartient à une ancienne race monégasque qu'on ne trouve qu’à Monaco-ville, la légende dit que jadis il protégeait la Principauté. Il est le fruit des amours d'un "Shih Tsu" et d'un "Oyster". Cette histoire c'est celle que la douce Princesse prend plaisir à raconter à ceux qu'elle juge un peu trop snob ! Une des facéties dont la Princesse Antoinette avait le secret !" Entretien exclusif réalisé à « La villa Le Bout du monde » (1993)

Un plaidoyer pour l’imagination

Z

achary Ezra Rawlins, étudiant discret et sans histoire, trouve un livre mystérieux dans la bibliothèque de son université. Sans titre ni auteur, celui-ci n’est répertorié nulle part. Au-delà d’une simple impression de proximité avec l’un des héros de l’ouvrage, Zachary a la surprise d’y trouver une scène très précise de son enfance. Intrigué par cette mystérieuse coïncidence, il décide d’en savoir davantage. C’est le début d’une étourdissante enquête g Le pouvoir ensorcelant de la littérature Juste avant confinement, les éditions Sonatine nous ont offert ce roman – SyFy, étonnant, foisonnant de suspense et d’émotion, incomparable. Une enquête qui mène Rawlins dans un immense labyrinthe, où trône une mystérieuse bibliothèque, sur les rives de la mer sans Etoiles. Mais toute bibliothèque n’est-elle pas mystérieuse ? Ce livre est assez dingue. C'est une vraie expérience de lecture. Le livre impose ses règles et son rythme. Il faut accepter de se laisser emporter. Il m’a fallu une quarantaine de pages pour prendre le bon tempo, et comprendre le sens profond de cette phrase « Un garçon au début d’une histoire, n’a pas moyen de savoir que l’histoire a commencé ». Pour ne pas avoir de reproche, je précise que l’on peut remplacer garçon par fille (ndlr)… Et me laisser emporter sur la rive de cette mer sans Etoiles. A lire sans retard. La romancière américaine Erin Morgenstern avait signé Le Cirque Des Rêves il y a 8 ans qui s'était vendu à plus d'1,5 millions d'exemplaires. Aux Etats-Unis, La Mer sans Étoiles est sorti en décembre dernier et s'est déjà écoulé à près de 250 000 exemplaires.. (P.Y.R.) g "La mer sans étoiles". Erin Morgenstern. Editions Sonatine. Traduit de l’anglais (Etats Unis) par Julie Sibony. 645 pages. Prix : 23€

Le Ray

M

par Amanda Coutelle

ROMAN FANTASY

par Viviane

arc Menant, journaliste, créateur du Magazine de l'aventure sur TF1, au cours de ces émissions découvre la terre de Haïti. Fasciné par la joie étonnante des Haïtiens, il s'est attaché à ce peuple qui refuse viscéralement tout pouvoir. Truculent conteur de l’Histoire de France (du lundi au vendredi à 19h dans l’excellente émission de Christine Kelly sur Cnews), dans ce savant et délicieux petit livre d’amour nous fait revivre la grande histoire de la si belle île peuplée de peintres et de poètes, aujourd’hui abandonnés à leur malheur (le tremblement de terre qui a fait plus de 200.000 morts ne faisant plus recette !) De son très beau style, l’écrivain met en scène les héros de la bataille d’un peuple fier contre la servitude : Boukman, Toussaint Louverture, Dessalines, Christophe, et les plus radicaux oubliés de l’histoire qui écrasèrent les troupes de Bonaparte. Marc Menant est l’auteur entre autres ouvrages de « Mes divines débauches », « L’Argent cannibale » et « La Médecine nous tue » (Le Rocher, 2008). _____________________________________ « Le petit roman de Haïti » - Marc Menant - (Le Rocher)

A

nna Rozen a pris le parti de voir le côté drôle des jours, des villes et des gens... Hélas, Je n’avais pas rencontré sa belle écriture, moi qui sans cesse me bats contre les dits écrivains qui jouent sur la corde de la sensiblerie, et du malheur qui se vend si bien ! Son romancier « Germain », la cinquantaine, aime Lautrec, les livres, les femmes et les sardines à l’huile. Sa chance pouvoir s’offrir le luxe d’écrire, lassé de ce qui « qui marche », il va tenter de tout chambouler, n’en déplaise à son agent… Surgissent, entre autres, un neveu non paramétrable, dont la petite amie végane commet des sculptures atroces, une bergère, reconvertie dans les dessous en poils de chèvre : une fable sociale grinçante, Anna Rozen, excelle à faire sentir au lecteur la pesante montée du désenchantement d’une plume légère. _____________________________________ « Loin des querelles du monde » - Anna Rozen - (Le Dilettante)

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é il y a tout juste 100 ans, Michel Audiard (1920-1985), scénariste et dialoguiste de films légendaires du cinéma français, décrété avec un certain dédain par certains intellos d’auteur « populaire», à l’instar d’un Alphonse Boudard ou d’un Antoine Blondin, ses copains de comptoirs, est aussi et peut-être même surtout : un écrivain… Les célébrations, commémorations d’anniversaires de naissance et de décès qui « croassent » et se multiplient ont au moins un atout : sortir de l’enfer du politiquement correct de vrais hommes de plume, de caractère, libres, qui écrivent avec leurs tripes et pas du prêt à lire ! Successivement soudeur à l'arc, opticien, livreur, cycliste puis journaliste, il entre dans le cinéma en 1949, par hasard, comme on pousse la porte d'un bistrot. Il en sortira que cent films plus tard comme il l’aurait dit « les pieds devant » ! _____________________________________ « Les Nuits, les jours et toutes les autres nuits » Michel Audiard - (Pocket)

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es Bêtises, après vingt ans de silence, marqua le retour de Jacques Laurent au roman. couronné par le Goncourt, paru chez Grasset en 1971, cet ouvrage « baroque et picaresque », est réédité cette année par les éditions de Fallois. Faut-il rappeler que Jacques Laurent-Cély, né en 1919, avait deux signatures comme d’autres ont deux casquettes : Cecil Saint-Laurent pour la saga Caroline chérie, best-seller historique, Jacques Laurent pour Les Corps tranquilles et Les Bêtises. Il créera La Parisienne, « symbole d'une littérature libre de tout engagement ». Dans les années 50, homme de droite et qui l’assume, Jacques Laurent bataille contre Sartre tandis que Cecil Saint-Laurent, écrit une série de romans « populaires » (nous y revoilà !) dans lesquels il revisite l'histoire de France. Elu à l'Académie française en 1986, en 1983, Jacques Laurent avait reçu le prix littéraire Prince Pierre de Monaco « pour l’ensemble de son œuvre ». Il se suicidera le 29 décembre 2000 : « pour ne pas voir le XXIe siècle » _____________________________________ « Les Bêtises » - Jacques Laurent - (Réédition Editions de Fallois)

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SPORT & LOISIRS AUTOMOBILE • L'ACM a décidé de frapper un grand coup l'an prochain : trois courses concentrées dans l'espace d'un seul mois...!

Passé, présent et futur en 2021 par Pierre-Yves Reichenecker

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rustré de son rendez-vous annuel avec la F1 – et de son Grand Prix Historique - pour cause de Covid-19, l’Automobile club de Monaco a décidé de frapper un grand coup l’an prochain… En l'espace d'un mois, il y aura donc le 12e Grand Prix de Monaco Historique (du 23 au 25 avril), le 4e Monaco ePrix (le 8 mai) et le 78e Grand Prix de Formule 1 (du 20 au 23 mai). De quoi animer les rues de la Principauté au printemps 2021.

SPORT

g Trois événements majeurs en un mois : un défi… « Organiser trois épreuves en l'espace d'un seul mois, ce sera une grande première pour nous tous à l'ACM, explique Christian Tornatore, Commissaire Général de l'Automobile Club de Monaco. La partie logistique s'annonce complexe, certes, mais pas insurmontable ! De ce fait, nous devrons débuter le montage du circuit plus tôt que d'habitude, à la fin février, plutôt que le 15 mars. Nous intégrerons ensuite les aspects techniques, sur la piste et à l'extérieur, que nécessite chacune des disciplines que nous accueillons. Pour ce faire, nous comptons sur l'expérience et la disponibilité de toutes les personnes impliquées pour parvenir à nos objectifs… »

g Une sortie par le haut pour le président Boeri Elu à la tête de l’ACM en 1972, Michel Boeri a indiqué qu’il passera la main au prochain renouvellement de mandat. C'est-à-dire en 2021. L’an prochain… Près de 50 années passées à diriger le Grand Prix F1 le plus célèbre au monde. Et le Rallye Monte-Carlo ; Deux épreuves de légende que tout pilote rêve de remporter. En voile, on parlerait des cinquantièmes hurlants. Il est vrai que le « patron » a l’habitude de dire ce qu’il pense, sans fioriture en général. Mais sans avoir besoin de hurler. pèpp Qui sera son (ou sa pourquoi pas ?) successeur ? On ne sait pas, même si une short liste de noms circule. Michel Boeri n’est pas avare de conseils et souhaite « bon courage à ceux qui nous succéderont ». Nous ? Parce qu’il y a l’équipe, les fidèles, ceux qui sont arrivés au club en même temps que lui, et sur qui il s’appuie avec confiance : les fidèles, les loyaux. Ceux qui ont contribué à la réussite… et qui laisseront la place – forcément – à une nouvelle équipe.

© Photos DR

g Un 78 tours, entre histoire et avenir ! 78 tours… une durée de Grand Prix entre Sainte-Dévote, Casino Portier, chicane et Rascasse. Pour la Formule 1. Les monoplaces du GP historique et celles du ePrix tournent moins longtemps. Les premières – témoins de l’histoire et de l’évolution de la course automobile - pour les préserver; les secondes – l’avenir ? – pour ne pas épuiser leurs batteries. Le GP historique est un spectacle toujours apprécié par les spectateurs « de l’époque », mais aussi par les plus jeunes qui découvrent ces voitures qui ont fait les grandes heures de la course « dans la cité ». Quant au ePrix, sur un circuit plus court tracé autour du port, il se fait remarquer par son… silence ! Forcément. Mais les empoignades sont belles. Façon gros kart, voir parfois auto-tamponneuse ! L’avenir nous dira d’ici une dizaine d’année si le pari du tout électrique est une réussite. INITIATIVES

Pour l'instant Grand Prix virtuel

FORMULAIRE D’ABONNEMENT

L

e dimanche 24 mai, le jeune pilote de l’écurie Williams George Russel a remporté le Grand Prix de Monaco. A l’issue d’une course très animée dans les rues de la Principauté, le britannique s’est imposé avec 39 secondes d’avance sur le Mexicain Esteban Gutierrez, troisième pilote chez Mercedes. Charles Leclerc, le local de l’étape, complète le podium au volant de sa Ferrari. Il s’agissait bien sûr de la course « Esport ». Grand-Prix virtuel.

g Une équipe aux couleurs de la Fondation Princesse Charlène Et ce mois ci, les 13 et 14 juin, cap sur les 24h du Mans. 55 équipages avec arrêtes aux stands, changement de pilotes (4 par voitures), incidents de course, ravitaillement… comme dans la vraie vie ! A fond les manettes. On suivra avec attention la Ferrari n°54 qui évoluera sous la bannière Strong Together. Il s'agit d'une équipe alignée pour représenter les couleurs de la fondation de la princesse Charlène de Monaco. Chaque équipe compte 2 pilotes pros et deux « amateurs ». Deux grands de la Formule1 défendront Monaco : Les anciens pilotes Ferrari Felipe Massa et Giancarlo Fisichella. Mais vivement que voitures et pilotes reprennent la piste ! Le virtuel c’est bien mais… Avec quand même un point fort. En cas d’accident pas de mort, pas de blessé. Sauf crise cardiaque du « pilote » terrassé par l’émotion de la victoire ! (P.Y.R.)

1 an (soit 11 numéros)

€ 40* 40*

5 ans (soit 55 numéros)

€ 100* 100*

3 ans (soit 33 numéros)

€ 20* 20*

2 ans (soit 22 numéros)

€ 60* 60*

ABONNEMENT

* pour l’étranger (dehors Monaco et France) ajouter +50% ; Dehors Europe : + 100%

Prénom Nom Adresse

Ville © Photo DR

g Les courses se disputent sur écrans... Depuis le début de la saison 2020 et des GP reportés ou annulés pour cause de Covid-19… les courses se disputent sur écrans. Chacun le sien, manettes en main. Au départ des pilotes de F1 et des personnalités invitées. C’est amusant, c’est quand même sportif, mais pas très attrayant pour le public. En attendant un retour sur les vraies pistes. Peut être en Autriche début juillet pour la F1. Et le phénomène se développe. Fernando Alonso vient ainsi de remporter la course Legends Trophy sur le célèbre anneau d’Indianapolis ! Il a devancé un autre ancien champion du monde F1, Jenson Button. Au départ de cette épreuve virtuelle on comptait également d’autres anciens champions du monde F1 Emerson Fittipaldi (73 ans) et Mario Andretti (80 ans) ! Cette victoire est peut être de bon augure pour Alonso qui rêve de remporter les 500 miles d’Indianapolis, et d’égaler ainsi Graham Hill : coiffer la « Triple Couronne » du Sport auto (Monaco, Le Mans, Indianapolis).

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N° 195 • Juin 2020

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