n199nov20

Page 1

LaPrincipauté €2

Le premier journal d'actualité de Monaco

Année XXI • Numéro 199 • Mensuel édité par Global Media Associates Sas • Gérant de la publication Roberto Volponi • Rédaction et administration : “ Le Beausoleil de Monaco ” 6, Boulevard de la Turbie 06240 Beausoleil • Tél. : +33 09.50.79.90.84 • Fax (+33) 09.55.79.90.84 • Siège Social : Piazza Caduti della Montagnola 48 00142 Rome • Tél./Fax (+39) 06.23.31.52.15 • Bureau de Milan : Tél./Fax (+39) 02.70.03.01.42

www.laprincipaute.net

Novembre 2020

• Numéro de Commission Paritaire : 0522 U 81608 • Dépôt légal : à parution • Imprimé sur papier spécial en Union Européenne • Concessionnaire général de publicité : Global Media Associates Sas - Section Publicité • Abonnements : annuel (soit 11 numéros) €20 ; hors Monaco et France +50% • S’adresser à Global Media Associates - Bureau Abonnements ou à http://www.laprincipaute.net/abonnez-vous.html

Dossier Spécial

Photo © Conseil National Monaco

Paix sociale: Est-elle ménacée ?

Nathalie Amoratti-Blanc, Présidente de la Commission des Droits de la Femme et de la Famille du CN

"A la SBM priorité pour les emplois" N° 199 • Novembre 2020 1 ☞  FINANCE FINANCE • L'"HELICOPTER MONEY" : EXISTE-T-IL UNE LIMITE À LA CRÉATION MONÉTAIRE ? • PAGE 9


DOSSIER SPECIAL

Le risque du conflit socia

Face à la deuxième vague de la pandémie, Monaco veut éviter d'avoir recours au confinement

par Patrice Zehr

DOSSIER

S

ur l’épidémie, qui occupe à nouveau tous les esprits, Monaco fait de la résistance. Ça monte, comme le prouve les chiffres au quotidien, en dents de scie, mais avec des records de cas détectés sans arrêt dépassés. Le test positif révélé le 26 octobre du Président du Conseil national, en est, après celui de l’Archevêque, un symbole. Ca monte mais moins qu’en France et en Italie. Pour le moment pas de confinement à la française, mais une adaptation permanente. Tout peut changer en quelques jours, mais tant que la situation sanitaire restera sous contrôle cela permettra de penser à l’avenir, à la relance économique et à la limitation des dégâts sociaux inévitables. Le pas vers l’autre, on va vite s’en rendre compte, ne vaut pas que pour les rapports entre l’Exécutif et le Législatif, Il est également indispensable dans le dialogue social. Il est même plus indispensable que jamais. La crise sanitaire, la première vague et son rebond pèsent sur l’économie, malgré un déficit budgétaire réduit par rapport aux premières prévisions. En attendant les effets du plan de relance dans plusieurs secteurs d’activités, l’emploi est sous pression dans des entreprises qui ont souffert et souffrent encore. On ne voit pas le bout du tunnel dans la culture, le tourisme ou l’événementiel.

g Coup de tonnerre à la SBM Le plus emblématique est la situation de la SBM. L’annonce d’un plan de restructuration qui n’exclut pas des licenciements économiques a

L'EDITORIAL

P

par Roberto Volponi

fait l’effet d’une bombe à Monaco. Comme l’avait très largement laissé pressentir le Président-délégué de la SBM, Jean-Luc Biamonti, son entreprise qui emploie 3 823 salariés, dont 470 Monégasques, va donc licencier. Objectif : atteindre une baisse des dépenses à hauteur de 25 millions d’euros. La société est liée à l’image de Monaco, le jeu, cœur du métier, l’hôtellerie et les résidences de luxe, la restauration haut de gamme. Cette société dont l’Etat est actionnaire bénéficie d’un monopole des jeux qui l’oblige à un rôle social. Le premier employeur privé est dans la tourmente. La priorité nationale doit normalement être appliquée, écartant les monégasques d’éventuels licenciements, comme le demande le Conseil national. Mais bien sûr l’enjeu de la restructuration va au-delà, et concerne tous ceux qui participent à l’attractivité de ce joyau. Les syndicats des jeux se montrent particulièrement inquiets. Le Conseil national sera très attentif au plan qui sera proposé et fera toutes les propositions pour limiter la casse sociale. Il n’est pas question cependant de nier les réalités, la gravité de la situation actuelle comme les incertitudes sur les perspectives d’avenir. Il est évident que le retour pour le casino et les jeux de table de la grosse clientèle internationale dépend de l’évolution de l’épidémie. Il faudra attendre car en Europe, la situation s’aggrave à nouveau. Le Sun casino est fermé, celui du Monte Carlo Bay en sursis, sans oublier la Salle des Etoiles désaffectée faute de programmation d’étoiles. Le secteur hôtelier aussi a souffert, seul point positif le locatif de luxe :boutiques, bureaux et appartements du «One Monte Carlo». Mais la SBM ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Certes il faudra lui éviter une explosion sociale, mais d'autres entreprises sont menacées et risquent des fractures de la paix sociale.

g Une loi controversée... Hors cette paix sociale aux côtés de la solidité des institutions, la sécurité fait partie de l’attractivité de Monaco. Pour éviter au maximum les licenciements, il faudra limiter au maximum les faillites d’entreprises. C’est l’objet d’une loi déposée sur le bureau du Conseil national, mais refusée par certains avant même d’être connue. Une loi temporaire organisant l’annualisation du

Monaco décide de jouer la carte de la résilience

2

N° 199 • Novembre 2020

© Photo DR

as de confinement, du moins pour l’instant, mais « seulement » l’adoption d’un couvre-feu - rigide et plutôt étendu - et l’adoption de mesures de restrictions renforcées. Ainsi, pour faire face à la deuxième vague de la pandémie Covid-19, Monaco a choisi, on estime à juste raison, la stratégie de la résilience. Apparemment forte des chiffres - à l’heure actuelle – toujours meilleurs par rapport aux régions voisines, la Principauté se lance ainsi dans un pari risqué, mais bien calculé et toujours responsable, qui vaut la peine de tenter de le gagner. Toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce ne sont pas véritablement les chiffres actuels qui justifient un tel choix, mais plutôt le fait d’être un pays indépendant - qui n’est donc pas obligé de se soumettre à des mesures prises ailleurs sur des situations différentes – et surtout avec un territoire limité, ce qui permet d’être mieux contrôlé et piloté et de mettre en place des actions ciblées et adaptées. Car les chiffres – comme on l’a appris lors de la première vague – peuvent engendrer de fausses illusions et sont susceptibles de grimper rapidement : des pays considérés comme des exemples à suivre pour leur gestion de la crise et leurs chiffres modérés se sont tout d’un coup retrouvés avec un taux de contagion inattendu dans les semaines précédentes. Car, malheureusement, il n’y a pas d’îles sereines, totalement à l’abri du virus, et - plus que les chiffres ponctuels - il faut considérer la tendance à la hausse des cas qui se manifeste actuellement un peu partout. De surcroît, le taux de diffusion de ce virus est souvent de type exponentiel. C’est une progression mathématique qu’on a du mal à bien comprendre – même au niveau conceptuel - dans toute son ampleur. Pour ce faire, les mathématiciens ont parfois recours à des métaphores très efficaces, dont celle des grains de riz sur un échiquier. Si on met un seul grain de riz et on double la quantité à chaque case successive, quand on arrivera à la dernière case, tous les grains de riz de la planète ne suffiront plus ! Par conséquent, plutôt que se confronter avec des pays voisins plus ou moins touchés par la pandémie et se croiser les doigts, il vaut mieux envisager le pire pour être prêt à faire face aussi à des chiffres plus importants pour les semaines à venir, et jouer la carte de la résilience, c’est-à-dire avoir recours à la capacité à faire face à l’adversité, transformer les problèmes en force motrice pour en sortir fortifiés. Ce qu’ailleurs il n’est plus possible de réaliser, en raison de grandes extensions territoriales, de populations trop nombreuses et de moyens insuffisants, à Monaco demeure toujours envisageable. Il faut avoir recours à tous les moyens qu’on a appris à utiliser, il y a seulement quelques mois, et adopter le plus possible les résultats issus du Comité mixte gouvernement-Conseil national : renforcer les gestes barrières, tout d’abord, et adopter à fond la règle des trois « T » : tester, tracer, traiter. Poursuivre le dépistage massif pour détecter rapidement les cas positifs et asymptomatiques et les isoler pour éviter toute propagation incontrôlée, tracer les cas des contacts potentiels et les rendre inoffensifs, traiter les contaminations peu symptomatiques le plus possible à domicile. Et surtout surveiller de façon capillaire les lieux de rassemblements potentiels, en particulier les restaurants, les écoles, les chantiers, les lieux de travail et le plus possible les transports en commun. La situation qui évoluera au fur et à mesure au sein du Centre Hospitalier Princesse Grace - plus que le nombre de cas enregistrés - représentera le baromètre d’un éventuel succès de cette stratégie. Tant que l’hôpital ne rentre pas en souffrance, cela signifie que la situation demeure toujours sous contrôle…


PAIX SOCIAL EN DANGER

al sur le fil de la crise sanitaire

t en appelant à l'unité et à la responsabilité de chacun : le dialogue social semble ainsi plus indispensable que jamais INTERVIEW

DIDIER GAMERDINGER *

"Nous devons protéger l’emploi et maintenir le revenu des salariés"

g Monsieur le Conseiller-Ministre, la relance économique est indissociable de la lutte contre les conséquences sociales de la crise sanitaire. L’évolution de l’épidémie permet-elle une relance à la hauteur des attentes sociales aux côtés de la poursuite des aides de l'Etat aux salariés ? Didier Gamerdinger : "Le Gouvernement, par son action, met en œuvre les mesures destinées à limiter la progression de l’épidémie Covid-19 et assure un soutien à l’économie et au monde du travail. Ce double engagement des pouvoirs publics est destiné, dans le contexte sanitaire très préoccupant que nous vivons, à promouvoir nos activités et limiter les conséquences sociales de la situation difficile que nous connaissons. Concrètement, nous déployons un plan de relance à hauteur de 75 millions qui a des effets immédiats, notamment en matière de pouvoir d’achat et des effets à plus long terme en dotant la Principauté d’outils pour bâtir une économie durable. C’est le cas, par exemple, à travers le numérique ou le soutien au secteur de la construction." © Photo CN

g Le Gouvernement Princier sera bien sûr, en tant qu’actionnaire historique, très attentif à la restructuration de la SBM et ses conséquences sur l’emploi. Comment abordez-vous l’avenir de cette société emblématique de Monaco et grand bassin d’emplois, notamment pour les nationaux ? DG : "La SBM est confrontée à d’importantes difficultés, ainsi qu’elle a eu l’occasion de l’exprimer. C’est la raison pour laquelle elle a engagé des discussions avec les représentants des salariés sur les mesures qu’elle envisage pour y répondre. Le Gouvernement sera comme toujours attentif à la qualité du dialogue initié par la direction avec ses interlocuteurs. Il veillera au niveau des propositions formulées pour accompagner d’éventuels départs afin de privilégier les retraites anticipées et les cessations de fonctions volontaires. Cette société, qui a toujours su s’adapter, devra ensuite prendre des décisions responsables, afin de relancer ses activités et rester le premier employeur de la Principauté."

temps de travail pour favoriser la flexibilité. L’annualisation du temps de travail permet à l’employeur d’adapter ce temps aux besoins de son activité. L’idée est chère à la FEDEM et a tout se suite été rejetée par l’USM. Pour ce syndicat contrairement à l’F2SM plus mesuré, cette loi est introduite par opportunité, la crise sanitaire a bon dos, pour un patronat «rétrograde» d’obtenir un recul social. Le gouvernement s’en défend et le Conseil national qui aura le dernier mot au cours du vote a fait clairement savoir qu’il n’accepterait aucune régression. On verra si le texte répond aux promesses du gouvernement : « Il n’y aura pas de recul social. Il n’y aura pas de dogmatisme. Il y aura des solutions pragmatiques, exceptionnelles très temporaires, avec les garanties indispensables pour répondre à une situation exceptionnelle. » Pour le Président du Conseil national : « L’ensemble des parties concernées doit faire preuve d’un esprit de responsabilité, à la hauteur des nouveaux enjeux et de cette situation particulière que nous connaissons. Ce devoir de responsabilité doit prendre une nouvelle dimension aujourd’hui, que ce soit ici au Conseil national, que ce soit au niveau du gouvernement, ou au niveau des partenaires sociaux. » g Les jeux ne sont pas faits ! On le voit, la crise sanitaire pèse plus longtemps qu’espéré partout en Europe. Le contexte international rend difficile un rebond spécifique monégasque. Nous ne sommes pas la Chine. Notre modèle est prospère mais particulièrement sensible a certains chocs internationaux. Notre paix sociale est face à l’épreuve du salut des entreprises et des activités. Comme à la SBM, les jeux ne sont pas faits.

g La perspective d’une loi temporaire sur l’annualisation pour renforcer en cette période spéciale la flexibilité provoque des craintes parmi certains élus, et l’hostilité syndicale. Pourquoi cette loi, quelle est son objectif ? DG : " L’Etat est intervenu de manière résolue pour aider les entreprises et sauvegarder l’emploi. Il l’a fait par différentes mesures qui ont fait la preuve de leur efficacité (CTTR, aide au paiement des charges sociales, Commission d’Aide aux Entreprises, réduction des loyers publics…). Nous avons ainsi engagé près de 150 millions depuis le début de la crise sanitaire pour soutenir l’emploi. Pour autant, le Gouvernement ne doit pas agir seul. Les partenaires sociaux ont un rôle à jouer. Il leur appartient également de s’engager. C’est l’esprit des discussions qui ont abouti au projet de loi sur l’aménagement concerté du temps de travail : comment protéger l’emploi ? Comment donner à nos entreprises la capacité de s’adapter à une saisonnalité qui sera plus marquée encore cette année ? Le projet de loi trace un cadre qui permettra d’instaurer un dialogue dans l’entreprise afin de trouver les solutions les plus adaptées convenant tant à l’employeur qu’aux salariés. C’est un texte aussi qui aura une durée de vie limitée : 12 mois. Passé ce délai, s’il fallait prolonger l’esprit du texte, il faudrait automatiquement une nouvelle loi, ce qui demanderait donc une nouvelle concertation avec les partenaires sociaux. Il y a aussi des garde-fous pour imposer un dialogue entre les employeurs et les salariés comme un accord commun et le respect de la réglementation du temps de travail hebdomadaire fixé à maximum 48 heures. Le but du texte est clair : protéger l’emploi et maintenir le revenu des salariés." g La paix sociale fait partie de l’attractivité de Monaco. Notre modèle économique souffre, notre modèle social si envié pourra-t-il résister ? DG : "Le modèle social monégasque a ceci d’unique qu’il s’est construit avec intelligence, grâce à une approche convergente du Gouvernement, des représentants des employeurs et de ceux des salariés. Ce modèle social est le reflet de la prospérité de Monaco, dont il a accompagné le développement. Les mesures de soutien engagées par le Gouvernement sont précisément destinées à soutenir l’activité économique et préserver l’emploi. C’est le sens de l’engagement de la puissance publique qui s’est particulièrement traduit dans les actes depuis le début de la crise sanitaire." * Conseiller de Gouvernement - Ministre des Affaires Sociales et de la Santé

N° 199 • Novembre 2020

3


DOSSIER SPECIAL

"Ce projet de loi est un cadeau fait au patronat" patronat" par Patrice Zehr

g Votre syndicat est très inquiet de la préparation d’une loi pour aménager provisoirement le temps de travail ? Avez-vous été consulté et quel est votre sentiment ? Y a-t-il un risque réel de régression sociale ? OC : "L’USM est fermement opposée à ce projet de loi. S’il était voté il aggraverait lourdement les conditions de vie et de rémunération de l’ensemble des salariés du secteur privé. Il a une dimension antisociale de grande portée. À cet égard, il est particulièrement surprenant, voire choquant, qu’il n’ait pas été soumis à l’examen du Conseil Économique Social et Environnemental dont les travaux sont une aide précieuse à l’élaboration « concertée » des textes engageant l’ensemble du monde du travail. À notre connaissance, le seul précédent existant remonte à 1980, lors du vote de la loi antigrève, heureusement abrogée un an plus tard pour inconstitutionnalité par le Tribunal Suprême. Pourquoi un tel mépris ? Doute-t-on de l’efficacité et de la pertinence des travaux de cette Assemblée ? « L’urgence », nous répondra-t-on. Quelle urgence ? Cet empressement est suspect, et non conforme aux règles de la démocratie. Une telle hâte cache à peine les vraies motivations du texte, à savoir préparer les salariés à la crise économique systémique profonde qui a déjà, et aura, dans les années à venir de graves conséquences sociales. Le confinement n’a fait qu’accélérer cette crise. Pour l’essentiel les licenciements collectifs envisagés étaient déjà décidés avant confinement. Il s’agit de faire payer la crise par les salariés, et pas par les actionnaires. Derrière un discours humaniste, esquivant la réflexion sur les enjeux d’une relance par l’économie réelle, le gouvernement propose à la hâte de nouveaux sacrifices aux salariés, actionnaires et patronat demeurant à l’abri de toute « disposition innovante » qui les mettraient à contribution. Ce texte est un cadeau fait au patronat. Il est à noter, pour l’anecdote, que la prétendue réflexion associant les « partenaires sociaux» dans « la recherche de solutions concertées et innovantes » s’est essentiellement résumée à la présentation détaillée par la FEDEM d’un PowerPoint ressemblant comme deux gouttes d’eau au présent projet de loi. Présentant cette remise en cause comme une « alternative » aux « plans sociaux », disons plus crûment aux licenciements collectifs, à aucun moment l’exposé des motifs ne fait la démonstration que ces dispositions permettraient de sauver des emplois. D’ailleurs, rappelons que la mise en place de l’annualisation en France a généré un nombre d’emplois ridicule. Et depuis cette époque, le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter dans le pays voisin." 3 QUESTIONS A :

g Quels sont les secteurs qui vous donnent le plus d’inquiétude ? Redoutez-vous une multiplication des conflits sociaux ? OC : "Nous avons tous pu constater que les secteurs les plus en difficulté sont notamment l’hôtellerie et l’événementiel mais finalement aucun secteur n’est épargné. L’Union des Syndicats de Monaco continuera à s’investir pour représenter au mieux l’intérêt de tous les travailleurs. Tout emploi perdu génère une inquiétude. Nous allons voir, à l’heure ou des nouvelles mesures drastiques contre le virus du COVID vont être prises en France et à Monaco, l’évolution que nous réserve cette situation préoccupante. Nous espérons cependant que la paix sociale se maintiendra au maximum. Ce n’est pas gagné car de nombreux plans sociaux sont en gestation surtout au niveau de la SBM."

© Photo USM

DOSSIER

g L’emploi a-t-il résisté à Monaco face à la crise sanitaire mieux qu’ailleurs, et les plans pour les salariés sont-ils efficaces ? Olivier Cardot * : "Ce ne serait pas sérieux de penser que l’impact de cette crise sanitaire est moindre à Monaco en termes d’emploi. Il faut tout d’abord rattacher la situation des travailleurs au périmètre du Pays. Monaco est un État spécifique dans lequel la population salariée doit s’adapter car comme vous le savez, bon nombre de travailleurs n’ont pas la chance d’habiter à Monaco. On pourrait ainsi croire que le virus COVID-19 circule peu et moins vite. Ce n’est pas le cas. Mais malgré quelques ratés, le Gouvernement princier a su prendre les mesures adéquates au bon moment avec la coopération du Conseil national, d’abord écarté des discussions, il faut le dire et le regretter. Les mesures prises, de notre point de vue, auraient dû être plus protectrices pour les travailleurs. Cependant, que ce soit sur le sujet du CTTR ou de l’interdiction des licenciements, elles ont le mérite d’exister. Il est trop tôt pour savoir si Monaco a résisté plus qu’ailleurs concernant l’emploi car à l’heure actuelle, la situation est encore floue sur le devenir de certains secteurs et de nombreux plans sociaux sont en cours notamment à la SBM et je vous rappelle que la crise sanitaire est loin d’être terminée."

g On vous reproche parfois une approche dogmatique et un refus d’adaptation à la réalité économique ? En cette période si particulière que répondez-vous ? OC : "Il n’est pas dans l’ADN de l’Union des Syndicats de Monaco de négocier la régression sociale, nous laissons cela à l’autre fédération présente dans le Pays qui se dit réformiste. Notre expérience démontre très clairement que de nombreux salariés de Monaco nous font confiance et cela nous convient parfaitement. Ceux qui nous qualifient de dogmatiques ne connaissent pas ou peu notre organisation. Nous sommes une force de proposition incontournable dans le Pays et nous l’avons prouvé à maintes reprises. A bon entendeur…" * Secrétaire Général Adjoint de l'Union des Syndicats de Monaco (USM)

CEDRICK LANARI *

"Aucun licenciement durant la durée de cet accord" accord, en cas de reprise, puisse être cassé sur demande de l’une ou l’autre partie. Que le nombre d’heures maximum ne puisse dépasser 48 heures en période haute. Enfin notre demande forte, qui fut accepté après plusieurs échanges notamment par le biais d’une réunion constructive Son Excellence Mr Dartout, que l’employeur s’engage à ne procéder à aucun licenciement de type économique durant la durée de cet accord. Cet engagement permet de bien conserver l’esprit de ce projet de loi quant la préservation de l’emploi. Cette première phase avec le gouvernement va maintenant passer à une autre étape puisque le Conseil National va étudier ce projet et à ce sujet notre Fédération sera entendu par celui ci le 29 octobre prochain."

g Comment avez vous travaillé pour la mise au point de la loi sur l’aménagement concerté du temps de travail ? CL : "La Fédération des syndicats de salariés de Monaco, dans sa volonté de dialogue et de concertation, a été la seule fédération à assister à toutes les réunions initiées par le gouvernement pour défendre l’intérêt des salariés. Le thème initial était de trouver des solutions pour conserver les emplois dans cette période inédite. Suite à la proposition de la FEDEM concernant l’aménagement concerté du temps de travail notre Fédération a proposé plusieurs gardes fous afin de préserver les conditions de travail des salariés. Tout d’abord que cette proposition de négociations interne aux entreprises ne soit pas une obligation. Que les partenaires sociaux, par le biais de leurs Délégués syndicaux, puisse bien participer à ces dites négociations. Que dans les petites entreprises de moins de 10 salariés, ce qui représente plus de 85% des entreprises Monégasque, le vote à la majorité absolue soit retenu. Que cet accord soit limité à un an sans reconduction tacite. Que cet

4

N° 199 • Novembre 2020

© Photo MH

g Monsieur Lanari, comment la F2SM juge- t-elle la poursuite du soutien de l'Etat et le plan de relance de l’économie ? Cédrick Lanari : "La décision des instances Monégasques de poursuivre le CTTR jusqu’en mars 2021 donne incontestablement de l’oxygène aux entreprises donc aux salariés. La Fédération des syndicats de salariés de Monaco est très attentive à ce qu’il y ai le moins de casse salariale possible afin que chaque compétence soit préservée lorsque la reprise sera réellement là. Quant au plan de relance validé par le Conseil National, celui-ci contribue à créer des bases solides en ce sens."

g Quel est votre point de vue sur cette loi au niveau de la protection des salariés et de son utilité pour l’emploi en général ? Avez-vous comme l’USM des inquiétudes ? CL : "À partir du moment où il n’y a aucune obligation de négociations, que le dernier mot reviendra toujours aux salariés et que l’employeur s’engage, comme nous l’avons demandé à ne pas procéder à des licenciements économiques durant l’accord, nous estimons que déjà un grand pas a été réalisé. La vision de la Fédération des syndicats de salariés de Monaco est très clair sur le sujet, bien sûr que beaucoup d’inquiétudes perdure quant à l’application concrète de ce projet de loi mais nous préférerons toujours un salarié en aménagement du travail qu’un salarié au chômage." * Président de la Fédération des Syndicats des Salariés de Monaco (F2SM)


PAIX SOCIAL EN DANGER

"Ecouter l'avis des entrepreneurs sinon cette loi ne servira à rien" par Patrice Zehr

g Avez-vous une idée actualisée du nombre d’entreprises en difficulté et du nombre d’emplois à ce jour menacés ? PO : "Je m’abstiendrai de toutes prédictions chiffrées. Il est cependant probable, au vu des remontées du terrain que j’ai régulièrement en échangeant avec nos adhérents et des difficultés avérées de certaines entreprises opérant dans les secteurs les plus impactés (tourisme, communication, événementiel, hôtellerie-restauration commerce de détail, industrie) que quelques milliers d’emplois au maximum risquent de disparaître. Mais comme je l’ai déjà dit, notre économie est résiliente. Au cours des trois dernières décennies, elle a créé en moyenne 1000 emplois par an, et j’ai bon espoir qu’elle puisse à nouveau le faire dans un délai raisonnable. J’ai confiance en la capacité des chefs d’entreprises à faire face à cette crise, comme ils l’ont fait lors des précédentes, à condition qu’on les laisse travailler et qu’on ne leur impose pas encore de nouvelles contraintes législatives et réglementaires." g Vous avez souvent souligné que notre droit était mal adapté aux impératifs économiques. Êtes-vous à l’origine d’une loi en préparation sur l’annualisation ? Que faut-il modifier, même provisoirement ? PO : "Cela fait des années que nous alertons le Gouvernement sur le retard croissant pris par la Principauté en matière de droit social, comparativement à la région économique voisine, retard qui a un impact délétère sur notre économie. Pour rappel, les entreprises françaises bénéficient depuis 1982, soit presque 40 ans, d’une possibilité d’aménagement du temps de travail sur une période supérieure à la semaine, pouvant aller jusqu’à l’année, quand nous en sommes toujours restés à des salaires et des heures supplémentaires calculés à la semaine, sans dérogation. La crise que nous traversons a renforcé ce décalage croissant, et nous sommes heureux que le Gouvernement se soit impliqué dans ce dossier. Dans ce sens, oui, nous sommes bien à l’origine de cette loi en préparation : la FEDEM a rempli son rôle en faisant remonter aux Autorités les besoins réels des entreprises monégasques pour sauver des emplois grâce à l’aménagement du temps de travail. L’enjeu est de permettre aux entreprises, qui sont confrontées à une crise, d’adapter rapidement leur capital humain aux besoins et aux résultats, et cela sans avoir besoin de recourir aux licenciements, que tout le monde veut éviter. Pour cela, il faut modifier la loi afin qu’elle permette une annualisation du temps de travail, c’est-à-dire ne plus calculer à la semaine, mais sur l’année 4 QUESTIONS A :

ALBERTE ESCANDE *

"Fléxibilité pour mieux gérer"

g Madame Escande, comment se porte moralement votre secteur d’activité particulièrement touché par la crise sanitaire ? Alberte Escande : "Notre secteur d’activité est très touché, en effet les professionnels sont plus que soucieux et sont confrontés à des pertes d’exploitations qui ne sont pas sans conséquences."

combien d’heures ont été travaillées. Bien sûr, ce simple changement a des conséquences juridiques qui ont été détaillées dans les rapports transmis par la FEDEM au Gouvernement. Mais nous sommes convaincus que c’est une condition indispensable pour permettre aux entreprises de surmonter cette crise." g La perspective de cette loi provoque des inquiétudes et même une hostilité de l’USM. Le comprenezvous ? Que répondez-vous à ceux qui redoutent que la crise soit utilisée pour permette des régressions sociales ? PO : "La pire régression sociale, c’est le licenciement ! La période que nous vivons est très anxiogène, et nous comprenons parfaitement que des salariés puissent nourrir certaines inquiétudes, mais cette souplesse permettra de sauvegarder des emplois, ce qui signifie qu’elle réduira les licenciements qui, hélas, seraient inévitables sans elle. L’USM est un syndicat de lutte des classes, qui cherche à mettre à bas le modèle social libéral qui a fait la réussite de Monaco. C’est une approche obsolète dans une crise comme celle que nous rencontrons actuellement. Nous avons tous à y gagner, et cette loi allait bien dans le sens de la sauvegarde des emplois. Aussi nous sommes particulièrement affectés que le Gouvernement soit venu en limiter l’attractivité, et donc l’efficacité, en lui rajoutant une clause d’interdiction de licencier s’opposant directement à la liberté du travail. On le voit déjà avec la possibilité d’exonération de charges sociales prévues dans les aides pour les PME monégasques : elle est assortie d’une interdiction de licencier. Résultat : Personne ne s’en sert ! La liberté d’entreprendre est un des piliers de l’économie monégasque. Elle inclut la liberté d’embaucher et de débaucher. Si le Gouvernement veut réellement sauver des emplois, il doit entendre la psychologie des entrepreneurs, qui refusent toute interdiction de licencier. Sinon, cette loi ne servira à rien."

© Photo FEDEM

g Monsieur Ortelli, vous avez à plusieurs reprises tiré le signal d’alarme sur les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire à Monaco. Êtesvous optimiste sur le plan de relance ? Philippe Ortelli * : "Oui, malgré les difficultés extrêmes auxquelles sont confrontées les entreprises du fait de la crise liée à la Covid-19, je reste optimiste : notre pays a toujours su montrer sa capacité à rebondir et le montrera une fois de plus, et le plan de relance mis en place par le Gouvernement Princier va dans ce sens. Nous regrettons bien sûr de ne pas avoir été plus associés à sa conception, ce qui aurait permis d’en accroître l’efficacité. Le Gouvernement a néanmoins pris en compte la nécessité de soutenir les entreprises pour sauvegarder notre modèle social libéral unique, et ainsi garantir un avenir constructif. Cette prise de conscience est salutaire."

* Président de la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM)

g Au niveau des conséquences sociales y a-t-il - à votre connaissance - des établissements menacés et des licenciements envisagés ? AE : "Les établissements menacés, il m’est difficile de répondre à cette question, mais il est clair que financièrement les difficultés sont présentes, qui certainement conduiront à des licenciements ou à des CDD non renouvelés."

© P h o t o Tw i t t e r

g L’aide de l’Etat vous donne-t-elle les moyens de la relance ? AE : "Elle nous aide à maintenir les exploitations mais la relance ne pourra se faire que lorsque la situation touristique redeviendra normale."

g Êtes-vous favorable à plus de flexibilité grâce à une loi provisoire d’annualisation ? AE : "Absolument, pour une meilleure gestion des établissements pendant les périodes creuses et pour la pérennité des emplois." * Présidente de l’Association des Industries Hôtelières de Monaco (AIHM)

N° 199 • Novembre 2020

5


POLITIQUE & SOCIETE

"S'adapter et sauver le plus d’emplois possibles à la SBM" par Patrice Zehr

POLITIQUE

g Madame Amoratti-Blanc *, vous représentez le Conseil national dans la Commission tripartite sur la SBM, aux côtés de la direction et du gouvernement. L’annonce d’un plan de restructuration pour faire face à une crise unique a été un coup de tonnerre. La SBM bien sûr ce n’est pas pour Monaco une société comme les autres ? Nathalie Amoratti-Blanc : "En effet, je remplace désormais Brigitte Boccone-Pagès qui siège maintenant au Conseil d’Administration de la SBM au sein de cette commission tripartite Gouvernement-Conseil National-SBM. Je m’attacherai à défendre le rôle social et économique de ce fleuron monégasque, dont l’Etat est actionnaire majoritaire. Par sa nature et par son histoire, par son importance et son lien particulier avec la communauté monégasque, la SBM n’est pas une entreprise comme les autres. Son rôle social est inscrit dans son ADN. Elle l’a toujours assumé et doit rester exemplaire. Le Conseil National y veillera."

g Quels sont les secteurs les plus touchés et ceux qui s’en sortent le mieux ? NAB : "Il ne m’appartient pas d’analyser l’évolution des chiffres d’affaires sectoriels. La crise touche la SBM de plein fouet vu la nature de ses activités. Le tourisme, l’hôtellerie et les jeux subissent les conséquences des interdictions de voyager et les confinements successifs." g Pour les élus cette situation justifie donc pleinement un plan social ? NAB : "La situation justifie de s’adapter pour sauver le plus d’emplois possibles dans le futur. C’est un fait. Le Conseil national a demandé de préserver l’emploi des nationaux, de favoriser les départs volontaires et de limiter au strict minimum les licenciements. Il faudra aussi accompagner dans les meilleures conditions possibles les salariés touchés par ces mesures et leur donner une priorité à l’embauche lors de la reprise. Nous serons attentifs aux négociations entre la direction et les représentants du personnel. Chacun devra faire preuve de compréhension et de modération. Comme le dit le Président Stéphane Valeri, c’est « par la négociation et dans le respect mutuel, (qu’)il est possible de trouver des solutions équilibrées pour surmonter cette crise."

© Photo CN

g Sur un plan strictement sanitaire, comment jugez-vous la gestion de cette nouvelle crise de la part du gouvernement ? NAB : "Je considère que le Gouvernement est trop en retard, et trop souvent en réaction au lieu d'être dans l'anticipation. Il ne semble pas toujours avoir tiré les enseignements de la première vague. Concernant la mise en place de tests alternatifs, demandée par exemple depuis plusieurs semaines par les élus, autorisés en France ainsi que dans de nombreux autres pays et qui était bloquée par des aspects bureaucratiques, le Conseil National salue la décision du Ministre d’Etat de donner suite à notre demande insistante d’autoriser l’utilisation de tests antigéniques par les médecins, les pharmaciens ou les infirmiers, qui vont permettre dans les tous prochains jours de faciliter le dépistage avec des résultats immédiats et donc de limiter plus efficacement la propagation du virus."

* Présidente de la Commission des Droits de la Femme et de la Famille du Conseil national et membre de la Commission consultative de coopération avec la S.B.M.

3 QUESTIONS A :

THOMAS BREZZO *

g Monsieur Brezzo, cette période de crise sanitaire a nécessité un gros effort pour adapter les textes à la situation. Comment avez-vous accompagné les stratégies de relance ? Thomas Brezzo : "Tout d’abord, le Conseil National, sous l’impulsion de son président, s’est totalement mobilisé dès le début de la crise, d’une part pour donner les moyens législatifs indispensables à la mise en œuvre de certaines mesures, et d’autres part pour voter les moyens budgétaires des mesures de soutien et d’accompagnement, pour les salariés, les travailleurs indépendants, les commerçants et tous les acteurs économiques de la Principauté. En ce qui concerne les stratégies de relance, nous avons voté un second budget rectificatif incluant tous les volets de la relance". g Une loi va être discutée pour aménager provisoirement le temps de travail. Y a-t-il eu une véritable concertation en amont ? TB : "Rappelons que ce projet de loi est une seconde version du texte initialement parvenu au Conseil national. En effet, le projet de loi 1024 avait été déposé sur le bureau du Conseil National le 16 octobre. Son retrait a été annoncé par courrier du Ministre d’Etat en date du 21 octobre. Le projet de loi 1025 a lui été déposé le 23 octobre. Cela démontre que le Gouvernement a tergiversé. Cet épisode met en évidence un problème d’opportunité au regard de plusieurs paramètres et dénote une ligne fluctuante liée à certaines discussions de dernière minute avec une organi-

6

N° 199 • Novembre 2020

© Photo CN

"Il nous faudra amender le texte sur le temps de travail " sation syndicale. Le Conseil National pose légitimement la question de l’opportunité d’un texte dont la portée est limitée dans le temps, et qui de plus n’a pas d’utilité pour un chef d’entreprise tant que le CTTR est en vigueur. Sur l’opportunité, je pense que c’est un texte qui divise. A un moment où nous avons besoin d’unité, cela va ajouter un sujet de division dans un paysage de plans sociaux. Le Conseil national veut consolider la paix sociale. Il ne souhaite pas que s’ouvrent de nouveaux fronts sociaux en temps de crise sanitaire et économique. Le temps n’est pas à la division". g Y a-t-il urgence à voter ce texte, et comment comptez-vous procéder pour son étude ? TB : "Ce texte a mis des mois à parvenir sur le bureau de l'Assemblée. Les élus prendront le temps nécessaire et organiseront les consultations indispensables à la concertation. Nathalie Amoratti-Blanc s’est portée candidate pour rapporter ce texte le moment venu. En attendant, nous avons programmé malgré le contexte une série de rencontres avec toutes les organisations professionnelles. De toute évidence, il nous faudra amender ce texte pour qu’il puisse être efficace, équilibré et durable. Il nous faudra le rapprocher des constats que nous ferons, ancrés dans les réalités et les enjeux concrets du moment que nous traversons, sans perdre de vue qu’il s’agit pour le Conseil national de renforcer sans cesse le modèle économique et social de la Principauté". * Président de la Commission de la Législation du Conseil national


Un vote pour l'unité des institutions par Patrice Zehr

g Quelques divergences demeurent... Un autre point a été précisé, c’est l’engagement rapide des sommes votées : « Je rappelle que nous avons voté 350 millions d’euros pour cela lors du premier budget rectificatif, et qu’à la fin du mois d’aout seuls 160 millions avaient été dépensés. Je rappelle aussi que 75 millions d’euros ont été pris sur ces sommes non dépensées, et placées dans un compte spécial du trésor, pour abonder les fonds dédiés à la relance économique. Les élus ont aussi insisté durant ces débats pour que ces sommes soient dans la plus large mesure possible injectées dans l’économie rapidement. » On voit bien que les élus veulent être reconnus dans leur rôle et sont très sourcilleux sur cette visibilité. Les conseillers nationaux ont donc été étonnés de constater que le communiqué officiel du Gouvernement « ne fasse aucune référence à ce travail commun et que dans les 17 pages du guide pratique, notre assemblée ne soit mentionnée qu’une fois, mais pour dire de manière inexacte que le Conseil National aurait validé une mesure mal ressentie par une partie des fonctionnaires et agents de l’Etat : celle de l’obligation de passer par une appli-

cation digitale pour utiliser le montant de leur prime de fin d’année. Sur les modalités d’utilisation de cette prime dans le commerce local, la aussi il y a une divergence. Nous adhérons dans ce contexte exceptionnel, au principe de solidarité décidé par le Gouvernement quant à son objectif de soutenir à travers l’utilisation de cette prime, la consommation auprès des commerces monégasques. Mais nous pensons qu’il faut élargir les moyens de l’utiliser. En ce sens, nous ne sommes pas d’accord avec le choix du seul opérateur Carlo. Le Gouvernement nous a entendu sur le fait que le numérique reste un support très compliqué d’utilisation pour – notamment - les retraités de la Fonction Publique, mais pas sur le fait que cette interface n’offre qu’un choix trop limitatif. En effet, trop peu de commerçants y adhèrent. Je vous confirme donc que nous demandons l’extension des moyens de dépenser cette prime à travers des bons d’achats utilisables et convertibles, non seulement auprès des seuls adhérents à ce système, mais aussi auprès de tous les commerçants de Monaco. » Mais l’essentiel qui explique le vote unanime est ailleurs : « Pour autant, je voudrais mettre en lumière le travail considérable qui a été accompli par le ConseillerMinistre des Finances et de l’Economie Jean Castellini et ses équipes, depuis le début de cette crise, pour soutenir et accompagner les entreprises, les travailleurs indépendants et les commerçants : Revenu Minimum Extraordinaire, Aide aux Sociétés, gratuité et remises sur les loyers des locaux commerciaux et de bureaux domaniaux, notamment. Nous

avons apprécié sa capacité à prendre en compte nos propositions et nos remarques. » g Un appel bi-partisan pour la paix sociale Pour l’avenir va se poser la sauvegarde de notre paix sociale qui fait partie de notre attractivité. Elle va connaître des remous en commençant par la SBM. Les élus appellent au dialogue pour sauver le maximum d’emplois. Le communiqué du 25 octobre du syndicat des jeux montre la montée de l’inquiétude avec un appel à l’actionnaire majoritaire, l'Etat. Des efforts salariaux, certes, mais pour tous, y compris les dirigeants. De plus, les syndicats contestent les résultats des secteurs jeux présentés par la direction de la SBM. Reste la future loi sur la flexibilité qui est refusée avant même que le texte ne soit finalisé sur le principe par l’USM. Là aussi Stéphane Valeri prône le pragmatisme pour l’intérêt général « A ce sujet je le répète encore : certains employeurs ne doivent pas profiter de la crise pour tenter d’imposer un recul social inacceptable, ce qui entraînerait la fin de la paix sociale, bien si précieux en Principauté. Les syndicats de salariés, de leur côté, ne doivent pas refuser par dogmatisme toute adaptation légitime imposée par la situation. Là encore, comme pour la SBM, notre objectif commun doit être de préserver le plus grand nombre d’emplois. » Tout le monde a, on peut l’espérer, le même objectif. Reste à se mettre d’accord sur la méthode et les moyens, ce sera l’enjeu des prochaines semaines avant l’échéance du budget pour l’année 2021 qui doit être celle de la relance.

LEGISLATION

La deuxième version du projet de loi de l'Exécutif au Conseil National

L

a deuxième version du projet de loi sur l’annualisation du temps de travail a finalement été déposée le 23 octobre sur le bureau du conseil national. Suite à une intervention d’une organisation syndicale, le gouvernement a en effet retiré son premier projet de texte pour interdire le licenciement économique, ce qui, selon la FEDEM, lui enlève tout intérêt dans cette période de grande incertitude sur l’avenir. Très peu d’employeurs y souscriront. Le conseil national s’interroge quant à lui sur l’opportunité d’un texte qui divise, à un moment où Monaco a besoin au contraire d’unité et de cohésion sociales. De plus il considère que son utilité est quasi nulle tant que le CTTR permet aux employeurs de diminuer le temps de travail en faisant prendre en charge cette diminution par l’aide de l’Etat , ce qui est plus avantageux pour les entreprises. Quoiqu’il en soit les élus considèrent que le gouvernement ayant pris plusieurs mois pour déposer ce projet de loi , ils prendront le temps nécessaire pour consulter de manière approfondie tous les représentants économiques et sociaux. Ils n’envisagent pas de le voter sans l’amender autant que nécessaire.

© Photo weka.fr

g Consensus, mais avec des mises au point Approbation ne vaut pas amnésie et Stéphane Valeri est revenu sur le manque de réactivité, selon lui, du gouvernement vis-à-vis des tests. « Nous avions déjà regretté publiquement le manque d’anticipation. Aujourd’hui, l’action du Gouvernement a permis à Monaco de rattraper son retard par rapport aux attentes de sa population en ce qui concerne les tests PCR. Ce n’est pas encore le cas pour l’accès à des tests antigeniques, comme l’a expliqué notre collègue le Docteur Robino. Je le répète une fois de plus : anticiper c’est se doter des moyens maintenant, puisque l’expérimentation a été faite par ailleurs. » Il y a eu des tensions avec le précédent Ministre d’Etat. Cela fait-il complément partie d’un passé révolu ? « L’heure est toujours à l’union nationale au sein de notre Assemblée face à cette crise, et à l’indispensable unité des institutions pour la surmonter ensemble…. Il ne faut pas quand le Conseil National est dans son rôle, que quelques-uns comparent la stricte application de nos prérogatives constitutionnelles avec une notion malveillante de cogestion, qui n’a pas sa place ici et qui est une lecture totalement étrangère à l’esprit de nos institutions et des 24 conseillers nationaux….Cette mise en cause, lorsqu’elle existe encore ça ou là, découle généralement de stratégies d’égos et de pouvoir personnel qui mettent en danger le partenariat institutionnel, plus que jamais indispensable entre le Gouvernement et le Conseil National, vu la période que nous vivons. » Le message est clair et si certains sont visés sans être nommés, ils se seront bien sûr reconnus. Cette pique sous forme d’avertissement ne met pas en cause cependant le consensus actuel.

© Photo CN

D

e Rectificatif en Rectificatif, les votes unanimes du Conseil national se succèdent. Il ne faut pas se méprendre sur cette unanimité. Personne ne peut voter contre un budget bien meilleur que redouté et indispensable pour le soutien des secteurs économiques les plus touchés par l’épidémie. Ce n’est certes pas un vote obligé, il prend en compte l’action du gouvernement et la prise en compte des propositions des élus. Le positif l’emporte une fois de plus sur les réserves. Rien ne garantit cependant un vote unanime pour le Primitif de décembre qui va décider des orientations de 2021. Tout dépendra de l’évolution des relations Exécutif-Législatif et des concrétisations des engagements du gouvernement. Tout dépendra - bien entendu - de la réactivité vis-à-vis de l’évolution de l’épidémie et de l’état de la situation économique comme du climat social. Cela était très souvent entre les lignes des explications de vote des élus, qui lors de la séance du 15 octobre ont su diversifier les angles d’attaque tout en aboutissant à la même conclusion. Il revenait au Président de l’Assemblée d’être plus précis et de souligner un certain nombre de points susceptibles de devenir des problèmes dans les prochaines semaines. Un discours qui éclaire une unanimité qui ne se veut pas un alignement et surtout pas un alignement permanent.

N° 199 • Novembre 2020

7


Direction des Affaires Culturelles

CO SAF NA

FE | M SA O

PORTRAITS FILMÉS

MONAC

MONACO

ENTRÉE LIBRE DU MARDI AU DIMANCHE 13H – 19H vid | Co -19 E 4, QUAI ANTOINE IER MONACO O

CHARLES FRÉGER

+377 98 98 83 03 www.monacoportraitsfilmes.mc

16.10.20 - 03.01.21 SALLE D’EXPOSITION DU QUAI ANTOINE IER 8

N° 199 • Novembre 2020

www.gouv.mc


ECONOMIE & FINANCE

Existe-t-il une limite à la création monétaire ?

ECONOMIE

par Thierry Crovetto *

L

g Le keynésianisme Les keynésiens, inspirés par l’économiste britannique John Maynard Keynes, considèrent que la production économique est déterminée avant tout par la demande de biens et de services. Il s’agit d’une théorie économique qui affirme que l’intervention active des gouvernements dans l’économie et la politique monétaire sont les meilleurs moyens d’assurer la croissance économique. Une intervention de l’Etat se traduit par des programmes d’investissement massifs et un allègement de la fiscalité dans le but de stimuler la demande quand l’économie ralentit. Inversement, quand l’économie va bien, l’état réduit ses dépenses et augmente les impôts afin de maîtriser l’inflation..

g La théorie monétaire moderne (TMM) Selon la TMM, le déficit public (et la dette qui en découle) doit permettre d’atteindre le plein emploi et ce déficit doit être financé par de la création monétaire de la part des banques centrales sans se soucier des effets que cela peut avoir sur l’évolution des prix. Une telle politique devrait normalement se traduire par une hausse des prix. Mais l'inflation reste très basse malgré le laxisme des politiques monétaires et budgétaires et la monétisation des dettes. Avec la faiblesse des taux d’intérêts provoquée par les politiques ultra-accommodantes des banques centrales il est tentant pour les Etats de laisser filer leur déficit et leur endettement… Le Japon est très en avance avec un endettement public de plus de 260 % du PIB largement financé par la Banque du Japon dont le total du bilan s’établit à 130% du PIB avec des taux d’intérêt négatifs et une inflation extrêmement faible.

g Le risque inflationniste Des économistes comme Paul Krugman (Prix Nobel 2008) ou Larry Summers, pourtant loin d’être des tenants de l’orthodoxie monétaire, ont fortement critiqué la TMM expliquant que la monétisation de la dette pouvait conduire à de l’hyperinflation. C’est également l’avis de Christine Lagarde la présidente de la BCE qui avait exprimé, lorsqu’elle était Directrice générale du FMI, ses réserves sur « la TMM ». L’ancienne Présidente de la FED Janet Yellen se déclarait dubitative sur le sujet, expliquant que « la TMM est une théorie fallacieuse car elle mène à l’hyperinflation ». Pour le moment l’augmentation des déficits financés par la création

monétaire des banques centrales n’ont pas eu d’impact sur l’inflation des biens et services. Mais elle a généré de l’inflation et même des bulles sur les actifs financiers et immobiliers. La TMM n’est ni plus ni moins que le recours à la planche à billet : elle autorise l’Etat à s’endetter aujourd’hui, sachant que les déficits seront financés par cet impôt invisible qu’est l’inflation… g Impact de la création monétaire Jusqu’en 2008, la croissance de la masse monétaire dans les principales économies était proportionnelle à la croissance économique, mais suite à la crise des « subprimes » la croissance de la masse monétaire a été beaucoup plus rapide que la croissance économique, et si l’on n’a pas vu d’inflation dans les biens et services c’est parce que cette inflation s’est pour le moment cantonnée sur les actifs financiers. On peut d’ailleurs se poser la question suivante : A-t-on assisté à une hausse des actifs financiers ou bien à une chute de la valeur de la monnaie ? Sur 20 ans, la performance de l’indice d’actions internationales MSCI World dividendes réinvestis a été de + 183% libellée en USD, +100% en EUR mais de -60% en or ! On comprend

mieux dans l’environnement actuel l’importance pour les investisseurs de détenir au sein de leur portefeuille de l’or et autres métaux précieux que l’on ne peut pas créer à l’infini, et pourquoi certains se tourne vers les cryptodevises telles que le Bitcoin même si pour ces dernières d’autres problématiques existent… g Limites de la création monétaires ? La principale limite de cette fuite en avant, avec une croissance des déficits et des dettes des états monétisés par les banques centrales par un processus de création monétaire serait un retour de l’inflation, ce qui réduirait les marges de manœuvre des banques centrales. A moins qu’on aille encore plus loin avec l’«helicopter money», c’est-à-dire une partie de l’argent créée par les banques centrales serait directement redistribuée aux ménages pour relancer la demande et l’économie réelle, mais cela risquerait d’entrainer aussi une hausse des prix des biens et des services. C’est notamment pour cela que les principales banques centrales réfléchissent à créer leur propre monnaie numérique. * Analyste financier indépendant spécialisé dans la sélection de fonds. tcrovetto@tcsf.mc / 06 80 86 83 11

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Le MEB regarde vers l'avenir

R

epoussée pour cause de Covid19, l’Assemblée générale du Monaco Economic Board (MEB) s’est finalement tenue mardi 20 octobre au Yacht Club de Monaco. L’occasion pour le MEB de présenter son bilan mais surtout de se projeter vers l’avenir en participant activement à la relance économique de la Principauté. « Lors de la crise de 2008, Monaco a fait preuve de résilience (…) Aujourd’hui, fortes de l’expérience précédente, nos institutions, Gouvernement et Conseil National, ensemble, démontrent une réactivité exceptionnelle. » C’est par ces mots teintés d’optimisme pour l’avenir de la Principauté que le Président Michel Dotta a accueilli les adhérents du MEB venus participer à leur Assemblée générale. Guillaume Rose, Directeur Général Exécutif, a ensuite enchaîné en dressant le bilan 2019 qui a permis à tous de constater combien l’activité du MEB avait été intense cette année-là. Plus de soixante opérations ont été réalisées en local comme à l’international : missions économiques, accueils de délégations, opérations ciblées de promotion et de prospection, conférences, formations ou encore ateliers avec des entreprises membres. A l’étranger, nombre de ces actions ont été réalisées dans le cadre de la coordination des entités publiques et privées qui participent au rayonnement international de Monaco dans les domaines scientifique, culturel ou sportif. Mais le MEB a souhaité aller plus loin en programmant une e-mission économique du 11 au 13 novembre en collaboration avec les chambres de commerce de quatre grandes villes russes (Moscou, St Pétersbourg, Rostov et Novossibirsk), opération qui permettra aux chefs d’entreprise monégasques de dialoguer avec des sociétés ciblées, en visioconférence et traduction simultanée. Par ailleurs le MEB a également produit plusieurs enquêtes afin d’aider le Gouvernement à analyser des remontées terrain sur la situation des entreprises ou sur le télétravail. Enfin, l’équipe s’est attachée à préparer l’avenir en organisant de nombreuses réunions et prises de contacts avec des partenaires afin de construire les actions de 2021.

N° 199 • Novembre 2020

© Photo MEB

g Le monétarisme Le monétarisme repose sur la théorie quantitative de la monnaie (identité comptable) : la masse monétaire multipliée par la vitesse de circulation de la monnaie (la vitesse à laquelle l’argent change de mains) est égale aux dépenses nominales dans l’économie (le nombre de biens et de services vendus) multiplié par leur prix de vente moyen. Le monétarisme est surtout associé au nom de Milton Friedman, lauréat du prix Nobel d’économie ; il a affirmé que la Grande Dépression qui a frappé les États-Unis dans les années 30 a été provoquée avant tout par la mauvaise politique monétaire menée par la banque centrale américaine (la Réserve fédérale). La politique monétaire utilise différents instruments, dont les taux d’intérêt, pour faire varier la quantité de monnaie en circulation. Le monétarisme a gagné en importance dans les années 70 — en faisant reculer l’inflation aux États-Unis et au Royaume-Uni — et a fortement influencé la décision de la banque centrale des États-Unis de stimuler l’économie pendant la récession mondiale de 2007–09.

© Photo cmcmarkets.com

a monnaie joue un rôle essentiel dans l’économie. On distingue les pièces et billets en circulation et la monnaie scripturale (comptes courants enregistrés chez les banques) ; cette dernière a la particularité unique de pouvoir être créée "ex nihilo". Sa création ne coûte rien, si ce n'est un simple jeu d'écritures. Depuis près de 50 ans (fin des accords de Bretton Wood) la monnaie n'est plus convertible en or. On dit que l'argent s'est dématérialisé et n'a plus aucune valeur intrinsèque. Elle ne vaut que ce qu'elle permet d'acheter, cela repose essentiellement sur la confiance collective que les utilisateurs mettent en elle et sur la garantie de l’Etat.

9


L'ACTUALITE

ACTUALITE

Prix littéraire 2020: Christian Bobin !

✲ M O NACO E N BRE F ✲ ☞ Nice : MAMAC jusqu’en mars 2021.Exposition événement pour les 30 ans du musée! C’est au début des années 1960 que des héroïnes de papier apparaissent pour explorer un monde interdit, incarnant un nouvel idéal qui impulsera une révolution des mœurs sans précédent. Ainsi le musée met-il en valeur l’autre facette qu’est le Pop art pour un face à face avec le nouveau réalisme et sa figure emblématique qu’est la franco-américaine Niki de Saint Phalle. Renseignements : mamac@ville-nice.fr / 04 93 13 42 01 ☞ Monaco : Cette année encore, l’incontournable Sac à Sapin de Handicap International est de retour. Depuis 1993, avec plus de 12 millions d’exemplaires vendus, le Sac à Sapin a permis à Handicap International de récolter 18 millions d’euros. Géré de A à Z par l’ONG, il permet de contribuer à financer ses actions dans près de 60 pays à travers le monde. Cette année, Handicap International lance un nouveau produit solidaire : le Coffret de Pochettes Cadeaux, engagées et écologiques. Une nouvelle manière de faire rimer générosité et praticité.

par Viviane Le Ray

L

es noms des lauréats des Prix de la Fondation Prince Pierre pour la création contemporaine, ont été révélés le mardi 13 octobre à l’Opéra Garnier, en présence de la présidente du Conseil Littéraire, S.A.R La Princesse Caroline de Monaco. La cérémonie était présentée par Arnaud Merlin écrivain, journaliste et producteur pour France Musique. Les extraits des ouvrages distingués ont été lus par Muriel Mayette-Holtz, comédienne, metteur en scène, et directrice du Théâtre National de Nice.

☞ Grasse : Après Dior et Chanel, Lancôme prend racine à Grasse. La marque leader mondial de la beauté de luxe s'est offert un domaine de 4 hectares à Grasse, pour y cultiver les plantes à parfum en mode bio. 4 hectares de champs et restanques cultivés en agriculture biologique avec leur propre distillerie. Y seront cultivées diverses espèces historiques, les roses, l'iris, le jasmin, le bigaradier, la tubéreuse, l'osmanthus, l'immortelle, la verveine, le lys de la Madone...

g Prix de la Principauté, remis par Les Rencontres Philosophiques : Hélène Cixous Ce Prix, créé en 2017, a été attribué à Hélène Cixous, écrivain-poète, dramaturge, qui tient un séminaire au Collège international de philosophie depuis 1983. Pour Jacques Derrida elle serait le plus grand écrivain vivant de la langue française… Hélène Cixous a publié, entre autres, des essais sur Franz Kafka et Samuel Beckett. Son essai Le rire de la Méduse (Ed. Galilée) est considéré comme une oeuvre déterminante du féminisme (mais d’un féminisme sans opposition aux hommes !) En 2016 Hélène Cixous recevait le Prix Marguerite Yourcenar. g Instant émotion : hommage à deux grands absents… Au cours de la cérémonie de remise de ses prix La Fondation Prince Pierre a rendu hommage à deux écrivains, membres du Conseil littéraire, disparus cette année : Jacques de Decker, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique et Jean-Loup Dabadie, membre de l’Académie française.

ENVIRONNEMENT

Hover : un taxi futuriste 100% électrique

© Photo DR

g Un taxi taillé aussi pour le tourisme ou l'événementiel... Le créneau de la société : développer un concept global et innovant de services de transport aérien en zone urbaine ou péri-urbaine. "Un maillage, un vrai réseau de transport entre les ports, aéroports, gares, zones d'activité, en s'appuyant sur des infrastructures au sol" détaille le dirigeant, qui souhaite utiliser des containers recyclés en guise de stations. D'autres applications émergent dans le domaine du tourisme pour le survol silencieux et écologique de sites touristiques, celui de l'événementiel pour des liaisons vers un grand événement type Grand Prix de Monaco… (Source : Tribuca.net 14 septembre))

Mensuel édité par GLOBAL MEDIA ASSOCIATES Sas

Rédaction : “Le Beausoleil de Monaco” 6, bd de la Turbie 06240 Beausoleil Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 email : laprincipaute@yahoo.fr http://www.laprincipaute.net

Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker

Avec la collaboration de Lisa Arquette Amanda Coutelle Pierre Dévoluy Pascale Marcaggi Andrea Noviello Pierre-Alain Martini Alan Parker-Jones

Photos

Direction Communication Claudia Albuquerque Thierry Carpico Murielle Gander Cransac Philippe Lombard

Projet graphique

GMA Studio Design

Relations Publiques Mary Coles

Promotion & Publicité Chantal Garry Dessinateur Jean-Jacques Beltramo Diffusion Monaco & PACA SEC Cour Anc. Gare SNCF

N° 199 • Novembre 2020

☞ Monaco : Le Samedi 14 novembre à 15h départ de la 21ème No Finish Line pour 8 jours non-stop. En 20 ans, plus de 4 millions ont été reversés pour les enfants malades ou défavorisés. Cette année, Covid oblige, pour la première fois, la No Finish Line sera virtuelle, donc accessible aux coureurs du monde entier en même temps. Objectif : parcourir 400 000 km ! La communication digitale optimisée et permanente sur les réseaux sociaux compte déjà des milliers followers ! Parrain 2020 Wilfried Yeguete, joueur depuis 2019 de l’équipe monégasque de basket, la Roca Team est le. Collecte de jouets du 14 au 21 novembre au chapiteau de Fontvieille pour les enfants sinistrés suite à la tempête Alex. ☞ Monaco : Lors du gala du 17ème MonteCarlo Film Festival de la Comédie, imaginé par Ezio Greggio, Patrice Lenconte, réalisateur et scénariste français, invité spécial, a reçu le Monte-Carlo Film Festival Award à la carrière pour ses nombreux succès qui ont fait de lui l'un des réalisateurs français les plus populaires. Les prix du meilleur film, de la meilleure réalisation, le prix du public et une mention spéciale pour l'ensemble du cast sont allés à l'allemand de Simon Verhoeven pour « Nightlife ». Meilleure actrice : Candelà Pena, meilleur acteur : Nando Paone. Le Legend Award est revenu au président du jury 2020 : Nick Vallelonga. ☞ Monaco : La présélection des romans en lice pour le Coup de Coeur des Lycéens 2021 vient d’être présentée par la Fondation Prince Pierre aux élèves de seconde du Lycée Albert Ier, du Lycée Technique et Hôtelier et du Lycée FANB. Créé en 2007, en collaboration avec la Direction de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, ce prix est décerné par un jury de lycéens parmi une sélection de premiers romans. Il est doté par la Fondation Princesse Grace d’un prix de 6.000 €. Le jury d’élèves participe tout au long de l’année à divers rendez-vous (débat, rencontre avec les auteurs, table-ronde ...) afin d’élire le lauréat. Plus d’informations et liste des ouvrages en lice sur www.fondationprincepierre.mc

☞ Vintimille : Le Jeudi 15 octobre, trois ans à peine après le début de la reconstruction du port de Vintimille, financée par la Principauté, le premier navire a fait son entrée dans le port de plaisance de Cala del Forte, il s’agissait du Twiga, voilier amiral du YCM. Le port accueille d’ores et déjà les plaisanciers bien que « Les travaux dans leur ensemble ne seront terminés qu’au printemps », précisait Daniel Realini, directeur général adjoint de la Société monégasque internationale portuaire (SMIP), filiale de la Société d’exploitation des ports de Monaco (SEPM), En avril, 33 commerces devraient ouvrir. L’inauguration officielle est prévue au début de l’été 2021.

La photographie du mois

Impression Tipografia San Giuseppe Taggia (IM) N° de Commission Paritaire : 0522U81608

Copyright © 2020 Global Media Associates Sas - Piazza Caduti della Montagnola 48 - 00142 Rome

10

☞ Monaco : Le 20 octobre 2005, Folon rejoignait dans l’espace ses « petits hommes volants » qui ont fait rêver, à la belle époque de la télévision, des millions d’humains… La Galerie Bartoux Monaco présente « Je me souviens, 15 ans déjà ! » en hommage à l’artiste belge avec la complicité de L’atelier Folon.: peintures, sculptures, photographies, table de travail de ses pinceaux, sa palette, à voir jusqu’au 30 novembre. L’artistepoète, a créé plus de vingt ans dans un atelier du port mis à sa disposition par la Principauté. Visites guidées sur rendez-vous (limitées à 10 personnes). Inscriptions Tél. : +377 93 30 05 50

☞ Monaco : Le flambant neuf, Institut Audiovisuel de Monaco, après deux ans d’aménagement, et le premier confinement, vient d’être inauguré par le Souverain et la Princesse Caroline. Situé boulevard du Jardin-Exotique, il est désormais opérationnel, tant sur son plateau technique de 450 m² qu’au niveau des archives (450m²) à la température et l’hydrométrie contrôlée. Dès que ce sera que possible, l’étage intermédiaire accueillera le public qui découvrira les trésors iconographiques de la Principauté : du film de famille confié en dépôt aux productions cinématographiques tournées en Principauté, en passant par les actualités.

y a encore seulement quelques années de cela nous auIlalrions imaginé inconcevable l’idée de taxi volant pourtant réalité est en train de rattraper la fiction. HoverTaxi La société implantée au Castellet, dans le Var, a mis au point un aéronef urbain dédié au transport des personnes ou des biens. Présenté l'an passé au salon VivaTech à Paris, le taxi volant paré aux couleurs de la Région Sud avait fait sensation dans sa version deux places. Ce modèle électrique classé dans la catégorie e-volt (electric vertical take-off and landing), et conduit par un pilote, fonctionne grâce à la technologie hydrogène qui alimente ses moteurs et hélices. "Si on veut vraiment voler plus longtemps et transporter plus de monde, le choix technique de l’hydrogène s’est imposé naturellement plutôt qu'une batterie à autonomie limitée et au poids excessif" explique Romuald Ferriol, président et fondateur de la startup créée en 2018. L'objectif d'HoverTaxi est de devenir un leader français sur le marché émergent de l’UAM, l’urban air mobility. "Il est estimé par la NASA à 15 Mds $ à l’horizon 2030, il y a donc pas mal d’acteurs au niveau international qui s’y penchent, commente Romuald Ferriol. Mais souvent ce sont des appareils hybrides. Nous sommes 100% électrique et donc 100% propre."

© Photo FPPM

g Poète et essayiste, le lauréat vit toujours près de sa ville natale Décerné « pour l’ensemble d’une œuvre », le prix Prince Pierre a été octroyé à Christian Bobin, poète, essayiste, qui vit toujours près de sa ville natale du Creusot, à l’abri du bruit et de la fureur de la vie parisienne, niché au cœur de sa chère forêt où il ne cesse d’écrire… Ses ouvrages les plus récents : Un Bruit de Balançoire (Iconoclaste) et « Pierre » (Gallimard), dédié à Pierre Soulages à propos duquel il précise « Ce livre n'est ni un essai, ni une biographie de Pierre Soulages, c'est un exercice d'admiration doublé d'une réflexion sur la « présence » du peintre et sur l'énigme du surgissement de toute présence sur terre ». Christian Bobin raconte son voyage en train la nuit de Noël 2018 pour fêter à Sète l'anniversaire du peintre, (aujourd’hui centenaire !) Un portrait intime et en couleur du peintre de l'outrenoir. La Bourse de la Découverte est allée à Salomé Berlemont-Gilles pour Le Premier qui tombera, (Grasset). Née en Picardie, l’heureuse lauréate à 26 ans. Diplômée de Sciences-Po Paris, à 20 ans elle avait déjà remporté un concours de nouvelles… Le Coup de Coeur des Lycéens est revenu à Mathieu Palain pour également un premier roman Sale Gosse (Iconoclaste). On découvre l’histoire de son père, des éducateurs côtoyés lors d’une enquête menée pour écrire ce livre. 30 ans trente ans de vie à Ris-Orangis où il est né, en 1988. Ce prix est décerné par un jury de lycéens des établissements de la Principauté parmi une sélection de premiers romans.

☞ Monaco : Les équipes du Service Animation de la Ville ont d’ores et déjà débuté la pose des illuminations en ville. 112 motifs transversaux et 615 motifs sur candélabres dans les rues de la Principauté. A ces chiffres déjà importants s’ajoutent l’installation de 19 scénographies (plafonds lumineux, décorations au sol...). Les structures sont 100% biodégradables issues de la canne à sucre, en aluminium recyclé et recyclable, et les guirlandes électriques seront collectées et recyclées après usage. La mise en lumière de la Ville se déroulera depuis la Place du Marché de la Condamine, le vendredi 20novembre à 18h

Une semaine après la tempête Alex qui a frappé les Alpes-Maritimes, le Prince Albert II de Monaco s'est rendu à Roquebillière aux côtés des autorités départementales, et a pu constater les dégâts de cette tempête dévastatrice dans la vallée de la Vésubie. Dès le début de la tempête Monaco avait envoyé des équipes en renfort pour faire face à la situation et elle a d’ores et déjà effectué un don de 4 millions d’euros pour la reconstruction des vallées sinistrées. Photo © DR


Secours pour les enfants libanais par Domitille Lagourgue *

L

g Une situation qui s'est progressivement de plus en plus degradée… De retour de sa mission humanitaire dans ce pays où la misère s’étend désormais au pied des gratteciel déchiquetés du centre-ville de Beyrouth, l’équipe de Mission Enfance a secouru des centaines de familles. Traumatisés par la violence inouïe de l’explosion du 4 août, les habitants de la capitale libanaise ne dorment plus. “La nuit, je revois les blessés qui courent ensanglantés dans les rues, les mains sur leurs blessures, à la recherche d’un hôpital encore debout, je revois ces enfants au corps transpercé par des éclats de verre, et tous ces gens aveugles…” se désole Antoine, étudiant à l’AUB, American University of Beyrouth. “Les ophtalmos et tout le personnel médical de Beyrouth ont travaillé comme des brutes cette nuit là. Mais combien d’handicapés allons-nous voir sortir maintenant des hôpitaux ? ” Les beyrouthins sont sous le choc. L’explosion du port n’est qu’un drame parmi ceux que vit toute la population libanaise. En octobre 2019, la décision du gouvernement libanais de rendre payante l’utilisation de Whatsap met le feu aux poudres. Des manifestations quotidiennes dans tout le pays réclament la chute de son gouvernement. Les banques libanaises, à cours de dollars, monnaie principale des transactions, ne permettent des retraits que de 100 $ par semaine. Le pays est déclaré en défaut de paiement en mars dernier. Depuis, les libanais endurent une véritable descente aux enfers. “Nous avons subi l’explosion, nous sommes ruinés et demain, que peut-il nous arriver ? Une guerre ?” s’inquiète Sofia une mère de famille du quartier d’Achrafieh qui ne peut plus payer la scolarité de ses deux enfants et a suspendu depuis six mois le traitement de son cancer. Non loin de l’élégance surannée des maisons ottomanes de Gemmayzeh, aujourd’hui ravagées, nous découvrons des familles logées dans des taudis qui camouflent la faim de leurs enfants sous la dignité de leur accueil. Des salaires qui ne sont versés qu’à moitié, lorsqu’ils sont versés…, une hyperinflation des prix multipliés par huit depuis un an, une classe moyenne qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’indigence : 60 % de la population libanaise vivrait aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et le chômage toucherait 40 % de la population active. L’ultime recours des libanais : l’aide humanitaire. g Les efforts de notre association se multiplient Nos denrées achetées au Liban pour faire vivre les commerçants (riz, pois chiches, farine, huile, conserves, etc.) et nos dotations d’argent sont distribuées en mains propres par notre équipe locale auprès des familles du centre-ville de Beyrouth mais aussi à celles de la Karantina, de Sin el Fil, de Bourj Hamoud... Nos dons financiers participent aux réparations des maisons mais le plus souvent, nous faisons face aux larmes d’impuissance des pères de famille, comme celles de Toni “Mon salaire de mécanicien est réduit de moitié et mon patron m’annonce que je suis libre de partir…” Toni, comme

© Photo ME

’association monégasque Mission Enfance travaille au Liban depuis près de 30 ans. Parrainages scolaires, constructions d’écoles, de centres d’éducation, de formations professionnelles pour les enfants et les familles libanaises et réfugiées syriennes. Jamais, depuis toutes ces années d’actions humanitaires dans ce pays, la présence de notre association n’a été aussi fondamentale.

tant d’autres, recevra les fonds pour racheter son frigo explosé et payer la scolarité annuelle de ses deux enfants. Chaque famille est visitée, ses besoins sont exposés, avant que Mission Enfance ne verse son soutien. Dans Bourj Hamoud, grâce à la bonne volonté des responsables de nos centres, nous avons délivré des bons d’achat dans les supermarchés à plus de 100 familles listées. De quoi nourrir leurs enfants pendant un mois. Devant le dénuement des parents, nous finançons la scolarité annuelle de 50 élèves supplémentaires. Nous distribuons des ordinateurs aux enseignants et aux enfants contraints de suivre leur cours en ligne, confinement de certaines régions du Liban oblige… Actuellement, nous réhabilitons 18 salles de classe aux murs détruits par l’explosion dans l’école Saint Charles, à Beyrouth, pour permettre à 400 élèves de reprendre espoir grâce à une scolarité normale. Nos actions humanitaires, de développement comme d’urgence, ne sont qu’une goutte d’eau mais elles participent à la survie de ce pays qu’on dénommait autrefois “la Suisse du Proche-Orient”. Chaque jour nos équipes sont sur le terrain et distribuent des secours alimentaires et financiers. Et nous préparons demain. En effet, que se passera-t-il lorsque, comme annoncé par les autorités libanaises, les produits comme l’essence, les médicaments ou la farine ne seront plus subventionnés par un état aux abois ? La réponse de Mission Enfance est incessante pour les plus démunis. Mais elle ne pourra être apportée aux enfants du Liban que grâce à la solidarité de tous. * Directrice de Mission Enfance

g Pour faire un don : Mission Enfance - “Urgence Liban” 19, avenue des Papalins, MC 98000 Monaco. www.missionenfance.org Tél. : +377 92 05 32 03

LE TRI EST UTILE Ce n’est pas bébé qui dira le contraire

LE RECYCLAGE DE SIX BOUTEILLES EN PLASTIQUE PERMET DE FABRIQUER UNE PELUCHE

*

6x * Les bouteilles en plastique se jettent dans le bac jaune

= Source de la conversion :

Pouvez-vous imaginer un monde sans doudou ?

N° 199 • Novembre 2020

11


ART & CULTURE

par Viviane Le Ray

A

vant-première nationale du film-documentaire « House of Cardin », signé P. David Ebersole & Todd Hughes, produit par Cori Coppola, au Théâtre du Châtelet où le « Tout Paris » se pressait autour du couturier, 98 ans en juillet, qui a révolutionné la mode et le design aux quatre coins du monde célébré pour les 70 ans de sa Maison de couture, entouré de la galaxie du monde de la mode et de la culture. La griffe Pierre Cardin, présente dans plus de 100 pays, en a fait l’un des cinq français les plus connus de la planète… Pierre Cardin, est le premier homme de l’art de la mode élu membre de l’Académie des Beaux Arts, dont il est le doyen depuis le 16 août 2020… g Mécène, avant-gardiste, homme de grande culture et Dandy à la fois… Des millions de personnes connaissent la signature emblématique « Pierre Cardin », mais connaissent-elles véritablement l’homme de culture derrière le créateur … Mécène, il crée l'Espace Cardin en 1971 où il présentera des

© Photo @archivespierrescardin

CULTURE

« Cardin » : un nom, un mythe, un film... artistes tels que Marlène Dietrich, Jeanne Moreau, son égérie, sa complice, amie de toujours, des groupes de jazz et de rock, toutes les facettes de son univers multiple, à l’avantgarde, encore aujourd’hui : « Touche à tout de génie » à l’instar de son ami Jean Cocteau… En 1972, dans l’émission Italiques lui, le dandy des dandy, ami dans sa jeunesse de Cocteau, de Christian Bérard, débat avec Gonzague Saint-Bris et Jean d'Ormesson, du retour du « dandysme ». Couturier et entrepreneur visionnaire, comme en 1978, année où Pierre Cardin sera le premier Français à s’implanter en Chine communiste, où ses mannequins défilent dans la Cité interdite à Pékin ! g Synopsis du film-documentaire « House of Cardin » C’est l’histoire de la vie d’un homme, un nom, un mythe, contée en 97 min, à travers un film-hommage à 70 ans de création non stop, avec, à tout Seigneur tout honneur : Pierre Cardin, ceux qui ont jalonné son parcours, toujours autour de lui : Jean-Paul Gaultier, Philippe Starck, Naomi Campbell, Sharon Stone, Jean-Michel Jarre, Alice Cooper, mais aussi Dionne Warwick, Kenzo Takada, Hanae Mori et avec Rodrigo Basilicati Cardin, son neveu, qui travaille à ses côtés. Sans oublier les grands absents bien présents à travers des archives d’époque. Le film est aujourd’hui en salle en France, et on l’imagine prochainement à Monaco : Références : « House of Cardin » 97 Min. | Documentaire | 2020 | Usa Français/Anglais/ Chinois/Japonais/Italien | Dcp | 1.78 | 5 g Théâtre du Chatelet 21 septembre 2020 : autour du « dernier Empereur » Jean-Paul Gaultier, Arielle Dombasle, Patrick Poivre d’Arvor, Jack Lang et son épouse Monique,

VILLENEUVE-LOUBET

L’Histoire pour comprendre l’actualité

F

in octobre, l’histoire a tenu salon. Le Maire Lionel Luca a tenu bon. Villeneuve-Loubet, du port du masque à l’ouverture des petits commerces, en passant par la culture ressemble de plus en plus à un village bien connu d’irréductibles Gaulois. Ce Salon du livre d’Histoire semble depuis le début marqué par l’actualité. Sa première édition avait eu lieu au lendemain des attaques terroristes de 2015. Il avait failli être annulé puis maintenu pour montrer la résistance de la culture notamment historique, face à la terreur islamiste...

12

N° 199 • Novembre 2020

HUMOUR

Déconfinés... avec des cons

n ouvrage rédigé dit l’auteur « en l’an 2020, durant la période U effroyable dite du « grand confine-

© Photo F. Bleu

g Un salon qui s'est déroulé dans une ambiance plutôt difficile... Celle de 2020 s’est déroulée dans le contexte de l’épidémie bien sûr mais aussi au lendemain de la décapitation d’un professeur mort pour la liberté d’expression à la française. On comprend donc l’intérêt passionné du public pour la présence pendant tout le salon de Mohamed Sifaoui. Le journaliste écrivain franco-algérien a par deux fois décortiqué l’islamisme politique et la menace que cette idéologie liée aux frères musulmans et salafistes fait peser sur la République française, au-delà même de l’horreur des attentats. Il l’a fait en défendant sa ligne très laïque et républicaine, bien connue de ses lecteurs. Cet intellectuel vit en France depuis des années sous protection policière. Pendant deux jours de débats toujours complets ou de dédicaces toutes les précautions sanitaires ont-elles aussi été réspéctées. On a beaucoup parlé de De Gaule et de Napoléon comme toujours, mais chaque fois avec des angles nouveaux ou des révélations. L’histoire est toujours en mouvement pour mieux décrypter le passé et donc permettre de comprendre l’actualité. Des Mayas aux Mérovingiens, des révolutions françaises à la plus grande bataille des samouraïs, il y en avait comme tous les ans pour tous les goûts. A quelques jours prês cette manifestation n’aurait sans doute pas pu être maintenue. Son déroulement impeccable, la conduite du public montre que certaines manifestations culturelles peuvent être maintenues. Le Festival du livre de Nice reporté puis annulé a bien sûr une toute autre dimension. Mais on en a beaucoup parlé avec des regrets à Villeneuve, et certains passionnés du livre étaient déjà présents au festival du livre de Monaco, maintenu lui aussi avec des obligations sanitaires renforcées. On peut en être certain, quand cette épidémie sera terminée on en écrira l’histoire et en fera le bilan sanitaire, économique et… culturel. Peut-être les premiers ouvrages déjà à Villeneuve l’année prochaine, qui ne le souhaiterait pas ? Car si l’histoire décrypte l’actualité, parfois on souhaiterait que l’actualité devienne vite du passé dans les livres d’Histoire. (P.Z)

la Princesse Gloria von Thurn und Taxis et Pierre Pelegry, Frincesse et comédienne : Clotilde Coureau, Rodrigo Basilicati-Cardin entouré de la présentatrice TV italienne Eva Crosetta et du mannequin Joana Sanz, Eve Ruggieri, la chanteuse Anggun, une icône de la mode : Inès de La Fressange, sans oublier les mannequins Cardin 2020 qui entouraient leur héros légendaire star des stars de la soirée !

ment », qui précède celle dite du « grand lâché ». Avec les best-sellers Travailler avec des cons et Vivre avec des cons, Tonvoisin pensait nous avoir sauvés. Mais rien ne va plus dans ce nouveau monde. « Car nos cons ont mités… ». Heureusement, notre expert national ès connerie nous offre une bouée de sauvetage. Un guide de survie ! Tonvoisin s’est remis au travail. « C’est raté l’impensable s’est produit ! C’est donc le cœur en berne que je me remets à la tâche, puisque aucun de mes ouvrages précédents n’est plus désormais en mesure de [vous] garantir une totale immunité face à la mutation génétique de la connerie humaine qui s’est mise à gambader à nouveau dans la nature sous des formes parfaitement inédites ». Cet ouvrage n’aurait pas vu le jour sans la participation active des gouvernements chinois, des gouvernements du monde libre, du gouvernement français « pour sa capacité à respecter sa doctrine fondatrice : gouverner, c’est prévoir de ne rien prévoir ». Signé Tonvoisin. N’oublions pas que c’est Jean Castex, l’actuel premier ministre, qui a été l’ordonnateur du « grand lâché ». On lui doit le déconfinement estival. Un ouvrage ludique d’utilité publique. (P.Y.R.) g "Déconfinés avec des cons". Tonvoisin. Editions Pygmalion. 180 pages. Prix : 15€


Si la céramique m’était contée ! par Amanda Coutelle

A

la Villa Sauber, Cristiano Raimondi, Commissaire-invité de l’exposition Artifices Instables, a fait le choix de traiter de la céramique « comme une matérialité hétérogène et instable narrant des récits transversaux ». A travers une sélection de plus de 120 pièces d’artistes, il a imaginé une scénographie entre atelier et cabinet de curiosités, un cheminement qui révèle la diversité non seulement des formes et des décors, mais aussi des processus de fabrication. C’est toute l’histoire de l’art de la céramique qui nous est conté !

g Poteries artistiques (1871-1918) A sa première période :1874, la fabrique de Poteries artistiques de Monaco « à la manière du mouvement Arts & Crafts, fait surgir de ses pièces des décors floraux et animaliers très colorés tout en figeant dans la terre les produits phares du terroir comme le citron et le raisin souvent représentés dans une paille tressée émaillée ». A cette même période, dans l'état américain du Mississippi, George Ohr, alias « le céramiste fou de Biloxi » crée durant près de trente ans des pièces dites « magiques », des vases émaillés abstraits déstructurés, expérimentant : formes, processus de fabrication et assemblages. George Ohr est reconnu aujourd’hui comme un pionnier de l’art moderne américain ! La deuxième période de la Poterie de Monaco (1907-1914) est symbolisée par les œuvres du céramiste français Eugène Baudin qui s’installa dans le Midi en 1906. L’artiste Monégasque Albert Diato, découvre le travail de la terre dans l’atelier Madoura à Vallauris ; dans les années 50 il participe à la révolution esthétique de la céramique. La présentation d’assemblages en céramiques de Pablo Picasso réalisées dans les mêmes ateliers ouvrira de nouvelles perspectives dans les champs de la création contemporaine occidentale, écrivant ainsi d’autres histoires d’artifices instables ! g Autour du monde… L’Italienne Chiara Camoni et la Syro-libanaise Simone Fattal imaginent des créatures mythologiques et archétypales ; la Vénézuélienne Magdalena Suarez Frimkess inculque à la céramique un message de revendication sociopolitique. L’Américain Ron Nagle, élève de Peter Voulkos, échappe aux conventions de son époque avec ses pièces inspirées par les paysages et détails architectoniques de San Francisco, par la culture japonaise et l’œuvre de Giorgio Morandi. « Toutes ces recherches plastiques, réfléchies ou hasardeuses, et ces transmutations instables, confèrent toujours une valeur symbolique à la terre. », autant d’histoires à lire dans l’ouvrage co-édité par le NMNM et Mousse Publishing : textes de Cecilia Canziani, Valérie Da Costa, Chus Martinez, Cristiano Raimondi et Agnès Roux. g NMNM. Villa Sauber. 17 avenue Princesse Grace, Monaco. Jusqu’au 31 janvier EXPOSITION

Portraits de l'identité commune du pays L

’exposition « Portraits filmés » proposée à la Salle du Quai Antoine 1er, par la Direction des Affaires Culturelles, est l’installation originale d’un photographe à part ! Des portraits qui ont été réalisés à Monaco même par l’artiste français Charles Fréger, qui porte un regard novateur sur les différents groupes ou communautés qui constituent l’identité du pays…

g "Portraits filmés". Salle d’expositions du Quai Antoine 1er jusqu’au 3 janvier - Entrée libre du mardi au dimanche de 13h à 19h (fermeture les 25 décembre 2020 et 1er janvier 2021)

Le Ray

E

n préambule figure « L'homme en rouge », peint par John Sargent en 1881 : Samuel Pozzi, Né à Bergerac en 1847, il allait vite devenir à Paris LE médecin à la mode, très apprécié des dames de la bonne société. Beaucoup d'entre elles, dont Sarah Bernhardt, étaient ses maîtresses il était à leurs yeux « l'Amour médecin ». À travers sa vie privée, pas toujours heureuse, et sa vie professionnelle brillante, Julian Barnes nous conte la société française à la Belle Époque à travers le regard qu’on lui connaît, d'une part l'image classique de paix et de plaisirs et, de l'autre, les aspects sombres d'une période minée par l'instabilité politique, les crimes et les scandales. Un grand récit de Julian Barnes qui donne à réfléchir… _____________________________________ « L’Homme en rouge » - Julian Barnes - (Mercure de France) our son troisième roman Anthony Palou, nous transporte en Bretagne « à la fin de la terre », sur les pas d’un journaliste quelque peu désabusé qui s'intéresse à la disparition en mer d'un marin pêcheur. Non pas une enquête mais une quête du narrateur, qui va à la recherche ce qu'il a aimé, dans la vie, dans son métier, alors qu’il ne se sent plus à sa place dans une époque qui diffuse l’angoisse à jet continu. Entouré truculents personnages, il a encore envie de croire que l'amour - pour sa femme, pour son fils, pour la Bretagne de son enfance - peut sauver son monde… Un beau roman dans un beau style alliant humour et mélancolie. _____________________________________ « La Faucille d’or » - Anthony Palou - (Le Rocher)

«L

ongtemps j'ai hésité à arpenter avec mes mots, une nouvelle fois, cette terre de Bretagne qui m'est si chère. J'ai publié, dans le passé, deux ouvrages célébrant le pays de Chateaubriand. Me serait-il possible d'ouvrir de nouveaux horizons ? Je me suis alors souvenu du mot de Xavier Grall, ce poète merveilleux : La Bretagne, multiple dans son unité secrète. La Bretagne n'est pas un sujet qu'on épuise. Elle se découvre, à qui sait l'apprivoiser, et se redécouvre sans fin ». Rien à ajouter, tout est dit… Sauf peut-être le sens des valeurs (en perdition) de la trentaine de personnalités bretonnes qui jalonnent le paysage et l’ami, impressionne et réconforte… Sans aucun doute le plus bel ouvrage de Patrick Poivre d’Arvor. Paraît conjointement au Rocher, en édition poche : « Le Roman de La Fayette ». _____________________________________ « La Bretagne au cœur » - Patrick Poivre d’Arvor (Le Rocher)

L

e narrateur – qui tient à conserver un mystérieux anonymat ! – revisite l’année particulière qu’il vécut, vingt ans plus tôt, dans le sillage d’une femme irrésistible et sexuellement complexe. Elle se prénommait Blanche, comme l’héroïne, à peine fictive, du plus beau roman de Louis Aragon : « Aurélien ». Entre Paris, Ravello, Capri et Naples, le héros expérimente les vices, la débauche « Ce qui plaisait à Blanche » est le roman où l’amour et le désamour se tressent ensemble. Jean-Paul Enthoven a reçu le Prix Valery Larbaud; le Prix de la critique de l'Académie française ; le Prix Femina Essai pour le Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, co-écrit avec son fils, Raphaël Enthoven, dont par charité, je m’abstiendrai de parler ! Authentique homme de plume, Jean-Paul Enthoven est critique littéraire au Point. Un grand roman d’amour et de liberté : déconseillé aux féministes obsessionnelles ! _____________________________________ « Ce qui plaisait à Blanche » - Jean-Paul Enthoven – (Grasset)

«C © Photo Direction de la Communication / Manuel Vitali

par Viviane

P

g Paul Gauguin : « La céramique n’est pas une futilité » « La céramique n’est pas une futilité », déclarait Gauguin qui, pour s’y être adonné vers 1887, pro- Pablo Picasso - Poisson, fourchette et rondelle de citron - Cannes, 1955 - 23 x 25,5 cm-Fundación Almine y Berphétisait qu’on lui reconnaîtrait un jour le mérite nard Ruiz-Picasso para el Arte, Madrid - © Faba, photo : Hugard & Vanoverschelde - © Succession Picasso 2020 d’avoir la céramique au rang d’art. Un art qui a poursuivi son émancipation durant le siècle suivant. Elle n’a cependant jamais cessé d’interroger sa genèse, questionnant le rapport de l’objet d’art « à la marchandise », et Ces considérations produisent entre les œuvres les échos subtils que conte cette exposition.

g Travailleurs, sportifs, scolaires et artistes en mouvement ! Le photographe a fait le choix de privilégier l’image en mouvement créant ainsi une plus grande proximité entre le modèle et son public.: « Les portraits ainsi projetés, monumentaux, sur un mur linéaire de 26 mètres, relèvent, pour la première fois dans le travail de Charles Fréger, davantage de l’installation que de l’exposition de photographies » précise le Commissaire de l’exposition Björn Dahlström, qui poursuit « Charles Fréger basé à Rouen, a exposé dans le monde entier et publié plus de vingt ouvrages. Parmi ses opus les plus récents citons Yokainoshima, exposé aux Rencontres d’Arles 2016 et au Musée des Confluences à Lyon en 2018 et Cimarron, publié en 2019 et exposé au Musée d’histoire de Nantes. Photographe français né en 1975, Charles Fréger a élaboré en quelque vingt années une œuvre dense et singulière, à l’ambition quasi-encyclopédique ».

Effeuillage littéraire...

'est un livre exceptionnel de par son sujet et son extrême gravité hilarante. Son sujet, c'est moi, l'auteur, possédé par un culot monstrueux qui n'a d'égal que ma personne, qui a décidé de mettre mon grain de sel dans les rouages de ce monde tragicomique. Achetez cette nouvelle bible. Elle est indispensable comme un livre de cuisine pour tous. » dixit Daniel Prévost, homme libre s’il en est, qui ne pratique pas l’auto censure : La musique, la planète, le livre, la psychanalyse, le beau langage, sont passés au crible de sa plume et ça fait du bien ! Il donne son point de vue sur tout ce qui l'intéresse. Serait-il devenu sérieux, interroge la 4ème de couverture ? : « Sérieusement » je pense qu’il l’a toujours été « sérieux » ! La preuve : « Son grand oeuvre ne connaît qu'une limite : 18 h 15, l' heure de l'apéritif, auquel il convie tous ses lecteurs ! » _____________________________________ « Mon avis sur tout » - Daniel Prévots - (ChercheMidi) N° 199 • Novembre 2020

13


AUTOUR DE MONACO

Valberg, la tête "verte" dans les étoiles

EVENEMENTS

g Comme beaucoup de jeunes (!) des fifties j'ai été marqué par la mythique scène du film "La fureur de vivre" (James Dean, Nathalie Wood, Sal Mineo) dans un grand planétarium. Celui de Valberg sera je pense de plus modeste dimension mais disposera des dernières techniques qu'offre l'informatique... Comment sera-t-il, qu'y verra-t-on ? Charles-Ange Ginesy : "Cet équipement, unique en Europe, sera un lieu pérenne composant intégré de la Maison de l’environnement et de l’Observation, à destination de tous les passionnés d’astronomie et des plus curieux de tout âge. Ce projet est très ambitieux et viendra renforcer l’identité de Valberg en tant que station résolument tournée vers l’astronomie et la protection du ciel. Le projet consiste en la rénovation de la maison valbergane sur 450 m², afin d’y aménager notamment une grande salle polyvalente. L’adjonction d’un bâtiment neuf d’une superficie de plus de 1000 m² permettra d’accueillir en particulier la nouvelle maison du Parc National du Mercantour, la médiathèque départementale, un espace d’animation, un espace d’accueil multiactivités et enfin le planétarium. Ce planétarium comportera un sol plat horizontal, sans fauteuil fixe, pour accueillir entre 30 et 35 personnes en position semi-allongée, un dôme écran horizontal suspendu de 12 mètres de diamètre, un équipement de simulation et de projection 100 % numérique, et un système audio multicanal. Sous ce dôme immersif, le public sera au cœur des nombreux événements proposés. Outre la découverte du planétarium et les séances de « lecture » du ciel avec un médiateur, les spectateurs vivront des expériences fortes en émotion grâce aux projections en immersion totale de fictions et de documentaires. Les caractéristiques acoustiques du dôme permettront la programmation de concerts avec une belle qualité sonore et des images asservies à la musique : une nouvelle ère alliant spectacle vivant et qualité numérique. Vous l’aurez compris l’éventail des possibilités techniques du lieu conviendra aussi bien à l’organisation de conférences scientifiques qu’à de grands moments artistiques. Dans le cadre de ma politique Green Deal, cet ensemble répondra aux normes environnementales des plus ambitieuses tout en s’inscrivant dans une démarche classique de Bâtiments Durables Méditerranéens. Totalement unique et novateur, ce projet qui devrait voir le jour en 2023, représente une étape supplémentaire pour ancrer définitivement l’astronomie dans l’Histoire et l’avenir de Valberg." g Valberg, station blanche l'hiver, verte l'été, familiale toute l'année a décidément la tête dans les étoiles. Après le sentier planétaire créé il y a quelques années, un planétarium. D'où vient ce choix, cette envie ? C-A.G. : "Ce n’est ni un choix, ni une envie, mais bien une évidence ! Notre département jouit d’une situation exceptionnelle qui en fait une Terre propice à l’astronomie. Notre territoire a su tirer parti de son exposition idéale sur le plan de l’observation de l’Espace, grâce à la qualité exceptionnelle de son ciel. Fort de cet élément d’identification puissant, j’ai souhaité que le Département se lance dans une démarche visant à obtenir la labellisation « Réserve de ciel étoilé » (International darknight association) RICE. Ainsi, le 2 janvier dernier, le territoire Alpes TECHNOLOGIE

Mieux comprendre l’Océan epuis août 2020, la société des Explorations de Monaco collabore au développement et à la consolidation du programme Argo et de sa composante biogéochimique (BGC-Argo), dans le cadre du Système mondial d’observation de l’Océan (GOOS). Ce soutien se traduit par le financement d’un bureau de programme domicilié au Musée océanographique de Monaco et disposant d’un chargé de projet hébergé à l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV) dont les tutelles sont le CNRS et Sorbonne Université. Lancé en 2016, BGC-Argo a pour objectif d’établir un réseau de 1000 flotteurs profileurs nouvelle génération mesurant six variables additionnelles essentielles à la compréhension des processus biogéochimiques et de leur évolution : concentrations de la chlorophylle, des particules en suspension, de l’oxygène dissous et du nitrate, pH et éclairement sousmarin. Toutes les données récoltées sont mises à disposition de la communauté scientifique internationale en temps réel sous forme de « données ouvertes » puis sont analysées dans plusieurs laboratoires référents. Les deux responsabilités majeures du futur chargé de projet seront de promouvoir et développer BGC-Argo au niveau international, et d’intégrer les systèmes d’observations régionaux méditerranéens. Depuis 2000, le programme international Argo permet un suivi à long terme de la température et de la salinité de l’Océan mondial grâce à des robots autonomes (flotteurs-profileurs). Les instruments font des cycles de 10 jours pendant lesquels ils sondent jusqu’à 2000 mètres de profondeur et dérivent avec les courants, puis ils remontent à la surface et transmettent leurs données par satellite avant de repartir pour une nouvelle plongée. Ce financement constitue une importante contribution de la Principauté de Monaco à l’océanographie mondiale et à sa gouvernance, dans l’optique d’une gestion durable de l’Océan.

14

N° 199 • Novembre 2020

© Photo IMEV / David Luquet

D

Azur Mercantour recevait ce label ce qui a fait de lui la 14ème RICE dans le monde et la 3ème de France. Je tiens à souligner que les conséquences de l’excès d’éclairage artificiel ne se limitent pas à la privation de l’observation du ciel étoilé. Elles sont aussi une source de perturbations pour la biodiversité. L’éclairage intensif modifie le système proie-prédateur, perturbe les cycles de reproduction, ou encore de migrations. Cela représente un gaspillage énergétique considérable. Afin de sensibiliser le grand public à l’astronomie et à la pollution lumineuse, j’ai décidé de créer l’AstroValberg, Festival d’Astronomie qui s’est tenu en août dernier et qui a rencontré un vif succès. Ce festival traduit cette volonté de préserver notre écosystème et de lutter contre la pollution lumineuse. Il s’inscrit pleinement dans la politique départementale du Green Deal." g Le planétarium s'inscrira dans un ensemble plus vaste d'activités et de développement environnemental, notamment autour du Mercantour ? C-A.G. : "Il faut considérer ce futur planétarium comme un outil pédagogique, de promotion et de valorisation du ciel, au-dessus de notre territoire. L’espace partagé qui mettra en valeur la Communauté de Communes Alpes d’Azur, les gorges de Daluis et le Parc National du Mercantour, permettra de les faire découvrir au public, avec un focus sur le temps de la nuit. Ainsi de nombreux projets seront organisés pour favoriser ce dialogue entre terre et ciel. Le PNM et la récente réserve naturelle régionale des gorges du Daluis avec le planétarium serviront la même idée de sensibiliser tous les publics, des scolaires aux touristes, au monde qui nous entoure de l’infiniment petit à l’infiniment grand." g Y a-t-il, ou y aura-t-il, des cours, des leçons d'astronomie pour les "petits" de l'école ? C-A.G. : Les enfants qui chaque année sont accueillis à l’école des neiges et d’altitude de Valberg et les groupes scolaires seront bien entendus un public particulièrement concerné par les animations pédagogiques programmées tout au long de l’année à la maison de l’observation. Des séances de découverte du ciel encadrées par un animateur, des événements jeunes publics et à la médiathèque de nombreux ouvrages sur l’astronomie seront mis à disposition. Dans une journée des scolaires pourraient tout à fait participer à un programme éducatif « un pack ciel et terre » composé d’animations allant du cœur du Parc National du Mercantour à la voute céleste du planétarium. * En décembre 2019 le label "Réserve Internationale de Ciel Etoilé" (RICE) a été décerné au territoire "Alpes Azur Mercantour" par l'International Dark Sky Association, basée aux Etats-Unis. Il récompense une qualité de ciel nocturne exceptionnelle et engage les territoires à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse et de préservation de leur ciel nocturne. Ce que Valberg a mis en place depuis plusieurs années dans le cadre de sa politique de protection de l’environnement et de développement durable.

MERCANTOUR

L'IA pour compter les loups

L

es spéculations vont bon train sur le nombre de loups présents dans le Mercantour. Une dizaine de meutes et une centaine d'individus ? Plus ? Moins ? Pour en avoir le cœur net, un partenariat a été conclu entre le Parc National du Mercantour, l’institut 3IA Côte d’Azur et la Maison de la Modélisation, de la Simulation et des Interactions (MSI) de l'Université Côte d'Azur. Objectif : optimiser le comptage réalisé à partir des pièges photographiques*. Une première en France. Il s’agit de mettre de l’ordre dans l'abondante banque d'images et de vidéos récoltées par les pièges photographiques. Autrement dit différencier les loups des autres espèces grâce à ces nouveaux outils d’intelligence artificielle. « Ce qui nous inquiète ce n’est pas tant la détection mais surtout le comptage. Car on peut parfois avoir sur une séquence 26 chamois qui passent vite et pour certains de très loin » précise le Pr. Charles Bouveyron, directeur scientifique adjoint de l’Institut 3IA sur le site d'Université Côte d'Azur. « L'aspect le plus ambitieux du projet consistera, au moyen de nouveaux développements méthodologiques et algorithmiques, à croiser les données spatio-temporelles sur le passage du loup avec toute une série d’autres informations récoltées sur le terrain par les gardes du Parc du Mercantour (relevés d’empreintes, analyses génétiques réalisées sur les proies, déjections retrouvées). Ce projet, le premier du genre en France entre un 3IA et un Parc National, permettrait ainsi de tracer les animaux à titre individuel. »

© Photo UCA

N

ichée à 1700 mètres d’altitude aux portes du Mercantour, Valberg pratique la protection de l’environnement et le développement durable depuis de nombreuses années. Situé au cœur d’un territoire* qui s’engage pour la protection de l’environnement nocturne et du ciel étoilé, Valberg a fait de la lutte contre la pollution lumineuse une priorité. Un engagement récompensé en 2014 par une labellisation «Village étoilé», une première dans les Alpes-Maritimes ! Favoriser un dialogue entre la terre et le ciel en sensibilisant tous les publics « des scolaires aux touristes », telle est l’ambition affichée par Charles-Ange Ginesy, l’ancien maire de Peone, et aujourd’hui président du Conseil Départemental. Avec un programme alléchant, mené par le Conseil 06 dans le cadre du Green Deal : la construction d’un planétarium ! Et pas seulement…

* Une cinquantaine ont été installés dans le Parc et se déclenchent lorsqu'ils détectent un mouvement).

© Photo DR

par Pierre-Yves Reichenecker


SPORT & LOISIRS VOILE • Parmi les 33 skippers au départ de cette 9ème édition, en lice 2 navigateurs licenciés par le Yacht Club de Monaco !

YCM au départ du Vendée Globe par Pierre-Yves Reichenecker

3

3 skippers engagés pour cette 9°édition du Vendée Globe Un record… et parmi les 33, 6 femmes : également un record. Départ le 8 novembre à 13h02… sauf mauvaise fortune de mer. Les skippers auront passé une dernière semaine à terre au calme. Confinés pour cause de pandémie. Une obligation plutôt bien acceptée. Adieu à cette dernière semaine d’avant course - éreintante - à répondre aux sollicitations et événements organisés par les sponsors…

g Le Yacht Club de Monaco a glissé deux marins sur la ligne de départ ! Alexia Barrier d’abord, qui à force de ténacité et de talent, barrera TSE - 4MYPLANET. Conçu par Marc Lombard pour le Vendée Globe 2000 de Catherine Chabaud (il s’appelait alors le Pingouin), TSE - 4myPlanet prendra le départ de son septième tour du monde et son cinquième Vendée Globe. De conception ancienne, c’est néanmoins un bateau très marin, qui mise avant tout sur la légèreté et une certaine souplesse d’utilisation. Créée en 2009, son association 4myplanet a pour rôle d’aider à la préservation de l’Océan à travers la réalisation de missions environnementales et pédagogiques concrètes. TSE, acteur de l’équipement photovoltaïque, s’est engagé à ses côtés cet été. Sportive accomplie et citoyenne engagée Alexia Barrier peut tout autant s’aligner au départ d’un triathlon, qu’organiser une journée au profit de femmes en situation d’exclusion ou bien encore sensibiliser les écoliers à la sauvegarde de l’Océan. Boris Herrmann sera le premier navigateur allemand au départ d’un Vendée Globe. Et il peut briguer une place d’honneur à l’arrivée aux Sables-d’Olonne. Anciennement Malizia, renommé SEAEXPLORER - YACHT CLUB DE MONACO, son Imoca est de génération 2016. Il se distingue par son cockpit très abaissé et un devis de poids particulièrement étudié. Très rapide, le bateau avait pu montrer tout son potentiel lors du Vendée Globe 2016 avant d’être contraint à l’abandon suite à la rupture d’un de ses foils. Le projet de Boris Herrmann ne s’arrête pas là : suivant l’exemple d’Alexia Barrier, le navigateur allemand embarquera toute une batterie d’appareils de mesures qui permettront de mesurer le CO2, le PH et la salinité de l'eau, en partenariat avec Geomar, Max Planck et l'IFREMER : des relevés

© Photo boatsnews.it © Photo YCM

SPORT

g Un voyage au bout de la mer et aux tréfonds de soi-même Le Vendée Globe est à ce jour la seule course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. L'événement s'est inscrit dans le sillage du Golden Globe qui, en 1968, initia la première circum navigation de ce type par les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin et Horn). Les huit éditions de ce que le grand public nomme aujourd'hui l'Everest des mers, ont permis à 167 concurrents de prendre le départ de cette course hors du commun. Le 26 novembre 1989, treize marins prennent le départ de la première édition qui durera plus de trois mois. Ils ne seront que sept à rentrer aux Sables d'Olonne. Depuis le « Vendée » a consacré de très grands marins : Titouan Lamazou en 1990, Alain Gautier en 1993, Christophe Auguin, en 1997, Vincent Riou en 2005, François Gabart en 2013 et Armel Le Cléac'h en 2017, nouveau détenteur du record de l'épreuve en 74 jours. Un seul marin l'a gagné deux fois : Michel Desjoyeaux, en 2001 et 2009.

d’autant plus précieux qu’il va naviguer dans des parages relativement peu fréquentés. Après 70 à 75 jours de mer, le vainqueur du Vendée Globe 2020 pourra enfin apercevoir la bouée Nouch Sud qui marque la ligne d'arrivée du Vendée Globe, aux Sables d'Olonne.

FORMULE 1

Alpine revient au plus haut niveau

FORMULAIRE D’ABONNEMENT

E

n début d’année, on craignait que la marque dieppoise ne ferme définitivement ses portes. Crise économique, faible diffusion de la nouvelle A110 étaient d’excellents prétextes à une « nécessaire » restructuration. C’était sans compter avec le changement intervenu à la tête de Renault. Après l’affaire Carlos Ghosn, un nouveau PDG est arrivé en juillet : l’Italien Luca de Meo, précédemment chez Seat.

Je souhaite souscrire un abonnement à La Principauté pendant : 1 an (soit 11 numéros)

€ 40* 40*

5 ans (soit 55 numéros)

€ 100* 100*

3 ans (soit 33 numéros)

€ 20* 20*

2 ans (soit 22 numéros)

€ 60* 60*

ABONNEMENT

* pour l’étranger (dehors Monaco et France) ajouter +50% ; Dehors Europe : + 100%

Prénom Nom Adresse © Photo DR

g La F1 et les 24h du Mans... En ce début d’automne, le groupe français annonce que l’engagement de Renault en Formule 1 en 2021 (avec Fernando Alonso et Esteban Ocon comme pilotes) se fera sous les couleurs de la marque Alpine. La marque fera également son retour en championnat d’endurance, aux 24h du Mas, en catégorie reine qui plus est. C’est l’actuel patron de Renault F1 Cyril Abitboul qui est chargé de relever un double défi. Réimposer une écurie française sur le podium de la Formule 1, et faire d'Alpine la marque et la signature sportive et haut de gamme rentable du constructeur tricolore. Les monoplaces françaises troqueront leur tunique jaune et noir contre une robe bleu-blanc-rouge au couleur d'Alpine. « Alpine au plus haut niveau du sport automobilemondial, ce n’est plus le sauvetage d’une marque en difficulté, c’est une renaissance ! » ( P.Y.R.)

Ville Date Signature

Bon a retourner, accompagné du chèque à l’ordre de Global Media Associates Sas à l’adresse suivante : Journal La Principauté - Service Abonnements “Le Beausoleil de Monaco” • 6, Bd de la Turbie 06240 Beausoleil France

N° 199 • Novembre 2020

15


ÉTAPE DE RÊVE À JULIÉNAS!

Calme et gourmandise au cœur du Beaujolais

Alain BLETON

La Rose Juliénas

Ancienne Place du Marché F - 69840 Juliénas

+33 4 74 04 41 20

www.chez-la-rose.fr info@chez-la-rose.fr Christine et Alain Bleton et leur équipe vous accueillent dans le pittoresque village viticole de Juliénas. Tombés sous le charme il y a quelques années, c'est finalement en 2017 qu'ils achètent l'Hôtel-Restaurant “Chez La Rose” et concrétisent ainsi leur rêve de mise au vert. Désormais rebaptisé “La Rose”, l'HôtelRestaurant propose 11 belles chambres aussi apaisantes que confortables où vous prendrez plaisir à vous reposer.

16

N° 199 • Novembre 2020

Après un passage à l'Hôtel du Rhône à Genève, la Poularde Bressane à Grenoble où il obtient une Etoile au Guide Michelin, il fut ensuite le Chef Exécutif de l'Hôtel Richemond à Genève. Il devient en 1990 Responsable du restaurant gastronomique de l'Ecole des Arts Culinaires et de l'Hôtellerie à Ecully, créé et géré par son Maître, Paul Bocuse. En 1993, son parcours se poursuit ensuite à Monte-Carlo au Métropole Palace Hôtel, pour le plus grand plaisir des gourmets de la Riviera. Puis de retour à Genève en 2001, il accède au poste de Chef des cuisines pour un palace genevois avant de s’installer à Juliénas.

La Table d’Alain Bleton et La Petite Rose vous offrent des menus inspirés des produits de la région en harmonie avec les saisons. Tous deux professionnels de l'hôtellerie-restauration de luxe, Christine et Alain Bleton mettent tout en œuvre pour que votre séjour reste un inoubliable souvenir avec un excellent rapport qualité/prix. Ne cherchez plus, vous avez trouvé la bonne adresse ! En saison estivale, terrasse intérieure et piscine.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.