La Principauté Mars 2022

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LaPrincipauté €2

Le premier journal d'actualité de Monaco

Année XXII • Numéro 214 • Mensuel édité par Global Media Associates Sas • Gérant de la publication Roberto Volponi • Rédaction et administration : “ Le Beausoleil de Monaco ” 6, Boulevard de la Turbie 06240 Beausoleil • Tél. : +33 09.50.79.90.84 • Fax (+33) 09.55.79.90.84 • Siège Social : Piazza Caduti della Montagnola 48 00142 Rome • Tél./Fax (+39) 06.23.31.52.15 • Bureau de Milan : Tél./Fax (+39) 02.70.03.01.42

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Mars 2022

• Numéro de Commission Paritaire : 0522 U 81608 • Dépôt légal : à parution • Imprimé sur papier spécial en Union Européenne • Concessionnaire général de publicité : Global Media Associates Sas - Section Publicité • Abonnements : annuel (soit 11 numéros) €20 ; hors Monaco et France +50% • S’adresser à Global Media Associates - Bureau Abonnements ou à http://www.laprincipaute.net/abonnez-vous.html

Dossier Spécial

Photo © SMEG

Une énergie renouvelable

Thomas Battaglione, DG de la SMEG et Président de la SMA

"Chauffage, mobilité et énergie propres" N° 214 • Mars 2022 1 8 ☞ FINANCE • QU'EST-CE QUE LE "CLOSED-END" ET COMMENT L'UTILISER DANS NOS PORTEFEUILLES • PAGE


DOSSIER SPECIAL

L’énergie renouvelable, che

La récent conflit en Ukraine aggrave la crainte d’une hausse massive des coûts des ressources fossiles, com

DOSSIER

I

l faut préparer le monde d’après. Pour Monaco cela paraît assez clair. Le monde d’après sera un monde moins polluant favorisant les énergies renouvelables. Il faudra certes conserver les rapports traditionnels et les échanges humains pour les affaires et le tourisme. Mais cela peut s’inscrire dans une approche diversifiée. La vision du Prince souverain est confirmée par l’évolution du monde. Ce n’est plus une utopie, c’est une nécessité. On en prendra deux exemples majeurs : la pandémie et la crise ukrainienne. Depuis les vagues successives de la Covid on s’est rendu compte d’une interdépendance internationale trop déséquilibrée. L’Europe notamment s’est retrouvée en pénurie en raison de délocalisations industrielles massives, au profit de la Chine notamment. La récente crise ukrainienne aggrave la crainte d’une hausse massive des énergies fossiles, comme le gaz et donc - indirectement l’électricité. Cette crise qui change le contexte sécuritaire en Europe va renforcer dans ce domaine l’attractivité de Monaco pays stable et pacifique. Cela renforce les exigences énergétiques de la Principauté. g Les avantages d'un territoire réduit Dans ce sens, une cité-Etat a un avantage : les objectifs peuvent être atteints, ils ont été anticipés et semblent raisonnables. On ne réagit pas en urgence face aux menaces épidémiques et internationales tout est déjà en mouvement. Monaco va donc continuer à développer toutes les formes de production d’énergie “propre” pour atteindre - à terme - une future autonomie énergétique : panneaux photovol-

L'EDITORIAL

I

par Roberto Volponi

g Le défi des énergies renouvelables Les énergies renouvelables (EnR) sont des énergies à flux inépuisables à l’échelle du temps humain, issues des éléments naturels tels que le soleil, le vent, les chutes d’eau, la mer, la chaleur de la Terre... Précise dans sa présentation le gouvernement monégasque. Les énergies renouvelables les plus connues sont l’énergie solaire et éolienne mais il en existe de nombreuses autres. Par exemple l’énergie hydraulique désigne les énergies provenant de l’eau, par exemple l’énergie des vagues (houlomotrice), des marées (marémotrice) ou des courants (hydroliennes ou barrages hydroélectriques). La biomasse et la géothermie sont d’autres exemples. © P h o t o t r a n s i t i o n - e n e r g e t i q u e . g o u v. m c

par Patrice Zehr

taïques, boucles thalasso-thermiques. L’usine de valorisation des déchets de dernière génération, comme l'usine unique de traitement des eaux usées, en sont des exemples mis en avant dans ce dossier. On peut - certes - penser également aux éoliennes. Mais cette technologie est de plus en plus contestée et on voit mal l’horizon maritime de la Principauté défiguré par ces moulins technologiques, même si au limite des eaux territoriales (12 milles nautiques) l’impact visuel serait extrêmement réduit, sinon anéanti…

g Le point sur la situation en Principauté La technologie des pompes à chaleur capte les calories présentes naturellement dans l'environnement (notamment l’eau de mer), qu’elle utilise pour chauffer ou refroidir des bâtiments et/ou produire de l'eau chaude sanitaire. Cette énergie renouvelable à fort potentiel est très exploitée à Monaco. Monaco a été l’un des premiers pays à développer ce type d’énergie sur son littoral. En effet, tandis que la température de l’air varie beaucoup selon les saisons, la mer bénéficie de températures en profondeur relativement stables tout au long de l’année.

Par la technologie des pompes à chaleur, il est possible de puiser la chaleur ou le froid dans l’eau de mer pour chauffer ou refroidir des bâtiments ou chauffer des piscines. Les bâtiments bénéficiant de cette énergie ont besoin de consommer de l’électricité pour faire fonctionner les pompes à chaleur qui restituent 3 à 4 fois plus d’énergie qu’elles n’en consomment. A Monaco, il est possible de capter l’énergie solaire de deux manières : avec des panneaux solaires photovol-

Monaco se positionne en soutien du peuple ukrainien

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N° 214 • Mars 2022

© T h e N e w Yo r k T i m e s

l y a un peu plus de 2 ans, auriez-vous craint de devoir faire face à une pandémie globale ? Non. On s’illusionnait qu’il s’agissait d’une épidémie circonscrite : un problème local de la Chine. Eh bien, pas du tout. Il y a un peu plus d’une semaine, auriez-vous imaginé qu’une puissance nucléaire aurait agressé militairement un État souverain voisin, en plein cœur de l’Europe ? Non plus. On espérait que la concentration massive de forces aux frontières ukrainiennes étaient vraiment des manœuvres militaires et rien de plus qu’un instrument de pression politique. Et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, des sonnettes d’alarme répétées auraient pu nous faire ouvrir les yeux, au-delà de nos compréhensibles illusions et de nos espoirs légitimes. Comme l’apparition progressive de nouveaux virus - jamais connus auparavant - nous a trouvé mal préparés, face à une situation inédite et aux conséquences apparemment imprévisibles, la crise ukrainienne, qui vient juste d’exploser, pourrait – et en partie l’a déjà fait – déstabiliser gravement des équilibres laborieusement obtenus pendant les derniers 70 ans. Encore une fois, nous ne sommes pas à l’abri : ça nous regarde tous. L’évolution future de cette crise et ses possibles répercussions - à court et à moyen terme - au niveau continental et même planétaire, ne sont pas facilement prévisibles, et le risque d’une dégradation progressive et imparable ne peut pas être exclu à priori. Pour l’instant, il y a une très dure confrontation entre l’Ouest libéral et démocratique et un Est dictatorial et expansionniste, dont le coût est actuellement payé au prix fort - en premier lieu - par le peuple ukrainien. Encore plus que pour la Covid-19 – à laquelle on est en train de dire « aurevoir » en espérant que ce soit bientôt un « adieu » - avec ses nombreux variants qui se sont succédés, les variables d’une telle situation de conflit armé sont innombrables et susceptibles de faire tourner la situation d’un moment à l’autre dans une direction ou dans l’autre. Pour l’instant, les pays membres de l’OTAN, auxquels se sont ajoutés beaucoup d’autres, ont pour l’instant réagi avec le blocage des fonds de grands oligarques et surtout avec l’adoption d’un paquet de mesures financières dont le but principal est d’isoler économiquement le pays agresseur, notamment avec son expulsion du système SWIFT des échanges interbancaires. A cet égard, Monaco a pris position en faveur de la paix et du peuple ukrainien, après des jours de silence... Car la Principauté n’est pas la Suisse, qui d’ailleurs à déjà annoncé son adhésion aux mesures adoptées par l’UE sur le secteur bancaire, ni la Finlande, qui a fait autant, ni un pays quelconque de taille moyenne qui essaie de faire de la neutralité, quand c’est possible, sa devise stratégique au niveau des relations internationales. C’est un micro-État, dont l’existence comme pays souverain est légitimé par le droit international et le respect de sa souveraineté territoriale. Il ne pouvait que se ranger aux côtés de ceux qui n’ont pas brisé les règles du respect des frontières. La Principauté de Monaco a donc pris position un peu en retard mais sans aucune ambiguïté dans le but de dissiper toutes les ombres qui auraient pu planer sur elle, comme possible refuge doré de riches expatriés, sans préjudice – bien sûr – des droits acquis. Également nécessaire s’imposait l’alignement des banques et des institutions financières présentes sur le territoire aux mesures adoptées par les pays occidentaux, pour balayer toute suspicion que ces banques puissent être utilisées comme tête de pont pour surmonter fictivement les sanctions approuvées de manière uniforme par la communauté internationale...


LES SOURCES RENOUVELABLES

emin d’une future autosuffisance

mme le gaz et donc - indirectement - l’électricité : il faut déjà préparer le monde d’après, moins polluant mais aussi moins énergivore... RECYCLAGE

© Photo SMEAUX

Les eaux usées, source de chaleur !

taïques, qui transforment l’énergie du rayonnement solaire en électricité, et avec des panneaux solaires thermiques, qui utilisent l’énergie du rayonnement solaire pour chauffer de l’eau. A Monaco, nous trouvons surtout des panneaux solaires photovoltaïques sur les toits de bâtiments. Nous en trouvons par exemple sur de nombreux établissements scolaires tels que l’Ecole du Parc et le Lycée Technique et Hôtelier. Nous les trouvons aussi sur certains immeubles d’habitation tels que l’Hélios ou les Jardins d’Apolline, ou sur des immeubles de bureaux tels que celui de la SBM Offshore à Fontvieille, ou bien encore sur le toit du Conseil national. Tous ces panneaux produisent de l’électricité que le bâtiment consomme pour ses besoins en énergie tels que l’éclairage. Le potentiel énergétique contenu dans les eaux usées est non seulement significatif mais qui plus est renouvelable. La technologie actuelle permet de chauffer les bâtiments en exploitant la chaleur issue des eaux usées. Pour ce faire, il suffit d’installer un échangeur de chaleur dans les collecteurs et d’utiliser la chaleur ainsi récupérée comme source d’énergie pour une pompe à chaleur (PAC) tout à fait standard. g Et pour l'avenir ? Le gouvernement explore continuellement des opportunités de développer de nouveaux types d’énergies renouvelables à Monaco, par exemple l’énergie éolienne à adapter en milieu urbain ou l’énergie houlomotrice (énergie des vagues). Même si leur potentiel pour Monaco reste encore à démontrer, peut-être verrons-nous de nouveaux systèmes à l’avenir selon l’évolution de la recherche et développement ici et dans le monde ! Pour le moment nous sommes en avance et il faut continuer à l’être. Dans un monde incertain dans tous les domaines, du sanitaire au militaire, l’autosuffisance énergétique dans la protection de l’environnement est l’un des grands défis de l’avenir. Monaco se présente comme un pays modèle.

L

es eaux usées sont un élément majeur de la pollution domestique. Ce sont des « eaux polluées » par un usage humain, constituées de toutes les eaux de nature à contaminer les milieux dans lesquels elles sont déversées, par des polluants physiques, chimiques ou biologiques. C’est un sujet un peu tabou. C’est certes peu ragoûtant. On préfère détourner les yeux et surtout le nez. L’intérêt pour les eaux usées est remonté cependant en flèche depuis deux ans. Elles se sont révélées les meilleurs lanceurs d’alerte vis-à-vis de la pandémie. Les eaux usées ont annoncé la reprise de l’épidémie. Les « effluents liquides » nous annonçaient l’arrivée de la vague. Le traitement des eaux usées fait donc partie d’un impératif de santé publique mais aussi et surtout de protection de l’environnement. Il est évident qu’au regard de la crise mondiale de l’eau, la purification, le recyclage des eaux usées est un objectif. En Europe et plus généralement dans les pays du Nord, les eaux usées sont rendues au milieu naturel après traitement (le traitement d'un mètre cube d'eau usée produit de 350 à 400 grammes de boues. Plusieurs millions de tonnes dans le monde de matières sèches sont évacuées chaque année. Environ 75 % sont réutilisées en agriculture, le reste étant incinéré ou mis en décharge. On pourra peut-être la boire un jour assez proche. Un recyclage qui ouvrira des perspectives pour des pays surpeuplés et en manque d’eau. Il faut cependant bien voir qu’il y aura dans cette hypothèse une barrière psychologique difficile à franchir. C’est pourquoi il faut expliquer et permettre à la population de s’approprier le sujet. Un sujet qui est mondial... g Monaco, une usine unique au monde... Le Prince souverain a, au début de l’année, inauguré l’extension de notre station d’épuration. Deux ans et demi de travaux pour passer de 7500m² à 12.500. Le coût aura été de27 millions d’euros dont 17 à charge de l’Etat. Un exemple de concession à fort partenariat étatique. L’ UTR - usine de traitement des eaux résiduelles - sous le Triton rue Gabian a augmenté ses capacités de 30%. La qualité des eaux rejetées a bondi de 40%. Toute la pollution est traitée. Cette pollution est domestique mais aussi liée à des chantiers très surveillés notamment au niveau de la protection des sources naturelles rares à Monaco. Bien évidemment, le défi est énorme. Tout ce qui nous semble normal aujourd’hui pourrait ne plus l’être demain. C’est pourquoi l’utilisation de notre eau est un objectif d’avenir lié au manque d’eau mondial et aux effets du réchauffement climatique. La station d’épuration de Monaco est unique et certainement la meilleure et la plus performante au monde. Imaginez que les eaux usées sont dépolluées à 99% avant d’être rejetées en mer. Au point d’impact, les sédiments, la faune et la flore sont sous contrôles permanents. Il n’y a aucun impact de la pollution ce qui est un résultat remarquable. Dans la grande stratégie du recyclage énergétique, les eaux usées ont un rôle à jouer. Les eaux usées sont souvent à une température quasiment constante tout au long de l'année et peuvent constituer une source de calories pour produire de la chaleur. Une idée qui se développe est de récupérer les calories d'effluents encore chauds ou tièdes, via l'installation d'échangeurs thermiques dans des canalisations d'égoûts reliés à des pompes à chaleur, ce qui permettrait aussi d'améliorer le bilan énergétique de collectivités locales. Chauffer des espaces via des pompes à chaleur nécessite une source constante de calories, en général prélevées dans le sol (par la géothermie) ou dans l'air extérieur (aérothermie). Les eaux usées sont un autre gisement, encore largement inexploité. Les trois quarts de la chaleur des effluents domestiques (salles de bains, lessives, cuisine, vaisselles, etc.) sont en effet encore le plus souvent rejetés à l'égoût et perdus. La température du réseau oscille ainsi entre 13 et 20 °C, selon les saisons, avec une relative stabilité en raison de l'inertie thermique du milieu. Des caractéristiques idéales pour approvisionner une pompe à chaleur, via un échangeur de chaleur posé dans le collecteur. À ce jour, ce procédé est utilisé hors Monaco : en Allemagne, en Suisse, et aux États-Unis, où 20 installations sont en activité. A Monaco on attend beaucoup de la complémentarité avec la future usine de traitement et de valorisation des déchets qui pourrait permettre un traitement local évitant pour les boues incinérées notamment les rotations de (P.Z.) camions pénalisantes pour le bilan carbone de la Principauté. On le voit : tout se tient…

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DOSSIER SPECIAL

Technologie et écologie uni

Céline Caron et Thomas Battaglione expliquent ensemble comment la Principaut par Patrice Zehr

DOSSIER

C

éline Caron, Conseiller de Gouvernement - Ministre de l'Équipement, de l'Environnement et de l'Urbanisme, et Thomas Battaglione, Administrateur et Directeur Général Société Monégasque d'Electricité et du Gaz (SMEG) et Président Délégué de la Société Monégasque d'Assainissement (SMA) : ils sont les acteurs principaux de la stratégie de transition énergétique et environnementale de la Principauté de Monaco. Entretien à deux voix. g Madame Caron, le pari de la neutralité carbone en 2050 à Monaco serait un modèle international, peut-il - selon vous - être atteint ? - Céline Caron : "En effet, Monaco s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. Cet engagement est d’ailleurs inscrit dans le Code de l’Environnement. Actuellement, les émissions de gaz à effet de serre de Monaco peuvent être schématiquement divisées en trois principaux postes représentant chacun environ un tiers des émissions : le chauffage des bâtiments, les transports et le traitement des déchets. Le Gouvernement mène une politique déterminée pour réduire les émissions de GES de chacun de ces secteurs avec l’ensemble des moyens qui relèvent des politiques publiques. Incitation avec le PNTE ou le label commerces engagés, interdiction du fioul depuis cette année, différentes aides et subventions comme pour l’achat de véhicules propres, dopées avec le plan de relance. Et bien sûr de très nombreux investissements publics pour développer de nouveaux outils ou solutions en s’appuyant sur des opérateurs et partenaires pour leur déclinaison technologique et industrielle. La neutralité carbone a pour principe l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre, générées par l’activité humaine, et l’absorption de ces mêmes gaz par des réservoirs naturels ou artificiels. L’atteinte de cette neutralité nécessitera donc impérativement des changements profonds de nos modes de vie. Monaco devra donc poursuivre et renforcer la réduction massive de ses émissions territoriales. Nous allons dès 2023 travailler sur l’élaboration de la Stratégie Bas Carbone à 2050 de Monaco dont l’objectif est de définir une feuille de route pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette Stratégie se focalisera sur nos principaux secteurs émetteurs mais aussi sur les stratégies de compensation pour neutraliser les émissions ultimes de gaz à effet de serre." g Monsieur Battaglione, la SMEG et la SMA sont engagées dans la transition énergétique voulue par le Prince Souverain avec des objectifs ambitieux. Quelles sont les principales directions de la société pour contribuer à réduire l’empreinte carbone du pays ? - Thomas Battaglione : "Le Goupe SMEG est effectivement totalement engagé et investi auprès du Gouvernement pour relever ce défi qui constitue le socle même de sa stratégie sur Monaco. Il a la capacité, via la SMEG et sa filiale la SMA, d’adresser et d’agir sur ces trois secteurs émetteurs relevés par Madame le Conseiller Ministre Céline Caron. 1. Concernant le chauffage, dont les émissions de CO2 proviennent des chaudières au fioul et au gaz, les boucles thalassothermiques sont un formidable moyen de disposer d’une énergie thermique totalement décarbonée. C’est donc l’évolution technologique privilégiée par le Gouvernement Monégasque. La SMEG, sous sa marque seaWergie, exploite depuis de nombreuses années le réseau de Fontvieille et s’est vue confier l’année dernière, avec ses partenaires MES et Soget, la conception et la construction de deux nouvelles boucles thalassothermiques sur les quartiers du Larvotto et de la Condamine. L'Etat y investit plus de 60 millions d'euros. J’estime qu’à terme 50 % du territoire monégasque pourrait être raccordé. 2. Sur le volet de la mobilité électrique la SMEG propose, sous la marque « evzen by Smeg », une offre complète d’infrastructures de recharges, en voirie et dans les parkings publics et privés. Avec déjà plus de 450 points de charge, et le double sous 18 mois, Monaco est déjà l’Etat le plus densément équipé au monde. Par ailleurs, nous avons repris il y a un an les activités d’autopartage Mobee pour lesquelles nous disposons de 30 Renault Twizy, 25 Peugeot e208, 5 Tesla Modèle 3, 100 % électriques. C’est une offre alternative de mobilité qui vient compléter celles proposées par le Gouvernement, et dont la principale ambition est de limiter l’achat de véhicules personnels. 3. Concernant l’usine de valorisation des déchets, nous avons défini et proposé un projet très ambitieux et innovant. Le principe fondamental

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est de ne plus considérer le déchet comme une seule contrainte dont on doit se débarrasser, mais comme une ressource énergétique locale, disponible toute l’année, qu’il convient d’exploiter au mieux... notamment en la débarrassant de ce qui contribue très majoritairement aux émissions de CO2, le plastique. Il y a un défi commun à ces trois domaines qui nous concernent tous au travers de nos comportements individuels et collectifs, c’est la sobriété dans nos consommations énergétiques et matérielles, tant sur la quantité que sur la manière de consommer." g La SMA, plus spécialisée dans le traitement des déchets se voit en charge de la nouvelle usine de traitement et de valorisation des déchets, c’est pour vous une satisfaction mais aussi un immense défi ? - Thomas Battaglione : "Le Gouvernement a souhaité constituer un groupe de travail avec la SMA pour réfléchir ensemble à la problématique du remplacement de l’usine actuelle de valorisation des déchets. Ce travail a débuté en janvier 2021. En moins d’un an, en travaillant avec les Services de l’Etat et leurs différents conseils extérieurs, avec qui la collaboration a été exceptionnelle, nous avons élaboré un projet profondément innovant qui a été très favorablement accueilli. C’est pour nous une très grande fierté. Désormais, il nous faut réaliser ce projet, baptisé « Symbiose », et cela constitue un grand défi. Si la valorisation des déchets est un des métiers de la SMA, concevoir et piloter un projet de cette ampleur se situe clairement très au-delà du scope habituel. En fait, c’est l’un des plus grands projets que la SMA ou la SMEG auront eu à conduire depuis leur création ! Nous abordons donc ce vaste chantier avec pragmatisme, et nous avons constitué une équipe entièrement nouvelle, dédiée


LES SOURCES RENOUVELABLES

ies vers la transition énergétique

té est en train de convertir ses principales sources d'approvisionnement pour un avenir plus propre

- Thomas Battaglione : "Concrètement ce sera une usine verticale, qui impose au process industriel une configuration tout à fait inhabituelle. C’est aussi ce qui explique la durée du chantier, les équipements industriels devant être installés au fur et à mesure de l’élévation du bâtiment. Le process, justement, conjuguera deux impératifs : être fiable, car c’est notre engagement et Monaco ne dispose pas de « plan B » pour gérer ses déchets ménagers, et atteindre pourtant des performances hors du commun en matière environnementale. De ce point de vue, cette usine constituera le premier exemplaire d’une nouvelle génération de solutions pour la valorisation des déchets en énergie, sans équivalent en Europe, et encore moins dans la région à proximité de Monaco."

© Photos SMEG

- Céline Caron : "Pour le territoire, nos trois priorités environnementales sont de réduire encore les émissions résiduelles de polluants par les fumées, très en deçà des normes actuelles et des meilleures technologies disponibles en Europe ; de contribuer directement à la réduction des émissions de CO2 de la Principauté, dès 2030 ; et de démultiplier l’usage de l’énergie issue des déchets au travers du réseau urbain de chaleur et de climatisation seaWergie."

au projet et réunissant les compétences nécessaires pour le mener à bien. Cette équipe va encore s’étoffer en 2022, et nous nous appuyons en outre sur des partenaires extérieurs de référence au niveau européen pour maîtriser parfaitement tous les aspects du projet. Au-delà de l’innovation inhérente au projet proposé, je crois que la rigueur et la transparence de notre approche, qui font partie de nos valeurs, ont été appréciées.Nous sommes confiants dans notre capacité à conduire au succès de ce projet toute l’équipe monégasque réunissant la SMA, la SMEG, les Services de l’Etat et leurs conseils extérieurs, ainsi que les prestataires qui réaliseront les missions techniques." g Du point de vue du Gouvernement et de la SMA, comment envisagezvous l’avenir de l’usine, sa technologie et sa localisation ? - Céline Caron: "La localisation de l’usine faisait partie des choix déjà arrêtés par l’Etat : elle se dressera à l’entrée de la Principauté par Cap d’Ail, et ce sera le premier bâtiment visible depuis la France. L’autre choix arrêté par le gouvernement Princier est la surface au sol qui est allouée au futur bâtiment : 20 mètres par 40 mètres, imbriqué dans une opération d’une complexité absolue. Le socle de l’opération Charles III, devra engloutir toutes les voies de circulation de cette zone d’entrée de ville. Le socle permettra de retrouver à la surface des cheminements piétons de très grande qualité entourés de verdure alors que les voies de circulation seront souterraines, et l’accès au cimetière sera totalement repensé et incroyablement amélioré. Le socle intégrera aussi une déchetterie qui fait aujourd’hui cruellement défaut et toutes les installations nécessaires à la production de chaud et de froid de Fontvieille qui fonctionneront avec la vapeur de la future usine."

- Thomas Battaglione : "En effet, pour atteindre ces objectifs, le projet repose sur une solution de valorisation énergétique éprouvée, celle des fours à grilles, mais avec un mode de combustion inédit et performant, la gazéification. Le mode d’épuration des fumées utilisera des technologies de pointe, dont l’efficacité est encore favorisée par la gazéification en amont, car celle-ci diminue le débit de fumée pour une même quantité de combustible et augmente ainsi le rendement technique des procédés. Et en amont de tout cela, un processus de tri automatique des déchets, à l’aide de cribles et de spectroscopes infrarouge, permettra d’extraire du combustible la majeure partie des fragments plastiques contenus dans les déchets. Ces fragments de plastique sont à l’origine de la très grande majorité des émissions de carbone d’origine « fossile », celles qui contribuent le plus au changement climatique. Ainsi, en extrayant les plastiques des déchets qui seront valorisés en énergie, nous réaliserons d’une pierre deux coups : nous diviserons par quatre les émissions de GES fossiles par rapport à aujourd’hui et par rapport à toutes les usines similaires au voisinage et ailleurs en Europe ; et nous organiserons le recyclage de ces plastiques en s’appuyant sur un centre de sur-tri et de préparation au recyclage. Au final, lorsqu’elle ouvrira en 2030, cette usine s’inscrira dans une logique d’économie circulaire, d’une part en parachevant le recyclage des plastiques dont les collectes sélectives sont le levier principal, et d’autre part car le rendement énergétique de la valorisation des déchets sera extrêmement supérieur à celui de toutes les usines du voisinage : la totalité des logements et bureaux de Fontvieille et alentours pourra être reliée au réseau urbain de chauffage et de climatisation de seaWergie, y compris en intégrant l’évolution de l’urbanisation, et bien sûr en tenant compte du renforcement des économies d’énergie qui font partie de la politique de transition énergétique de la Principauté ; et le réseau pourra s’alimenter en totalité avec l’énergie issue des déchets de Monaco et des communes riveraines, à l’exception bien évidemment des périodes d’arrêts techniques de l’usine que le réseau compensera notamment avec de l’électricité verte. La future usine pourra ainsi assurer grâce au combustible issu des déchets, via le réseau seaWergie, l’autonomie énergétique des bâtiments de l’ouest de Monaco pour la chaleur et la climatisation – ce qu’on appelle une symbiose territoriale, qui a donné son nom au projet." g Les élus ont souligné lors du dernier budget des retards et des surcoûts importants dans les chantiers publics. Est-ce une de vos préoccupations ? - Céline Caron : "C’est un enjeu majeur. L’unité actuelle de valorisation des déchets a 42 ans et, en dépit de tous les efforts consentis par les équipes d’exploitation et de maintenance de la SMA, - et du soutien du Gouvernement pour la maintenir en fonctionnement-, nous ne pourrons guère la prolonger audelà de 2030. Ce projet Symbiose est stratégique pour le Pays à plusieurs titres et engage des investissements très importants. Son coût, le Gouvernement l’a déjà dit, se chiffrera en centaines de millions d’euros. Les équipes de la SMA travaillent d’arrache-pied pour consolider d’ici l’automne le budget global de ce projet très complexe mais qui permettra à la Principauté de démontrer comment elle entend mettre en valeur ses déchets dans une stratégie bas carbone de développement durable." N° 214 • Mars 2022

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POLITIQUE & SOCIETE

"Un retour rapide à la vie normale"

g Cette situation meilleure a entraîné dans plusieurs pays des levées spectaculaires des contraintes sanitaires. Qu’est ce qui a été allégé à Monaco ? SV : "Effectivement, la France par exemple, a déjà pris et de plus annoncé de nouvelles mesures fortes dans les prochains jours. Par ailleurs, de très nombreux pays européens ont levé la totalité ou la majeure partie des restrictions, tels que, le Danemark, l’Espagne, la Norvège, la République d’Irlande, le Royaume-Uni, la Suède, ou la Suisse. A Monaco, comme le souhaitait le Conseil National, le Prince Souverain a décidé notamment de supprimer le masque en extérieur en ville, ainsi qu’à l’école dans les cours de récréation et pour le sport en intérieur, de supprimer le recours obligatoire au télétravail, d’alléger les mesures concernant les restaurants et les bars, ainsi que les obligations concernant les organismes d’importance vitale."

g Les élus poussent le gouvernement à plus de réactivité. Y a-t-il - selon vous - un excès dans l’application du principe de précaution ? SV : "Depuis le début de cette crise, sous l’autorité du

ANTI-BLANCHIMENT

L

g Quelles sont ces propositions complémentaires qui n’ont pas été retenues pour le moment, en dehors de la suppression du passe sanitaire ? SV : "Nous avons notamment défendu pour les élèves, la suppression de l’obligation du port du masque lorsqu’ils sont assis à leur bureau en classe. Bien évidemment, les parents qui le souhaitent pourraient continuer de faire porter un masque à leur enfant. Cette mesure semble indispensable pour

Respecter les standards sans pénaliser l’attractivité...

a Principauté de Monaco renforce régulièrement depuis 1993 sa législation dans le respect des standards internationaux. Il s’agit de prouver aux organismes de contrôle que Monaco actualise ses lois pour mieux lutter contre le blanchiment des capitaux, la corruption et le financement du terrorisme. Monaco a prouvé à plusieurs reprises sa bonne volonté, ce qui lui a permis d’être retiré de la liste grise des pays suspectés d’être des paradis fiscaux. Le sentiment qu’on nous en demande toujours plus, quitte à nous en demander trop par rapport à notre attractivité, est assez largement répandu et partagé par de nombreux élus. Ces derniers ont introduit 30 amendements sur la cinquantaine d'articles de ces 2 lois. C’est pourquoi le débat a été vif autour de lois votées le 31 janvier dernier. Il fallait trouver une ligne de crête entre le danger de la sous transposition et celui de la sur transposition. L’essentiel est de rester transparent. La place financière de Monaco a gagné en respectabilité donc en performances au fil de ses adaptations. Monaco en effet, dans un accord monétaire, s’est engagée à transposer les directives européennes comme les recommandations internationales. Depuis le début de l’actuelle législature Monaco a transposé les quatrièmes, cinquièmes, et sixièmes directives. Pour les deux dernières lois le Conseil national a consulté l’ensemble des acteurs concernés. Le texte gouvernemental d’origine a donc été modifié pour tenir compte de situations particulières. La FEDEM notamment s’était inquiétée d’une transposition allant au-delà des directives dans le souci d’éviter exagérément toute présomption de culpabilité. La suspicion a la vie dure. La

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Prince Souverain, et comme le souhaitaient les élus, Monaco a su prendre des mesures spécifiques et conformes à sa situation singulière. Ces mesures ont très souvent été plus souples et plus favorables pour les résidents et acteurs économiques que dans les pays voisins, car la situation sanitaire et le sens civique de notre population le permettaient. Pour autant, le Conseil National a toujours su prendre ses responsabilités quand la situation sanitaire se dégradait et le justifiait, par exemple en votant la loi relative à l’obligation vaccinale des soignants et de certaines catégories de personnes en contact avec les plus fragiles. Aujourd’hui, devant une amélioration très nette de la situation, c’est encore en toute responsabilité que le Conseil National demande de ne pas prendre de retard dans la levée des mesures de restriction. En effet, les mesures qui portent atteinte à la liberté ou au développement économique, ne doivent être maintenues qu’aussi longtemps qu’elle sont rendues nécessaires par la préservation de la santé de la population. C’est pourquoi nous avons formulé d’autres propositions d’assouplissement qui, elles, n’ont pas encore été retenues par le Gouvernement."

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liste des professionnels concernés donc a été amendée, réduite et précisée. Un assouplissement raisonnable qui supprime ainsi la déclaration automatique pour les paiements en espèce d’un montant égal ou inférieur à 10 000 euros. Le Conseil National a été entendu par le Gouvernement et le consensus a débouché sur un vote à l’unanimité. Ces textes votés devraient satisfaire la toute prochaine évaluation du comité Moneyval. Le Comité d'experts sur l'évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL) est un organe de suivi permanent du Conseil de l’Europe chargé d’apprécier la conformité aux principales normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et contre le financement du terrorisme et d’apprécier l’efficacité de l’application de ces normes, ainsi que de faire des recommandations aux autorités nationales concernant les améliorations nécessaires à leurs systèmes. Monaco est toujours dans l’obligation de faire du sur mesure comme l’a souligné lors du vote le Président Valeri. Il faut rester dans les clous de l’exigence internationale, de plus en plus stricte, sans mettre en cause des spécificités qu’il n’est pas toujours facile de faire accepter par les gardiens parfois un peu dogmatiques des normes. (P.Z.)

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POLITIQUE

g Président Valeri, comment évolue la pandémie à Monaco ? Y a t-il comme un peu partout un recul rapide de la vague Omicron ? Stéphane Valeri *: "Le Comité Mixte de Suivi Covid-19 s’est réuni le mercredi 23 février dernier, effectivement dans un contexte d’amélioration générale et durable de la situation sanitaire dans le monde et particulièrement en Europe. A Monaco aussi, où les indicateurs relatifs à la pandémie sont nettement meilleurs que dans la plupart des pays et notamment que dans le département voisin des Alpes-Maritimes, la situation ne cesse de s’améliorer depuis de nombreux jours. Cela permet donc d’envisager la poursuite de l’assouplissement des mesures, au-delà de ce qui a déjà été annoncé par le Gouvernement. Ainsi, par exemple, à Monaco le taux d’incidence à fin février n’était plus que d’environ 400 et en baisse constante, alors qu’il était beaucoup plus élevé en France et dans les Alpes-Maritimes. La situation ne cesse aussi de s’améliorer au CHPG, où il y a désormais peu de personnes hospitalisées et quasiment plus aucun malade Covid-19 en réanimation. La pression hospitalière est donc parfaitement sous contrôle."

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par Patrice Zehr

améliorer les conditions d’apprentissage et le bienêtre à l’école de nombreux enfants. Nous demandons aussi l’installation de purificateurs d’air dans les salles de classe, en complément de l’aération naturelle. Je précise que cette mesure était déjà demandée depuis plusieurs mois par les élus et qu’elle vient seulement de faire l’objet d’un accord de la part du Gouvernement pour la réalisation d’un test. En ce qui concerne la gestion des cas contact, nous avons demandé aussi la levée de l’obligation d’isolement pour les cas contacts intrafamiliaux disposant d’un schéma vaccinal complet et testés négatifs. Le maintien de cette mesure est particulièrement pénalisant pour les acteurs économiques et pour l’organisation des familles. Rappelons qu’en France, sa suppression remonte déjà au 3 janvier dernier." g On pense que la France va - dans le courant du mois de mars - en finir avec le passe vaccinal. Comment Monaco doit-elle se préparer à cette évolution emblématique ? SV : "Rappelons que la Principauté n’a jamais évolué vers un passe vaccinal, comme la France, mais que ce passe monégasque est resté simplement sanitaire. Le Ministre de la Santé français a effectivement annoncé qu’il serait supprimé en France lorsque le taux d’incidence serait compris entre 300 et 600, probablement courant mars. C’est pourquoi nous avons demandé la suppression du passe sanitaire sur le territoire de la Principauté, lorsque le taux d’incidence sera inférieur ou égal à 300, donc très probablement dans les tous prochains jours. Tant que la mesure demeurerait en vigueur en France, Monaco ne supprimerait le passe que pour les Monégasques, les résidents et les salariés de la Principauté, afin de ne pas provoquer d’afflux à Monaco de personnes ne disposant pas de passe. De manière générale, les élus souhaitent le retour dans les meilleurs délais à une vie normale. Il en va de l’intérêt de toutes et tous en Principauté, de la qualité de vie des Monégasques et des résidents, de l’épanouissement de nos enfants et de la performance de nos acteurs économiques." * Président deu Conseil national de Monaco


Entre changement et continuité par Patrice Zehr

g La rivalité Estrosi-Ciotti en toile de fond... Une ambiance qui s’est poursuivie dans la campagne éclair menée avant cette élection municipale partielle. Avec, en toile de fond, la rivalité entre Christian Estrosi et Eric Ciotti. Le premier soutenant le candidat élu et le député des Alpes-Maritimes Sandra Paire. Le maire de Nice a d’ailleurs immédiatement « salué la victoire d’Yves Juhel », lui « souhaitant, ainsi qu’à son équipe, bonne chance et leur adressant ses vœux de réussite au service de Menton et des Mentonnais ». Le maire de Nice était d’ailleurs présent lors de l’installation de l’édile mentonnais. Ce qui a été très commenté. Pour Yves Juhel, Christian Estrosi est un ami et cette amitié n’interférera pas dans la gestion des intérêts de la ville. g Le test de la Communauté d'Agglomération de la Riviera Française (CARF) Les mentonnais vont être très attentifs. Certains redoutent en effet une plus grande influence de Nice au détriment de l’indépendance de la CARF. Le vote pour la formation du nouveau conseil après l’élection du président Juhel en a été un indice. L’élection s’est faite en 3 heures, à marche forcée et a donné une impresINTERVIEW

sion étrange à certains. Le score décevant du maire de Breil-sur-Roya, un fidèle de l’ancien maire de Menton, a provoqué des remous. Il y a eu cependant une reconduction générale des vices-présidents mais dans une ambiance et un rythme pour le moins inhabituel. S’il y a une évolution du positionnement de la CARF le test est encore à venir. Composée de 15 communes, la CARF est située à l’extrémité Sud des Alpes-Maritimes, le long des frontières de l’Italie et de la Principauté de Monaco. Elle s’étend des rivages de la Méditerranée aux sommets du massif du Mercantour en remontant les vallées de la Roya et de la Bévéra. Depuis Menton, villecentre de la Riviera française, les communes urbaines du littoral laissent place aux villages des Moyen et Haut Pays. Une chose est actée, il y aura un rapprochement avec la « métropole » avec la capitale du département. Jusqu’où ? Cette question intéresse Monaco, on s’en doute. Surtout que cela concerne le traitement des eaux comme le traitement des déchets. Deux sujets prioritaires pour la Principauté et objets du dossier de ce mois. g La vision de l’ancien maire JeanClaude Guibal reste dans toutes les mémoires... Pour le nouveau maire, en ce qui concerne les déchets « la CARF ne peut traiter totalement avec Monaco comme elle le faisait … on doit donc chercher des partenaires et il est logique de traiter avec la métropole ». Sur les eaux, l’alimentation vient de la Roya et de la Vésubie liées à des dommages de guerre concernant l’Italie. Le maire veut donc reprendre la main et rediscuter des accords qui concernent Monaco. Et bien sûr on retrouve audelà de la métropole le rôle du département… Pour Yves Juhel ce dernier ne doit pas se mêler des affaires de la ville. L’affrontement Ciotti-Estrosi a pesé sur la campagne, il va peser sur les orientations de la

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ngagé dans une triangulaire, l’ancien deuxième adjoint divers droite, Yves Juhel a remporté le second tour des élections municipales de Menton avec 43,11 % des suffrages, bien moins que la majorité absolue... En suffrages, son avance est très modérée. Il devance ainsi de moins de trois points la liste LR de Sandra Paire (40,24 %). Le mode de scrutin lui donne cependant une forte majorité, mais il devra bien évidemment tenir compte du vote de tous les mentonnais. Le candidat soutenu par le RN Anthony Malvault a de son côté obtenu 16,65 % des voix. Cette nouvelle élection avait été rendue nécessaire après la démission de 23 élus, qui reprochaient à Yves Juhel d’avoir été choisi pour succéder à Jean-Claude Guibal grâce aux voix des élus d’un groupe d’opposition, notamment RN. Une ambiance lourde pendant plusieurs semaines en a suivi.

ville, capitale d’une partie du département avec une identité particulière et une histoire différente depuis assez longtemps de celle du Comté de Nice. Les mentonnais le savent, mais jugeront sur les réalisations concrètes de la nouvelle équipe, son esprit d’ouverture pour des changements attendus sans faire table rase d’un héritage très apprécié. La vision pour sa ville de l’ancien maire Jean-Claude Guibal reste dans toutes les mémoires. Le changement dans la continuité est un beau slogan, mais dans l’action il ne sera pas facile de tenir la ligne de crête comme le souhaitent les mentonnais et comme leur vote partagé le démontre.

DANIEL BOERI *

"Renouveler la Nuit Blanche pour relier culture et économie"

g Comment voyez-vous au niveau du patrimoine et de la culture le monde d’après ? Qu’elles initiatives espérez-vous en Principauté ? DB : "C’est une question essentielle ; la culture est un élément fort qui contribue à la notoriété de notre pays. Dans le même temps, le monde évolue. Nos Institutions culturelles sont reconnues au-delà des frontières. Aussi s’agit-il de créer des activités complémentaires, propres à s’adapter au temps. Les économistes appellent cela « la diversification » : s’appuyer sur la notoriété et la force de nos institutions et créer en même temps un plus. Voilà pourquoi j’insiste depuis des années pour renouveler la Nuit Blanche, qui fut un succès au même titre d’ailleurs que la Nuit de la Danse pour attirer des spectateurs nouveaux à Monaco. Aussi, je m’inquiète des tergiversations gouvernementales pour passer à l’acte, d’autant que 2022 nous offre une occasion supplémentaire, une opportunité : l’ouverture en juillet du nouveau Larvotto, que la Nuit Blanche permettrait de faire connaître à un public venu de loin et nouveau. On ferait ferait ainsi d’une pierre deux coups ; relier culture et économie ! " g Qu’est-ce que le droit de suite, et pourquoi une loi pour le réformer ? DB : "Il s’agit de l’ajustement de la loi de 1948 relative à la protection des œuvres littéraires et artistiques. De fait, la création, les œuvres et les artistes occupent une place importante dans notre pays. En particulier, le marché de l’art se manifeste par un accroissement du nombre de ventes aux enchères et contribue à la notoriété du pays. Le mérite de la réforme engagée est de préserver d’un côté les droits et intérêts des créateurs et de leurs ayants droits et de l’autre de permettre au marché de l’art, et notamment les ventes aux enchères organisées dans le pays, d’être compétitif eu égard au reste du monde. Ainsi, le droit de suite vise à préciser le droit inaliénable des auteurs d’œuvres d’art originales à être intéressés

aux ventes dont l’œuvre est l’objet. Cette protection pourrait à la fois s’étendre de 50 ans aujourd’hui à 70 ans et intégrer les nouvelles créations numériques dans la définition des œuvres d’art. De plus, la compétitivité des ventes aux enchères sera optimisée par la définition d’un taux de prélèvement - aujourd’hui de 3% - et éventuellement d’un plafonnement de ce coût. Le droit de suite adapte la protection des créateurs et la compétitivité dans le monde de l’art." g Cette période vous a permis d’écrire un nouveau livre qui n’est pas sans rapport avec la Covid, même si c’est un retour bien plus complet sur votre itinéraire. Pas des mémoires, mais des anecdotes qui se veulent autant de sujets de réflexions… DB : "Ah les anecdotes ! Je dois dire que c’est pour moi un nouveau genre d’expression. J’ai écrit plusieurs livres économiques au sens large et techniques. Soudain, le confinement m’a permis de revisiter à la fois mes différents voyages dans le monde et l’exercice de mon métier de consultant. Cinquante ans de vie professionnelle et trois ans pour la préparer, ce qui a donné « La 53e ou des anecdotes naturelles » (Editions RIC). Je me suis rendu compte, qu’au fond, les découvertes de nouveaux sites, de nouvelles villes et l’application de mon métier réservaient des surprises que j’avais vécues, sans forcément les identifier. Ce fut l’occasion : plus de 400 pages ; je n’en reviens pas moi-même. Nous en sommes à la deuxième édition et la troisième se profile en moins d’un an. Je suis satisfait. L’idée est venue lors d’une discussion libre au cours d’un repas. Innocemment, je posais la question aux convives « quand vous ingurgitez une gélule, vous assurez-vous qu’elle est pleine ? ». Comme on s’en doute, la réponse fut unanimement négative. Or, il y a bien des années - c’était d’ailleurs une de mes premières missions de consultant – je devais en réorganiser la fabrication dans un laboratoire pharmaceutique. La fabrication des gélules m’avait interpellé. En effet, à la sortie les machines, elles passaient sur une source de lumière si forte que les ouvrières étaient appelées des « mireuses ». J’avais moi-même mal pour leurs yeux – je vous rassure, aujourd’hui, des caméras ont remplacé la lumière – aussi de leur dire que je leur trouverai un complément pour les aider ; j’arrivais avec un ventilateur et, fait extraordinaire, les gélules vides étaient expulsées par l’air projeté. L’étonnement rieur de mes interlocuteurs m’a conduit à regarder plus en détail mes différentes aventures vécues lors des missions d’organisation des entreprises ! Il y en avait beaucoup à raconter et il en reste encore !" (P.Z.) © Photo CN

g Daniel Boeri, dans cette période de sortie de crise sanitaire, enfin, quel bilan faites-vous de la gestion de l’épidémie au niveau culturel à Monaco ? Daniel Boeri : "En dépit des difficultés économiques, sociales et sanitaires, Monaco a mieux que bien fait face à la pandémie, dont on espère une large atténuation. Certes, les restrictions nécessaires ont entraîné des difficultés individuelles mais, au-delà, Monaco a fait face. Dans ce contexte, les Institutions culturelles et associations ont elles aussi largement fait face. Je retiendrai essentiellement la formidable respiration qu’elles ont apporté non seulement aux spectateurs, mais aux diverses parties prenantes à la culture. Je songe notamment à tous ceux qui œuvrent derrière le rideau pour que le spectacle ait lieu. Un grand merci et bravo à tous !"

* Président de la Commission de la Culture et du Patrimoine du Conseil National de Monaco

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ECONOMIE & FINANCE

Qu'est ce que le Closed-End par Thierry Crovetto *

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ECONOMIE

l s’agit d’un fonds géré activement par des professionnels comme un Fonds Commun de Placement ou une SICAV, mais coté en bourse comme un ETF. Le fonds va émettre un certain montant à son lancement, ensuite le nombre de titres en circulation ne variera pas comme pour les Organismes de Placements Collectifs traditionnels. Les Closed-End Funds se concentrent généralement sur un secteur, un marché géographique ou un secteur spécifique. Ils peuvent d’ailleurs investir dans des actifs peu liquides.

g Rappel historique L’histoire des Closed-End Funds a commencé en 1893, plus de 30 ans avant la création du premier Mutual Fund aux États-Unis. Les encours des CEF au Etats-Unis ont atteint un sommet en 2007 à 313 milliards de dollars, en hausse par rapport à 146 milliards de dollars en 1999 suivant à peu près le rythme de la croissance des ETF au cours de la période. Les actifs des ETF ont ensuite explosé à la suite de la crise financière, alors que le passage aux investissements passifs à faible coût s’accélérait. Les deux catégories détenaient environ 280 milliards de dollars en 2005, mais les avoirs en ETF ont dépassé les 6,4 billions de dollars, tandis que les CEF ont à peine bougé. g Investir dans un Closed-End Fund Le nombre de titres restant fixe, la seule façon d'acquérir des parts d'un closed-end fund après son lancement est d'attendre qu'un ancien détenteur les cède sur le marché secondaire. Le prix des parts est déterminé par le marché. Une décote ou une surcote entre le cours de bourse et la valeur de l’actif net est donc possible. Ce mécanisme de prime / décote peut être vu comme un inconvénient, une complexité ou une inefficience des Closed-End Funds, mais cela peut également constituer une opportunité ! En effet, investir dans un CEF avec une décote importante peut augmenter l’espérance de rendement. Par exemple, Le Fonds Aberdeen Global Income Fund (FCO) a réalisé une performance de 72 % au cours des 15 mois suivant son point bas du 18 mars 2020 (le fonds avait une décote de 20%), alors que la valeur liquidative sous-jacente n’était en hausse que de 37 %. L’effet est similaire à une augmentation du ratio cours/bénéfice pour une action. g Avantages pour le gérant Le gérant connaît donc, dès le départ, le montant qu'il peut investir. Pour lui, le fait que le capital soit fixe est un avantage dans la mesure où il peut gérer le portefeuille en s’affranchissant des contraintes de liquidités (destinées à honorer les demandes de rachats dans le cas d’un fonds « ouvert »). Par conséquent, les gestionnaires de Closed-End Funds peuvent investir dans une stratégie à long terme, sans se soucier de la gestion de la liquidité. Cela peut conduire à des per-

formances supérieures pour les investisseurs. Cela rend également la structure de fonds à capital fixe avantageuse pour investir dans des domaines spécialisés tels que les titres ou les marchés moins liquides, les opportunités de capital de risque, l’immobilier, infrastructure, dette privée... Indépendamment du volume des transactions ou des fluctuations des prix du marché dans ces domaines, les gestionnaires de fonds à capital fixe ne sont jamais obligés de vendre des titres sur un marché en déclin pour faire face aux rachats. Ils peuvent également faire un usage de l’effet de levier pour augmenter leurs performances en acceptant un risque supérieur. g Dividendes souvent importants et distribution de droits Les Closed-End Funds distribuent en général des dividendes réguliers (trimestriels en général) en fonction des revenus encaissés par le fonds mais aussi des plus-values réalisées. Cette distribution élevée permet de réduire l’incertitude de la performance liée à la décote ou surcote des CEF par rapport à la valeur d’inventaire. Parfois, les actionnaires du fonds ont le « droit » d’acheter des actions supplémentaires proportionnellement à leurs avoirs actuels, à un prix déterminé. Le prix d’offre est souvent inférieur au prix du marché (et à la valeur liquidative), ce qui incite les actionnaires à exercer leurs droits. Cependant, cela peut également entraîner une dilution de la valeur liquidative du fonds. De plus, dans le cadre d’une offre de droits transférables, les actionnaires ont la possibilité de bénéficier de la vente de leurs droits. g Les Interval Funds Les Interval Funds sont un type de Closed-End Funds non négociés en bourse ; ils fonctionnent comme des fonds communs de placement puisqu’ils peuvent être achetés à leur valeur liquidative en permanence mais l’aspect fermé vient du fait que ces fonds n’offrent pas de rachats quotidiens. Les rachats programmés sont trimestriels, semestriels voire annuels, et les investisseurs doivent choisir à l’avance de faire racheter leurs actions pour sortir du fonds. Il y a généralement une limite sur le pourcentage d’actions rachetées à chaque période, qui dépend du fonds. S’il y a trop de demandes de rachats, ces dernières sont réduites en proportion. Ce risque de liquidité

est associé à la capacité de la structure à capter une prime de liquidité.

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* Analyste financier indépendant spécialisé dans la sélection de fonds. tcrovetto@tcsf.mc / 06 80 86 83 11


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L'ACTUALITE

ACTUALITE

Pour un monde sans cancer des enfants...

✲ M O NACO E N BRE F ✲ ☞ Nice : Jusque au 15 mai, Nice propose l’exposition « La mort n’est pas une fin – Necropolis » au Musée d’Archéologie de Nice / Cimiez. Le musée dispose d’une importante collection lapidaire correspondant aux nécropoles qui entouraient l’antique ville de Cemenelum. Ce nouvel accrochage est l’occasion de présenter au public et de mettre en valeur cette riche collection et d’évoquer les rites funéraires durant l’Antiquité. Tous les jours sauf le mardi de 10h à 17h jusqu’au 30 avril et de 10h à 18h à partir du 2 mai. 04 93 81 59 57 ☞ Monaco : L’Office des Timbres Poste mettra en vente le 25 mars un timbre « canin » ! Organisée par la société canine de Monaco, la prochaine exposition canine internationale se déroulera les 7 et 8 mai prochains. La « spéciale » sera consacrée au Dalmatien.

par Pierre Alain Martini

haque année en France, 2000 enC fants ou jeunes adultes déclarent un cancer solide (essentiellement

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tumeurs du cerveau et tumeurs des os) ou hématologique (tumeurs du sang). Sur la même période, plus de 300 meurent d’une forme de cancer pédiatrique. Bien que ces pathologies diffèrent considérablement des cancers adultes par leurs causes et leur nature, il n’existe pas encore de traitement prenant en compte leurs spécificités. « Les cancers pédiatriques sont des pathologies très diverses et rares… » exposait récemment à la Biennale Monégasque de Cancérologie le docteur Vincent Picco, responsable des programmes de recherche sur ces pathologies au Centre Scientifique de Monaco « …Aucun traitement spécifiquement développé contre l’une de ces maladies n’est actuellement utilisé en clinique. Ces pathologies répondent strictement à la définition de maladies dites orphelines. »

g Les programmes innovants développés au Centre Scientifique de Monaco C’est pourquoi les équipes du Centre Scientifique de Monaco, en partenariat notamment avec des associations de familles de malades, développent plusieurs axes de recherche innovants :la reprogrammation des cellules souches tumorales, qui sont responsables des rechutes, dans le but de les rendre vulnérables aux traitements par radio et chimiothérapie et de réduire les risques de récurrence de la maladie, l’approche théranostique, basée sur l’exploitation de spécificités propres aux cellules tumorales et qui offre avec les mêmes outils technologiques de pointe la possibilité d’effectuer une imagerie de très grande sensibilité et un ciblage par traitement radiothérapeutique extrêmement précis, garantissant ainsi à la fois un diagnostic et une thérapie fiables et ciblés. g L’anémone de mer comme modèle ! Par ailleurs, le CSM lance cette année, en partenariat avec le Laboratoire International Associé Ropse, l’Université Côte d’Azur et le soutien financier de l’Institut National du Cancer (INCa), une étude fondamentale qui s’appuie sur l’anémone de mer comme modèle. Cet animal, d’une grande simplicité morphologique, est utilisé dans de nombreux laboratoires à travers le monde. Il présente un développement embryonnaire externe, ainsi qu’un système nerveux extrêmement simple qui permet l’étude de la neurogenèse in vivo à l’échelle de la cellule individuelle. Malgré cette simplicité, ces animaux partagent avec l’Homme les mécanismes responsables de la génération du système nerveux. Ce modèle d’étude est donc parfaitement adapté pour mieux comprendre les accidents génétiques qui conduisent à la formation de tumeurs chez des enfants parfois âgés de quelques mois. Ainsi, de même qu’aucun des inhibiteurs utilisés dans les thérapies anticancéreuses ciblées actuelles n’aurait pu être mis au point sans l’apport des modèles tels que la mouche drosophile dans la compréhension des mécanismes de signalisation cellulaire, ce projet pourrait déboucher sur des résultats qui bouleverseront la conception actuelle de la nature de certains cancers pédiatriques du cerveau. Ces nouveaux concepts, certainement très différents de ceux validés dans les cancers adultes, pourraient de fait conduire à l’élaboration de stratégies thérapeutiques spécifiques aux cancers des enfants. HISTOIRE

Itinéraire d’un gamin "très" gâté E

Mensuel édité par GLOBAL MEDIA ASSOCIATES Sas

Rédaction : “Le Beausoleil de Monaco” 6, bd de la Turbie 06240 Beausoleil Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 email : laprincipaute@yahoo.fr http://www.laprincipaute.net

Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker

Avec la collaboration de Lisa Arquette Amanda Coutelle Pierre Dévoluy Pascale Marcaggi Andrea Noviello Pierre-Alain Martini Alan Parker-Jones

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Direction Communication Claudia Albuquerque Thierry Carpico Murielle Gander Cransac Philippe Lombard

Projet graphique

GMA Studio Design

Relations Publiques Mary Coles

Promotion & Publicité Chantal Garry Dessinateur Jean-Jacques Beltramo

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☞ Monaco : Le documentaire « Alick and Albert » a remporté le prix spécial du jury au 19ème Festival international du film documentaire océanien : ce film de 90 minutes retrace la relation entre S.A.S. le Prince Albert II et l’artiste australien Alick Tipoti. Il questionne sur la diversité des rapports de l’Homme à la Nature dans le monde actuel et transmet un message universel en faveur de la paix, de la tolérance, du dialogue entre les cultures et de l’harmonie entre l’Humanité et l’Océan. ☞ Monaco : Le 5 février lors du Concours International pour Jeunes danseurs du Prix de Lausanne, l’Académie Princesse Grace sur les 70 danseurs et 20 finalistes, a vu trois élèves de l’école rattachée aux Ballets de Monte-Carlo s’illustrer : l’Américain Darrion Sellman a remporté la médaille d'or et la bourse de la Fondation Oak. Le français Dorian Plasse décroché la bourse de la Fondation Coromandel et le prix Contemporain. L’italien Luca Branca grâce à sa variation « Les ombres du temps », interprétée par Yo Nakajima de la même école, figurera parmi les deux gagnants du Young Creation Award 2022. ☞ Monaco : La Dante Alighieri invite à la conférence : Il cervello è più grande del cielo donnée par le Professeur Giulio Maira, l’un des plus importants neurochirurgiens italiens, le temps d’un un voyage fascinant à travers les mystères de l’esprit… Le Pr. Giulio Maira a opéré environ 16.000 patients et les résultats qu’il a atteints ont été l’objet de publications dans 371 articles scientifiques dans des revues internationales, et il a été inclu dans la liste des Top Italian Scientist in Clinical Science avec un indice H de 43 et un nombre des citations scientifiques égales à 7.805 (Jeudi 17 mars - 19h00 - Théâtre des Variété (Conférence en Italien). ☞ Monaco : Zeljko Franulovic, a dévoilé les grandes lignes du Rolex Monte-Carlo Masters, qui se déroulera du 9 au 17 avril 2022, premier tournoi de la saison joué sur la terre battue dans la catégorie ATP Masters 1000. Le coup d’envoi sera donné par le tenant du titre, Stefanos Tsitsipás, lors du tirage au sort sur les terrasses des Thermes Marins le vendredi 8 avril à 17h. En ce qui concerne les joueurs engagés, Zeljko Franulovic précise : « La liste définitive ne sortira que le 14 mars mais nous sommes confiants d’accueillir les meilleurs joueurs du monde ». ☞ Monaco : Prochaines Rencontres Philosophiques de Monaco : Vendredi 11 mars à 18 h au Théâtre Princesse Grace sur le thème « Conversation « A quoi on joue ? Périls, risques et plaisirs », rencontre présentée par Robert Maggiori, membre fondateur des Rencontres Philosophiques. Colas Duflo, philosophe, Vinciane Zabban, sociologue et Frédéric Tordo, psychologue, débattront sur la notion de « jeu ». Est-il possible, audelà des classifications, des définitions, des modalités, des principes, des fonctions du jeu, de cerner ce que « jouer » veut dire ? Toutes les informations et réservations sur : www.philomonaco.com Les prochains rendez-vous : le Jeudi 7 avril et du 7 au 12 juin pour la Semaine de la Philosophie. ☞ Monaco : Conférence-débat, le lundi 7 mars à 18h30 au Théâtre des Variétés, Sous Le Haut Patronage de l’Ambassadeur de France à Monaco Laurent Stefanini et en partenariat avec Le Consulat Du Liban. Michelle Mauduit-Pallanca, Présidente du Comite d’entraide des Français de Monaco à La Maison de France, et notre contrère Patrice Zehr, Président de L’union de la presse francophone de Monaco organisent, avec le concours de Pierre Devoluy journaliste, une conférence sur le thème « L’avenir de la Francophonie : enjeux et perspectives » par Alexandre Najjar qui à l’issue de sa conférence, dédicacera son dernier livre « Le syndrome de Beyrouth », (Rentrée littéraire 2021), ainsi que « Le dictionnaire amoureux du Liban » (2015), parus aux Editions Plon.

La photographie du mois

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☞ Monaco : A l’heure des commémorations du centenaire Albert Ier, toutes les entités monégasques se sont mobilisées pour rendre hommage au pionnier de l’océanographie : l’Institut Audiovisuel, pionnier de l'image et du son propose « Cinémato », une exposition qui entend rappeler combien le prince Albert Ier a su lier l’expérience singulière de la prise de vues et de l’enregistrement sonore, à l’exigence d’une compréhension vaste et lucide des êtres et des choses. Chemin faisant, entre photographies, films, sons et écrits, le visiteur découvre une partie méconnue du travail du souverain savant et humaniste. (Entrée libre du lundi au vendredi de 10h à 17h30 (17h le vendredi).

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nfin un livre qui fait du bien. Le titre est certes nostalgique mais si vrai « C’était une époque bénie ». Une époque bénie en tout cas pour son auteur Bernard de Pressach. L’ancien directeur du Fouquet’s et ex bras droit du joaillier Louis Gérard a vécu un rêve éveillé, une vie rêvée. Il n’en tire aucune gloire personnelle, mais nous en fait profiter. A la sortie de périodes confinées et de distanciations sociales le monde d’avant avec tous ses défauts brille comme jamais. C’était le temps du glamour décomplexé et des paillettes. C’était le temps où pour les jeunes chanteurs tout était possible et c’est par l’entrée des artistes que Bernard de Pressach est rentré dans le monde des variétés puis dans le grand monde comme l’on disait, sous le pseudo de Bernard Briac. La passion de chanter ne l’a jamais quitté et de Pressach a succédé un temps à Briac. N'avez vous jamais rêvé de vous produire sur scène devant les grands de ce monde ? De Pressach l’a fait. Mais ce livre est plus qu’un livre de mémoire sur une vie si chanceuse qu’elle frôle la provocation. C’est un livre de rencontres avec Shirley Bassey, Joséphine Baker, Jean Marais ou Buzz Aldrin. Des rencontres qui parlent de mondanités au service de bonnes causes, une marque de Monaco d’ailleurs très présent dans cet ouvrage. On voyage avec l’homme qui a fait plusieurs fois le tour de la planète, un habitué du Concorde, du Gotha mondain mais aussi des grands personnages du monde. Bernard de Pressach passe ainsi de Nicolas Sarkozy à Bruce Willis, de la Bégum à Liz Taylor. Toujours dans sa vie de paillettes le caritatif est aux cotés des mondanités. C’est pourquoi la Principauté a une grande place. L’auteur est auprès de la Princesse Grace, la Princesse Caroline ou la Princesse Stéphanie. C’était le temps où les réseaux sociaux étaient des réseaux élitistes en rencontres réelles et ou les distanciations s’abolissaient plus facilement qu’on ne le croit. Un autre monde. C’était un temps comme l’a dit Aznavour à Bernard que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Un temps qui fait toujours rêver. Le monde de demain ne sera certainement pas le monde d’avant. C’est pourquoi « l’époque bénie » se déguste comme un bon vin hors de prix qui a bien vieilli ou une très mondaine madeleine de Proust. (P.Z.)

☞ Monaco Fin 2021, les employés de CMB Monaco ont souhaité à nouveau renoncer aux cadeaux des clients et les ont invités à une opération solidaire en partenariat avec l’Association Mondiale des Amis de l’Enfance (AMADE). Près de 12000 euros ont ainsi été récoltés pour cette opération visant à soutenir le programme « l’Energie de l’Espoir ». Francesco Grosoli, CEO de CMB souligne « par cette action, CMB apporte son soutien à une initiative clé pour promouvoir l’accès des enfants à une énergie abordable, durable et de qualité. Ce ne sont pas moins de 10 millions d’enfants qui naissent chaque année dans une famille dépourvue d’électricité. Nous espérons que ce geste contribuera au succès de ce bel et ambitieux projet ».

Cette année, comme en 2021, l''excellent magazine « Photo » a publié dans un récent numéro un montage photos de notre ami journaliste Noël Fantoni dans le cadre du plus grand concours de photos du monde. Le thème? Mondes parallèles, chimères, rêves et utopies. Merci "Photo".


Les îles ombre et lumière aux RIMM par Viviane Le Ray

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g Le mot de Mme Elisabeth Bréaud « Entre les rivages de la Méditerranée, témoins des secousses géologiques des temps primordiaux, se sont formées 15 000 îles. Îles minuscules ou étendues, îles planes ou montagneuses, îles verdoyantes ou arides, îles prospères ou infortunées… Faire un choix parmi ces îles s’est avéré difficile car toutes méritaient d’être considérées. Cependant, notre regard s’est fixé sur trois zones : les îles du bassin oriental de la Méditerranée, celles de la mer Tyrrhénienne et celles situées plus à l’est. C’est de ces îles, si importantes pour notre culture, creusets d’idées et d’inventions, mais aussi objets de convoitise et de discorde, que se sont inspirées les XIèmes Rencontres ». g Les « îles » : un thème peu traité tant il est vaste et délicat… Le thème autour des îles sera abordé sous quatre angles en analysant leurs faces lumineuses ou plus obscures : L’héritage universel né dans les îles de la Grèce antique ; les conflits religieux et politiques liés : les grands écrivains insulaires ; les îles dans le cinéma italien. La première table ronde sera dédiée à « l’héritage du Beau à travers la sculpture grecque antique »; à l’idée du Bonheur « à travers la pensée philosophique d’Epicure » ; à la pensée chrétienne avec « un regard sur l’Apocalypse de Saint Jean »; enfin, à l’éthique médicale avec Hippocrate philosophe-médecin et « à ses prolon-

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epuis leur création en 2001, par Mme Elisabeth Bréaud, «Les Rencontres internationales Monaco et la Méditerrannée» (RIMM), sous le Haut Patronage de S.A.S. le Prince Albert II, ont porté un regard diversifié sur le bassin méditerranéen en traitant de sujets tels que l’eau douce, les nouvelles technologies, mais aussi le rôle joué par les artistes et les intellectuels. En 2020, les RIMM avaient pour thème « Agir pour le Patrimoine » ; les 10 et 11 mars prochains, au Musée océanographique, l’édition 2022 se penchera sur le phénomène des îles. Le jeudi 10 mars à 10h30 : Conférence inaugurale : « Le rôle géopolitique des îles de la Méditerranée » par M. Hubert Védrine, ancien Ministre Français des Affaires Etrangères*

gements dans la médecine antique ». La deuxième table ronde sera dédiée aux îles de Chypre, de Chio, de Rhodes et de Malte, aux Baléares et à la Corse qui furent confrontées à de violents conflits religieux et politiques. g Le colloque se clôturera sur une note littéraire et cinématographique… Clôture des Rencontres sur une note plus lumineuse avec l’œuvre de grands écrivains siciliens de Pirandello à Sciascia et les efforts menés par l’île de Procida pour se hisser au rang de capitale de la culture italienne. Une séance complète sera réservée au cinéma avec la projection du film Respiro du réalisateur Emanuele Crialese, en présence du cinéaste, agrémentée d’une compilation commentée d’extraits de films tournés dans les îles de la Méditerranée. *En février 2022, Hubert Védrine a publié, dans la Collections Bouquins « Une vision du monde », ouvrage qui rassemble ses textes majeurs

g Réservations : Violaine Blonde Tél. 06 63 84 12 31 // 00 377 97 70 65 / rimm.reservation@gmail.com (A l’heure où nous publions : passe sanitaire requis pour assister aux conférences – Masque obligatoire)

mobee.mc

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ART & CULTURE

William Mesguich © Photo

Laurence Lot Chantal Depagne

par Viviane Le Ray

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n mars, à l’affiche théâtrale, en attendant le retour du printemps et souhaitons-le des libertés totales retrouvées, côté divertissement : deux comédies de boulevard : «L’invitation» et «Un chalet à Gstaad» (donnée au Grimaldi Forum), en scène des comédiens vedettes: Patrick Chesnais, Philippe Lellouche, Estelle Lefébure et Josiane Balasko, qui signe et joue «Un chalet à Gstaad». Côté culture : William Mesguich qui a écrit l’adaptation du Prix Médicis 2011 «Dans les Forêts de Sibérie» de Sylvain Tesson, et incarne, seul en scène et magistralement, l’écrivain-aventurier en majuscule…

g « L’Invitation » : une comédie signée Hadrien Raccah Il y a les amis d’enfance, les amis que l’on voit, ceux que l’on ne voit plus ou pas assez. Et puis il y a Charlie. Charlie, c’est l’ami imaginaire que Daniel a créé pour

tromper son épouse sans éveiller ses soupçons. Charlie, c’était l’idée parfaite pour ne perdre ni sa femme, ni sa situation, ni son appartement, ni sa maîtresse. Jusqu’au jour où Catherine, l’épouse suspicieuse demande à rencontrer ce fameux invisible Charlie ! Pour sauver son mariage, Daniel a une idée : inviter à dîner un inconnu qui jouera le rôle de son meilleur ami. Mais est-ce une si bonne idée ? Daniel alias Patrick Chesnais, comme toujours, tout simplement : magnifique ! Autour de Patrick Chesnais : Philippe Lellouche (qui signe la mise en scène) et Estelle Lefébure. Un spectacle produit par Richard Caillat (Jeudi 10 mars à 20h30) g « Dans les forêts de Sibérie » : Sylvain Tesson incarné par William Mesguich Sylvain Tesson avait fait le choix de s’isoler au milieu des forêts de Sibérie, là où ses seules occupations sont de pêcher pour se nourrir, de couper du bois pour se chauffer, savourant le bonheur de la lecture et de la réflexion solitaires. Avec poésie et humour souvent, William Mesguich nous entraine dans sa cabane. L’immensité comme horizon. Le silence comme partenaire fidèle, les mots de la langue française qui chuchotent le merveilleux pour échapper à la vulgarité et au bruit qui abime. « Dans les forêts de Siberie » à reçu le Prix Médicis 2011. Critique sur Reg’Arts : « Seul en scène, William Mesguich, magistral, est habité d’émotion, enivré par la force des mots, à fleur de peau et de sensations. Dans sa voix on sent le froid et la vérité, dans ses yeux fiévreux on voit la splendeur de ces lointaines étendues blanches, dans ses tremblements transpire la curiosité de la découverte, dans ses gestes s’exprime l’effervescence de ce qui est réellement important ». (Jeudi 17 mars à 20h30) g « Un chalet à Gstaad » : la pièce de Josiane Balasko jouée au Grimaldi Forum Françoise et Jean-Jacques Lombard, très riches exilés fiscaux dont la fortune repose sur les inventions du mari, s’apprêtent à recevoir un couple d’amis, Alicia et Grégoire Lagarde. Lui est un industriel fils à papa, Alicia est une aristocrate richissime et bête à manger du foin. Tout pourrait bien se passer, on est entre gens du monde (même si ce n’est pas le même !), si Alicia ne s’était entichée d’un coach spirituel, un tantinet gourou qui les accompagne au dîner, on l’aura compris (nous sommes au boulevad !) : le vernis va craquer, lorsque

THEATRE

A l’affiche du Théâtre des Muses g Bienvenue au cabaret « Les Michel’s » Jonasz, Sardou, Berger, Legrand, Fugain, Delpech, Polnareff, pour la musique ; Audiard, Blanc, Piccoli, Morgan pour le cinéma ; Montaigne, Houellebecq, pour les Lettres ! Saviez-vous qu’autant de « Michel » ont bercé notre jeunesse de chansons, de répliques cultes de sketchs ? Sophie Jolis (chant), Guillaume Nocture (chant et guitare) et Michel (lui aussi) Goubin (chant et piano) les mettent en scène avec originalité, humour, poésie et performance musicale à 3 voix. Guillaume Nocture nous avait enchantés avec En attendant Madeleine, vibrant hommage à Brel ! le voici de retour « à la maison » - A partir de 8 ans - Jeudi 10 mars, vendredi 11, samedi 12, à 20h30 et dimanche 13 à 16h30. g « Les Maux Bleus » : théâtre du réel contemporain… Chrystelle Canals et Milouchka, invitent quinze personnages autour de la violence « qui n’est pas une question de genre mais de pouvoir... » La pièce met en lumière cette part d’ombre de la société à travers différents points de vue : victimes, témoins et bourreaux. Les Maux Bleus expose de façon, poignante toutes les formes de violences faites aux femmes : tant physiques que psychologiques, pour mieux tenter de les éradiquer. (Coup de cœur des festivaliers Avignon 2021) - A partir de 12 ans - Vendredi 18, samedi19 à 20h30, dimanche 20 à 16h30 et lundi 21 à 20h30. g « La Cagnotte » : un vaudeville griffé Labiche en musique ! Eugène Labiche est mis en scène par Thierry Jahn dans une version musicale « pied au plancher... ». Des notables de province ayant une cagnotte à dépenser, s’offrent un voyage d’une journée à Paris, par un enchaînement de quiproquos dont Labiche a le secret, l’excursion vire au cauchemar… Le mot d’Anthea : « Les pièces de Labiche sont rares et extrêmement difficiles à jouer pour restituer l’intéressant regard de l’auteur sur la condition humaine. Quelle chance d’avoir trouvé une troupe aussi excellente : tout est juste, incarné, et semble si simple qu’on s’y retrouve vraiment, alors on rit de bon cœur - A partir de 9 ans - Jeudi 24, vendredi 25, samedi 26 à 20h30 et dimanche 27 à 16h30 g « Un démocrate » : théâtre citoyen… Une traversée épique à l’humour impitoyable de la vie et de l’œuvre d’Edward Bernays (1891- 1995), inventeur dans les années 20 des techniques de manipulation des masses. Au nom de la démocratie US s’inspirant des découvertes de son oncle Freud, il met au point la fabrication du consentement : Il sait déclencher les pulsions profondes qui sont les vrais moteurs et transformer le citoyen en un consommateur docile qui achète, vote, part à la guerre librement, croit-il ! « On rit, on rit, on rit pour ne pas en pleurer » (Le Monde.fr) - Ecriture et mise en scène Julie Timmerman, avec Mathieu Desfemmes et l’auteur- A partir de 13 ans - Jeudi 31 mars, vendredi 1er, Samedi 2, à 20h30 et dimanche 3 avril à 16h30 (V.L.R.) g Théâtre des Muses. 45a, Boulevard du Jardin Exotique. Location : 00 377 97 98 10 93

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© Photo Roland Baduel

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nthea Sogno, brigadier en main, avant de frapper les trois coups, ne manque pas de scander en chœur avec ses aficionados son credo « Chez les Muses, on s’amuse », suivi avant l’entrée en scène des comédiens d’un « Vive le Théâtre » lancé par les spectateurs histoire de stimuler l’esprit. Car dans ce bijou de théâtre on célèbre avant tout l’esprit, à travers des auteurs classiques ou contemporains, à travers le rire, un rire jamais vulgaire...

© Photo Pascal Ito

CULTURE

Balasko au Grimaldi Mesguich au TPG...

le coach va leur annoncer le pire : leur “pognon de dingue” pourrait bien partir en fumée… En scène : Josiane Balasko, Armelle, Philippe Uchan, Stéphan Wojtowicz, George Aguilar et Justine Le Pottier (Mardi 22 mars à 20h30) ☞ Renseignements complémentaires et location : Théâtre Princesse Grace. 12, Avenue d’Ostende. Tél. : 00 377 93 25 32 27 SÉRIE

Prix Spécial ActuSF !

parle deJcetteepuisvousdeux ans de magnifique

série britannique : Les chroniques de St Mary, qui vient de recevoir le prix spécial de l4uchronie 2021. « Derrière la façade très académique de l’institut St Mary, les équipes d’historiens, de techniciens, de chercheurs ont découvert le secret du voyage dans le temps. Ici, on n’étudie pas seulement le passé, on le visite... » Mais qu’est-ce que l’Uchronie : réécriture fictionnelle de l’histoire ou d’une histoire personnelle à partir d’un point de divergence. Le mot «uchronie » fût inventé par le philosophe Charles Renouvier au XIXe siècle, à partir des racines grecques «où» («u») qui signifie «non » et «kronos » («Χρόνος ») qui signifie «temps ». Un prix qui récompense justement le talent de Jodi Taylor – et celui de sa traductrice Cindy Colin Kapen. Par exemple dans le tome 8 « Le reste appartient à l’histoire », l’équipe de St Mary est en Egypte ancienne, et croise au milieu d’une tempête de sable l’armée de Cambyse. Ça vous parle ? Moi non plus… alors voilà : Une équipe d'archéologues italiens pensent avoir résolu l'un des plus grands mystères de l'histoire. Ils ont en effet localisé des ossements, des armes et des bijoux qui pourraient être les vestiges de la puissante armée de Cambyse II, le roi achéménide de l'empire Perse, qui avait disparue dans le désert égyptien il y a plus de 2500 ans. Selon Hérodote, les 50 000 soldats auraient été victimes d'une formidable tempête de sable en 525 avant notre ère. Rien n’est prouvé pour l’instant. Le tome 8 entraine également Max et ses équipes à la bataille d’Hastings en passant par la plus violente croisade de Constantinople. Le livre 9 sort ce début mars… (P.Y.R.) g "Les chroniques de St Mary. Le reste appartient à l’histoire". Judi Taylor. Editions Hervé Chopin. 382 pages. 14,50€


La Mer du Nord est au Musée Océano...

Effeuillage littéraire...

’avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d’Europe, à l’orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d’autoroute, à l’abri d’une grange, d’un hangar à bateaux où je m’abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais. J’étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes. » René Frégni, conteur-né, il ne s’éloigne jamais de son émerveillement devant la beauté de sa Provence chère à l’ami Yvan Audiard, pas plus que des femmes et des livres. Fugueur, rebelle, passionné. un homme qui marche un livre et un cahier à la main… Un ami fidèle, un de nos meilleurs écrivains : je ne saurais mieux dire ! _____________________________________ « Minuit dans la ville des songes » - René Frégni -Collection Blanche (Gallimard)

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g Parution d'un nouvel ouvrage de Robert Calcagno à découvrir… « Au cœur des mondes polaires », signé Robert Calcagno, Directeur du Musée Océanographique de Monaco a été présenté, en février, lors d’un colloque au Musée. Sous-titré Entre réchauffement et convoitises, cet ouvrage paru aux editions Glénat, marque le lancement d’un nouveau programme de l’Institut océanographique en faveur des régions polaires, contribuant à sensibiliser le public sur leur beauté, leur rôle essentiel dans le climat terrestre mais aussi les menaces qui les guettent et les risques encourus si on ne se mobilise pas pour les préserver. Au programme 2022 : l’exposition « Mission Polaire », à partir du 4 juin, offrrira une immersion en 5 étapes au cœur de l’Arctique et de l’Antarctique. D’ores et déjà des animations dédiées pour les familles et les scolaires, ainsi que la collaboration au symposium scientifique «The cold is getting hot » initié par la Fondation Prince Albert II ont eu lieu les 24 et 25 février dernier. g Un livre pour découvrir, comprendre, préserver… « Dernières contrées de notre planète à avoir été découvertes et explorées par l’homme occidental, les régions polaires restent difficiles d’accès. Au nord, elles accueillent des peuples autochtones aux cultures multiples, comme les célèbres Inuits, tandis qu’au sud, protégées par le traité sur l’Antarctique, elles ne sont investies qu’à des fins de recherches scientifiques. Dans ces milieux extrêmes, la vie sauvage foisonne, mais l’homme peut rompre l’équilibre fragile de ces écosystèmes, que le réchauffement planétaire bouleverse déjà profondément. Les espèces polaires, telles que l’emblématique ours blanc, subissent de plein fouet ces modifications sans précédent, qui affectent leurs habitats et leurs ressources alimentaires. Et le pire est peut-être encore à venir… » En effet, on craint une accélération massive du changement climatique et de la fonte des calottes polaires. Autre préoccupation : la réduction de la banquise ouvrant de nouvelles possibilités pour les activités humaines : pêche, transport, exploitation des hydrocarbures… BEAU LIVRE

Les 50 nuances d'Eileen Gray

Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), la villa E 1027*, A construite entre 1926 et 1929 et enfin restaurée, rouvre au public. Ce livre relate son histoire. Maison moderniste** par excellence, la villa

E 1027 a été construite par l'artiste et architecte d'intérieur Eileen Gray (1878-1976), en collaboration avec son ami l'architecte Jean Badovici (1893-1956). Du bâtiment aux meubles et aux éclairages, jusqu'au dessin du jardin dominant la Méditerranée, tout y a été dessiné et conçu dans les moindres détails. Après la mort de Badovici en 1956, la maison connaît des propriétaires qui opèrent des transformations souvent malencontreuses. Des meubles sont vendus ou disparaissent. La villa est également squattée, puis abandonnée. En 1999, le Conservatoire du Littoral acquiert la maison et son terrain et, en 2000, E-1027 accède au rang de monument historique. E-1027 est indissociable du restaurantbuvette "L'Etoile de mer", du Cabanon et des Unités de camping de Le Corbusier, implantés à quelques encablures. Ainsi, afin de sauvegarder l'ensemble du site, Robert Rebutato, fils du créateur de "L'Etoile de mer" crée une association de sauvegarde. Ce livre superbe, qui sera en librairie ce mois-ci, donne la parole à des témoins, habitants des lieux, proches d'Eileen Gray ; ceux-là mêmes qui ont œuvré à la renaissance de la villa et à l'élaboration de l'ouvrage, livrant les secrets d'une restauration exemplaire. Un reportage récent du talentueux Manuel Bougot nous fait visiter le site dans ses moindres détails. Tous spécialistes de l'architecture moderne, d'Eileen Gray et de Le Corbusier, les auteurs font entrer le lecteur au coeur de cette aventure. La villa a été intégralement restaurée au plus près de son état d’origine. Une lecture à compléter par la visite de E 1027 … indissociable du restaurant-buvette " L'Etoile de mer ", du Cabanon et des Unités de (P.Y.R.) camping de Le Corbusier, implantés à quelques encablures. ** E1027, quel nom étrange pour une villa. Décryptons ! E pour E pour Eileen, 10 pour le J de Jean, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray. ** Première résidence secondaire en bord de mer, construite en béton.

g "E 1027-Renaissance d'une maison en bord de mer", collectif placé sous la direction de Jean-Louis Cohen, 22 x 27 cm, 264 pages, 200 illustrations et 175 vignettes, 49 euros. Editions du Patrimoine. Pour visiter : association Cap Moderne, gare de Roquebrune Cap Martin www.capmoderne.com

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e Musée océanographique de Monaco présente, 19 mars au 19 juin, une exposition en provenance du Museum Kunst der Westküdte rassemblant 24 peintures et photographies, d’hier et d’aujourd’hui, ces œuvres entrées dans l’histoire de l’art illustrent le rôle de la Mer du Nord et l’importance de la préservation de ses zones côtières et maritimes. L’événement sera complété par un colloque scientifique « The North Sea, a sea of solutions », qui se tiendra le 11 mai 2022.

g Des espaces connectés par la mer… En faisant apprécier aux visiteurs les beautés et les spécificités de la région de la Mer du Nord, il s’agit d’attirer leur attention sur l'importance de la protection des côtes et de les stimuler à être de plus en plus responsables envers Dame nature. De quelle façon s’y prend l’exposition ? En créant un dialogue entre des œuvres historiques et contemporaines, Northbound, invite le chaland qui passe à s’arrêter un instant le temps d’explorer le rôle de la Mer du Nord à travers l’histoire, en particulier dans les échanges interculturels entre l’île de Föhr, l’Allemagne du Nord, le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège. Des espaces de notre planète terre et mer qui sont également liés par la menace du changement climatique, de la pollution, mais aussi ne l’oublions pas par la surpêche.

Le Ray

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par Amanda Coutelle

g Une invitation au voyage en 4 escales.. Le Museum Kunst der Westküste, Fondation à but non lucratif, de la ville d’Alkersum sur l'île de Frise du Nord, Föhr, invite à un voyage en 4 escales : de De Föhr (Allemagne du Nord) aux Pays-Bas, du Danemark à la Norvège. Première escale : les Pays-Bas, dont les œuvres sont bercées par une tonalité chaude de gris et de bleus, en témoigne Cool Early Spring on Scheveningen Pier de Isaac Israëls (1865–1934). Puis, direction le Danemark dont les nombreux peintres de Skagen, petit village du nord du pays, capturent dans leurs compositions une pénombre bleue, spécifique à la peinture de plein air danoise depuis les années 1880, que l’on retrouve Summer evenings on Skagen’s beach de Peder Severin Krøyer (1851-1909). En Norvège, les paysages se dotent d’une note romantique et émotive, à l’instar de A Norwegian Fjord in Summer de Georg Anton Rasmussen. Le parcours met en lumière l’île de Föhr, en Allemagne, à travers des paysages de bord de mer ou encore ses habitants avec In Front of the Mirror, montrant une femme de Föhr portant un costume traditionnel et un foulard brodé de couleurs vives.

par Viviane

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ormis ses ouvrages, Jean Raspail a beaucoup écrit dans la presse, le Figaro, en particulier, il conservait tous ses articles publiés, découverts après son envol pour le grand ailleurs sans retour… « Petits éloges de l'ailleurs » est une mine d’or, synthèse de ses passions d’où se dégagent ses grandes lignes de force : « Politique et société », « Écrivains et Écriture », « Voyages », « Patagonie », « Histoire »... Nous voyageons avec les Indiens d'Amérique, dissertons avec cet inconditionnel de la belle langue française. Aventurier dans l’âme, solitaire, libre. Jean Raspail rend hommage à des écrivains et voyageurs au style de vie étincelant qui continuent à fasciner, et qui ouvrent des horizons purs, inaltérés. Préface émouvante et sélection des articles :Philippe Hemsen. ___________________________ « Petits éloges de l'ailleurs » - Jean Raspail - (Albin Michel)

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iolette, journaliste à la retraite, n’a plus trouvé de sel à la vie. Seule dans sa maison de campagne, alors qu’elle s’était imaginée entourée d’enfants et de petits-enfants, elle a eu l’impulsion soudaine de disparaître. Mais la mort n’a pas voulu d’elle. Au terme d’un voyage picaresque dans une ambulance déglinguée, elle débarque dans un hôpital psychiatrique un peu isolé, édifié au milieu d’un bois : c’est le bois des fous. Jadis instituteur, secrétaire ou commercial, ils sont tous momentanément ou indéfiniment des zigs affublés de surnoms hilarants dont ils gratifient aussi le personnel, ce qui favorise leur cohésion. L’épopée Violette, inspirée par l’expérience de l’auteur pourrait aussi être celle de chacun d’entre nous à un moment de vertige _________________________________ « Violette au bois des fous » - Madeleine Melquiond (Favre)

"L

es héroïnes de ce livre, n’ont pas besoin d’être auréolées de fictions extraordinaires puisque leurs romans personnels nous transportent, à eux seuls, dans le pays des merveilles d’une Côte d’Azur en pleine ascension. Leurs histoires croisent de grands événements historiques. Elles nous conduisent vers un passé pas si lointain aux douceurs presque oubliées...», écrit de sa jolie plume Calypso de Sigaldi. C’est toute la Belle Epoque (1870-1914) qui revit sous nos yeux au travers de quatre mythiques villas et de ceux qui ont dépensé sans compter pour les faire bâtir dans une époque où on utilisait l'art et la culture pour affirmer ses convictions sociétales et politiques…Parmi elles la Villa Primavera, revenant de Nice en voiture nous passons devant la Belle Dame protégée par ses Sphynx sans connaître ses secrets, et pourtant : elle nous ramène aux rêves d'une certaine Mata Hari… Quatre villas, quatre histoires de l’Histoire de la Côte d’Azur et bien au-delà ! _________________________________ « Murmures de Belles Dames de la Côte d’Azur » Calypso de Sigaldi - (Librairie numérique de Monaco)

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i l'atelier du Tintoret m'était conté : Venise, quartier du Dorsoduro. 1560. Un tableau raconte avec une faconde singulière sa naissance dans l'atelier de maître Jacopo, dit le Tintoret, « le petit teinturier ». Cette toile magistrale, le maître de la couleur l'imagine aussi vaste que le campo Santa Margherita, avec des dizaines de personnages en mouvement comme lors d'un bal au palais des Doges. Le Spozalizio (Le Mariage de la vierge) est à l'origine le fruit d'une commande des frères Mineurs, qu'ils refuseront, mais l'oeuvre se forge un destin tumultueux, d'abord sur la Lagune, puis à Bergame et Ferrare. Sa vision de la société et des hommes du temps est d'autant plus mordante qu'il perçoit le monde en cinq dimensions et s'estime immortel…! Consultant, philosophe, essayiste, François de Bernard se consacre désormais à la fiction et à l'histoire de l'art, avec un intérêt particulier pour le dessin et la peinture italienne et française de la Renaissance au XVIIIème siècle. ____________________________________ « Le Miroir de Venise » - François de Bernard - (Héloïse d’Ormesson)

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AUTOUR DE MONACO

Rapport GIEC : un constat alarmant par Pierre-Alain Martini *

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g Comment gérer ces bouleversements ? En anticipant. La nature offre un potentiel inexploité et considérable pour réduire les risques climatiques et améliorer la vie des populations, mais elle est sous pression. La restauration, la conservation et la protection de la nature, ainsi que l'évolution vers des développements urbains qui intègrent certaines zones naturelles dans leur planification, sont des facteurs essentiels. La science nous montre que des réductions rapides et profondes des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont essentielles pour réduire l'escalade des risques et donner à la nature et à la société du temps pour s'adapter à un climat changeant. Au cours des deux prochaines décennies, nous connaîtrons des impacts plus graves dans toutes les régions du monde. Une action plus ambitieuse et accéMENTON

omme chacun s’en souvient, le musée Jean Cocteau C - Collection Séverin Wunderman a subi dans la nuit du 29 au 30 octobre 2018, les affres de l’ouragan Adrian qui

a touché la ville de Menton : des vagues importantes se sont abattues sur le littoral, inondant le musée et les deux réserves de son sous-sol. Les pompiers sont intervenus rapidement dirigés par un capitaine formé au sauvetage des œuvres d’art. Nonobstant 95% du fonds de la collection a été atteint par la catastrophe… g Au Bastion de Menton : «Une collection dans tous ses états…»

© Photo ©Adagp/Comité Cocteau

Renaissance d’œuvres blessées

Les œuvres majeures et les œuvres encadrées, non mouillées d’abord (10% environ) puis celles mouillées ont été sorties en priorité. Au final, 80% des œuvres seront démontées de leur support… Des restauratrices en peintures et arts graphiques ont pu intervenir avec des mesures d’urgence et conseiller les équipes. A ce jour, des restaurations ont été entreprises dans le domaine des arts graphiques, de la photographie et des techniques mixtes. g Combien d’œuvres intactes ?

Le nombre d’œuvres indemnes est de 339 pièces pour l’ensemble des techniques : dessins, peintures, photographies, objets... Pour n’en nommer que quelques-unes parmi les œuvres majeures : - La série des licornes, 1947, encres de chine sur papier - Orphée, circa 1950, encre, crayon graphite et feutre sur papier - Des portraits et des autoportraits dont le fameux autoportrait sans visage,1915 - Ces œuvres ont pu sortir intactes en raison des mesures de conservation préventive prises en amont (efficacité protectrice : boites, cadres…) et du rangement en hauteur de certaines œuvres sur des grilles et dans des racks. g « Madame Favini » : l’une des œuvres majeures restaurées présentées au Bastion…

Depuis le début de l’année 2021, les restaurations d’une partie des peintures ont pu démarrer. Une peinture majeure de la collection du musée est revenue des ateliers du CICRP (Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine) de Marseille. Il s’agit de « Madame Favini par Jean Cocteau, 1951 ». Le traitement a porté sur le support et sur la couche picturale. Un important (V.L.R.) dépoussiérage et un comblement des lacunes a été l’essentiel de la restauration. g Musée Jean Cocteau : Le Bastion - Jusqu’au 5 mai 2022 - Tél. : +33 (04) 93 18 82 61 (Fermé le mardi et le 1er mai)

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g Quelle est la situation globale face au changement climatique ? Elle se traduit par une plus grande vulnérabilité des populations et des pays déjà fragilisés par le réchauffement. La montée des eaux est une menace de submersion directe pour de nombreuses zones insulaires et côtières. En Afrique, l’augmentation des températures accroît la désertification avec des répercussions sur les conditions de développement de l’agriculture, de l’élevage et sur l’accès à l’eau potable. Dans ces conditions, 3,3 milliards de personnes sont considérées comme très vulnérables. En les plaçant au cœur de la prise de décision sur la façon dont nous répondons au changement climatique, nous pourrons être beaucoup plus efficaces. Selon les prévisions, deux tiers des personnes (68 %) vivront dans des villes en 2050 : elles sont des points chauds d'impact et de risques mais aussi les éléments essentiels de la solution.

lérée est nécessaire pour s’adapter. Si nous considérons le risque climatique et réduisons les émissions de GES lorsque nous prenons des décisions concernant l'énergie, l'industrie, le développement urbain, le logement et les transports, nous pouvons parvenir à un développement résilient au climat et durable. Dans mon champ de spécialité, l’économie, les tendances sont connues et précises. Le travail de fond réalisé par l’ensemble des contributeurs aux rapports du GIEC révèle des données fiables, exhaustives. Les décideurs disposent de tous les éléments pour préparer et mettre en œuvre les orientations stratégiques pour accompagner efficacement les mutations à venir. g Un exemple ? La mer Méditerranée se réchauffe. Certaines espèces de poissons migrent du sud vers le nord pour trouver des eaux plus fraîches. Ce phénomène va modifier considérablement les conditions de travail des pêcheurs car les espaces à prospecter vont changer. Il va donc falloir choisir de nouveaux équipements pour naviguer plus loin et des matériels adaptés à de nouveaux espaces ; la réglementation et la législation vont devoir établir une nouvelle répartition des zones de pêches entre les pays ; il faudra accompagner les populations qui pourraient perdre leur revenus avec la migration de leur ressource. YACHTING

Golfe-Juan et Eze sites-pilotes

ace à l'interdiction des mouillages des grands yachts dans certaines Fzones de Méditerranée française,

jusqu'à douze nouveaux mouillages écologiques seront installés d'ici l'été pour conserver cette manne financière. Ces coffres flottants doivent leur permettre de s'amarrer sans détruire avec leur ancre les herbiers de posidonie, une plante protégée qui pousse extrêmement lentement. Depuis 2020, la France interdit le mouillage des yachts de plus de 24 mètres* dans certaines zones de la Côte d’Azur et de la Corse, afin de protéger la posidonie, dont les prairies servent de nurseries aux poissons mais aussi de puits de carbone et de protection contre l’érosion. "Le secteur de la grande plaisance pèse dans la région un milliard d’euros, 15.000 emplois et affiche un taux de croissance de 15 % par an depuis 2015", a rappelé Éric Levert, le Directeur interrégional de la mer. Pour contrer-en partie- cette perte mais également préserver les littoraux, la Région a donc signé un partenariat avec l’État, représenté par Annick Girardin, fin janvier, qui consiste en la mise en place de coffres de mouillage grande plaisance dans des sites préservés dès la saison estivale 2022.

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EVENEMENTS

e GIEC (soit : Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur le Climat) a rendu son nouveau rapport le 28 février. Le document « Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité nous est commenté par Nathalie Hilmi, chargée de recherche en économie environnementale au Centre Scientifique de Monaco, et auteur principal au GIEC dans le groupe de travail « Les impacts, l'adaptation et les vulnérabilités liés aux changements climatiques ».

g Les deux ports sélectionnés comme projets pilotes

Pour la saison 2022, 12 mouillages écologiques devraient donc être installés. Les aides régionales ainsi que le plan de reconquête et de transformation du tourisme Destination France 2023 dédieront plus de 7M€ sur trois ans à l'installation de ces coffres pour l'accueil de la grande plaisance. Trois projets ont été identifié, dont deux dans les Alpes-Maritimes : Golfe-Juan où vont être installés de quatre à sept coffres par une société privée, et le secteur de Beaulieu à Eze, avec un projet piloté là-aussi par une société privée, pour l'installation de trois à cinq coffres. * L’été dernier, près de 500 infractions ont été constatées, la plupart sur la Côte d’Azur, entre le cap Ferrat et le cap Dramont, de Nice à Fréjus.


SPORT & LOISIRS SPORT JEUX OLYMPIQUES • Les bobeurs Rinaldi et Vain ont réalisé le meilleur résultat de toute l’histoire des JO pour le sport monégasque

ème 6 place historique à Pékin par Alan Parker-Jones

I

g Un "précédent" en bronze La Principauté de Monaco n'a participé à ses premières olympiades d'hiver qu'en 1984, alors qu'elle est présente aux JO d'été depuis 1920. Eté comme hiver, aucun athlète monégasque n’a jamais gagné une médaille olympique. Monaco compte le plus grand nombre de participations aux JO sans avoir remporté de médaille. Le Prince Albert II de Monaco y

© P h o t o Wa n d e r R o b e r t o / A N O C O l y m p i c r

g Comme un petit air de Jamaïque... …mais en version monégasque. Une équipe de Monaco est arrivée 6e de l’épreuve de bobsleigh à deux. Soit le meilleur résultat de toute l’histoire olympique pour le sport monégasque. L’équipe composée de Rudy Rinaldi et de Boris Vain a donc réalisé une prouesse inédite jusqu’alors dans la principauté. « Cela signifie beaucoup », a expliqué Rudy Rinaldi à l’issue de l’épreuve. « On a énormément souffert pendant ces quatre dernières années. Je pense que nous savions qu’un jour, on pourrait se battre pour cela.» « C’est un soulagement et un bonheur d’avoir fait le travail et une fierté d’avoir pu emmener Monaco dans une bataille olympique », confirme Rudy Rinaldi qui insiste : « On se sentait en forme, on n’était pas stressés. Les conditions étaient très bonnes. » 9ème après la première manche, le bob de la Principauté pointait à la 7ème place au terme des deux premières descentes. Le duo est alors à deux dixièmes de la 3ème place et d’une médaille de bronze. Les Monégasques seront même 5ème avant de s’élancer pour l’ultime manche, toujours dans la course. « Jamais on n’a regardé les noms qui étaient derrière nous. Cela prouve la mentalité dans laquelle on était. On était fixés sur ceux devant nous en mode guerriers », assure Boris Vain. En se disant qu’ils n’ont alors « rien à perdre », les deux hommes ont jeté les dernières armes dans la bataille. Avec un dixième temps sur la dernière descente, les espoirs se sont envolés. De quoi nourrir quelques regrets ? « J’étais un peu déçu car je savais que j’avais commis une erreur. Il y a eu un mélange d’émotions entre soulagement, déception et joie », déclare Rudy Rinaldi. Il en est de même pour Boris Vain : « On aurait aimé prendre une photo avec le drapeau, avec des sourires, mais ce n’était pas simple à ce moment-là. »

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SPORT

ls étaient trois : les bobeurs Rudy Rinaldi (pilote) et Boris Vain (pousseur), qui feront équipe en bob à 2, et le skieur Arnaud Alessandria (descente, super-G et combiné).* Ce jeudi 10 février 2022, Arnaud Alessandria signe la meilleure performance jamais réalisée par un skieur de la principauté lors d'olympiades d'hiver. Lors du combiné alpin, remporté par l'Autrichien Johannes Strolz, le Monégasque a terminé en 13ème position, à 12 secondes et 77 centièmes du champion olympique (15ème de la descente, et 16ème du slalom). Quelques jours plutôt déjà, Arnaud Alessandria, porte-drapeau de la délégation monégasque en Chine, avait atteint un premier objectif, entrer dans le Top 30 de la descente homme : il est arrivé 29ème de l'épreuve. Le lendemain, il s'est classé 31ème du Super-G, épreuve très technique.

a participé personnellement de 1988 à 2002 dans l'équipe de bobsleigh. Mais n’a jamais fait mieux qu’une 25e place. Cependant, Monaco s’était déjà illustré dans l’histoire des Jeux olympiques. C’était en 1924, à Paris. Julien Médecin avait remporté la médaille de bronze dans l’épreuve… d’architecture. Une discipline qui, aujourd’hui, n’est plus olympique ! * Rudy Rinaldi et Boris Vain avaient pris part aux derniers Jeux Olympiques d’hiver de Pyeong Chang (2018), Arnaud Alessandria à ceux de Sotchi (2014)

ENCHERES

Une collection monégasque de Ferrari !

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lles seront le clou de la vente Artcurial du 18 mars dans le cadre du salon Retromobile à Paris. Avocat défenseur au barreau de Monaco, Maître Étienne Léandri était surnommé « l’avocat aux Ferrari ». Collectionneur, il était prioritaire pour acquérir chacune des nouvelles supercars sortant des usines de Maranello. Ces autos, outre leur caractère exceptionnel, ont en commun qu’elles ont régulièrement roulé, elles étaient toujours tenues prêtes à le faire, mais jamais sous la pluie, et leur kilométrage est quand même resté faible. La plus ancienne, un mythe pour beaucoup, une Ferrari F40 de 1989. Rouge, intérieur compris, elle a été commandée auprès de Charles Pozzi. Toujours conduite sans faire de folies, elle totalise 13.284 km. Son estimation est comprise entre 1.3 et 1.6 million d’euros. Les autos suivantes reprennent la même logique. Ainsi on retrouve une F50, livrée en 1996, elle aussi rouge avec un intérieur rouge, elle n’est quasiment pas sortie de son garage climatisé, à l’abri des UVs et de l’humidité : elle totalise 1318 km ! Là, l’estimation s’envole, c’est une des plus grosses de la vente : entre 2.7 et 3.5 millions d’euros ! Pour compléter, évidemment, on retrouve les deux autos suivantes dans la série. On se retrouve en 2003 avec une Ferrari Enzo, évidemment Rosso Corsa DS322. Celle-ci affiche 4760 km d’origine. Elle est estimée entre 2.2 et 2.8 millions d’euros. Dix ans plus tard on termine la série avec une LaFerrari, également rouge. C’est la plus jeune et la moins kilométrée des autos de la collection Léandri : 952 km et une estimation comprise entre 2.2 et 2.8 millions d’euros.

* pour l’étranger (dehors Monaco et France) ajouter +50% ; Dehors Europe : + 100%

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Bon a retourner, accompagné du chèque à l’ordre de Global Media Associates Sas à l’adresse suivante : Journal La Principauté - Service Abonnements “Le Beausoleil de Monaco” • 6, Bd de la Turbie 06240 Beausoleil France

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ÉTAPE DE RÊVE À JULIÉNAS!

Calme et gourmandise au cœur du Beaujolais

Alain BLETON

La Rose Juliénas

Ancienne Place du Marché F - 69840 Juliénas

+33 4 74 04 41 20

www.chez-la-rose.fr info@chez-la-rose.fr Christine et Alain Bleton et leur équipe vous accueillent dans le pittoresque village viticole de Juliénas. Tombés sous le charme il y a quelques années, c'est finalement en 2017 qu'ils achètent l'Hôtel-Restaurant “Chez La Rose” et concrétisent ainsi leur rêve de mise au vert. Désormais rebaptisé “La Rose”, l'HôtelRestaurant propose 11 belles chambres aussi apaisantes que confortables où vous prendrez plaisir à vous reposer.

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N° 214 • Mars 2022

Après un passage à l'Hôtel du Rhône à Genève, la Poularde Bressane à Grenoble où il obtient une Etoile au Guide Michelin, il fut ensuite le Chef Exécutif de l'Hôtel Richemond à Genève. Il devient en 1990 Responsable du restaurant gastronomique de l'Ecole des Arts Culinaires et de l'Hôtellerie à Ecully, créé et géré par son Maître, Paul Bocuse. En 1993, son parcours se poursuit ensuite à Monte-Carlo au Métropole Palace Hôtel, pour le plus grand plaisir des gourmets de la Riviera. Puis de retour à Genève en 2001, il accède au poste de Chef des cuisines pour un palace genevois avant de s’installer à Juliénas.

La Table d’Alain Bleton et La Petite Rose vous offrent des menus inspirés des produits de la région en harmonie avec les saisons. Tous deux professionnels de l'hôtellerie-restauration de luxe, Christine et Alain Bleton mettent tout en œuvre pour que votre séjour reste un inoubliable souvenir avec un excellent rapport qualité/prix. Ne cherchez plus, vous avez trouvé la bonne adresse ! En saison estivale, terrasse intérieure et piscine.


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