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POLITIQUE

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Les premiers pas d’une législature sont toujours importants. Le ton est donné et les priorités sont fixées. La composition des commissions comme leur intitulé donne le tempo du programme législatif dans son partenariat institutionnel avec le Gouvernement. Cette rentrée n’a pas dérogé à la règle. Plusieurs points sont à remarquer. Tout d’abord pour la première fois une femme est présidente suite au vote des Monégasques en faveur de la liste qu’elle menait. Brigitte Boccone Pagès était donc légitimement émue et fiére. « Aujourd’hui, après avoir été élue par mes collègues pour la première fois le 6 octobre dernier, je deviens la première femme à présider le Conseil National suite aux élections nationales. » Ces élections ont une particularité forte. Certes, il y avait deux listes mais une seule a obtenu des élus, la totalité de ses candidats. Cela ne s’était pas produit depuis 25 ans. Pas de liste unique et pas non plus de liste uniforme puisque toutes les sensibilités représentées dans l’assemblée précédente se sont retrouvées dans le cartel L’Union. « L’union nationale est le résultat des urnes cette fois, et non plus seulement le fait de rapprochements responsables et utiles au pays », a souligné la présidente. Ce résultat incontestable s’est traduit cependant par une baisse de la participation de près de 13 points. Curieusement la liste battue - « Nouvelles idées pour Monaco » - n’a jamais remis en cause la légitimité des vainqueurs. En revanche, Horizon Monaco - qui n’a pas présenté de candidats ! - dans un communiqué relativise le résultat, insiste sur les abstentions, et fait appel à plus de proportionnelle pour rendre incontournable la représentation des minorités en lice. La présidente a voulu étouffer dans l’œuf tout faux procès en légitimité. « Permettez-moi à ce stade un rappel à ceux qui voudraient remettre en cause la légitimité du scrutin du 5 février dernier. Vous connaissez mon franc parler, vous savez que je ne suis pas du genre à me laisser faire ou à me faire critiquer sans réagir. Je dis à ceux qui s’amusent avec les chiffres d’une participation meilleure qu’attendue dans le contexte électoral que nous avons connu, à ceux qui n’ont que l’aigreur comme moteur, que nul n’empêche les compatriotes de se présenter aux élections démocratiques de leur pays. Encore faut-il en avoir le courage et un début de légitimité pour oser franchir le pas. » D’autres à ses côtés font remarquer que jamais des élus n’ont obtenu autant de suffrages, ce qui est aussi vrai que la baisse non négligeable - tout de même - de la participation... Quant à la vivacité de l’Union Nationale, elle a été mise en avant dès le début de la législature. Le geste le plus fort a été la nomination à la vice-présidence de Jean-Louis Grinda (voir encadré), chef de file d’un parti de l’ancienne

PERSONNAGE minorité parlementaire. L’un de ses proches, Christophe Brico, prend d’ailleurs logiquement sa suite à la Commission de suivi du Fonds de Réserve. Béatrice Fresko-Rolfo, elle tête de liste d’Horizon Monaco lors des élections précédentes, va assumer la présidence de la délégation monégasque à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.

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Surprise : Jean-Louis Grinda à la vice-présidence

Le nouveau parlement a un nouveau vice-président. Il s’agit de Jean-Louis Grinda. C’est la logique de la stratégie de L’Union, semblerait-il : il remplace étonnamment Balthazar Seydoux qui redevient simple conseiller national, sans positionnement spécifique... Certes, Jean-Louis Grinda est un personnage notable à Monaco où il est reconnu pour divers talents. Une présence indiscutable avec des interventions toujours remarquées. De 2018 à 2023, il a été Président de la Commission pour le suivi du Fonds de Réserve Constitutionnel et la Modernisation des Comptes Publics avec le mouvement politique intitulé « Union Monégasque ». Il a été la tête de file de ce parti actif dans les minorités parlementaires, qui - comme Béatrice Fresko-Rolfo - a décidé de rejoindre L’Union derrière Brigitte Boccone-Pagès... Il est élu en 2013 conseiller national et à la Présidence de la Commission Environnement et Qualité de Vie. Réélu en 2018, il est nommé à la Présidence de la Commission pour le suivi du Fonds de Réserve Constitutionnel et la Modernisation des Comptes Publics. Particulièrement investi sur les avancées sociétales, il est à l’origine, notamment, de l’élaboration des lois sur le contrat de vie commune (CVC) et sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

g Un homme politique, mais pas seulement...

Mais il n’est pas qu’un personnage politique. D’abord diplômé d’une licence en sciences économiques à l’université de Paris II, Jean-Louis Grinda a ensuite consacré sa carrière à l’Opéra. Une passion familiale, un univers dans lequel il baigne depuis son enfance. Son talent artistique et managérial ont fait de lui un Directeur d’Opéra, d’abord au Grand Théâtre de Reims en 1986, à l’Opéra Royal de Wallonie à Liège en 1996, à l’Opéra de Monte-Carlo à partir de 2007 (et ce pendant plus de 15 ans) et enfin, aux Chorégies d’Orange depuis 2016. Jean-Louis Grinda s’essaie également, avec réussite, en tant que metteur en scène. Il a depuis réalisé plus de 40 opéras et comédies musicales à l’étranger. Ainsi, Jean-Louis Grinda est devenu le nouveau numéro 2 de cette nouvelle législature. On peut lui faire confiance pour imposer sa marque et son style sans jamais renoncer à des différences dans le respect de la cohésion souhaitée par la présidente. Il sera une aiguillon, c’est sans doute d’ailleurs ce qui est attendu de lui, au-delà de sa participation aux avancées du programme législatif qu’il a défendu pendant toute la campagne électorale. (P.Z.)

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