n68dec08

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Le premier journal d’actualité de Monaco Année VIII • Numéro 68 • Mensuel édité par Global Media Associates Sas • Gérant de la publication Roberto Volponi • Rédaction et administration : “Le Beausoleil de Monaco” 6, boulevard de la Turbie 06240 Beausoleil • Tél. : +33 09.50.79.90.84 • Fax (+33) 09.55.79.90.84 • Siège Social : Piazza Caduti della Montagnola 48 00142 Rome • Tél./Fax (+39) 06.23.31.52.15 • Bureau de Milan : Tél./Fax (+39) 02.70.03.01.42

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Décembre 2008

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Dossier SSpécial pécial Monaco n’est pas un paradis fiscal...

Fête Nationale

La joie des Monégasques

2 INTERVIEWS EXCLUSIVES: • Gilles Tonelli • Franck Julien

Le président Stéphane Valeri :

“La priorité d’emploi n’est pas nnégociable” égociable” ☞ DERNIERE MINUTE : LE PRINCE DECIDE DʼARRETER LE PROJET DʼEXTENSION EN MER • PAGE 11


2 La Principauté Dossier Spécial

Dossier Spécial

Décembre 2008

FINANCE • La crise du marché mondial aura des conséquences incontournables pour tout le monde : le systèm

Monaco : un “paradis fiscal” ?

Un pays en pointe dans la lutte contre le blanchiment qui cependant demeure souven PAR PATRICE ZEHR

L’EDITORIAL

Le critère d’une fiscalité “légère” ne suffit pas... n fait vite à accuser un pays d’être un “paradis O fiscal”. Mais quels sont les cri -

tères qui permettent d’établir vraiment si on peut, à juste titre, dire d’un territoire qu’il est ou non paradis fiscal ? L’OCDE (Organisation de coopération et de déve loppement économiques - soit l’organisation inter nationale la plus influente en matière fiscale) utili se quatre facteurs principaux pour déterminer si un Etat constitue un paradis fiscal. Le premier est le fait que cette juridiction applique des impôts inexistants ou insignifiants. Monaco fait sans doute partie de ces juridictions... Mais ce cri tère - explique bien l’OCDE - n'est pas suffisant par lui-même pour permettre de qualifier une juri diction de paradis fiscal. L'OCDE même reconnaît que “toute juridiction a le droit de décider d'appli quer ou non des impôts directs et, dans l'affirmati ve, de déterminer le taux d'imposition approprié”. Par conséquent, une analyse des autres facteurs essentiels est nécessaire pour qu'une juridiction soit considérée comme un paradis fiscal. Les trois autres facteurs à prendre en compte sont les suivants : 1. Y a t il une absence de transparence ? 2. Existe-t-il des lois ou pratiques administratives qui empêchent un véritable échange de renseigne ments à des fins fiscales avec les autres adminis trations concernant les contribuables qui bénéfi cient d'une imposition inexistante ou insignifiante ? 3. L'absence d'activités substantielles est-elle admise ? Le premier facteur, la condition de transparence, permet que les législations fiscales soient appli quées d'une manière ouverte et cohérente entre des contribuables se trouvant dans des situations simi laires, et que les informations dont les autorités fis cales ont besoin pour déterminer exactement le montant de l'impôt dû par un contribuable soient disponibles (par exemple dans les registres comp tables et les pièces justificatives correspondantes). Le deuxième facteur concerne les échanges de ren seignements en matière fiscale: l'OCDE invite les pays à adopter un système d'échanges de rensei gnements "à la demande". Il s'agit du cas où les autorités compétentes d'un pays demandent à celles d'un autre pays des informations spécifiques, concernant une vérification fiscale spécifique, en général en application d'un accord bilatéral d'échange de renseignements entre les deux pays. L'un des éléments essentiels de ces échanges de renseignements est la mise en oeuvre de garanties appropriées pour assurer une protection suffisante des droits des contribuables et de la confidentialité de leur situation fiscale. Enfin le troisième facteur : l'absence d'activités substantielles. Ce critère avait été inclus dans le Rapport de 1998 pour permettre d'identifier les paradis fiscaux, dans la mesure où l'absence de ces activités laisse supposer qu'une juridiction pour rait s'efforcer d'attirer des investissements et des transactions qui sont uniquement motivés par des considérations fiscales. Or - en 2001 - le Comité des affaires fiscales de l'OCDE a demandé que ce critère ne soit pas utilisé pour décider si un para dis fiscal était ou non coopératif. A la lumière de ces critères reconnus, on a du mal à comprendre comment Monaco peu encore faire partie (R.V.) de cette liste dite des “paradis fiscaux”...

L’EDITORIAL

L

a crise financière mondiale aura des conséquences pour tout le monde. La relance de lʼéconomie, un pari pas gagné, doit marcher de pair selon le G20 avec une réforme, toujours à venir, du système. Le capitalisme financier fortement spéculatif a décidé de mieux se surveiller pour survivre. Ses faiblesses, ses erreurs et ses errements, en effet, ont failli lʼemporter. Incapable de contrôler ses traders fous, ses fonds spéculatifs incompréhensibles et déconnectés du réel, de protéger les épargnants, et lʼéconomie, le système cependant reste fort pour se protéger. Il y a là un danger qui concerne Monaco : la recherche de boucs émissaires. La Principauté en pointe dans la lutte contre le blanchiment,- mais qui le sait ?- reste souvent cataloguée comme un paradis fiscal, un mouton noir de la transparence financière et là, tout le monde est au courant. Cʼest faux, injuste et inacceptable. Monaco face à la crise financière mondiale doit absolument se débarrasser de ce «sparadrap du Capitaine Haddock» quʼest lʼétiquette collante du paradis fiscal. En quoi Monaco nʼest pas un paradis fiscal, que faire pour en finir avec cet amalgame et le faire savoir, voilà lʼobjet de ce dossier et ce que nous avons demandé au Gouvernement et au porteparole de lʼUP, premier parti de la majorité parlementaire. Les Monégasques en ont assez de cette contrefaçon médiatique, ils ont raison ; ils en craignent des conséquences pour leurs spécificités, ils nʼont pas tort. Crise financière et paradis fiscaux "Nous sommes d'accord (pour dire) qu'une réponse politique élargie, fondée sur la coopération macroéconomique, est nécessaire pour rétablir la crois sance", indique la déclaration finale du sommet de Washington, organisé après deux mois d'une crise financière inédite depuis les années 1930. Pour remédier aux causes de la crise, les dirigeants du G20 ont approuvé un "plan d'action", permettant d'améliorer la supervision du système financier, sur lesquelles leurs ministres des Finances devront faire des propositions d'ici au 31 mars. Pour éviter une répétition de la crise financière, le G20 veut que "tout intervenant, tous les produits et tous les marchés soient réelle ment soumis à sur veillance. Il n'y aura plus de zone d'ombre", selon les explications de la chancelière allemande Angela Merkel. LʼAllemagne a une position de pointe déjà exprimé au niveau européen. Après la fraude découverte au Liechtenstein, la révision de la «directive épargne » devrait permettre de lutter plus efficacement contre

l'évasion fiscale sur le continent européen. À défaut d'abolir le secret bancaire, le texte en vigueur depuis 2005 impose une taxation à la source des revenus de l'épargne placés dans les pays européens pratiquant le secret bancaire: la Belgique, l'Autriche et le Luxembourg. Bruxelles propose d'étendre sa législation à des produits financiers plus innovants, notamment certaines assurancesvie, et aux fondations (il nʼy en a pas à Monaco), jusqu'ici laissées dans l'ombre de la directive. Mais il faut lʼunanimité pour changer les règles du jeu. Premier round le 2 décembre. On est très loin du consensus. Le Premier ministre luxembourgeois n'a pas apprécié les attaques du ministre allemand des finances, Peer Steinbrück, qui demande d'inscrire la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux. "Je n'accepte pas qu'on traite de cette façon un pays ami comme la Suisse". Or à défaut de convaincre la Suisse, un «pays clé», d'adapter en conséquence l'accord sur la fiscalité de l'épargne qui la lie à l'Union, les Vingt-Sept ne s'entendront sans doute jamais sur ces propositions. Bruxelles ne semble pas vouloir remettre en cause le modèle dit de la coexistence sur lequel repose la directive européenne sur la fiscalité de l'épargne et les accords que l'Union a conclus dans ce domaine avec cinq Etats tiers, dont la Suisse, le Liechtenstein, Andorre et Monaco et dix territoires dépendants des Pays-Bas et de la GrandeBretagne (îles anglo-normandes, Antilles néerlandaises, etc.). Ainsi, il n'est pas question de forcer le Luxembourg, l'Autriche ou encore la Suisse à renoncer au système de la retenue d'impôt à la source, qui permet de préserver leur secret bancaire, et à adopter celui de l'échange automatique d'informations entre administrations fiscales. La crise mondiale ne peut cependant quʼaccentuer les pressions dʼune nouvelle gouvernance cherchant à se refaire une virginité. Il y a danger de fuite en avant. LʼOCDE est cependant invitée à "réactualiser" d'ici à mi2009 la "liste noire" des pays "non-coopératifs" en matière fiscale et judiciaire. Vidée de sa substance au fil des années, elle ne compte plus quʼAndorre, Monaco et le Liechtenstein. De nombreux pays en ont été rayés


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Dossier Spécial

La Principauté

me néanmoins reste fort pour se protéger. Mais il y a là un danger qui concerne la Principauté : la recherche des boucs émissaires...

ent catalogué comme un lieu sans transparence financière : c’est faux, injuste et surtout inacceptable lorsqu'ils ont pris des engagements de transparence - qu'ils n'ont d'ailleurs pas respectés. Plusieurs états sont sur la sellette, Bahamas, îles Caïmans, îles vierges britanniques, Samoa, des centres financiers offshores comme Singapour. Des mises en garde ont été adressées à ceux qui sont considérés comme des «prédateurs fiscaux» et qui pourraient être victimes de sanctions fortes dans les mois prochains, justifiées ou non, dʼoù lʼurgence pour Monaco de se sortir de cette nasse. "Ces annonces correspondent à ce que nous avions sug g é r é " , s'est félicité l'ONG Transparency International France. Avec la crise financière, il n'y a jamais eu "une volonté aussi forte" de lutter contre les paradis fiscaux. Lutter contre les paradis fiscaux certes, mais les vrais et pas seulement pour les accuser de tous les péchés de la planète finance qui a perdu le nord. Et Monaco ? Monaco refuse de pratiquer lʼhypocrisie. Cʼest moins facile mais cela devrait être payant à la longue. Franck Biancheri, chargé des questions économiques et financières internationales, est en première ligne. Il déclarait « Monaco ne restera pas à lʼ écart dʼun mouvement international ». Monaco sʼalignera quand tout le monde sʼalignera notamment dans lʼespace européen. La Principauté lutte contre le blanchiment, le financement du terrorisme et respecte ses engagements internationaux mais ne veut pas se mettre en position de faiblesse par rapport à des partenaires concurrents en cédant devant des suspicions injustifiées. Le secret bancaire est notamment défendu avec vigueur par le Ministre dʼétat… il sʼarrête simplement et logiquement explique-t- il là où commence une activité délictueuse. Pour Jean-Paul Proust il y a contre Monaco des attaques politiciennes provoquées par la jalousie et la désinformation. La Principauté est victime de la stratégie de lʼamalgame à la recherche des maillons faibles. Il est bien évident que ceux qui sont en difficultés après avoir ruiné en parti la planète vont tenter de trouver des boucs émissaires, et il est plus facile de sʼen prendre à Monaco quʼa des pays plus puissants. Mais ne leur en déplaise Monaco nʼest pas une place offshore - les banques sont soumises au contrôle de la banque de Franceil nʼy a pas de banques dʼaffaires spéculant sur des fonds virtuels. Monaco est une place financière saine. Fiscalement, la Tva est identique à la française - comme lʼest lʼimpôt sur les bénéfices, les droits de douanes, la fiscalité sur lʼépargne sont réglementés et reconnus. Mais Monaco a le droit, vrai pays souverain dʼappliquer une fiscalité douce ou pas de fiscalité directe du tout à ses citoyens ou des résidents étrangers honnêtes qui veulent jouir de leur patrimoine dans un pays qui est un paradis de qualité de vie et de sécurité… un oasis dans le monde. Cʼest sans doute ce qui gêne certains... AVIS AUX LECTEURS Des raisons techniques indépendantes de notre volonté ont retardé la parution de ce numéro de décembre. Nous prions nos lecteurs de nous en excuser. La Rédaction

LA FICHE

Qu’est-ce qu’un paradis fiscal ?

U

n paradis fiscal est un territoire à fiscalité très basse, par rapport à ce qui est considéré comme « normal » dans l'esprit de celui qui s'exprime. Un pays donné est toujours le paradis fiscal d'un autre pays, au moins dans certains domaines ou pour certaines activités. Ainsi, un rapport de l’OCDE de 1987 relatif à la fiscalité internationale précisait dès son introduction qu’« il n’existe pas de critère unique, clair et objectif permettant d’identifier un pays comme étant un paradis fiscal ». Le terme est extrêmement flou surtout que la norme n’existe pas. Ainsi, l'Irlande, dont l'imposition est particulièrement basse, attire de nombreuses entreprises qui y gèrent leurs trésoreries. On parle également de «pays à fiscalité privilégiée». Il n’y a pas de mal à ça sauf pour les cohortes innombrables d’aigris et de jaloux. Les paradis fiscaux - au sens où on l'entend généralement dans la presse - combinent cette fiscalité avantageuse au secret bancaire (on parle alors de paradis bancaires) et à l'absence de coopération judiciaire avec les autorités étrangères (paradis judiciaires). Les spécialistes auto proclamés s'accordent autour d'environ 70 paradis fiscaux. En Europe, il existe 14 paradis bancaires dont trois au sein même de l'Union européenne: la Belgique, le Luxembourg et l'Autriche. Certains sont des territoires au sein d'Etats souverains, comme par exemple l'île de Man ou les îles anglo-normandes au Royaume-Uni. Les résidents britanniques ne sont pas taxés sur leurs revenus qui se trouvent dans ces îles. D'autres paradis fiscaux sont spécialisés. Ainsi, les Bermudes recueillent principalement l'argent des assurances quand les îles Caïman constituent une destination privilégiée pour les banques. Conclusion Monaco n’a rien à faire dans cette galère. Quant aux particuliers qui placent leur argent en résidant à Monaco, c’est une autre histoire. Le droit de ne pas les imposer sur leurs revenus fait parti de la « souveraineté » d’un Etat. Un pays peut changer sa fiscalité régalienne, mais il serait grave de le lui imposer- la gouvernance mondiale qui se veut démocratique ne peut devenir un talibanisme fiscal. Il faudra bien concilier transparence et liberté. Monaco est disposé a jouer le jeu et si la règle est la même pour tous à donner l’exemple. (P.Z.)

Une géographie très variée... "Offshore Financial Centers" selon un document de travail du FMI de 2007 : • Amérique : Antilles néerlandaises, Bahamas, Bermudes, Îles Caïmans • Asie : Bahreïn, Hong Kong, Singapour, Émirats arabes unis • Europe : Chypre, Guernesey, Île de Man, Irlande, Jersey, Luxembourg, Malte, RoyaumeUni, Suisse Certains territoires peuvent de façon inattendue être qualifiés de paradis fiscaux : - La Polynésie Française, où n'existe ni impôt sur le revenu, ni ISF, ni droits de succession. Valable aussi pour Wallis et Futuna, le plus secret des paradis offshore français. La Belgique : bien qu'ayant une fiscalité considérée comme assez lourde, le pays n'a pas d'ISF, ni d'impôt sur les plusvalues mobilières, un statut avantageux de « centre de coordination » pour les multinationales, anonymat fiscal des revenus d'épargne, etc. Le Liban est aussi considéré comme un paradis fiscal, même si l'instabilité politique actuelle peut rebuter les entreprises ou les investisseurs à s'installer dans ce pays. Le Canada est considéré comme un paradis fiscal pour les mouvements religieux. En effet, dans ce pays, tout mouvement à caractère religieux peut recevoir de nombreux avantages fiscaux, exception de taxes municipales et d'impôt sur le revenu, possibilité d'émettre des reçus fiscaux aux donateurs. Il est relativement facile aux 15 000 organismes religieux basés au Québec d'avoir droit à ces avantages fiscaux. Israël. Le Royaume-Uni selon le journal L’Humanité, mais aussi pour la place historique et prépondérante de Londres dans le marché des eurodollars.

LA FICHE

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La Principauté Dossier Spécial

Dossier Spécial

Décembre 2008

INTERVIEW • Gilles Tonelli, Conseiller de Gouvernement pour les Finances et l'Economie

“Non, Monaco n’est pas un refuge pour les banques!” Monaco : un “paradis fiscal” ?

PAR PATRICE ZEHR

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LP : Monaco a-t-il préparé un plan B en cas de a Principauté : Monaco nʼaccepte pas dʼêtre Photo © CdP nécessité de normalisation de spécificités liées à considérée comme un paradis fiscal. Pouvezsa souveraineté dans le cadre dʼune réforme vous pour nos lecteurs rappeler les règles obserinternationale mondiale… On pense à la non vées en Principauté par rapport aux comporteimposition des résidents étrangers non français ments des paradis fiscaux ? par exemple ? Gilles Tonelli : “Le classement de la Principauté en GT :“Il faut je crois bien dissocier la situation des rési 2001 par l'OCDE sur la liste des paradis fiscaux a dents monégasques de ceux qui ne le sont pas ; il toujours été contesté pour les raisons suivantes : 1. la n'est nullement question de mettre en cause, au plan Principauté n'a pas adopté des dispositifs législatifs international, la non-imposition des étrangers non destinés à se soustraire aux règles fiscales des pays français à Monaco ; en effet, chaque Etat est libre voisins mais elle dispose simplement d'une législa d'appliquer sur son territoire les dispositions fiscales tion résultant des vicissitudes historiques qui instau qui lui permettent de faire face à ses besoins. En re, au fil des décennies, une fiscalité douce et diffé revanche, la situation des comptes financiers des rente de celle de ces pays ; 2. elle respecte de façon personnes non-résidentes fait, elle, l'objet d'un scrupuleuse les conventions internationales en accord international sur leur fiscalité qui a été ratifié matière d'échange d'informations lors de sollicitations par l'ensemble des pays européens et des pays tiers judiciaires et particulièrement pour les commissions mitoyens du territoire communautaire en 2005. Seule rogatoires internationales où sa rapidité de réponse une remise en cause ou une évolution de cet accord est unanimement reconnue ; 3. elle ne dispose pas peut intervenir et dans cette hypothèse, la de véhicules financiers spécifiques ni d'établisse Principauté devra renégocier un nouvel accord en ments financiers exclusivement monégasques et tenant compte au mieux des intérêts de la place. tous les établissements de crédit sont des filiales ou Cette modification est effectivement imaginée par les des succursales de banques européennes contrôlés instances européennes, elle doit toutefois recueillir par la Commission Bancaire française ; 4. elle pra au préalable lʼavis favorable des pays de lʼUnion tique l'échange d'information avec les services étran européenne elle-même.” gers en matière de fraudes à la TVA. Voilà les princi LP : Les conséquences de la crise financière sont pales raisons qui justifient notre réticence à nous voir encore difficilement toutes envisageables. Cela qualifié de « paradis fiscal »”. remet-il en cause la volonté de se transformer en véritable place financièLP : La crise financière actuelle a relancé la chasse aux paradis fiscaux rendus responsables de graves dérèglements ayant contribués aux re internationale ou au contraire nʼest-ce pas une opportunité d agir dans bulles spéculatives. Que fait Monaco dans ce contexte difficile pour une transparence reconnue sur des bases mondiales plus saines ? échapper aux amalgames et maintenir ses spécificités. Quels sont les GT : “Mais ces deux hypothèses ne sont pas antinomiques ! L'évolution de notre place financière telle que préconisée par le rapport Bain ne s'oppose prochains rendez-vous importants ? GT : “La meilleure réponse à cette situation résulte d'un constant effort de pas à l'amélioration de la transparence des procédures et à leur mise en communication ainsi que de la soumission à des évaluations régulières de la conformité avec les standards internationaux ; tel est bien un des objectifs part d'organismes internationaux incontestables et nous nous y attachons. La prioritaires du Gouvernement Princier qui se traduit par une constante évolu reconnaissance de nos efforts en matière de conformité aux standards inter - tion de notre dispositif législatif et qui va notamment nous conduire à déposer nationaux est indispensable. De ce point de vue, je prendrai simplement pour prochainement un projet de Loi sur le bureau du Conseil National relatif à la exemple la tenue en Principauté ces jours derniers d'une réunion commune lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme complétant notre entre le Groupe d'action financière (GAFI), instance mondiale chargée de la adaptation aux normes reconnues en ce domaine.” lutte contre le blanchiment et le financement du ter rorisme et le groupe Moneyval, instance européen ne relevant des mêmes objectifs afin de faire pro gresser la connaissance sur les typologies de ce MONTE-CARLO - Du 24 au 26 novembre derniers, à l’hôtel Fairmont Montefléau et bien entendu des moyens d'y faire face ; Carlo la Principauté a accueillì pour la première fois une réunion d'experts plus de 50 pays étaient présents ainsi qu'une dizaine sur les typologies de blanchiment de capitaux et de financement du terrod'organisations internationales. Comment imaginer que risme. Une réunion organisée conjointement par le GAFI et le Comité Moneyval du Conseil de l'Europe, ce qui est également une première. La des réunions aussi confidentielles puissent se tenir en réunion a commencé lundi 24 novembre en présence de S.A.S. le Prince Principauté si une totale confiance dans notre engage Albert II : elle a représenté l’occasion d’échanger des expériences et des ment dans ces domaines n'était pas assurée ?” analyses sur les méthodes et les vecteurs du blanchiment, ainsi que sur les LP : Il y a donc la diplomatie économique, mais manières les plus efficaces de les détecter et de leur apporter une réponse appropriée. Lors de l’ouverture officielle le Souverain a tenu à rappeler nous sommes dans un monde de communicadevant cette assemblée que la lutte contre le blanchiment est l’une de ses tion globale. Les arguments du gouvernement priorités et que l'évolution du cadre législatif monégasque dans la lutte sont très forts et convaincants mais souvent ils contre le blanchiment et le financement du terrorisme avait reçu l'aval des organismes compétents, dont Moneyval. ne sont entendus médiatiquement que chez Il a manifesté son étonnement quant aux déclarations qu’il a qualifié d’innous. Nʼy a-t-il pas un problème de communiacceptables selon lesquelles, à Monaco, «les enquêtes s’enlisent» et qu’ «il cation pour faire passer le message ? y a toujours du blanchiment». En effet, dans un entretien publié recemment dans le journal français Le Monde, le juge financier Renaud Van GT : “Le problème que Monaco rencontre est celui Ruymbeke avait estimé qu'à Monaco, comme ailleurs, "les enquêtes s'en d'un a priori défavorable particulièrement répandu lisent dès lors que l'argent circule d'un paradis fiscal à l'autre". "Au bout du sur la réalité de notre économie et de nos res compte, il nous est impossible de déterminer l'ensemble des avoirs qui y sources ; non, la Principauté ne vit pas grâce à son sont cachés. Monaco reste un trou noir de la mondialisation. Il y a toujours du blanchiment", a affirmé le juge. Le Souverain a estimé que de telles assertions sont "inexactes". "Comme cela a été maintes fois répé Casino et n'est pas un refuge pour les banques ! Là té, Monaco n'est en rien un paradis judiciaire" a-t-il ajouté. encore, seule une opiniâtre volonté de faire S.A.S. le Prince Albert II exprimait son souhait qu’à l’issue de cette réunion il sera possible de contribuer à connaître à chaque fois que l'occasion se présente tracer les contours d’une harmonisation des dispositifs mis en place dans chaque pays, préalable à une coopération internationale renforcée. L’organisation d’une telle manifestation en Principauté, d’ailleurs, la vérité sur notre situation peut nous laisser espé semble marquer la confiance que lui témoignent ces deux instances internationale et européenne. Elle s’insrer qu'avec le temps cette image sera infléchie ; crit dans le cadre de la politique volontariste menée ces dernières années par le Gouvernement Princier en des signes encourageants sont de ce point de vue matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme... maintenant enregistrés.”

GAFI-Moneyval : réaction ferme du Prince Albert


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La Principauté

Dossier Spécial

INTERVIEW • Franck Julien, porte-parole de l’Union pour la Principauté (UP), le parti majoritaire au sein du Conseil National

“Il faut défendre notre image internationale” PAR PATRICE ZEHR

F

ranck Julien, 44 ans, marié, est le porte-parole de lʼUnion pour la Photo © DR Principauté (UP), dont il est membre du Comité Directeur depuis sa fondation en 2001. Il est actuellement Directeur Général de Monaco Télématique (MCTEL) éditeur de logiciel fournissant des solutions à lʼinternational pour les opérateurs mobiles.

La Principauté : M. Julien, vous êtes à lʼécoute des militants de votre parti, mais aussi de lʼensemble des monégasques. Sentez-vous une véritable irritation vis-à-vis du classement régulier de Monaco sur la liste des paradis fiscaux ? Franck Julien : “Oui, indéniablement. Cette situation est dʼautant plus irritante, quʼel le est totalement injuste. Si nous prenons lʼexemple des critiques provenant de la France, celles-ci sont entachées dʼune mauvaise foi absolue. Comment un État qui fournit à la Principauté à la fois son Ministre dʼÉtat et des pièces maitresses de son système judiciaire peut-il jouer les vierges effarouchées devant les agissements de Monaco ? Il faut tout de même rappeler que les banques monégasques dépendent de la Banque de France. Avez-vous déjà essayé dʼaller dans une banque à Monaco un 14 juillet ? Elles sont toutes fermées. Ceci est bien la preuve, si besoin était, des liens étroits qui existent entre le système bancaire français et moné gasque. Par contre, bien évidemment, il est difficile dʼempêcher certains politiciens ou journalistes en mal de reconnaissance ou de sensationnel (car lʼimage de Monaco, quoiquʼon en dise, fait vendre) de ressortir régulièrement le nom de Monaco lorsquʼon parle de paradis fiscaux. Suivant les cas, il peut sʼagir dʼigno rance, dʼopportunisme politique (comme il y a quelques années, un front mené par des députés socialistes français dont Monsieur Arnaud Montebourg pour ne pas le citer) ou de jalousie, car Monaco inspire le rêve mais aussi, malheureusement, la jalousie. Sur la scène internationale, les derniers articles que jʼai pu lire dans la presse ou sur internet sont tout bonnement ridicules. Comment peut-on raisonna blement croire que la liste noire des paradis fiscaux selon lʼOCDE se résume à trois États qui sont Andorre, le Liechtenstein et… la Principauté de Monaco ? Alors que

la précédente liste en comportait 35 ! Et il a suffi que certaines de ces juridictions sʼengagent vaguement à être plus coopé ratives pour disparaître miraculeusement de la liste noire. On aura tout de même beaucoup de mal à me faire croire que la Principauté de Monaco est moins transpa rente ou coopérative que les Iles Cayman, les Bahamas ou le Libéria ! Alors pourquoi cet acharnement ? A lʼUnion pour la Principauté, nous pensons quʼil y a beau coup dʼhypocrisie dans le discours officiel.” LP : Cette irritation est-elle mêlée dʼinquiétude ? Les Monégasques craignent ils dʼêtre des boucs émissaires ? FJ : “Au vu de ce que je viens de dire, on pourrait légitimement se poser la ques tion. Néanmoins, les interventions coordonnées au plus haut niveau de lʼÉtat dont celles récentes du Prince Souverain, du Ministre dʼÉtat et du Président du Conseil National sont de nature à rassurer les Monégasques et rappeler que Monaco sʼest toujours battu pour conserver ses particularismes. Discrétion ne signifie pas opaci té. Il est grand temps aussi dʼen finir avec certains amalgames au long cours, qui confondent fiscalité douce et argent sale. Dès Son allocution dʼIntronisation, S.A.S le Prince Albert II a fait de la lutte contre le blanchiment une des priorités de son règne. Monaco nʼa pas besoin dʼargent sale pour continuer dʼexister sereinement.” LP : Que comptez-vous faire pour participer à imposer la vérité et faire connaître la réalité fiscale monégasque bien éloignée des comportements des paradis fiscaux ? FJ : “Il est du devoir de chacun de faire preuve de pédagogie et de répéter inlas sablement que Monaco applique la TVA selon les règles européennes, respecte les conventions douanières et les conventions internationales en matière de lutte contre le financement du terrorisme et de blanchiment dʼargent et colla bore pleinement lorsquʼune commission rogatoire internationale en matiè re pénale lui ait dépêchée. Nos élus rappellent ces réalités lors de chacun de leurs déplacements, comme ce fut le cas encore tout récemment lors de la Conférence des Présidents de Parlement des petits Etats tenue au Liechtenstein. Notre pays gagnerait également à ce que le Gouvernement soit plus actif dans les médias étrangers pour défendre lʼimage de la Principauté à lʼextérieur de nos frontières. La réaction du premier ministre luxembourgeois, M. Juncker, face aux accusations dont son pays a été victime, peut à ce titre être citée en exemple. Aller au-devant des critiques est essentiel en vue de les désamorcer. Par contre, il semble utopique dʼespérer que Monaco ne soit plus jamais victime de son image et par voie de conséquence, de la jalousie de certains médias…”

Un accord avec le Luxembourg... n signant le 28 novembre un protocole de coopération avec la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise en France E (CCBL), le Président de la CDE Franck Biancheri a matérialisé une collaboration initiée il y a déjà plus d'un an entre la CDE et la CCBL. A travers cet accord, la CDE et son nouveau partenaire belgo-luxembourgeois s'engagent à promouvoir la coopération entre les entreprises et les institutions économiques et financières de leurs pays, en accordant une attention toute particulière aux petites et moyennes entreprises. Symbole du point de départ de cette collaboration, la CDE a organisé après la signature de cet accord, un Ambassador's Lunch consacré au Luxembourg, avec l'Ambassadeur Georges Santer tout récemment accrédité auprès de la Principauté de Monaco: M. Santer - qui est également accrédité auprès de la France et du Saint-Siège, mais aussi de l'OCDE - a présenté l'histoire de son pays et les fondements de son économie qui, contrairement aux idées reçues, résident dans l'industrie de l'acier, ou plus surprenant, dans la production de vin. Il a bien sûr également évoqué les atouts de la Place Financière luxembourgeoise -la 6è dans le monde-, considérée comme un élément stabilisateur de son économie. Et, concluant sur la proximité des deux petits Etats naturellement ouverts sur l'International que sont Monaco et le Luxembourg, il a énoncé de potentiels développements en matière de services, d'assurance, banque-finance, mais aussi de shipping, télécommunications, ou encore de recherche en biotechnologies et nanotechnologies.

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La Principauté BUDGET PRIMITIF

Politique

Décembre 2008

Société

Interview exclusive de fin d’année du Président du Conseil National Stéphane Valeri, sur les principaux d

“La priorité d’emploi L

a fin de lʼannée est la période du vote du « budget primitif ». Cʼest le budget pour 2009, établi par le Gouvernement Princier et sur lequel, après débat, le Conseil National doit se prononcer. Cʼest le temps fort de la concrétisation institutionnelle des équilibres exécutif – législatif à lʼépreuve des faits et des chiffres. Nous avons donc demandé au président du Conseil National ses positions sur un certain nombre de dossiers. Ce budget sera certainement abordé, comme les autres, avec le souci de lʼintérêt général, par la méthode de la recherche du consensus, sans lequel les Institutions sont bloquées. Cʼest cependant un budget particulier qui engage lʼavenir de Monaco à court et moyen terme, dans une période de crise immobilière et financière internationale, avec un fort impact sur lʼéconomie réelle qui nʼépargnera pas la Principauté, comme le Prince Souverain Lui-Même lʼa souligné dans un entretien à lʼoccasion de la fête nationale, à la tonalité positive mais réaliste. Cʼest dans un contexte bien spécial où existent certaines tensions, quʼintervient le premier budget de la nouvelle législature. Cela en fait également un budget charnière.

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Monsieur le président, la majorité a été reconduite par les Monégasques qui ont considéré que son bilan était bon et que ses perspectives correspondaient à leurs attentes.Avant de nous tourner vers lʼavenir, un mot sur le logement locatif des Monégasques dans le domanial. Avoir mis fin à une situation de pénurie est lʼune de vos réussites reconnues. Il semble cependant que vous ayez des appréhensions sur le rythme futur de construction de logements pour les Monégasques ?

☞ Stéphane Valeri : “Les seuls programmes de construction arrêtés à ce jour concernent la seconde tranche de lʼopération Industria-Minerve (105 logements livrables à la mi-2009) et lʼopération prévue rue de la colle (entre 230 et 250 logements livrables fin 2012), soit 350 logements au total. Cʼest très insuffisant pour faire face à lʼévolution des besoins dʼici la fin de la législature, en 2013. Nous avions estimé le déficit de lʼordre de 200 logements. Le Gouvernement avait souhaité conduire sa propre étude pour valider ces estimations. Depuis le 30 octobre, nous sommes dʼaccord sur le diagnostic. Mais le Gouvernement ne nous a toujours pas fait connaitre ses propositions pour compléter les programmes. Le Ministre dʼEtat nous a garanti quʼil nous présenterait des solutions lors des débats budgétaires. En attendant, il va de soi que la majorité des Conseillers Nationaux ne peut aborder de manière favorable un Budget qui ne prend pas en compte les besoins essentiels des Monégasques en matière de logement. Il est hors de question quʼà la fin de notre second mandat, les demandeurs de logements monégasques connaissent à nouveau la situation de pénurie qui prévalait avant notre première élection, en 2003. Que les choses soient claires, nous ne céderons pas sur cette priorité fondamentale pour nos compatriotes.”.

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La prochaine étape est celle de lʼaccession des Monégasques à un « droit de propriété aménagé ». Où en est-on ? Car derrière la bataille des appellations, il y a un dossier juridique et financier compliqué.

☞ Stéphane Valeri : “Beaucoup dʼavancées ont été obtenues par le Conseil National depuis le retrait du premier projet de loi en juin dernier, dans le cadre du groupe de travail mixte qui sʼest réuni à de nombreuses reprises. Ainsi, un nouveau droit sera ouvert aux Monégasques en plus de la location, qui sera transmissible aux héritiers. Les sommes payées seront capitalisées et garantiront un placement de bon père de famille, en étant réévaluées sur un indice supérieur ou égal à lʼinflation. Un point essentiel a été acquis : à lʼissue de la période de 75 ans, le bénéficiaire aura le choix, entre le reversement du capital investi, ou la reconduction de ce droit pour une nouvelle période de 75 ans. Il sʼagira donc en pratique dʼun droit illimité pour la famille. Par contre, nous avons toujours un différend sur le prix auquel ce nouveau droit sera proposé à nos compatriotes. En effet, le Gouvernement sʼen tient à des niveaux de prix - basés sur 1,5 fois le loyer moyen sur 25 ans, au lieu des 20 ans demandés par la majorité du Conseil National - qui restent trop élevés, y compris dʼaprès ses propres simulations financières, pour garantir que 60 % des foyers monégasques pourront effectivement accéder à ce dispositif. Sur ce sujet non plus, nous ne cèderons pas. Le Gouvernement doit nous entendre sur ce sujet prioritaire pour les Monégasques. Jʼen appelle donc à la responsabilité du Gouvernement, pour sortir de lʼimpasse dans laquelle nous sommes aujourdʼhui acculés. Le temps presse et nous avons déjà fait preuve de beaucoup de patience, au cours des cinq années passées. Lʼheure de vérité a sonné. Si le Gouvernement ne nous laisse pas d'autre choix, il sera le seul responsable du non-vote du budget.”

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Lʼapplication de la priorité nationale dʼemploi pour les Monégasques à compétences égales, qui est une protection constitutionnelle et légale, paraît provoquer des difficultés. Le ton récemment est monté vis-à-vis de la SBM, premier employeur de Monaco. Le Gouvernement parait reconnaître un problème mais sans pour autant prendre des mesures concrètes. Nʼy a-t-il pas là une crispation ?

☞ Stéphane Valeri : “Je suis heureux que vous me posiez la question, car, encore ce matin, je recevais le témoignage dʼun Monégasque laissé pour compte, et donc pour nous le débat ne sera pas clos tant que cette question de la priorité dʼemploi ne sera pas exemplaire à la SBM. Avec le Vice-Président, nous avions adressé un rapport au Gouvernement faisant état dʼune dizaine de cas de diplômés monégasques de lʼenseignement supérieur, victimes dʼun non-respect de cette priorité. Pour toute réponse, la SBM a publié une publicité payante dans la presse locale, destinée à faire passer les Monégasques et leurs élus pour des affabulateurs. Cʼest inadmissible ! Cette page mélangeait les chiffres des casinos, des services administratifs et des services hôteliers, pour tenter maladroitement de masquer la triste réalité : les Monégasques sont sous-représentés dans cette société, en-dehors des jeux de table. Nous avons donc demandé la publication de nouvelles statistiques objectives par secteur, qui démontreront cette évidence. Le fait que le Gouvernement nʼait pas lancé dʼinvestigations impartiales et se soit contenté, dans un courrier au Conseil National, de reprendre à son compte les arguments des dirigeants de la SBM est tout aussi inacceptable. Vous imaginez bien que les dirigeants, juges et par-

ties, nʼont pas manqué de constater quʼils respectaient toujours parfaitement la priorité dʼemploi !... Que chacun, au Gouvernement comme à la SBM, soit prévenu, nous ne nous laisserons pas abuser, la priorité dʼemploi nʼest pas négociable. Elle est inscrite dans la constitution de 1962, dans la loi sur lʼembauche de 1957 et nous lʼavons même faite reconnaitre par le Conseil de l'Europe. Il n'y a donc aucune connotation xénophobe et dʼailleurs elle bénéficie aussi aux enfants du pays, aux autres résidents de Monaco et même des communes limitrophes. Il sʼagit dʼune priorité territoriale que nous entendons bien faire respecter. Cʼest une question de survie pour la nation monégasque. Elle doit donc être appliquée”.

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Mais très concrètement, comment mieux faire appliquer cette priorité ?

☞ Stéphane Valeri : “Il faut que lorsque la SBM recrute des cadres, elle publie des annonces dans la presse locale, comme elle le fait déjà pour les embauches dʼemployés de jeux. Ainsi, les Monégasques qui ont le profil pourront postuler. Ensuite, ses dirigeants doivent clairement donner mandat aux cabinets de recrutement avec lesquels ils travaillent, de rechercher en priorité des candidats en Principauté. De plus, il faut rapidement davantage de compatriotes dans les postes de cadres supérieurs administratifs de la SBM. Nous ne pouvons plus admettre que certains dirigeants venus de lʼextérieur fassent comprendre aux Nationaux quʼils ne sont pas chez eux au sein de la première société monégasque ! Pour que les choses changent, il faut que le Gouvernement dise clairement quʼil ne cautionne plus cette attitude antinationale. Cʼest lʼintérêt du pays et cʼest aussi lʼintérêt de tous, que nos diplômés trouvent la place quʼils méritent en Principauté”.

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Sur ce sujet qui devrait fédérer toutes les énergies, lʼélu dʼopposition Laurent Nouvion sʼest clairement démarqué, au risque dʼaffaiblir la position des Monégasques. Comment jugez-vous cette attitude ?

☞ Stéphane Valeri : “Je ne veux pas donner à une personne plus dʼimportance quʼelle nʼen a. Cependant, il semble de plus en plus évident que M. Nouvion a choisi une ligne politique simpliste : lʼopposition systématique aux positions de la majorité. Cette ligne lʼamène à se contredire en permanence, puisquʼaprès avoir affirmé dans “Monaco-Matin” quʼil faisait confiance aux dirigeants de la SBM et que globalement les priorités étaient respectées, il a dû reconnaitre, après que le Ministre dʼEtat lui-même lʼait admis, face à notre détermination, quʼil existait bien un problème dans cette société ! Mais alors, au lieu de critiquer les responsables de cette situation, il sʼen est pris aux élus de la majorité qui lʼavaient dénoncée ! Le moins quʼon puisse dire, cʼest que cette position ne sert pas les intérêts des Monégasques qui lʼont élu au Conseil National. ”.

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Ce budget intervient dans un contexte de crise. Vos demandes en matière de protection du pouvoir dʼachat ont-elles été prises en compte? ☞ Stéphane Valeri : “Nous demandons effectivement, comme chaque année, le maintien du pouvoir d'achat. Ce


Politique

Décembre 2008

Société

La Principauté

dossiers à l’ord re du jour. La position de la majorité du CN sur le logement, la priorité nationale, l’économie, le social et la fiscalité

n’est pas négociable” qui passe par un rattrapage intégral de l'inflation de 2008 au 1er janvier 2009 pour les actifs et les retraités de la fonction publique. Mais dans cette période difficile, nous demandons également au Gouvernement un nouveau coup de pouce en faveur des plus bas indices. C'est une mesure socialement juste et logique sur le plan économique, puisque cet argent sera dépensé en consommation. Enfin, nous souhaitons une révision de l'Aide nationale au logement et des bourses dʼétudes, en excluant du calcul des revenus toutes les aides sociales, ce qui soutiendrait aussi le pouvoir dʼachat. A ce jour, toutefois, ces mesures ne sont pas quantifiées au Budget par le Gouvernement. Ce sera un enjeu important des prochaines discussions budgétaires. “

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Quʼen est-il de vos propositions en matière de soutien et de relance de lʼéconomie ?

☞ Stéphane Valeri : “Nous sommes les premiers à souhaiter que le maximum soit fait pour lʼéconomie et nous lʼavions demandé bien avant le déclenchement de la crise actuelle. Des solutions existent. Après la création de la SARL, il faut continuer à moderniser le droit des sociétés, notamment en dépoussiérant la SAM, qui est prévue par un texte datant de 1895. Il faut aussi continuer de simplifier et dʼaccélérer les procédures de création dʼentreprise. Mais le grand défi économique de ce mandat, cʼest de construire des dizaines de milliers de m2 de locaux dʼactivité domaniaux, qui offriront des opportunités de développement pour les entreprises ou dʼinstallation de nouvelles sociétés, dans un cadre sécurisé et avec des loyers modérés. Dʼautres mesures doivent être prises pour tenir compte de la conjoncture difficile qui sʼannonce en 2009. Nous approuvons la réactivation de la COMED, pour venir en aide aux entreprises en difficulté, notamment en accordant des délais de paiement plus souples de leurs charges fiscales et sociales. Dʼautre part, un effort particulier doit être réalisé en faveur du secteur industriel, particulièrement exposé. La prime industrielle doit être, à titre exceptionnel, revue à la hausse. De même, l'Etat doit contribuer aux frais de chômage technique pour éviter les fermetures définitives. De façon générale, lʼEtat doit inciter les banques monégasques à soutenir davantage l'économie, au travers de prêts”.

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Certains reprochent aux élus de la majorité dʼêtre trop complaisants et trop mous face au Gouvernement ; dʼautres vous accusent au contraire de vouloir dépasser vos prérogatives institutionnelles… Quʼen est-il ?

☞ Stéphane Valeri : “Depuis 2003, le Conseil National a choisi la voie du juste milieu. Il n'est ni une chambre d'enregistrement, ni une chambre d'opposition. Il est donc logique quʼil se trouve sous le feu de critiques contradictoires de la part de personnes qui défendent des positions excessives et qui souhaiteraient, soit le voir rentrer dans le rang, soit aller systématiquement à lʼaffrontement. Nous agissons, au contraire, conformément à lʼesprit de la Constitution, qui impose la règle du consensus entre le Gouvernement Princier et le Conseil National, élu par les Monégasques. Ceci conduit forcément à des concessions réciproques, qui font partie du jeu des Institutions. Nous ne souhaitons pas un blocage, qui signifierait un

échec pour Monaco, mais si le Gouvernement nous y acculait cette année, il en porterait seul la responsabilité. En effet, la méthode suivie par le Gouvernement pour préparer ce budget nʼest pas satisfaisante. Alors que nous avions pourtant clairement indiqué nos priorités dès les débats du budget rectificatif en octobre dernier, nous nʼavons obtenu aucune réponse précise sur ces points essentiels avant lʼouverture des séances publiques. Ceci ne permet pas un travail serein et efficace de lʼAssemblée. Cʼest pourquoi, faute de garanties obtenues avant le vote, Pierre Svara, Président de la Commission des Finances, appelle dans son rapport à ne pas approuver le Budget Primitif 2009. Nous ne serons certes jamais inutilement agressifs, mais nous sommes déterminés à utiliser pleinement nos prérogatives pour obtenir du Gouvernement, la prise en compte des attentes fondamentales des Monégasques, dans lʼintérêt supérieur du pays. “

firmé le soutien des Parlements aux initiatives internationales pour lutter contre le blanchiment de capitaux et instaurer une meilleure régulation et transparence du système financier mondial, dans le respect de la souveraineté de chaque nation et de leur droit à déterminer et à appliquer librement leur politique en matière fiscale.

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Notre dossier, Président, est consacré aux « paradis fiscaux». Je pense que vous êtes de ceux qui sont irrités voire indignés par certains amalgames, mais êtes-vous inquiet ? Monaco peut- il devenir un bouc-émissaire ?

☞ Stéphane Valeri : “Il faut dénoncer les attaques injustes subies par notre pays, de la part de ceux qui, incapables de prévoir et dʼempêcher la crise financière et économique que traverse le monde, cherchent à jeter des boucsémissaires en pâture à leurs opinions publiques. Il faut sans cesse répéter que ni Monaco, ni les autres petits Etats dʼEurope, ne sont responsables de la crise actuelle, qui est avant tout la conséquence de dysfonctionnements dans la régulation et le contrôle des marchés financiers. Par ailleurs, il est tout aussi indispensable de dénoncer, comme vient dʼailleurs de le faire en Principauté le Président du GAFI, les amalgames entre fiscalité douce et blanchiment dʼargent sale. Au niveau parlementaire, nous nous y sommes récemment employés avec lʼensemble des présidents de parlement des petits Etats dʼEurope, lors de notre 3ème Conférence qui sʼest tenue fin novembre, à Vaduz, au Liechtenstein. A cette occasion, nous avons réaf-

STEPHANE VALERI Photo © Claudia Albuquerque

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8 La Principauté Spécial Fête Nationale

Spécial Fête Nationale

Décembre 2008

Un temps magnifique a accueilli le 19 novembre les Monégasques sur la Place du Palais rassemblés ce

Le soleil brille sur le

NOTRE REPORT

Son Altesse Royale la Princesse Caroline durant la célébration de la Messe

19 novembre 2008. Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II entouré de Charlotte et Pierre C

En haut : le Prince salue les Carabiniers ; en bas : Pierre, Charlotte et Andrea Casiraghi

FETE NAT

Place du Palais : les Monégasques agitent les drapeaux pour saluer le Prince Souverain


Décembre 2008

Spécial Fête Nationale

La Principauté

ette année encore comme une seule personne pour exprimer leur affection à la Famille Princière en ce jour de Fête Nationale

e règne du Prince Albert

TAGE SPÉCIAL

Photos © Charly Gallo/Centre de Presse

Son Altesse Sérénissime la Princesse Stéphanie à l'intérieur de la Cathédrale

Casiraghi et S.A.S. la Princesse Stéphanie saluent la foule depuis le balcon du Palais Princier

TIONALE

Le Président du Conseil National et des élus dans la foule attendent lʼarrivée de la Famille Princière

En haut : remise des médailles par S.E.M. Proust. En bas : Loge Princière à la Salle Garnier

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Décembre 2008

Ecologie

Environnement

La Principauté

CONFERENCE • Ministres, responsables politiques et experts scientifiques réunis à Monaco pour réagir au phénomène du réchauffement climatique

Au chevet de l’Arctique S.A.S. le Prince Albert : “Une solution internationale pérenne doit être trouvée prenant en compte l’intérêt de tous” PAR PIERRE-YVES REICHENECKER

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a conférence internationale «L'Arctique : un observatoire pour relever les défis des changements environnemen taux», co-organisée par la présidence française de l'Union européenne et la Principauté de Monaco a réuni les 9 et 10 novembre à Sea Club, ministres, responsables politiques et experts scientifiques. La région Arctique occupe une place particulière dans la compréhension du climat. Et Jean-Louis Borloo, le ministre français de l'Ecologie a fait du changement climatique et de la défense de lʼArctique l'une de ses grandes priorités : «L'Arctique est le témoin et la victime de toutes les pollutions… 30 années de recherche sur la glace de l'inlandsis et les glaciers arctiques et antarctiques… ont permis de démon trer scientifiquement et de façon incontestable une réalité abso lument fondamentale : la concentration de méthane et de gaz carbonique dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée qu'aujourd'hui ». De son côté, SAS le Prince Albert II a insisté sur la nécessité de trouver et mettre en oeuvre une solution internationale : « Face à ces risques potentiels, nous devons agir. L'importance des ressources en jeu ne fera que dégrader la situation dans les années qui viennent. C'est pourquoi une solution interna tionale pérenne doit être trouvée au plus tôt prenant en compte l'intérêt de tous ». LʼArctique est une zone-clé au sein du système climatique planétaire et un acteur essentiel de l'équilibre physique, chimique et biologique de la planète. Son environnement est particulièrement vulnérable aux conséquences globales des activités humaines. Cʼest également un champ privilégié pour lʼobservation de lʼévolution et des effets des changements environnementaux. Aujourdʼhui, de nombreuses stations dʼobservation font un travail considérable dans toutes les disciplines scientifiques… une somme de connaissances qui reste - malheureusement - insuffisamment prise en compte. Les ministres présents à Monaco, les représentants des institutions européennes et des organisations internationales ont adopté une déclaration finale où ils se sont engagés à faire progresser ces ambitions – établissement dʼun cadre de coordination, poursuite des observations sur place et meilleure diffusion de lʼinformation - dans les enceintes régionales et internationales.

DERNIERE MINUTE

Le Prince décide d'arrêter le projet d’extension en mer

L

a Principauté de Monaco a décidé d'arrêter la consultation en cours sur son projet d'extension en mer, dont le coût était estimé entre 5 et 10 milliards d'euros, en raison de la crise économique et de garanties insuffisantes pour l'environnement. « Dans les conditions actuelles, il ne serait pas responsable de lancer un projet de cette envergure », a déclaré le Prince Albert II. Il a souligné que toutes les garanties nécessaires - autant financières qu'environnementales - n'étaient pas actuellement réunies pour prendre une décision "res ponsable". Dans notre dernier numéro (voir image), le dossier « Monaco comme Dubaï » avait listé les difficultés et pris en compte les interrogations de la population au regard de la crise et de l’environnement. Projet essentiel mais rendu plus risqué financièrement avec des travaux longs et coûteux, des nuisances et des dangers pour l’environnement. Le Prince Souverain au regard de ses principes éthiques ne pouvait que valider un chantier bouclé dans la transparence financière et impeccable au niveau de la qualité de la vie des habitants et du respect du milieu marin. Le Souverain face à des incertitudes a pris la décision dictée par le principe de précaution de toute bonne gouvernance. Les compétiteurs ont été informés le mardi 9 décembre de la décision du Prince. Le Souverain a souhaité qu'une nouvelle étude d'impact environnemental, beaucoup plus approfondie, soit menée avec « les meilleurs experts » du monde. "La pro tection de l'environnement est une priorité aussi importante que les impératifs économiques", at-il souligné. Il s'est réservé "la possibilité de lancer un nouveau projet, sous une autre forme et d'une autre taille" à une date encore indéterminée, en fonction des résultats de cette étude. Albert II a souligné que l'arrêt du projet ne mettait pas en danger l'économie de la Principauté où un tiers du budget est consacré au développement des infrastructures et des équipements. Une décision de sagesse autour du principe de précaution… « Wait and see » se décline aussi en monégasque. (P.Z./AFP)

DERNIEREMINUTE

L’AICESIS engagé pour un développement durable... onaco reçoit le Conseil d’administration de l’AICESIS les 11 et 12 décembre. L’Association Internationale des M Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires

réunit non seulement environ 70 Conseils ou Institutions similaires dans le monde répartis sur les 4 continents, mais accueille en son sein des représentants d’autres organisations internationales (1). Tous ces Conseils Economiques et Sociaux réunis représentent plus de 3,5 milliards de femmes et d’hommes dans le monde que l’on désigne généralement sous le nom de société civile organisée mondiale. L’accueil de cette réunion est une grande première pour la Principauté, et la reconnaissance du travail effectué par le CES de Monaco dans le cadre notamment des ODM (2). Monaco attend donc une quinzaine de délégations de CES nationaux, du BIT ou encore de l’ONU. Il faut d’ailleurs noter que l’AICESIS est reconnu depuis 2003 comme Organisation Intergouvernementale et observateur permanent à compétence générale de l’ECOSOC (3), qui a désigné à titre permanent une représentante en la personne de Madame Hanifa MEZOUI Chef du Service des ONG. 'Aicesis était présidée jusqu'à ce jour par M.José Mucio Monteiro Filho (CDES du Brésil, par ailleurs ministre du gouvernement Lula, dans la photo avec le président du CES Monaco M. Garino). Un nouveau président sera désigné à Monaco pour conclure la mandature 20072009 sous le thème de l’environnement en proposant une réflexion sur deux ans portant sur «Développement avec Equité et Responsabilité environnementale». Les principales actions poursuivies par l’AICESIS Les Conseils économiques et sociaux ont fait la preuve qu’ils pouvaient, au plan international, appliquer la méthode de travail qui fait leur originalité au plan national. Cette méthode repose sur deux principes : - Toute réflexion implique un dialogue qui repose sur le respect et l’écoute du point de vue de l’autre - Toute réflexion collective a pour ambition de rechercher ce qui est admissible par le plus grand nombre. Même si chaque mandature a son thème de réflexion propre, l’AICESIS a choisi de soutenir de manière forte, les initiatives prises en faveur du développement des ODM (Objectifs de Développement pour le Millénaire) d’une part, en créant des « Centres d’Excellence » destinés à mettre en valeur les actions de formation aux ODM des universités, des CES et des ONG et d’autre part en établissant des Prix du Millénaire dont les lauréats en 2007 ont été 2 ONG Good Neighbours de Corée et Fondation Hernandiana d’Argentine et de 2 CES africains, ceux du Mali et de Côte d’Ivoire. A mi chemin entre la Xème Rencontre Internationale de Pékin, en juin 2007, et la suivante en juillet 2009 à Rio de Janeiro, la rencontre de Monaco s’inscrit dans une continuité de réflexion et de propositions en faveur de l’environnement, qui sont dans le droit fil des orientations voulues par S.A.S. le Prince Albert II pour Monaco. (P.Y.R.) (1) L’OIT (l’Organisation Internationale du Travail) la FAO (Food and Agriculture Organization) et l’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce) ou encore des organisations continentales comme le CESE (Comité Economique et Social Européen) l’UCESIF (l’Union des Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Francophones) et l’UCESA (l’Union des Conseils Economiques et Sociaux d’Afrique). (2) Objectifs de Développement pour le Millénaire. (3) Le Conseil Economique et Social des Nations-Unies

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La Principauté

Actualité

Décembre 2008

Une nouvelle table bâtie autour d’une amitié du côté du port

“La Villa”, une oasis de beauté et de bon goût PAR

AMANDA COUTELLE

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forme de volutes à lʼitalienne reprises, fin du fin : sur le sol… Une atmosphère crée et mise en scène, avec la complicité de Catherine Hein de la société ITC.

ʼest lʼhistoire de deux frères Nicolas et Sébastien et de leur copain Gregory, qui au lycée déjà, se disaient quʼun jour ils construiraient «quelque chose de grand» tous les trois… Ce genre de joyeux projet quʼon fait adolescent qui demeure bien souvent de lʼordre du rêve est devenu réalité : «La Villa» nouvelle table de la Principauté sʼest bâtie comme tout bon repas autour de lʼamitié…

Et, si lʼon passait (enfin !) à table… Au piano, David Castoldi (grand spécialiste du Risotto !) a fait ses classes au Monte-Carlo Beach (avec son copain «Greg») après un séjour au Canada où il monte un restaurant, retour sur la Côte au Marriott de De lʼamitié et du savoir- De gauche à droite : Gregory Mornar (patron), David Castoldi (chef Cap dʼAil, et puis cʼest le faire… Nicolas, Séba- de cuisine), Belkacem et John (chefs de rang), Sébastien Maschi grand saut à «La Villa» accompagné de son stien et Gregory sont (patron), Marc (chef de rang) et Nicolas Maschi (patron) second Belkacen, qui dʼauthentiques professionnels de cet Art de vivre que devrait toujours être la Table… concocte un foie gras maison au torchon décliné en trois méloA 28, 27 et 26 ans, nos trois copains ont derrière eux une belle dies : nature, aux figues, à la truffe… Tous les produits sont expérience acquise au sein des fleurons de la S.B.M. Cʼest en frais, tout ici est « fait à la maison ». Côté cave : 7 qualités de février que Gregory, en pleine ascension professionnelle assu- vins de Provence sur les trois couleurs. Attraction de classe : rée, se voit proposer de reprendre un établissement à 66 références de champagne dont 20 grands crus… Joliment Monaco, il est tenté par «lʼAventure» mais hésite : alors il baptisée la carte «vins plaisir» affiche les plus grands vins du appelle son ami Nicolas qui appelle Sébastien, son frère. monde… Crise oblige : les Prix me direz-vous ? Une fourRéponse : comme au lycée «Si on prend un établissement on chette basse par rapport à Monaco pour des produits haut de le reprend tous les trois !» Le 24 novembre «La Villa» ouvrait gamme. Une formule déjeuner : un plat-un dessert- une boisses portes, en lieu et place du «Texan» au N° 4 de la rue son ou une entrée- un plat une boisson : 20 euros (menu comSuffren-Reymond dans un bel immeuble de style «Belle plet 25 euros). A signaler la connection internet sans fil gratuiEpoque». Mais un rêve ne sʼaccomplit pas en un jour, il faut le te offerte aux travailleurs non-stop. A «La Villa» les convives construire au propre comme au figuré : lʼinvestissement est sont accueillis de midi à très tard le soir (rare de nos jours !) lourd, si lʼon veut peindre son rêve à la mesure de ses ambi- Cʼest ainsi quʼun soir à 23h30 nos trois amis ont eu la surpritions, lʼamitié et le sérieux des «trois patrons» vont vaincre, et se de voir arriver une joyeuse compagnie emmenée par vite, tous les obstacles inhérents à un tel projet… Leur «Villa» Philippe Curau, assistant de direction du Théâtre Princesse ils la conçoivent avec lʼesprit dʼune maison, un endroit où lʼon Grace, avec à sa tête un certain Bruno Solo à peine sorti de se sent bien où lʼon évolue dans des ambiances chaleureuses scène où il incarnait un truculent personnage de Feydeau… mais différentes, où lʼon passe dʼune pièce à lʼautre selon son Une bonne table dans un beau décor habité de sculptures et désir du moment : une terrasse spacieuse, un coin cheminée dessins de lʼartiste Mateo Mornar et de ses élèves, à voir lounge, oeuvres dʼart, beaux livres, avant dʼaccéder à une lʼ«éléphant» signé Marik, le tout sur fond de musique «cool» niche restaurant semi-privative capitonnée surplombée dʼun jazzie. Jʼallais oublier le superbe «bar à bulles» animé par lustre ancien, dans une atmosphère contemporaine de bon Sébastien… Et comme lʼon disait au temps de Louis XIV «les goût à laquelle se mêlent dʼartistiques volutes reprises jusque commodités» méritent elles aussi le détour! sur les cols de chemises de Une belle aventure cette histoire de table et dʼamitié, certes, John, Marc et Ben : Il sont 7 mais une aventure bien calculée : cuisine légère, savoureuse, attentifs aux désirs de leurs accueil jeune, chaleureux et… têtes bien pleines car «La Villa» convives. Des dessins en a une ambition en plus : la pérennité… (A suivre…) Photo © AC

Le premier journal d’actualité de Monaco

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Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 glomed.free.fr/laprincipaute.html email : glomed@free.fr Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker Avec la collaboration de Lisa Arquette Thierry Bertrand Amanda Coutelle Sophie Hasson-Grimaldi Isabella Lanciotti Pierre-Alain Martini Alessandro Paparella Alan Parker-Jones Photos Claudia Albuquerque Olivier Almondo Centre de Presse Projet graphique PDC Milano Promotion & Publicité Global Media Associates Service Publicité

Diffusion Monaco & Côte d’Azur SEC Cour Anc. Gare SNCF Impression Graficolor Regione Prati - Arma di Taggia (IM) Le tirage de ce numéro a été de 27.300 exemplaires

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«La Villa» - 4, rue Suffren-Reymond - Monaco - Réservations : (+377) 97.98.68.28 (A deux tours de roues : plusieurs parkings publics)

LALaDI8EèSmeLUNCH édition du déjeuner tout au féminin organisé deux fois par an

120 en soutien d’Athina MONTE-CARLO Photo © Pascale Digeaux Pour la 8ème édition du Ladies Lunch M o n t e - C a r l o, la Présidente Madame la Baronne de Massy, entourée de son Comité d'action, ainsi que des 120 dames présentes au déjeuner du 13 novembre dernier, ont eu l'honneur et la surprise de recevoir la visite de S.A.S. le Prince Albert II, lors du cocktail de bienvenue dans le S a l o n Bellevue du Métropole Palace. Cette année, le Ladies Lunch recevait la marraine de lʼAssociation Athina Ichtyose Monaco (AAIM) Flavie Flament, qui a créé cette Association en 2004 depuis sa rencontre bouleversante avec une petite fille atteinte d'ichtyose. Flavie Flament a ému la salle par le récit de sa rencontre avec Athina à Monaco. Utilisant son image publique à seule fin d'aider Athina et les autres enfants, atteints comme elle de cette maladie orpheline, l'action de Flavie Flament passe par la lutte contre cette maladie, avec l'aide d'un Comité scientifique qui déterminera les recherches à e ffectuer et les centres les mieux adaptés à leurs réalisations. 41.870 euros ont été récoltés en faveur de lʼAAIM lors de ce déjeuner. Habillées par la Maison de Couture Lanvin, les mannequins offraient aux regards brillants des dames présentes, l'éclat des bijoux de la maison de Haute Joaillerie Cartier. Le délicieux déjeuner concocté par les grands chefs du Métropole Palace été apprécié par sa légèreté et son audace. Les tables couleur or croulaient sous les bouquets de fleurs, fruits et chocolats crée par la maison Fleurisia.

LADIES LUNCH

MONACO EN BREF

☞ Comme chaque hiver, la piscine du Port se transforme en patinoire. Du 5 décembre jusqu’au 8 mars. Un investissement lourd pour la mairie, de l’ordre de 400.000 euros, mais un vrai succès. L’an dernier elle avait attiré plus de 24.000 patineurs. Concrètement la patinoire sera ouverte la semaine de 10h à 18h, et le week-end de midi à 18h. Les karts électriques seront en piste lundi, mardi et jeudi de 20h30 à minuit ; mercredi et vendredi de 18h30 à minuit ; le weekend de 19h30 à minuit. Enfin, l’école de hockey sur glace occupera la patinoire lundi, mardi, jeudi de 18h à 20h. ☞ Le Forum Solidar-One s’est tenu à Monaco le 30 novembre. Ce forum a pour but d’approfondir la solidarité sous l’angle de la coopération entre les pays du vieux continent et les pays émergents, notamment le soutien aux populations défavorisées. A l’issue du Forum, une représentation de la comédie musicale « Street light » a été donnée au profit de l’association « Casa do Menor », qui s’occupe des enfants des favelas du Brésil. ☞ Des écrans en relief sans lunettes ! C’est ce que propose la société Alioscopy qui en a fait la démonstration en Principauté fin novembre dans les locaux de « Monte Carlo Story » (Parking des pêcheurs). Grace à leurs spectaculaires capacités de profondeur et de jaillissement, ces écrans diffusent des images de synthèse avec un relief ample et naturel. Fini les lunettes bicolores sur le nez pour obtenir le même effet ! Impressionnant. ☞ 4ème Bain de Noël Monaco. Pierre Frolla et les Foulées Roquebrunoises organisent le désormais traditionnel bain de Noël le dimanche 24 décembre au Larvotto, côté Rose des Vents, à 10h30. Comme chaque année, en dehors de l’aspect convivial et festif de la manifestation, le bain de Noël permet de récolter des fonds pour l’association Tatsa qui scolarise en Thaïlande des enfants victimes du tsunami de décembre 2004. ☞ L’exposition de Jeff Koons reportée... Changement de programmation au Grimaldi Forum Monaco : "L'artiste Jeff Koons, à qui nous devions consacrer notre exposition de l'été 2009, nous a informés de son souhait de reporter ce projet d'exposition" a indiqué le 27 novembre Sylvie Biancheri, Directeur Général du Grimaldi Forum Monaco. Du 11 juillet au 13 septembre 2009, le centre culturel de la Principauté proposera donc dans les 4000 m2 de l'Espace Ravel une thématique consacrée à la Grande Russie au temps des Romanov, sous le commissariat de Brigitte de Montclos, Conservateur en Chef du Patrimoine. C'est elle qui avait d'ailleurs signé la grande exposition 2004 du Grimaldi Forum " Impérial Saint-Pétersbourg, de Pierre le Grand à Catherine II " visitée par près de 63 000 personnes. ☞ Le Québec s’invite à Monaco. La célébration du 400ème anniversaire du Québec, trouve son prolongement en Principauté, avec une dizaine de jours consacrés à la Belle Province, où rencontres institutionnelles, culturelles, économiques et gastronomiques vont se succéder. Le sirop d’érable va couler à flot sur le « Village québécois », créé sur le Port Hercule. Des chalets attendent les visiteurs : produits régionaux et de l’érable, micro brasserie, exposition photos, informations touristiques. La gastronomie sera mise à l’honneur à l’Hôtel Fairmont Monte Carlo, alors que une exposition de sculptures de l’artiste Blake se tiendra au Fairmont. François Poche présentera ses photos panoramiques du « Saint-Laurent » au coeur du village, sur le port. Du 5 au 14 décembre 2008. ☞ 700 carats des diamants ont été nécessaires pour écrire en lettres éblouissantes sur le Nabuchodonosor (15 litres) de "I Am diamond Champagne" (Réserve 2002 Grand Cru Colin Millesime, Médaille d'or d'Epernay 2008). C'est Dan Mc Vicar (the Bold and the Beautiful) qui a ouvert la bouteille offerte par Alessandro Calabrese et Cassandra de “I Am luxury Group,” pour fêter le 20ème anniversaire des World Music Awards à Monaco. Anna Herouard a choisi de distribuer chez Zest, sur le Port de Monaco (+377 9798 4970) la version "White and Silver" et son pendentif de diamants noirs et blancs (1,60 carats et 2,30 carats prix public 4.500 et 6.000 euros). Quant à « L'Édition Limitée Magnum » (50 exemplaires au monde, et 30 carats de diamants !), elle est réservée aux initiés. : www.iamluxurygroup.com ☞ Le Parlement de la Méditerranée réuni en Principauté. Du 13 au 15 novembre, le Parlement de la Méditerranée a réuni les délégations de ses 25 pays membres, à l’invitation de Stéphane Valéri, Président du Conseil National, afin de débattre des problèmes régionaux communs. La 3èm session plénière s’est déroulée en présence de S.A.S le Prince Albert II. Monaco a vu le lancement de la Charte méditerranéenne qui servira de manifestation politique à l'Assemblée Parlementaire de la Méditerranée, dans laquelle les engagements pour le processus de paix, de sécurité et de prospérité seront consacrés au nom de la population de la Méditerranée., ce qui permettra en outre de confirmer le rôle du l’Assemblée en tant que représentant légitime de la région des parlements nationaux. ☞ 15e Tournoi International de judo de Monaco – 4e Trophée Adidas le 14 décembre salle omnisports du Stade Louis II. Chaque année plus de 15 nations viennent régulièrement s’affronter sur le “tatami monégasque” Au total une compétition défendue par près de 200 athlètes répartis en plus 30 équipes, dans la salle Début des compétitions à 9h. Dans l’après-midi Entraînement collectif animé par le vice champion Olympique de Pékin Benjamin Darbelet (à 17h). Et puis hommage aux Jeux Paralympiques de Pékin Démonstration de Judo Handisport par 2 médaillés de bronze à Pékin : Angélique Quessandier et Olivier Cugnon de Sevricourt. ☞ La cartographie des grandes nacres dans la réserve du Larvotto a permis de localiser plusieurs centaine de grandes nacres réparties dans l’herbier de posidonies. L’opération lancée fin 2007 a connu une nouvelle campagne d’inventaire fin novembre Une quarantaine de plongeurs bénévoles issus du milieu scientifique, associatif et de la Force Publique ont participé à cette opération. Robert Calcagno, Conseiller de Gouvernement pour l’Equipement, l’Environnement et l’Urbanisme a plongé avec le groupe : « Ces opérations d’inventaires de la biodiversité des fonds de la Principauté sont précieuses, la Méditerranée est un patrimoine fragile et sa préservation doit être une priorité pour tous. » ☞ La SBM et Financière Lov ont conclu un accord afin d’établir un partenariat sur une base paritaire, dans la perspective de l’évolution de la réglementation et de l’ouverture des marchés français et européens des jeux d’argent en ligne. La SBM souscrira à une augmentation de capital lui permettant de détenir 50% de MCG, qui contrôle l’opérateur de jeux en ligne BetClic. La SBM pourra grâce à ce partenariat valoriser dans le domaine des jeux en ligne la notoriété et le prestige de la marque Monte-Carlo SBM. La Fondation Prince Albert II de Monaco poursuit son développement. Le Conseil d’Administration de la Fondation Prince Albert II de Monaco a tenu le 28 novembre 2008 sa troisième réunion de l’année sous la Présidence de S.A.S le Prince Souverain. Un point a été fait sur le développement des branches étrangères de la Fondation. Après la création des branches, Britannique, Américaine, Française, Suisse et Canadienne, un lancement officiel de la branche allemande est prévu le 2 février prochain à Düsseldorf, ce développement international se poursuivra en 2009 notamment en Italie et à Singapour. Le Conseil a, approuvé la participation en 2009 une douzaine de nouveaux projets dans les trois domaines d’activité de la Fondation.


le Reportage

Décembre 2008

La Principauté

du mois

Soirée de Gala de la IAF le 23 novembre à la Salle des Etoiles en présence de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II du mois du mois

Bolt et Isimbayeva

athlètes de l’année 2008 ! MONTE-CARLO - Un jour sans doute inoubliable à Monaco pour deux jeunes champions : le sprinteur jamaïcain Usain Bolt et la perchiste russe Yelena Isinbayeva qui ont été élus athlètes de l'année 2008 lors de la soirée de Gala annuel organisé par la Fondation inter-

nationale de l'athlétisme (IAF) le 23 novembre à la Salle des Etoiles du Sporting d’Eté, en présence du Prince Albert II de Monaco, président honoraire de l'IAAF, et de Lamine Diack, président de l'IAAF et de l'IAF. Les deux athlètes ont été élus suite à un

vote sur internet auquel ont participé la famille de l'athlétisme mondial et les fans. Ils ont reçu, chacun, un chèque de 100.000 dollars (80.000 euros) de l'IAAF. Usain Bolt, triple champion olympique à Pékin, a été intronisé pour la première fois de sa carrière. Au cours de l'année 2008, Bolt, 22 ans, a réussi un triplé en or aux JO-2008, deux en individuel (100 et 200 m) et l'autre sur le relais 4X100 m, avec à chaque fois un record du monde. Il a également couru le 100 m à sept reprises sous la barre des 9 sec 85/100e. Chez les dames, la perchiste russe Y e l e n a Isinbayeva (26 ans), déjà récompensée en 2004 et 2005, s'est illustrée pour la troisième fois, en récompense à sa performance à Pékin (or et re c o rd du monde), mais aussi à sa domination à outrance le long de l'année, avec notamment trois records du monde

en plein air et un autre en salle, en plus de son troisième titre de championne du monde indoor, obtenu en mars à Valence (Espagne). En matinée, Usain Bolt avait eu le plaisir de conduire une flambante Ferrari pour deux routières sur le circu i t monégasque qui accueille chaque année le Grand Prix de Formule un. “J’aimerais en avoir une”, s’est-il écrié ! Son souhait, n’en doutons pas, va bientôt se réaliser...

Photos@ Getty Images

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14 La Principauté

Art

Culture

Un collection exceptionnelle au Grimaldi Forum du 18 décembre au 11 janvier

Baccarat : l’art de vivre à la française Pour la première fois à Monaco une exposition de plus de 200 objets de cristal PAR

AMANDA COUTELLE

ʼévènement automnal L «Place des Arts» initié en 2007 par le Grimaldi Forum rend hommage à ces métiers dʼArt qui contribuent à la richesse du patrimoine «made in France». Après la Manufacture de Sèvres, Baccarat présente pour la première fois à Monaco, une collection exceptionnelle, réunissant plus de 200 pièces… La manufacture de cristal de Baccarat, depuis sa fondation en 1764, ne cesse de créer ensembles de services de table, lustres, objets de décoration et depuis 15 ans : des bijoux façonnés par des verriers aux incomparables talents techniques et artistiques ; Baccarat est le symbole de cet art de vivre enchanteur qui a fait la grande tradition française. La Manufacture nichée au coeur de la Lorraine emploie 800 personnes dont 25 Meilleurs Ouvrier de France… Baccarat présente pour la première fois à Monaco sa collection réunissant plus de 200 objets de cristal. Parmi les pièces exposées figureront de majestueux lustres et candélabres, des objets ayant appartenu à des souverains et personnalités du monde entier. Une dizaine de pièces ont été prêtées par le Palais Princier. Lʼart de la lumière… Les lustres et les luminaires sont lʼun des piliers qui fondent la réputation de la marque. Depuis la présentation en 1827 des tout premiers luminaires de cristal par la manufacture, le nom de Baccarat est devenu synonyme de pièces monumentales exceptionnelles. En 2005, la Maison, fidèle à cette vocation, a créé un lustre de 250 lumières, pièce maîtresse de sa collection de luminaires. Chef-dʼoeuvre des collections de Baccarat, présenté ici dans lʼespace «Lʼart de la lumière» : une paire de candélabres en cristal triplé (cristal clair, bleu et blanc opale), créée pour lʼExposition universelle de 1867. Lʼart du design aussi… Baccarat offre un espace privilégié dans lequel les créateurs peuvent laisser libre cours à leurs idées ou bien donner leur ré-interprétation des codes de la marque, trouvant leur inspiration dans la magie de la matière. Au XIXe siècle, et jusquʼà la Première guerre mondiale. À partir de 1916 et jusquʼau début des années 1960, les pièces conçues par le premier créateur qui a collaboré avec Baccarat, Georges Chevalier, font entrer Baccarat dans la modernité. Dans les années 1970, les plus belles créations de Baccarat sont signées du sculpteur Robert Rigot, ainsi que du designer italien Roberto Sambonet et de lʼaméricain Van Day Truex. Ce dernier est lʼauteur de la célèbre carafe Dionysos, qui figure dans les collections permanentes du MoMA à New York. A partir des années 1990, la marque sʼassocie à des maîtres du design contemporain, tels Ettore Sottsass ou Philippe Starck. En 1993, Baccarat crée sa première collection de bijoux dessinée par Catherine Noll, Evelyne Julienne et Thomas Bastide.

Décembre 2008

Lire et regarder...

par Amanda Coutelle

«O

n peut vivre sans lecture mais tel lement moins bien» (Gérard de Cortanze), après «Miss Monde», émou vant portrait d’une mère, le romancier renoue avec le biographe à travers un voyage dans les littératures du monde, une invitation au bonheur de lire : «Quand j’ouvre un livre, je ne me fuis et ne me distrais que pour mieux me trouver. En lisant je poursuis avec l’autre une gigantesque conversa tion…» Conrad, Lorca, Breton, Henry Miller, Edith Wharton, Joyce, Borges, Moravia, tous les grands sont du voyage. (Paraît cette semaine «Gitane sans filtre» -roman- (Grasset). _______________________________________ «Une gigantesque conversation» Gérard de Cortanze (Ed. du Rocher)

«A

quel instant, au juste, franchit-on la ligne de démarcation qui sépa re la fin de la jeunesse du reste de la vie?» C’est le chemin qu’emprunte l’écri ture et la pensée élégantes de Jean-Paul Enthoven: «Tout à la Zahia, me relan çait sans cesse vers d’anciennes sensa tions. La transparence de l’air, la fraî cheur mobile des patios, le parfum des buissons de roses chauffées au soleil, me transportaient, chaque fois, vers des plaisirs qui avaient appartenus à mon enfance. Mon corps captait alors ces élans de félicité oubliée qui, atteignant ma terrasse, me berçaient à nouveau. Je devenais l’hôte de mon passé…» De beaux portraits : Delon, Ronet, Brando. Fitzgerald, Roger Nimier, Jacques Laurent. ______________________________________________ «Ce que nous avons eu de meilleur» Jean-Paul Enthoven (Ed. Grasset)

C

laude Lévi-Strauss a 100 ans…Né à Bruxelles (de parents fran çais), le 28 novembre 1908. Études secondaires à Paris (lycée Janson de Sailly), études supérieures à la faculté de droit de Paris (licence) et à la Sorbonne (agrégation de philosophie, 1931, doctorat ès lettres, 1948). Après deux ans d'enseignement aux lycées de Mont-de-Marsan et de Laon, est nommé membre de la mis sion universitaire au Brésil, professeur à l'université de Sào Paulo (19351938). De 1935 à 1939, organise et dirige plusieurs missions ethnogra phiques dans le Mato Grosso et en Amazonie…. Au début de l'année 2005, Lévi-Strauss, lors d'une de ses r a res apparitions à la télévision déclare «(…) l'espèce humaine vit sous une sorte de régime d'empoisonne ment interne - si je puis dire - et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime.» Claude Lévi-Strauss a été élu à l'Académie française, le 24 mai 1973, au 29ème Fauteuil succédant à l’un de nos plus grands écrivains Henry de Montherlant. Les éditions Plon publient un ouvrage passionnant, d’un accès facile pour tous, écrit par LéviStrauss en personne et magnifiquement illustré. ______________________________________________ "Saudades do Brazil" Claude Lévi-Strauss (Ed. Plon)

«Place des Arts» : Grimaldi Forum du18 décembre 2008 au 11 janvier 2009

Evènements artistiques et culturels à explorer en Principauté et ailleurs Le premier journal d’actualité de Monaco

Sébastien Mehal à la Galerie Gildo Pastor Sébastien Mehal à la Galerie Gildo Pastor jusqu’au 3 janvier. Pour cette exposition, l’artiste a choisi de présenter quatre grandes pièces de 180x180 chacune, ayant pour thème : New-York. De « Liberty », symbole du rêve américain, à « The America » (reproduction ci-contre), Sébastien Mehal propose quatre approches à l’esthétique minimaliste de « Big Apple ». Avec des mots sur la toile, ou bien un fragment de la Statue de la Liberté sur un fond monochrome, l’artiste évoque tour à tour l’American dream, l’industrialisation, l’urbanisme et la société de consommation. • Exposition Sébastien Mehal, Galerie Gildo Pastor, 7 rue du Gabian jusqu’au 3 janvier 2009

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Alain Giampaoli au Park Palace Les artistes en mouvement font bouger la Principauté. Après les sculptures « offertes » aux passants rue Caroline, l’association met en scène et en vue des oeuvres de quatre peintres dans le hall du Park Palace : Giampaoli, Mitchell, Di Rocco et Oponov. L’occasion de découvrir ou de retrouver ces artistes tout le mois de décembre. Alain Giampaoli (dont vous avez souvent apprécié les dessins d’actu dans notre journal) y expose une dizaine de tableaux Oniriques et Fantastiques sur toile et papier, à l’image de « casse tête », reproduit ci contre. • Des artistes en mouvement, en décembre, hall du Park Palace

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Mehal, Giampaoli, Tessarolo et Léa Donat

L’oeuvre joyeuse de Tessarolo et Léa Donat à Menton Prolongation de l’exposition du Musée des Beaux-Arts du Palais Carnolès de la ville de Menton, consacrée à l’oeuvre originale, colorée, joyeuse, de Tessarolo, Léa Donat et de la calligraphe japonaise Shiryu… Tessarolo prend conscience en 1973 de l’importance de la calligraphie japonaise : Une oeuvre nouvelle naissait orient-occident avec un Japon séduit par cette communion qui continuera crescendo jusqu’à la disparition de Shunso Machi en 1995. Dès 1999, l’ave n t ure reprend avec la rencontre de trois calligraphes japonais, dont la jeune Shiryu Ka t ayama. Léa Donat, dans l’espace photographique, bouscule les réserves, dessine étoiles et cercles, plats et poissons. Shiryu revient de son pinceau magicien en jaune strident, le calme dans une expression dansante et d’idéogrammes «avec le courant des étoiles» le peintre rejoint sa photo, installant des angelots déchaussés de leurs nuages dans une offrande de lapins, jusqu’alors propriété de prestidigitateurs! Léa Donat: «Tessarolo saisit l’animal et le végétal, les projette sur mes personnages. Tous ces artifices sont employés pour séduire et communiquer ce qui reste de vie d’enfance et de stigmates d’adulte ».


La Principauté

le Sport

Décembre 2008

CHAMPIONNAT WRC • L’inséparable duo franco-monégasque à coiffé à Sapporo un cinquième couronne mondiale consécutive

Loeb-Elena 5 fois champions! Daniel : “Je suis très fier pour mon pays, car je représente les couleurs de la Principauté partout dans le monde...” PAR THIERRY BERTRAND

L

ʼinséparable duo franco-monégasque a coiffé, à Sapporo il y a un mois, une cinquième couronne mondiale consécutive, du jamais vu. Même si les Ford ont dominé lʼépreuve de lʼEmpire du Soleil Levant, la troisième place de lʼéquipage Citroën a largement suffi à leur permettre dʼentrer dans lʼhistoire des rallyes. Mais le mieux est de leur laisser la parole… Sébastien Loeb : « C'est une immense joie. Avec Daniel et l'ensemble des membres du team, nous nous étions fixés pour objectif d'obtenir un nouveau titre. C'est une grande satisfaction d'y être parvenus. Je voulais réel lement essayer de conclure au Japon afin de disputer le Wales Rally GB l'esprit libre. Cela nous a obligé à mener une course frustrante, longue, pas très amusante. Dans notre C4, on essayait de ne pas aborder le sujet, mais ce n'était pas facile. Cependant, la récom pense qui se profilait au fil des spéciales, était tellement belle que cela en valait la peine ! Je ne peux pas dire si ce titre est plus beau que les quatre autres. Le premier aura tou jours pour moi une saveur particulière…parce que c'était le premier. Je ne prétends pas que l'on s'habitue, mais les sensations ne sont pas les mêmes. Ce qui ne change pas, c'est le plaisir de partager cela avec l'ensemble de l'équipe, qui nous a constamment oeuvré pour nous fournir une voiture capable de viser la victoire. Ce titre est aussi le leur. Rendez-vous maintenant à Cardiff pour essayer de réussir le doublé. » (NDLR : Pilotes/Copilotes et Constructeurs) Daniel Elena : « Cela a été long… mais le résultat est tellement agréable. C'est notre cinquième titre et à chaque fois, le bonheur reste toujours aussi intense. Je ne regarde pas les statistiques. Je retiens surtout le plaisir que nous prenons dans la voiture, l'ambiance qu'il y a dans l'équipe et notre complicité avec Seb. Je dois préciser que je suis très fier pour mon pays, car je représente les couleurs de la Principauté tout au long de lʼannée partout dans le monde… Peutêtre, un jour, y aura-t-il une place Daniel Elena à Monaco ! » Daniel, humble comme à lʼaccoutumé, se refuse à mettre les chiffres en avant, nous allons le faire pour lui… Après dix ans de collaboration et leur première victoire au volant dʼune Citroën Xsara WRC en Allemagne en 2002, Sébastien et lui détiennent quasiment tous les records en Championnat du Monde des Rallyes : • 5 titres de Champions du Monde (2004, 2005, 2006, 2007 et 2008), • 46 victoires en WRC (toutes sur Citroën), • 11 victoires dans la même saison (2008)

Photos © Citroën presse

■ Constructeurs 1. CITROËN TOTAL WRT 191 pts 2. BP FORD ABU DHABI WRT 173 pts 3. SUBARU WRT 98 pts 4. STOBART M-SPORT FORD 67 pts 5. SUZUKI WRT 34 pts 6. MUNCHI’S FORD 22 pts

LASITUATION

• 6 victoires consécutives (2005), • 12 podiums consécutifs (entre 2005 et 2006), • Record de victoires (8 en Allemagne, 4 en Corse et 5 au Monte-Carlo), • Loeb est le seul pilote non-nordique à avoir remporté la Suède, • 17 épreuves différentes remportées, etc. Un palmarès qui risque de demeurer longtemps inviolé ! Sébastien Loeb n'avait jamais gagné en Grande Bretagne. Il a arraché la victoire à Jari-Matti Latvala (Ford) dans l'ultime spéciale galloise, le dimanche 7 décembre. Premier Français vainqueur outre-Manche, il offre sur un plateau le titre mondial Constructeurs à Citroën. Avec cette victoire dans le Wales Rally, Sébastien Loeb pulvérise un autre record: 11 victoires dans une saison.

Un RMC 2009 en version IRC Photos © Archive ACM

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Elena et Loeb au Rallye du Var… pour le plaisir ! Les deux quintuples Champions du Monde des Rallyes étaient au départ de l’ultime manche du Championnat de France à Sainte Maxime. Le pilote, au volant d’une Citroën C2 S1600, copiloté par sa femme, Séverine, termine sur le podium à la troisième place. ‘Notre’ Daniel, associé à Olivier Campana, conclue cette difficile épreuve à la 43ème place avec sa Citroën C2 R2, troisième de sa classe !

Classement final WRC 2008 ■ Pilotes 1. Sébastien Loeb (Citroën) 122 pts 2. Mikko Hirvonen (Ford) 103 pts 3. Daniel Sordo (Citroën) 65 pts 4. Jarri-Mati Latvala (Ford) 58 pts 5. Chris Atkinson (Subaru) 50 pts …

MONTE-CARLO • L’année prochaine l’épreuve monégasque ne comptera pas pour le championnat WRC

Photos © D R

7ème du nom, le Rallye Monte Carlo 2009 ne comptera pas pour le championnat du monde WRC, mais pour le championnat IRC (voir encadré calendrier). C'est une première. Qui a permis aux organisateurs un peu plus de liberté dans le tracé de l'épreuve, avec notamment le retour de la "nuit du Turini", qui a fait les plus belles heures de gloire du "Monte". Du 20 au 24 janvier, les amoureux des rallies retrouveront aussi les spéciales mythique de l'épreuve monégasque. Le plateau devrait être de grande qualité. Mais en ce début décembre, les seules certitudes concernent Nicolas Vouilloz et Freddy Loix, engagés sur les Peugeot du team Kronos Racing. Daniel Elena, qui a pris le volant d'une C2 au Var (voir en bas), sera-t-il au départ? Même question concernant Gilles Panizzi, qui souhaite "laisser la place aux jeunes" (voir interview à droite). Enfin le quintuple champion du monde, Sebastien Loeb, ne devrait pas participer au "Monte" version IRC.

LASITUATION

Calendrier IRC 2009 21-24 janvier : Rallye de Monte-Carlo (Monaco) 5-7 mars : Rally Internacional de Curitiba (Brésil) 3-4 avril : Safari Rally (Kenya) * 7-9 mai : Sata Rally Açores (Portugal) 18-20 juin : Ypres Westhoek Rally (Belgique) 9-11 juillet : Rally Russia (Russia) 30 juillet-1er août : Rali Vinho Madeira (Madeira) 21-23 août : Barum rally Zlin (République Tchèque) 10-12 septembre : Rally Principe de Asturias (Espagne) 24-26 septembre : Rally Sanremo (Italie) 22-24 octobre : Rally Japan (Japon) ** 19-21 novembre : RAC MSA Rally of Scotland (Royaume-Uni) * A confirmer ** Date à confirmer

Panizzi : “Espace aux jeunes” La Principauté : Vous avez effectué des essais pour Skoda, au volant de la nouvelle S2000, quelles sont vos sentiments ? Gilles Panizzi : Cette voiture a un très gros potentiel et la séance d’essais a permis aux ingénieurs de récolter des données qui vont leur permettre de la faire évoluer. LP : Vos contacts avec l’équipe Skoda vont t’il rebondir sur une participation au Monte-Carlo au volant d’une Fabia S2000 ? GP : Absolument pas ! Je n’ai procédé, pour eux, qu’à une séance d’essais. Il est certain que s’il y a une course à faire dans l’année, c’est le Monte-Carlo, les autres ne sont que des rallyes de deuxième zone…Cela fait deux ans que je n’ai pas couru, je préfère laisser la place à de jeunes pilotes. J’ai d’autres objectifs et je ne veux pas prendre la place de jeunes pilotes… Il y a un moment où il faut savoir tourner la page, sans pour autant délaisser la discipline… Mais à un autre niveau ! Probablement en s’occupant de jeunes pilotes… (T.B.)

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