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La Principauté Le premier journal d’actualité de Monaco

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Novembre 2009

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Dossier Spécial

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NUISANCES SONORES: L’AUTRE POLLUTION

La Tour

de Babel

Comment Comment le le chantier chantier de de la la relance relance est-il est-il devenu devenu l’objet l’objet d’incompréhension d’incompréhensionentre entreGouvernement GouvernementPrincier Princieret etConseil Conseil National National jusqu’à jusqu’à menacer menacer le le vote vote du du budget budget rectificatif rectificatif ?? ☞ LE CONSEIL NATIONAL VOTE  UNE RESOLUTION POUR LES BONNES PRATIQUES SUR LES DESAFFECTATIONS • PAGE 7


2 La Principauté Dossier Spécial

Novembre 2009

Dossier Spécial Nuisances sonores : l’autre pollution

Nuisances sonores : l’autre pollution

ENVIRONNEMENT • Les émissions sonores excessives sont elles aussi une forme de pollution dangereuse p

Nuisances sonores : l’autre pollution

Bruit et pollution sono

Il n’y aura pas de reprise économique sans chantiers et sans activité, mais il n’est pas a PAR PATRICE ZEHR

L’EDITORIAL

DOSSIER

Face à une “Tour de Babel” on a du mal à s’entendre...

our l’instant, le P seul bruit entendu l’a été dans l’enceinte

du Conseil National lors des séances publiques sur le budget rectificatif. Le grand chantier de la tour Odéon, avant même de démarrer, a déjà provoqué des polémiques virulentes entre Gouvernement et Conseil National. C’est une évidence que ce dossier est d’une importance fondamentale pour la relance d’un secteur immobilier qui, plus que d’autres en Principauté, a souffert des conséquences de la crise économique, plus encore après la mise à l’écart du projet d’extension en mer. Mais il est vrai aussi que ce dossier a été mal géré par le Gouvernement Princier depuis le début. Fin 2008 : le Conseil National est appelé à voter de toute urgence une loi de désaffectation de terrains publics pour réaliser l’opération dite « Odéon », sans avoir le temps d’examiner à fond le dossier. Convaincu par le Gouvernement qui présente ce projet dans des termes favorables pour l’Etat, le Parlement – en faisant confiance à l’exécutif - vote cette loi. Dix mois plus tard, en octobre dernier, lors de l’ouverture des séances publiques sur le budget rectificatif, ces termes apparaissent ne pas correspondre à ceux-ci précédemment votés. Que s'est-il passé ? Réponse, le jour suivant par le Ministre d’Etat : rien de grave (!) - Le promoteur a essayé de nous tromper en jouant sur les mètres carrés effectivement exploitables - Pas grave : (comme si de rien n’était) on a signé un nouveau contrat qui engage près de 500 millions d’euros d’argent public, sans la consultation préalable, pourtant obligatoire, de la Commission de Placements des Fonds, où siègent des Conseillers Nationaux, et qui, selon le Ministre, rétablit la situation antérieure et assure (même !) « une petite sorte » d'indemnisation. La question est réglée, selon le Ministre d’Etat, et les Monégasques vont tous être satisfaits… L’indignation compréhensible de la totalité des conseillers (majorité et opposition comprise) arrive à son comble. Les noms d’oiseaux volent sur l’hémicycle. Après un débat très mouvementé, la majorité fait appel à son sens des responsabilités vis-à-vis de l’intérêt du Pays et des Monégasques et vote le budget rectificatif de toute justesse, ( volontairement avec une seule voix d’écart ), tout en rédigeant et approuvant une résolution sur les bonnes pratiques en matière de désaffectation, qui engage le Gouvernement à faire en sorte qu'une telle situation ne puisse pas se reproduire à l’avenir. Mais la partie est loin d’être terminée : on en reparlera en décembre, à l’occasion des discussions sur le budget primitif 2010. D’ici là, cette grande « tour de Babel », source d’incompréhensions présumées entre institutions, ne manquera pas de faire encore pas mal de bruit. Au moins, cette question a eu le mérite de souligner qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire en sorte que les relations qui devraient exister entre Parlement et Exécutif - selon ce que prévoit la Constitution- soient enfin respectées. Encore une fois, le refus d’un Parlement comme simple « chambre d’enregistrement » des décisions du Gouvernement, a été clairement et fortement réaffirmé. Mais il y a aussi un autre type de bruit qui inquiète depuis longtemps les Monégasques : la pollution sonore des chantiers (et non seulement celui de la future tour Odéon), des véhicules à moteur et des établissements de nuit. Dans un pays en première ligne pour la protection de l’environnement - malgré une concentration de population par mètre carré parmi les plus hautes de la planète - ce problème est souvent sous-estimé. A tort, car il s’agit d’une forme de pollution dangereuse pour la santé et qui menace tous les jours la tranquillité des riverains. Monaco, qui fait de la qualité de vie son atout principal, ne doit pas négliger cet aspect qui peut parfois sembler secondaire. Ce n’est pas seulement une question d’éducation, de comportement en société, comme d’aucuns pourrait le penser: mais un problème de santé publique. Il faut aller sans hésitation vers la tolérance zéro. Quand le bon sens ne suffit pas, il faut fixer des règles claires et contraignantes, et puis les imposer. Comme pour ce qui concerne les relations entre Parlement et exécutif, où là aussi il faudra que le Gouvernement fasse suivre d’actes les bonnes intentions… (R.V.)

L’EDITORIAL

«V

ous détestez le bruit des chantiers, mais rien ne serait pire que leur silence». Cette réflexion un peu amère et ironique dʼun entrepreneur face à la mobilisation actuelle du Gouvernement et du Parlement contre les nuisances sonores, nʼest pas dénuée de bon sens. On sait que quand le bâtiment va … tout va…et que quand une ville est en chantier, cʼest bon signe sur le plan économique, comme on le dirait à New York et à Shangai. Il est vrai que dans la constatation «Monaco est toujours en travaux», il y a du bon. Pas question de tout arrêter, ce qui nous conduirait, selon la formule imagée mais assez peu «culinairement correcte» du Ministre dʼEtat, à «manger des olives». Il est vrai comme le disait Hegel que « lʼoiseau de Minerve sʼimagine quʼil volerait mieux dans le vide », il se sent gêné par la résistance de lʼair, mais le problème cʼ est que dans le vide on ne vole pas. ■ Pas de chantiers sans bruit... Cʼest donc entendu - pas de reprise sans chantiers et pas de chantiers sans bruit. Mais comme trop cʼest trop, il ne faut pas confondre nuisance incompressible et acceptable, avec pollution sonore exagérée proche de lʼincivilité. Il nʼest pas acceptable de faire de petites économies sur la qualité de la vie des riverains. Le bruit excessif est une pollution, et les directives princières ne peuvent quʼinciter à la traiter comme toutes les autres. Le plus simple cʼest de faire appliquer les lois existantes. Cʼest ce qui a été décidé de longue date, mais pas vraiment appliqué. Il faut sans doute les encadrer avec des sanctions pour les pires sourds au bruit, ceux qui ne veulent pas entendre. Et si cela ne suffit pas, il faudrait durcir lʼarsenal législatif comme lʼa évoqué Brigitte Boccone-Pagés au nom de la majorité. Si le budget rectificatif a été largement pollué par le chantier de la tour Odéon, les pollutions sonores ont été évoquées également avec cette fois un consensus, au niveau des intentions en tout cas, entre Gouvernement et Conseil National, même si les élus ont constaté que les promesses des années précédentes, nʼont pas été suivies dʼactes concrets par le pouvoir exécutif. Cʼest lʼobjet de notre dossier avec deux entretienscelui du conseiller Tonelli en charge des travaux publics et celui dʼAnne Poyard Vatrican à la tête de la commission environnement et cadre de vie au Conseil national. Nous reproduisons également la tribune libre de Brigitte Boccone-Pagés, qui était son intervention choisie dans le cadre de la dernière émission parlementaire du centre de presse. ■ Une menace serieuse pour la santé Mais nous sommes allés également sur le terrain- à la rencontre des riverains des chantiers- une enquête révélatrice. Et puis comme il nʼy a pas que les chantiers, nous reproduisons ici un billet dʼhumeur très acide et excessif sans doute, mais qui illustre bien que le bruit est une incivilité ressentie comme une atteinte à la tranquillité et porteuse si on ne fait rien, si on est coupable de laxisme, dʼinsécurité. Ce dossier ne serait pas complet si on nʼy évoquait le contexte international. La lutte contre le bruit et les pollutions sonores ne concerne certes pas que Monaco. Cʼest un problème largement lié à lʼurbanisation et aux transports. Le bruit est la première source de plaintes et l'une des

premières sources de conflits, au travail, entre voi voisins, entre collectivités et usagers. Une grande partie de la population urbaine mondiale est confrontée à des nuisances sonores, et en particulier les riverains de routes, de voies ferrées, d'aéroports, de ports et de certaines usines ou zones d'activité et chantiers. Les voisins de discothèques, de carrefours fréquentés, etc. le sont aussi. Quand il dépasse le niveau de la simple nuisance et qu'il peut affecter l'acuité auditive, la santé, les écosystèmes, on parle de pollution

LE SONDAGE

Lʼavis des Monégasq

Le vaste programme des chantiers en perpétuels mouveme ge les riverains dans l’exaspération la plus totale. Les déc vaux publics du secteur du bâtiment nuisent de plus en p certains à leur santé. L’intensité du bruit, lié aux nécessité une concentration urbaine très dense, peut être ressentie Les nuisances sonores s’avèrent donc être un véritable envahissant leur environnement. Bien que les chantiers nécessaires au développement de la Principauté, les const quartiers, sont considérées comme les pires ennemis du des citoyens. Un lundi matin à neuf heures, dans le secteu travaux des entrepreneurs ont repris, matraquant l’atmo presseurs, de marteaux piqueurs, de dynamitage ou de br Trois riverains, abasourdis par la cadence infernale du bruit émettent leur avis, au-delà de la saturation.

■ JOELLE - 58 ANS - MONEGASQUE “C’est intenable, infernal ! Je ne comprends pa mentations appliquées sur tous les chantiers, n à la fréquence horaire. Dès 7 heures du mati sous l’effet de l’ampleur des chantiers et ce, jusq bissent à tel point que j’ai des migraines à répé sions familiales font elles aussi l’objet d’éclats d l’instant présent, où je dois hausser le ton pour une pétition au Gouvernement pour calmer le de parvenir à temporiser ce boucan, mais ai ren n’arrêtera certainement les engagements pris des travaux. Rega bennes chargées d’éboulements, il n’y a même pas de réceptac caillasses et celles-ci tombent sur la chaussée … Franchement, il d au niveau de la sécurité des passants car, ce qui m’exaspère le per les manœuvres des conducteurs de camions dont certains né soucier des piétons. Je n’en veux pas spécialement aux ouvriers convergence impressionnante du bruit, menée sous la pression chantier exécutent en simultané”.

SONDAGE -


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Nuisances sonores : l’autre pollution

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pour la santé et les directives princières ne peuvent qu’inciter à les traiter comme toutes les autres en les sanctionnant durement

ore : vers la tolérance zéro ?

acceptable de faire des petites économies sur la qualité de la vie en mettant en péril la santé des riverains Photos © DR

■ Que se passe-t-il en France ? En amont le maire peut agir via la maîtrise de lʼurbanisme en faisant en sorte de limiter les bruits de voisinage dans les Plans Locaux d ʼUrbanisme (PLU), ou par des permis de construire adaptés. Il dispose ensuite d'un pouvoir de police administrative lui permettant de traiter les réclamations justifiées, mais aussi dʼengager des actions de prévention, avec ou sans police étatisée sur la commune. « Il a le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique, telles que les rixes et disputes accompagnées dʼameutement dans les rues, le tumulte excité dans les lieux dʼassemblée publique, les attroupements, les bruits, les troubles de voisinage, les rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants et tous les actes de nature à compromettre

ques sur les nuisances des chantiers...

ents en Principauté, ploncibels incessants des traplus à leur moral et pour és de transformation dans e comme quasi invivable. fléau pour les résidents, s publics et privés soient tructions, de quartiers en respect de la tranquillité ur de l’ancienne gare, les osphère à coups de comrises roches hydrauliques. t difficilement modulable,

as qu’il n’y est pas de réglene serait-ce que par rapport n, notre appartement vibre qu’au soir. Les engins vrométitions. De plus, nos discusde voix anormaux. Comme à parler. J’ai eu envie de faire jeu des entrepreneurs, afin noncé dans la mesure où rien ardez … ces camions et leurs cle à l’arrière qui retient les devrait y avoir des contrôles plus, c’est de devoir anticiégocient les virages sans se s sur leur chantier, mais à la des tâches que les chefs de

■ MARCELLE - 66 ANS - MONEGASQUE “D’accord, c’est hyper crispant, mais la nature d’une ville n’est-elle pas aussi de subir des transformations de ce type. Avoir le martèlement des engins de tout ordre, pour ambiance au quotidien, est invivable pour nous autres. J’ai trouvé une solution pour les atténuer en achetant des boules Quiès. Mais c’est au détriment des appels téléphoniques ou de l’interphone que je n’entends plus sonner ! J’aurais aimé des murs antibruits ; des concertations ou des sondages effectués par le Comité consultatif pour la construction et les services de la Voirie ; une loi antibruit, enfin autant de résolutions prises en amont pour parer à ce désordre occasionné par les travaux publics. Il n’est jamais trop tard pour lutter contre les nuisances sonores, de veiller à ce que l’intensité des décibels soit respectée”. ■ JEAN - 79 ANS - RESIDANT A MONACO “Je suis aux premières loges, car mon appartement donne sur ce chan chantier impressionnant qui, certes, donnera naissance au lycée technique et collège de Monaco. Quelque part je suis stupéfait par ce remue ménage inouï et j’avoue avoir examiné l’art, si on peut dire, sur lequel repose la réalisation d’un chantier d’envergure. Il en est à un stade où l’esthétis l’esthétisme au niveau de l’architecture est loin d’avoir pris forme. Il me tarde que l’ouvrage avance, car les nuisances sonores ont atteint un seuil difficile difficilement supportable. Pour répondre à votre question, non la ville n’a pas pris le temps nécessaire de parer aux désagréments occasionnés par le bruit pour réellement protéger de ce fléau les habitations de proximité. Au quotidien, je m’organise donc en utilisant au maximum les doubles vitrages, en sortant le plus possible ou même en m’absentant, histoire d’échapper à cet étourdissement extérieur. J’en ai pris mon parti, même si en fait j’ai sans cesse à l’esprit que les normes Haute Qualité Environnementale ne sont pas respectées. Quelque part, je reproche au Gouvernement de ne pas s’être soucié d’une réglementation des travaux publics plus vigilante en matière de démolition et de construction de bâtiments. Souvent, j’aspire à la tranquillité sans égal que fut Monaco qui, apparemment, semblerait ne plus exister. Ou alors, plus tard, peut-être, au bénéfice évidemment des générations futures”.

SONDAGE - SONDAGE Par Sophie Hasson-Grimaldi

la tranquillité publique ». Le grenelle de l'environnement, pris en compte à Monaco, le cite dans les articles 11 (transport) et 36 (pollutions lumineuses et sonores) qui imposent une cartographie des points noirs du bruit, puis pour les points préoccupants une résorption dans les 5 à 7 ans. Lʼamendement sur le renversement de la charge de la preuve impose aux responsables des nouvelles infrastructures de prouver quʼils ne peuvent pas faire mieux en termes de nuisances sonores (à un coût raisonnable). Le Grenelle II précisera les détails de la loi, quʼil faudra donc étudier de très près. Ce sujet sʼimpose comme prioritaire et pas seulement en Principauté. Mais notre pays est, avec sa circulation et ses chantiers, une sorte de terre de mission pour le combat contre la pollution sonore.

DOSSIER

sonore. Les conséquences sur la santé, chez l'hom l'homme sont également variables et peuvent être plus ou moins graves : • Irritabilité ; • Insomnie ; • Dépression pouvant conduire au suicide ; • Problèmes d'audition allant jusqu'à la surdité passagère ou définitive. • Hypertension Dans le domaine de la santé environnementale le

bruit (hors milieu de travail) n'a que tardivement été pris en compte...

TRIBUNE LIBRE : BRIGITTE BOCCONE -PAGES AU NOM DE LA MAJORITE UPM

“Il faut une nouvelle loi” es dernières «C années les habitants de Monaco ont le

sentiment que la multiplication des chantiers de travaux publics a considérablement accru les nuisances sonores. Je ne peux quʼadhérer à lʼexaspération de nos concitoyens sur ce sujet, dʼautant que je partage avec eux le sentiment que la situation ne fait que sʼaggraver. Des dérogations aux horaires de début et de fin de chantier en semaine et pendant les week-ends sont accordées avec beaucoup trop de facilité, sans compter quʼelles sont régulièrement violées par les bénéficiaires, que les autorités compétentes refusent de sanctionner. Laissez moi vous donner un exemple particulièrement édifiant : la principale réglementation sur le bruit applicable à Monaco, notamment applicable aux chantiers de travaux publics, repose sur un arrêté municipal de 1931 qui vise, je cite, « les ouvriers, forgerons, taillandiers, tâcherons, menuisiers et tous autres artisans ou ouvriers ». Croyez vous quʼen 1931 on imaginait quʼon utiliserait un jour pour ces travaux des marteaux piqueurs, le dynamitage ou des brise roche hydraulique ! Lʼan dernier, après plusieurs années pendant lesquelles les élus de lʼUPM ont interpelé le Gouvernement à ce sujet, ce dernier nous avait, enfin, assuré quʼun certain nombre de mesures allaient être mises en place : Je citerai pêle-mêle les mesures qui avaient été annoncées en Séance Publique : - utilisation obligatoire dʼengins moins bruyants ; - mise en place de murs antibruit ; - prise de mesures sonores imposant un nondépassement du seuil de plus de 5 décibels par rapport au bruit ambiant ; - nécessité dʼarrêter les chantiers pendant des périodes sensibles ; - révision des méthodes de terrassement utilisant plutôt le micro-sillage, le micro-dynamitage plutôt que le brise-roche hydraulique, très bruyant ; Alors que la majorité avait enfin obtenu un engagement du Conseiller de Gouvernement pour lʼEquipement, sur le durcissement de la réglementation relative aux nuisances sonores des chantiers, cet engagement nʼa pas été respecté depuis, par son successeur. Il nous semble évident, que seule une réglementation contraignante permettra dʼaméliorer la situation, toute autre promesse relevant de la plus grande naïveté ou de la plus profonde mauvaise foi. Faute de résultat dʼici à la fin de lʼannée, la majorité déposera une proposition de loi en ce sens pour lʼimposer».


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Dossier Spécial Nuisances sonores : l’autre pollution

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Nuisances sonores : l’autre pollution

Dossier Spécial

INTERVIEW • Gilles Tonelli, Conseiller du Gouvernement pour l’Equipement, l’Environnement et l’Urbanisme

Nuisances sonores : l’autre pollution

“A l’étude un plan d’action pour combattre le bruit excessif” PAR PATRICE ZEHR

L

a pollution sonore cʼest bien sûr un dossier qui concerne directement, lʼéquipement, lʼenvironnement et lʼurbanisme. Le ministère des travaux et de la qualité de la vie, celui du développement urbain et des nuisances qui y sont liées. Nous avons donc interrogé le Conseiller du Gouvernement concerné au premier chef, Monsieur Gilles Tonelli avant de prendre le pouls des élus représentant les monégasques.

DOSSIER

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■ Personne ne se plaindra sur le plan de lʼéconomie de lʼintense activité de travaux et chantiers en Principauté. En revanche, au niveau de la qualité de la vie et des règles environnementales, les nuisances sonores semblent atteindre un niveau de plus en plus mal accepté par la population. Selon vous, faut-il aggraver la législation ou simplement la faire appliquer plus strictement ? Gilles Tonelli : “Le Gouvernement Princier est très sensible à la problématique du bruit en Principauté dont les origines peuvent être regroupées à lʼactivité des chantiers, à la circulation et au bruit de voisinage. Les textes qui réglementent les nuisances sonores, à la fois dans leurs niveaux dʼacceptation et dans des plages horaires, sont amenés à évoluer notamment au travers du Code de lʼEnvironnement en cours de finalisation. Ainsi, dans le livre consacré aux pollutions et nuisances, le chapitre sur les nuisances sonores rappelle quʼelles constituent lʼune des préoccupations les plus fréquemment exprimées par la population urbaine. A ce titre, il est intéressant de constater que le bruit constituerait la nuisance numéro un pour 55% des ménages en milieu urbain. De fait la réglementation doit conforter les critères de qualité de vie surtout dans une ville Etat comme Monaco où les attentes sont particulièrement élevées dans ce domaine. Cʼest la raison pour laquelle lʼarticle L.452-1, à lʼinstar des textes existants, pose une interdiction générale de tout bruit causé sans nécessité ou dû à un défaut de précaution pouvant troubler la tranquillité publique. Les niveaux dʼémissions sonores à ne pas dépasser devront notamment tenir compte du bruit ambiant et ne pas dépasser les normes établies. LʼEtat souhaite également faire évoluer lʼOrdonnance Souveraine n°3.647 du 9 septembre 1966 concernant lʼurbanisme, la construction et la voirie en intégrant la production par le pétitionnaire du « dossier de gestion environnementale » qui vise à limiter lʼimpact du projet sur le court et le long terme en sʼattachant prioritairement aux aspects : « chantier à faibles nuisances » et « maîtrise de lʼénergie dans les bâtiments ».

■ Quʼen est-il aujourdʼhui de la réglementation en vigueur ? GT : “Les Services de lʼEtat sont mobilisés quant à lʼapplication des règlements existants en matière de bruit. Ainsi, pour « le bruit de voisinage », lʼOrdonnance Souveraine n°10 885 du 12 mai 1993 fixe les conditions d'application de l'article 1er de la loi n°834 du 8 décembre 1967 en ce qui concerne les limites d'intensité des bruits de voisinage. Les valeurs admises varient selon la période dʼoccurrence (jour/nuit) et du temps dʼapparition. La Direction de lʼEnvironnement instruit les plaintes et procède ensuite à une mise en demeure ou bien joue le rôle de conciliateur. Ce Service travaille à la réalisation dʼune cartographie sonore de la Principauté initiée en 2004 et en cours de réactualisation. A lʼissue, il est envisagé de diffuser la cartographie. A terme, elle permettra de définir un plan dʼaction pour améliorer les conditions sonores en Principauté avec une meilleure prise en compte des zones sensibles et la protection des zones « calmes ». Pour les «bruits de chantiers », lʼOrdonnance Souveraine n° 4.620 du 29/12/1970 fixe les limites maximales d'intensité du bruit émis par les engins utilisés dans les chantiers de travaux publics ou privés. LʼArrêté Ministériel n°75-53 réglemente les périodes dʼexécution des travaux immobiliers et lʼapprovisionnement des chantiers. Le Service des Travaux Publics met en place des réseaux de surveillance des niveaux sonores des chantiers publics. Pour les chantiers privés cʼest la Direction de la Prospective, de lʼUrbanisme et de la Mobilité qui effectue des contrôles. Par ailleurs, dans la démarche Haute Qualité Environnementale, qui sʼapplique depuis deux

ans dans les réalisations publiques, des prescriptions en vue de limiter les nuisances sonores sont détaillées dans les cahiers des prescriptions environnementales”. ■ Le Gouvernement semble décidé à frapper au portemonnaie les promoteurs qui ne joueraient pas le jeu. Sontils sensibles à ce type de nuisance et disposés à dépenser plus pour gêner moins ? GT : “Je confirme que le Gouvernement a déjà entrepris – pour les chantiers publics – de sanctionner, le cas échéant, les dépassements par rapport aux normes imposées au démarrage du chantier lors des mesures de bruit effectuées par les capteurs maintenant obligatoirement posés en périphérie des chantiers de lʼEtat. Pour les chantiers privés, des contrôles réguliers sont effectués et, si dépassement il y a, les règlements sont bien entendu appliqués. Cela étant, il faut demander aux promoteurs sʼils sont sensibles à ces questions et sʼils sont disposés à dépenser plus. Pour nous, la question du bruit sur les chantiers est bien évidemment fonction de deux paramètres principaux : dʼune part, la phase de travaux dans laquelle se déroule lʼopération et, dʼautre part, les méthodes employées, les engins mis en œuvre dans chacune dʼelles. Il est certain que la phase la plus critique est la période des démolitions puis des terrassements et soutènements. Pour les démolitions, les modalités nouvelles, mises en œuvre par exemple pour les bâtiments domaniaux de la rue de la Colle, sont plutôt satisfaisants. Pour les terrassements, nous constatons une évolution des moyens mis en œuvre et notamment la multiplication des brise roche hydrauliques qui sont en grande partie responsables des nuisances ressenties par les riverains des chantiers. Nous avons ainsi été récemment amenés à limiter la durée dʼutilisation de ces engins sur un chantier privé. Au delà de ces actions immédiates, nous nous attachons à analyser les méthodes qui peuvent être préconisées et par la suite imposées pour parvenir à limiter lʼusage de ces engins sur les chantiers, sans bien entendu conduire à un dérapage des délais de réalisation, néfastes à la fois pour le promoteur comme pour les riverains”. ■ La lutte contre le bruit ne se limite pas aux travaux, il y a également le problème des incivilités mécaniques et nocturnes, là aussi, sʼoriente t-on vers plus de sévérité pour responsabiliser leurs auteurs ? GT : “La Direction de la Sûreté Publique, dans le cadre de sa mission de surveillance générale de la Principauté, peut être amenée à relever des nuisances sonores occasionnées par des professionnels (exploitants de commerce …) ou des parti-

Photo © CdP

culiers (troubles de voisinage). Elle utilise lʼarticle 421-4 du Code Pénal pour réprimer les tapages nocturnes et la Loi n° 834 du 28/12/1967 pour les tapages diurnes, que ces tapages soient domestiques ou professionnels. Pour les véhicules, le code de la route et lʼArrêté Ministériel relatif à la mesure du bruit produit par un véhicule automobile permettent dʼintervenir régulièrement. En cas de constatation dʼinfraction, et en fonction du cas dʼespèce (degré de la nuisance occasionnée, comportement du responsable du trouble…) les policiers relèvent lʼinfraction sur procès verbal ou peuvent se contenter dʼun simple avertissement. En cas de réitération des faits, lʼinfraction est systématiquement relevée et poursuivie devant les tribunaux. Des instructions ont été données aux services de police pour être très attentifs à ces questions qui ont un impact certain sur la qualité de vie des monégasques et des résidents”.

Le plan des chantiers en cours en Principauté


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INTERVIEW • Anne Poyard-Vatrican, Présidente de l’UP et de la Commission de l’Environnement et du Cadre de vie du Conseil National

“L’Etat doit imposer les normes aux chantiers publics et privés” PAR

A

■ A Monaco, on entend fréquemment dire « il y a toujours des travaux ». Cʼest plutôt bon signe, il ne faut pas sʼen plaindre sauf que… cela entraîne des nuisances sonores qui sont de plus en plus mal acceptées par la population. Anne Poyard-Vatrican : “Je comprends tout à fait la gêne de la population devant lʼaggravation des nuisances sonores de tous ordres et en particulier celles provenant des chantiers. Ce qui est très pénible à vivre pour les habitants, cʼest à la fois la multiplicité de ces chantiers, le niveau de décibels émis, les dépassements dʼhoraires, mais également le manque de considération et de communication envers les riverains, les premiers concernés. Pour vous donner un exemple, récemment dans un chantier dʼEtat rue de la Colle, les travaux se sont prolongés jusquʼau milieu de la nuit plusieurs jours de suite. Les riverains nʼont pas été informés, ni avant, ni après, mais comble de lʼironie, ils ont pourtant reçu un courrier administratif cette semaine là, mais il sʼagissait dʼun rappel concernant la réglementation en matière dʼantenne parabolique !!! Au sein de la Commission Environnement et Cadre de vie, nous oeuvrons pour quʼà lʼinverse, les habitants soient remis au centre des préoccupations. Nous réclamons depuis des années déjà que le Gouvernement, notamment sur les chantiers dont il a la maîtrise, impose aux entreprises la pose dʼécrans de protection anti-bruit autour des aires de travaux, lʼutilisation de matériels et dʼengins de chantiers moins bruyants, et les incite à privilégier la mise en oeuvre de procédés technologiques spécifiques réduisant les bruits et les nuisances. Mais nous demandons également que des mesures soient régulièrement effectuées pour vérifier la réalité de ce que subissent les riverains, que la réglementation en matière de délai et dʼhoraires soit scrupuleusement respectée, et enfin que les dérogations en semaine et le week-end ne soient plus données quʼau compte-goutte et soient surtout contrôlées. Par ailleurs nous avions demandé et obtenu que lʼEtat fasse procéder à ses frais, sur demande des riverains, à la pose systématique de double vitrage sur les fenêtres des immeubles situés à proximité des aires de travaux”. ■ Il y a cependant une législation. Est-elle suffisante, est-elle appliquée ou bien faut-il la renforcer ou la changer ? APV : “Quand on pense que la réglementation en vigueur date de 1931, il me semble quʼil est urgent de la faire évoluer.... Cet arrêté municipal visait les horaires de travail «des ouvriers, forgerons, taillandiers tâcherons menuisiers.... » !!! Nous ne construisons plus aujourdʼhui de la même façon quʼil y a 80 ans. Même si, depuis, une ordonnance de 1970 a tenté de réglementer le bruit des engins de chantiers, elle a déjà près de 40 ans, les engins de construction ont grandement changé et le nombre de chantiers augmenté. Il est urgent à la fois de moderniser la réglementation mais également et surtout de lʼappliquer et de sanctionner les contrevenants. Le précédent Conseiller de Gouvernement pour lʼEquipement, lʼEnvironnement et lʼUrbanisme lors des débats publics de décembre 2008 sʼétait engagé à ce que de nouvelles règles voient le jour au 1er semestre 2009. Cela ne semble pas avoir été une priorité de son successeur. Dommage ! Pour autant, nous continuerons de réclamer une évolution de la réglementation plus respectueuse des personnes et de leur cadre de vie. Cʼest une demande juste et légitime et finalement relativement simple à mettre en place sʼil existe une vraie volonté politique”.

■ Le Gouvernement sous lʼimpulsion de la majorité semble décidé à faire respecter la loi et à ne plus tolérer quʼelle ne soit pas appliquée. Il semble bien que la sanction notamment financière soit le seul moyen de faire respecter la règle du jeu à quelques promoteurs peu soucieux de ce type de nuisances ? APV : “Vous avez raison. Que ce soit lʼancienne ou une nouvelle réglementation, elle nʼa dʼintérêt que si elle est appliquée et les contrevenants sanctionnés, notamment financièrement. Cʼest dans ce sens que la majorité UPM a oeuvré lors du budget rectificatif pour quʼil nʼy ait plus de tolérance dans ce domaine. Le Ministre dʼEtat sʼest engagé à ce que les nouvelles dispositions sur le bruit soient présentées lors dʼun prochain comité consultatif pour la construction avant la fin de cette année, mais également, à ce quʼen cas dʼinfraction sur un chantier public, une pénalité pouvant aller jusquʼà 10% du marché soit appliquée. Il a aussi indiqué quʼil nʼhésiterait pas à interrompre les chantiers privés en cas dʼinfraction. Nous resterons vigilants pour lui rappeler son engagement le cas échéant. Pour que les choses évoluent, il est important de disposer dʼune réglementation à jour, mais il faut aussi que lʼEtat impose les normes HQE (haute qualité environnementale) pour tous les chantiers publics ou privés, car les normes HQE comportent un volet lié au bruit. Il faut aussi quʼune information soit faite auprès des services de lʼAdministration impliqués, auprès des entreprises et des promoteurs, pour que tous prennent conscience de la détermination des autorités à faire prévaloir et respecter les impératifs environnementaux”. ■ Il nʼy a pas que la nuisance sonore des chantiers, il y a aussi les incivilités des deux-roues, des grosses voitures et des sorties de boites de nuit pour ne citer que quelques exemples. La aussi il faut sʼorienter vers plus de sévérité ? APV :“Lutter contre le bruit cʼest lutter contre tout type de bruit. Nous avons beaucoup parlé des chantiers, mais il existe aussi vous avez raison des incivilités dʼautre nature. Les décibels émis notamment par les deux-roues et les voitures de grosse cylindrée doivent être contrôlés et sanctionnés pour imaginer diminuer les bruits parasites liés à la circulation. Ces bruits sont en effet une source parti-

Photo © CN

DOSSIER

nne Poyard Vatrican est une valeur reconnue et montante des élus de lʼUPM. Première femme présidant la formation la plus importante de la majorité parlementaire, lʼUnion pour la Principauté (lʼUP), elle est également à la tête de la nouvelle Commission de lʼEnvironnement et du Cadre de vie. Cette commission sʼest imposée après les élections de 2008, aussi bien pour tenir compte de lʼimpulsion du Prince Souverain, que des priorités énoncées par les Monégasques. Elle était donc tout naturellement désignée pour répondre à nos questions sur le bruit des chantiers et les nuisances sonores.

PIERRE-YVES REICHENECKER

culière de nuisance en soirée ou à certains horaires avancés de la nuit. Nous attendons du Gouvernement une attitude plus ferme et plus déterminée dans ce domaine également. Nous demandons que soit respecté le confort de vie, le droit au repos et au calme qui sont des aspirations légitimes de tout un chacun. Lutter contre les nuisances sonores cʼest lutter pour lʼamélioration de la qualité de la ville, pour une meilleure qualité de vie pour tous. Le silence est un luxe, sachons le respecter”.

La complainte d’un résident de la Place des Moulins

C

ʼest un quartier magnifique, le premier choc urbain pour le visiteur qui aborde la Principauté par Menton Roquebrune. De beaux immeubles encadrent un espace jardin harmonieux, avec vue sur mer et proximité des plages grâce aux ascenseurs publics. Mais cʼest aussi un concentré, un laboratoire de nuisances sonores et dʼincivilités bruyantes hélas. Il est même des jours, mais si, mais si, où toutes les pollutions ici dénoncées se conjuguent, pas souvent heureusement. Toute lʼannée scolaire, la Place des Moulins est une sorte dʼannexe sauvage de la cours de récréation de lʼétablissement scolaire voisin. Un défouloir sans contrôle où de pré-ados poursuivent en hurlant de très jeunes filles, alternant cris aigus à la Castafiore et gloussements permanents. A la longue ça use. On se contente du bruit, car il y aurait beaucoup à dire sur le comportement de la « génération écologie » au niveau des détritus de toutes sortes laissés sur place et notamment dans le passage souterrain. Puis il y a les deux roues, trafiqués souvent, qui pétaradent avec fierté autour de la place, de jour comme de nuit. Soyons juste, ils ne sont pas les seuls. La vulgarité provocante des uns nʼexclut pas la frime arrogante des autres. De grosses voitures luxueuses aux propriétaires fortunés, hésitent à payer le parking pourtant si bon marché la nuit, et se garent autour de la place, cʼest si pratique, pour rejoindre les établissements de nuits au bord de mer. On se motive bruyamment bien sûr et pour se mettre en condition, on transforme la « caisse » en une sorte de juke boxe pour rave party- un régal ! Mais rien nʼest comparable à la remontée des mêmes, mais éméchées cette fois, et plus parfois. Ils ne sʼentendent plus parler et hurlent la satisfaction de leur soirée et de leur « very importante person » en faisant claquer les portières, avant de faire vrombir les moteurs et de se payer une petite virée dont le but semble être exclusivement de concurrencer le volume sonore du Grand Prix. Ça réveille ! La nuit encore, surtout lʼété, certains bancs qui se sont imprudemment multipliés et abri-bus, attirent des groupes souvent extérieurs à Monaco qui sʼincrustent, attirés comme par des aimants et transforment la place en caisse de résonance de leur bruyante inactivité. On sʼen voudrait de ne pas évoquer lʼété encore, et la descente massive des voisins de proximité vers les plages monégasques. La remontée -souvent torse nu- par un boulevard annoncé comme « shopping center » ne se fait pas toujours dans le respect de la tranquillité des habitants, bien au contraire. On nʼest pas loin de la provocation, on y est même de temps en temps. Cela fait beaucoup pour une seule place… et cela illustre bien le sentiment que si à Monaco cʼest mieux quʼailleurs, il ne faut pas que ça se dégrade. Car lʼincivilité est la mère de lʼinsécurité. Les résidents aimeraient bien que sur cette place emblématique, proche de la France et voie naturelle vers le carré dʼor et la plage, soit installé un poste de police fixe… cela suffirait à rendre à la place son charme dʼAntan. Vous me direz que tout cela est excessif et bien grincheux… si cʼest vous qui le dites ! A se revede !


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La Principauté

Politique & Societé

Novembre 2009

LES SEANCES D’AUTOMNE • Malgré les polémiques déchaînées par le projet immobilier qui devrait marquer la relance économique

L’ombre de la tour Odéon PAR PATRICE ZEHR

Le budget rectificatif a manqué ne pas être voté. Il a été adopté à une seule voix de majorité. Il nʼest pas certain que le primitif le soit à la fin de lʼannée dans moins de deux mois, si, dʼici là, le Gouvernement nʼa pas pris des mesures concrètes pour rendre impossible une nouvelle «affaire Odéon». La tour a occulté un budget qui ne la concernait plus. On nʼest pas passé loin de la crise. La majorité parlementaire a invoqué lʼesprit de responsabilité pour ne pas sanctionner par un vote négatif sur le budget en général, un comportement impossible à justifier sur un cas particulier. Ce rectificatif, qui est une adéquation du primitif (budget de lʼannée) en cours dʼexercice pour tenir compte des réalités par rapport aux prévisions, nʼaurait pas dû poser de problèmes particuliers. Ne pas le voter aurait cependant conduit à lʼarrêt de travaux et chantiers importants pour les Monégasques, et à priver les services administratifs des crédits supplémentaires attendus, sans pour autant permettre de stopper le dossier qui fâche, celui de la tour Odéon. La tour a caché le budget comme lʼarbre cache la forêt. Elle a cependant permis de souligner que le Gouvernement, en puisant dans le Fond de Réserve, avait en fait à sa disponibilité un budget « bis » échappant au contrôle parlementaire, et si on y ajoute les manipulations comptables rendues possibles par les reports de crédit, on se trouve face à une réduction de fait des prérogatives institutionnelles du législatif. Tout cela a été listé avec volonté, semble-t-il commune, dʼy remédier. Un budget rugueux, des débats houleux qui ont fait reculer la confiance entre le Gouvernement et le Conseil National. Cʼest dʼautant plus regrettable que tout se présentait assez bien. Depuis lʼaffaire de la mauvaise communication sur la sortie de la liste grise, lʼexécutif prenant en compte les remarques parlementaires entérinées par une intervention Princière, avait

Alexandre Bordero élu Président de la Commission des Finances et de lʼEconomie Nationale du CN

L

es membres de la Photo © CN Commission des Finances et de l’Economie Nationale, réunis le lundi 5 octobre 2009, ont élu M. Alexandre Bordero, Président de la Commission et Rapporteur du projet de Budget Général Rectificatif de l’Etat pour l’exercice 2009. Membre de l’Union pour la Principauté (UP), Conseiller National depuis février 2003, M. Alexandre Bordero occupait depuis sa première élection, la fonction de Président de la Commission des Intérêts Sociaux et des Affaires Diverses du Conseil National. Il était déjà par ailleurs, membre de la Commission des Finances et de l’Economie Nationale depuis 7 ans. Vétérinaire de formation, il est actuellement Chef de la Division Sécurité Sanitaire et Alimentaire à la Direction de l’Action Sanitaire et Sociale. Il remplace à la tête de la Commission des Finances, Pierre Svara démissionnaire (voir La Principauté n°77, octobre 2009).

changé de comportement. Les élus sʼen sont félicités et en premier lieu le Président Valeri, dans une intervention dont nous donnons ici des extraits. Certains nuages sur la Principauté sont en train de sʼéloigner, sortie de la liste grise des paradis fiscaux, fin du suivi du conseil de lʼEurope, sortie progressive -même fragile- de la période de crise économique, beaucoup de motifs de satisfaction. ■ Et puis, hélas, la tour Odéon... Les Conseillers Nationaux ont rappelé les faits. Le 5 décembre 2008, le Gouvernement déposait devant lʼAssemblée, le projet de loi n°858, prononçant la désaffectation de quatre parcelles dépendant du domaine public de lʼEtat, à lʼavenue de lʼAnnonciade…… Après de longues et intenses semaines de discussion, le Conseil National avait obtenu un engagement écrit du Gouvernement, bien plus favorable aux intérêts de lʼEtat que le texte initial, envisageant les deux options suivantes : - option basse : moyennant un investissement de 68,3 millions dʼeuros, lʼEtat obtenait 19.000 m² de surfaces de logement permettant de réaliser environ 180 logements domaniaux. - option haute : moyennant un investissement de 268,3 millions dʼeuros, lʼEtat obtenait 27.400 m² de surfaces de logement permettant de réaliser environ 260 logements domaniaux. Quelle que soit lʼoption envisagée, le Gouvernement avait indiqué que ces achats seraient financés par le budget de lʼEtat, sur les exercices 2009 (rectificatif) et 2010 (primitif). Cʼest sur la base de ces engagements, que le Conseil National unanime a voté en faveur de la désaffectation des terrains de lʼOdéon, le 12 février 2009. Le 31 juillet 2009, sans que le Conseil National ait été préalablement consulté ou mis en mesure de présenter ses observations, le Gouvernement et les promoteurs ont signé un contrat qui a eu pour effet de modifier de façon substantielle les termes et conditions de lʼopération arrêtés depuis le vote de la loi de désaffectation. En effet, en contrepartie de lʼoctroi par lʼEtat dʼune avance de trésorerie de 31 millions dʼeuros, de la caution solidaire dʼun prêt bancaire de 200 millions dʼeuros et dʼune garantie financière dʼachèvement de lʼopération, lʼEtat, qui acceptait ainsi dʼassumer tous les risques de lʼopération, obtenait 29.250 m² de surface de logement, soit une superficie en mètres carrés supérieure à lʼoption haute de février, permettant de réaliser 177 appartements ventilés en 90 F2, 45 F3, 32 F4 et 10 F5, soit un nombre de logements inférieur à lʼoption basse de février. ■ Le compte est loin dʼêtre bon ! Pour les élus cʼest un marché de dupe, défavorable aux Monégasques et conclu hors procédures institutionelles. Le nouveau scénario est très éloigné de celui voté par le Parlement. Le Ministre dʼEtat sʼen est certes platement excusé, mais le mal était fait. Le Gouvernement justifie son comportement par lʼurgence et la nécessité. Les banquiers invoquant la

LA RESOLUTION DU

visant à l’adoption de bonnes pratiques en matiè

Les Conseillers Nationaux demandent au Gouvernem

- de mandater un auditeur indépendant et reconnu, a ments en possession du Conseil National et du Gouve que ressortant, d’une part, de la loi de désaffectation e le complément et, d’autre part, du contrat signé le 31 - de revenir, sur cette base, aux conditions de mètre résultant de « l’option haute » présentée au Conseil N du vote de la loi de désaffectation du 12 février 2009 - de fixer définitivement dans un texte législatif ou r devra à l’avenir servir dans la présentation de tous le tifs à des terrains ou immeubles propriété de l’Etat ; - de s’engager, pour l’avenir, à observer scrupuleusem les procédures de désaffectation afin de permettre a projets qui lui sont présentés et qu’il lui revient d’auto garantir que son accord ne sera pas dévoyé : 1. informer le Conseil National dès en amont, de tous ties privées pour la réalisation de toute opération supp propriété du domaine public de l’Etat ; 2. rendre le Conseil National destinataire, lors du dépô mation écrite complète, sincère et circonstanciée sur tion envisagée, les conditions projetées de cette désa bale dans laquelle elle s’inscrit ainsi que les contrepa de l’Etat ou de la Commune ; 3. fournir au Conseil National, dans un délai raisonna crée à l’examen du projet de loi, le détail précis et chi la valorisation de l’échange des droits à bâtir, au calcu financières à la désaffectation ; 4. annexer au projet de loi de désaffectation soumis a intégrante de cette loi, le schéma d’ensemble de l’opé tée, comprenant l’indication du montage juridique et f cement, ainsi que, lorsqu’il y a lieu, la localisation et échéant à l’Etat ; 5. ne signer aucun accord et n’engager aucun acte d National à la désaffectation au travers du vote de la lo 6. s’abstenir de modifier par tout acte ou accord ultér National a donné son accord à la désaffectation, si ce n modificatif destiné à autoriser ces modifications. Les Conseillers Nationaux regrettent profondément q unilatérale soient en totale contradiction avec l’esprit confiance. En l’absence de résultats tangibles d’ici le vote du Bu cette résolution, le Gouvernement assumera seul la re


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Politique & Societé

Novembre 2009

e de la Principauté, le Conseil National a démontré son sens des responsabilités en votant le budget... et une résolution pour l’avenir

n sur le budget rectificatif Photo © CN

crise, mettaient en péril la faisabilité financière de lʼimmense projet de 500 millions dʼeuros, et pour sauver le «chantier de la relance», le Gouvernement a dû parer au plus pressé. La formule nʼa pas été utilisée dans les débats, mais appliquée dans les faits : «nécessité fait loi», sauf que dans le cas présent «nécessité a contourné la loi». On ne peut donc que comprendre la fureur des élus. Ceux de lʼopposition, comme ceux de la majorité. Il aura fallu bien du talent pour convaincre les Conseillers Nationaux dʼun vote dʼavertissement, accompagné dʼune résolution sévère et éviter la tentation dʼuser du pouvoir de dire NON. Cela

nʼa pas été admis facilement par tous. Dans cette affaire, la majorité a perdu un élu. Christophe Spilliotis Saquet nʼa pas voulu voter le budget, jugeant le faux pas du Gouvernement comme inexcusable, et le vote positif de la majorité inacceptable. Il a donc démissionné du groupe parlementaire UPM, et se retrouve élu indépendant. Le président Valeri a du mettre toute sa force de conviction dans la balance pour que les débats débouchent sur un vote positif à minima, mais complètement maitrisé. Une démonstration de discipline et de modération. Mais on aura bien compris que cʼétait le dernier coup de semonce à blanc. Rendez vous au primitif.

LE DISCOURS

“Un blocage serait dangereux, inopérant et irresponsable au regard des Monégasques”

e Président du Conseil national a souligné les points positifs intervenus pour Monaco ces dernières semaines. Il s’est félicité L d’une nouvelle attitude du Gouvernement depuis la crise du G20,

CONSEIL NATIONAL

ère de désaffectation de terrains publics de l'Etat

ment :

afin de comparer sur la base de l’ensemble des docuernement, les conditions de l’opération Odéon telles et des écrits officiels du Gouvernement en constituant 1 juillet 2009 ; e carré habitable de logements domaniaux telles que National en février 2009 et agréées par ce dernier lors ; règlementaire la notion de mètre carré habitable qui es projets de loi de désaffectation ou d’échange rela-

ment un certain nombre de « bonnes pratiques » dans au Conseil National d’exprimer un avis éclairé sur les oriser en vertu de l’article 33 de la Constitution, et de

s pourparlers ou négociations engagés avec des parposant, pour sa réalisation, la désaffectation d’un bien

ôt de tout projet de loi de désaffectation, d’une inforr les motivations présidant au choix de la désaffectaaffectation, les bénéfices attendus de l’opération gloarties envisagées ou négociées au profit, selon le cas,

able précédant la tenue de toute Commission consaiffré des éléments ayant servi de base, selon le cas, à ul des dations ou à la détermination des contreparties

au Conseil National, afin qu’il soit voté comme partie ération dans laquelle s’inscrit la désaffectation sollicifinancier retenu, les sources et la ventilation du finant la ventilation précises des surfaces revenant le cas

de déclassement, avant l’accord donné par le Conseil oi ; rieur, les conditions sur la base desquelles le Conseil n’est en saisissant notre Assemblée d’un projet de loi

que les décisions du Gouvernement prises de manière t de nos Institutions, fondées sur la concertation et la

udget Primitif 2010 sur les demandes contenues dans esponsabilité d’un vote négatif de ce Budget.

Photo © CdE

plus conforme au respect du Parlement, sans pour autant minimiser le couac qui aurait pu être fatal de la tour Odéon. (…) “Nous sentons tous quelques signes très encourageants dans la marche de notre Principauté. En quelques jours, nous sortions de cette trop fameuse liste grise et presque en même temps de la salle d’observation du Conseil de l’Europe, qui a mis fin à son monitoring sur le fonctionnement de notre Pays”. (…) Je me réjouis, Monsieur le Ministre, de l’engagement que vous avez pris ce soir, en réponse à notre demande, d’amorcer un grand débat avec notre Assemblée pour définir des règles destinées à mieux encadrer l’utilisation du Fonds de Réserve Constitutionnel. (…) Il est important que ces règles soient désormais précisément définies et posées pour que, comme vous le souligniez Monsieur le Ministre, elles demeurent, après les hommes. J’accueille également avec satisfaction vos propos, qui se veulent rassurants, sur une mise en œuvre plus mesurée à l’avenir du report de crédits. Mais sur ce sujet, nous ne pouvons aujourd’hui nous contenter d’une nouvelle déclaration de bonne intention, fut-elle de bonne foi. Voilà deux ans que nous vous alertons, à chaque Budget Rectificatif, sur l’importance inquiétante que prennent les reports de crédits, qui, même si le terme ne vous plait pas, constitue bien un « budget bis » sur lequel le Gouvernement puise pour l’exécution des chantiers, et qui, une fois voté, échappe au contrôle de notre Assemblée. (…) C’est pourquoi nous attendons de vous que vous preniez formellement l’engagement de déposer, avant juin 2010, un projet de loi visant à plafonner les reports de crédits à un pourcentage maximal des dépenses d’équipement, de l’ordre de 10%, soit de 3% à 4% des dépenses totales par exemple. (…) Je reviendrai sur le dossier Odéon dont les étapes sont très fidèlement décrites dans le rapport de la Commission des Finances, pour souligner que le 31 juillet 2009, date de la signature du contrat avec les promoteurs, les membres de la Commission de Placement des Fonds n’avaient été consultés par écrit, que 48 heures auparvant,s’agissant de changements substantiels aux conditions présentées au Conseil National, lors du vote de la loi de désaffectation. C’est pourquoi par lettre du 31 juillet, les représentants de la majorité au sein de la Commission de Placement des Fonds, compte tenu de la sensibilité du sujet, avaient demandé l’organisation d’une réunion, avant de se prononcer sur ce dossier. Cette réunion devait finalement se tenir le 1er septembre, alors que le contrat avait déjà été signé”. La tentation de certains élus était alors forte d’utiliser le pouvoir de dire non. Pour autant, devonsnous tout rejeter en bloc, refuser de voter le Budget ?” s’est interrogé le Président du Parlement. (…) “La tentation est grande. Elle a été plusieurs fois évoquée dans cette enceinte. Il y aurait même quelque chose d’assez gourmand à défier les pesanteurs, à faire vibrer nos voix, pour utiliser ce fameux pouvoir de dire NON ! (…) Mais nous avons, et c’est notre priorité, une responsabilité en face de chaque Monégasque, en face de notre Principauté. (…) En dehors du fait d’être dangereux pour nos Institutions, ce blocage serait surtout inopérant, car le cas particulier de la Tour Odéon ne concerne pas le Budget de l’Etat. De plus, dangereuse et inopérante, cette position serait irresponsable au regard des nombreux chantiers qui suivent leur cours et qui seraient de facto bloqués avec leurs crédits, quand les Monégasques attendent impatiemment leur achèvement”. Une modération dictée par le sentiment de responsabilité, mais sans renoncer bien sûr aux points prioritaires évoqués dans ce rectificatif. Et en approuvant le vote de la résolution (reproduite ici dans encadré à gauche). (…) “Alors, Monsieur le Ministre, ensemble, donnons-nous les moyens de faire, et tenons nos engagements. (…) L’engagement ferme de logements pour les Monégasques, soit 700 appartements sur sept ans, dont 500 sur cette législature. (…) Engagement ferme pour les enfants du Pays, dont la présence dans notre communauté est une dimension essentielle de l’âme Monégasque, avec l’émergence de ce nouveau secteur intermédiaire qui leur est consacré, à l’intérieur d’engagements budgétaires contenus. (…) Engagement ferme sur la priorité nationale, pour mettre enfin en place cette commission d’aide à l’insertion professionnelle de nos jeunes, et pour le développement de conventions sur le modèle de celle de la Compagnie Monégasque de Banque, pour l’embauche de jeunes compatriotes au sein du secteur privé. (…) Engagement ferme pour que cette priorité soit mieux appliquée en particulier au-travers de décisions concrètes à la SBM. (…) Engagement ferme sur la Qualité de la vie à Monaco, avec des mesures réellement prises pour améliorer les conditions de circulation et de transport. (…) Engagement ferme, et non du bruit pour rien, à propos de la lutte contre les nuisances sonores avec non seulement une modification et une modernisation des règlements, que vous annonciez déjà pour l’année dernière, mais également avec les moyens et la volonté de les appliquer, dans tous les chantiers de travaux”.

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Novembre 2009

Entreprises & Travail

La Principauté

INTERVIEW EXCLUSIVE • Michel Dotta, nommé Président de la Chambre de Développement Economique de Monaco depuis le 13 juillet dernier

“Je continuerai sur la ligne tracée par mes prédécesseurs” PAR PIERRE-YVES

M

ichel Dotta est le nouveau Président de la Chambre de Développement Economique. Nommé le 13 juillet dernier, Michel Dotta est le troisième président de la CDE après Michel Pastor (1999/2006) et Franck Biancheri (2006/2009). De nationalité monégasque, Michel Dotta est agent immobilier depuis 1975, Membre du Conseil Fédéral de la Fédération Patronale Monégasque, Président de la Commission Urbanisme du Conseil Economique et Social, et Président de la Chambre Immobilière Monégasque. Près de quatre mois après son arrivée à la tête de cet important organisme de la vie économique monégasque, Michel Dotta fait le point pour La Principauté sur ce que seront ses objectifs pour développer encore et pérenniser la CDE, et il sʼinscrit dans la continuité de lʼaction de ses prédécesseurs.

■ La Principauté : Comment envisagez-vous votre présidence : continuité ou rupture avec vos prédécesseurs ? Michel Dotta : “La continuité, sans aucune hésitation. La Chambre de Développement Economique de Monaco (CDE) est un organisme jeune, 10 ans seulement cette année. En lʼespace de 10 ans, elle a réussi à se faire une place à part-entière dans le paysage économique monégasque. Elle a, peu à peu, enrichi lʼétendue de ses missions et sʼest professionnalisée, sans jamais se disperser. Sous la présidence de Michel Pastor, de solides bases ont été posées, et la CDE a rapidement été reconnue comme Lʼorganisme de promotion de lʼéconomie monégasque, également comme un soutien sans pareil aux entreprises de la place qui faisaient le choix dʼy adhérer. Dès son arrivée à la présidence, Franck Biancheri y a quant à lui ajouté une mission de recherche dʼinvestisseurs, tout en spécialisant les équipes dédiées aux différentes missions de la Chambre. Il a également mis lʼaccent sur le rôle de la CDE comme interface public/privé. La CDE est une boîte à outils à la disposition des entreprises monégasques et étrangères, elle doit conserver et développer ce positionnement, tout en sʼadaptant aux besoins du tissu économique qui évolue constamment. Jʼy suis très attaché.” ■ LP : Vous connaissez déjà bien la CDE. Sa structure et ses moyens sont-ils bien adaptés à sa mission ? MD : “La CDE est une association de droit privé, ce qui lui permet dʼêtre extrêmement réactive et flexible, éléments essentiels à lʼefficacité dʼun organisme de services aux entreprises. Par ailleurs, sa proximité, avec les entreprises dʼune part et le Gouvernement Princier dʼautre part, en font un relais naturel entre secteur privé et public, une spécificité de la CDE qui comporte de nombreux avantages pour toutes les parties prenantes (CDE et acteurs économiques publics & privés). Jʼajouterai également que la structure même de son comité directeur permet à la CDE dʼêtre tout à fait représentative de la communauté économique monégasque. (4 entreprises et 2 organismes professionnels élus par les adhérents eux-mêmes, ainsi que 6 membres nommés représentant la Fédération Patronale, lʼAMAF, lʼOrdre des Experts-comptables, la JCE et le

REICHENECKER Gouvernement Princier, siègent au Comité Directeur de la CDE). Pour ce qui est de ses moyens, ils ont évolué au fur et à mesure de son développement : en 10 ans, la CDE est notamment passée de 165 à 380 entreprises adhérentes, elle a considérablement étoffé son offre de services et de réseaux pour les entreprises, et a augmenté le nombre de ses actions. Cʼest donc en toute logique que son effectif est passé, en 10 ans, de 4 à 10 salariés permanents.”

■ LP : Lʼaction de la CDE à lʼinternational, cʼest plutôt « do it in Monaco » - faire venir des investisseurs – ou bien lʼaide au développement des entreprises monégasques à lʼétranger ? MD : “Il est essentiel que ces deux objectifs, tout à fait complémentaires dans le cadre de la mission de la CDE, soient menés de front. Il est évident que Monaco doit avoir une vision à longterme et sans cesse chercher de nouveaux investisseurs, tout comme il est primordial que la Principauté soutienne les entrepreneurs déjà implantés.” ■ Quels sont les axes prioritaires de développement que vous souhaitez mettre en œuvre pour la CDE ? MD : “Nʼétant président que depuis la mi-juillet, je dirais que mes premiers objectifs consistent à entrer dans les dossiers en-cours et à rencontrer toutes les forces vives de la CDE et de Monaco pour mieux cerner les attentes et les besoins de lʼensemble de notre communauté économique. Je me suis donné environ 3 mois avant dʼannoncer mes objectifs à moyen-terme. Bien sûr la crise économique qui nous a tous touchés aura un impact sur les actions de la CDE à moyen-terme, mais, quoiquʼil en soit, je le répète, il sʼagit tout dʼabord de poursuivre le travail de mes prédécesseurs, qui est toujours allé dans le bon sens. Il incombe à la CDE de proposer des services et des actions adaptés aux activités du plus grand nombre dʼentreprises, étant entendu que le membership de la CDE est constitué dʼentreprises de toutes tailles, représentant la quasi-totalité des sec-

teurs dʼactivités. Il incombe également à la CDE de prospecter à lʼétranger des investisseurs potentiels adaptés aux besoins de la Principauté.” ■ LP : Quels sont aujourdʼhui, malgré la crise, les atouts de la Principauté pour attirer de nouveaux investisseurs, de nouvelles entreprises à Monaco ? MD : “Le caractère cosmopolite de Monaco, avec plus de 140 nationalités représentées sur 2 km², est un facteur dʼattractivité. Dotée dʼune main dʼœuvre qualifiée et nombreuse, Monaco représente dʼailleurs un important bassin dʼemploi pour les régions voisines. Son économie est dynamique et diversifiée, avec tous les services à portée de main. La qualité de vie est un autre atout majeur pour les investisseurs, qui viennent avant tout rechercher la sécurité, la stabilité politique, une situation géographique privilégiée tant du point de vue du climat que de la proximité dʼun aéroport international ainsi quʼune fiscalité modérée... En sʼinstallant à Monaco, ils savent également que leurs enfants recevront une éducation de très bon niveau et que les services - notamment en matière de santé - sont extrêmement performants.”

Photo © S. Detaille

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10 La Principauté

l’Actualité l’

EVENEMENT • Du 24 au 28 novembre au Grimaldi Forum Monaco 9ème édition du Festival

“La comédie nous aide à être plus optimistes” PAR ROBERTO VOLPONI

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a 9e édition du Monte-Carlo Film Festival de la Comédie - qui aura lieu du mardi 24 au samedi 28 novembre 2009 dans le “quartier général” du Grimaldi Forum - après avoir eu depuis toujours le soutien de la Principauté et de S.A.S. le Prince Albert II, peut aujourd’hui compter sur l’encouragement du Président de la République Italienne, Giorgio Napolitano. ■ ”La comédie nous aide à voir le futur d’une manière plus positive” Lors de son intervention faite il y a quelques mois à l’occasion de la cérémonie de remise des prix du David de Donatello ou visiblement les films de comédies étaient absents par rapport aux autres années, le Président Napolitano a fait le constat suivant : “Dans une année de grande crise financière et économique la renaissance de la comédie au cinéma nous aide à sourire et à voir le futur d’une manière plus positive, et ce n’est pas rien”. Créé en 2001 par Ezio Greggio, acteur et célèbre présentateur de la télévision italienne et par Mario Monicelli, père de la comédie italienne, le MonteCarlo Film Festival s’articule autour d’un thème apprécié de tous : la comédie, justement. Au cours des éditions passées se sont retrouvés de grands représentants du 7e art : Annie Girardot, Omar Sharif, Bud Spencer, Gina Lollobrigida, Claudia Cardinale, Micheline Presle, Emmanuelle La Béart, Ornella Muti, Jean-Claude Brialy, Edité par Georges Lautner, Didier GLOBAL MEDIA ASSOCIATES Bourdon (Grand Prix en 2006 avec « Madame “ Le Beausoleil de Monaco” Irma »)… 6, bd de la Turbie 06240 Beausoleil

Principauté

Le premier journal d’actualité de Monaco

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Tél. : +33 09.50.79.90.84 Fax : +33 09.55.79.90.84 glomed.free.fr/laprincipaute.html email : glomed@free.fr Directeur de Publication Roberto Volponi Rédacteur en Chef Patrice Zehr Rédacteur en Chef Adjoint Pierre-Yves Reichenecker Avec la collaboration de Lisa Arquette Amanda Coutelle Sophie Hasson-Grimaldi Pacôme Hautrelles Isabella Lanciotti Pierre-Alain Martini Alessandro Paparella Alan Parker-Jones Photos Claudia Albuquerque Olivier Almondo Centre de Presse Projet graphique PDC Milano Promotion & Publicité Global Media Associates Service Publicité

Diffusion Monaco & Côte d’Azur SEC Cour Anc. Gare SNCF Impression Graficolor Regione Prati - Arma di Taggia (IM) Le tirage de ce numéro a été de 27.200 exemplaires

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■ 8 films internationaux en avant-première mondiale L’édition 2009 sera rythmée par les films d’ouverture et de clôture qui seront horscompétition et la projection de 8 films internationaux en compétition, tous présentés en avant-première. Parmi la sélection, la comédie franco-canadienne « Le bonheur de Pierre » de Robert Ménard en présence du grand acteur comique français Pierre Richard et de l’incontournable comédien canadien Rémy Girard. Cette année le Jury sera présidé par le réalisateur et acteur italien Christian De Sica (vainqueur de

deux « David di Donatello » - équivalent des César en Italie - pour « Liquirizia » et « Body Guards Guardie del corpo », il est le fils de Vittorio De Sica). Il sera accompagné entre autres des actrices françaises : Valérie Mairesse ; Delphine Chanéac (« Brice de Nice » de James Huth avec Jean Dujardin, et à l’affiche prochainement du film « Splice » de Vicenzo Natali avec Adrien Brody et Sarah Polley), de l’actrice russe Elena Bouryka (« The Torturer » de Lamberto Bava) de l’acteur italien Massimo Ghini (« CQ » de Roman Coppola). Un hommage sera rendu à Robert Hossein pour l’ensemble de sa carrière, le samedi 28 novembre au Grimaldi Forum de Monaco, lors de la cérémonie de clôture du Festival. ■ Plus de visibilité aux producteurs indépendants... “Notre Festival permet de donner plus de visibilité dans le marché de la distribution surtout aux produteurs indépendants” souligne Ezio Greggio, qui après avoir reçu le “Nastro d’Argento” du Syndicat des Journalistes Cinématographiques et le “Globe d’Or” de la Presse Etrangère en Italie pour son interprétation dans un premier rôle dramatique dans le film “Il papà di Giovanna” de Pupi Avati, travaille actuellement sur “Occhio a quei due” un nouveau projet pour la chaîne Italienne Médiaset”.

Novembre 2009

MONACO EN BREF

☞ Le jury du 11ème Concours International de Solistes de Jazz, placé sous le haut patronage de S.A.S. le Prince Albert II, présidé par M. Charles VAUDANO et composé de MM. Michel CROSSET, Lionel VAUDANO, Jean-Michel AUBLETTE et Ludovic TALLARICO, a sélectionné Mme Alexandra GRIMAL (saxophone) France, M. Gabor BOLLA (saxophone) Hongrie et M. Simon WYRSCH (clarinette) Suisse. Ils concourent pour obtenir l’un des 3 prix de 1.500 €, 1.000 € et 700 €.. Le vainqueur de cette finale sera invité à se pro produire en concert, en 2010, dans le cadre du Monte Carlo Jazz Festival. La Commission RAMOGE a créé le « Prix Alain VATRICAN », du nom de son premier Secrétaire Exécutif. Ce prix se décline en deux catégories selon l’âge des participants (catégorie 11-15 ans et catégo catégorie 21-26 ans) et a pour cible les collégiens et étu étudiants riverains de la zone de compétence de l’Accord RAMOGE (Région PACA, Ligurie et Monaco). Il s’agit d’un concours qui récompense une initiative, un pro projet ou une étude en lien avec la protection de l’environnement marin et la sensibilisation du grand public à ces questions. Pour la catégorie 1115 ans, les candidats devront présenter un travail portant sur le sujet suivant : « Identifie un geste de ton quotidien qui exerce un impact négatif sur l’environnement marin et littoral et propose une action écocitoyenne innovante pour y remédier ». Ce concours est ouvert du 1er septembre 2009 au 30 avril 2010. ☞ Studio de Monaco : « 8 femmes » à Berlin. La troupe du Studio de Monaco s’exporte, direction l’Allemagne début novembre pour deux représentations exceptionnelles de la pièce de Robert Thomas, « 8 femmes », dans une mise en scène de Bob Masson. Une pièce adaptée au cinéma, avec notamment Catherine Deneuve et Fanny Ardant. Le Studio se produira le 5 au Lycée Français Heinemann, et le 6 Novembre à l'Ambassade du Luxembourg, toujours à Berlin, où la troupe sera reçue par l’ambassadeur de Monaco en Allemagne, S.E Claude Giordan. ☞ Plus de 140 membres de l’Association Monaco-Italie se sont réunis le 17 octobre dernier à bord du Silver Whisper, navire de la prestigieuse flotte de la Silversea Cruises, lors d’un déjeudéjeu ner, au nom de la solidarité en faveur des sinistrés de la région des Abruzzes forteforte ment touchée en avril 2009 par un tremtrem blement de terre. Aux 35.000 euros récoltés à cette occasion il faudra ajouter la somme de 50.000 euros que le Gouvernement Princier, via la Direction de la Coopération International, compte verser pour réaliser le projet de construction d’un dispensaire dans la commune de San Gregorio, particulièrement touchée par le sinistre. ☞ RMC Italie lance sa web TV. C’est le dernier défi du groupe radiophonique privé, toujours à l’avantgarde du développement technologique et multimédia. La nouvelle Web TV est accessible depuis le site internet radiomontecarlo.net. Le programme comprend un flux continu de clips vidéo HD, avec en alternance des interviewes ou des représentations live d’artistes. Le groupe s’est doté de sa propre structure de production vidéo et graphique... et prépare déjà de nouvelles chaines thématiques non musicales. ☞ Essai de réaménagement de la Darse Sud du Port Hercule. Concernant les matériaux et lignes de mobiliers, le SDAU a choisi la simplicisimplici té afin de donner à l’ensemble un caractère pur, léger et sobre, tant pour les mobiliers délimitant les voies de circulation que les bancs, les corcor beilles et candélabres. L’assise des bancs, les bornes de voirie, les bandes structurantes et le bord de quai seront en pierre de comblanchien. Les bacs plantés, les corbeilles, les candélabres et les supports de l’assise des bancs seront en acier pré oxydé et figé dans son aspect par un traitement superficiel qui devrait présenter une bonne résistance à l’environnement marin. Pour ce qui est des végétaux, il est prévu d’implanter dans les bacs - des cubes d’1,5 m de côté et de 1 m de haut - des palmiers type Arecastrum d’environ 6 m, à raison d’un bac par bande structurante, soit 15 ensembles.



12 La Principauté

Art & Culture

Novembre 2009

CULTURE • La traditionelle soirée du palmarés de la Fondation Prince Pierre de Monaco

Pierre Mertens lauréat du Prix Littéraire 2009 “La Bourse de la Découverte” à David Thomas pour “ La Patience des Buffles sous la pluie”

c

PAR

AMANDA COUTELLE

’est l’écrivain belge Pierre Mertens qui s’est vu décerné le Prix Littéraire Prince Pierre de Monaco 2009 pour l’ensemble de son œuvre.

Photo © DR

La Fondation Prince Pierre de Monaco en présence S.A.R la Princesse Caroline de Monaco, a présenté lors d’une soirée à la Salle Garnier, les lauréats 2009 de ses prix : Littéraires, Art contemporain et Composition musicale. L’écrivain belge Entourant S.A.R la Princesse Caroline : à gauche, Pierre Mertens : Lauréat Pierre Mertens à reçu le du Prix Littéraire Prince Pierre de Monaco 2009 ; à droite : David Prix Littéraire, décerné à Thomas, lauréat de «La Bourse de la découverte». Découverte» a été décernée à David Thomas un écrivain pour l’ensemble de son œuvre. Pierre Mertens, membre de «L’Académie Royale pour son livre composé de 73 «instantanés» de langue et de littérature française de cocasses : «La Patience des Buffles sous la Belgique», élu le 11 février 1989, symbolise pluie» (Ed. Pascuito), le «Coup de cœur des parfaitement la vocation du «Prix Littéraire» Lycéens» est allé vers à un jeune écrivain : fondé par le Prince Pierre : distinguer un auteur Alma Brami pour un premier roman «Sans Elle» écrivant en français pour l’ensemble de son (Mercure de France). œuvre, l’oeuvre de Pierre Mertens (Prix Médicis 1987 pour «Les éblouissements») est celle ■ Prix International d’Art contemporain – d’une vie dédiée à la littérature. Une œuvre tra- Prix de Composition musicale… gique, caustique aussi, habitée par un combat Le Conseil Artistique a pour sa part proclamé contre toutes les formes d’oppression qu’elles le nom du lauréat 2009 du «Prix International soient celles de l’exil extérieur ou intime telles d'Art Contemporain» : Su-Mei Tse pour son les blessures de l’enfance… Le lauréat né le 9 œuvre «Some Airing» présentée à la Salle octobre 1939, grand lecteur dès l'école primai- Antoine 1er (jusqu’au 15 novembre). Le «Prix re entre en littérature, , lorsqu'il découvre à de composition musicale» a été attribué au l'âge de quinze ans, le journal de Kafka… compositeur et Chef d’orchestre britannique Harvey pour son œuvre Récompensant un jeune écrivain pour un pre- Jonathan mier ouvrage de fiction paru entre le 1er avril «Speakings», écrite pour orchestre électro2008 et le 31 mars 2009) la «Bourse de la nique… éprouvette français.

Lire et regarder...

par Amanda Coutelle

es romans imaginent une autre vie. Qu'est-ce «L qu'une autre vie sinon une autre intrigue ? Le large existe…» Fiction d’après l’autobiographie de

Frank Lloyd Wright, les lettres de Mamah Borthwick et des articles de l’époque, «Loving Frank» est l’histoire d’un amourqui se veut sans d’af entraves : en 1903 à Chicago… L’homme d’afcom faires Edwin Cheney et son épouse passent commande de leur nouvelle maison à l’enfant terrible l’architecture américaine, Frank Lloyd Wright. Six ans plus tard, la bonne société de Chicago est secouée par le plus grand scandale de ce début de amou siècle «Mamah», tombée passionnément amoureuse de l’architecte, quitte son époux et leurs deux enfants pour suivre le suivre en Europe, luimême abandonne sa femme Catherine et six enfants pour vivre cette pas passion, hantés par la culpabilité, défraient la chronique de l’Amérique dévote et pudibonde du XXème siècle naissant…Mais les tabloïds américains les plus sensationnalistes n’auraient jamais pu imaginer comment l’histoire de ce couple sulfureux allait exploser en 1914 après leur retour aux Etats-Unis. La violence du dénouement laissera pétrifiés, au-delà des deux familles déchirées, le monde des architectes, et des moralistes de bon ton… _______________________________________ «Loving Franck» Nancy Horan (Ed Buchet-Chastel) Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, SaintAndré : Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l'an II et la politique de la Terreur. Mais qui fut le commanditaire de cette oeuvre ? A quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ? Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d'évocation qu'on lui connaît, les personnages de cette «cène révolutionnaire», selon l'expression de Michelet qui, à son tour, devient ici l'un des protagonistes du drame. Sorti le 24 avril à 16.000 exemplaires, il a été réimprimé dix jours après, tiré à 150.000 exemplaires : «Onze» de Pierre Michon était en lice pour le «Grand Prix de l’Académie Française» de cette rentrée «Littéraire» qui avec lui a le mérite de mériter ce noble qualificatif aujourd’hui galvaudé ! ______________________________________________ «Les onze» Pierre Michon (Ed. Verdier) e la City au Paris mondain de la Belle Époque, D en passant par les palais vénitiens de la moitié du XIX siècle, un roman porté par une construcconstruc

tion éblouissante : Iain Pears, met en scène Lord Ravenscliff, né John Stone, célèbre industriel et marchand d'armes, qui tombe depuis la fenêtre de son bureau. Accident ? Meurtre ? Suicide ? Convoqué par la veuve de Stone, Elisabeth, de vingt-cinq ans sa cadette, le journaliste Braddock se voit chargé d'une étrange mission : retrouver l'enfant caché de Stone. Paris, 1890 : la comtesse couhongroise Elisabeth tient un des salons les plus cou rus de la capitale. Elisabeth a-t-elle jamais su toute la vérité sur son mari ? Lui a-t-il tout dit de ses jeunes années à Venise, quels secrets Stone a-t-il emportés avec lui dans sa chute ? Confident de rapcette courtisane pleine d'ambition, l'espion britannique Cort assiste au rap prochement d'Elisabeth et Stone : une tumultueuse histoire d'amour au coeur d'un monde régi par le pouvoir de l'argent... ______________________________________________ «La Chute de John Stone» Iain Pears (Ed. Belfond-Etranger) 'est au coeur du Faubourg Saint-Honoré C qu'est située la résidence de l'ambassadeur américain en France. Lieu d'exception, elle

accueille toute l'année des milliers d'hôtes, le premier d'entre eux, le Président des Etats-Unis, y a sa propre chambre. Chaque jour, sont servis des repas somptueux et organisées des fêtes parmi les plus élégantes de la capitale. Cette réputation d'excellence tient en grande partie au talent culinaire du chef Philippe Excoffier, qui officie dans les cuisines depuis presque dix ans, après avoir travaillé auprès de Guy Martin ou Alain Senderens. Les auteurs : Dorothy Walker Stapleton, épouse de l’ambassadeur américain en France de 2005 à 2009 mis en scène de nombreux dîners, mais pas seulement améri: engagée pour l'Hôpital américain, la cathédrale et la bibliothèque améri caines, elle a aussi initié des mécénats artistiques. Francis Hammond : photographe renommé dans le l'Art de vivre, travaille pour des revues comme «Elle Décor» ou «Martha Stewart Living» Philippe Excoffier conçoit des menus à la hauteur de ses invités et invente des plats alliant la grande tradition culinaire française à la cuisine américaine «plus décontractée» ______________________________________________ «A la Table de l’Ambassadeur» - Les recettes de la Résidence de l’Ambassadeur américain à Paris - (Ed. Flammarion /Beaux Livres)

EXPO • “Body and Soul” de la photographe K. Zibaut chez B Monte-Carlo

MENTON • Fréquentation en forte hausse par rapport à l’édition 2008

“... Je ne suis pas de marbre”

Franc succès des “Colloques” !

arine Zibaut, comédienne et auteur, se révèle aujourd'hui comme photographe avec l’expoK sition “Body and Soul”. Réalisée en numérique

Photo © DR

avec un objectif Sigma DC 18-200mm, chaque photographie est une fusion de deux images : un autoportrait de nu en noir et blanc fait à main levée et une prise de, vue couleur d'une matière qui va recréer l'être et imprimer l'émotion". «Je ne suis pas de marbre » est le sous titre de toutes ses images, expression qui, comme l'explique l'artiste, «est si souvent en nous, au fond, comme un message silencieux jamais délivré. Tout s'inscrit dans le corps. L'écho de l'autre, de la vie. Mon corps fondu dans la matière devient vibrant messager, une porte ouverte vers l'autre. Le corps protecteur, carapace, amortisseur, complice, camouflage, s'ouvre enfin et donne à voir l'intérieur, rame qui l’habite ». L’exposition “Body l’es and Soul” a été présenté à la galerie Aroa (Neuilly-sur-Seine, Sept. 2008), à l’espace Saint Germain (Paris, De./Janv. 2009), à la Résidence Bradipo Paris (MarsAoût 2009) et depuis le 15 octobre a fait halte à Monaco chez B Monte-Carlo (Gildo Pastor Center). Egalement comédienne et auteur, Karine Zibaut nous propose le fruit de ses créations photographiques dans un beau livre étrange et captivant. Chaque image est une fusion de deux photos: un autoportrait de nu en noir et blanc fait à main levée et un cliché en couleur d'une matière recréant l'être et imprimant l'émotion. Préfacé par l'auteur Lalie Walker, ce livre d'art est une immersion dans la série "Body and Soul". Disponible dans les plus belles librairies sur Paris et région parisienne ainsi qu'au Centre Pompidou et à la Maison Européenne de la photographie. A La Page ò Londres. Surprenant, habité. A découvrir. Diffusé par la FNAC (magasins et fnac.com). (R.V.)

our la onzième année consécutive, les Colloques de Menton ont permis au public P d’acquérir des outils de réflexion pour «pen-

Photo © MM

ser son temps » à travers leurs quatre volets : Science et conscience, La cité des hommes, Quelle philosophie pour notre temps ? Rencontres sur les origines : un dialogue institué par la ville de Menton en 1999 qui s’est imposé cette année plus encore l’an dernier comme «Le» grand rendez-vous culturel de la Côte d’Azur … La fréquentation l’édi globale des Colloques de l’édition 2009 a été, en effet, en forte hausse par rapport à l’édition 2008 (523 personnes en moyenne). Chaque conférence a cette année rassemblé en moyenne 698 personnes… - «L’Homme est-il l’aboutissement de l’évolution ?» : 708 personnes - «La bioéthique : enjeux et perspectives» : 552 personnes - «Quel monde après la crise ?» : 705 personnes - «Le bonheur ou la quête de soi» : Le Colloque de clôture du Samedi 24 octobre a vu 828 personnes se presser pour écouter le romancier et essayiste Pascal Bruckner que l’Express définit à juste titre comme «l'une des figures les plus attachantes de l'intelligentsia parisienne.», le philosophe Robert Misrahi, spécialiste de Spinoza, Professeur émérite de philosophie éthique à l'Université de Paris I (Sorbonne) (pour l’anecdote Robert Misrahi fut le professeur de Pascal Bruckner qui allait lui succéder au micro…) Puis ce fut Jean Salem, également philosophe et avec lui son grand complice Epicure…Directeur du Centre d’Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, Jean Salem clôturait magistralement les 11èmes Colloques «Penser notre temps» en déclinaisons passionnantes sur l’idée de ce bonheur auquel nous aspirons tous. Le bonheur ? Nos derniers «penseurs de notre temps» étaient à l’unisson : Il existe au XXème et XXIème siècle «un grand marché du bonheur» d’où souvent confusion entre bien-être matériel et bonheur, et surtout : le bonheur n’est pas dans l’au-delà, n’est pas après cette vie, mais ici : on ne vit pas deux fois ! (A.C.)


Novembre 2009

Art & Culture

La Principauté

EVENEMENT • Attendu en librarie pour le 5 novembre l’ouvrage du Conseiller chargé de la communication qui déchire tous les clichés

Ch. Stahl dévoile l’autre Prince Un livre qui marquera sans doute un pas important dans la bataille pour rétablir la bonne image de Monaco et de son Souverain PAR PATRICE

ZEHR

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’autre Prince. Voici l’ouvrage qui déchire les clichés de papier trop glacé, dissipe les rumeurs, éclaire d’un jour neuf la perception de la personne et de l’action du Souverain. Ainsi se dessine, à grands traits, la vérité toute crue d’un Prince moderne qui a réussi à installer en peu de temps Monaco sur le plan international. Au-delà de nos frontières, le récit campe la silhouette du Prince humaniste que l’on écoute avec attention dans toutes les places du monde où l’on se préoccupe du proche avenir de la planète. Ce livre n’a cependant rien d’un simple bilan des premières années de règne. Pour la première fois, en cent cinquante pages de confidences et de réflexions intimes, se découpe la personnalité d’un chef d’état, plein de cette attention qu’il porte aux autres, préférant quant à lui une certaine réserve. Le livre brise les silences du non-dit, ouvre les portes du Palais, et ne dissimule rien du quotidien du pouvoir. La Souverain ne se dérobe devant aucun sujet. Avec une spontanéité qui surprendra, il affiche et explique son attitude combative face aux réalités de notre temps, autant qu’il ne se montre pas dupe de l’empressement parfois ambigu de certains courtisans. Le navire Monaco tient bon la mer, comprend-on, même si d’inutiles intrigues politiques font perdre trop de temps aux mises en chantier engagées. On se souviendra alors de cette phrase du nouveau Souverain aux premiers jours de la succession : « la difficulté n’est pas tant de développer de nouvelles idées que d’échapper aux anciennes ». Pour conduire des entretiens à ce niveau, sortir du convenu sans crainte de déranger, il fallait une plume élégante et précise. Christina Stahl possède sans doute cette double qualité, jointe à son expérience des lieux de pouvoir. Quatre ans au service du Prince Albert II dans le domaine de la Communication ont permis à l’auteur un exercice clair et littéraire. On ne doute pas un instant de la confiance du Souverain, ainsi exprimée à sa Conseillère, très à l’aise dans le langage du bonheur autant qu’à ne pas mâcher ses mots. Loin des petites phrases assassines propres aux lieux de décision, il reste une traduction nouvelle de notre pays et, surtout, de celui qui en a la charge. Ce que résume cette réflexion aussi citoyenne qu’anonyme : « Le Prince ? Le connaître, c’est L’aimer … » Bernard Spindler

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e livre sera un acteur important de la bataille pour l’image de Monaco. Il fait parti de cette synergie de moyens d’information et de communication indispensables pour donner de La Principauté une image plus conforme à sa réalité et ses vérités. Un combat que notre journal a toujours jugé indispensable bien avant

qu’il devienne, pour le Gouvernement, prioritaire. Le livre reste sans doute le produit culturel le plus noble à l’impact le plus profond et durable, comme je peux en témoigner habitué de nombreux festivals qui lui sont consacrés. On ne peut donc que se féliciter du nouveau dynamisme éditorial de la branche enracinée des éditions

Photo © WSM/Colman

du Rocher, les biens nommées. Ses nouveaux dirigeants Marc et Sabine Larivé ont su dés le départ faire appel aux talents et compétences du pays, ce qui change agréablement de l’ordinaire. Le livre est ici présenté en quelques lignes qui disent tout et mieux que de longs articles par Bernard Spindler complètement impliqué dans cette aventure éditoriale aux côtés de son action dans le Club de la Presse et de ses propres travaux d’écrivain. Il était normal que le premier livre de cette «collection Monaco» soit consacré au Prince Souverain. Car l’image de Monaco c’est avant tout celle de son Prince à qui s’identifient les Monégasques mais aussi les enfants du pays et les résidents. Christiane Stahl a su révéler “l’autre Prince” grâce à la confiance que le Souverain porte à cette conseillère en communication de dimension internationale.. Bien sûr il y a une forte empathie dans ce livre, mais jamais de flagornerie. Il creuse plus profondément un sillon, celui du véritable Albert II. Il confirme que le Prince est un homme moderne, un humaniste et donc un Souverain engagé dans la cause de son temps dont dépend l’avenir des hommes, l’environnement et l’éthique. Son action est reconnue au plan international par de prestigieuses récompenses. Cette orientation irrite quelques Monégasques plus soucieux des problèmes domestiques que des défis internationaux. Mais c’est le Prince qui a raison bien sûr fidèle au génie d’une dynastie. Il veut gouverner comme il l’entend, il n’est pas son père. On peut respecter mais affirmer sa différence. Le livre n’écarte pas les dangers de toujours pour le Prince d’aujourd’hui , les manipulatrices séductrices à la chasse du célibataire le plus recherché de la planète et…… les courtisans. Il ne peut éviter tous les pièges mais il en est conscient. Sur le plan politique l’influence des courtisans serait donc faible, on en accepte l’augure. En revanche le passage court consacré au Président du Conseil National est élogieux - un vrai sens politique une ambition mais surtout un rôle d’aiguillon avec sa majorité, notamment sur les sujets sensibles de société. L’exemple de la loi sur l’avortement thérapeutique est édifiant. Le Prince malgré une résistance rugueuse dans un pays catholique, la valide mais refuse l’IVG, il peut compter sur la majorité parlementaire comme dans bien des sujets de ce genre. Une majorité qui n’a jamais réclamé un changement de régime ou une évolution vers un système parlementaire. Un débat récurent cependant qui irrite le Souverain et qui déclare sans appel «pas question de changer de système». Le Prince est sensible à la condition féminine. Il était proche de Sa mère et de Ses sœurs et Il a bien compris la difficulté de gérer une fascination médiatique, aussi valorisante que destructrice. D’où sa pudeur et son silence sur sa vie privée et ses projets personnels. Il n’y a pas de révélations donc dans ce livre ni de questions qui fâchent, c’est vrai. Mais son succès auprès d’éditeurs internationaux prouvent que si Monaco est caricaturé son Prince reste un inconnu malgré la presse people. Le mérite de cet ouvrage est de Lui permettre de dire qui il est et comment il veut assumer sa tâche : être Prince de Monaco, en restant lui-même dans le monde d’aujourd’hui.

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14 La Principauté

le Sport

La Principauté Sport

Octobre 2009

TECHNOLOGIES • Un “streamliner” fonctionnant à l’hydrogène surnommé “La Jamais Contente” en hommage à la première voiture à dépasser les 100 km/h

Le record du monde de Venturi A Bonneville (Utah) la “Buckeye Bullet 2” à propulsion électrique a été chronométrée à une vitesse de 487,67 km/h PAR

ALAN PARKER-JONES

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a Venturi "Buckeye Bullet 2" électrique surnommée "La Jamais Contente" en hommage à la première voiture à dépasser les 100 km/h en 1899, est devenue le premier "streamliner" fonctionnant à l'hydrogène à dépasser la vitesse des 487 km/h. Le 25 septembre, la Venturi Jamais Contente, pilotée par Roger Schroer (1), a été chronométrée à 487,67 km/h sur un kilomètre, et 487,43 km/h sur un mile (1609 m), vitesses moyennes enregistrées par l'USAC (United States Auto Club). Cette performance a été réalisée à Bonneville (Utah) sur le légendaire Lac Salé, théâtre de tous les plus fameux records de vitesse. Ces performances constituent des records mondiaux (2) dans la catégorie véhicule électrique. La Venturi Jamais Contente électrique (Buckeye Bullet II pour les américains) développe près de 750 chevaux et est équipée d'une pile à combustible (hydrogène). Elle a été développée en partenariat avec les étudiants de l'Université d'Etat de l'Ohio. Elle est alimentée par des réservoirs embarqués d'hydrogène et d'oxygène. Sa silhouette en forme de cigare géant nʼest pas sans rappeler celle de la Jamais Contente de 1899, même si cette dernière était plus ronde. La Venturi qui a battu ces records dans l'Utah porte le patronyme de Jamais Contente, en hommage à la première voiture à avoir dépassé les 100 km/h. C'était au 19ème siècle ! Le 29 avril 1899, la Jamais Contente, pilotée par lʼingénieur Belge Camille Jenatzy (3), atteignait la vitesse inouïe pour l'époque de 105,88 km/h, et il s'agissait d'une voiture électrique! Les ingénieurs qui ont développé « Buckeye Bullet », le véhicule électrique le plus rapide au monde, sont les mêmes que ceux qui ont converti les Citroën Berlingo actuellement testés par La Poste française. Venturi a l'intention de s'attaquer à d'autres records en 2010 et 2011. La marque va faire revivre la célèbre Croisière Jaune d'André Citroën. 80 ans après, elle va également relier Shanghai à Paris, mais cette fois avec un véhicule de série électrique qui sera officiellement présenté le 21 de ce mois.

Photos © Barry Hathaway

(1) : Lʼexpérimenté pilote américain Robert Schroer est devenu le 60ème pilote membre du « Bonneville 300 mph Club » en battant le record de vitesse dans la classe EIII avec la Venturi Buckeye Bullet (2) : Sous réserve de validation par la FIA. A partir du moment où le véhicule a traversé la ligne de départ, il dispose de 60 minutes pour la traversée en sens inverse. Cʼest ainsi que le record international est officiellement validé par la FIA*. Lʼéquipe ne dispose donc que de 45 minutes environ pour remettre en état le véhicule et recharger les batteries. La vitesse moyenne réalisée est calculée sur un aller et un retour. ette borne plantée à (3) : En 1909, il atteignit 200 km/h à Ostende à bord d'une Mercedes. Mort en la fin de la route, 1913 dʼun accident de chasse. marque l'entrée du Lac et

LE LIEU

La piste : plate, sèche et... rapide !

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La propulsion électrique Le principe consiste à obtenir une réaction entre l'hydrogène et l'oxygène stocké à bord créant de lʼélectricité. Ainsi, de 60 à 80 % de l'énergie provenant de la réaction chimique peut être transformée en électricité. Les seules émissions sont de lʼeau et de la chaleur. La pile à combustible chauffe au même titre qu'un moteur thermique et nécessite donc un système de refroidissement. Comme un système de refroidissement à radiateur créé trop de trainée à 500 km/h, un système de refroidissement à bain de glace à été développé. Enfin, 1 kg d'hydrogène sous une pression de 350 bars a été stocké dans le véhicule.

de la piste de Bonneville. Le sel s'étale à perte de vue, bordé uniquement par les montagnes. A 1200 mètres d'altitude, la température frise les 45 degrés à l‘ombre, l'humidité dépasse péniblement 20 %. La plaine salée de Bonneville qui s'étend sur 412km² dans le nordouest de l'Utah est issue de l'évaporation de l'ancien lac de Bonneville il y a 15 000 ans. Ce désert de sel est devenu la chasse gardée des recordmen de vitesse. Le sol est tellement horizontal qu'on dit que l'on peut y déceler à l'œil nu la courbure de la Terre...

Photo © CN


Novembre 2009

La Principauté

le Sport

CHAMPIONNAT WRC • Le duo franco-monégasque remporte en Grande Bretagne son 54ème succès et la couronne mondiale

Sixième titre pour Loeb-Elena ! PAR PIERRE-YVES REICHENECKER

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'Alsacien et le Monégasque n'en finissent plus d'étonner. Sur les routes du Pays de Galles, nos compères se sont encore une fois imposés. 54ème victoire dans un rallye de championnat du monde, et sixième couronne mondiale. Qui dit mieux ? Avec ces deux-là, Citroën peut désormais s'écrire "six...troën".

■ Le plus beau des titres ? Peut-être. Le plus disputé, le plus acharné, le plus incertain jusqu'à l'avant dernier chrono de la saison, surement ! Sébastien Loeb le reconnaissait après l'arrivée: "Ce nʼest jamais facile de comparer des titres entre eux, mais je pense que cʼest le plus beau au niveau de la bagarre sportive." Il faiut dire qu'au départ du Rallye de Grande-Bretagne, l 'équipage Citroën n'était que deuxième au classement du championnat, avec un point de retard sur Mikko Hirvonen (Ford). L'objectif était alors simple: il fallait finir l'épreuve devant le Finlandais, et si possibe en vainqueur. Mission accomplie, mais ce ne fut pas simple. Tout a basculé définitivement en faveur du clan français dans l'avant dernier chrono, quand Hirvonen perdait plus dʼune minute après sʼêtre arrêté pour refermer son capot ! Au terme de la course, 1 minute six secondes séparaient le Français du Finlandais ! La troisième place du rallye et du championnat revenait à l'Espagnol Dani Sordo sur l'autre C4 WRC d'usine. ■ Congratulations ! De retour à Cardiff, les congratulations entre les équipages et les membres de lʼéquipe étaient longues et particulièrement chaleureuses. «Il y avait beaucoup de pression jusquʼà lʼarrivée de ce rallye », déclarait Sébastien Loeb. « Nous avons connu un bon début de saison, puis rencontré quelques galères et nous avons réussi à nous remettre en

Photos © Citroën Presse

Classement final WRC

■ Pilotes

Photo © Citroën Presse

1. Sébastien Loeb (Citroën) 93 pts 2. Mikko Hirvonen (Ford) 92 pts 3. Daniel Sordo (Citroën) 64 pts 4. Jari-Matti Latvala (Ford) 41 pts 5. Henning Solberg (Ford) 35 pts ■ Constructeurs 1. CITROËN TOTAL 167 pts 2. BP FORD 140 pts 3. STOBART FORD 80 pts 4. CITROEN JUNIOR 47 pts 5. MUNCHI’S FORD 23pts

LA SITUATION

Dani Sordo était quant à lui heureux de sa troisième place finale : «Quand nous sommes revenus à 9/10e de Mikko avant la dernière spéciale, nous nous sommes dits quʼil fallait tenter et nous avons attaqué au maximum. Nous y avons cru, mais il conserve finalement lʼavantage. Je suis satisfait de ma troisième place finale au Championnat et dʼavoir contribué aux titres de Citroën. Cʼest une nouvelle très belle saison qui sʼachève». Le mot de la fin revient au directeur d'automobiles Citroën, Frédéric Banzet : «Le sport automobile est important, surtout quand on gagne… et cʼest ce que nous avons fait cette saison encore».

selle juste avant ce rallye. Finalement nous remportons le titre sur le fil, dans lʼavant-dernière spéciale. Mikko nʼa rien lâché et jʼai vraiment attaqué jusquʼau bout. Quand on peut gagner le titre à trois rallyes de la fin, la pression nʼest pas la même car on se dit quʼon a dʼautres chances dʼy arriver. Là, cʼétait le dernier rallye et il ne fallait pas se rater. Tout le monde attendait que nous gagnions, mais je peux vous dire que rien nʼétait fait jusquʼà lʼarrivée. Cʼest pour cela que ce titre est aussi émouvant pour nous.»

IRC • L’édition 2010 du Rallye de Monte-Carlo sera la plus télévisée de l’histoire avec 14 heures de direct sur Eurosport

RAMC : tous les chronos en direct ! L

LA SITUATION

e « Monte » 2010 sera le rallye le plus télévisé de lʼhistoire : 14 heures de direct sur Eurosport (1), avec tous les épreuves chronométrées en direct «live» (2). Un plan de couverture tv sans précédent, comprenant la mythique épreuve du Turini, de nuit. Les moyens mis en Douze épreuves sont programmées au calendrier 2010. place sont à la hauteur du challenge : des hélicoptères pour les vues La saison débutera le 20 janvier avec le «Monte» et aériennes, des cameras le long des chronos, et des caméras embars'achèvera le 6 novembre à Chypre. quées à bord des voitures en compétition ! Les téléspectateurs nʼauront jamais été si proches de lʼévénement. Cette seconde année de • 20-23 janvier : Rallye Monte Carlo, asphalte coopération entre Eurosport Events, promoteur de lʼIRC • 4-6 mars : Rallye de Curitiba (Brésil), terre (Intercontinental Rally Challenge) et lʼACM sʼannonce donc historique. • 19-21 mars : Rallye d'Argentine, terre Quoi de plus naturel finalement pour le Rallye Monte-Carlo, crée en • 4-6 juin : Rallye de Sardaigne, terre 1911, devenu au fil du temps, le rallye de référence et lʼune des plus • 24-26 juin : Rallye Ypres (Belgique), asphalte populaires épreuves sportives dans le monde. Eurosport et lʼACM ont • 15-17 juillet : Rallye des Açores (Portugal), asphalte présenté conjointement lʼévénement lors du récent Sportel en • 5-7 août : Rallye de Madère (Portugal), asphalte Principauté. • 27-29 août : Rallye de Barum (République tchèque) «Cʼest une première mondiale en rallye, un extraordinaire bonus pour asphalte tous les fans autour du monde » a déclaré Géraldine Filiol, directrice • 9-11 septembre : Rallye des Asturies (Espagne), asphalte générale dʼEurosport Event. «Nous sommes naturellement fiers dʼou• 23-25 septembre : Rallye Sanremo (Italie), asphalte/terre vrir la saison IRC 2010 avec de nouveau le Rallye Monte-Carlo. • 14-16 octobre : Rallye RAC d'Ecosse, terre Proposer les trois jours de la course en direct ouvre une nouvelle ère • 4-6 novembre : Rallye de Chypre, terre/asphalte en matière de couverture TV pour ce sport». De son côté, René Isoart, commissaire général de lʼACM a indiqué : «nous avons trouvé avec lʼIRC les ingrédients nécessaires pour retourner aux valeurs fondamentales du sport, et voir les amateurs se confronter, côte à côte, avec les pilotes professionnels, et cʼest cʼʼest est très imporimpor tant pour eux». «2010 est dʼores et déjà notre saison la plus ambitieuse» a conclu Géraldine Filiol, «non seulement parceque nous débuterons lʼannée avec le légendaire Rallye Monte-Carlo et 14 heures dʼaction en direct, mais aussi parceque nous renouvellerons cette opération lors de 4 autres rallies au long de la saison de course.» (P.Y.R.)

Le calendrier IRC 2010

(1) 70 pays pourront suivre le RAMC en direct sur Eurosport, Eurosport2, Eurosport Asia-Pacific… (2) Mercredi 20 janvier: 4 épreuves speciales LIVE; Jeudi 21 janvier, 6 épreuves speciales LIVE; Vendredi 22 janvier, épreuves speciales LIVE.

■ Et l'an prochain? On devait retrouver notre équipage favoris sur les routes du "world rally championship", une fois encore. Sebastien Loeb a semble-t-il tiré un trait, pour l'instant, sur une éventuel tentative en Formule 1. Ctroën offrira donc au dieu du volant, celui d'une DS, tout simplement ! La nouvelle DS de la firme aux chevrons sera sans doute la voiture à battre l'an prochain en WRC.

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