Flos Stories issue number eight - FR

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NumĂ©ro huit : Flowing – des choses, des lieux et des gens en mouvement. Philippe Malouin emporte Bilboquet en balade, Black Flag de Konstantin Grcic Ă  Berlin, Taccia Matte White, les coulisses de CĂ©ramique de Ronan Bouroullec et la cĂ©lĂ©bration de My Circuit de Michael Anastassiades dans une performance de six actes.

Dans l’est de Londres avec Philippe Malouin, Bilboquet et ses amis

Philippe Malouin dĂ©crit Bilboquet comme une lampe pour les millĂ©niaux et la gĂ©nĂ©ration Z, un instrument d'Ă©clairage flexible qui s'adapte Ă  l'approche multicouche de la maison propre Ă  sa gĂ©nĂ©ration (et Ă  celles qui suivront). Malouin a lui-mĂȘme testĂ© la lampe de table avec ses amis dans son studio dans l'est de Londres.

Une Ă©lĂ©gante sphĂšre magnĂ©tique qui relie la tĂȘte de la lampe au corps, permet de l'utiliser dans une multitude de configurations diffĂ©rentes. Nous l'avons suivi dans ses pĂ©rĂ©grinations urbaines alors qu'il se rendait Ă  vĂ©lo, la lampe Bilboquet dans son sac Ă  dos, pour la voir Ă  l'Ɠuvre chez ses amis crĂ©atifs. Avec Malouin, nous parlons de la flexibilitĂ© dans le design domestique, des communautĂ©s crĂ©atives et de la maniĂšre dont l'approche expĂ©rimentale qu'il a encouragĂ©e tout au long de sa carriĂšre a conduit Ă  la conception de Bilboquet.

Interview de Rosa Bertoli

Photographie de Pablo Di Prima

ROSA BERTOLI Bilboquet est une lampe imaginĂ©e pour bouger et s’adapter Ă  de nombreux styles de vie. Comment avez-vous trouvĂ© son concept ?

PHILIPPE MALOUIN Je voulais que la lampe fasse quelque chose en plus, parce que les gens ont moins de choses aujourd'hui, ils se dĂ©placent beaucoup, et nos besoins dans la maison changent, donc Bilboquet n'est pas statique. Je suis obsĂ©dĂ© par Achille Castiglioni, toutes ses lampes ont toujours fait quelque chose de plus : ma lampe prĂ©fĂ©rĂ©e et la premiĂšre lampe Flos que j'ai eue, c’est la Parentesi. J'ai toujours aimĂ© le fait que la Parentesi soit suspendue Ă  un cĂąble et que l’on puisse renvoyer la lumiĂšre sur un mur blanc ou sur le plafond, ou directement sur un objet. On crĂ©e ainsi trois ambiances lumineuses totalement diffĂ©rentes. C’est ce qui a toujours Ă©tĂ© le plus important pour moi. C'est pourquoi, lorsque j'ai crĂ©Ă© une petite lampe de table, j'ai voulu utiliser les Ă©lĂ©ments que j'admirais dans le travail de Castiglioni.

ROSA BERTOLI Comment l’utilisez-vous dans votre espace ?

PHILIPPE MALOUIN J’habite dans un lieu temporaire pour l’instant, et je viens juste de commencer Ă  utiliser Bilboquet ici. J’adore l’éclairage indirect, donc je l’oriente vers un mur ou vers le plafond. Mais elle fonctionne aussi en lampe de travail, et en Ă©clairage d’ambiance, deux fonctions diamĂ©tralement opposĂ©es. Il suffit de la faire pivoter pour obtenir un Ă©clairage design qui convient parfaitement, quoi que l’on fasse.

ROSA BERTOLI D’oĂč est venue l’idĂ©e du design de Bilboquet ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai commencĂ© par faire des expĂ©riences avec des roulements Ă  billes, pour comprendre notamment comment ils tournent autour du boitier. J’ai aussi expĂ©rimentĂ© les articulations parce que je m’intĂ©ressais au mouvement et Ă  la façon dont les choses bougent. Et puis j’ai trouvĂ© le mouvement de cette boule Ă  l’intĂ©rieur d’un tube trĂšs intrigant et satisfaisant. Mais il y avait toujours une petite marge d’erreur. Alors nous avons ajoutĂ© le magnĂ©tisme, c’est lĂ  que l’équipe de R&D de Flos a fait la diffĂ©rence et m’a aidĂ© Ă  amĂ©liorer l’objet grĂące Ă  l’aimant.

ROSA BERTOLI Le résultat final semble trÚs intuitif.

PHILIPPE MALOUIN Ma lampe n'est pas du tout technologique: elle a une ampoule, un interrupteur, on la tourne et c'est tout. Elle est si peu technologique que l'on peut se demander si elle a été conçue aujourd'hui ou il y a 40 ans. Et c'est exactement ce que je voulais, je voulais que tout soit super évident.

ROSA BERTOLI comment avez-vous abordé la conception d'éclairage dans le cadre de votre pratique créative ?

PHILIPPE MALOUIN A l’agence, nous avons toujours Ă©tĂ© des constructeurs, nous expĂ©rimentons toujours les matĂ©riaux de construction, les processus, et y compris la lumiĂšre. Il n’a jamais Ă©tĂ© question de conception d’éclairage. C’est juste que l’éclairage en faisait partie intĂ©grante. Et c’était une part naturelle de toute l’expĂ©rimentation, de la transformation des choses. Parfois, on dĂ©couvre des choses vrai-

ment intĂ©ressantes par accident : une grande partie de mon travail arrive par accident. Comme designer, je m’appuie sur des expĂ©riences. Parfois, c’est un visuel, parfois c’est juste une forme. Parfois c’est un processus ou une propriĂ©tĂ© mĂ©canique. Certaines de ces expĂ©riences sont ensuite interprĂ©tĂ©es sous la forme de produits fabriquĂ©s en sĂ©rie.

ROSA BERTOLI Comment cela s’est-il traduit dans Bilboquet ?

PHILIPPE MALOUIN L’idĂ©e initiale vient d’un travail que j’ai rĂ©alisĂ© pour Salon 94; des tables rondes gĂ©antes dont le plateau reposait sur des boules en mĂ©tal. Ça a Ă©tĂ© le point de dĂ©part, mais il a Ă©voluĂ© dans une direction complĂštement diffĂ©rente. Tout mon travail dĂ©coule de choses que j’ai faites, mais d’une maniĂšre totalement rĂ©interprĂ©tĂ©e.

ROSA BERTOLI Le fait d’ĂȘtre installĂ© Ă  Londres a jouĂ© un grand rĂŽle dans votre carriĂšre, et la ville forme la toile de fond de certaines histoires racontĂ©es dans ces pages. Comment avez-vous atterri ici ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Londres (aprĂšs mon diplĂŽme Ă  la Design Academy d’Eindhoven) car je venais d’obtenir un poste Ă  temps partiel pour Tom Dixon et j’ai pensĂ©, pourquoi pas. J’ai toujours pensĂ© qu’il Ă©tait plus important de commencer Ă  travailler pour quelqu’un d’autre plutĂŽt qu’essayer de faire mon propre truc, parce que je ne savais pas vraiment ce que je voulais ; j’avais besoin de dĂ©couvrir ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas.

ROSA BERTOLI Comment se sont passés ces premiers jours à Londres ?

PHILIPPE MALOUIN Lorsque je suis arrivĂ© Ă  Londres, j’avais trĂšs peu d’argent. J’ai eu beaucoup de chance de trouver un entrepĂŽt dĂ©labrĂ© pour 400 Livres par mois Ă  Stoke Newington, oĂč je pouvais Ă  la fois vivre et travailler. Mais il n’y avait rien, j’ai du tout construire. Ils dĂ©molissaient un bĂątiment de l’autre cĂŽtĂ© de la rue, et le soir, je rĂ©cupĂ©rais tout ce que je pouvais : un bac de douche, des carreaux, un Ă©vier, et je rapportais tout parce que je n’avais pas les moyens d’acheter quoi que ce soit pour amĂ©nager l’espace. Ensuite, j’ai construit tout l’intĂ©rieur qui a fait six pages dans un magazine. C’était vraiment cool, tous les meubles Ă©taient de la rĂ©cupĂ©ration.

ROSA BERTOLI Et à partir de là, comment avez-vous développé votre agence ?

PHILIPPE MALOUIN J’ai eu de la chance car dĂšs ma sortie de l’école, Rossana Orlandi m’a fait connaitre, ensuite j’ai eu deux pages dans le New York Times, donc les choses se sont enchainĂ©es assez vite. Mon premier travail a Ă©tĂ© pour Volkswagen, puis j’ai eu une galerie; ces projets m’ont aidĂ© Ă  me faire remarquer trĂšs tĂŽt. AprĂšs, j’ai fait ce que j’avais Ă  faire. C’était trĂšs bricolĂ© et DIY. Mais petit Ă  petit, j’ai Ă©tĂ© remarquĂ© par les design weeks et les galeries, j’ai participĂ© Ă  des expositions de groupe et j’ai fini par ĂȘtre approchĂ© par des marques, et tout s’est alors mis en route. Tout d’un coup, je me suis retrouvĂ© avec un groupe d’amis, une communautĂ© de soutien trĂšs importante, alors cela n’avait plus aucun sens de partir.

DANS SON STUDIO, HACKNEY, 8H

Un architecte et dĂ©corateur d’intĂ©rieur

originaire de Singapour, SACHA LEONG a travaillé avec Studioilse et Universal Design Studio avant de créer son agence, Nice Projects, en collaboration avec Simone McEwan.

‘J’ai rencontrĂ© Sacha au marchĂ© de Dover Street, il travaillait chez Casson Mann Ă  l’époque et j’étais en stage chez Tom Dixon; nous avons travaillĂ© dans le mĂȘme immeuble et nous sommes devenus amis. En tant qu’ architecte, il m’a vraiment aidĂ© Ă  comprendre ce que veulent les gens, ce que les clients souhaitent. Comme designer produit, je travaille souvent dans le vide, et il m’aide Ă  mettre le doigt sur ce que les gens attendent de mes crĂ©ations.’

VISITE À SACHA, BETHNAL GREEN, 10h. .

ROSA BERTOLI À quoi ressemble votre communautĂ© crĂ©ative Ă  Londres, et comment vous a-t-elle aidĂ© Ă  construire votre travail de designer ?

PHILIPPE MALOUIN A Londres, j’ai rencontrĂ© beaucoup de gens trĂšs rapidement, et j’ai collaborĂ© avec beaucoup d’entre eux, construire ma communautĂ© s’est fait naturellement. Sam Ashby et Sacha Leong ont Ă©tĂ© trĂšs importants pour moi pendant que j’habitais en ville, mais il y a aussi David Waddington de BistrothĂšque (l’adresse gastronomique de l’est de Londres) : il est Ă  la fois restaurateur et initiateur culturel, il comprend parfaitement ce que je fais, et il me donne aussi son avis sur mes projets d’espaces commerciaux.

ROSA BERTOLI Parlez-moi du rĂŽle que la collaboration a eu dans votre carriĂšre ? J’ai remarquĂ© que lorsque vous parlez de votre travail, vous utilisez souvent le “nous” Ă  la place du “je”


PHILIPPE MALOUIN En fait, j’ai dĂ©marrĂ© mon agence avec Will Yates Johnson et ensuite Eva Feldkamp est arrivĂ©e; tous les trois, nous avons dĂ©cidĂ© de faire tourner l’agence, nous avons rĂ©uni tous nos talents, comme un transformateur. Eva Ă©tait toujours une grande source de motivation pour mon agence, et avant qu’elle ne parte, Julian Komosa nous a rejoint ; il ne pouvait pas y avoir de plus grand “nous” que Julian et moi : c’est un designer talentueux envoyĂ© par le Ciel, un rayon de soleil. VoilĂ  pourquoi c’est “nous”, parce que ça a toujours Ă©tĂ© une collaboration. Et maintenant pour la premiĂšre fois, il n’y a que moi, parce que je ne fais que des meubles, pas de projets spĂ©ciaux. J’aimerais avoir une agence plus internationale, travailler depuis diffĂ©rents endroits en fonction de ce que je fais.

ROSA BERTOLI Créer Bilboquet avec Flos a aussi été un effort collaboratif pour vous. Quelles sont les choses les plus importantes que vous en avez retenues ?

PHILIPPE MALOUIN Je pense que ça m’a fait grandir un peu en tant que designer, mĂȘme si le projet est trĂšs ludique. Parce que lorsqu’on conçoit des meubles, quand on est jeune, ça peut ĂȘtre assez contemplatif. Au dĂ©but, on veut vraiment ĂȘtre remarquĂ©, alors on fait des choses folles. Mais aprĂšs, on ne comprend pas exactement comment les choses sont fabriquĂ©es, comment on doit les concevoir pour un public spĂ©cifique, tout ça vient avec l’ñge. Cette collaboration est le projet de design le plus industriel que j’ai rĂ©alisĂ©. Il a l’air si simple, mais il est si compliquĂ© et dĂ©taillĂ© Ă  tant de niveaux : c’est le projet le plus ambitieux que j’ai jamais rĂ©alisĂ©. L’équipe R&D de Flos m’a vraiment aidĂ© Ă  comprendre comment les choses fonctionnent ; avec Fabio Calvi, Paolo Brambilla, Francesco Rodriquez et Andrea Gregis, j’ai le sentiment que nous avons fait de la magie en collaboration.

SUR LA ROUTE DE HACKNEY, 11 h 51

L'artiste et cinéaste SAM ASHBY est surtout connu pour son travail de directeur artistique pour des affiches de films emblématiques, dont "Control" ; il est également le fondateur du magazine de cinéma Little Joe.

‘Sam est le premier graphiste d’affiches de cinĂ©ma, mais c'est aussi un artiste, un cinĂ©aste. Les Ă©lĂ©ments tels que le rythme, les proportions et la cadence d'un objet tridimensionnel peuvent aussi s’appliquer Ă  une forme graphique. Sam va me donner son avis sur tout, de la forme Ă  la couleur, en passant par le rythme et la composition.’

CHEZ SAM, HACKNEY, 11 h 55

ISSUE EIGHT: FLOWING

Dans ce numĂ©ro, rien n’est figĂ©. Ni la lampe de Philippe Malouin qui, comme il le dit, ‘fait beaucoup de choses’. Ni la Black Flag tĂ©lescopique de Konstantin Grcic, une idĂ©e unique de lampe murale Ă  la fois fonctionnelle et sculpturale, qui s’empare de l’espace. Ni la CĂ©ramique de Ronan Bouroullec, qui marque les dĂ©buts de Flos dans la cĂ©ramique et est un exemple de sĂ©rie dĂ©finie par des variations subtiles, oĂč la tradition rejoint le raffinement formel et la sensualitĂ©. Sans oublier la Taccia, l’une des merveilles d’Achille & Pier Giacomo Castiglioni qui a marquĂ© l’histoire de Flos et qui revient dans une version mate entiĂšrement blanche, qui rĂ©hausse le design original de 1962.

Les personnages de ces pages sont aussi en mouvement : nous suivons Malouin dans l’est de Londres, alors qu’il quitte son atelier Ă  bicyclette, la Bilboquet dans son sac Ă  dos, pour aller la tester et explorer son potentiel chez des amis. InspirĂ© par l’approche fonctionnelle d’Achille Castiglioni, la Bilboquet sert Ă  la fois d’élĂ©ment d’éclairage fonctionnel et de lampe d’ambiance, pour obtenir une lampe qui soit la plus judicieuse, quelle que soit l’activitĂ© que l’on fait.’

A Berlin, l’architecte allemand Sam Chermayeff ouvre les portes de Kufu 142, sa commune moderne, oĂč des crĂ©atifs partageant les mĂȘmes idĂ©es ont conçu, dessinĂ© et construit une nouvelle idĂ©e de la maison qui s’affranchit des frontiĂšres traditionnelles et inspire de nouveaux mo-

des de vie. Nous avons testĂ© Black Flag dans les espaces uniques de ce bĂątiment ; installĂ© dans trois appartements, il nous a permis d’explorer les vastes possibilitĂ©s du produit dans le cadre d’environnements domestiques. Le mouvement est Ă©galement au cƓur de Six Actes, une performance dirigĂ©e par le metteur en scĂšne Fabio Cherstich pour animer My Circuit, le systĂšme d’éclairage sinueux pour plafond de Michael Anastassiades. BasĂ© sur les principes de simplicitĂ©, d’équilibre, et de flexibilitĂ©, cette performance d'une semaine a investi les espaces du showroom Flos de Corso Monforte pendant le Fuorisalone 2023, offrant une pause bienvenue dans le rythme effrĂ©nĂ© de la ville. Les lampes et les personnes que nous avons immortalisĂ©es dans ces pages incarnent une approche contemporaine de la vie, des objets et de la lumiĂšre. Les conversations dans ce magazine rĂ©vĂšlent que pour rester pertinent, le design doit ĂȘtre dynamique. ‘C’est un Ă©lĂ©ment clĂ© de notre travail car nous sommes une sociĂ©tĂ© dynamique et nous continuons Ă  concevoir des objets pour rĂ©pondre Ă  des besoins changeants’ explique Grcic. ‘Les objets qui survivent s’adaptent Ă  ces dynamiques. Mais certains ne fonctionnent plus parce qu’ils ne se sont pas adaptĂ©s Ă  l’évolution des modes de vie. Cela nous donne l’occasion de combler ces vides et de trouver de nouvelles façons de concevoir les objets dont nous avons besoin, pour la vie que nous menons.’

STORIES 15
FLOS

Dans l’est de Londres avec Philippe Malouin, Bilboquet et ses amis ↓

90 Petits jeux lumineux by Sany 92 Questionnaire Guglielmo Poletti
Couverture
CONTENUS 50 Fabrication de CĂ©ramique ↑ 58 My Circuit en Six Actes ↑
94 Crédits 95 Nouveaux Produits 38
↑
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Chez Ronan Bouroullec avec CĂ©ramique ↓
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Black Flag by Konstantin Grcic au 142 KurfĂŒrstenstraße
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Taccia Matte White ↓ Bilboquet au quotidien ↓

BLACK FLAG BY KONSTANTIN GRCIC

Le KurfĂŒrstenstraße 142 de Berlin est un concept de vie en communautĂ© qui redĂ©finit l'idĂ©e de la maison pour le 21e siĂšcle. À l'intĂ©rieur, les espaces fusionnent, chaque unitĂ© Ă  double hauteur varie en taille et est interconnectĂ©e avec ses voisins. Dans cet Ă©cosystĂšme d'architecture domestique, nous testons les possibles applications de Black Flag, le dernier projet de Konstantin Grcic pour Flos. Un exercice sur la façon dont le minimalisme combinĂ© Ă  la technologie rĂ©invente la fonctionnalitĂ©, Black Flag est une lampe murale extensible qui offre une flexibilitĂ© d’éclairage grĂące Ă  un bras extensible en alu-

minium qui peut atteindre jusqu’à 3,5 mĂštres Ă  partir d’une structure murale du mĂȘme matĂ©riau. Lampe murale et piĂšce maitresse sculpturale, Black Flag incarne l’expertise de Grcic en matiĂšre de design industriel et dĂ©montre les possibilitĂ©s expĂ©rimentales de son approche, combinĂ©e Ă  l’expertise technique de Flos. Black Flag est un clin d’Ɠil au punk rock amĂ©ricain et son potentiel narratif dĂ©passe celui d’un produit traditionnel. Nous avons demandĂ© Ă  Grcic d’analyser la signification culturelle de la lampe et son concept.

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AU 142 KURFÜRSTENSTRASSE

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ROSA BERTOLI Pouvez-vous me raconter l’histoire de Black Flag ? D’oĂč est venue l’idĂ©e et comment l’avezvous mise en Ɠuvre ?

KONSTANTIN GRCIC Le projet a dĂ©marrĂ© par plusieurs propositions de design que j’ai prĂ©sentĂ©es Ă  Flos Ă  titre spĂ©culatif. Nous avons pris l’initiative de proposer plusieurs projets, dont une lampe murale Ă  trĂšs longue portĂ©e. L’idĂ©e initiale Ă©tait de la fabriquer dans un matĂ©riau trĂšs lĂ©ger et solide comme la fibre de carbone, pour avoir une bonne structure capable de supporter un long bras. Ensuite le projet a connu de nombreux rebondissements. Finalement, nous sommes arrivĂ©s Ă  Black Flag, qui a toujours une longue portĂ©e, mais aussi un mĂ©canisme; ce n’est pas un long bras qui couvre un rayon. Black Flag a trois bras pivotants, ce qui permet beaucoup plus d’ajustements que l’idĂ©e d’origine qui n’avait qu’un seul bras pivotant.

GrĂące Ă  Flos, nous avons transformĂ© l’idĂ©e initiale en un produit fonctionnel, fabriquĂ© Ă  partir d’extrusions d’aluminium et Ă©quipĂ© de beaucoup de technologie.

C’est l’avantage que nous avons tirĂ© de l’utilisation de ces profilĂ©s ; tout d’un coup, nous avons eu de la place pour la technologie.

ROSA BERTOLI Quels sont quelques-uns des exemples de ce que cette lampe peut faire ?

KONSTANTIN GRCIC Nous disposons d’un Ă©clairage vers le haut, d’un Ă©clairage vers le bas et de diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui peuvent ĂȘtre contrĂŽlĂ©s de maniĂšre assez sophistiquĂ©e, sĂ©parĂ©ment ou ensemble ; on peut faire varier la lumiĂšre, changer la tempĂ©rature. Des capteurs dĂ©tectent si l’on se trouve prĂšs de la lampe ou pas. C’est trĂšs technique, mais c’est devenu une trĂšs belle machine. Et j’aime les machines.

ROSA BERTOLI Est-ce que ce concept a Ă©tĂ© influencĂ© par l’un de vos prĂ©cĂ©dents travaux ?

KONSTANTIN GRCIC Pour Black Flag, nous sommes partis de zĂ©ro. Lorsqu'un projet fait autant de tours et de dĂ©tours que celui-ci, on prend un chemin de traverse et on part d'un endroit oĂč l’on a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dans un autre projet. Il y a eu un projet il y a de nombreuses annĂ©es, peutĂȘtre 20 ans, une lampe de table exagĂ©rĂ©ment grande qui s'Ă©tendait sur toute la longueur d'une grande table. Et j’ai aussi rĂ©alisĂ© d’autres projets oĂč j’ai utilisĂ© la couleur noire, et d’autres oĂč je n’ai pas eu peur d’expĂ©rimenter avec les machines, de crĂ©er un objet qui Ă©tait Ă  l’origine avant-gardiste. Je dirais que Black Flag a une aura. La lampe a un impact sur l’espace, simplement par la prĂ©sence de ce grand objet. Elle ne renvoie pas de signes de confort, ni mĂȘme l’impression d’ĂȘtre une lampe. Lorsqu’on la voit, on peut l’aimer ou non, on peut dire “wow” ou bien “qu’est-ce que c’est ? ”. Dans les deux cas, je pense qu’on reste prudent. On s’en approche avec prudence, en cherchant Ă  comprendre comment elle fonctionne. Cette psychologie a fait partie de certains projets et je l’apprĂ©cie parce qu’elle crĂ©e un rapport in-

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SAM CHERMAYEFF

« Toutes les limites internes de ma maison sont vraiment flexibles », dĂ©clare Sam Chermayeff qui a travaillĂ© sur le bĂątiment dans le cadre du cabinet d'architectes Meyer-GrohbrĂŒgge & Chermayeff. Conçu par un groupe de personnes partageant les mĂȘmes idĂ©es, le bĂątiment se compose de six tours asymĂ©triques aux façades en verre. Les piĂšces ne sont pas rectilignes, elles se replient les unes sur les autres et peuvent s'adapter Ă  diffĂ©rentes situations. On commence par un espace flexible que l'on modifie au fil du temps. La maison s'agrandit un peu lorsque des voisins arrivent Ă  l’improviste. Cela permet d'Ă©largir lĂ©gĂšrement le champ d'action de la maison. J'aime le fait que Black Flag puisse s'Ă©tendre dans son propre champ : au dĂ©but, on peut simplement Ă©clairer un mur ou juste un coin, mais on peut aussi crĂ©er un espace plus grand. La maniĂšre dont il se dĂ©veloppe, ça fonctionne trĂšs bien ici.

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time et direct entre l’utilisateur et l’objet. Je considĂšre la prudence comme quelque chose d’intĂ©ressant et ce type de relation se transforme en gĂ©nĂ©ral en quelque chose de trĂšs positif.

ROSA BERTOLI Je vous ai entendu utiliser le mot rebelle pour dĂ©crire Black Flag. On n’entend pas souvent ce mot pour dĂ©signer une lampe.

KONSTANTIN GRCIC Rebelle est un mot que j’ai utilisĂ© parce que nous l’appelons Black Flag. L’image de Black Flag est apparue lorsque la lampe est devenue ce qu’elle est, mais Black Flag Ă©tait aussi un groupe punk amĂ©ricain trĂšs cĂ©lĂšbre de la cĂŽte ouest. Henry Rollins en Ă©tait le chanteur, et ils Ă©taient “straight edge”, c’est ainsi qu’ils se dĂ©finissaient : ni drogue, ni alcool. Straight Edge est un mouvement punk oĂč tout est trĂšs pur, trĂšs direct. C’est ainsi que ce nom est apparu, et je l’ai vraiment aimĂ©.

ROSA BERTOLI Son utilisation non plus n’est pas simple, je la qualifierais plutĂŽt de lampe hybride, tant sa fonctionnalitĂ© est multiple. C’est une lampe qui se fixe au mur mais ce n’est pas une applique, c’est une lampe imposante mais aussi fonctionnelle. Elle est difficile Ă  dĂ©finir.

KONSTANTIN GRCIC Ça a Ă©tĂ© un tournant intĂ©ressant pour le produit : un objet que j’avais conçu Ă  l’origine comme brut voire un peu brutal, est devenu un outil d’éclairage trĂšs sophistiquĂ©. Il offre une technologie d’éclairage intĂ©ressante, diffĂ©rents modes, mais aussi le mĂ©canisme qui permet Ă  cette lampe de changer l’atmosphĂšre en fonction des besoins dans un espace. Et pour en revenir au nom Black Flag, il Ă©tait trĂšs inattendu que la lampe, dans sa position complĂštement fermĂ©e, ressemble Ă  un drapeau. Le drapeau noir est un instrument de protestation et il est surprenant et inhabituel qu’une lampe en devienne un. A Euroluce, nous avons jouĂ© avec l’idĂ©e du drapeau de protestation sur le stand. Il y avait une lampe qui portait l’inscription ‘AGISSEZ MAINTENANT’. En position fermĂ©e, on peut voir l’un des mots (selon le cĂŽtĂ© d’oĂč l’on s’approche), et lorsque la lampe s’ouvre, il se dissout. J’ai pensĂ© qu’il Ă©tait intĂ©ressant de jouer avec un objet domestique; ce n’est pas une lampe politique mais je voulais voir ce qui se passe si l’on inscrit des mots comme ceux-lĂ  sur un produit. Nous vivons un moment historique, l’expression ‘agissez maintenant’ pourrait s’appliquer Ă  une grande partie de notre situation mondiale actuelle, nous devons agir.

En plus, il s’agit d’une lampe, mais il faut que l’utilisateur agisse avec elle, elle ne fonctionne pas s’il n’y a pas une interaction physique avec elle.

ROSA BERTOLI Comment l’imaginez-vous dans l’espace ?

Avez-vous pensĂ© Ă  la maniĂšre dont les gens vont l’utiliser ?

KONSTANTIN GRCIC L’une des applications pourrait ĂȘtre dans un espace oĂč diffĂ©rentes choses se produisent en

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NOEMI SMOLIK

La critique d'art Noemi Smolik cherchait un loft Ă  Berlin lorsqu'elle est tombĂ©e sur le projet du groupe et l’a rejoint. «Dans mon appartement, je n'ai pas beaucoup d'objets : une table pour Ă©crire, une table dans la cuisine oĂč je reçois mes amis, et un endroit oĂč je peux m'asseoir et lire. J'ai demandĂ© Ă  Sam de me construire une mezzanine pour mon lit. ». Dans son appartement, Black Flag peut Ă©clairer tout l'espace en seulement quelques gestes, en se faufilant par-dessus la table Ă  manger pour atteindre la bibliothĂšque et le coin lecture.

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fonction de l’heure de la journĂ©e. La lampe se dĂ©place donc avec vous et vos activitĂ©s, en passant d’une lampe sur le bureau oĂč vous travaillez, Ă  une lampe au-dessus de la cuisine pour cuisiner, au-dessus de la table pour manger, puis sur le canapĂ© pour vous dĂ©tendre. Un Ă©ventail d’activitĂ©s dans un mĂȘme espace. Un autre scenario peut ĂȘtre celui d’un grand espace avec seulement quelques objets qui en font la force. Parfois, les espaces sont vastes et les lampes s’y perdent; Black Flag est assez puissante pour occuper un grand espace. Qu’il s’agisse d’environnement public ou domestique, je ne me suis jamais prĂ©occupĂ© de ces distinctions, elles n’existent plus vraiment, il y a une transition en douceur entre ces types d’espaces.

ROSA BERTOLI Black Flag est l’un des projets qui nous a inspirĂ©s pour intituler ce numĂ©ro “ flowing”, pour parler de mouvement et de flexibilitĂ© dans le design. Dans quelle mesure votre travail est-il dynamique, que ce soit dans les intentions d’utilisation ou dans le design ?

KONSTANTIN GRCIC TrĂšs tĂŽt, j’ai commencĂ© Ă  installer des poignĂ©es sur mes meubles, qu’il s’agisse d’un trou pour y placer la main ou, comme pour la Mayday, d’un crochet et d’une poignĂ©e pour encourager les gens Ă  prendre les objets et Ă  les transporter d’un endroit Ă  l’autre. Un autre niveau de dynamique est la maniĂšre dont on utilise un objet, diffĂ©rente de celle prĂ©dĂ©terminĂ©e. Je veux donner Ă  l’utilisateur le contrĂŽle sur la maniĂšre d’utiliser mes objets, et pour cela, l’objet doit donner des indices, pas des instructions prĂ©cises, mais un indice de ce qui peut ĂȘtre fait. Mayday en est un bon exemple : le crochet est un indice, le long cĂąble en est un autre, la protection en forme de cĂŽne en est encore un autre, ils donnent des idĂ©es sur ce qu’on peut faire avec la lampe, sans donner de prescription. Il s’agit d’un Ă©lĂ©ment clĂ© de notre travail car en tant que sociĂ©tĂ© et en tant que personnes, nous sommes dynamiques, en constante Ă©volution ; et c’est pourquoi nous continuons Ă  concevoir des objets, parce que nous continuons Ă  concevoir des objets pour rĂ©pondre Ă  des besoins changeants. Bien sĂ»r, nous pouvons vivre avec de vieux objets, et les objets anciens qui survivent s’adaptent Ă  cette dynamique. Mais certains objets sont vraiment dĂ©passĂ©s et dĂ©modĂ©s, ils ne fonctionnent plus parce qu’ils ne se sont pas adaptĂ©s Ă  l’évolution des modes de vie. Cela nous donne l’occasion de combler ces lacunes et de trouver de nouvelles façons de concevoir les objets dont nous avons besoin pour la vie que nous menons.

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« Nous tous du « groupe de construction » qui avons construit la maison ensemble, nous nous connaissons depuis longtemps étant donné que la planification a commencé en 2012 » explique Oliver Helbig, qui a également photographié Black Flag dans l'espace pour créer les images de ces pages. « La production avec Flos et Black Flag était intéressante parce que je l'ai photographiée dans les trois appartements, qui ont chacun un plan d'étage trÚs différent. Les différentes hauteurs des piÚces sont particuliÚrement intéressantes et, selon la façon dont on place la lampe, on obtient des ambiances trÚs différentes. J'aime le fait qu'elle puisse regarder au coin de la rue comme un animal curieux".

OLIVER HELBIG
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CHEZ RONAN BOUROULLEC AVEC CÉRAMIQUE

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Interview de Rosa Bertoli Photographe d’Angùle Chñtenet

La passion de Ronan Bouroullec pour la céramique a été le catalyseur de Céramique. Une premiÚre pour Flos, cette lampe est l'expression pure d'un matériau, l'union des mains d'un designer qui sait créer une poésie visuelle et du savoirfaire d'une entreprise qui sait la traduire en objet. Nous lui rendons visite chez lui, à Paris, pour voir Céramique dans cet espace intime et explorer sa passion pour ce matériau et son potentiel évocateur.

ROSA BERTOLI Ces derniĂšres annĂ©es, la cĂ©ramique a Ă©tĂ© un matĂ©riau fondamental dans votre travail ; vous l'avez utilisĂ©e Ă  la fois en deux dimensions pour vos bas-reliefs et pour des crĂ©ations tridimensionnelles, telles que des vases. D'oĂč vient votre passion pour la cĂ©ramique ?

RONAN BOUROULLEC La cĂ©ramique a toujours Ă©tĂ© prĂ©sente dans ma vie. J’ai grandi Ă  Quimper, en Bretagne, qui est encore aujourd’hui un haut lieu de fabrication de la cĂ©ramique. Enfant, un jour par an, la manufacture ouvrait ses portes et j’allais la visiter, fascinĂ© par ses mĂ©thodes et ses procĂ©dĂ©s. Ensuite, l'un des projets les plus importants que j'ai rĂ©alisĂ©s, l'un des premiers, Ă©tait en cĂ©ramique. Au dĂ©but de ma carriĂšre en 1999, je passais tous mes week-ends Ă  Vallauris dans le sud de la France, oĂč je travaillais avec un artisan qui transformait l'argile pour crĂ©er la collection d'objets et de meubles Torique.

Je voulais devenir designer industriel mais dĂšs le dĂ©but, j’ai commencĂ© Ă  travailler avec des artisans et j’ai toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par cette capacitĂ© Ă  crĂ©er des objets en cĂ©ramique. C’est un peu comme pour le dessin, on peut faire des choses immĂ©diatement. Bien sĂ»r, il faut le cuire ou le dessiner, mais en principe c’est quelque chose de facile Ă  manipuler. Depuis ces premiers temps, j’ai rĂ©alisĂ© des objets en cĂ©ramique Ă  l’agence, pour Mutina par exemple nous avons crĂ©Ă© des briques ou des tuiles industrielles, et des objets plus artisanaux au Japon, avec Tajimi Custom Tiles. J’ai une grande fascination pour ce matĂ©riau : il est doux, organique, dynamique, et magiquement imprĂ©visible. J’aime comment il est glacĂ©, comment les couleurs apparaissent, le fait que la couleur n’est pas exactement celle que l’on souhaite, jamais tout Ă  fait juste, un peu changeante.

ROSA BERTOLI Lorsque vous avez prĂ©sentĂ© CĂ©ramique, vous avez dit ‘la cĂ©ramique parle de dĂ©sir et de sensualité’ : pouvez-vous m’en dire plus ?

RONAN BOUROULLEC En ces temps de production industrielle synthĂ©tique oĂč les formes sont parfaites, les lignes bien faites et oĂč nous utilisons des systĂšmes pour reproduire des formes exactes, je pense que la cĂ©ramique a quelque chose de plus sensuel. Elle bouge toujours un peu dans le four et la façon dont l’émail fond est souvent imprĂ©visible. Ce qui rend la cĂ©ramique intĂ©ressante, c'est la petite variation dans chaque piĂšce, et dans la reproduction parfaite du monde industriel, je m'intĂ©resse Ă  cette variation, Ă  ces petites diffĂ©rences.

ROSA BERTOLI Et maintenant, vous avez pris ce matĂ©riau et vous l’avez apportĂ© Ă  une entreprise trĂšs attentive Ă  son processus industriel et Ă  ses mĂ©thodes de fabrication. D’oĂč vous est venue l’idĂ©e d’utiliser la cĂ©ramique pour faire une lampe avec Flos ?

RONAN BOUROULLEC L'idĂ©e de CĂ©ramique est nĂ©e Ă  l'Ă©poque oĂč je travaillais sur des systĂšmes Ă©normes et complexes, des projets comme les Luce Orizzontale pour la Bourse de Commerce, et je sentais qu'il manquait quelque chose. Je pense qu'au cours de ces dix derniĂšres annĂ©es, la conception de l'Ă©clairage a Ă©voluĂ© trĂšs rapidement vers des systĂšmes techniques intelligents. Mais je voulais une belle lampe, quelque chose qui ressemble aux produits que Tobia Scarpa et Achille Castiglioni avaient crĂ©Ă©s pour Flos : des objets avec des gĂ©omĂ©tries intĂ©ressantes qui produisent une lumiĂšre simple, capable de satisfaire un besoin simple comme Ă©clairer un chevet ou une table. Quelque chose de bien fait, plein de plaisir. Un objet que l'on aime.

ROSA BERTOLI Et comment avez-vous développé cette idée avec Flos ?

RONAN BOUROULLEC J'ai pensé qu'il était intéressant de créer quelque chose qui ne soit pas un nouveau systÚme ou une extrusion compliquée, mais qui ramÚne au point de départ de la lumiÚre. L'idée était de fabriquer des lampes à partir d'une seule piÚce de céramique et avec de simples ampoules à visser.

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Il n'y a pas de systÚme complexe à démonter, vous dévissez l'ampoule et c'est tout.

CĂ©ramique est un objet trĂšs simple qui a du charme, parce que parfois on a besoin de quelque chose de simple. Naturellement, elle ne rĂ©soudra pas toutes les problĂ©matiques d'Ă©clairage d'un espace, mais elle rĂ©pond Ă  de nombreux besoins fondamentaux dans un appartement ou une maison, lorsque l'on a besoin d'une belle ambiance et que l'on veut ĂȘtre entourĂ© de beaux objets.

J'ai aussi pensĂ© que la cĂ©ramique Ă©tait un matĂ©riau pertinent parce que Flos se trouve en Italie, un pays riche de techniques artisanales diffĂ©rentes, d'entreprises de tailles diffĂ©rentes, depuis les ateliers artisanaux aux ateliers de taille moyenne, en passant par les grandes entreprises. Et je pense que cela fait partie du rĂŽle d'un designer de trouver un moyen de sauver ces petites entreprises et de les encourager Ă  continuer Ă  produire, pour qu'elles ne disparaissent pas. Je crois que ce type d'entreprises italiennes qui produisent de beaux objets en cĂ©ramique doit ĂȘtre protĂ©gĂ© et ça a Ă©tĂ© un point important du projet.

ROSA BERTOLI Le design de CĂ©ramique rappelle ce que nous considĂ©rons comme une lampe de table traditionnelle, mais il prĂ©sente aussi un caractĂšre complĂštement diffĂ©rent, qui vient en partie de ce matĂ©riau. Comment ĂȘtes-vous parvenu Ă  cette forme ?

RONAN BOUROULLEC Ça a Ă©tĂ© un trĂšs long processus, je pense que j’ai dessinĂ© 50 lampes avant d’arriver Ă  celle-ci (rires). Le point de dĂ©part est Ă  la fois technique et poĂ©tique. Je voulais que le design final exprime un langage poĂ©tique, mais je voulais aussi atteindre la simplicitĂ©, une lampe d'une seule piĂšce de cĂ©ramique.

J'ai Ă©tudiĂ© diffĂ©rentes solutions, certaines intelligentes sur le plan technique ou gĂ©omĂ©trique, mais peut-ĂȘtre pas du point de vue de la lumiĂšre. Le point de dĂ©part du projet final a Ă©tĂ© la premiĂšre forme dont j’étais satisfait : une piĂšce verticale en cĂ©ramique qui ressemblait Ă  un beau vase. Et juste en le regardant, en l'utilisant dans mon appartement et en rĂ©alisant quelle lumiĂšre il produisait, j'ai pensĂ© qu'il serait intĂ©ressant que la lumiĂšre ait diffĂ©rentes directions. Ainsi, au fur et Ă  mesure que le projet avançait, je me suis rendu compte qu'il serait probablement plus efficace en tant que collection. Trouver des formes et des tailles qui fonctionnent dans trois orientations diffĂ©rentes a Ă©tĂ© un processus long et extrĂȘmement complexe, et Flos a rĂ©solu plusieurs aspects techniques du projet. Dans une culture du design oĂč le mĂ©tal est dĂ©coupĂ© et le plastique extrudĂ©, la cĂ©ramique n'est pas quelque chose que l'on peut attraper, c'est comme un animal sauvage, elle a besoin de beaucoup de calme et de beaucoup de temps. CĂ©ramique est grande et lourde, elle n'est pas facile Ă  mettre au four; la

premiÚre tentative a été un désastre. Je me suis demandé pourquoi j'avais conçu quelque chose d'aussi complexe. Mais nous avons résolu le problÚme et pour moi, ça c'est l'Italie, cette merveilleuse qualité de recherche et de développement d'entreprises telles que Flos.

ROSA BERTOLI Le design de la lampe donne presque l'illusion d'une tĂȘte dynamique et prĂ©sente les trois options alors qu’elle est fixe. Comment la fonction de chaque modĂšle change-t-elle ?

RONAN BOUROULLEC La fonction est clairement définie pour chaque version du modÚle. Lorsque la calotte est orientée vers le haut, elle produit un éclairage général de l'espace, lorsqu'elle est orientée vers le cÎté, elle peut éclairer indirectement un mur, tandis que l'orientation vers le bas convient mieux à une table ou à une chambre à coucher.

ROSA BERTOLI C'est une lampe trÚs archétypale, mais inattendue en raison de son matériau.

RONAN BOUROULLEC Je pense qu'elle est également inattendue en raison de sa taille. Les gens qui l'ont vue en photo pensent qu'il s'agit d'une petite lampe, mais elle est trÚs grande, c'est comme avoir un grand vase sur une étagÚre et c'est un aspect important. Ce n'est pas un gadget, elle a une forte présence dans une piÚce.

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FABRICATION DE CÉRAMIQUE

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Texte de Rosa Bertoli Photographie de Anastasia Pavlova

CĂ©ramique de Ronan Bouroullec, le premier projet de Flos dans le domaine de la cĂ©ramique, est un trio de lampes sculpturales qui associe l'approche sensible du designer français en matiĂšre de volumes et de silhouettes, Ă  la volontĂ© d’innovation de l’entreprise.

Ces derniĂšres annĂ©es, la cĂ©ramique a Ă©tĂ© au centre du parcours crĂ©atif du designer qui s’est aventurĂ© dans une exploration personnelle du design abstrait. En utilisant la cĂ©ramique comme support pictural, le matĂ©riau est devenu le sujet d'une sĂ©rie de bas-reliefs et de vases qui sont autant des compositions expressives que des rĂ©cipients fonctionnels. ’ J'aime la cĂ©ramique, les flammes qui lĂšchent la terre et l'Ă©mail qui coule pour envelopper la forme ‘, explique-t-il.

’ La cĂ©ramique parle de dĂ©sir, de sensualitĂ©. Je pense que mon travail va s'orienter de plus en plus dans cette direction : produire des objets qui sont certes fonctionnels, mais qui recherchent une sorte d'Ă©lĂ©gance, de plaisir. ‘

Témoignant de la nouveauté de son matériau à travers son nom, Céramique est une collection entiÚrement fabriquée à la main avec une finition laquée cristalline sans plomb. Les couleurs de la collection, Moss Green, Navy Blue et Rust Red, mettent en valeur les surfaces lisses en reflétant la richesse du matériau.

Le point de dĂ©part du design est la composition essentielle d’une lampe : base, tige et abat-jour, dĂ©clinĂ©e en trois lampes de table, prĂ©sentant le mĂȘme design avec des orientations lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes, chacune se caractĂ©risant par une configuration qui suggĂšre dĂ©licatement un Ă©clairage spĂ©cifique. Alors que la version down est la lampe de table et de lecture idĂ©ale, la lampe Ă  orientation latĂ©rale est imaginĂ©e pour Ă©clairer un angle, et le lampadaire crĂ©e un Ă©clairage d’ambiance idĂ©al.

‘Flos est intimement liĂ© Ă  l’extraordinaire panorama des savoir-faire italiens, unique en Europe. Il a fallu Ă©tudier la cĂ©ramique italienne, une premiĂšre pour l’entreprise’ poursuit-il. ‘Je crois que cette richesse de savoir-faire et cette rigueur de l’artisanat constituent une expĂ©rience qu’il faut faire vivre et dĂ©velopper, et je suis trĂšs heureux d’essayer d’y contribuer’.

CONÇU POUR LA DURABILITÉ

Le corps en céramique de la lampe iconique présente une finition cristalline laquée sans plomb ajoutée à sa surface travaillée à la main

DESIGN INTEMPOREL

La meilleure façon d’ĂȘtre durable est de crĂ©er un produit qui durera toujours, quelque chose que vous voudrez partager avec les gĂ©nĂ©rations futures. Chacun des Ă©lĂ©ments se dĂ©monte facilement pour ĂȘtre rĂ©parĂ© ou remplacĂ©.

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Pendant le Fuorisalone 2023, le metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre et d’opĂ©ra Fabio Cherstich a Ă©tĂ© sollicitĂ© pour animer My Circuit de Michael Anastassiades au Flos Project Space de Corso Monforte, en Ă©troite collaboration avec le designer et avec Flos, afin de donner vie Ă  l’éclairage Ă  travers le mouvement et le son. Cherstich nous raconte ici son expĂ©rience dans la conception de la performance, dont la combinaison de poĂ©sie et d'habiletĂ© technique a Ă©tĂ© capturĂ©e par la photographie de Mattia Greghi.

My Circuit en Six Actes

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Acte I

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Je me souviens encore de l’enthousiasme de ma premiùre rencontre avec Michael Anastassiades pour parler du projet de performance sur My Circuit et de son lancement pendant le Fuorisalone, dans l’espace du showroom Flos à Milan.

Je connaissais bien le travail de Michael mais je n’avais jamais travaillĂ© avec lui. Il m’a donc semblĂ© logique d’écouter et d’essayer de comprendre les principes sur lesquels reposait sa nouvelle crĂ©ation : simplicitĂ©, Ă©quilibre, flexibilitĂ© sont les mots que j’ai notĂ©s dans mon carnet. Le produit Ă©tait trĂšs beau et polyvalent et l’idĂ©e de le lancer au moyen d’ une performance thĂ©Ăątrale Ă©tait un formidable dĂ©fi.

Michael m’a expliquĂ© que l’installation comprendrait six scĂšnes, avec un mobilier minimaliste spĂ©cialement conçu par lui ; elles seraient prĂ©sentĂ©es dans l’espace avec autant de compositions lumineuses dans des variations qui transformeraient complĂštement l’affichage des points lumineux et en mĂȘme temps, la narration d’un environnement domestique jamais rĂ©aliste mais plutĂŽt 'seulement suggĂ©rĂ© par la disposition' comme dit Michael.

Chaque acte reprĂ©sentait un environnement domestique diffĂ©rent : une grande table entourĂ©e de chaises, une version stylisĂ©e d’un espace jour, un espace nuit, et un acte dans lequel on ne voyait que les lampes Ă©clairĂ©es, sans aucun meuble. Un fauteuil, un canapĂ©, un tapis stylisĂ©, un paravent. Des volumes cylindriques de diffĂ©rentes hauteurs faisant office de tables. Des objets essentiels et raffinĂ©s dĂ©finis par le goĂ»t qui a toujours distinguĂ© le travail de Michael Anastassiades.

Acte II

'Je ne veux rien de trĂšs thĂ©Ăątral, des textes aux scĂšnes, rien de mĂ©lodramatique ou d’excessif', a dĂ©clarĂ© Michael, une indication de recherche trĂšs claire de sa part. J’ai immĂ©diatement pensĂ© qu’il serait intĂ©ressant de voir comment les six environnements pourraient ĂȘtre habitĂ©s dans une forme pure et essentielle, Ă  travers le travail d’un groupe de performeurs qui habiteraient l’espace. Peu d’accessoires et une sĂ©quence d’actions concrĂštes oĂč les diffĂ©rentes dispositions des meubles et de la lumiĂšre dans l’espace modifieraient la dynamique des interprĂštes et le sens de leurs actions.

Tout d’abord je me suis demandĂ© quelle devait ĂȘtre l’énergie de l’espace, le type d’atmosphĂšre qu’il devait restituer au public et la tempĂ©rature Ă©motionnelle des interprĂštes. Il m’est apparu tout de suite qu’il fallait travailler sur une partition d’actions dictĂ©es par le temps, sur des sĂ©quences de gestes rĂ©pĂ©tĂ©s en thĂšmes et variations pour composer une fresque visuelle qui se transforme sous les yeux du public pendant une pĂ©riode prolongĂ©e. Une ligne temporelle anti-quotidienne, dilatĂ©e et suspendue pour trouver une rupture claire entre l’installation et son environnement, entre le chaos des rues de Milan bondĂ©es pour les mille Ă©vĂšnements du Fuorisalone, et l’énergie rare et ritualisĂ©e que je voulais restituer avec ma performance Ă  l’intĂ©rieur du showroom Flos.

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Acte III

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C’est comme ça qu’est nĂ©e l’idĂ©e d’utiliser un mĂ©tronome pour marquer le rythme des actions, un instrument trĂšs simple qui relie immĂ©diatement le public et les artistes, en ponctuant le 'souffle' de l’espace tout entier. Son balancement quasi hypnotique et l’atmosphĂšre dilatĂ©e des actions ont mis le public dans un Ă©tat d’écoute et de concentration que je souhaitais vivement Ă©tudier.

Pour pouvoir construire un matĂ©riau qui soit en quelque sorte antithĂ©Ăątral, ou mĂȘme, antinaturaliste, j’ai dĂ©cidĂ© qu’il n’y aurait pas de personnages sur scĂšne, mais seulement des personnes rĂ©elles dans l’espace : le corps, l’énergie et la vĂ©ritĂ© scĂ©nique des participants. Pas des acteurs mais des danseurs et des danseuses, des interprĂštes issus d’expĂ©riences liĂ©es au monde de l’art visuel ou Ă  aux disciplines orientales.

Un autre choix Ă©tait qu’il ne devait pas y avoir de conflits entre les habitants de cet espace, pas de tensions psychologiques dans leurs actions ou quoi que ce soit qui laisse la place Ă  une lecture ambigĂŒe. Il devait s’agir d’un espace utopique, d’un grand mĂ©canisme humain, parfait et harmonieux.

Un autre Ă©lĂ©ment central a Ă©tĂ© la recherche sur les rĂšgles de la performance : l’action dans sa vĂ©ritĂ© honnĂȘte, la parole exprimĂ©e uniquement Ă  travers le chant, la rĂ©pĂ©tition comme instrument d’aliĂ©nation, l’énergie toujours modifiĂ©e par un Ă©lĂ©ment extĂ©rieur qui entre dans l’espace et change la dynamique entre les objets et les personnes, entre la scĂšne et le public.

Acte IV

Ces choix Ă©taient en accord avec les rĂ©fĂ©rences artistiques que j’avais montrĂ©es Ă  Michael aprĂšs notre premiĂšre rencontre et qui avaient fait converger nos goĂ»ts : le thĂ©Ăątre d’images de Robert Wilson, les performances de Tino Sehgal et Meredith Monk et certains Ɠuvres d’action pure de Bruce Nauman. Avec ces hypothĂšses, j’ai abordĂ© le casting avec Riccardo Olivier, chorĂ©graphe et mon collaborateur, qui Ă©tait prĂ©sent sur scĂšne pendant toute la durĂ©e de la performance dans un rĂŽle de maĂźtre de cĂ©rĂ©monie. Neuf interprĂštes aux expĂ©riences et aux formations diverses se sont alternĂ©s pendant les six jours du Salone, crĂ©ant une communautĂ© autonome qui vivait et existait seulement pour la durĂ©e de l’action, trois heures par jour.

Chaque jour, les artistes arrivaient une heure avant le dĂ©but de l’acte et recevaient une sĂ©quence d’actions liĂ©es aux objets disponibles ce jour-lĂ . Voici quelques-unes de ces actions : faire fonctionner le mĂ©tronome, changer le rythme du mĂ©tronome, jouer aux Ă©checs, boire du lait, se reposer, s’allonger, mesurer le temps avec un sablier. Sauter, se dĂ©tendre, danser sur une chanson Ă©coutĂ©e au casque. Enregistrer un rĂȘve et le rĂ©Ă©couter, regarder dehors par les fenĂȘtres. Observer le public avec des jumelles. Serrer un ami dans ses bras, dormir, prendre des photos avec un Polaroid pour soi et pour le public. Respirer les plantes, pointer une constellation imaginaire au plafond. Dessiner

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Acte V

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la ligne de My Circuit sur un cahier, la pointer du doigt. Dessiner l’espace. DĂ©crire les lampes Ă  voix basse tout en les regardant. Chanter une chanson liĂ©e Ă  son enfance. Ce ne sont lĂ  que quelques-unes des actions de la partition, des plus Ă©lĂ©mentaires aux plus poĂ©tiques et extravagantes.

Le rĂ©sultat a Ă©tĂ© une trĂšs longue improvisation organisĂ©e qui a gĂ©nĂ©rĂ© une documentation photographique interne: Ă  la fin de la journĂ©e, les polaroids Ă©taient exposĂ©s dans l’espace, crĂ©ant ainsi une narration des diffĂ©rents actes que les spectateurs pouvaient consulter, comme une mĂ©moire des jours et des configurations prĂ©cĂ©dentes.

J’étais tellement heureux de voir la rĂ©action de surprise et de concentration du public face Ă  la magie qui s’était crĂ©Ă©e dans notre rituel, que pour la premiĂšre fois dans ma carriĂšre de metteur en scĂšne, j’ai dĂ©cidĂ© d’entrer moi aussi dans le jeu en tant qu’interprĂšte, mais juste une journĂ©e et pendant une heure, avant que la timiditĂ© et la routine prennent le dessus sur mon enthousiasme. Je voulais moi aussi vivre l’expĂ©rience d’habiter ces espaces et ces splendides objets lumineux de l’intĂ©rieur.

Dans nos Six Actes, des milliers de personnes ont assistĂ© Ă  un rite domestique poĂ©tique et collectif, essentiel mais plein de nuances et de surprises, qui a offert aux spectateurs l’idĂ©e d’agir et d’habiter un espace diffĂ©rent de notre routine, et transmis cette magie que le langage du spectacle vivant conserve par rapport Ă  d’autres langages.

Acte VI

'Dans l’hypothĂšse d’une informatisation maximale de la sociĂ©tĂ© et d’une standardisation maximale des conditions de vie des hommes, nous irons au thĂ©Ăątre car c’est lĂ  qu’il y a encore des ĂȘtres humains qui, simplement et rĂ©ellement, transpirent, pleurent, se coupent, tombent, dĂ©sespĂšrent et sont heureux. Nous irons voir cet Ă©vĂšnement comme quelque chose qui ne peut pas ĂȘtre manipulĂ©, quelque chose qui ne peut pas ĂȘtre bidimensionnel. ' C’est en gardant Ă  l’esprit ces paroles prophĂ©tiques Ă©crites en 1992 par Antonio Neiwiller que j’ai composĂ© la reprĂ©sentation de Six Actes pour Michael Anastassiades. Cette expĂ©rience heureuse restera dans ma mĂ©moire comme un exemple unique (mais je l’espĂšre Ă  renouveler) de travail d’équipe en Ă©tat de grĂące, oĂč le designer, l’entreprise, la gestion de projet (dirigĂ©e par Barbara Corti, une extraordinaire compagne de voyage) et les interprĂštes crĂ©ent un projet capable de brouiller les frontiĂšres des langages et d’offrir au public une nouvelle façon de dĂ©couvrir la beautĂ© formelle et conceptuelle de My Circuit. Je serai Ă©ternellement reconnaissant Ă  Michael Anastassiades pour la confiance qu’il a m’a immĂ©diatement accordĂ©e et pour le chemin parcouru ensemble dans cette crĂ©ation qui, je l’espĂšre, se rĂ©pĂ©tera au plus vite Ă  travers de nouveaux dĂ©fis communs, de nouvelles recherches et expĂ©rimentations au nom de la grande tradition de Flos.

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BILBOQUET AU QUOTIDIEN

Le photographe Leonardo Scotti et le scénographe designer Alessandro Mensi explorent les possibilités ludiques de Bilboquet de Philippe Malouin à travers une série de vignettes éclectiques et colorées.

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DESIGN DURABLE

La tĂȘte et le corps sont en Polycarbonate durable dĂ©rivĂ© d’un sous-produit de l’industrie du papier Ă  la place du pĂ©trole.

A L’EPREUVE DU TEMPS

La lampe a Ă©tĂ© conçue pour ĂȘtre Ă  l’épreuve du temps. Toutes les piĂšces peuvent facilement ĂȘtre remplacĂ©es en cas de besoin pour une durĂ©e de vie plus longue.

Plus d’informations sur flos.com/en/sustainability

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TACCIA MATTE WHITE

Nous revisitons la lampe d'Achille & Pier Giacomo Cstiglioni qui revient dans une version entiĂšrement matte white.

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DESIGNER

Achille & Pier Giacomo Castiglioni

CARACTÉRISTIQUES

Lampe de table Ă  lumiĂšre indirecte et rĂ©flĂ©chie, la Taccia est composĂ©e d'un diffuseur directionnel en verre clair soufflĂ© Ă  la bouche qui supporte un rĂ©flecteur en aluminium peint, blanc brillant Ă  l’extĂ©rieur et blanc mat Ă  l'intĂ©rieur. Le diffuseur en verre repose sur un pied en forme de colonne qui dissimule l'ampoule, et qui est traditionnellement noir, bronze ou aluminium anodisĂ©. Aujourd'hui, la Taccia est Ă©quipĂ©e d'une LED lumineuse qui permet de varier l'intensitĂ© de la lumiĂšre.

HISTOIRE

A l’origine, Taccia a Ă©tĂ© conçue par Achille et Pier Giacomo Castiglioni en 1958, et un an aprĂšs, le premier prototype Ă©tait prĂ©sentĂ© Ă  l’Illinois Institute of Design de Chicago, lors d’une confĂ©rence sur le design italien. Durant les trois annĂ©es qui ont suivi, les designers ont travaillĂ© sur plusieurs modĂšles expĂ©rimentaux avant de parvenir au design final et Ă  la solution de production, en commençant par utiliser du plastique pour crĂ©er le diffuseur directionnel puis en optant

Taccia
NOM
ANNÉE 1962
Photographie Ugo Mulas
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© Eredi Ugo Mulas. Tous droits réservés

finalement pour du verre. En mars 1962, Flos s’est engagĂ© Ă  produire le projet qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  Marcel Breuer dans sa version finale en juin de la mĂȘme annĂ©e. En novembre, Flos prĂ©sentait la lampe comme partie intĂ©grante de la sĂ©rie inaugurale de l’entreprise.

CURIOSITÉ

Le verre de chaque lampe est soufflĂ© Ă  la bouche et fini Ă  la main, en utilisant un ensemble de mĂ©thodes traditionnelles et de haute technologie. Tout d’abord, le sable entre dans un four en briques rĂ©fractaires et se transforme en magma incandescent Ă  1000/1600 degrĂ©s Celsius. A l’aide d’un tube en acier inoxydable de 2,5 mĂštres de long, des verriers expĂ©rimentĂ©s soufflent le verre en fusion dans un moule souterrain, le mĂȘme que celui utilisĂ© dans les annĂ©es 60. Une fois dĂ©tachĂ© du tube Ă  l’aide d’eau, le bol est ensuite placĂ© dans un four ‘Muffola’ pendant 24 heures, pour revenir doucement Ă  la tempĂ©rature ambiante. Ce bol est ensuite dĂ©coupĂ© Ă  la main afin de lui donner sa forme finale pour la lampe.

LA NOUVEAUTÉ

La Taccia matte white est la derniĂšre interprĂ©tation de ce classique contemporain : la version monochrome mate de la lampe met en valeur sa silhouette et rend honneur Ă  l’expression pure de sa fonctionnalitĂ©.

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TACCIA SELON ACHILLE CASTIGLIONI

“L’histoire de cette lampe est assez intĂ©ressante, car on la prend Ă  tort pour un objet postmoderne : c’est amusant parce qu’elle date de 1962, et mon frĂšre et moi n’avions pas l’intention de crĂ©er une lampe postmoderne.”

“Je dois admettre que cette lampe a Ă©tĂ© conçue de la mauvaise maniĂšre : au dĂ©but, nous avons utilisĂ© du plastique transparent pour fabriquer ce bol. Et lorsque nous avons testĂ© l’objet, nous avons eu une belle surprise : en chauffant, le plastique a fait pfffffff et le bol s’est aplati. Notre premier projet Ă©tait complĂštement erronĂ©, nous l’avons donc fabriquĂ© en verre.” “Cette base en forme de colonne est

comme une chemise qui aide à refroidir cette sorte de chaudiùre en verre : à la base de l’objet, la chaleur est tellement intense que l’augmentation du volume de la surface permet de le refroidir plus efficacement. C’est comme les ailettes d’un moteur “

Mots de ROSA BERTOLI

Photographie de Flos archive (p. 83, 84, 87) et ADRIANNA GLAVIANO (p. 80-81, 82, 85, 86)

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PETITS JEUX LUMINEUX

Illustrations de Sany

Quel est la meilleure façon d’aider l’équipe B Ă  gagner le match :

4. Passer Ă  un autre modĂšle de CĂ©ramique

3. Tourner le terrain de basket Ă  90Âș /

2. Faute de jeu /

1. Entrainement intensif /

CĂ©ramique de Ronan Bouroullec

JEUX
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Combien de Bilboquet complets Florian et Flavia peuvent construire avec ces composants ?

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Bilboquet de Philippe Malouin

Guglielmo Poletti

Le langage du design essentiel de Guglielmo Poletti est le rĂ©sultat d’une Ă©tude prĂ©cise des contours, des tensions et des surfaces qui se croisent, assemblĂ©s dans des compositions minimales astucieuses qui suggĂšrent une fonction tout en Ă©tant essentielles sur le plan esthĂ©tique. ‘Je ne cherche pas Ă  conceptualiser mon travail, je veux qu’il s’explique de lui-mĂȘme’ dit Poletti. Son projet avec Flos, To-Tie, en est un exemple : une exploration du potentiel de l’éclairage comme outil qui permet d’encadrer un espace vide. Dans ce projet intuitif, un cylindre en verre soutient une tige en aluminium anodisĂ© qui dissimule une source LED, le cĂąble servant d’élĂ©ment structurel pour les maintenir ensemble. Il nous parle ici de son quotidien et illustre les choses qui suscitent son intĂ©rĂȘt. Photographe Bea De Giacomo.

QUESTIONNAIRE
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Dessine ton outil prĂ©fĂ©rĂ©. Qu’y a-t-il sur ta table de nuit ?

Quel objet aimerais-tu avoir dessiné ?

Si tu pouvais vivre n’importe oĂč, oĂč irais-tu ?

Comment commences-tu ta journée ?

Quel Ă©tait ton dernier repas ?

Que collectionnes-tu ? Qu’est-ce qui te rend heureux ?

Raconte-nous une chose que tu n’as jamais faite

Le dernier livre que tu as lu

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CRÉDITS

Collaborateurs

A Paris, Àngele ChĂątenet photographie Ronan Bouroullec chez lui avec CĂ©ramique, les dĂ©buts de Flos dans la cĂ©ramique (p. 38)

Le metteur en scÚne de théùtre et d'opéra Fabio Cherstich a écrit un texte sur son expérience d'animation de My Circuit de Michael Anastassiades pendant le Fuorisalone (p. 58)

Pablo Di Prima a suivi Philippe Malouin alors qu’il testait Bilboquet, son premier produit Flos, dans la maison de ses amis dans l’est de Londres (Cover)

La photographe new-yorkaise Adrianna Glaviano a crĂ©Ă© une sĂ©rie d'images de Taccia, en illustrant l’ingĂ©nieuse lampe d'Achille Castiglioni & Pier Giacomopour notre Identikit (p. 82)

Durant une semaine au Fuorisalone, le photographe Mattia Greghi a documenté la performance de Fabio Cherstich qui a élevé et célébré My Circuit de Michael Anastassiades (p. 58)

Le photographe Oliver Helbig a photographié Black Flag de Konstantin Grcic chez lui et chez ses voisins Sam Chermayeff et Noemi Smolik à Berlin (p. 18)

Le directeur de la création italien Alessandro Mensi a mis en valeur le design génial de Bilboquet à travers une série de photos qui illustrent l'idée lumineuse de Philippe Malouin (p. 72)

Anastasia Pavlova s'est rendue dans les coulisses de l'usine de céramique de Flos pour documenter la fabrication du Céramique de Ronan Bouroullec (p. 50)

Pour ce numéro, l'illustrateur et artiste Sany, alias Samuel Nyholm, installé à Stockholm, a créé des jeux nspirés par Céramique et Bilboquet (p. 90)

Le photographe milanais Leonardo Scotti a photographié Bilboquet dans une série d'images ludiques qui célÚbrent la nature multifonctionnelle de la lampe (p. 72)

Remerciements

Michael Anastassiades

Sam Ashby

Ronan Bouroullec

Jason Brackenbury

Ángel Cånovas Celdrån

Achille Castiglioni Foundation

Py Cha

Sam Chermayeff

Konstantin Grcic

Elvio Grego

Ezio Grego

Kathrin Hasskamp

Sacha Leong

Philippe Malouin

Eredi Ugo Mulas

Noemi Smolik

Concept et Direction Artistique Apartamento Studios

RĂ©dactrice en chef

Rosa Bertoli

Conception graphique Apartamento Studios

Equipe Flos

Barbara Corti

Rosaria Bernardi

Elisa Bodei

Silvia Delaini

Donatella Matteoni

Francesco Funari

Diletta Dincao

Ambra Crociani

Sara Amatista

Paola Arici

Traductions

Agiliz@ tu gestion

Impression

LOGO srl Borgoricco (PD)

Août 2023

94
NOUVEAUX
Bilboquet .............................. Philippe Malouin .................... 2023 ........................................... p. 96 Black Flag .............................. Konstantin Grcic ..................... 2023 ........................................... p. 97 CĂ©ramique ............................. Ronan Bouroullec ................... 2023 ........................................... p. 96 My Sphere ..............................Michael Anastassiades............ 2023 ........................................... p. 98 My Dome ................................Michael Anastassiades ........... 2023 ........................................... p. 98 Taccia .................................... A. & P.G. Castiglioni ............... 1962 ........................................... p. 97 95
PRODUITS

Bilboquet

Philippe Malouin, 2023

Matériaux: polycarbonate, fer

Puissance: 7.5W

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage: GU10 Led bulb - Variateur intégré au cùble

Disponible en: sage, linen, tomato

CĂ©ramique

Ronan Bouroullec, 2023

Matériaux: céramique, polycarbonate

Puissance: 8W

Tension: 220-240V

Sources d'éclairage: E27 LED bulb - Variateur intégré au cùble

Disponible en: moss green, navy blue, rust red

F0995017 F0995035 F1632014 F1633014 F1634014 F1632035 F1633035 F1634035
F1632039 F1633039 F1634039 CĂ©ramique Up CĂ©ramique Side CĂ©ramique Down 104 mm / 4,09'' 59.5 mm / 2,34'' 203 mm / 7,99'' Ăž 56.5 mm / 2.22'' Ăž 104 mm / 4.09'' Ăž 205 mm / 8.07'' Ăž 205 mm / 8.07'' Ăž 205 mm / 8.07'' 503 mm/ 19.80'' 503 mm/ 19.80'' 488 mm/ 19.21'' 96
F0995039

Black Flag

Konstantin Grcic, 2023

Matériaux: aluminium, polycarbonate

Puissance: 75W (Black Flag) - 82W (Black Flag Pro)

Tension: 220-240V

Sources d'Ă©clairage: Power LED 2700K CRI 90 (Black Flag) - ( Tunable white 2700-5000K CRI 90 Black Flag Pro)

Disponible en: matte black

Taccia

Black Flag

F1090031

Black Flag Pro

F1091031

Achille & Pier Giacomo Castiglioni, 1962

Matériaux: verre, aluminium

Puissance: 28W Taccia - 16W Taccia Small

Tension: 100-240V/48V

Sources d'Ă©clairage: 1 COB LED 28W 2700K CRI93

Nouvelle Finition: matte white

Disponible en: noir, argent, bronze

Finitions
F6604009 noir argent bronze Taccia Small F6602009 Taccia
485 mm / 19,09'' 645 mm / 25,39'' Ăž 142 mm / 5.59'' Ăž 190 mm / 3.54'' 1200 mm/ 47.24'' 3535 mm / 139.17'' 1200 mm / 47.24'' 97

My Dome, My Sphere, My Lines et My Disc viennent aussi complĂ©ter la structure My Circuit, conçue par Michael Anastassiades, afin d’offrir une large gamme d’outils d’éclairage spĂ©cialisĂ©s.

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My Dome & My Sphere

Michael Anastassiades, 2023

Matériaux:

aluminium , PMMA ( My Dome) -

verre, aluminium ( My Sphere)

Puissance:

2x15W ( My Dome) -

20W ( My Sphere)

Tension: 220-240V

Sources d'Ă©clairage:

2xLed 15W 2700K CRI90 ( My Dome)

Led 20W 2700K CRI90 ( My Sphere)

My Disc & My Lines

Michael Anastassiades, 2023 F1902009 F1920009

F1905009

Matériaux:

aluminium, polycarbonate, PMMA ( My Disc) -

aluminium, acier, polycarbonate, silicone optique platiniumextrudĂš ( My Sphere)

Puissance: 44W ( My Disc) -

2x52W ( My Lines)

Tension: 48V

Sources d'Ă©clairage:

Led 44W 2700K CRI90 ( My Disc)

2x Led 52W 2700K CRI90 ( My Lines)

My Circuit Lines My Circuit Sphere My Circuit Dome My Circuit My Spot Ăž 25 My Circuit My Spot Ăž 35 My Circuit Light Shadow Spot My Circuit Disc
F1915009 3000 mm / 118.11'' 218mm / 8.58'' Ăž 600 mm / 23.62'' Ăž 152 mm / 5.94'' 73 mm / 2.87'' 3000 mm / 118.11'' 336,3mm / 13.24'' Ăž 504 mm / XX'' Ăž 130 mm / 5.11'' 40 mm / 1.57'' Ăž 450 mm / XX'' 3000 mm / 118.11'' Ăž 445.7 mm / XX'' Ăž 130 mm / 5.11'' 40 mm / 1.57'' Ăž 23 mm / 0.90'' 105 mm / 4.13'' 1672 mm / 65.82'' Ăž 152 mm / 5.94'' 73 mm / 2.87'' 98

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CĂ©ramique by Ronan Bouroullec

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