n itio éd cia spé le
le guide du
sixième département
une résidence artistique itinérante dans les Pays de la Loire par l’Atelier Et Si... dans le cadre du Printemprs de l’architecture.
le sixième département Voici la première édition du guide pratique du sixième département des Pays de la Loire. Ce guide est issu d’une résidence artistique itinérante que l’Atelier Et Si a effectué dans la région en faisant étape dans chacun de ses cinq départements, dans des lieux liés à la mobilité. Grâce à ce guide, vous pourrez parcourir à nos côtés la région en suivant vous aussi le contour du sixième département - département inter-départemental. Les lieux choisis vous mèneront dans les marges de ce territoire, loin des côtes touristiques et des belvédères en vogue. Vous serez au contact du rugueux et de l’authentique, de ce que l’on ne voit pas mais qui nous a pourtant charmé. Nous avons choisi ces lieux aussi parce qu’ils sont habités par des personnalités qui vous permettront de plonger dans une histoire du territoire. Comme des témoins, ces habitants deviennent nos points d’entrée, nos ambassadeurs locaux. C’est à partir de leur regard que nous avons construit ce projet : donner corps aux histoires de ce territoire. Le parcours dessiné ici fait émerger le sixième département sur la carte des Pays de la Loire. C’est un département imaginé mais au tracé existant, un département aux fondations mythiques construit par ses habitants.
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LEs Commanditaires 4
L’ ARDEPA : Les actions développées par l’ardepa sont destinées à tous les publics curieux de la fabrication et des évolutions de la ville, des bâtiments qui la composent et des enjeux urbains et politiques dans lesquels la cité s’inscrit. Les citoyens ordinaires, les amateurs éclairés, les scolaires, les institutions et collectivités territoriales, les professionnels sont ainsi invités tout au long de l’année à l’occasion des actions singulières de l’ardepa. Les actions et débats que l’ardepa organise doivent informer et faciliter la compréhension des processus d’élaboration à travers les démarches respectives des différents intervenants, des mouvements culturels et des enjeux sociaux dans lesquels ils sont impliqués. Les maîtrises d’ouvrage institutionnelles ou privées, architectes, urbanistes, paysagistes, experts, artistes, universitaires sont conviés à expliquer le sens de leurs actions sur les lieux mêmes qui résultent de leur travail. Ainsi, du projet à la réalisation, du local à l’international, de l’urbain au rural, l’ardepa propose de révéler les dimensions du territoire dans tous ses états.
Révéler la ville : Révéler la ville est une biennale invitant des plasticiens, architectes, paysagistes, cinéastes, photographes (…) à livrer leur vision d’un quartier ou d’un territoire. Des équipes aux compétences multiples mettent en scène l’espace urbain et architectural et permettent de révéler les lieux en suscitant curiosité, intérêt et surprise. Transformer des morceaux de ville de façon ludique, étrange et inattendue permet d’en accroître l’appropriation et la connaissance.
Le Printemps de l’Architecture : Le Printemps de l’Architecture est un événement culturel régional qui propose de découvrir autrement l’architecture qui nous entoure. Des animations sont programmées dans toute la région des Pays de la Loire. Cette manifestation a lieu de mars à juin, tous les deux ans. La première édition du Printemps de l’Architecture 2013 dans les Pays de la Loire a réuni de nombreux acteurs sur le territoire régional avec une très belle fréquentation autour de la thématique de «l’assemblage ». Réunissant le Ministère de la Culture et de la Communication, représenté par la DRAC, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes (ensa nantes), l’Union Régionale des Conseils en Architecture Urbanisme et Environnement (CAUE), et les 5 CAUE, le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes (CROA), l’Association Régionale pour la Diffusion et la Promotion de l’Architecture (ARDEPA) , la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP), et la Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire, Plan 5 propose de mettre en synergie l’ensemble des acteurs de la région, de mutualiser leurs connaissances et leurs compétences, autour de l’événement culturel régional Le Printemps de l’architecture.
préface 5
Cette cinquième édition de « Révéler la ville » expérimente une résidence itinérante à l’échelle d’un territoire. En effet, cet événement initialement dédié à la création d’œuvres in situ dans l’espace urbain est parti en campagne ! Cette mutation s’est opérée afin de s’inscrire dans le cadre du Printemps de l’Architecture 2015 des Pays de la Loire. Cette seconde édition a décidé d’explorer la « Dimension cachée » de l’architecture et ainsi de questionner le rapport de chacun à l’espace et de dévoiler des savoir-faire, enjeux ou qualités invisibles. L’ardepa propose d’explorer cette thématique le temps d’une résidence itinérante intitulée « Prendre Places ! » Cette manifestation propose une relecture d’un territoire à travers l’œil d’un architecte, d’un artiste… L’Atelier Et Si... vous propose ici sa vision de la «dimension cachée» du territoire. A bord de leur camping-car, ils ont relevé le défi d’une résidence artistique en mouvement. En l’espace de cinq semaines, ils ont résidé dans cinq lieux inexplorés relatifs à cinq modes de transport différents. Chaque étape du parcours a donné lieu à des rencontres inédites et à des échanges surprenants : camionneurs, touristes, éclusières, élus locaux, passionnés de modélisme, habitants pionniers d’une ZAC en construction … Dans ce livre, Et Si... nous propose sa re-lecture du territoire dans lequel ils ont pris place temporairement. Il s’agit donc de paysages quotidiens révélés par la fiction, voire même de leur réinvention par l’imaginaire et le récit. L’ ARDEPA
table des matières 6
et si... 7 les étapes : éTAPE 1 - le relais routier 12 éTAPE 2 - la gare 20 - aparté - culture en pays ligérien 28 - curiosité - le tripoint 31 éTAPE 3 - le port 32 éTAPE 4 - l’aérodrome 40 éTAPE 5 - l’écluse 48 index 54 remerciements 55
Carte postale n°01 - Marseille / Nantes.
Et si... 7
D’
un bout à l’autre de l’Europe nous voyons sortir de terre les mêmes écoquartiers ; allées zigzagantes en stabilisé, bordures en gabions, prairies fleuries en semi friche, jardins partagés logés à proximité des immeubles aux façades végétalisées, tours de verre ; ici les experts se penchent sur les expériences danoises en matière de lotissement, et tous se retrouvent pour un Atelier Projet Urbain Participatif pour cibler les nouveaux besoins des futurs résidents. Le cadre de vie est soigné, bien que souvent similaire d’un bout à l’autre du pays ; l’ espace public est questionné mais faute de moyens les particularités ne sont jamais prises en compte. Sous-jacente, toujours la même question : comment faire la ville de demain ? Plasticien, constructeur, scénographe, architecte, urbaniste, designer, nous nous sommes rencontrés autour d’expériences professionnelles d’aménagement de l’espace public. Nos champs d’actions sont différents mais nos questionnnements se rencontrent. Il nous semble urgent d’orienter la recherche vers l’humain pour retrouver des prétextes pour investir la rue. Nos compétences diverses dessinent un chemin où se croisent fiction et réalité, installations plastiques et constructions architecturales. Conscients des réalités politiques, urbaines et sociales, nous cherchons les brèches dans lesquelles s’engouffrer pour réinjecter du mythe et des histoires fédératrices dans la ville.
Et Si... se veut être une plateforme de recherches et d’expérimentations mettant en lien les histoires individuelles et collectives qui façonnent les villes. Le groupe Et Si... est à géométrie variable, les équipes se faisant et se défaisant en fonction des besoins de chaque projet. Pour répondre à la demande de l’ARDEPA dans le cadre de la cinquième édition de “Révéler la ville”, ce sont un plasticien, Arthur Poisson, une architecte, Zofia Basista, un urbaniste, Antoine Talon et une scénographe, Juliette Morel qui composent l’équipe.
un atelier-mobile 8
NoTRE positionnement Rapidement, ce qui retient notre attention dans la commande lancée par l’ARDEPA c’est la notion d’itinérance à l’échelle régionale. La mobilité pourrait être en elle-même le point d’entrée dans la thématique révéler “la dimension cachée”. Cette donnée nous oblige à nous demander comment circuler dans le territoire, et en parallèle comment l’habiter. Dans le temps imparti - cinq semaines - être mobile sur toute la région - 32 100km2 implique une mobilité, faite de passages fugaces dans les différents lieux traversés. C’est bien dans la traversée, dans le parcours que nous allons nous positionner. Il nous semble que c’est en allant au contact du territoire, en le parcourant, en l’habitant que nous pourrons en révéler une dimension cachée. Il nous faut trouver comment habiter tout en traversant, en passant par des lieux qui pourront faire écho à notre mobilité.
Dans le but de pouvoir se déplacer, habiter, accueillir du public, exposer, organiser un cinéma de plein air, documenter la résidence en temps réel, improviser un panel d’interventions … nous choisissons comme objet totem un camping-car. Plus qu’un moyen de locomotion habitable, il devient un atelier mobile équipé pour du travail de bureautique, de l’édition et aussi pour de la petite construction, du moulage, de la captation et de la projection… Avec ses panneaux d’affichage sur l’habitacle, dès son implantation sur un nouveau site, il devient un objet atypique qui interpelle. Autour de cet objet inattendu nous nous déployons pour inviter doucement à occuper l’espace public. Une esplanade désinvestie devient notre salon et les gens du coin viennent engager la conversation autour d’un café. L’esplanade reprend doucement vie.
les lieux Cette mobilité dans laquelle nous nous installons peut donner une direction pour définir le type de lieux qui constituera nos étapes de parcours. Nous sommes en déplacement, nous ferons de ce mouvement un leitmotiv en allant chercher des lieux eux-mêmes liés à la mobilité et aux déplacements. En mettant en parallèle des spécificités départementales et une typologie de la mobilité, nous ciblons cinq lieux, un par département, en lien avec le déplacement territorial. Un relais routier, celui avec le plus grand parking du département, département charnière avec la Bretagne.
Une gare désaffectée, dans un département qui en recense plus d’une trentaine, celle-ci a la particularité d’abriter maintenant une association de ferroviphiles passionnés de trains miniatures. Un port de liaison avec une île, avec l’idée de tenter d’atteindre l’île. Un ancien aérodrome, devenu CAUE, parallèle intéressant avec notre lien à la biennale de l’architecture de Nantes. Et enfin, une écluse, dans un département traversé de canaux, avec des écluses encore habitées et activées manuellement, et surtout en face de l’ancien moulin de Marcel Pagnol. Ce choix de lieux nous fait traverser le territoire par ses marges, ses endroits indésirables. Nous sommes dans les zones périphériques, dans les transitions. Mais les limites de villes et des quartiers bougent, et avec elles ces marges se déplacent. Nos lieux n’ont pas toujours été considérés comme des interstices mais le sont devenus avec les transformations environnantes. Ce sont des lieux chargés d’histoires parce qu’ils ont connu des métamorphoses. Ces métamorphoses nous intéressent pour ce qu’elles peuvent nous apprendre sur les évolutions de ces territoires, tant dans son dessin que dans l’aménagement et dans les flux de personnes. Nous chercherons à faire ressortir les articulations entre les différentes époques pour comprendre en quoi ces zones désenchantées ont un pouvoir poétique pour l’histoire collective.
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habiter Dans ces lieux étapes, nous prenons contact avec une personne ressource qui devient notre ambassadeur. En amont, nous préparons notre arrivée avec elle et nous planifions les interventions de la semaine. Par la suite, cet ambassadeur conserve des documents, livrets de présentation, cartes postales, gazettes, relatifs à notre intervention pour pouvoir expliquer la démarche et devenir un passeur sur le terrain. Un des enjeux de notre démarche est de réussir à devenir des habitants comme les autres, être impliqués en très peu de temps dans la vie de quartier, dans les habitudes locales. Nos ambassadeurs rendent cela possible par les échanges en amont puis sur place en nous introduisant directement dans le contexte local. Ce devenir-habitant passe par l’intégration des rythmes de vie de nos nouveaux voisins : ici nous vivons au rythme des marées, là nous fonctionnons avec les horaires d’ouverture de l’association, et là-bas nous nous calquons sur le passage des bateaux. En adoptant le même rythme de vie que les usagers et habitants qui nous entourent, nous sommes rapidement identifiés comme locaux. Mais nous avons malgré tout une petite différence, nous sommes de passage. Cette double particularité fait de nous les voisins idéaux à qui on vient raconter les derniers déboires et les anecdotes du jour.
fictionnaliser 10
Ces histoires collectées au jour le jour sont notre matière première pour la réflexion. Nous voulons dessiner une étude urbaine qui part de l’humain, comprendre un territoire en recueillant les histoires collectives et individuelles qui le composent. C’est également au fil des situations provoquées ou improvisées que nous trouvons l’opportunité de mettre en place notre terrain de jeu et de rencontrer nos interlocuteurs pour glaner des histoires et comprendre le site. Nous utilisons ensuite ces données en les tordant pour faire émerger une sensibilité du territoire. Nous cherchons les failles où l’individuel devient collectif, où la fiction peut s’ancrer dans la réalité. Nous mettons à l’épreuve nos intuitions et tentons de les confronter à la réalité qui les a inspirées. Nous pouvons ainsi tester la justesse de nos propositions, le discours mis en place et les histoires véhiculées. C’est enfin en réalisant des événements festifs et des temps rassembleurs qu’il nous est offert de réunir les composants recréant le contexte de la réalité fictionnalisée.
la dimension cachée Pour nous, la dimension cachée devient un sixième département. Ce département qui n’existe que par les marges, les bords délaissés. Ce que nous rendons central est la périphérie. Les lieux que nous choisissons sont des périphéries ; nous définissons une nouvelle périphérie, celle d’un département mythique dont nous laissons l’intérieur vide. Nous racontons les histoires de cette périphérie, nous étudions son fonctionnement, son développement urbain et nous détournons du centre. La dimension cachée c’est celle qui n’est pas incluse dans la dernière mise à jour de l’application GPS. Elle se fait dans l’usage, par les hommes qui arpentent le territoire, le sabotent, y vivent, y travaillent. La dimension cachée n’est ni évidente ni universelle. Elle se dévoile dans la durée mais n’est jamais figée. Transposer l’abstraction géographique. Souffler sur la bouée, la laisser se faire emporter, la voir hésiter entre contre-courants et remous, et mesurer toute la distance qui sépare le point de départ du lieu d’arrivée. Connaître la carte pour mieux l’oublier.
Cartes postales et gazettes Notre parcours se déroule dans des lieux en marge des villes. Zones délaissées, espaces oubliés, lieux désaffectés, ces sites jouent pourtant un rôle fort dans le territoire dans lequel ils sont implantés. Dans l’idée de montrer l’importance de ces lieux, nous éditons une collection de cartes postales sur ces lieux de la mobilité. Chaque semaine, le lieu dans lequel nous nous arrêtons devient, à l’issue de la résidence, un “lieu carte postale”. Ainsi, chaque étape de notre itinéraire donne lieu à l’impression d’une nouvelle carte dédiée à la valorisation de ce patrimoine ingrat. Nous nous amusons à réinterpréter pour chaque carte un style différent : la carte bas de gamme et ses fautes d’orthographe, la multi-vue, la carte humoristique, la carte vintage… La série s’intéresse à la fois à la mise en valeur de sites difficiles et au genre carte postale qu’elle se propose de traverser. Les cartes postales sont ensuite déposées à l’Office du Tourisme, dans les présentoirs des boutiques souvenirs, dans les commerces environnants. Faire d’un site une image de carte postale, c’est lui donner le statut de site remarquable dans la ville où il est ancré. Le lieu de la carte devient un endroit à voir, on le photographie, on cherche à garder un souvenir.
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Autour de cette volonté de valorisation des sites et de documentation de la recherche effectuée sur son ancrage territorial, nous accompagnons les cartes postales d’une gazette. A tirage hebdomadaire, la gazette “L’Etape” compte cinq numéros, chacun d’entre eux documentant une étape de la résidence. L’orientation donnée à la gazette oscille entre le bulletin d’informations et le livret d’exposition. On y retrouve une présentation du site, une sélection d’images et de l’installation que nous réalisons, des anecdotes ou des cartes d’orientation. Toujours éditée en un feuillet, la gazette est polymorphe : son pliage fait écho à un élément du lieu dont elle parle. Le logo triangulaire de l’aérodrome d’Angers donne lieu à une gazette aérodynamique, au port de Fromentine la gazette devient bateau et le numéro de Parcé-sur-Sarthe s’ouvre en deux comme une écluse. Elle est rédigée chaque semaine à bord du camping-car, ou elle est directement imprimée, pliée et tamponnée.
éTAPE 1
le relais routier
géographie
Mayenne Changé, 5 573 habitants. Le Relais Routier de Niafles, 25 Rue des Tisserands, 53 810 Changé.
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Le premier lieu de mobilité auquel nous allons nous intéresser est lié à la route. Les relais routiers sont des lieux que l’on croise souvent lors de longs déplacements par la route, et que nous dépassons avec peu de regrets. Pourtant ils représentent un point d’ancrage fort pour des routiers venus de toute l’Europe. Implantés dans des zones où l’urbanisation n’est pas très développée, ils sont des lieux de vie et de rencontres. Loin des préjugés, nous tentons de comprendre comment les relais sont des points de convergence dans des zones rudes. Nous voulions un relais avec une grande capacité d’accueil, pouvant accueillir des convois exceptionnels, et à proximité d’un noeud routier. C’est le relais de Niafles que nous avons choisi.
Ambassadeurs
Jean-Pierre et Françoise, les patrons du relais.
PRATIQUE
Parking - la place pour la nuit est comprise dans le prix du menu du soir. Electricité - pas de branchement. Eau - pas de branchement. Sanitaires - douches et toilettes dans le Relais. On aime - un espace sanitaire réservé aux femmes. Situation - calme jusqu’à 4h30. Animation - repas du soir convivial.
Attention !
Si vous souhaitez vous rendre au relais de Niafles, il vous faudra aller sur la commune de Changé.
Coincé entre l’autoroute A81 et la nationale N162, le Relais.
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Le relais routier personne n’en voulait, mais finalement nous sommes surtout le seul restaurant du coin.
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Carte postale n°02 Nos ambassadeurs devant Le Relais Routier.
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l y a ceux qui passent, ceux qui reviennent, il y a les habitués, ceux qui viennent retrouver les copains, il y a ceux qui ont concrétisé un rêve d’enfant, ceux qui ont dû se requalifier, il y a des codes, des rituels. Des histoires de routes, des vies toujours en mouvement, l’envie de voir du pays, le ras-lebol des incertitudes. Des longues traversées du territoire, chargées de nos rebuts, ou de cartons de petites gourmandises glacées, de pétrole ou de fourrage. Tout notre quotidien passe par un camion. 1250 km en 2 jours, Strasbourg-Laval dans la journée, puis Marseille-Guingamp, pause café au relais... le territoire est compressé par la densité des déplacements.
Ils sont très visibles par leur masse imposante, et pourtant on ne les regarde pas. Ils marquent le territoire, l’habitent, ils font partie de nos vies, mais en toute discrétion. Anonymes, ils ne laissent de traces que pour le regard attentif, et pourtant alimentent notre quotidien Le relais, c’est le lieu où les milieux se croisent. Le midi, le local, avec les ouvriers du BTP, les voisins, et le national ou l’international le soir avec les routiers. Les échelles de perception du territoire sont toutes ramenées en un lieu, un point de rencontre, le relais. Extrait de la gazette L’Etape - n°01
LE POINT SUR LE MENU Digne des Relais Routiers des années “Max Meynier”! Cuisine familiale traditionnelle excellente. Ambiance ‘routier”. A consommer sans modération !
A FAIRE Se lever avant le soleil pour assister au départ des camions : un vrai ballet ! Premier café servi à 5h.
PROPOSITION DE VISITE 5 JOURS : mardi - samedi
JOUR 1 : Observer les manoeuvres chorégraphiées des camions sur le parking. Arrivée : 17h-18h30 // Départ : 4h30-5h30.
JOUR 2 : Observer le défilé des ouvriers à midi.
Jour 3 : Faire un apéro de parking avec les arrivants pour se rencontrer et discuter. Voir page 16. JOUR 4 : Traquer les empreintes des camions le samedi. Voir page 18. JOUR 5 : Récolter des histoires de routes.
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Ce n’est pas nous qui menons le boulot, c’est le boulot qui nous mène.
”
LE TERRITOIRE COMPRESSé
DU NATIONAL à l’échelle du local
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Nous récoltons les différents trajets des routiers en escale au relais. Rapportés sur une carte, le territoire se retrouve comprimé par la vitesse et la longueur des déplacements. Dans l’idée de rétrécissement des échelles, nous dessinons la carte en utilisant les codes des cartes de métro.
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InstantanĂŠs Ă tirer : moulages de diverses empreintes. Nous gardons des moules qui laissent ouverts les possibilitĂŠs de tirages.
La carte des déplacements (voir page17) est tracée sur le parking, entre les camions. Elle vient s’inscrire dans un carré faisant la taille de l’espace nécessaire à un camion pour manoeuvrer.
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éTAPE 2 la gare
géographie Loire Atlantique St André des Eaux, 5 785 habitants. RMCA, Route de St André des Eaux, 44 600 St-Nazaire.
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A la recherche d’un lieu en rapport avec une mobilité ferroviaire, nous nous intéressons aux gares, et à la vie des gares désaffectées. La gare de Saint-André-des-Eaux retient notre attention : son histoire est mouvementée (de déconstruction en reconstruction), les limites des communes se sont déplacées et la gare se retrouve aujourd’hui dans la commune voisine, et enfin, la SNCF a accepté de mettre la gare à disposition d’une association de ferroviphiles (la RMCA) passionnés de trains miniatures. Cette mise en abîme des échelles de perception du territoire retient alors notre attention. Cette gare, bien que désaffectée, reste engagée dans une forte dynamique.
Ambassadeurs
Jean-Pierre Nenning.
PRATIQUE
Parking - le parvis de la gare sert entièrement de parking. Electricité - sur le quai. Eau - sur le quai. Sanitaires - WC à l’intérieur des locaux. On aime - les explications passionnées. On n’aime pas - l’accès interdit au quai. Horaires - les mercredis et les samedis, de 14h à 18h.
Attention !
La gare de St André des Eaux est en fait située sur la commune de St Nazaire.
La gare est située en plein cœur du parc naturel régional de Brière.
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J’aurais rêvé d’être conducteur de train. Ici je réalise un peu mon rêve.
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”
Carte postale n°03 - Photomontages “De la maquette dans la réalité”.
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L’
ancienne gare de Saint-Andrédes-Eaux est un lieu pour le moins atypique. Nous y avons été reçus par une équipe de ferroviphiles, des passionnés tant par leurs circuits que par leurs machines. Nous étions parfois perdus dans les méandres de leurs histoires. S’y mèlent et s’y croisent échelles, souvenirs, et anecdotes. Nous les avons confrontés à une réalité locale, territoriale. Des extraits de maquettes contre de vrais figurants, de faux accidents sur de vrais ponts en balsa, de vrais lotissements pour de fausses ménagères, un vrai mobil-home pour un faux touriste. - Ce territoire est totalement inventé ! Nous expliquent-ils. Les noms des villes sont sortis de nulle part, l’éclectisme des paysages vient des différentes envies du moment, et ce bord de mer qui ne ressemble à rien de connu dans les environs. Peut-on à ce point se détacher d’un environnement connu pour créer un territoire complètement nouveau ? Peut-on s’affranchir de notre environement direct ? Et à l’inverse, comment l’expérience de la maquette peut venir influencer notre environnement ?
Nous explorons la maquette en même temps que nous explorons les environs de la gare. Cette gare maintenant perdue au milieu d’une zone industrielle. On nous dira plus tard : “j’habite à côté, mais je ne savais pas qu’il se passait des choses dans cette gare !” Nous allons à la rencontre des uns et des autres pour qu’ils nous racontent leur maquette, leur territoire. Et puis nous trouvons un morceau de mini-ville à quelques kilomètres de la gare ! Même mur en pierres au fond de la courte plage, les parasols, le banc sur la promenade au-dessus ! Alors nous commençons à mettre en scène : d’abord les ferroviphiles, à qui l’on demande d’incarner les personnages de la maquette. Puis le territoire en empruntant ici un parasol de plus, et installant là notre table de pique-nique... Les scènes, pour le moins inattendues, se retrouvent projetées dans notre réalité. Alors nous continuons un peu plus en créant de toutes pièces une scène dans l’esprit de la maquette mais à échelle 1. Jusqu’où pourrait-on aller en considérant le territoire comme une super maquette ?
JEU DE PISTE Saurez-vous retrouver les lieux de la maquette dans la réalité ?
DEVINETTE à votre avis, combien de kilomètres de câbles ont été utilisés par les garçons pour relier mini-ville à la gare centrale ?
PROPOSITION DE VISITE 6 JOURS : lundi - samedi
JOUR 1 : Chercher les vestiges de l’ancienne gare, détruite pendant l’occupation Allemande.
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JOUR 2 : Visiter Mini-ville. Apprendre comment la maquette est un territoire inventé.
Jour 3 : Visiter l’envers du décor.
JOUR 4 : Chercher Mini-ville dans la réalité. Voir pages 25-27. JOUR 5 : Recréer Mini-ville dans la réalité. Voir page 24. JOUR 6 : Tirer le portrait des ferroviphiles à la manière Mini-ville...
Mini ville en grand
“ 24
Verne Haskel est un brave gars. Le genre de type discret pour qui la vie n’est que boulot et repos à la maison. Quand il est chez lui, il s’occupe de son train électrique. Pour celui-ci, il a reconstruit entièrement sa ville, pièce par pièce, lieu par lieu, tout à l’identique. Mais Verne en a marre, tout bascule, il jette son boulot et décide de tout changer. Alors pour influencer le monde, que lui reste-t-il ? La seule chose sur laquelle il a une influence : sa maquette de la ville. Détruire son univers réduit pour le reconstruire à sa manière... et alors le monde va changer avec ce qu’il réalise. Une petite ville, P.K Dick.
”
le syndrôme de la vache qui rit Nous recréons les situations de la maquette dans la réalité. Les personnages en plastique des scènes sont remplacés par les membres de l’association qui ont pris la pose.
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Il n’y a qu’un seul employé : le chef de gare. Ce dernier vend les billets, enregistre les colis, manoeuvre les aiguilles lors des croisements de rames. Il fait également le service des barrières du passage à niveau pendant ses heures de travail. En soirée, il est relayé par sa femme. Le chemin de fer de Saint Nazaire au Croisic et à Guérande, J-P. Nennig .
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Cette famille chérie habite un pavillon de banlieue avec un petit jardin devant. Et dans ce jardin, au fond, trône un mobil-home. Gagné à un jeu radiophonique, il est la propriété de Ming qui joue à tous les jeux passant à la télévision, à la radio, dans les journaux et qui quelques fois forcément gagne. Sauf qu’un jour Ming a remporté le premier prix : un mobil-home ! Mobil-home, D. Blaizot.
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