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SKY H1 / Augustin Fievet
from Larsen #44
# ambient # dream
©PIETER KERS
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SKY H1
TEXTE: SERGE COOSEMANS Productrice et performeuse, la Bruxelloise a beau se dire influencée par le rap français, la drum & bass, la bande originale de Twin Peaks et la musique classique jouée par son grand-père, on ne trouve plus aucune trace évidente de ces influences dans son travail. Autant dire qu’elles ont été fort bien digérées dans cet ambient (au sens large) personnel et mélodique, parfois pop, parfois expérimental, toujours très moderne.
C’est en 2014 que la jeune femme commence à chipoter des logiciels musicaux sur son ordinateur, «plutôt comme un défi, histoire de voir combien de temps ça me prendrait d’apprendre à produire de la musique». De son propre aveu, elle ne s’en sentait pas forcément capable et ce n’est qu’après avoir reçu beaucoup d’encouragements en réponse à des morceaux postés online que l’ambition a été considérablement revue à la hausse. Les choses s’enchaînent alors à une vitesse dingue: sorties sur des labels internationaux, premier EP fort remarqué, collaborations diverses, prestations live et DJ souvent loin de Bruxelles… SKY H1 devient une figure d’un certain renouveau “ambient”, même si sa musique dépasse les recettes et les formules. «Je pense que le souvenir qui définit au mieux mes goûts et que j’estime toujours très important, c’est avoir vu Roni Size et Reprezent (avec DJ Die et Leonie Laws) à la télévision. Leur musique ne ressemblait à rien de ce que j’avais déjà entendu et sonnait vraiment super futuriste. J’ai ensuite commencé à écouter de la drum & bass et c’est quelque chose qui définit toujours beaucoup mes goûts actuels.» Un esprit plus qu’une formule, la musique de SKY H1 sonorisant autant les dancefloors que les galeries d’art. Enfin, pas trop cette année: «Le Covid a fait que j’ai passé plus de temps en studio et collaboré avec plein de gens. Ça a donné beaucoup de nouvelles idées. Là, les performances devraient reprendre et je travaille sur deux collaborations visuelles avec les artistes Margarita Maximova et Mika Oki. En novembre, je sors aussi un album, ainsi qu’une bande originale de film.»
©JEREMY ADONIS
# space # ambient·néo-classique
Augustin Fievet
TEXTE: NICOLAS ALSTEEN En quelques notes de piano et de multiples ressources synthétiques, le compositeur namurois défie les lois de la gravité sur un disque spacieux et éthéré à souhait.
Originaire d’un petit village planté aux abords de l’Abbaye de Maredsous, le compositeur Augustin Fievet s’est initié à la musique pour tromper l’ennui. «Dans ma campagne, il n’y avait strictement rien de cool à faire, explique-t-il. Alors, je me suis mis à la basse.Le problème, c’est qu’il n’y avait personne avec qui jouer…» Le jeune homme s’invente alors de la compagnie au contact d’un ordi. «J’utilisais un logiciel pour créer des sons avec lesquels interagir. J’étais nuit et jour devant mon écran.» Pour sauver sa vue et changer un peu de vie, l’artiste s’évade ensuite derrière un piano. Au même moment, il découvre le travail de Superpoze, pianiste et producteur français aperçu aux côtés de Nekfeu ou Lomepal. «C’est la première fois que j’entendais des compos électroniques traversées par autant d’émotions.» Secoué par cette révélation, le Belge envisage lui aussi d’émettre quelques signaux analogiques à l’aide d’un synthétiseur modulaire.
Toutes les explorations instrumentales d’Augustin Fievet façonnent aujourd’hui les contours de Lens Flare for the Dead Astronaut, un disque aux vertus cosmiques et apaisantes. Quelque part entre la musique ambient et une esthétique néo-classique, le compositeur suspend le temps via des mélopées délicieusement éthérées. Chez lui, il y a beaucoup d’amour pour Debussy, Chopin ou Erik Satie, mais aussi des liens évidents avec des œuvres signées Max Richter, Hauschka ou Nico Muhly. «Avant l’enregistrement, je me suis immergé dans le scénario d’Ad Astra, révèle le multi-instrumentiste. C’est un super film de science-fiction avec Brad Pitt dans le rôle principal. L’action se déroule dans l’espace: un décor qui cadre bien avec mon univers musical, mais aussi avec ma personnalité un peu… lunaire.» La tête dans les étoiles, les pieds sur terre, l’artiste explore des galaxies hybrides et ultra-contemplatives. À savourer les yeux fermés, l’esprit en apesanteur. Effets garantis.