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Musique en Wallonie
from LARSEN°46
TEXTE: STÉPHANE RENARD En un demi-siècle d’existence, Musique en Wallonie a exhumé d’innombrables œuvres inédites du patrimoine musical wallon et bruxellois. Du Moyen Âge au 20e siècle, de Dufay et Ockeghem à Lekeu et Souris, ce sont près de 200 pépites que ce label hors des modes affiche à son catalogue. Retour sur cette aventure d’exception en compagnie de Jean-Pierre Smyers, son président.
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1er album publié: Orlande de Lassus Sacrae Cantiones 1971
Dernier album publié: Jean-Noël Hamal Motets 2021 C’est ce que l’on appelle un effet collatéral, mais celui-là fut particulièrement heureux. La réforme constitutionnelle de 1971, et notamment l’article 59 instituant les communautés en leur donnant l’autonomie culturelle, aura boosté bien des énergies. Si, au sud du pays, l’une des initiatives les plus visibles est la création du Festival de Wallonie, à Liège c’est un mélomane qui se sent pousser des ailes. «Le label Musique en Wallonie, rappelle Jean-Pierre Smyers, son actuel président, est en effet né à ce moment à l’initiative du notaire Albert Jeghers. Il avait à ses côtés son ami l’abbé Carl De Nys, musicologue de renom. Leur idée de départ était de valoriser en l’enregistrant le patrimoine musical liégeois. Mais le catalogue s’est rapidement ouvert à tout le territoire de l’actuelle Fédération Wallonie-Bruxelles.»
Qu’est-ce qui a permis d’asseoir très vite la réputation du label?
La compétence –et le carnet d’adresses!– de l’abbé De Nys.
Pour financer ses projets, Musique en Wallonie a commencé par nouer des partenariats avec d’autres firmes, telles que
Koch-Schwann, Pavane et Valois. Il y a même eu Philips pour un enregistrement de Lekeu, Ysaÿe et Vieuxtemps par Arthur
Grumiaux avec Dinorah Varsi.
D’autres faits d’armes au palmarès des débuts?
Nous avons été parmi les premiers à collaborer avec l’Ensemble
Huelgas de Paul Van Nevel, avec qui nous avons gravé une intégrale du compositeur médiéval Ciconia. Mais nous avons aussi à notre tableau un disque Roland de Lassus pour lequel nous avions réuni à leurs débuts Jordi Savall et Philippe Herreweghe.
C’était la grande époque de la redécouverte de la musique ancienne. Musique en Wallonie est née au bon moment…
Et au bon endroit, la région liégeoise a toujours été un creuset musical…
Elle l’était vraiment à l’époque, avec notamment l’influent organiste Hubert Schoonbroodt. Il a d’ailleurs gravé notre premier LP, en dirigeant la musique de Lambert Chaumont.
Et puis Liège était riche de deux courants, celui de la musique contemporaine avec Henri Pousseur au Conservatoire et celui de la musique ancienne avec Jérôme Lejeune. Sans oublier la présence de l’Opéra, de la Salle Philharmonique et de l’Orchestre Symphonique –devenu l’Orchestre Philharmonique de Liège du temps de Pierre Bartholomée en 1983–, avec lequel nous avons beaucoup enregistré. Un autre facteur a été de pouvoir compter sur un ingénieur du son exceptionnel, André
Charlin, qui avait développé des techniques offrant des captations de très grande qualité.
Votre originalité, aujourd’hui, c’est d’avoir un conseil d’administration composé surtout de musicologues…
À partir de 1991, le professeur Philippe Vendrix (ULg), qui a dirigé le Centre d’études supérieures de la Renaissance à Tours, a en effet rejoint l’équipe. Musique en Wallonie s’est alors mise à développer des partenariats avec les musicologues de nos universités et de nos conservatoires francophones. Ces experts nous proposent les compositeur·trice·s qu’ils redécouvrent lors de leurs recherches. Cela explique la richesse des livrets de nos
CD. Nous avons la même obsession de qualité pour le choix des interprètes. Une de nos séries emblématiques est celle des 5 CD consacrés à Roland de Lassus. Ce Montois célèbre de la Renaissance franco-flamandea énormément voyagé. Chaque CD a été interprété par un ensemble différent–français, allemand, néerlandais, italien et belge–, en correspondance avec les pays qui ont accueilli Lassus au long de sa vie.
En fait, votre démarche s’inscrit à contre-courant d’un label commercial…
Totalement. Il est évident que la plupart des labels réfléchissent en termes de ventes, avec des répertoires grand public ou des