6 minute read

UNE AMBIANCE SINGULIÈRE

Mémoire d’un brouillon ordonné

Lim’Art - Ynov Campus

Advertisement

Année 2021 - 2022

Quelle place pour une ambiance singulière dans un espace contraint par sa monotonie ?

Victoire Girardeau

Mémoire de mastère Architecture d’intérieur

Lim’Art - Ynov Campus

Année 2021 - 2022

Lexique

P. 5

Préface P. 7

Introduction

1. Standardisation P. 8 à 11

2. Critique urbaine avec Michel Ragon P. 13

3. Critique personnelle de l’architecture uniforme P. 14 et 15

Chapitres

Ballade Intellectuelle

1. La poétique de l’espace . Gaston Bachelard P. 16 à 18

2. Améniser, explorer les sens . Thierry Paquot P. 19 et 20

3. Anthropologie et matière . Antoine Picon P. 21 et 23

4. Le concept d’ambiance . Bruce Bégout P. 24 et 25

5. Dépasser la fonction . Louis Khan P. 26 et 28

6. Nature et espace temps . Aldo rossi & Duncan lewis P. 29 à 35

7. La main de l’homme . aTAU, domaine de Chatressac P. 36 et 37

8. Design et émerveillement . Ettore sottsass P. 38 à 40

Conclusion

P. 41 et 42 Bibliographie P. 44

Anthropologie : « L’anthropologie est une science, située à l’articulation entre les différentes sciences humaines et naturelles, qui étudie l’être humain et les groupes humains sous tous leurs aspects, à la fois physiques et culturels.

» -Wikipédia-

Architecture bioclimatique : « L’architecture bioclimatique est une discipline de l’architecture dont l’objectif est de tirer parti des conditions d’un site et de son environnement. Cette architecture s’adapte aux caractéristiques et particularités propres au lieu d’implantation : son climat, sa géographie et sa géomorphologie. »

- Wikipédia

Architecture vernaculaire : « Architecture d’une inspiration populaire qui a développé, et développe ses caractéristiques propres dans une région spécifique où souvent elle utilise les matériaux locaux, des façons de faire et des formes traditionnelles. » - François Varin

Arte povera : « Être un artiste Arte Povera, c’est adopter un comportement qui consiste à défier l’industrie culturelle et plus largement la société de consommation, selon une stratégie pensée sur le modèle de la guérilla. »

Ce mouvement artistique crée à partir de matériaux à portée de main. » - Médiation Centre Pompidou

Bauhaus : C’est une école née en Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale, lors de la naissance de la République de Weimar. Puis elle ferme définitivement durant la montée du nazisme. Les différents artistes, designers et architectes qui ont côtoyé cette périodes ont crée un mouvement cherchant à mêler l’artisanat à la nouvelle aire industrielle.

Chantier participatif : C’est chantier collaboratif où il y a un échange de connaissances et de savoir-faire de façon. C’est un évènement durant lequel plusieurs personnes se retrouvent pour travailler ensemble, bénévolement.

Frugalité : Être frugal, c’est se satisfaire de peu en vivant d’une manière très simple.

Tiers paysage : « Concept créé par le paysagiste français Gilles Clément, afin de désigner l’ensemble des espaces qui, négligés ou inexploités par l’homme, présentent davantage de richesses naturelles sur le plan de la biodiversité que les espaces sylvicoles et agricoles. » - Wikipédia

Gilles Clément publie son livre Manifeste pour le Tiers paysage en 2004.

Topophilie : « La topophilie est le lien affectif entre les gens et le lieu, l’environnement. » - Yi-Fu Tuan

RT 2020 : C’est la réglementation thermique (RT) qui est applicable à toutes les constructions neuves depuis 2022.

Monotonie (grec monotonia)

Caractère de ce qui est uniforme dans son déroulement, dépourvu d’imprévu.

Ce mémoire a pour objectif de questionner les atmosphères et les ambiances dans lesquelles nous vivons, ainsi que les notions d’émerveillement, de sobriété et d’équilibre entre différents éléments. Rédigé sous forme de chapitres comme un livre, j’ai souhaité me placer comme narrateur et créer une ballade architecturale et intellectuelle qui explore des concepts à travers la matière, la lumière et l’imprévisibilité.

J’ai commencé ces réflexions il y a deux ans lors de mon Diplôme National d’Art (DNA) lorsque s’est agrandi mon regard sur l’impact du bâti dans le monde. Mes études ont été motivées et influencées par des projets comme ceux de Bellastock, une coopérative d’architecture qui a développé une expertise pionnière en France sur le réemploi. L’objet de mon diplôme Le Grain du Réel.1 interrogeait alors déjà l’approche sensible de l’espace par la matière, et plus précisément sa façon d’interagir avec nos sens, tout en intégrant un processus de création qui se situe à la frontière de l’Arte Povera et de l’architecture vernaculaire.

.1 Annexe pages 4 à 9 : Extrait de diplôme, Le Grain du Réel, Victoire girardeau, 2020

Standardisation et rationalité

A la suite de la crise économique et à l’inflation d’après-guerre, de nombreux territoires ont été confronté à un modèle économique où il fallait reconstruire vite et pas cher. En urbanisme, la pénurie de logements conduit à la construction de grands ensembles immobiliers. Dans les années 1920, l’exaltation de l’individu qui caractérisait l’esthétique expressionniste est remplacée par un idéal de standardisation : les singularités sont effacées au profit d’un recours à des modèles, des types normés, des formes simples reproduites en série.

Durant cette même période, l’école du Bauhaus fait son apparition. Ce mouvement a posé les bases de la réflexion sur l’architecture moderne, notamment du style international. Cet idéal défendait de faire référence aux styles du passé, et l’ornemental considéré comme superflu a laissé place au minimalisme. Il s’agissait de reconstruire des bâtiments et des objets du quotidien, abordables, fonctionnels et esthétiques, mais aussi de repenser le fonctionnement de la société en se servant des composantes industrielles et technologiques de la nouvelle société de l’époque. L’héritage des designers qui l’ont traversés reste admirable. L’idée de fusion entre les arts plastiques, l’artisanat et l’industrie est une grande source d’inspiration et cela ne s’arrête pas à la fermeture définitive de l’école..1

Une figure humaine anonyme, sans visage, aux bras mécanisés, peuple ce décor vide et figé.

Huile sur toile

George Grosz

Ohne Titel

1920

.1 Annexe pages 10 à 12 : L’objet non standard, réflexions sur les nouveaux paradigmes de la conception et de la production.

Construire simplement et de façon standardisée, c’est aussi le modèle que l’architecte d’origine belge, Auguste Perret a adopté pour la reconstruction du centre du Havre, détruite à 90% après la Seconde Guerre Mondiale. La réédification de la ville comprenait plus de 12 000 logements et de nombreux bâtiments civils, commerciaux, administratifs ou religieux (1945 - 1964).

Tout a été conçu sur le principe d’un squelette avec une structure apparente en poteau, poutre et dalle pour être efficace à la mise en oeuvre. Mais A. Perret ne lésine pas totalement sur l’esthétisme non plus en faisant appel aux nobles colonnes historiques, aux corniches et aux portes fenêtres. Il fait aussi un clin d’oeil et à l’architecture Haussmannienne avec des balcons qui font le tour des logements, des fenêtres carrées pour les lieux de stockage et l’entre sol réservé aux boutiques. Et le point central de ces immeubles reste le béton, qu’il soit lavé, bouchardé, coloré, etc. Les finitions sont pensées et réalisées avec soin comme nous pouvons le voir sur les photos 1 et 2 page 9.

Enfin, au-delà de l’enjeu économique et esthétique, l’architecte pense aux enjeux sociétaux. Tout comme le Corbusier, il adopte un plan libre avec un seul élément porteur dans l’appartement, des cloisons amovibles, des rangements dans les murs. L’espace, la lumière et le calme doivent être présents ; pour cela les bâtiments ne sont pas tous à la même hauteur, et d’ailleurs il n’y a pas de hiérarchie par étage, mais plutôt par îlots. Et tout le monde à le droit à l’eau, l’électricité, chauffage à air pulsé et à un survitrage. Même encore aujourd’hui ceux qui vivent ici sont très satisfaits à part pour le bruit que dégagent éventuellement les gaines techniques. ...

Alors qu’Auguste Perret m’a un peu réconforté cet été durant ma balade au Havre avec ces bâtiments standardisés, je continue de les remettre en question. Car le travail de ce maître penseur n’est pas le même que celui des prometteurs qui construisent à tout va encore aujourd’hui en s’appuyant sur des modèles qui ne sont plus viables en vue du contexte environnemental.

Tout comme le modèle que nous a laissé le Bauhaus, celui-ci à également ses limites et ses vices. Le style international, les murs rideaux, le béton et la peinture blanche sont omniprésents alors que chaque territoire à des ressources différentes et une topographie quasi unique. De plus, nous ne pouvons plus se permettre de penser l’architecture sur cette simple vision, surtout lorsque nous savons désormais que le sable est devenu la 2e ressource la plus demandée, responsable d’érosion spectaculaire, entre autre.1 et que le secteur du bâtiment produit 46 millions de tonnes de déchets par année en France..2

This article is from: