L'espace Tivoli, problématique autour d'un lieu emblématique.

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L’ESPACE TIVOLI PROBLÉMATIQUE AUTOUR D’UN LIEU EMBLÉMATIQUE. Méthodologie participative. Pistes de prospectives.



BAIWIR LAURA 2ÈME ANNÉE DU GRADE DE MASTER EN ARCHITECTURE, FINALITÉ SPÉCIALISÉE EN ART DE BÂTIR ET URBANISME ANNÉE ACADÉMIQUE 2014-2015 COMITÉ DE SUIVI : U2 PROMOTEUR : DAVID TIELEMAN CO-PROMOTRICE : SOPHIE DAWANCE

L’ESPACE TIVOLI PROBLÉMATIQUE AUTOUR D’UN LIEU EMBLÉMATIQUE. Méthodologie participative. Pistes de prospectives.



TABLE DES MATIERES 1/2 1. INTRODUCTION.........................................................................................................................................9 2. PREMIÈRE PARTIE : A. L’ESPACE TIVOLI, C’EST OÙ, C’EST QUOI ?.....................................................13

B. SON HISTOIRE : _ Les fouilles........................................................................................17 _ L’époque préhistorique _ L’époque romaine _ L’époque mérovingienne _ Saint-Lambert _ L’époque «de Notger» _ Le régime français _ Le régime hollandais _ Liège, belge (19ème siècle) _ Le «tout à la voiture» _ Les années bulldozer _ Le schéma de Strebelle

C. SON ETAT DE L’ART : _ Site d’accueil d’événements ...............................................45 _ Réflexions étudiantes : «Utopies Tivoliennes» _ Etudes LEMA & CLEO _ Cahier de l’Urbanisme de Liège 2006 _ Etude Alphaville 2009 _ Etude Alphaville 2013 _ Stratégies de développement 2014 _ Un tram à Liège ? _ Concours Accessibilité et Architecture

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TABLE DES MATIERES 2/2 3. DEUXIÈME PARTIE : A. MOTIVATION À DÉVELOPPER UNE MÉTHODOLOGIE PARTICIPATIVE...........75

B. PRÉALABLE : SONDAGE......................................................................................79 C. TABLES RONDES: _ INTRODUCTION.......................................................................83 _ PREMIÈRE TABLE RONDE : Personnes présentes.............85 Matériel utilisé Objectifs Organisation Développement Synthèse _ DEUXIÈME TABLE RONDE : Personnes présentes..........117 Matériel utilisé Objectifs Organisation Développement Synthèse _ EVALUATION DE LA MÉTHODE..........................................145

4. CONCLUSION.........................................................................................................................................151 5. BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................................157

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“La dépendance au chemin emprunté, est une théorie expliquant comment un ensemble de décisions

passées peut influer sur les décisions futures. L’idée est que des particularités historiques, justifiées à une époque mais qui ont cessé d’être optimales ou rationnelles, peuvent perdurer indéfiniment parce que les changer impliquerait un coût ou un effort trop élevé à un moment, alors que ce changement pourrait être payant à long terme.” - Théorie d’économistes évolutifs -

Architecte ; nom masculin ; (grec arkhitektôn, maître constructeur) « Personne qui conçoit le parti, la réalisation et la décoration de bâtiments de tous ordres, et en dirige l’exécution. » - Dictionnaire Larousse. 8


1. INTRODUCTION

Comme depuis la nuit des temps, les réalités du XXIème siècle offrent la possibilité à l’architecte de compléter la définition générique, citée ci-joint, avec une prise de conscience plus systémique. L’architecte n’est pas uniquement cette personne qui conçoit, réalise et décore. Aujourd’hui autant qu’hier, il se doit d’être un citoyen acteur à qui revient la responsabilité de concevoir pour le citoyen dans une démarche de pérennisation marquée dans l’espace et le temps.

L’inclusion des individus dans la démarche de projection est une passerelle vers la conception d’une architecture durable. Par le concept « durable », nous entendons ici des réalisations conscientes des modèles d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Impliquer l’individu par la participation active dès la conception d’un projet est un travail de concertations et de confrontations à d’autres réalités - tant pour le professionnel que pour les citoyens - ce qui permet d’enrichir les réflexions de chacun. Nous avons choisi de développer et d’expérimenter une méthodologie dite « participative » dans le cadre de ce travail afin de nous soumettre, avec des citoyens, à cette expérience. Pour recentrer la création aux services des usagers, nous miserons sur le potentiel d’un travail collectif et non individualisé. Cette méthodologie se base tout d’abord sur le choix d’un site d’intervention. Nous avons choisi un lieu populaire de la ville de Liège, l’espace Tivoli. Ce site présentant une problématique depuis de nombreuses années, quant à son aménagement et son affectation, il nous a semblé intéressant d’expérimenter notre méthodologie sur celui-ci. L’espace Tivoli, mais quel est ce lieu ? C’est ce que nous présentons et développons dans la première partie de notre travail. Quelle est son histoire ? Qu’est-ce qui a défini ce lieu jusqu’aujourd’hui ? Quels sont les projets et perspectives qui ont été envisagés ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Voilà les questions qui nous occuperont tout au long de la première partie de ce travail. Cela permettra d’avoir une connaissance du lieu, de comprendre la problématique qui l’entoure et d’utiliser les clés de lecture qui sont proposées pour développer notre méthodologie. 9



Dès cette première partie, via l’analyse historique et l’état de l’art, nous comprendrons que cet espace représente une problématique bien particulière englobant un grand nombre de facteurs concernant le tissu urbain général de la ville. Nous allons faire le constat au travers d’études et de prises de position au sujet de l’espace étudié, qu’il n’a pas encore d’identité à l’heure actuelle. La seconde partie de ce travail sera consacrée à l’élaboration, l’exploitation et l’évaluation de la méthode proposée. Cette méthodologie a pour but de tester une approche différente et originale d’une problématique urbaine. Pour ce faire, nous avons voulu convier autour de la même table, professionnels et non-professionnels de l’aménagement du territoire, pour ouvrir le débat. La méthodologie s’articule autour de deux moments forts de réunion, que nous appelons « tables rondes » et dont les participants sont des usagers de l’espace, avertis ou non. Ces participants sont des citoyens liégeois intéressés de s’investir dans une démarche participative et/ou ayant une « relation » particulière avec ce lieu emblématique. La première réunion aura pour objectif de comprendre les enjeux, les intentions et les possibilités d’actions propres au site. Au travers de différentes étapes durant cette table ronde, nous identifierons tous ces éléments en abordant le site sous différents aspects. La deuxième table ronde sera consacrée à l’analyse et l’évaluation de différents scénarii projetés lors de la première réunion. Le programme prévoit, dans un premier temps, une activité sous forme d’atelier de réalisation de maquettes et dans un second temps, de débat autour d’une mise en commun. Nous développerons chacune des étapes de la méthodologie et des interactions entre les acteurs, nous dresserons ensuite une synthèse de chacune des tables rondes. Nous proposerons lors de ces tables rondes l’utilisation de différents outils associés à la profession, allant du dessin 2D à la maquette 3D, pour impliquer les participants. La dernière étape du processus sera consacrée à l’évaluation de la méthodologie. Celle-ci s’appuiera sur quelques indicateurs tels que le public cible, le type d’activités déployé, les outils utilisés, la disposition spatiale des ateliers, le degré d’implication des acteurs, le rôle de la médiation,… Nous parachèverons par une réponse en lien avec les réalités de ce que signifie pour nous être architecte aujourd’hui et dans quelle mesure de telles méthodologies pourraient nourrir notre parcours architectural et professionnel. 11


“Chaque époque rêve la suivante.” - Jules Michelet –

Situation de l’espace dans une vue satellite de la ville de Liège

Espace ; nom masculin ; (latin spatium) : « Propriété particulière d’un objet qui fait que celui-ci occupe une certaine étendue, un certain volume au sein d’une étendue, d’un volume nécessairement plus grands que lui et qui peuvent être mesurés. » - Dictionnaire Larousse. 12


2. PREMIÈRE PARTIE : A. L’ESPACE TIVOLI, C’EST OÙ, C’EST QUOI ? Données géographiques :

Situation : Liège, Belgique, Europe. Latitude : 50°38.0238° Nord Longitude : 5°34.0494° Est

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Plan de l’espace Tivoli et ses alentours


Panorama : Palais de justice - Place du Marché - Tivoli - Saint-Lambert

Comment parler de l’Espace Tivoli sans parler de ce qui le construit, du volume plus vaste dans lequel cet espace est défini et génère des propriétés ? Actuellement esplanade recouverte de graviers, ce sont les constructions environnantes qui le composent. La configuration du site se définit comme suit : principalement il s’agit à l’Ouest, de la place Saint-Lambert (et l’ilot Saint-Michel), du Palais de justice (ancien Palais des Princes-évêques) au Nord, de la place du Marché et son populaire Perron à l’Est, et enfin l’hôtel de ville (et la rue Bex bordée de bâtiments emblématiques) en son Sud. Si l’occupation de l’espace est l’image du modèle des sociétés humaines qui l’ont occupé, la place SaintLambert et ses alentours forment ensemble un palimpseste. Celui-ci a permis, à l’aide de fouilles réalisées à différentes périodes, de lire les différentes sociétés qui ont dessiné, au fur et à mesure, la ville de Liège que l’on connait aujourd’hui.

Panorama : Saint-Lambert - Palais de justice - Tivoli - Place du Marché 15


Photos des fouilles de 1907

L’Archéoforum 16


B. SON HISTOIRE _Les fouilles :

L’historique des fouilles s’est taillé une place majeure dans l’évolution du projet urbain et la qualification actuelle de ces lieux. En 1898, des traces de l’époque Gallo-romaine et moyenâgeuses sont découvertes lors de la pose d’un tuyau d’égout. Face à ces révélations non négligeables de notre patrimoine, des fouilles seront entamées dès 1907 jusqu’en 1909. S’en suivra une période de turbulences liée aux désaccords entre archéologues, urbanistes et politiques. Dans les années 1960-1970, à l’occasion des premiers projets d’urbanisme favorables au « tout à la voiture », projets allant d’une autoroute aboutissant sur la place Saint-Lambert à un parking sous-terrain en passant par une gare d’autobus, une révélation du potentiel archéologique indéniable du site a lieu. Le professeur Hélène Danthine, ULg, obtient par conséquent le permis de fouiller. S’en suit l’ouverture d’un autre chantier, créant de nouveaux désaccords. Et en 1974, un nouveau projet d’aménagement, dirigé par la Région Wallonne, réveille les querelles sur l’avenir de la place. Jean-Marc Léotard, responsable du « Service d’Archéologie de la Province de Liège », (« Service Public de Wallonie - Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGO 4) »), avec l’aide de l’ULg, organise des fouilles de récupération en urgence de six mois face au nouveau projet qui ne conserverait qu’un fragment du potentiel de cet héritage du passé, les deux chœurs de la cathédrale. Des actions de sensibilisation et de mobilisation de citoyens pour la défense du patrimoine s’organisent. À la suite d’un grand nombre d’assemblées entre entrepreneurs, politiques et archéologues, en 1982, un compromis est finalement trouvé. Le projet «d’autoroute » se construira sur pilotis et le parking géant sera réduit à la moitié de la surface prévue au départ ; néanmoins la partie ouest des vestiges, restera, elle, condamnée à la destruction. Le projet subira diverses révisions et dès 1985, les vestiges seront finalement protégés et conservés sous une dalle de béton et seront intégrés au patrimoine régional. Les fouilles peuvent dès ce moment être réalisées avec calme, soin et tranquillité, tout en permettant un accès au grand public. Le projet prenant forme, en 2003, l’Archéoforum voit le jour, conciliant la poursuite des fouilles, des investigations et de l’étude de l’histoire de ce point central de Liège et la conception d’« un voyage de 9000 ans d’histoire » à destination du public. 17


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_L’époque préhistorique

Le sillon Sambre et Meuse présente un intérêt depuis des millénaires, entre autre, parce qu’irrigué par plusieurs bras de la Meuse, fleuve navigable prenant sa source en France, à Pouilly-en-Bassigny et terminant sa course dans le bras de mer d’Haringvliet aux Pays-Bas. La présence humaine sédentaire dans ces contrées remonte, de manière certaine, au 5ème millénaire avant J-C. Les homo-sapiens y développent leur mode de vie en tant qu’agriculteur, artisan,… On retrouvera de nombreux vestiges et outils lors des fouilles du 20ème siècle. Toutefois, dans la conclusion de leur article faisant état des connaissances en 2009, Messieurs Van Der Sloot et Léotard précisent : « En conclusion, même si l’implantation romaine sur la place Saint-Lambert prend place au sein d’un environnement déjà «anthropisé», l’état de la documentation du site ne permet pas, à ce stade de la recherche, d’avancer une hypothèse de continuité entre une occupation protohistorique et la fondation du bâtiment gallo-romain. » (HENRARD DENIS, LÉOTARD JEAN-MARC ET VAN DER SLOOT PIERRE)

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Implantation de la villa gallo-romaine au sein du Sillon Sambre et Meuse.

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_L’époque de l’emprise Romaine :

Dès l’an 0 jusqu’en 300 après Jésus-Christ environ, le territoire sera placé sous la domination de Rome. Les Romains modifient totalement la structure territoriale « existante », développent des nouveaux réseaux, renforçant la qualité du territoire comme l’explique Madame Sophie Dawance dans son syllabus : « Ce réseau de voies offre aussi une autre logique de mise en valeur du territoire. Les légionnaires qui se sont distingués au combat se voient octroyer de vastes domaines qu’ils ont la charge de défricher et de cultiver : les villas. » (DAWANCE SOPHIE)

C’est sur l’actuelle place Saint-Lambert que fut érigée, à cette époque-là, une de ces villas gallo-romaines. Présumé avoir été le cœur névralgique d’une importante exploitation agricole, le site présentait effectivement à cette époque-là un tout autre relief. Enclavé sur la plaine alluviale entre la rive gauche d’un méandre de la Meuse, le bras de Sauvenière, la Légia et le flanc du relief des coteaux, ses terres étaient très propices à une exploitation à haute productivité. La Légia, un cours d’eau partant d’Ans, terminait sa course dans la Meuse au niveau de l’actuel pont des Arches. Antérieurement, divisé en plusieurs bras, elle passait notamment par le bas de Pierreuse et la place SaintLambert. De nos jours ce cours d’eau a été concentré en un seul lit. Il semblerait que la zone n’ait pas été sujette aux dynamiques alluviales des affluents et confluents qui la cernent, et que les terres ne présentaient aucun trait marécageux. Ce qui faisait de cette villa, et de sa situation, une agora stratégique comme on peut le voir sur la carte ci-jointe.

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Plan de la villa et reconstitution de la topographie locale.

Maçonneries romaines

Substrat naturel arasé

Aqueducs, fours et structures fossoyées romaines

Courbes de niveau extra polées à partir de points d'altitude par le logiciel Surfer 8 (méthode Kriging). Altitudes en mètres. Équidistance : 20 cm

Béton de sol


Sans entrer trop dans les détails, la villa en elle-même présente déjà une conscience de conception malgré une architecture de type romaine assez standard. Elle s’articule de manière symétrique dans les axes Nord/Sud et Est/Ouest respectant, ainsi l’axe de la plaine et du chenal de la Légia et semble conçue pour s’articuler en paliers afin de respecter le relief déclive du site. Ces axes de symétrie et les rehaussements des axes de circulation dans la villa renforcent l’importance de la pièce centrale.

La progression des fouilles a permis de subodorer, sous réserve quant à l’ordre chronologique et phasique, qu’il existerait différents modèles d’édification et d’aménagement au sein de la villa. Cela a pu être constaté par la présence de différents chainages et appareillages au sein de la structure de la villa. Celle-ci aurait donc, au fil des années, subit des mutations.

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Cherchant à tracer l’histoire et l’évolution du lieu-dit Saint-Lambert (englobant l’espace Tivoli), il semble intéressant de mettre en avant les éléments qui ont rendu ce site attractif pour ces premières implantations sédentaires, ou passages nomades. Il s’en suivra un développement concentrique au fil des années jusqu’au statut de ville que nous connaissons. L’eau a toujours été source de développement, tant au niveau du mode de vie et des cultures que du transport. Le sillon Sambre et Meuse, ses différentes rivières et ses affluents, ainsi que les liens avec les territoires avoisinants, semblent donc les attraits majeures de ce site. Sans oublier l’implantation de la villa et la qualité alluviale des sols décrite plus haut. Par ailleurs, le site du futur Liège était très bien intégré au schéma viaire dressé par les romains, ce qui permettait de développer les échanges tant grâce au réseau fluvial qu’en valorisant les voiries entre les villas pour structurer le territoire via une mobilité favorable aux relations transfrontalières ainsi qu’aux nécessités militaires. Notons que le réseau viaire élaboré par les romains peut encore se lire dans le tracé de nos autoroutes contemporaines. Le relief permettait sans doute de s’imposer dans le paysage. Ce qui aurait permis de monumentaliser l’édifice et renforcer cette imposition de puissance. Son emplacement et son dimensionnement laissent penser qu’elle fut la propriété de personnes d’un réseau socio-économique d’élites. L’exploitation viticole possible sur les flancs des coteaux est aussi à envisager comme raison de la formation de ce futur centre. Le plan organisateur du territoire hérité des villas romaines reste, malgré une suite d’invasions de dynasties franques, bien présent même après la fin de la domination en Belgique. Petit à petit, les troupes romaines se retirent du territoire et laissent la place à la dynastie mérovingienne qui règnera sur la région de Liège durant les Vème et VIème siècles. 25



_L’époque mérovingienne

Il n’y a, pour l’instant, aucune certitude quant à l’occupation permanente du site, c’est-à-dire, entre l’occupation sédentaire romaine et les différentes invasions.

Durant deux siècles, il y a peu de traces d’activités sur le site liégeois. Néanmoins, il semble qu’il fut toujours convoité par les forces germaines et les différents évêques de Maastricht (diocèse Tongres-Maastricht), bourgade à quelques 25 km de l’emplacement, et rappelons-le, reliée à Liège par la Meuse. Le pays sortant blessé et divisé par les invasions incessantes, les francs vont soutenir le christianisme comme principal acteur de l’organisation des bourgs. Des accords seront ainsi passés avec différentes confréries religieuses, dans le même esprit que les villas furent dédiées aux héros de guerre à l’époque romaine. Nous pourrons constater cela dans l’affectation du site objet de notre étude. En plus du développement d’un hameau sur une partie des anciennes fondations de la villa gallo-romaine, des populations rurales développèrent l’agriculture le long des berges de la Légia. En atteste l’implantation d’un oratoire érigé, selon les sources historiques, en l’honneur de deux frères médecins, Saint Cosme et Saint Damien. Comme raconté dans le livre de promenades historiques dans le pays de Liège, Volume 2 : « Monulphe obéissant à la voix chemina vers la forêt, passa la rivière et trouva un pasteur avec son troupeau qui lui montra l’endroit où la croix était tombée. Sur cette place fut bâtie une chapelle en l’honneur de St. Cosme et St Damien, qui devint le commencement de Liège, où est à présent la cathédrale St-Lambert,etc.,etc,…» (BOVY JEAN PIERRE PAUL)

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Le massacre de Lambert de Maastricht - Saint Lambert 28


_Saint-Lambert

C’est au VIIème siècle que Lambert, devenu évêque de Tongres-Maastricht, décide d’acquérir une résidence dans le bourg de « Liège », situé sur sa route entre Tongres et Maastricht, il lui plaisait de s’y recueillir.

Et c’est là qu’il sera assassiné à l’aube du 8ème siècle. Selon les sources, son homicide aurait été signé par les hommes de main d’un certain Dodon, seigneur rival. Il apparait que cette époque fut particulièrement troublée par des antagonismes sanglants entre puissances familiales se disputant le territoire. Le corps de Lambert sera remonté par la Meuse jusqu’à Maastricht, où il sera inhumé. Lambert ayant été canonisé par vote de la population, le bourg du décès du martyr deviendra vite un lieu de pèlerinage important. Le notable engouement pour le pèlerinage et les reliques affirme de manière indéniable l’importance du christianisme à cette époque. Le successeur de Saint-Lambert, Saint-Hubert, fait donc ériger une église aux alentours du lieu du supplice, pour y recueillir les reliques du martyr. Avec ce nouveau lieu de culte et le succès du pèlerinage, la bourgade se développe bien plus rapidement que l’on aurait pu le penser. Cette expansion prit une telle ampleur que le siège du diocèse de Maastricht, dont le bourg était dépendant, fut probablement transféré dans cette nouvelle agglomération urbaine. La ville était née. Il n’existe pas de preuves suffisantes pour affirmer le transfert de siège, mais le déménagement de SaintHubert dans l’agglomération permet d’émettre cette hypothèse. S’en suivent à nouveau des luttes entre familles pour la domination des territoires. Finalement, la région de Liège sera intégrée à la Germanie, et le diocèse de Liège sera officiellement reconnu. 29


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Liège sous Notger (971-1008)

Situation au XIème siècle 30

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Situation au XIIIème siècle


_L’époque «de Notger»

Grâce aux pouvoirs qui lui seront attribués par l’empereur germanique, Liège deviendra capitale d’une principauté épiscopale ; ainsi, bien qu’appartenant à la Germanie, le première prince-évêque, Notger, obtiendra une large autonomie de gestion sur son territoire et ses possessions.

L’évêque se lancera alors dans de multiples projets afin d’affirmer l’importance et le statut de la cité mais aussi de la protéger des attaques étrangères. En ce qui concerne le site étudié, comme vous pouvez le voir sur le plan, nous noterons l’édification d’un palais épiscopal, le palais des princes-évêques, et d’une cathédrale dédiée à Saint-Lambert, une crypte accueillant les reliques de celui-ci. La cathédrale sera consacrée au début du 11ème siècle. L’importance du règne de Notger sera magistralement résumée dans la célèbre phrase « Liège doit Notger à Dieu et tout le reste à Notger ». A cette époque, on peut déjà remarquer la présence de la place du marché (à l’est de l’espace Tivoli actuel), complétée par la place du Vieux Marché, sertie entre le Palais et la cathédrale. Sur cette place du marché, déjà reconnue comme pôle commercial à cette époque, se trouve le perron (voir dessin), monument majeur dans l’histoire liégeoise. Représentation de la justice, il devient aussi le symbole de la liberté et de l’indépendance de la cité ardente. Les édifices religieux, dont la cathédrale, subissent des dégâts majeurs lors d’un important incendie dans le centre de Liège à la fin du XIIème siècle. La reconstruction, en style gothique de l’époque, est réalisée en grande partie grâce à des dons. A la fin du XIVème siècle, la cathédrale s’orne de deux tours hautes de 134 mètres, dont la base recouvre cet espace Tivoli, objet de notre étude.

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Situation au XVIIème siècle

Plan de situation sous le Régime Français - XVIIIème siècle

Palais de justice et place Saint-Lambert - 1830 32

Ruines de la Cathédrale - 1802


_Le régime français

Tantôt victime de révoltes citoyennes, tantôt d’invasions extérieures, la ville de Liège finira par être rattachée à la république française, en toute fin du XVIIIème siècle. C’est à partir de cette période que commencera le démantèlement de la cathédrale, symbole démesurément significatif de la puissance et de la domination du Régime passé. Notons que le terme « démantèlement » n’est pas choisi au hasard. En effet, la démolition s’est faite petit à petit, suivant le principe de recyclage des matériaux au gré des besoins contemporains. La place restera durant plus de 30 ans un dépôt de matériaux. Les tours de Tivoli seront détruites en dernier. (voir illustration)

_ Le régime hollandais

Au XIXème siècle, Liège devient territoire dépendant du régime hollandais. Le bassin liégeois est en plein essor, le pouvoir en place va transformer la face de la ville. Les investissements dans les travaux publics apportent un nouveau souffle à la cité ardente.

L’espace, vidé du fantôme de la cathédrale, devient un lieu potentiel d’affirmation du pouvoir capitaliste et de la puissance industrielle. Nouveau lieu emblématique de la ville, son appellation populaire de « Place Saint-Lambert » sera officialisée en 1827. Le palais des princes-évêques, devenu palais de justice, impose sa façade sur ce noyau attractif de la ville. Les aménagements urbains progressent, le bras Sauvenière, rebouché, donne naissance à une promenade arborée dans la ville menant à la place Saint-Lambert, lieu de rencontre citadine et pôle commercial de la Cité. Pour ce qui est de l’espace Tivoli, en 1828, deux ilots y sont édifiés comprenant un immeuble pour accueillir une association de militaires et de bourgeois (voir photo). Ces deux ilots seront ensuite surtout dédiés à l’Ho.Re.Ca..

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Place Saint-Lambert et ses tramways - XIXème siècle

L’espace Tivoli - XIXème siècle 34


_Liège, belge (19ème siècle)

En 1841, la rue Notger est ouverte, future rue de Bruxelles, afin de relier la place Saint-Lambert et la rue Neuve, connue de nos jours comme rue du Palais. Les circulations entre les différents niveaux commencent alors à s’organiser, auparavant seul un escalier reliait ces deux artères. Nous pouvons déjà sentir l’importance que va prendre le trafic sur ce site dans les illustrations d’époque. La ville est en plein développement industriel. Le chemin de fer prend une place importante dans les dessins urbains. La gare des Guillemins, érigée en 1842, est jugée trop éloignée du centre-ville, les autorités vont voter la construction d’une gare, à côté du palais de justice, et c’est en 1877 que la première gare de Liège Palais sera édifiée. En 1885, une autre inauguration va marquer les esprits : l’ouverture du « Grand Bazar » finit de confirmer Saint-Lambert et ses environs comme site de concentration commerciale de la ville, complétant le pôle culturel créé par le théâtre du Gymnase.

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Plan de situation au milieu XIXème siècle

Palais de justice et ilôts de TIvoli - 1910 36

Le Grand Bazar - 1950


Le plan joint fait état de la situation dans le courant du 19ème siècle. L’espace Tivoli est composé de deux ilots articulant, avec les rues Saint-Ursule, Général Jacques et Bex, la place Saint-Lambert avec la place du marché. En son Nord, le palais de justice et sa façade donnant sur la place Notger, relie les rues montant vers la citadelle. En son Ouest se dessine la place Verte, avec son centre arboré. Quant au Sud, il est constitué du point attractif commercial du Grand Bazar. L’organisation de l’exposition universelle à Liège en 1905 va provoquer une vague de travaux publics importants. La gare du palais est revalorisée en un bâtiment néogothique, le Grand Bazar s’agrandit au gré de son succès commercial. Sa toute nouvelle façade Renaissance finissant d’habiller la place Saint-Lambert, bien d’autres projets prennent naissance dans toute la ville. Le trafic, de plus en plus présent dans la ville, commence à avoir un impact sur l’organisation de la place. Le centre de celle-ci, est démarqué par les parcours des tramways qui la traversent, comme nous pouvons le voir sur les différentes illustrations d’époque. Cette isolation du centre s’accentue à mesure que s’intensifie le trafic, de plus en plus important au fil du temps jusque dans les années 60.

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L’autoroute de la Corniche - 1950

Proposition groupe l’Equerre- 1960

Projet d’aménagements routiers - 1960 38


_Le «tout à la voiture»

La place va alors subir une transformation totale dans la frénésie du « tout à la voiture ». Après les années prospères de la révolution industrielle, la modernisation, les prémisses de la mondialisation, et l’inquiétude d’une décroissance économique fulgurante vont donner naissance à de grands projets de développement, pensés pour donner à la ville le statut de métropole.

Un grand projet en 1950, « la route de la Corniche », déviant le flux autoroutier de Bruxelles vers le centre, créerait une sorte d’autoroute pénétrant dans la ville via la place Saint-Lambert a été imaginé, ce qui permettrait de rendre accessible en voiture le centre de manière plus rapide (voir illustration). Un autre projet a été imaginé détruisant l’existant pour rebâtir des édifices aux services de la justice et de l’administration. Le groupe l’Equerre, lors du colloque « Liège en l’an 2000 » en 1964, proposera d’implanter une dalle plane depuis le palais de justice jusqu’à une dizaine de mètres des façades commerciales. En sous-sol seraient relégués tout ce qui concerne le transport (routes, métro, parkings,…), et sa surface se verrait parée de nouveaux bâtiments (pour la justice, hôtel, commerces,…), jusqu’à l’idée de réaliser le dessin au sol du plan de l’ancienne cathédrale. Le projet aura ses adeptes et ses détracteurs, pour exemple: « La contestation de ce projet va s’amplifier entre 1968 et 1971 et connaître un moment capital avec la publication, en mars 1969, d’un remarquable document : le «Mémorandum sur le plan particulier d’aménagement de la place Saint-Lambert et de ses abords». Née de la remise en cause du projet de la place, la contestation va s’étendre aux options prises pour l’ensemble de l’agglomération, ce que traduira la rédaction d’une «Charte d’urbanisme» rédigée par près de quinze associations en 1970. Ballotté entre de nombreux intervenants aux logiques et intérêts différents (Ville, Ministères, sociétés de transport, associations de commerçants, associations de défense du patrimoine), ce projet va être de plus en plus rejeté dans de nombreux milieux et mis à mal légalement et politiquement. » (FRANKIGNOULLE PIERRE)

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Épisode de la Saga du Trou Béant - 1985

Épisode de la Saga du Trou Béant - 1984 40


_Les années Bulldozer

Pelleteuses et bulldozers prennent cependant le contrôle de la place en 1975, et la destruction prendra rapidement effet. Comme expliqué dans le chapitre des fouilles, les désaccords entre archéologues, politiques et citoyens, donnent naissance à de multiples modifications du projet, le tout aggravé par des problèmes financiers. De toutes ces réalités, naîtra la « saga du trou béant » de Saint-Lambert. Un traumatisme qui durera deux décennies, et qui, encore aujourd’hui, reste en mémoire comme caractéristique principale de la place SaintLambert lorsque l’on évoque celle-ci avec les liégeois qui ont connu la place défigurée. En ce qui concerne l’espace Tivoli, les deux ilots présents sur le site seront détruits en 1970, dans le courant de la même vague de destruction.

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PALAIS DE JUSTICE

ILÔT SAINTMICHEL

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RUE

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PLACE

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ARCH

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Schéma de Claude Strebelle - fin du XXème siècle

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_Le schéma de Strebelle

Après rediscussions, en 1984, un accord sera finalement trouvé en suivant le schéma du projet de Claude Strebelle (architecte urbaniste belge, fondateur du bureau d’architecture « L’atelier du Sart-Tilman) (voir plan). Situation que l’on connait aujourd’hui. Ce projet, tourne le dos aux projets antérieures et se fixe des objectifs structurants comme : - limiter l’impact des transports motorisés - réunifier le tissu urbain par une recomposition des espaces à échelle réelle de la ville - sauvegarder les vestiges, redynamiser le centre-ville. Tout cela en tenant compte des travaux déjà exécutés. Malgré qu’il ait été évoqué l’implantation d’un théâtre sur l’espace Tivoli, son appréciation se griffonne déjà comme un espace résiduel des différentes places restructurées et réaménagées que sont Saint-Lambert, Léopold et République Française. Le projet évoquera la présence de l’ancienne cathédrale par une symbolisation des anciennes colonnes la dessinant. Les travaux dureront de 1996 à 2000. Depuis, bons nombres d’études et projets temporaires ont été réalisés sur l’espace Tivoli. D’ailleurs, lorsque l’on se rend sur le site internet de la ville de Liège, l’espace Tivoli est renseigné comme ceci : « Au coeur de Liège, entre la Place St Lambert et la Place du Marché, la localisation de l’Ilot Tivoli est exceptionnelle. La Ville a initié une étude de faisabilité et de programmation relative à l’aménagement du site. Cette étude a été confiée au bureau Alphaville. Il importe désormais de se positionner par rapport aux conclusions rendues. » (www.liege.be) 43


Reconstitution du Choeur de la CathĂŠdrale - 2000

Vue de nuit du projet laurĂŠat Concours Capsule R-7 - 2011

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Diffusion d’un match de foot sur l’espace Tivoli 44

Plan du projet laurĂŠat Concours Capsule R-7 - 2011


C. SON ÉTAT DE L’ART

_Site d’accueil d’événements:

Depuis la fin des travaux qui ont redéfini Saint-Lambert et ses alentours, l’espace Tivoli s’est offert comme site événementiel d’exception. Malgré les études, entre autres, de faisabilité en cours, des événements, plus ou moins populaires, ont permis de faire vivre cette étendue de graviers à sa façon. Par exemple, en 2000, dans le cadre des « Fêtes de l’an 2000 au Pays de Liège », le projet de reconstruction du chœur oriental de l’ancienne cathédrale sur l’Espace Tivoli. Cette structure de métal et de tissu a beaucoup marqué les esprits. Pour certaines personnes, c’était la preuve évidente qu’il ne fallait plus rebâtir cet ilot, pour d’autres, tout le contraire. (Photo)

Il y sera aussi installé un espace d’accueil dans le cadre de l’opération Liège Métropole de Culture (LMC) en 2010. Le Magic Mirror prendra place sur cet espace pour accueillir concerts et événements festifs animés par « Le collectif du Lion » et « l’Inside Out ». Le LMC consistait en une grande opération de dynamisation culturelle de la région Liégeoise, mettant en avant bon nombre de collectifs et d’ASBL culturelles. Le Concours Architectural Capsule R-7 en 2011 : Il s’agissait d’un concours d’architecture, pour la création d’une structure légère temporaire, organisé par l’ASBL R7-AGNC. Après sélection de 6 candidats, l’atelier d’architecture élu lauréat fut le bureau S2J. La dite capsule fut donc construite en mai 2012, pour accueillir l’événement « Capsule R-7 », organisant concerts, live painting et autres événements festifs. (Photo + plan du projet lauréat). La place peut par exemple se parer d’un écran géant dans sa partie Est. Cet espace, peu connu sous le nom de Tivoli, est connu notamment comme lieu de rendez-vous pour visionner des matchs de foot importants. L’écran fut aussi installé dans le cadre de fêtes « nationales », comme le centenaire de la Première Guerre Mondiale au mois d’aout 2014. 45


Liège Sur Sable

Le village de Noël

Projet imaginé un premier avril 46

Plan d’implantation de la 10ème édition des Epicuriales


Ce cœur de la ville, en plus de battre de manière ponctuelle, a ses périodes de battements annuels. Il fut notamment ensablé quelques semaines durant les étés entre 2007 et 2011 dans le cadre de Liège sur sable, événement maintenant déplacé à Coronmeuse, qui fut d’ailleurs annulé cette année par manque de succès. Les activités avaient pour but de développer des animations plus ludiques et sportives. (photo) Concerts et festivités musicales, culturelles ont fait vibrer l’espace Tivoli plus d’une fois. Tant pour les fêtes de la musique que quelques concerts « exceptionnels », par exemple en 2014 un concert de l’Opéra Royal de Wallonie,… La scène se situe en général positionnée à l’Est. (Photo exemple) Les Épicuriales, rendez-vous annuel, en période de Pentecôte, des amateurs de gastronomie qui se rassemblent dans « un restaurant à ciel ouvert ». Cela fait 10 ans qu’elles sont organisées. Leurs premières éditions se sont déroulées sur l’espace Tivoli, puis elles ont été délocalisées dans le Parc d’Avroy. Pour leur dixième édition, en 2014, elles sont cependant revenues embaumer de leurs parfums l’espace Tivoli. (photo + plan). En 2014, la place Saint-Lambert accueillait en même temps le Summer Beers Lover’s festival. Comme cité en début de chapitre, le plus grand événement, et sans doute le plus célèbre, est le Village de Noël, s’étendant de la place Saint-Lambert jusqu’à la place du marché en partie, mais également sur la place Cathédrale. La fameuse grande roue et les chalets sont là pour vêtir l’espace Tivoli de sa tenue de fête. (photo). Il est à noter que cet événement est le plus grand et le plus ancien de Belgique, dans l’optique de faire de Liège, la Cité de Noel. Un premier avril 2008, on parlera d’un projet de Santiago Calatrava, en forme de sac de course. Une blague réalisée par la RTC, qui laisse entendre comme les idées de projections sur l’espace Tivoli sont prises en dérision en raison de l’indécision. (Il est possible de visionner le reportage de la farce ici : http://www.rtc.be/content/view/4687/166/) 47


Vue projetée du projet de Shandoff Bandoh-Danquah

Elévation de l’espace en intégrant le projet de Shandoff Bandoh-Danquah 48


_ Réflexions étudiantes : «Utopies Tivoliennes»

On remarquera également que l’espace Tivoli permet, dans un autre type d’approche, de prospecter des projets de ville à des étudiants en architecture. L’année 2009-2010, des étudiants en cinquième année d’architecture de Liège, Saint-Luc, ont réalisé un projet ayant pour thème « Utopies Tivoliennes ». Ce projet avait pour programme de reconstruire la bibliothèque des Chiroux sur l’espace Tivoli tout en conservant et en mettant en évidence les ruines existantes, accompagnées de tous les problèmes structurels adjacents à cette contrainte. Le programme faisait plus de 15.000 m2 et devait être envisagé comme bâtiment évolutif, ne pouvant présager l’avenir des bibliothèques avec la montée du numérique. Quelques étudiants ont accepté de me parler de leurs projets. Le projet de Shandoff Bandoh-Danquah: “L’idée principale du projet exprime celle d’une masse brute jaillissant du sol dont les ouvertures horizontales dévoilent le contenu. Ce procédé a pour but d’assurer à l’Archéoforum une visibilité, jugée déficiente. Elle participe, à présent, à la vie urbaine. Une tour en béton strié fait front à la place St Lambert. Cette tour occupe l’implantation de l’ancienne Cathédrale et révèle les vestiges du chœur oriental. La silhouette du projet se fond harmonieusement dans la coupe de vallée de la Meuse du plateau de la Citadelle en traversant les coteaux jusqu’au fleuve. La bibliothèque publique offre aux nombreux utilisateurs les joies des randonnées pédestres le long des coteaux ; proposant une multitude de circulation (verticale, oblique). La promenade architecturale à travers les différentes sections nous invite, tantôt, à admirer les vestiges archéologiques et, tantôt, la magnifique Cité ardente. Arrivé au sommet de la tour, une généreuse salle de lecture panoramique nous permet d’apprécier la ville. La forêt des colonnes nous rappelle la structure de l’ancienne Cathédrale et prolonge la séquence des arbres de la place du marché. Le bâtiment est doté de 3 entrées, l’une provenant de la place St Lambert, la deuxième du côté de la Gare du palais et enfin de la Place du marché, un large escalier-gradin nous mène au niveau des check-in. Inséré entre le Palais des Princes-Evêques et la Bibliothèque publique, l’escalier-gradin poursuit l’atmosphère de la place du Marché. Alors qu’une bibliothèque publique du 21e siècle n’échappe pas à la fantastique révolution numérique, le site du Tivoli présente l’énorme avantage de nous rappeler notre histoire locale passée tandis que la révolution numérique nous connecte au reste du monde et à l’histoire en cours dont nous sommes tous, aujourd’hui, acteurs »

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Vue projetée du projet de Frédéric Lahaut 50


Le projet de Frédéric Lahaut : « Le parti pris de mon projet était de recréer une tour comme un phare culturel sur la ville avec comme rappel le premier projet de tour pour le mémorial interallié et la tour de l’ancienne Cathédrale St-Lambert (Ca permettait aussi de «caser» pas mal de m2). Dans la galette se trouvaient les espaces principaux de consultation des livres sur 2 niveaux tout en respectant la hauteur des bâtiments environnants avec un jardin extérieur commun sur la toiture. Le rez était conçu comme un espace d’échange aéré pour y organiser différentes manifestations et avec une ouverture sur la partie la plus intéressante des ruines du site (côté entrée place st Lambert). » La faculté d’Architecture de Liège, intégrée à l’Université de Liège par la fusion entre la faculté de SaintLuc et de Lambert Lombard, refara plancher les étudiants sur la problématique de Tivoli dans l’année 2013-2014. Vous pourrez par exemple consulter le projet de Thibault Reichling sur la page internet: https://reichlingthibault.wordpress.com/2014/08/19/tivoli/

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_Études LEMA & CLEO

En parallèle de tous ces événements, la ville continue de chercher un aménagement, ou un programme, pour cette place. Elle en fait d’ailleurs écho sur son site Internet. Différentes études ont été réalisées dans ce cadre. Les premières études, menées en 2001 par le « Laboratoire d’Etudes Méthodologiques Architecture » - LEMA et le Centre Liégeois d’Etude de l’Opinion (CLEO), avaient pour objectif de répondre à la question « Comment aménager l’espace Tivoli ? ». Une plaquette, à l’initiative du Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’environnement de la Région wallonne, est d’ailleurs parue en juin 2001, faisant synthèse de ces études. Cette brochure est disponible à la bibliothèque de Geo-Science de l’ULg. LEMA, avec comme équipe de réalisation Albert Dupagne, Jacques Teller, Veronica Cremasco et MarieCécile Jeuffroy, a réalisé entre autre une étude morphologique.

L’introduction portera l’attention sur quelques points. D’une part, ils dresseront le rapport des objectifs du projet de la place Saint-Lambert et d’autre part rappelleront que le pouvoir du citoyen et l’espace public ne doivent pas être résiduel de l’architecture mais bien un lieu de culture qui appartient à tous. Comme précisé dans l’extrait suivant : « La question soutenant la première étude qui nous était demandée peut, brutalement mais sans la trahir exagérément, se résumer de la façon suivante : « Faut-il fermer les deux places, ou au contraire serait-il préférable de les laisser complétement ouvertes, l’une à l’autre ? » « Et quelles en seraient les conséquences sur la qualité de vie dans les espaces publics existants ? » ». (LEMA) Pour répondre à ces questions, l’équipe va constituer quatre situations particulières, de départ, aux caractéristiques physiques différentes : - soit l’espace Tivoli non construit ; - soit l’implantation du chœur reconstitué de la cathédrale ; - soit arboré dans le même principe que la place du marché ; - soit avec la reconstruction des ilots existants avant les années 70. 53


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Îlot Tivoli complètement vide

Parc arboré

Couple de bâtiments formant un entonnoir

Îlot Tivoli des années 1970

Bloc Sud de l’îlot Tivoli des années 1970

Barre basse

Choeur de la cathédrale reconstitué

Campanile

Illustrations des huit modèles retenus pour l’étude morphologique de LEMA.


De ces quatre situations, trois variables vont être analysées : - la fermeture entre les places Saint-Lambert et du marché ; - la continuité des hauteurs lisibles dans les espaces ; - l’axialité de la composition du schéma de la place Saint-Lambert de Claude Strebelle. Le choix de ces trois variables, parmi le nombre infini de variables possible, est justifié par la cohérence à donner aux réalités des espaces étudiés. La variable des hauteurs, née de la continuité de celles-ci dans le schéma de Claude Strebelle, comme les nouvelles constructions de Saint-Michel, donne à la place cet aspect mesuré et ordonné que l’on connait. Cette variable met en avant le questionnement dans l’action de renforcer ou de désagréger ce ressenti. La reconstruction du chœur de la cathédrale par exemple a eu comme impact d’effriter cette régularité. L’axe de composition du schéma de Strebelle a aussi pris tout son sens avec la reconstruction de ce chœur. En confrontant ces situations et leurs variables, l’étude a révélé quinze possibilités d’aménagement. Ils réaliseront alors un tableau, croisant les quinze variables avec les attentes les plus souvent exprimées au sujet de la place Saint-Lambert, la place du Marché et à la charnière des deux places, c’est à dire Tivoli. Ils retiendront comme principales idées d’intention pour ce qui concerne la place Saint-Lambert et la place du Marché, les concepts suivants : « Créer une seule et unique place ; Ajouter du végétal sur les places ; former des places « régulières » ; insérer un élément de discontinuité (façade monumentale, etc.) ; permettre la vision de la façade du Palais des Princes Evêques dans son entièreté ; créer de nouveaux espaces publics ; mettre en évidence les axes et les perspectives fortes de la place ». (LEMA) Quant à l’articulation de ces places : « Laisser la parcelle Tivoli vide (exploitation des vestiges à ciel ouvert) ; réaliser une transition végétale ; créer des rues ou des galeries ; créer un passage, une porte « urbaine », entre les deux places ». (LEMA) Le croisement des quinze possibilités avec les différentes attentes citoyennes, émanant de plusieurs sources dont la principale est la lecture systématique des coupures de presses et de l’étude du groupe CLEO (expliqué dans le chapitre suivant), ont donné naissance à huit modèles (illustrés en p.54) retenus pour l’étude plus approfondie. 55


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Îlot Tivoli complètement vide

Choeur de la cathédrale reconstitué

Îlot Tivoli des années 1970

Parc arboré

Projections sphériques réalisées dans le cadre de l’étude LEMA. (4/8)


Les outils utilisés pour la suite de l’étude sont nés de deux conventions entre LEMA-ULg et la Région wallonne. « De façon générale, la principale originalité des méthodes d’analyse développées par le LEMA-ULg repose sur l’exploitation de la géométrie sphérique, et ce, tant pour l’analyse morphologique qu’énergétique. Une propriété essentielle des projections sphériques est de transformer un espace infini à trois dimensions en un espace fini à deux dimensions de manière aisément contrôlable ». (LEMA) Il s’agit donc d’un outil très synthétique pour l’analyse visuelle des différentes relations des éléments dans l’espace. Les projections sphériques (illustrées en p.56 et 58) permettent de comparer, à l’aide de divers calculs, les différentes places entre elles. Après analyse de la place Saint-Lambert et de celle du Marché, il sera question de l’analyse de leur articulation. L’intérêt de cette méthode est de comprendre les potentialités du site Tivoli et non de s’arrêter à des solutions phares. Très synthétiquement, au sujet de la place Saint-Lambert, trois manières d’analyser l’espace vont être étudiées pour les huit modèles retenus. La première démarche, relativement rapide, consiste à mesurer, d’une part « L’ouverture de ciel au centre de la place » ( « L’ouverture de ciel se définit comme le rapport entre la surface de ciel et la surface du cercle de référence en projection isolaire. » - LEMA). Brièvement, à l’intérieur d’un espace fermé le rapport serait de 0% et dans un espace complètement vide de 100%. Et à mesurer d’autre part « les longueurs de vue au centre de l’espace». (LEMA) L’ilot Saint-Michel ayant déjà « compacté » et changé la lisibilité de la sensation d’ouverture de la place, la possibilité d’une construction sur l’espace Tivoli aurait-elle le même effet ? Dans le tableau ci-dessous, on peut constater qu’au vu du point central défini, dans cette première analyse « un point situé au-dessus de la dalle de l’Archéoforum, au centre du carré censé marqué l’emplacement du chœur ouest de la cathédrale » (LEMA), les différentes variantes n’ont pas d’effet majeur sur l’ouverture du ciel en ce point.

Tableau récapitulatif pour les huit modèles - OVDC : Ouverture de Ciel, L. vue moy : longueur de vue moyenne, L.vue car : longueur de vue caractéristique 57


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Bloc Sud de l’îlot Tivoli des années 1970

Barre basse

Campanile

Couple de bâtiments formant un entonnoir

Projections sphériques réalisées dans le cadre de l’étude LEMA. (8/8)


Il est à remarquer que la hauteur d’une construction sur l’espace Tivoli n’est pas un paramètre déterminant de ce point de vue. Mais ils remarqueront rapidement que ces résultats doivent être nuancés pour différentes raisons. Le point central n’est pas suffisamment significatif de la place dans son ensemble, les chercheurs mettront alors en avant le questionnement sur la spécificité ou généralité de ces résultats. Estce représentatif de la perception sur une grande partie de la place, ou caractéristique au point étudié ? En regardant les longueurs de vue on pourra cependant sentir un amorcement de fermeture en fonction des différents aménagements. L’impact du Chœur reconstitué de la cathédrale se détache cependant nettement. Ces différents constats engendreront un travail sur « des cartes de représentations spatiales des paramètres mesurés » (LEMA). Ce qui permettra une visualisation de la dilatation spatiale rapide des différentes variantes. Le travail suivant consistera donc en l’analyse de ces cartes qui permettront de dissocier deux grands modèles de configuration spatiale. Dans les cas de l’espace Tivoli vide et celui de l’aménagement dit « barre basse », Tivoli semble englobé dans la place Saint-Lambert. Tandis que dans les cas de Tivoli dans les années 70, de la conservation de l’ilot Sud de cet aménagement passé et des « barres convergentes », « la zone centrale de la place est clairement contenue à l’intérieur du fer à cheval formé par les voiries automobiles ». (LEMA) La « fermeture » de la place Saint-Lambert générée par un volume ajouté sur l’espace Tivoli ne dépendrait que variablement de l’emprise au sol, mais bien majoritairement de la hauteur de celui-ci. Faisant référence aux deux installations les plus culminantes, le campanile et la reconstruction du chœur, chaque situation à sa manière permet de conclure que la zone centrale de la place Saint-Lambert, dans sa forme et sa possible extension, sont floues. Notons tout de même que ces analyses ont permis de mettre en exergue la possibilité de créer des relations fortes avec la place du marché même en recentrant la place Saint-Lambert majoritairement sur « elle-même ». 59



En se concentrant sur l’orientation de l’espace, l’étude retient, bien sûr, l’axe principal Saint-Lambert-place du Marché, renforcé par la dynamique formelle de la disposition des constructions de la place du marché, et trois axes secondaires organisant la place actuellement, sur la situation « vide ». Secondé par l’échappée visuelle vers la rue de Gérardrie, la façade du Palais, et l’axe Léopold-Cadran. A chaque variante analysée, la configuration axiale est très divergente, cependant la direction donnée par la façade du Palais et les façades commerciales reste, cependant, la plus ressentie. Ce qui permet de conclure que la structure axiale, non stabilisée, sera très réceptive si changements il y a sur Tivoli. En ce qui concerne la place du marché, une première lecture des différentes cartes va permettre de conclure que, de par la présence d’un élément singulier – le Perron, les deux parties lisibles de la place vont vivre de manière différente les variantes proposées dans l’étude. La première partie, entre le Perron et la rue Féronstrée, ayant déjà son organisation et son équilibre stable, ne sera que peu impactée, peu importe les aménagements projetés. Tandis que la configuration de la partie en contact direct avec le lieu étudié sera directement transfigurée. Soit dans le cas de l’espace vide ou du campanile, où la place n’est pas définie par un centre autonome, soit pour les autres variantes étudiées, où une zone centrale se défini et « referme » la place du marché – redéfinie dans son implantation, selon les variantes. Cela permettra aussi de noter la différence d’échelle entre ces deux places, de par les différences d’impact des variantes. Une étude d’ensoleillement ne sera donc effectuée que sur la place du Marché, car l’impact d’un aménagement sur la place Saint-Lambert ne devrait pratiquement pas exister. L’analyse générale d’ensoleillement démontrera qu’une construction sur l’espace Tivoli ne modifiera que très légèrement l’apport énergétique sur la place du marché. Tivoli se situant à l’ouest de la place du marché, l’effet le plus ressenti de perte de lumière, correspond à la reconstruction du Chœur de la cathédrale, en mars à seize heures. Cette conclusion, n’étant que peu représentative, sera alors complétée et confirmée par une étude stéréographique, en un point des terrasses des cafés. Une construction telle que le Chœur reconstitué provoquerait une perte d’une heure d’ensoleillement en mars, entre 16 et 17h. 61



En introduction à leurs conclusions, ils mettent l’accent sur leur mandat de consultance et non de décisions. Dans les conclusions sociotechniques seront pointés : « les possibilités de développement du site Tivoli face aux attentes des liégeois », que «les deux places peuvent aussi être quasi ouvertes ou quasi fermées », et quelques « dernières nuances sociotechniques ». Et enfin, quelques pistes nouvelles de développement des études préalables faisant état du « contexte juridique européen », de « la nécessaire multiplication des études préalables au lancement du projet », de l’importance de « l’analyse de la fonction à implanter sur le site Tivoli » ainsi que de son « étude de constructibilité ». LEMA ayant fait l’analyse morphologique, passons à l’enquête d’opinions du CLEO qui complète la démarche du LEMA. L’importance de ces deux lectures, celle du LEMA et celle du CLEO, des actions « à mener » est primordiale, comme le cite maintes et maintes fois le groupe LEMA dans son compte rendu d’étude. Comme expliqué dans son introduction, le CLEO avait pour mission de réaliser une enquête d’opinions. Celle-ci sera réalisée sur un échantillon de six cents personnes de la région de Liège et son arrondissement. L’enquête remontant à une quinzaine d’années, seules quelques parties du chapitre au sujet du module de l’espace Tivoli vont être résumées à titre indicatif. À la question : « Faut-il aménager l’espace Tivoli et selon quelles modalités », 57% des répondants répondront un espace vert, contre 14% ne désirant rien aménager, 12% optant pour un monument décoratif, et 6% pour un bâtiment fonctionnel. 11% des personnes n’ayant pas d’avis sur la question. Les personnes ne souhaitant rien aménager justifient leur choix par la visibilité du Palais ainsi que le contact visuel entre les deux places. Tandis qu’au sujet du monument décoratif, l’allusion au Chœur reconstitué est fréquente. (A notre avis personnel : cette fréquence de retour sur cette image est sans doute due à la proximité chronologique. Reposer la question aujourd’hui ne donnera surement pas les mêmes résultats et constatations). Il sera noté que les personnes en faveur du « non-aménagement » sont celles lisant la place Saint-Lambert et la place du marché comme un espace unique. Ainsi qu’un effet notable sur la réponse à la question sur les personnes ayant vu le Chœur reconstitué, ce qui ne peut être constaté quant aux personnes se souvenant de l’espace Tivoli dans les années 70. (// Remarque personnelle proximité des faits). 63



Au sujet d’une potentielle construction sur l’espace, selon la grande majorité des personnes interrogées, la construction devrait être de la même hauteur que les autres bâtiments de la place Saint-Lambert, de la même profondeur et largeur que le chœur de la cathédrale et ne devrait pas être mitoyenne à la façade du Palais. Au niveau des facteurs de visibilité, la majorité pense important de conserver la visibilité entre les deux places, ainsi que le dégagement de toute la façade du Palais des Princes-Evêques.

A notre avis, autant l’étude morphologique peut être plus qu’utile dans les différents projets futurs et en tout cas dans le cadre de la partie deux de ce TFE, autant l’analyse du CLEO, doit être considérée avec prudence dans le cadre des recherches du travail actuel au vu des années passées et des attentes toujours évolutives des citoyens.

_ Cahier de l’Urbanisme de Liège 2006

Mais ce n’est qu’en 2006 que nous pouvons lire dans le catalogue de l’urbanisme de la ville de Liège, des nouveautés au sujet de l’espace Tivoli : « Le projet, qui pourrait être défini par un concours international d’architecture, devra s’appuyer sur une conception audacieuse et la mise en place d’un bâtiment emblématique. La Ville de Liège et la SPI+ ont lancé un concours d’idées en vue de l’attribution de missions architecturales relatives au logement, aux espaces publics et aux activités économiques. L’”espace- entreprise” à construire sera dédicacé aux métiers d’art, d’infographie, de webdesigners, et d’architecture. La fonction communautaire y sera également développée avec les activités de la brasserie Haecht (mairie de quartier provisoire, espace associatif, maison médicale, …) et de ses abords (terrain multisports, place publique devant la brasserie intégrée au projet). Enfin, le réaménagement des espaces publics et l’extension de l’Espace 251 Nord comme centre d’art contemporain complètent un programme révélateur du nouveau dynamisme voulu pour le quartier. » 65



_Étude Alphaville 2009

En 2009, le groupe Alphaville (groupe d’urbanistes parisiens https://alphavilleurbanismes.wordpress.com/) sera sélectionné pour répondre à la mission d’aider la ville de Liège « à donner ou affirmer la vocation du site Tivoli ». La synthèse de cette étude restera, dans notre travail, relativement concise, car celle-ci ne fut mise à notre disposition que le temps d’une consultation. Cependant l’intérêt de la démarche ne permettait pas de ne pas l’aborder. Le rapport d’étude va suivre une méthodologie, pour répondre à cette problématique, commençant par une analyse du site, ensuite par la recherche d’un programme approprié, la formalisation de ce programme et enfin la définition de plans guides.

L’analyse du site le révélera comme orphelin, étant le dernier maillon du cœur traumatisé tout en ayant cet aspect de centralité et d’articulation, à grande échelle, entre les espaces de la place Saint-Lambert, du Marché, du Commissaire Maigret, de l’Opéra, Saint-Denis et Bons enfants ainsi que les cours deux et trois du Palais. N’offrant pas une lecture d’espaces unifiés, l’étude dit que ce réseau se compose de différentes typologies de masses : « décor » : les façades du Palais de Justice et des galeries Saint-Lambert ; « objet » : l’Hotel de ville ; « mur » : avec l’ilot Saint-Michel ; « macrosculpture urbaine » : l’extension du palais de justice ; « notes de musique » : ilot Bex et ses 10 immeubles mitoyens. Cet espace ouvert de 3000 m² semble donc être une pièce d’un puzzle, constitué entre autre de la place Saint-Lambert, de surfaces artificielles étant espaces résiduels des voiries. Selon le groupe Aphaville, l’histoire du site devra être génératrice du programme sans chercher à produire à nouveau une architecture symbolique comme on a pu voir ces dernières années dans Liège, Médiacité, Hotel 5*, la gare des Guillemins, mais en cherchant à ce que la multifonctionnalité de l’espace puisse s’imposer comme symbole appropriable par tous. La valeur de centralité de l’espace Tivoli est un enjeu primordial, selon le groupe Alphaville, car le challenge de cet espace est de ne pas tomber dans la caricature d’un centre qui ne répond pas aux besoins actuels, et de veiller à répondre avec un programme contemporain et rayonnant mais ancré dans le contexte de la ville de Liège. 67


Pavillon de l’université McGill de musique à Montréal

Metropol Parasol, Sevilla. 68

Cloud Gate, Chicago


Les urbanistes rappellent l’importance de composer avec la programmation événementielle déjà existante tout en créant un nouvel accélérateur urbain projeté de manière cohérente dans une idée d’ensemble urbain avec le reste de la cité. Le programme qui leur semble prometteur est d’abord une bibliothèque et, qui vise aussi une contemporanéité et un rayonnement plus important, celui d’une médiathèque en deuxième temps. L’incluant dans la coopération EUREGIO, l’Eurégiothèque s’adresserait à 3 cultures différentes, multipliant presque par 4 le nombre de personnes pouvant se sentir concernées par le projet. La nouvelle multiprogrammation, organisée sur 10 000 et 19 000 mètres carrés, reprendrait les fonctions de centre de ressources, forum des projets urbains, office du tourisme, boutique culturelle, terrasse panoramique, Ho.Re.Ca., et incluant les accès à l’Archéoforum, au parking sous-terrain et, « pourquoi pas », au Palais de justice, tout en reprenant un espace ouvert prévu pour l’événementiel. Formellement, en réappropriant l’espace Tivoli et les cours 2 et 3 du Palais, le projet suivrait 4 enjeux : « Révéler la stratification du sol (a); se lier avec le bâtiment patrimonial (b), construire en préservant l’espace publique (c) et programmer les façades (d) ». Ceux-ci suivant chacun des principes particuliers et citant des exemples urbains existants. (a) Valoriser les vestiges archéologiques, intégrer les fonctions souterraines, et relier les différents bâtiments. (b) Rechercher un volume simple répondant ou se démarquant des gabarits existants de la place, organiser une mise en scène (exemples : extension du musée des Beaux-Arts de Lille, Pavillon de l’université McGill de musique à Montréal (rupture avec le contexte)). (c) Projeter une pergola construite (Metropol Parasol, Sevilla), un « C », un « Pont » ou un « cube coupé » (Théâtre municipal d’Anvers). (d) Refléter (centre de la culture contemporaine de Barcelone), se fondre (Cloud Gate, Chicago) ou imposer (Tour Rogier à Bruxelles). Ces différents éléments ont donné naissance à une « image » du projet possible sur l’espace Tivoli, que nous sommes dans l’impossibilité de présenter au vu de la confidentialité de l’étude. 69


Projection du tram passant devant l’Hôtel de ville 70


_Étude Alphaville 2013

Ce n’est alors qu’en 2013 que le dossier sera rouvert et qu’un autre compte rendu sera réalisé, toujours par le bureau Alphaville, « testant » une série d’aménagements et leurs impacts. Lors de l’espace vide, d’une implantation d’un parking sur tout le site, d’une sculpture, d’une ombrière, d’un jardin, de l’installation de chaises, lors du marché de Noel, d’organisation de spectacles, concerts ou cinéma à ciel ouvert, d’un chapiteau central ou à plus petite échelle d’un kiosque,… Ceux-ci comparés au niveau du type de recouvrement de sol, de l’occupation possible, des nécessités techniques,… Les urbanistes concluront par un projet de synthèse reprenant une installation scénique majorée d’un plan d’éclairage particulier, insistant sur le côté temporaire du projet afin de ne pas risquer de générer des problèmes avec les vestiges et de veiller à l’intégration au patrimoine. Ce projet reprenant une scène à l’est nécessiterait de repenser le plan du village de Noel. Depuis ces diverses synthèses, les projets sont en stand-by, conséquemment aux « gel » des dossiers financiers et à l’incertitude face à l’existence de la demande.

_ Stratégies de développement 2014

A la lecture du plan stratégique de développement touristique de la ville de Liège 2014-2017, il apparait que l’espace Tivoli pourrait être porteur de nombreuses réponses aux projets mis en place, mais aucune information n’est apportée quant à l’avenir de celui-ci.

_Un tram à Liège ?

Cependant, il est impossible de passer à côté d’un projet phare qui va changer le tissu existant, le tram. Son parcours n’affectera pas physiquement le site de Tivoli, mais une revitalisation de tout le réseau routier et piétonnier est prévue comme exprimé dans les images 3D du projet. Un site didactique (http://keskistram.be/), permet de suivre les différents états d’avancement de ce projet. Toutefois, aux dernières nouvelles, le projet du tram serait reporté.

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Rendus photoréalistes réalisés dans le cadre du concours 72


_Concours Accessibilité&Architecture

Récemment, dans le cadre du concours Accessibilité et Architecture 2015, organisé par la Ville, le projet lauréat, réalisé par des étudiants de deuxième master en architecture à l’ULg, Benoit Surinx, Adrien Maershalck et Laura Baiwir, implantent un pavillon de sensibilisation au handicap et de mixité. Le batiment se dessine suivant les flux principaux de l’espace – Saint-Lambert, Place du Marché, Gare du Palais – afin d’offrir une déambulation fluide comme dans un lieu public. Les fonctions culturelles et sociales, un espace d’exposition et un café, s’ouvrent vers la place SaintLambert. Tandis que dans l’intimité entre la façade du palais de justice et ces fonctions de mixité s’articule un pôle d’informations et d’aides en rapport avec le handicap – un bureau d’architecture spécialisé pouvant conseiller, un point d’informations, un espace témoin proposant du matériel d’aide -. Tout le volet de la sensibilisation est développé dans une volonté de mixité entre valides et invalides. Il est par exemple proposé aux valides de vivre la situation de handicap via diverses mise en situation. Une valorisation des fouilles est prévues afin de renforcer la visibilité de l’Archéoforum et de rappeler le bagage historique du lieu.

Entre toutes ces études et ces visions prospectives, nous constatons également l’intérêt commun du lieu, au fil des recherches sur l’espace Tivoli, au nombre important de coupures de presse, d’articles, de blogs,… ayant pour sujet principal l’affectation et le questionnement de l’avenir de cet espace. Cela montre la complexité d’intervenir sur le lieu, entre choix populaire et intérêts politiques et stratégiques. 73


« C’est dans les utopies d’aujourd’hui, que sont les solutions de demain » - Pierre RAHBI –

Prospective, nom féminin : Science ayant pour objet l’étude des causes techniques, scientifiques, économiques et sociales qui accélèrent l’évolution du monde moderne, et la prévision des situations qui pourraient découler de leurs influences conjuguées. (Le créateur de la «prospective » est Gaston Berger.) – dictionnaire Larousse. 74


3. DEUXIÈME PARTIE :

Cette seconde partie traitera de la méthodologie participative expérimentale développée comme pour répondre en partie à la problématique urbaine de l’espace Tivoli. Nous allons tout d’abord développer les motivations à mettre en place une telle méthodologie dans le cadre de ce travail, pour ensuite l’expliquer. Nous développerons chaque volet de la méthodologie, pour ensuite dresser une critique de celle-ci.

A. MOTIVATION A DÉVELOPPER UNE MÉTHODOLOGIE PARTICIPATIVE

Au vu de la complexité constatée à intervenir sur ce lieu, il semblait intéressant de réfléchir à une méthodologie qui mettrait autour de la table différents acteurs et usagers concernés par l’espace Tivoli afin d’ouvrir le débat quant aux prospectives possibles, nous appellerons ces réunions « tables rondes ». Cette proposition de méthodologie se donne des objectifs clairs, mais n’est en aucun cas présentée comme une méthodologie idéale. La démarche mise en place ici dans cette deuxième partie met en scène différents concepts, comme la participation, l’interaction entre usagers, la notion de citoyenneté et de pluridisciplinarité. Il est important d’insister sur le fait qu’il s’agit d’une mise à l’épreuve d’une méthodologie en particulier, développée dans le cadre de ce travail de fin d’étude, afin d’analyser une autre approche de l’urbanisme que celle à laquelle nous avons été confronté dans notre expérience personnelle actuelle. Naissant de convictions intimes d’un changement possible et, sans doute, nécessaire de la société de production-consommation dans laquelle nous évoluons actuellement, l’intention d’abord personnelle était de prendre le temps, de se confronter, d’ouvrir le débat, d’élargir ses horizons, de s’ouvrir à d’autres réalités ou du moins, à d’autres manières de voir la même réalité,… Le métier d’architecte est un métier où l’éveil au monde actuel et à celui de demain, est un facteur à entretenir tout au long de son parcours afin de développer une démarche créative durable. Pourtant, actuellement, l’architecture n’est-elle pas devenue ou en train de devenir un produit commercialisable ? En consultant quelques magazines de cette spécialité, nous nous apercevons de l’importance donnée au caractère visuel par rapport à celle donnée aux démarches et volontés de l’architecte. Ne pas se perdre dans ce tourbillon, majoritairement socio-économique, emportant l’unicité du métier d’architecte ainsi que la destination de sa création, avant tout au service de l’homme, est une des raisons du développement de cette méthodologie.

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ING

AR CH ITE CT U

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HOW ?

WHO?

WHAT?

WHERE? Pensée architecturale 76


Les modèles de références évoluent rapidement, la technologie a renforcé ce phénomène, dès lors il est important de pouvoir se projeter dans ceux de demain afin de dessiner des projections durables. Les modèles de société, certains favorisant le lien social, d’autres mettant l’accent sur l’économie, naissent d’une confrontation entre individus ou groupes de personnes ayant une vision similaire, complémentaire ou contradictoire. Dans le même ordre d’idée, il a donc été retenu comme objectif d’impliquer un groupe d’usagers, le but étant de générer des accords, des confrontations et des complémentarités afin de nourrir le débat de la manière la plus variée et cohérente possible. Bien entendu, toutes opportunités ont leurs dangers, et tous fantasmes leurs réalités. L’aspect empirique de cette démarche est bel et bien conscient, ainsi que les motivations utopiques et relativement personnelles. Il est important de pointer ici que la participation citoyenne et les démarches collaboratives, concepts remis au premier plan dans la société contemporaine, entre autre dans les actions d’urbanisme, étaient un comportement relativement spontané dans le passé, du moins dans l’organisation des villages d’antan. L’éveil du citoyen se fait de plus en plus sentir ces dernières décennies et nous pouvons noter le développement non négligeable des actions citoyennes visant à une réappropriation de la ville ou de l’espace de vie collectif. Cette action d’engagement et de responsabilité légitime est une manière d’être acteur face aux tensions qu’a subi et subit toujours la ville. Le tissu urbain se découd, la vision d’ensemble de la ville n’est plus guide des projets urbains. Les tensions propres à la ville de Liège émergent de projets « mégalos » isolés, de gentrification, « d’assainissement » de quartiers,… De plus en plus de mouvements spontanés, ceux-ci étant majoritairement auto-organisés par les citoyens, se sont positionnés en nouveau front d’alternative. De ces mouvements sont nés divers projets et actions, basés sur la participation. Au niveau de la cité ardente, plusieurs actions citoyennes ont déjà pris forme, agissant entre autre sur l’espace public, nous pensons par exemple au collectif CSOA (passepartout), aux actions « parking Day » ou l’ASBL UrbaGora, les amorces faites par la CCATM (mis en place par les pouvoirs publics),… Il n’est pas aisé de parler « d’urbanisme participatif », dans l’optique de projets globaux, car le concept est relativement neuf et donc encore peu défini. De plus, étant utilisé « à toutes les sauces » ces dernières années, entre autres par les décideurs afin, on peut à tout le moins le craindre, de se déresponsabiliser par avance, la méthode participative ne nous semble pas encore évaluable réellement. Bien entendu, l’habileté à avoir dans ce genre de développement est d’arriver à lier tous les niveaux, des citoyens aux décideurs, en passant par les techniciens de la profession en question. 77


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B. PRÉALABLE : SONDAGE

Préalablement au développement de la méthodologie et afin d’avoir un premier aperçu, dans une vision plus large, un sondage en ligne a été réalisé (un total de 231 participants ayant répondu valablement ont été enregistrés, âgés de 18 à 76 ans). Quelques caractéristiques du public sondé : les 90% des répondants vivent à Liège et ses environs, et ont un taux de fréquentation de la ville élevé (Si 0 signifie jamais, et 100 tous les jours, nous aurons comme résultat 77%).

Traitant d’abord de la ville de Liège, puis plus particulièrement de l’espace étudié, et allant de questions à choix multiples à des questions ouvertes, la première constatation qui s’impose est l’intérêt des liégeois à s’exprimer au sujet de leur ville. Il est réputé que les citoyens de la cité ardente ont une affection pour leur ville, et cela se marque dans la majorité des réponses au questionnaire. L’impression générale de la ville est positive : une moyenne de presque 70% -à considérer que 0 représente « la ville ne me plait pas du tout » et 100 « elle me plait énormément »- . Nous serons dans les mêmes moyennes, allant de 60 à 70%, en ce qui concerne la tendance à chercher à se développer et son niveau de dynamisme. A contrario, nous constaterons qu’au niveau de la propreté le sondage souligne une faiblesse. Quant à la sécurité et l’accessibilité de la ville en général, les citoyens expriment des avis mitigés. De plus, il est à noter que 75% des répondants se disent intéressés à avoir un droit de parole au sujet des projets urbains futurs de leur ville. Après cette brève évaluation de la perception générale de la ville exprimée par les sondés, le questionnaire va se diriger vers l’espace qui nous intéresse plus particulièrement pour ce travail. Premier constat, seuls 18% des répondants affirment pouvoir discerner l’espace Tivoli de la place Saint-Lambert, et donc, identifier ce qu’on appelle « L’espace Tivoli ». Et de manière assez liée, un faible pourcentage déclare connaitre les projets passés ou futurs concernant cet espace. Quand il leur est demandé de préciser de quels projets il s’agit, la saga du trou béant et la reconstruction de l’ancien chœur de la cathédrale semblent avoir marqués la mémoire collective. L’hypothétique projet d’une bibliothèque ou d’un théâtre à cet endroit semble également avoir fait du bruit au sein de la cité. 79


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Pour ceux des sondés pouvant identifier l’espace Tivoli, celui-ci est majoritairement associé à l’utilisation de l’espace lors d’événements temporaires, que ce soit la retransmission de matchs sur écran géant, les marchés de Noel, ... ou son usage en tant que parking. L’espace étudié serait plutôt vécu dans les moments de la mi-journée jusqu’en soirée. Le sentiment d’insécurité ne semble pas être un facteur à considérer réellement, si ce n’est de manière plus prégnante en fin de soirée et la nuit. À la question « Globalement, qualifieriez-vous la place Saint-Lambert et l’espace Tivoli comme des espaces publics conçus pour leurs usagers ? », en considérant le 0 comme inadaptés et le 100 comme adaptés, la moyenne arithmétique se situe aux alentours de 45%. Nous aurons une même moyenne en réponse à la question de savoir dans quelle mesure ils considèrent ces espaces accessibles (100) ou non (0). Tant à la demande de qualifier l’espace que d’évaluer si des améliorations sont nécessaires, et si oui lesquelles, la majorité des réponses privilégie l’implantation d’un espace vert et arboré, accessible, aménagé et entretenu. Les graviers qui recouvrent actuellement l’espace sont fortement critiqués. Pour beaucoup, l’impression de saleté, d’insécurité, d’impraticabilité provient de ce choix de matériau. Les nuisances de la circulation sont régulièrement pointées par les usagers, comme par exemple l’omniprésence de l’automobile identifiée comme facteur renforçant l’inadéquation du site. En ce qui concerne les améliorations proposées par les répondants, il est à noter que la majorité des propositions évoquées sont des actions « à petite échelle », par l’ajout de bancs, de « pots de fleurs », d’arbres,… Nous percevons au-delà de ces suggestions l’amorce d’un débat sur la division des places par la construction hypothétique d’un bâtiment, et le cas échéant, des fonctionnalités à lui attribuer. Nous avons émis au début de ce travail l’hypothèse que les résultats datant des années 2000 de l’étude qu’avait fait le groupe CLEO pouvaient ne plus être adaptés aux réalités d’aujourd’hui. Via ce petit sondage, nous pouvons constater que les chiffres n’ont pas réellement subi de changements, une majorité réclame un espace vert à cet endroit. La difficulté autour de la polémique de la séparation des places était et reste présent chez les sondés. Les commentaires laissent deviner qu’il sera délicat de rouvrir un débat qui convoquera immanquablement le traumatisme du trou béant de la place Saint-Lambert, la nostalgie du passé urbanistique et d’une cité ardente en perte de repères. 81



C. TABLES RONDES La démarche s’articule autour de deux moments forts.

_Introduction

L’organisation, de ce que nous avons nommé « tables rondes », réunit des usagers, au sens large du terme, de la ville de Liège. Différentes personnes ont été contactées compte tenu de leur relation au lieu et à la ville et de leur intérêt à s’investir dans une démarche participative. Il est à noter que l’organisation de ce genre d’atelier, dans le cadre d’un travail de fin d’étude est limitée tant par le format, que la méthode et le fait que l’exercice proposé soit factice. En effet, il n’est pas réellement question ici de promesses d’actions urbaines réelles pour les participants. La difficulté à susciter l’intérêt de personnes, à donner de leur temps pour une telle démarche dans le cadre d’un travail de fin d’études, malgré qu’elle n’aie pas pour but d’aboutir à un projet concret, nous a conduit à nous accommoder à un faible taux de participants. Pour ces raisons, nous ne prévoyons pas un travail supérieur à deux séances de tables rondes. Nous fixons les dates des tables rondes en concertation avec les personnes intéressées à participer, via un Doodle. La date recueillant le plus d’inscrits est choisie et communiquée dans les deux semaines la table ronde. Un rappel est toutefois prévu deux jours avant chaque réunion. Un délai de minimum deux semaines est prévu entre les réunions afin de permettre aux participants un certain temps de réflexion personnelle. Chaque réunion est filmée et deux personnes sont chargées de réaliser un reportage photos afin de pouvoir assurer le travail d’analyse par la suite et de confronter le visuel avec les propos tenus en séance. Les participants sont informés de la présence de la caméra et des photographes, nous stipulons qu’il leur est possible d’invoquer s’ils le désirent le droit à l’image. Les tables sont organisées en un lieu neutre, dans une salle faisant partie des locaux de la caserne Fonck, dans l’enceinte de l’A.S.B.L du G.A.R. (Groupe d’Ateliers de Recherches). Des tables sont réunies pour former une grande table et des chaises disposées tout autour. Nous avons disposé à l’avance sur la table tout le matériel nécessaire. Des badges d’identification des participants sont prévus afin de faciliter le dialogue entre ceux-ci. 83



Chaque table ronde aura une durée maximum annoncée de deux heures structurées en différents moments. Il est donc important qu’une maitrise du temps soit assurée tant lors des activités que des débats. Chaque table ronde a ses objectifs propres. Nous allons aborder chacune d’elle pour ensuite tenter une synthèse globale et une évaluation de la démarche. - La première table ronde a pour objectif de déterminer comment aborder la problématique en dessinant des pistes et des intentions. - La seconde sera un travail de surpassement de la forme et une sensibilisation à l’impact d’un objet dans l’espace.

_PREMIERE TABLE RONDE : LUNDI 26 fÉVRIER – 13h

Personnes présentes : Marcel Otte (archéologue), Benjamin Kinable (architecte), Léopold Baiwir (cinéastephotographe), Sandrina Procek (avocate), Pierre-Alvaro Biot (architecte).

Matériel mis à disposition : post-it, crayons, feutres, marqueurs, feuilles blanches, lattes, équerres. Plans A3 de l’espace Tivoli et ses alentours.

Objectifs: Lors de cette première rencontre, le but va être de permettre aux participants de cerner la

perception de l’espace. Il va être question de se positionner sur la manière de traiter la problématique nous réunissant. Nous organisons une approche de différentes thématiques via divers supports pédagogiques, des post-it par exemple, ou via des outils plus spécifiques aux architectes/urbanistes (dessins, plans,..). Ces états dressés, nous tenterons de définir et d’esquisser des pistes de prospectives à approfondir lors de la deuxième réunion. 85



Organisation : La méthodologie prévoit une séance de deux heures, découpée en cinq temps. - - - - - - -

TEMPS UN : Présentation des intentions du travail TEMPS DEUX : Présentation des différents intervenants et leur relation au site. (T1 + T2 : 10 min) TEMPS TROIS : Dessinez l’espace Tivoli. (25 min) TEMPS QUATRE : Ecrivez trois adjectifs qui caractérisent le lieu. (25 min) TEMPS DE PAUSE (10 min) TEMPS CINQ : Comparez des projets réalisés ou projetés sur l’espace Tivoli. (25 min) TEMPS SIX : Elaboration de différents scénarios. (25 min)

TEMPS UN : Présentation de la démarche du travail de fin d’études. Il est important de commencer cette réunion par la définition claire des objectifs du travail, du choix du site, de l’importance de la démarche et non du résultat dans cette expérience. TEMPS DEUX : présentation des différents intervenants et leur relation au site Chaque intervenant se présente et spécifie sa relation au site. Il est intéressant de retranscrire ces interventions telles quelles, afin d’aider le lecteur à cerner en partie les intérêts et personnalités qui se trouvent autour de la table. Pierre-Alvaro Biot : « Je m’appelle Pierre-Alvaro, je suis architecte, j’ai travaillé pour le bureau Strebelle pendant un an, j’ai travaillé sur la conception du tram, sur la ligne du tram principalement, et voilà ce qui me rejoint à cette expérience-là » Léopold Baiwir : « Moi je m’appelle Léopold Baiwir, je suis cinéaste et photographe, de formation. Ancien enseignant ici, à l’institut d’architecture. Et j’ai suivi l’évolution de tout le site de la place Saint-Lambert, tous les travaux qui ont eu lieu, depuis mes débuts en tant qu’enseignant ici, donc il y a plein d’archives des transformations, des photos,… je ne sais pas où. » 87



Sandrina Procek : « Donc, Sandrina Procek, moi je suis avocat, spécialisée en droit immobilier et fiscalité immobilière. Donc je suis assez régulièrement au Palais des Princes-évêques. Mais par contre je ne vois pas bien, du tout, on m’a demandé de participer à la réunion mais je ne vois pas du tout où se trouve l’espace Tivoli, ça par contre ça va être une découverte… » Benjamin Kinable : « Benjamin Kinable, je suis architecte. Je travaille pour la cellule Access plus de la ville de Liège, donc tout ce qui est normes pour personnes handicapées. » Marcel Otte : « Donc à moi alors, je suis Marcel Otte, archéologue, et liégeois, surtout liégeois, depuis toujours et donc j’ai commencé les fouilles dans les années 70-77, de la Place Saint-Lambert, et puis donc l’université s’est chargée des fouilles jusqu’en 82, et puis le Pape est arrivé, avec son grand chapeau » … « Bon alors après c’est vrai, il y a eu cette période de grand trou là, assez lamentable, et puis cette place est pas vraiment…, la ville et la Région ne faisaient rien, et puis on a démonté les vestiges, puis on les a ramenés, c’était vraiment une absurdité… complète. Donc maintenant qu’on a aménagé, c’est pour ça que j’ai travaillé beaucoup avec Strebelle, on a réaménagé donc ce qui est devenu maintenant l’Archéoforum, et c’est là où je rentre vraiment dans le vif du sujet, c’est qu’avec Strebelle, on avait prévu une visite qui partait du Tivoli, et qui ressortait par la place Saint-Lambert. Et il y a une sorte de caissons, les vestiges sont toujours là en place, sous Tivoli, donc peutêtre que ça mènerait déjà à une réflexion. L’idée de Strebelle et la mienne c’était, quel que soit l’aménagement en surface, et bien on puisse voir ou visiter ou que sais-je, mettre en valeur ce qui se trouve là, sous la place, sous la place du Tivoli. Et… les raccorder, au moins intellectuellement, si non physiquement, à ceux qui sont déjà investis. » … « Donc je sais pourquoi je suis là, il y a d’une part les vestiges et d’autres part le Tivoli, au sens strict, c’est-àdire l’espace qui n’a jamais été fouillé. C’est là où l’on a convenu de laisser intact de manière à créer une réserve archéologique, entre guillemets, et de ne pas y toucher, tant que ça n’était pas à l’ordre du jour quoi. Je dis « on », parce que là c’était en collaboration avec la Région… »

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L’îlot Tivoli de Madame Procek

L’îlot Tivoli de Monsieur Kinable 90


TEMPS TROIS : dessinez l’espace Tivoli. Nous demandons aux participants de dessiner l’espace Tivoli, en insistant bien sur le fait qu’il n’y a aucune attente particulière, qu’il s’agit d’un moment de liberté afin d’exprimer sa vision du lieu et qu’il existe donc une infinité de possibilités représentatives, simplement avec un feuille et un crayon. Nous avons veillé à ce qu’aucune photo, image, ou autre représentation de cet espace ne puisse intervenir dans la vision personnelle des usagers. Un temps de cinq à dix minutes leur est laissé afin de s’approprier les outils et supports pour s’exprimer. Au niveau méthodologique, il est intéressant de constater qu’à l’exception d’un seul participant, chacun se penche sur sa feuille sans recherche de contacts avec les autres intervenants. Avant le premier coup de crayon, après un moment d’hésitation notable pour à peu près tous, on constate une volonté, venant du participant, d’expliciter son dessin par les mots. Madame Procek, par exemple, qui au début de l’activité, avait marqué une réticence car elle ne savait pas dessiner, s’affirme de manière beaucoup plus forte une fois le dessin réalisé afin de l’exposer aux autres. Petit à petit, au fil des différentes explications, les intervenants vont se lever afin de mieux pouvoir voir les dessins des autres. Assez étonnement, tous ont dessiné l’espace Tivoli en vue en plan, sans conscience réelle du mode de représentation choisi. Nous constatons cependant que chaque dessin exprime clairement une lecture différente de l’espace. Le plan de Madame Procek prend forme en suivant sa connaissance des magasins alentour.

Celui de Monsieur Kinable se définit majoritairement en lien avec les textures et la présence du végétal sur la Place du Marché ; il souligne également la fonction événementielle du lieu apportant, lors de son explication, nombre de détails sur le fonctionnement des espaces alentours que ce soit au niveau de la circulation ou/et du ressenti de l’espace. Il prend alors progressivement plus une position de « professionnel » de l’espace. 91


L’îlot Tivoli de Monsieur Biot

L’îlot Tivoli de Monsieur Baiwir 92

L’îlot Tivoli de Monsieur Otte


Monsieur Otte dessine, pour sa part, l’espace Tivoli des années 1970 avec ses deux ilots bâtis, occupés de cafés et d’habitations, de petites rues organisant ces espaces entre eux. Bien entendu, il fait référence aux ressources archéologiques et à la présence de l’ancien chœur de la cathédrale Saint-Lambert. Monsieur Biot identifie l’espace selon les circulations, piétonne ou automobile, qui se dessinent autour. Mettant en avant le statut de parking de l’espace, il souligne aussi sa relation intime avec la place du marché et son dynamisme. Quant au rendu de Monsieur Baiwir, il représente majoritairement la Place Saint-Lambert, marquant la relation avec l’îlot Saint-Michel. Il n’apparait, en bordure de feuille, que deux lignes amorçant les limites de l’espace Tivoli. Il est intéressant de noter que chaque représentation met en lumière un aspect du lieu. À l’oral nous remarquons la volonté d’expliciter plus le dessin. On peut émettre comme hypothèse que le dessin constitue un moyen de mettre en avant des éléments peut-être plus significatifs à leurs yeux, mais que, ne se sentant pas suffisamment à l’aise avec la technique du dessin, ils laissent difficilement celui-ci parler de lui-même. On remarque que les participants posent des questions au sujet des différents dessins. L’ouverture du débat s’opère ainsi assez naturellement, dans une ambiance de plus en plus spontanée et participative entre tous. Nous pensons que ce passage par le dessin est une démarche qui peut mettre mal à l’aise au départ, surtout pour les participants n’étant pas habitués à s’adonner à ce genre d’exercice. Mais rapidement, cette démarche favorise une forme de proximité entre les intervenants et une certaine aisance face aux autres. Cela pourrait donc confirmer qu’il est intéressant de commencer par ce type d’approche, afin de créer un espace de confiance au sein du groupe. A ce stade, les dessins sont placés au centre de la table en face de chaque participant. 93


Temps quatre - Adjectifs sur Post-it

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TEMPS QUATRE : écrivez trois adjectifs, qui caractérisent le lieu, sur des post-it. Des post-it de couleurs différentes sont distribués. Chacun se concentre, et après un rapide moment silencieux de réflexion, tous font leur choix. Les trois adjectifs sont disposés au centre de la table, en relation avec le dessin correspondant à chacun. Voici les différents adjectifs recensés et l’explication faite par le participant. Pierre-Alvaro Biot : « Mon premier adjectif, c’est la luminosité. Généralement en fin de journée c’est un des seuls endroits où il y a encore du soleil, c’est pour ça que ça me fait penser à ça. Au niveau du deuxième adjectif, métallique, parce que je me rappelle que monsieur Strebelle, ou je ne sais plus qui, avait dessiné ou avait conçu, parce que je n’étais pas là pour le voir, une cathédrale métallique à cet emplacementlà. Et le vide parce que voilà quoi.» Léopold Baiwir : lors de l’explication de ses adjectifs, le participant spécifie comme résumé des adjectifs, le mot « mort ». Mort pour l’espace lui-même, mais aussi, en comparaison aux espaces avoisinants. Les trois adjectifs, qui ne seront donc pas explicités plus en détails singulièrement, sont : gris, triste, vide. Sandrina Procek : « Moi pareil, c’est un espace vide. Triste, pourquoi ? Parce que par rapport à la couleur, comme vous disiez, gris, fin c’est gris-beige clair-crème, fin je ne sais pas on voit ces graviers là… Et quelconque, je dirais même, c’est pour ça que je rejoins votre « mort », voire inexistant. Avant d’en parler, je ne savais pas que c’était une place, on passe ce truc sans s’en rendre compte. ». Madame Procek se dévoile ensuite en évoquant certains aménagements qu’elle voit possible pour la place, en faisant référence aux adjectifs cités auparavant. Ce qui permet de noter un premier intérêt face au travail de groupe, et à la richesse que cela peut apporter.

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Temps quatre - Adjectifs sur Post-it 96


Benjamin Kinable : « Gris, ça je pense que tout le monde a bien compris, effectivement on est entre une structure, un espace très structuré qui est la place Saint-Lambert avec ces poteaux métalliques, etc… Cette trame bien présente de l’ancienne structure de la cathédrale. On est dans un côté plus intimiste au niveau de la place du marché, avec ces petits pavés, si chers à Liège, ces petits pavés gris, qui rappellent toute l’histoire de cette ville. Et donc tous ces petits pavés qu’on retrouve, c’est vrai que c’est une image de gris mais de gris de ville. Je ne sais pas comment expliquer, cet espèce de côté poétique. Ce n’est pas forcément le gris négatif. Mais bizarrement ce gris n’est pas le même que le gris de la place Tivoli qui est poussiéreux comme ça. Un espace inexistant, donc vide effectivement. Et déstructurant pourquoi, parce que de nouveau on a une entité, quelque chose d’un peu poétique comme ça, avec ces petits pavés etc, ils sont quand même fort en lien, mais cette place du marché, et ses petits cafés qui le soir se réverbèrent sur les pavés mouillés, enfin j’ai une image très graphique, enfin non pas graphique, cinématographique à la limite, de l’espace. Cet espèce de bruit qu’on entend au loin, les gens qui crient dans les cafés, enfin voilà, je trouve que c’est une ambiance très particulière. On a cet espace qui vient, d’ailleurs on le voit très clairement quand vous voyez les terrasses des cafés de la place du marché, ils sont là où la place du marché est étroite et contenue, et au moment où cet espace se libère comme ça, avec l’espace Tivoli, et bien à cet endroit-là, bizarrement on ne retrouve plus tellement de terrasse et on commence vraiment à partir. Et pourtant, ce serait un espace formidable, enfin à la limite ils pourraient même s’étendre de ce côté-là. Et bien non, parce que justement on perd ce côté sympathique. » Marcel Otte : « Ben voilà, on a parlé de vide, moi j’ai ajouté béant entre temps, parce que le vide, c’est vide, mais béant, c’est une sorte de maladie quoi, il y a quelque chose qui ne va pas. Et j’entends aussi parler d’anxiogène, parce que, comme on disait, on voit que c’est béant, et ce n’est pas normal, qu’elle est supposée éphémère, on sait qu’elle est éphémère mais comme c’est durable néanmoins, ça a duré. Donc ça provoque un désagrément quoi. Malencontreux, on sent que c’est moche, c’est moche. Mais précieux, car c’est là que se trouve les vestiges les plus précieux de l’histoire de la ville. »

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Nous remarquerons qu’un exercice comme celui-ci ne provoquera que peu de débat entre les participants, mais plutôt une réflexion personnelle de chacun face aux explications des autres. Il leur semble également peu aisé de se contenter d’expliquer les trois adjectifs, lors des explications, un bon nombre d’autres adjectifs seront utilisés. Il serait peut-être intéressant donc de limiter les explications des adjectifs à quelque chose de plus bref, et condensé, afin de déceler les enjeux vraiment importants dans les propos exprimés.

TEMPS DE PAUSE Un moment de pause est prévu pour permettre l’installation de l’activité suivante. Etonnamment, ce moment est plus intéressant que nous ne l’avions prévu. Rapidement, deux groupes de discussion se sont créés, continuant à enrichir le débat. D’une part, deux participants, un groupe de citoyens « lambda », de l’autre, les trois autres, plus techniciens de l’espace, architectural ou temporel. Une certaine complicité, de par les professions, semble donc avoir orienté instinctivement chacun vers son pair. Nous avons pu constater que ces deux groupes aborderont par contre la suite du débat dans ce moment de pause, de manière complètement différente. Une sorte de liberté est palpable au niveau de l’orientation, et nous pensons que ce moment en réalité a eu son utilité, et a, à sa manière aussi, mené les débats suivants. De plus, il a permis une approche plus intime et personnelle de chacun, ce qui a renforcé l’aisance de tous et donc favoriser la cohésion de groupe pour la suite des activités. 99


(+) PHOTO1

(+) PHOTO 2 100


TEMPS CINQ : analyse et observation par comparaison. Nous présentons aux participants, à l’aide de photos, différents projets réalisés ou simplement projetés pour l’espace Tivoli. Il leur est demandé d’entamer une analyse comparative entre ces projets, et de positionner un post-it « + » sur la photo du projet qui leur semble le plus intéressant, et un « - » sur le moins intéressant. Cette activité est mise en place pour permettre une passerelle entre les différentes perceptions qui ont fait l’objet de débats informels au sujet de l’espace, et la phase de conception dans laquelle ils vont devoir se positionner ensuite. Après présentation des différents projets, les participants vont directement marquer leur frustration face à la limite d’un post-it de chaque symbole. Il est donc convenu qu’ils peuvent positionner tant de «+» ou de «-» que désirés. Lors de cette activité, la cohésion de groupe se développe d’avantage. En positionnant leur choix, ils entrent directement en débat entre eux par plus petits groupes, puis parlent tous ensemble. Il est intéressant de constater que les projets mis en avant, ou plutôt rejetés, deviennent décision commune, et que les post-it, malgré la couleur spécifique à chacun, ne sont plus considérés comme personnel mais comme représentant la parole de tous dans certains cas. Après les débats, le groupe décide finalement qu’en réalité, les « - » n’ont pas de réel sens. Ils ont convenu de mettre les « + » sur tous les projets qu’ils trouvent intéressants. Les « - » caractérisent les projets vraiment « catastrophiques », tandis que ceux sans post-it représentent des projets sans intérêt ni « menace » tout simplement. Etonnamment, le premier projet à recueillir un nombre de «+ » flagrant, presque à l’unanimité (4/5), est celui de l’organisation urbaine des années 1970, c’est-à-dire lorsque l’espace était composé de constructions avec des rues assurant la liaison entre la place du Marché et la place Saint-Lambert. (PHOTO 1) Le projet de la construction métallique de l’ancien chœur de la cathédrale suscite aussi un intérêt particulier. A ce moment de l’expérience, les analyses restent relativement formelles, et nous n’entrons pas encore dans la compréhension de pourquoi « on aime », ou « on n’aime pas ». Cependant, cette proposition évoque la division des places, ce qui a pour avantage de retrouver des échelles plus humaines. (PHOTO 2) 101


(-) Photo d’un des projet considéré «massif»

(+) PHOTO 3 102

Moment de débat au sujet des projets passés lors de la table ronde


Le troisième projet qui suscite le plus d’intérêt, est un projet imaginé dans les années 70, qui se composait majoritairement d’un espace vert avec un espace pour l’événementiel. Toute la place Saint-Lambert devient parc et il n’y a plus de séparation entre les places, la circulation étant concentrée uniquement en contournement de tout cet espace public créé. On peut lire un seul et unique espace s’étendant de la place du marché jusqu’à la limite de la place Saint-Lambert actuelle, l’ilot Saint-Michel. Ce qui est le plus apprécié dans ce projet est l’implantation de la végétation et le fait que l’espace devient alors appropriable par les citoyens. (PHOTO 3) Au niveau des projets suscitant l’« horreur », synthétiquement nous pouvons conclure qu’il s’agit des projets en général plus massifs. Toutes les photos des projets qui avaient été créés par des étudiants d’architecture dans le cadre d’un atelier avec l’université ont recueilli chacun au moins un post-it « - ». La massivité des projets proposés a un potentiel de fermeture et de division des espaces trop élevé selon les usagers, en comparaison, par exemple, à la situation urbaine des années 70, où la rue divisant l’espace Tivoli permettait de garder une relation entre les espaces publics. On peut donc déjà évaluer l’intérêt des personnes à créer une sorte de division entre tous ces espaces, mais plus comme un filtre que comme un élément réellement diviseur. Cependant, restant dans une analyse relativement formelle pour cette réunion, cette nuance ne sera pas encore évoquée par les usagers, il s’agit à ce stade uniquement d’une constatation. Le projet temporaire implanté sur l’espace après un concours pour architectes a étonnamment récolté 3 « - » et par la suite lors des débats, l’unanimité. Les usagers n’en avaient pas un bon souvenir. Le projet Magic Mirror avait marqué les esprits beaucoup plus positivement.

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Représentation du scnéario, pour le futur de l’espace Tivoli, de Monsieur Otte 104


TEMPS SIX : Élaboration de différents scénarios. Des plans vierges sont mis à disposition des participants. L’activité est prévue à la base comme commune en grand groupe, où la composition graphique des scénarios naitrait d’une réflexion commune, mais très vite, la limite de cette procédure se ressent. Chacun a envie d’exprimer ses idées de manière plus claire, et surtout, après toutes les réflexions émises et partagées durant cette première table ronde, chacun a des positions beaucoup plus arrêtées qu’à l’arrivée à la réunion. Nous décidons alors que chacun crée un scénario qu’il trouve intéressant à analyser lors de la deuxième réunion. Les participants savent que nous nous pencherons alors sur ces propositions de manière plus détaillée, afin d’en évaluer les impacts dans l’espace. Après un moment de discussion, chacun se penche sur son plan afin d’exprimer ce qu’il trouverait intéressant à analyser. Nous remarquons un changement de comportement marqué par rapport au début de la réunion, surtout chez les citoyens dits « lambda ». Nous pensons que grâce au temps passé à discuter du site et des différents projets, une certaine confiance, dûe à la meilleure connaissance, a pu naitre et a permis d’installer ces personnalités, moins averties des gestions spatiale/urbanistiques, au centre de la réflexion. De plus, une certaine sérénité semble s’être installée entre eux, le crayon et la feuille. Nous leur proposons ensuite d’également dessiner des scénarii qui, à priori, leur semblent inintéressants. Il s’agit de leur proposer une démarche de justification et surtout de compréhension, au-delà de la forme, de ce qui «dérange» dans ces projets. Nous remarquons alors que ce n’est pas une démarche qui provoque leur intérêt. Ils signalent qu’ils ne voient pas l’utilité de se concentrer sur des projets qui ne les ont pas « séduits ». Malgré notre explication que cette démarche contraire est intéressante à réaliser, pour comprendre ce qu’on ne veut pas afin d’affiner ce que l’on veut, la démarche est abandonnée. Peut-être faudrait-il envisager d’entamer cette réflexion inverse plus tôt dans la réunion. Nous allons présenter les différents projets dessinés de manière relativement brève, en se limitant au résumé de leurs présentations. Nous souhaitons en effet déjà entrer dans l’analyse plus personnelle de leurs dessins. Le scénario de Monsieur Otte, reprend l’ancien chœur de la Cathédrale comme il fut construit métalliquement dans les années 2000. 105


Représentation du scnéario, pour le futur de l’espace Tivoli, de Madame Procek 106


Madame Procek propose de travailler une série de colonnades afin de diviser l’espace tout en laissant une visibilité entre les espaces. Les colonnes peuvent être travaillées dans un style ancien, rappelant le poids historique du lieu. Une masse importante de végétation est prévue aussi. Comme on peut le voir, Madame Procek est plus à l’aise face au dessin, mais une annotation de son plan lui a semblé nécessaire au niveau des installations mises en place.

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Représentation du scnéario, pour le futur de l’espace Tivoli, de Monsieur Biot 108


La démarche de Monsieur Biot consiste surtout à diminuer l’impact de la circulation. Pour faire ressentir aux piétons qu’ils ont priorité dans toute la zone de ces espaces publics, il envisage un changement de relief, comme une sorte de gradin, accessible aux seuls piétons mais sans toucher au sol existant. Sur les post-it verts que vous pouvez voir sur le dessin, il s’agit d’une coupe du nouveau relief de la place avec cet aménagement.

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Représentation du scnéario, pour le futur de l’espace Tivoli, de Monsieur Kinable 110


Monsieur Kinable met pour sa part en avant l’intérêt de retravailler l’idée du cloitre, une structure légère, en bois, laissant monter la végétation. Il propose de reprendre le concept du cloitre mais de manière contemporaine. En jouant entre fermé et ouvert, et en permettant une certaine transversalité qui apporte la valeur poétique à la composition, en cohérence avec son souhait exprimé précédemment. Ce scénario offre à son avis un avantage supplémentaire en potentiel d’espace libre pouvant accueillir des événements, comme c’est déjà actuellement le cas.

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Représentation du scnéario, pour le futur de l’espace Tivoli, de Monsieur Baiwir 112


Monsieur Baiwir se veut « beaucoup plus basique », avec une proposition reprenant un bâtiment résidentiel, dans les gabarits et l’esprit des bâtiments existants, et la création d’un espace vert du côté de la place du marché. Il souligne l’importance d’éviter toute hauteur démesurée, et de garder une cohérence architecturale, contrairement à l’intervention réalisée sur l’ilot Saint-Michel. La « barre » résidentielle permet de refermer la place Saint-Lambert en complétant la relation de vis-à-vis entre les bâtiments de l’ensemble de la place, dont les étages abritent majoritairement des appartements.

En remerciant les participants, nous clôturons la première table ronde. 113


Table en fin de première réunion

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SYTNHESE DE LA PREMIERE TABLE RONDE Cette première réunion, avec et entre usagers de notre espace d’étude choisi, semble avoir provoqué l’intérêt de ceux-ci. Nous notons que le nombre relativement peu élevé de participants a permis un travail plus approfondi avec chacun d’eux. Ce fait a certainement également permis de rendre l’échange plus franc entre les différents participants, chacun ayant eu l’occasion, à un moment ou un autre, de s’identifier comme leader du débat. Nous pouvons également noter l’utilité de la fonction de médiateur de débat tant pour la modération de celui-ci que pour son animation. Il permet d’assurer la valorisation de tous au sein de l’expérience. Après un travail d’identification de l’espace étudié et de croisements d’opinions nourries par le débat, placer l’usager en tant que concepteur-acteur semble être une expérience dans laquelle il peut s’identifier. Bien entendu, le travail d’aller au-delà de la forme du scénario qu’ils ont dessiné, afin de comprendre les enjeux recherchés dans cette formalité sera tout l’intérêt de la seconde table ronde.

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_DEUXIÈME TABLE RONDE : LUNDI 30 MARS – 13h. Personnes présentes : Benjamin Kinable (architecte), Léopold Baiwir (cinéaste-photographe), Valérie Voncken (assistante sociale), Fanny Buntinx (sociologue), Pierre-Alvaro Biot (architecte). Matériel mis à la disposition: post-it, crayons, feutres, marqueurs, feuilles blanches, lattes, équerres, carton blanc de 2 mm, carton mousse de 5 mm, plaque de polystyrène expansé de 5 mm, papiers de couleurs, boules de polystyrène expansé, petits clous, cutters, planches à découper, colle, papier collant,… Objectifs: Dans la continuité de la première réunion, il va s’agir d’analyser les différents scénarii proposés par les participants. Par les analyser, nous entendons passer au-delà de la forme donnée à ceux-ci et comprendre les enjeux recherchés derrière la configuration pour constater les impacts de celle-ci dans le tissu urbain existant. L’intérêt est d’identifier le pourquoi de la forme et de provoquer chez le participant une réflexion plus approfondie de sa relation à l’espace. Nous nous permettrons aussi davantage d’intervenir et d’interroger les participants afin de provoquer la réflexion au-delà du « j’aime/je n’aime pas », tant lors de l’explicitation de leur scénario tri-dimensionné que lors des débats au sujet des scénarii des autres. Organisation : La méthodologie prévoit une séance de deux heures, découpée en quatre temps. - TEMPS UN : Présentation des intentions du travail et des différents intervenants et leur relation au site, puis synthèse de la réunion précédente (15 min) - TEMPS DEUX : Réalisation d’une maquette de scénario imaginé par l’usager pour un aménagement de l’espace Tivoli (30 min) - TEMPS TROIS : Analyse de l’impact des différents scénarii (2X30 min) - TEMPS QUATRE : Clôture de la rencontre, remerciements, débriefing à chaud. (10 min)

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RĂŠalisation des maquettes personnelles 118


TEMPS UN : Présentation des intentions du travail, synthèse de la réunion précédente, présentation des différents intervenants, leur relation au site. Comptant des participants n’ayant pas été présents lors de la première réunion, nous leur expliquons les objectifs et les activités de la réunion passée et du travail de fin d’étude en général. Reprenant rapidement les différentes photos des projets que nous avons examinés au « temps quatre » de la première réunion, ceux-ci sont exposés afin d’amorcer la création de leur scénario. Il est intéressant de constater que tous les participants qui étaient là à la première table ronde ont participé à l’explication de ce qu’il s’y était passé. Chacun avec sa manière d’aborder les choses ainsi que, sans doute, son envie de partager ses réflexions avec une certaine fierté du résultat. Chaque participant semble avoir continué sa réflexion durant les semaines séparant les tables rondes. Il est proposé aux nouvelles participantes de prendre un moment pour imaginer et dessiner un scénario en deux dimensions, mais elles préfèrent directement travailler en 3D, en maquette, afin de commencer l’atelier sans attendre. TEMPS DEUX : Réalisation d’une maquette de scénario imaginé par l’usager pour un aménagement de l’espace Tivoli. Avec tout le matériel à disposition et sans aucun conseil d’amorce, nous demandons aux participants de donner une forme tridimensionnelle à leurs réflexions en se basant ou non sur le dessin réalisé lors de la réunion précédente. Chacun des participants à la première table ronde ayant continué ses réflexions entre les deux réunions, nous constatons que les scénarii pensés ont été relativement affinés. Afin de positionner leurs projets en 3D, une maquette du site de l’espace Tivoli et son environnement proche est mise à disposition. Le matériel disponible est relativement diversifié afin que chacun puisse s’exprimer comme il le désire. Ce matériel correspond néanmoins à celui que nous utilisons en général lors de la réalisation de maquettes. Les participants prennent un moment pour analyser les différents éléments de composition disponible, et tous commencent à construire leur maquette. Nous remarquons que chacun est concentré sur sa composition. Ils ne semblent pas dérangés par les autres participants, et n’hésitent pas à se déplacer dans l’espace afin de chercher le matériel, d’essayer leur composition dans la maquette générale de site ou de couper du carton. 119


Maquette de Monsieur Biot - Vue en plan

Maquette de Monsieur Biot - Vue depuis le haut de la place Saint-Lambert 120


La maquette de site étant à l’échelle du 500ème, nous expliquons aux participants qu’un centimètre sur la maquette représente en fait cinq mètres dans la réalité. Notons cependant que cette information ne semble pas leur causer de tracas. Aucun des participants ne prendra réellement de latte pour vérifier les dimensions de ce qu’il propose. Ils travaillent les hauteurs de leur proposition en se basant sur celles des bâtiments environnants. Cette approche du ‘réalisme de la mesure’ doit sûrement être travaillée dans un autre temps. Nous pensons que cette première appréhension de la maquette génère une maquette relativement conceptuelle, comme nous le faisons en général afin d’aborder les idées de concepts et d’impacts dans un master plan. TEMPS TROIS : Analyse de l’impact des différents scénarii. Chaque participant place sa proposition dans la maquette de site et explicite sa démarche et ses intentions. De là s’en suivront réflexions et questions autour de chaque scénario. Assez spontanément, c’est Monsieur Biot qui commence à exposer son idée de scénario. Nous imaginons que le fait qu’il soit architecte lui permet d’être plus à l’aise. Monsieur Biot présente sa proposition en commençant par expliquer le choix volontaire de conserver la circulation pour se rendre en Outremeuse. Comme vous pouvez le voir sur les différentes photos, il propose un plancher en bois incliné. La partie du côté de la place Saint-Lambert, plus élevée, abriterait une fonction, telle qu’une bibliothèque ou une médiathèque par exemple, l’ensemble étant vitré. Le carton teinté de bleu sur la maquette représente donc la façade vitrée de ce « bâtiment ». Il insiste sur l’importance de conserver toutes les circulations piétonnes aux alentours, tant celle venant de la gare du Palais, trop souvent oubliée, que de la place du Marché. Comme il s’agit de la première présentation, nous expliquons comment il est possible d’utiliser la maquette autrement que simplement en la regardant posée sur une table. Que ce soit en mettant l’œil à niveau de la rue afin d’avoir une perception plus à taille humaine que aérienne, en la tournant pour comprendre les effets d’ombres du volume sur ses alentours,… 121


Maquette de Monsieur Biot - Vue de la place du Marché

Maquette de Monsieur Biot - Vue de la rue Joffre

Photo de la référence citée : Place d’Armes à Namur 122


La première question de Madame Buntinx à Monsieur Biot porte sur l’utilité de la construction, et de manière liée, s’il a prévu une entrée. Monsieur Biot précise qu’il n’y a pas encore pensé. En tout cas, il n’envisage pas d’entrée depuis la place Saint-Lambert en frontal mais plutôt en relation avec le flux venant de la rue Léopold et de la gare du Palais, la façade vitrée symbolisant alors bien la limite entre la circulation et l’espace. Monsieur Baiwir suggère lui d’aligner un des côtés du plancher à la façade du palais de justice, ce qui lui donne une forme trapézoïdale et non plus carrée. Pour synthétiser, selon Monsieur Baiwir, il n’y a pas une relation formelle assez forte à l’existant. Monsieur Biot modifie la maquette en accord avec la remarque de l’autre participant. Madame Voncken trouve intéressant l’idée de positionner une telle fonction à cet endroit, mais selon elle, l’impact au niveau circulation piétonne et surtout la disponibilité d’espace pour les usagers est trop restreinte avec une proposition comme celle-là. Un autre participant trouve « pas mal » l’effet de séparation provoqué par ce scénario entre les places du marché et Saint-Lambert, mais trouve toutefois qu’au niveau de la présence dans l’espace global, cette proposition est trop massive. Il précise que, selon lui, cela illustre la complexité de l’exercice : arriver à séparer les deux zones tout en veillant à respecter le patrimoine du palais de justice, de l’hôtel de ville,... Monsieur Biot précise alors que tout le plancher est praticable, dans l’idée de la Place d’Armes à Namur, mais en le rehaussant pour venir y loger la fonction.

Après ces explications, les autres participants semblent davantage favorables à ce scénario. Il semble que le fait d’utiliser une référence pour imager le scénario a permis aux autres participants de comprendre concrètement le projet. Ils soulèvent aussi le fait que la partie de la façade du Palais bordant l’espace Tivoli est loin d’être la plus intéressante. Dès lors, ils s’accordent pour dire que l’impact à ce niveau-là ne dérange pas. 123


Maquette de Madame Voncken - Vue en plan

Maquette de Madame Voncken - Vue de la Place Saint-Lambert 124


Madame Voncken, au début de la description de son projet, fait référence à la photo du projet des années 70 (photo 3, p.102) , articulant un seul espace public unique intégrant différentes identités. Son intention est donc d’avoir un grand espace public, mais elle précise qu’il faut pouvoir identifier les différentes zones et qu’il est important d’amener de la couleur sur la place. Elle représente cet apport de couleur sur la maquette par les « arbres » de couleur rose. Nous demandons quelles fonctions ou statuts ont les différents volumes en mousse qu’elle a disposés. Elle évoque des espaces de détente, pour se retrouver en famille. Ensuite elle exprime son ambition, utopique, de fermer la circulation automobile séparant l’espace Tivoli de la place Saint-Lambert en faisant la comparaison avec la rue de la casquette devenue piétonne, ce qu’elle trouve très agréable. Les participants en arrivent ainsi à évoquer l’idée de dévier les voitures dans le tunnel où passent actuellement les bus entre le Cadran et la place Saint-Lambert. La fonction d’»abriter», au niveau fonctionnel des volumes, semble importante pour la participante, elle met en avant que peu de places dans Liège proposent des abris réels. Elle ajoute aussi que la fonction évènementielle peut encore être accueillie. Par exemple, le projet du Magic Mirror lui a laissé un très bon souvenir d’occupation de cet espace. Selon elle, ce petit lieu fermé coloré donnait un plus à la place. Monsieur Baiwir apprécie l’harmonie générale donnée à toute la place dans cette proposition. Il souligne également l’importance d’identifier les fonctions des différents modules, remarquant qu’ils arrivent en réalité à la même hauteur que les bâtis environnants actuels. Madame Voncken répond que c’est tout à fait involontaire. Un participant dit que, selon lui, parler d’un abri à taille humaine, simplement où aller boire un verre, avec des espaces de circulation, est très différent de concevoir des bâtiments, reprenant bureaux et autres fonctions aux étages tout en laissant en partie l’espace au sol libre pour créer des abris. Il note que ce qu’il apprécie visuellement dans la proposition est justement ce rapport de hauteur avec les constructions bordant l’espace étudié. Madame Voncken trouve effectivement que cela peut être un élément haut, mais elle n’y avait pas pensé. Le participant suggère par exemple qu’une fonction de théâtre pourrait être intéressante. 125


Maquette de Madame Voncken - Ensemble des 3 places en vue aĂŠrienne 126


Monsieur Biot trouve quant à lui que les arbres implantés de la sorte créent une sorte de continuité entre les enfilades d’arbres et de colonnes de la place du Marché et de la place Saint-Lambert. Il trouve également intéressant le parti de placer un bâtiment permettant de ré-identifier la rue de Bex comme une rue à part entière et de recréer ainsi une certaine unicité. Madame Voncken n’avait pas imaginé cette action sur la rue mais approuve cette manière de voir, compatible avec son idée de réunifier les espaces publics et d’ainsi redéfinir les espaces de circulation. Monsieur Kinable ajoute qu’en reliant les deux places existantes pour n’en créer qu’une, cela va provoquer tout de même la création de différentes ambiances. Le fait de recréer un « fond » défini, et non plus une vue infinie, pour ces espaces, permet d’offrir de nouvelles vues, un jeu de transparence. Il est possible de sentir des éléments en différents plans et donc de créer une dynamique de déambulation différente que celle existant. Selon lui, cette proposition fonctionne assez bien au niveau de la mise en place car cela sépare et unifie l’espace en même temps. L’échelle générale de cette proposition est appréciée par tous.

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Maquette de Madame Buntinx - Vue en plan

Maquette de Madame Buntinx - Vue depuis la place Saint-Lambert 128


La proposition de Madame Buntinx habille l’espace principalement avec des arbres. Elle précise cependant que les arbres devraient déjà être « âgés » afin d’avoir une emprise réelle sur l’espace, et non les petites arbres de ville comme on voit souvent. Elle considère que la place du marché, en tant qu’espace public avec ses aménagements, est devenue un pôle commercial et lucratif et ne représente plus réellement un espace public de loisir. Dans son projet pour l’espace Tivoli, elle propose l’implantation de bancs et de points d’eau. Selon elle, la place SaintLambert est très opérationnelle pour accueillir les événements mais, en dehors de cela, ne constitue qu’un endroit de passage très minéral. Elle suggère donc la possibilité de rendre l’espace Tivoli « plein », en regard à la place Saint-Lambert « vide ». « Plein » dans le sens de création d’espace de déambulation, de promenade, entre autre pour les familles, d’installation de bancs, de poubelles,… Elle évoque la crainte des pouvoirs publics, en général, de placer des bancs, en raison de l’insécurité en cas d’appropriation des bancs par des personnes sans domicile. Selon elle, l’espace actuel est beaucoup plus ordonné, pour éviter toute appropriation malvenue. Les bancs dont parle Madame Buntinx ne doivent pas être, selon elle, les bancs traditionnels mais bien un type de bancs qui invitent au partage et à la collectivité, en ajoutant, pourquoi pas, des aménagements comme ceux réalisés sur la place Saint-Etienne. Elle imagine également l’intérêt de stewards, animant l’espace et pouvant renseigner les touristes. Pour Madame Buntinx aussi, l’accès des voitures à cet endroit n’a pas de raison d’être. Elle pense qu’une réflexion sur une réorganisation de la circulation serait possible. Nous demandons aux participants si l’ajout de bancs et d’arbres, sans modifier le schéma des circulations, leur donnerait envie de profiter de ce lieu. Tous répondent que non. Le manque d’occultation de l’espace Tivoli et sa grandeur expliquent cette impossibilité d’appropriation de l’espace en y installant uniquement des arbres ou des chaises. 129


Maquette de Madame Buntinx - Vue depuis la place du Marché

Photo de la référence citée - Vinave d’île 130


Le débat au sujet de la place Saint-Lambert est rouvert par cette discussion. La participante juge que cet ensemble n’est pas appropriable pour des raisons de matérialité, de démesure, de manque de convivialité,… Liège a besoin d’un lieu minéral pour recevoir ses événements mais pas si vaste. La place Saint-Lambert a émergé d’un projet d’urbanisme, il vaut mieux, dès lors, miser sur l’espace Tivoli pour redynamiser la place Saint-Lambert et ses abords et ce en dehors de l’évènementiel. Le groupe propose de déplacer cette fonction événementielle vers la place Saint-Léonard plus adaptée pour recevoir les différents événements, ce qui animerait le quartier par la même occasion, en le reliant avec le centre et ses activités. Il est suggéré que l’espace vert pensé par Madame Buntinx pour l’espace Tivoli soit dessiné en creux dans le même esprit que les aménagements en Vinave d’ile. Monsieur Baiwir propose cela pour marquer cette séparation et l’éloignement de la circulation, tout en gardant une certaine transparence.

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Maquette de Monsieur Baiwir - Vue en plan

Maquette de Monsieur Baiwir - Vue depuis la place Saint-Lambert 132


Dans une proposition assez « basique » selon ses propres termes, Monsieur Baiwir suggère d’implanter un bâtiment en bordure de l’espace Tivoli. L’idée est de redéfinir les limites de chacune des places par cette construction. De par son implantation, cet édifice re-caractérise la place Saint-Lambert en donnant une réponse aux façades de l’ilot Saint-Michel. Ce qui fait naitre l’idée d’incorporer une fonction de résidence dans cette construction, avec pourquoi pas, au rez-de-chaussée, une fonction plus collective ou des bureaux. En relation avec la place du Marché, la création d’un espace plus vert et arboré crée un lieu de rencontres et de collectivité tout en amenant ce côté végétal qui manque sur la place. Il précise qu’au niveau du travail des façades, il ne faut surtout pas suivre ce qui a été fait pour l’ilot Saint-Michel mais chercher plutôt une réponse en lien avec le patrimoine, ou alors quelque chose de vraiment contemporain. En hauteur, il semble intéressant de rester dans les mêmes gabarits que les ilots alentours existants. Nous abordons l’idée d’avoir un rez-de-chaussée très transparent, pourquoi pas ouvert, permettant de créer un filtre sans réellement créer une coupure massive. Nous demandons aux participants d’essayer d’évaluer l’impact de la proposition au niveau de l’ombrage de l’espace. Nous expliquons comment est positionné le site par rapport aux points cardinaux pour bien comprendre la course du soleil en une journée. Le groupe constate qu’il est important de vérifier ces données lors de l’implantation d’un bâtiment sur l’espace Tivoli car, effectivement, de par l’étendue plane du site actuel, la lumière de fin de journée sur la place du Marché a son importance.

Nous soulevons l’idée d’un bâtiment tout en transparence, plutôt dans un style contemporain, permettant alors de ne pas créer une masse obstruant tout apport de lumière. Mais cette proposition modifie les fonctions envisageables, rendant la fonction de logement beaucoup plus délicate à installer par exemple. Nous proposons également que la construction dialogue davantage avec les colonnes de la place SaintLambert, par un alignement, ou peut-être justement, un travail en façade. Nous notons par ailleurs que cette proposition permet de conserver toutes les circulations, tant automobiles que piétonnes. 133


Maquette de Monsieur Kinable - Vue en plan

Maquette de Monsieur Kinable - Vue depuis la place Saint-Lambert 134

Maquette de Monsieur Kinable - Vue depuis la place du MarchĂŠ


Pourquoi ne pas réimplanter une structure légère représentant l’ancien chœur de la cathédrale et la forme d’un ancien cloitre mais contemporain ? Telle est la proposition de Monsieur Kinable. Le cloitre est une structure poteau-poutre en bois, sur laquelle on pourrait faire pousser de la végétation, ce qui permet de créer un filtre en créant à l’intérieur un espace serein, avec des points d’eau,… Cette proposition répond aux colonnes installées sur la place Saint-Lambert. Le rappel de l’ancien conserverait le côté historique du lieu mais adapté à notre époque et, pourquoi pas, avec une dalle en verre qui permettrait de voir les fouilles tout en ayant ce côté contemporain. Il y a possibilité de s’y promener, de déambuler, de s’abriter, pourquoi pas de monter dans la structure de l’ancien chœur pour offrir une vue de la ville. Nous considérons ce projet relativement synthétique de toutes les propositions du groupe de participants. A la fois espace vert, espace ouvert et accessible permettant de s’abriter, donnant un certain rythme à cette grande esplanade publique, créant une sorte de filtre mais sans pour autant occulter complètement les espaces les uns des autres. Le point de vue « touristique » serait aussi pris en compte avec la montée possible en haut du chœur,… Nous leur posons alors la question de l’impact de cet élément haut dans l’espace. Dans ce cas, l’idée d’une construction haute telle que le chœur de la cathédrale ne dérange pas, mais s’il s’agit d’un élément massif, les participants n’apprécient pas. Le cœur retrouve son chœur, et les bâtiments lui répondant aux alentours retrouvent leur place, de l’avis de la majorité des participants.

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TEMPS QUATRE : Clôture de la rencontre, remerciements, pré-débriefing Pour clore cette table ronde, nous tentons d’identifier un projet qui serait une synthèse de tous les éléments ayant été soulevés lors des deux ateliers. Après l’intervention de chacun, nous décidons qu’il est intéressant de repasser en revue les éléments de chaque projet. La recherche de la création d’un filtre entre les différentes places est indéniablement cité, de manières différentes, mais dans tous les projets. Le traitement de ce filtre, que ce soit par la création d’un ancien chœur en structure légère ou d’un bâtiment contemporain jouant avec la transparence, semble devoir être le départ du projet. Nous ajoutons à ce facteur de filtre, la volonté certaine de vouloir créer un espace plus végétal afin d’apporter de la poésie et de la douceur à cette esplanade d’espaces publics en enfilade. La proposition doit inclure la possibilité de se poser sans consommer et de s’abriter. Repositionner les piétons au centre des préoccupations pour les aménagements de ce point central de la ville doit devenir un enjeu majeur pour redonner vie au cœur de Liège.

DEBRIEFING : à chaud et à froid. Les participants préfèrent rédiger leurs impressions sur l’expérience en répondant à quelques questions par mail pour pouvoir avoir un moment de recul avant de répondre. Un mail leur est donc envoyé le lendemain, reprenant les questions suivantes : - Ces moments de discussions vous ont-t-ils sensibilisé à une lecture de la ville de manière différente ? Explicitez. (1) - Que vous a apporté, dans la lecture de projection architecturale, la dynamique interactive initiée dans le cadre des tables rondes ? Qu’en retenez-vous ? (2) - Quels sont les éléments d’amélioration à envisager dans ce type de méthode au vu de votre expérience ? (3) - Autres/remarques/divers (4) 137



Par souci de fidélité, nous trouvons intéressant de retranscrire les opinions telles qu’exprimées. Monsieur Otte : « 1) oui, ces échanges m’ont beaucoup apporté : les visions croisées furent complètement inattendues et enrichissantes ; 2) oui aussi au point deux : les points de vue ainsi opposés font réfléchir bien davantage que dans les milieux habituels ; 3) il faut certainement les poursuivre, une éventuelle amélioration ne pourrait être conçue qu’au cas par cas, selon les thèmes choisis et donc selon les personnes ; 4) j’ai été très impressionné par ton sérieux, malgré toute ta gentillesse, tu es déjà professionnelle ! » Madame Buntinx : « Oui car la pluralité des avis, même si l’échantillon est très petit (5 personnes) et un avis +- unanime, partage +- des mêmes valeurs par ces personnes. C’est intéressant de re-contextualiser cette démarche dans celle plus globale des CCATM qui est inspirée de la même philosophie participative, avec une sélection précise de l’échantillon, réglementée dans le CWATUP au niveau régional. Cette méthode serait peut-être à creuser même si elle a ses points négatifs. Certains comités de quartier injectent aussi de l’empirisme dans le domaine de l’aménagement du territoire. (cf. comité de st léonard avec la venue du TRAM : http://www.liegenord.be/mobilite.html et http://www.liegenord. be/le-potay.php...) » Monsieur Biot : « 1. Oui la démarche n’est pas commune. Cela m’a permis d’aborder de manière différente la ville en tenant compte des avis des autres en un minimum de temps en balayant plusieurs couches (couche historique, projetée, ...) donc oui une belle expérience ; 2. Ayant déjà travaillé à plusieurs reprises en groupe sur des projets conséquents, cette démarche nous fournit un gain de temps et une efficacité. Le timing était juste, ni trop long, ni trop court. Nous laisser une à deux semaines de répit permet d’avoir du recul pour aborder la 2nd réunion ; 3. Au final, je suppose que cette démarche débouchera sur une seule proposition commune...je suis curieux de savoir comment cela va se façonner. 15 autour d’une table aurait été la cohue… à voir ! Sinon rien à rajouter » 139



Madame Procek : « 1. Non. Chacun est intervenu avec son bagground, expérience et sa vision des choses. Du coup, une vision différente d’autrui ne m’a pas étonnée et si j’ai attentivement écouté les avis de d’aucuns, cela ne m’a pas particulièrement sensibilisée.. 2. Que tout est une question de point de vue… et c’est très subjectif. 3. Aucun » Monsieur Baiwir : « Tout d’abord, je dirai que c’était intéressant, pour un «semi» citoyen lambda, de me retrouver du côté «conceptuel», «imaginatif» de la démarche architecturale. Je ne suis pas totalement «innocent» ou «vierge», vu mon passé familial et mon expérience professionnelle, mais j’étais toujours du côté du «spectateur», du «témoin», passif, même si intéressé, intrigué, interpellé, admiratif, déçu, en accord ou désaccord, mais un peu réactif quand même. Donc la participation à ce groupe m’a permis de semer mon petit grain de sel dans une problématique complexe et, en tant qu’»usager», je trouve ça très motivant. Chacun a pu s’exprimer en fonction de ce qu’il est, chaque personnalité a abordé la question sous l’angle lui correspondant, sans jugement de la part des autres, juste des échanges, des commentaires, positivement. Les propositions étaient clairement exprimées, «imagées», «maquettées», avec les moyens dont chacun dispose, avec les vocabulaires, les langages de chacun et c’était bien. Ceci dit, la problématique de l’espace Tivoli est complexe, l’urbanisme liégeois est «décousu», par manque de vision globale, suite à une politique de «saucissonnage» des interventions à répartir en fonction des moyens financiers et des intérêts des uns et des autres, des marchandages politico-financiers, ... Ceci conduit à cette place St Lambert bâtarde, mêlant styles et non styles, passé et pseudo présent, âme et fonctionnalité, vide et ... vide ! L’espace Tivoli est donc bien à retricoter. Comment ? Des suggestions ont été faites, mais une vision d’ensemble est nécessaire, une analyse rigoureuse des usages et fonctions (la place St Lambert n’est plus le centre de Liège), l’appel à des utopistes, à des visionnaires qui projetteront la ville dans un long futur, avec audace et respect, avec confrontations en discussions ouvertes avec les habitants ou usagers. Ceci nécessiterait une bonne communication, la formulation simple, claire, en adaptant les vocabulaires (éviter, par exemple, des phrases du type «... la lecture de projection architecturale, la dynamique interactive...», les représentations, les discours, ce que font très mal, en général, les «décideurs». Je pense aussi qu’il faudrait nuancer les avis des usagers en fonction de leurs intérêts réels, de la manière dont ils sont directement ou indirectement concernés : les proches, les éloignés, les habitants, les visiteurs, les possibles futurs habitants, ... Pour des analyses pondérées, nuancées.» 141


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SYNTHESE DE LA DEUXIEME TABLE RONDE Les participants présents lors de la première table ronde semblent avoir poursuivi leurs réflexions durant le temps séparant les réunions et sont arrivés avec une réflexion et une idée aboutie quant au scénario qu’ils veulent proposer. Nous pouvons noter dès les premiers instants la confiance que chacun a pris pour exprimer ses idées. Les personnalités des nouveaux intervenants ont permis de rentrer rapidement dans le travail, mais nous ne pouvons assurer que ce soit possible avec tout type de public. Nous constatons qu’un débat plus politique s’amorce lors de cette deuxième réunion et majoritairement lors de la recherche du « projet synthétique ». Nous percevons que plus nous rentrons dans le concret, plus les questions politiques s’immiscent dans le débat. La possibilité de travailler à tous les niveaux citoyens semble apporter une plus-value aux projets mais nous mettons en avant l’importance de l’intervention des professionnels tout au long de la démarche. Un travail plus poussé de communication pour sensibiliser les citoyens est nécessaire pour arriver à susciter l’envie de s’investir davantage.

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_ EVALUATION DE LA MÉTHODE

Notre attention sera portée en premier lieu sur le nombre de participants. Nous avons effectivement testé cette méthodologie sur un échantillon relativement petit de cinq personnes. Nous pensons possible d’utiliser cette même méthode avec plusieurs groupes en parallèle, avec une séance de rendu collective. Nous avons pu constater que les séances de deux heures permettaient une liberté de parole pour chaque intervenant, sans pour autant laisser réellement de marge de manœuvre. Ayant attribué un temps à chaque moment des tables, il aurait été difficile de permettre cette possibilité de s’exprimer à tous s’il y avait eu le double de participants. Réaliser des réunions plus longues que deux heures ne nous semble pas une bonne solution sachant que les participants n’ont pas forcément de plus grandes disponibilités. Comme le disait Madame Buntinx, entre la fancy-fair de l’école, faire une tarte pour la réunion de parents, aller conduire ses enfants au sport, mouvements de jeunesse ou autre, trouver du temps n’est pas facile. Annoncer donc des activités de plus de deux heures ne renforcerait probablement pas la motivation à s’investir dans ce genre d’expérience. Le nombre de cinq participants en réalité semble avoir bons nombres d’avantages tant par son imparité, permettant un départage si nécessaire, que par la diversité de personnalités qu’il peut offrir. Dans le cadre du développement d’une telle méthodologie pour un plus grand nombre de participants, il nous semble donc intéressant de créer des groupes de cinq participants. Pour un groupe de 100 personnes par exemple, 20 groupes de 5 peuvent être mis en place. Bien entendu, cela nécessiterait l’élection d’un représentant de chaque groupe et un travail de mise en commun par la suite. Cependant, il sera important de veiller à la mixité dans chacun des groupes. Au-delà de leur nombre, il est intéressant aussi de se pencher sur la question des usagers. Pour cette expérience, nous avons contacté des personnes ayant un rapport avec le lieu, le connaissant, de près ou de loin, car nous étions limités dans l’action au vu de l’aspect universitaire et factice de la projection urbaine. Nous soulevons tout de même le questionnement sur le choix des usagers. Un liégeois Z, vivant par exemple dans les hauteurs de Cointe, connaissant l’espace Tivoli parce qu’il travaille dans le centre-ville, va peut-être exprimer le désir d’un parc, pour le lieu concerné par l’étude, afin de rendre son parcours jusqu’au travail plus agréable. Par contre, un liégeois, vivant rue Neuvice va, lui, exprimer la nécessité de trouver une fonction toute autre. 145



Nous envisageons alors l’importance de travailler peut-être à différentes échelles. La proposition de sondage, de conférences, de séances de questions réponses pourraient être mis en place pour tous habitants de la ville, comme le développent Urbagora ou la CCATM. En ce qui concerne la méthodologie développée par la suite, il serait peut-être intéressant de définir en amont, un rayon dans lequel les citoyens seraient invités à s’exprimer selon la méthodologie des ateliers de tables rondes. Un travail de relais de quartier expliquant la démarche pourrait alors être amorcé afin de sensibiliser les citoyens à s’investir dans ce projet, sachant qu’eux aussi peuvent en être enrichis, tant humainement que pour le futur de leur lieu de vie. Au niveau des « activités » proposées, les participants semblent satisfaits et ces activités ont abouti à des propositions concrètes. Aborder la thématique par le dessin, le littéraire, la comparaison pour ensuite avoir une approche tridimensionnelle permet d’aborder le site et sa problématique relativement dans sa globalité. Cependant, comme dit ci-dessus, il serait peut-être intéressant d’ajouter un travail de recherche de références. En amont, peut-être serait-il intéressant que lors du temps cinq de la première table ronde, le travail de comparaison, il y ait une possibilité de recherche de références, via un ordinateur ou une tablette. Cela permettrait aux participants de présenter des projets qu’ils ont peut-être visités ou vu en photos. De plus, dans le cas de ce site-ci, nous avions un nombre de possibilités de projets à présenter lié à la problématique qui dure depuis des années, ce n’est pas le cas de tous les sites qui pourraient faire l’objet de cette méthodologie. Ce temps cinq de la réunion pourrait être donc résumé en un travail de comparaison, que ce soit entre des projets passés ou simplement des projets dont les participants veulent imprégner le site concerné. Les moments de pause, dans les deux réunions, ont été riches en débats informels, et sont donc à considérer comme moment à part entière dans la démarche. Les participants « baissent leurs armes », des barrières se baissent et des ponts se dessinent entre eux. Dans la première réunion, les groupes s’étant formé durant ce moment de pause, ont permis une certaine identification de leur pair par le participant. Lors de la deuxième table ronde, un moment réel de pause n’a pas été proposé. La réunion était plutôt prévue comme un atelier libre. Les personnes n’ont pas émis le besoin de faire une pause et le débat s’est poursuivi entre réflexions personnelles et partages de manière assez naturelle. 147



L’espace dans lequel nous avons travaillé est un espace relativement ouvert, composé de panneaux laqués noirs. La neutralité du lieu a sans doute son importance dans la relation des participants au lieu, tous sont égaux dans cet espace. La disposition d’un assemblage de tables pour en créer une unique en y disposant tout le matériel en son centre semble fonctionner. L’espace laissé libre autour de la table permet une déambulation des participants. Nous remarquons que, par exemple, lors de la création des maquettes, les participants n’hésitent pas à se déplacer dans l’espace pour se procurer le matériel désiré. Le fait que la table où nous avons disposés les boissons etc. soit en dehors du cercle identifiable de travail a sans doute favorisé les échanges plus ouverts du moment de pause. Le fait d’avoir un support vidéographique et photographique est à conserver si l’on veut pouvoir analyser avec pertinence toutes les interactions lors des tables rondes. En effet, ce support a permis une étude approfondie de la première séance, permettant d’identifier comment organiser la deuxième. D’autre part, nous pouvons revenir attentivement sur les réunions pour tout le travail postérieur. De plus, la prise de notes du médiateur, ou d’une personne extérieure, lors des rencontres ne peut être suffisante, et représenterait déjà en soi une interprétation. Ces supports permettent donc de prendre les éléments pour ce qu’ils sont, favorisant la neutralité. Enfin, cela permet au médiateur d’être totalement disponible et investi dans la réunion. Nous soulignons qu’il est primordial que les médiateurs de débats aient une connaissance importante du site afin de pouvoir répondre à toutes les demandes plus historiques ou techniques du lieu. Nous avions pu acquérir toutes ces connaissances lors de la réalisation de la première partie de notre travail, et en avons compris la nécessité au travers des diverses questions des participants. Il est important aussi que ce médiateur ait une certaine légitimité pour les autres participants, cela conforte sa fonction. Cependant, celui-ci doit être capable d’être dans une démarche positive et humble. Laisser les usagers s’exprimer, surtout lors de la première réunion, est primordial pour créer une dynamique constructive où chacun est autorisé à se projeter. Dans la deuxième réunion, tout l’intérêt du médiateur sera de provoquer le questionnement des participants, de guider leur réflexion, sans pour autant vouloir les diriger. Le rôle de médiateur est de rassembler toutes les conditions utiles à la mise en projet des participants/usagers vers une démarche la plus optimale d’intelligence collective. Nous pensons qu’il est important que le profil du médiateur soit connu par les organisateurs lors de la mise en place de la méthodologie, quitte à élire les médiateurs en fonction du projet envisagé. 149


« Rien n’est permanent, sauf le changement. » -Héraclite d’Ephèse –

Projet, nom masculin, (de projeter) ; « But que l’on se propose d’atteindre : Un projet chimérique ; Idée de quelque chose à faire, que l’on présente dans ses grandes lignes : Son projet a été accepté ; Première ébauche, première rédaction destinée à être étudiée et corrigée : Un projet de roman ; Tracé définitif, en plans, coupes et élévations, d’une construction à réaliser (machine, équipement, bâtiment, aménagement urbain, etc.). [Le tracé initial, à partir des études préliminaires, est l’avant-projet.] ; Étude de conception de quelque chose, en vue de sa fabrication. » 150


4. CONCLUSION

L’espace Tivoli est un lieu ancré au cœur de l’histoire globale du développement de la ville de Liège. Dès l’implantation de la civilisation dans la cité et jusqu’à nos jours, chaque génération, chaque époque a eu ses projets et nous pouvons lire dans son évolution urbaine les schémas des sociétés qui ont fait naitre et font vivre la ville de Liège. L’implication, du site étudié, si forte dans l’histoire et sa centralité dans la ville rendent ce lieu exceptionnel de par son bagage historique. On peut y détecter un haut potentiel qui mènerait ce lieu, en tissant du lien entre chaque espace majeur du cœur de ville, à donner sens à ce cœur qui pourrait ainsi pleinement refléter les modèles de société d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le travail réalisé avec les usagers a permis d’identifier des éléments forts pouvant être vecteurs d’un projet pour redonner une identité propre au site et définir ses fonctions et ses relations avec les espaces environnants. Cela signifie avant tout pouvoir l’identifier pour lui-même et non plus comme un espace résiduel entre deux places urbaines structurées et organisées. Absorbant les différences, entre autre, d’échelles, entre les deux places, Tivoli deviendrait un filtre, liant et restructurant, de l’espace public global. Nous avons abordés différentes mises en forme de cette volonté de « filtration liante », mais comme l’avait prévu la méthodologie, le niveau formel n’a pas été pleinement défini lors des ateliers. Un travail de la part de professionnels sera ensuite nécessaire afin de trouver la réponse formelle adaptée, mais intégrant également les autres facteurs mis en avant par les usagers-participants. Le projet devra en effet permettre une réappropriation de l’espace par le citoyen usager, de par l’apport de « douceur », sous forme végétale par exemple, d’espace de repos, d’abris,… Tous des éléments qui redessinent et redéfinissent l’espace urbain en prenant davantage en compte les besoins de l’usager. La méthodologie avait pour but, entre autres, la définition de lignes de forces pouvant devenir des clés de conception pour les professionnels, et nous considérons ces objectifs atteints. Les activités proposées, en y apportant encore certaines nuances, ont permis une découverte et une connaissance de ce que signifie intervenir dans un site faisant partie d’un système équilibré à sa manière. Certes, la lecture des interventions successives dans le temps, et dans ce cas-ci, sans réel fil conducteur, mettent en exergue tout l’enjeu de l’aménagement du territoire pensé « durable ».

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Le travail en groupe, impair et mixte, a montré son potentiel d’apport en richesse de réflexions. Il reste évident que ce genre de pratique doit intervenir dans la phase de recherche et de conception du projet. Les clés offertes par la méthodologie d’implication de citoyens-usagers se doivent d’être appropriées et utilisées ensuite par des personnes formées à l’aménagement de l’espace. Ce constat peut constituer une recommandation pour la pratique future : l’implication de citoyens-usagers leur permet d’apporter leur compétence propre, leur vision de la ville et de l’usage qu’ils en attendent. On ne peut se passer de cette compétence d’usage de l’espace urbain. Mais il convient ensuite de passer le relais, de confier aux professionnels cette expertise d’usage pour que ceux-ci puissent, avec leurs outils et expérience, en tester la faisabilité. Ce processus se développera alors dans un va et vient d’échanges entre usagers et urbanistes/architectes avec une pleine conscience des qualités et limites de chacun. Nous pouvons dès lors souligner l’importance, pour l’efficience de notre méthodologie, de veiller à émettre clairement, dès l’entame d’une démarche participative, les « règles du jeu » qui garantissent son bon déroulement. Une telle implication du citoyen peut, de fait, provoquer une déception plus importante face au projet finalement construit, si les objectifs de cette méthodologie ne sont pas bien définis dès le départ. Ces règles du « jeu » doivent tout autant veiller à clarifier le rôle de chef d’orchestre qui est confié au médiateur. L’expérience révèle l’importance de la médiation, un rôle que doit assurer l’architecte tout au long de sa vie professionnelle.

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A un niveau plus personnel, cette expérience nous conforte dans l’idée que nous nous devons d’être créateurs, toujours en projet, et surtout avec une conscience des modèles de société de demain. Le projet, dans toutes les définitions qui le caractérise, est une démarche naissant d’objectifs, d’idées et s’enrichissant par les partages. Cette dynamique de projet nécessite une méthode, patiente et rigoureuse, prenant le temps de consolider les liens afin que les citoyens concernés puissent avancer en cohésion. Une ville est un espace d’interactions sociales, qui peuvent être conflictuelles, neutres ou collaboratives, mais quoiqu’il en soit, sont inhérentes à la vie en collectivité. La « bonne santé » d’une ville s’exprime en termes de cohésion sociale, et l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement du territoire partagé en général ont, entre autre, eux aussi, une influence sur cette recherche de cohésion. Tout est dans la manière de fédérer les ensembles – de personnes, de quartiers, de fonctions,…Les débats qui sont nés de cette expérience ont permis une ouverture de notre champ de vision de l’architecture. Nous pensons qu’aborder des projets via ce biais permet d’avoir une lecture du site sous des angles très différents rendant la réponse architecturale que nous pouvons proposer plus respectueuse du citoyen, plus cohérente et durable dans un système intégré. Nous avons la volonté et l’ambition que l’architecture puisse participer à l’amélioration, à son niveau, de cette cohésion sociale en construisant patiemment des perspectives partagées.

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5. BIBLIOGRAPHIE _Ouvrages :

BOVY JEAN PIERRE PAUL. Promenades historiques dans le pays de Liége, Volume 2. Liège : P. J. Collardin, 1894. Consultation en ligne Google-Books (https://play.google.com/books/ reader?id=m2hbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&output=reader&hl=fr&pg=GBS.PP8 ) p.18 CHARLIER SÉBASTIEN, MOOR THOMAS. Guide architecture moderne et contemporaine 1895-2014 Liège. Bruxelles : Mardaga, 2014. ISBN 978-2-8047-0192-5. CHARLIER MICHEL. Liège, hier et aujourd’hui. Liège : Noir Dessin Production, 2002. CHOAY FRANÇOISE. L’Urbanisme, utopies et réalités. 1ère éd. Paris: Seuil, 1965. ISBN 2-02-005328-4 DE CONINCK, DEROUBAIX JOSÉ-FRÉDÉRIC. Ville éphémère, ville durable; nouveaux usages, nouveaux pouvoirs. Paris : l’oeil d’or, 2008. ISBN 9782913661295. GROSJEAN MICHÈLE, THIBAUD JEAN-PAUL. L’espace urbain en méthodes. Marseille: éditions parenthèses, 2001. ISBN 2-86364-624-9. MARCHAL HERVÉ, STÉBÉ JEAN-MARC. La sociologie urbaine. 4ème éd. Paris : Presses Universitaires de France, 2007. Que sais-je. ISBN 978-2-13-062810-1. PAQUOT THIERRY. Repenser l’urbanisme. 1ère éd. Gollion : Infolio, 2013. ISBN 978-2-88474-718-9.

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_Articles

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_Syllabus - Études

CLEO (Centre Liégeois d’Étude de l’Opinion - ULg) - Prof. R. DOUTRELEPONT. Aménagement de l’îlot Tivoli. Liège, avril 2001.

DAWANCE SOPHIE. Démarches du projet urbain et de territoire : stratégies, outils, acteurs, 2014-2015 ,ULg. DIETERLEN CATHERINE. Espaces publics : Comment les aménager, comment les améliorer ?, Programme d’Aménagement Solidaire Pays dignois : FICHE MÉTHODOLOGIQUE / aménagement des espaces publics. Marseille: Novembre2012. 15p. LEMA (Laboratoire d’Études Méthodologiques Architecturales - ULg) (CREMASCO VERONICA, DUPAGNE ALBERT, JEUFFROY MARIE-CÉCILE, TELLER JACQUES) . Faut-il fermer la place Saint-Lambert à Liège ? Première partie : étude morphologique. Liège: 2000. ADUS (AGENCE DE DÉVELOPPEMENT ET D’URBANISME DE LA SAMBRE). BEAUrEGaRD –Action 6 Evaluation des aménagements d’espace public. Maubeuge: 2007 BERTRAND JACQUES, KINET RENAUD, LEBLANC JEAN-FRANÇOIS. Le projet de tram à Liège, enjeu de mobilité et de développement urbain. Liège, juin 2014. À L’INITIATIVE DE L’ÉCHEVINAT DE L’URBANISME, DE L’ENVIRONNEMENT, DU TOURISME ET DU CADRE DE VIE DE LA VILLE DE LIÈGE AVEC LA COLLABORATION DU DÉPARTEMENT DE L’URBANISME. La ville à venir. Projets urbains pour Liège. Liège : 2006.

_Sites internet à consultations multiples

http://www.liege.be http://www.homme-et-ville.net/psl.html http://www.archeoforumdeliege.be/ http://www.chokier.com/ https://www.sondageonline.com/ http://www.fabrice-muller.be/liege/monuments/st-lambert.html http://evene.lefigaro.fr/citations http://www.larousse.fr/ http://www.demainlaville.com/author/philippe-gargov/

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_Références des illustrations

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Implantation de la villa gallo-romaine au sein du Sillon Sambre et Meuse : HENRARD, VAN DER SLOOT LÉOTARD. La villa de la place Saint-Lambert à Liège (Belgique) : nouvel état des connaissances, p. 161. (Retravaillé par LAURA BAIWIR) Plan de la villa et reconstitution de la topographie locale. : HENRARD, VAN DER SLOOT LÉOTARD. La villa de la place Saint-Lambert à Liège (Belgique) : nouvel état des connaissances, p. 162. (Retravaillé par LAURA BAIWIR) Le massacre de Lambert : peinture du XVème siècle : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:St-Lambert-Li%C3%A8ge.jpg Liège sous Notger (971-1008) : http://www.chokier.com/FILES/PLANS/971-Nagelmarkers.html Situation au XXIème et XIIIème siècles : POLAIN. 1932. http://www.chokier.com/FILES/PLANS/1932-Polain.html Situation au XXVIIème: MILHEUSER / BLAEU. http://www.chokier.com/FILES/STLAMBERT/Icono.html Plan de situation sous le Régime Français : http://users.belgacom.net/cwarzee/place_saint-lambert/index.html Ruines de la Cathédrale: JEAN DENEUMOULIN. 1802. http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=M36562&objnr=10065570&nr=2 Palais de justice et place Saint-Lambert - 1830: http://www.cwarzee.net/liege/ Situation au milieu du XIXème siècle : Archives de la Ville de Liège. http://www.liege.be/projet-de-ville/autres-projets/autres-projets-realises/la-reconstruction-de-la-lace-saint-lambert Place Saint-Lambert et ses tramways - XIXème siècle: http://histoiresdeliege.skynetblogs.be/place-saint-lambert/ L’espace Tivoli - XIXème siècle: http://www.cirkwi.com/#!page=circuit&id=6756 Le Grand Bazar - 1950 : http://liegemaville.canalblog.com/archives/2014/03/04/29361374.html L’autoroute de la corniche – 1950 : http://www.homme-et-ville.net/chrono.html 163



Proposition groupe l’Equerre- 1960 : http://www.homme-et-ville.net/chrono.html Episode de la Saga du Trou Béant – 1985 : Photo ADR - http://www.liege.be/projet-de-ville/autres-projets/autresprojets-realises/la-reconstruction-de-la-lace-saint-lambert Episode de la Saga du Trou Béant – 1985 : http://www.liege.be/projet-de-ville/autres-projets/autres-projets-realises/ la-reconstruction-de-la-lace-saint-lambert Schéma de Claude Strebelle : http://www.liege.be/projet-de-ville/autres-projets/autres-projets-realises/lareconstruction-de-la-lace-saint-lambert Reconstitution du Choeur de la Cathédrale – 2000 : http://users.belgacom.net/cwarzee/place_saint-lambert/ Liège sur sable : Liège. 2006. http://proxiliege.net/index.php?id=1086&idrub=33&page=article Le village de Noël : DUMOULIN ROLAND, https://www.flickr.com/photos/rdumoulin/sets/72157606826990365/ Projet imaginé un premier avril : Liège. Avril 2008. http://www.rtc.be/content/view/4687/166/ Projet d’implantation de la 10ème édition des épicuriales : Liège. Février 2014. be/2014/02/16/les-epicuriales-reviennent-au-tivoli-pour-leur-10eme-anniversaire/

http://www.epicuriales.

Pavillon de l’université McGill de musique à Montréal : http://www1.ville.montreal.qc.ca/siteofficieldumontroyal/ batiment-institutionnel/ecole-musique-schulich-universite-mcgil Metropol Parasol, Sevilla : Sevilla. 2011. http://www.homedsgn.com/2011/04/28/metropol-parasol-in-seville-theworld%E2%80%99s-largest-wooden-structure/ Cloud Gate, Chicago : http://mostbeautifulplacesintheworld.org/?p=2918 Photo de la référence citée : Place d’Armes à Namur : http://www.semindex.be/upload/SemIndex/images/ Accommodation/558/9_foto2163_original.jpg Pensée architecturale et toutes les photos des maquettes des participants : ©LAURA BAIWIR Temps quatre - Adjectifs sur Post-it, Illustration de couverture, tables rondes... : ©JEREMY LELIÈVRE Moment de débat au sujet des projets passés lors de la table ronde, tables rondes,... : ©BENOIT SURINX Table en fin de première réunion : ©LEOPOLD BAIWIR 165



Remerciements

Je souhaite remercier tous ceux qui ont participé à l’aboutissement de ce travail; Le promoteur, Monsieur Tieleman, pour sa confiance, son suivi et son intérêt ; La co-promotrice, Madame Dawance, pour ces nombreux conseils et partages entre autre dans le cadre de ce travail ; Monsieur Laurent Brück, pour sa disponibilité et les informations mises à disposition durant les recherches ; Monsieur Philippe Lheureux, pour le partage de ses connaissances et son intérêt; Tous les participants aux tables rondes, sans qui, ce travail n’aurait pu prendre forme ; Monsieur Jean-Claude Masson, pour le prêt du matériel vidéo; Mes parents, pour leur temps, leur αγάπη et leur patience face à mes « inspirations shakespeariennes » ; Mes amis qui m’ont soutenu, et spécialement Bilbo et Batman, qui ont été présents tout au long de cette année, entre pneu et appareils photo ; La personne, avec qui je partage cette passion et cette vie, qui dessine chaque jour comme une opportunité.




Découvrir un lieu emblématique de la ville de Liège et embarquer dans la découverte d’une méthodologie d’urbanisme participatif expérimentale.


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