Liverpool, une lecture du process urbain.

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LIVERPOOL , LA REGENERATION DU WATERFRONT, UNE LECTURE DU PROCESS URBAIN


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Laura Cardin Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles 2012 / 2013 Groupe de mémoire Master Ici et Ailleurs : ville, territoires, nature dirigé par Richard Sabatier Enseignants : Cristina Rossi, Pierre Gaudin, Richard Sabatier Directeur d’étude : Pierre Gaudin


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PROCESS

du latin procedere

Suite continue d’opérations, d’actions constituant la manière de faire, de fabriquer quelque chose. Dictionnaire français Larousse


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La croyance que rien ne change provient soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat. Friedrich Nietzsche, Le gai savoir, 1882


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Introduction 10 Préambule 10 Problématique 12 carte 2 Liverpool - Manchester - Leeds

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carte 3 aire urbaine 16 carte 4 Liverpool, docks et waterfront 18 statistiques générales, Liverpool et Manchester

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Mise en situation 21 le champ lexical de la régénération urbaine

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les outils et pratiques britanniques pour la transformation urbaine

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le gestion gouvernementale et les multiples statuts administratifs

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Le réinvestissement des espaces historiques centraux, regard critique sur les opérations urbaines du city centre de Liverpool

27

le waterfront, témoin des mutations urbaines, potentialités et statuts

27

les enjeux du waterfront comme outil de redynamisation

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la patrimonialisation au coeur d’un projet urbain territorial

33

le redéveloppement par le commerce

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le repeuplement des espaces historiques centraux

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Planification démultipliée et process

45

modalités d’interventions des autorités sur la ville

45

des stratégie démultipliées

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le conflit Héritage / Développement, concilier modernité et patrimoine

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Conclusion

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Glossaire

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Bibliographie

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Annexes 62

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MANCHESTER

LIVERPOOL

LONDON

300 km

carte 1 - Liverpool dans le Royaume Uni

Comprendre le process urbain via les opérations de régénération du Waterfront.


PREAMBULE

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Shrinking Cities, un phénomène global Le terme anglais « shrinking » peut être compris en français comme le rétrécissement. Il faut cependant éclaircir ce point, les villes sujettes au déclin ne rétrécissent pas par leur taille mais par leurs densités, démographiques, d’activités. C’est le cas aujourd’hui de plus d’un quart des villes de plus de 100 000 habitants dont Détroit, Glasgow, Manchester ou encore Leipzig, toutes exemplaires dans leurs stratégies et mode de gestion. Les mots « décroissance » et « déclin » sont employés en français mais c’est l’expression « crise urbaine » qui se rapproche le plus de la situation britannique car elle sous-entend un ensemble de processus autres que géographiques : démographiques, économiques, urbains, sociaux. Depuis plus de soixante ans, des sociolaogues, géographes et urbanistes s’intéressent au déclin des villes. L’école de Chicago1 le considère comme inéluctable et faisant partie d’un processus naturel. La ‘pensée critique’ qui participe à l’analyse du déclin en fait un stade de l’évolution d’une ville dans un cycle composé d’urbanisation, de suburbanisation, de désurbanisation et réurbanisation. Ce processus n’est pas sans rappeler les cycles économiques de croissance, les cycles de Kondratiev, où l’on assiste à une phase A d’expansion, puis une phase « plateau », de stagnation, et enfin une phase B, de dépression, bien que ce modèle ne fasse pas l’unanimité2. C’est il y a trente ans environ que se sont manifestés les premiers signes du déclin, en Allemagne et aux États-Unis. Dès les années 1950 mais surtout à partir de 1980, avec la montée en puissance de complexes processus d’érosion économique et de baisse de la population. Dès les années 1990 cette tendance se confirme de façon importante en Allemagne de l’est (qui doit en plus faire face à une transition post-socialiste). La grande crise de la désindustrialisation participe fortement à ce phénomène et de nombreux facteurs déterminants y prennent part : la périurbanisation, la transition démographique, les transitions de régimes politiques. La décroissance ne touche cependant pas les villes de façon homogène, on peut, dans le cadre d’un raisonnement à l’échelle européenne, différencier deux cas de figure. Le premier dans lequel la décroissance contraste avec les évolutions régionales (notamment en Europe occidentale). Le second est celui où la baisse de population s’inscrit dans une dynamique régionale (à large échelle), nationale voire plus. Cette situation est plus courante en Europe centrale et Orientale. Liverpool, une Shrinking City exemplaire ? Le processus engagé à Liverpool a fait plonger la ville. Le premier marqueur du shrinking apparaît dès les années 1960 avec un déclin démographique plus intense que dans les districts voisins. Cette vague migratoire est due à la désindustrialisation ainsi qu’à la campagne nationale de périurbanistaion. D’un statut de puissante cité portuaire et industrielle elle n’est plus aujourd’hui en mesure de faire face à la concurrence mondiale. La désindustrialisation et les complexes processus engagés l’ayant écartée du système économique global. La ville a ensuite fondé ses stratégies de relance économique sur le secteur tertiaire mais ce dernier n’a su compenser les défauts de sa structure, établie sur une monofonctionnalité, celle de l’industrie. Liverpool, en tant que cas d’étude, pose la question du modèle de réponse face aux 1 Hoyt H., the structure and growth of residential neighborhoods in American cities, Federal Housing Administration, Washington, United States Government Printing Office, 1939 2 Joseph Shumpeter pense le progrès technique comme fondement de l’économie. Des pans entiers de l’activité s’étiolent avant de disparaître alors même qu’ils ont été dominants. L’événement et la technologie poussent l’économie à se transformer.


problématiques posées par le shrinking, les solutions engagées mettent largement en jeu les programmes d’entertainment afin de regagner de l’attractivité et donc des investissements. Cette méthode ne parait cependant pas totalement viable étant donné qu’elle n’intègre pas le déclin comme un processus à long terme ni une opportunité de renouveau urbain. L’émergence d’un champ de recherche Des termes liés à la décroissance urbaine apparaissent à la fin des années 1970 en lien avec la récession économique internationale. Ces derniers font délibéremment opposition aux processus de croissance. En 1957, Boustedt (Allemagne) analyse les processus de schrumpfung comme un ensemble de dynamiques démographiques, économiques et sociales régressives dans un espace urbain donné. Le terme entre dans le champs académique en 1988 dans un article de Haubermann et Siebel dans le Kolner Zeischriftfur soziologie ung sozialpsychologie (sur les effets de la désindustrialisation en Allemagne de l’ouest, particulièrement dans la Rhur). L’approche est positive, le phénomène est reconnu comme un processus de long terme et non comme un défaut d’adaptation temporaire. Le terme shrumpfung évoque la métaphore du rétrécissement à l’image d’un linge qui aurait été lavé à trop haute température. Le terme désigne également une diminution quantifiable, d’où son usage en démographie. Ainsi, l’état déclaré de shrumpfung d’une ville laisse croire à l’acceptation d’un phénomène spatial et démographique. La dimension spatiale induit, surtout en Allemagne, une perforation urbaine et non une régression des limites physique de la ville. Le terme utilisé renvoie ainsi à un souci de densité. Dans le monde anglophone, la notion de shrinking répond à celle utilisée en Allemagne, elle renvoie à des processus globaux de déclin urbain qui sont liés aux effets de la désindustrialisation et de la suburbanisation et qui ont majoritairement touchés la Rustbelt aux Etats-Unis (notion abordée par Weaver ,1977; Breckenfeld, 1978; Rybczynski & Linneman, 1999). Phillip Oswalt, en 2006, rapproche les villes en déclin et parle d’un phénomène global. Ainsi, le rétrécissment urbain au Royaume Uni, l’état de shrinking d’une ville, serait un des résultats de la globalisation. Il prend des formes différentes et les aires urbaines touchées le sont de manières variables. Cette multiplicité de la forme du déclin implique alors une diversité des stratégies politiques et urbaines et une mise en relation des territoires. Le paradigme de la croissance C’est le cas allemand qui pousse en premier à remettre en cause le paradigme actuel de la croissance urbaine en partant du fait que le déclin fait partie intégrante des processus de croissance : « [le déclin] n’est pas une déviation par rapport au cas normal mais une dynamique spatiale à part entière »3. Devant l’ampleur du phénomène européen, conditionné par les processus de désindustrialisation, d’étalement urbain4, de mondialisation, de transition post-socialiste, de polarisation socio-spatiale, etc, le shrinking (d’abord en allemand schrumpfung) est amené à être considéré comme une opportunité de changer ce paradigme de la croissance basé sur une expansion continue, territoriale et économique, support des politiques urbaines. Le déclin comme une chance de mener autrement les opérations 3

Daniel F., Fol S., Roth H., la `stadtschrumfung’ ou `rétrécissement urbain’ en Allemagne, un champ de recherche émergent citent Wissen et Naumann, 2006, « Infrastructural commercialisation and uneven development. The case of East Germany », in Urban water conflicts. An analysis of the origins and nature of water-related unrest and conflicts in the urban context, Paris, Unesco edition, pp.169-182.

4 En anglais urban sprawl : dans les années 1950, le sprawl est associé à la déconcentration des fonctions dans la ville sans ordres ni rapports avec des nécessités fonctionnelles, la ville éclate et s’étale dans l’espace. La majorité de la population européenne habite dans des agglomérations urbaines, périurbaines ou suburbaine, non plus dans les centres.

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d’aménagement urbain demande cependant d’ajuster les objectifs actuels en ne considérant plus seulement la croissance mais les opportunités que peut offrir le processus de shrinking en terme de pratiques. La croissance n’est plus considérée comme une phase unique mais comme un état, un moment du développement d’une ville. Le déclin n’est plus abordé comme une menace dans le nouveau paradigme de la croissance urbaine mais amène à des réflexions sur la mise en place d’une ville durable à partir du moment où il est envisagé comme générateur d’une nouvelle dynamique de politiques urbaines en matière d’aménagement. Nuissl et Rink5 remettent en cause les outils de planification urbaine qu’ils estiment élaborés pour organiser la croissance et non le déclin. Le modèle européen de la ville dense serait en train de perdre de son sens en tant que modèle pour les politiques urbaines étant donné la dissolution d’un grand nombre de ces espaces. Les ressources spatiales disponibles doivent donc maintenant faire l’objet de recherche en ce qui concerne leurs nouveaux usages. Attention cependant à intégrer une relativité dans le changement de paradigme afin de ne pas le retourner de façon trop radicale. On peut, par exemple, citer le programme Stadtumbau Ost à Leipzig, où les immeubles vacants sont, pour la plupart, transformés en parking ou espaces verts. Cette utilisation du déclin, bien qu’elle soit discutable, est légitimée à Leipzig par la taille de l’agglomération et donc l’« utilité » de traiter de la dédensification. Ce modèle ne correspondrait en effet pas aux villes de taille plus réduite pour lesquelles les ressources (de personnes notamment) sont déjà insuffisantes. PROBLEMATIQUE Avant toutes choses, il paraît nécessaire de clarifier le titre de cette étude. Liverpool, la régénération du waterfront, un outil de lecture du process urbain. La question est de savoir si la régénération est un outil du process urbain ou bien un élément de lecture. La difficulté provient du doube sens des termes outil et lecture. Dans ce travail, les opérations de régénération sont bien utilisées comme un outil de lecture, un moyen de saisir le process urbain et de statuer sur la position de Liverpool face au paradigme de la croissance. C’est leur lecture qui permet d’opérer la compréhension du process. La séparation de la ville et du port s’accompagne de profondes mutations urbaines ayant influencé les pratiques et l’image de la ville. Liverpool fait face à des problématiques multiples depuis la seconde moitié du XXe siècle. La séparation de la ville et du port s’accompagne de profondes mutations urbaines et modifie les pratiques et l’image de la ville. La désindustrialisation pousse à la délocalisation des activités portuaires en dehors des espaces historiques et laisse apparaître de nombreuses friches et connotations négatives dans ces espaces. Le phénomène de shrinking complexifie les mutations auxquelles la ville doit faire face pour entrer, comme elle le souhaite, dans le système mondial. Les mutations du lien ville-port mettent à disposition de la ville les espaces et installations portuaires délaissés pour de nouvelles opportunités foncières. Avant d’être perçus comme tel, les restes du port sont une calamité pour la ville qui doit aussi faire face à la fuite de ses habitants et de ses capitaux vers la périphérie. Le shrinking réduit toute tentative de transformation à néant, faute de financement. Liverpool met en place depuis soixante andes politiques urbaines concrétisées par des 5 Nuissl H., Rink D., The production of urban sprawl. Urban srawl in eastern Germany as a phenomenon of post-socialist transformation, Cities vol.22, pp. 123-134


projets urbains qui tendent à la sortir de la crise urbaine par un quelconque moyen. Depuis peu, ces stratégies vont toute dans la même direction : celle du renouveau économique par l’utilisation des potentialités portuaires délaissées. De quelle manière le projet urbain rend-t-il compte de la volonté de la ville à retrouver une dynamique économique et urbaine ? Quelle est, au regard des projets, la dynamique en question ? Comment les projets urbains de régénération du waterfront sont un outil de compréhension du process urbain ? De quelle manière permettent-ils de comprendre la position de Liverpool et les enjeux de la planification au fil du temps? Une série de questions se pose alors. Quelle est l’ampleur des processus en œuvre ? Les solutions mises en place ? La réalité du schrinking à Liverpool ? Quels sont les enjeux et les attentes engagés dans ses opérations de réaménagement urbain ? Quel est le véritable statut de ces zones, espaces historiques, espaces en attente ? Quelles sont les pratiques aujourd’hui dans es zones réhabilitées ? Assistent-on à des pratiques subordonnées à celle de la régénération urbaine (patrimonialisation, gentrification) ? Où se place Liverpool face aux paradigmes de la croissance ? Est-il possible de faire vivre ensemble la ville et le port aujourd’hui ? Comment concilier ambitions internationales et identité locale ? La modernité et l’identité ont-elles toutes les deux leur place dans les programmes de transformation urbaine à Liverpool ? Ce travail s’organise en trois temps. Premièrement, il s’agit de comprendre les enjeux et méthodes outre-Manche de manière appliquée au waterfront de Liverpool afin de mieux saisir l’importance de la régénération urbaine. Quels sont les outils et pratiques et britanniques pour la transformation urbaine, quels sont les liens entre les acteurs privés et publics de la transformation ? Comment la spécificité nationale en matière de requalification urbaine se met en place à Liverpool ? Dans une seconde partie, il s’agira de mettre en lumière le waterfront comme un espace stratégique de la transformation urbaine et économique au service d’une stratégie globale. La lecture des opérations se veut un regard critique sur le processus de régénération afin de mieux saisir les problématiques indirectement liées au shrinking et le process urbain de Liverpool. Enfin, le troisième temps de ce travail sera consacré aux enjeux actuels de la régénération et l’inscription de la ville dans un contexte de mondialisation. Comment sont traitées les questions identitaires liées à la transformation ? Que donne a voir Liverpool de son interprétation du paradigme de la croissance ? Les recherches qui ont abouties à lélaboration de ce documents se sont majoritairement fondée sur la pensée critique et l’analyse des opérations de transformations urbaines. Cette dernière m’a été permise par la lecture des documents de consultation mis à disposition par leurs acteurs (notamment via www.liverpoolvision.co.uk), diverses coupures de journaux ainsi qu’une visite sur place. Les entretiens avec les acteurs des stratégies ont été une volonté mais se sont avérés impossibles malgré mes appels et déplacements. La dimension sociale dans ce travail n’a pas été évincée expressément mais représente une conséquence des opérations en question, d’où ma décision de ne pas réaliser d’entretiens à ce sujet mais avec des acteurs de la recherche scientifique sur le déclin des villes.

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Forêts Terres agricoles zones industrielles Eau Bois Parcs Zones bâti Desserte parcellaire Voies ferrées Routes secondaires Voies express Autoroutes


15 km N

carte 2 - Liverpool / Manchester - production personnelle - sources : Open street map, liverpool.co.uk, Google map



N

carte 3 - Liverpool, aire urbaine - production personnelle - sources : Open street map, liverpool.co.uk, Google map


carte 4 - liverpool, les docks & le waterfront - production personnelle - sources : Open street map, liverpool.co.uk, Google map

3 km N


DATA LIVERPOOL MANCHESTER census 2001 53.20 N 53.21 N

2.51 W 25 m

2.16 W 78 m

110

124

ville maritime portuaire

ville industrielle, manufacture de textile

439 000

418 600

1 362 000

3 512 300

922 500

2 093 700

32% - 68%

17% - 83%

aire ville administrative km2

112

116

aire zone urbaine km2

644

1276

3924

3609

644

1969

population 1950 1960 1970 1980 1990 2000

789 000 747 000 607 000 517 000 481 000 439 500

703 000 661 000 541 000 463 000 439 000 418 000

nombre de ménages

187 900

167 500

personnes / ménage

2.34

2.5

36.9%

39.1%

992

1307

logements sociaux

32%

39%

logements vacants

5.2%

10.9%

logements privés

53%

42%

taux chômage 2001

11%

9%

21 446

27 292

0% 18% 82%

1% 24% 75%

7

21

musées

13

11

théâtres

7

10

sièges cinéma / 1000 habitants

23

40

librairies

25

27

5 600

15 960

rang européen fonction majeure habitants ville administrative habitants zone urbaine habitants périphérie ratio ville / périphérie

densité ville administrative h/km2 densité zone urbaine h/km2

ménages contenant 1 personne prix achat € / m2

revenu moyen annuel / ménage € emploi (secteur) primaire secondaire tertiaire sièges sociaux

lits touristiques (zone urbaine)

Sources : Census 2001, ONS Liverpool City Council, ONS Manchester City Council. WPII, Working Papers of shrinking cities projects, P. Oswalt, Berlin, 2004.


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MISE EN SITUATION Cette partie permettra de saisir les enjeux de la transformation urbaine à Liverpool au vu des outils et pratitiques urbaines britanniques

1. Les mots, le champ lexical de la transformation urbaine Le champ lexical Au fil des lectures, on se rend compte que bien des mots sont empruntés à d’autres domaines comme ceux de pathologie et de la métaphore psychologique, en particulier dans la littérature française (C. Chaline et P. Gras notamment). On peut notamment relever « traumatisme identitaire »6 , « triste [...] tristement [...] visage »7 ou encore « organismes urbains contraints [...] d’établir de nouvelles relations »8. Ces éléments qualitatifs de l’objet sous entendent un état, physique et psychologique de la spatialité en question. Ces utilisations permettent de comprendre la réalité du déclin dans son champ de recherche. Ces termes laissent entendre un aspect négatif au shrinking. Dans la mesure où le phénomène touche à la croissance, c’est l’incapacité de maîtriser le phénomène qui fait peur. Dans ses différents ouvrages, Claude Chaline parle des transformations du lien ville/ port au fil du temps. Les deux entités en question font figures d’individus et paraissent presque en capacité de prendre des décisions « c’est le port, le plus souvent, qui entreprend de mener une nouvelle existence »9. L’auteur personnifie la Ville et le Port, auparavant une seule et même entité jusqu’à la « séparation des corps »10 et parle d’un véritable couple, perdu entre crises et déchirements dont l’histoire se termine par une « rupture amiable et progressive »11 puis un « divorce fonctionnel total »12. Un autre problème se pose, c’est celui de la réutilisation et de la mauvaise interprétation de termes anglais. Jusqu’alors, nous employons de terme « transformation » pour parler d’une opération de modification urbaine. Ce travail traitant d’un objet britannique, la majeure partie des documents du corpus est en anglais et l’expression urban regeneration apparaît régulièrement. « Régénération », en français, peut être compris de manière péjorative dans la mesure où elle induit une dégénérescence préalable. Notons d’ailleurs qu’il s’agit, là aussi, d’un emprunt au domaine pathologique, le déclin urbain serait alors vécu comme une « maladie », comme un état de dégénérescence de la ville. L’utilisation de « régénération » restera fréquente dans ce dossier. De manière assumée il s’agit d’une mauvaise traduction du terme anglais dont la valeur exacte est une reconstruction de la ville sur elle-même, la « dégénérescence » préalable ne fait alors figure que de déconstruction physique ou fonctionnelle de l’espace étudié. Ce choix est mobilisé par la sensation personnelle que « transformation » ne qualifie pas autant que l’expression choisie l’ampleur de la tâche entreprise ou à entreprendre dans le contexte de crise urbaine. Les mots de la régénération urbaine City n’est qu’un titre honorifique en Angleterre et se superpose parfois au découpage 6

Gras P., Le temps des ports, déclin et renaissance des villes portuaires, 1940-2010, Paris VI, 2010, p188 7 Evans R., Liverpool, de la crise à la régénération urbaine, la reconversion des docklands et le nouveau statut du littoral, les cahiers de la recherche architecturale n°31, 1992, p89-112 8 Chaline Claude, « Forme urbaine et territoire en transition dans la ville portuaire de notre temps », p345 in Beaudouin T., Collin M., Prelorenzo C., Urbanité des cités portuaires, Paris, l’Harmattan, 1997, 9 op. cit. p346 10 op. cit. 11 op. cit. 12 op. cit. p349

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administratif. Avant le XVIe siècle, étaient appelées « city » les villes ou agglomérations pourvues de cathédrales. Ce titre était décerné par lettres royales. Entre le XVI et le XIXè siècle, aucune cathédrale ne se construit, aucune city n’est donc établie. C’est dans la seconde partie du XIXè siècle que des borough accèdent, par voies royales, au titre de city. Il faut cependant faire la distinction entre la city et l’agglomération. C’est le cas de celle de Londres ou cohabitent deux cities, Westminster et Londres. Liverpool reçoit le statut de city en 1880 (elle avait été crée en 1207 par charte royale comme borough). L’importance de la ville est reconnue trois ans plus tard lorsque son représentant est consacré « Lord Mayor ». Les espaces classés au patrimoine mondial de l’humanité constitue le point de développement initial de Liverpool. Il s’agit du city centre13, qui correspond à l’aire d’intervention de Liverpool Vision, l’agence de régénération urbaine. Dans cet espace se trouvent les édifices les plus anciens, des XVIIIè et XIXè siècles. Autour du city centre, qui concentre les activités tertiaires et maintenant le renouveau immobilier, s’étend l’inner city, constitué des quartiers dénotés par leurs difficultés sociales et économiques. Les problèmes dans les aires urbaines centrales, inner city et city centre, ne sont pas récents. Ces espaces, à proximité du port et physiquement liés à lui, sont les premiers touchés par la désindustrialisation. Dans les années 1970, le centre ville de Liverpool est un concentré de problèmes sociaux14, la ville-centre a perdu ses habitants et ses fonctions et le Daily Mirror qualifie la ville « d’illustration de tout ce qui va mal dans l’ensemble des villes britanniques ». Les migrations vers la périphérie concernent les activités aussi bien que les flux de personnes. Dans les années 1960, Liverpool est le théâtre d’une décentralisation de sa population et de ses emplois. En 1936, le Liverpool Corporation Act donne le pouvoir au City Council de vendre des terres périphériques pour lancer un nouveau développement industriel et tenter de compenser le déclin du secteur portuaire en créant de nouvelles opportunités d’investissement. Puis, le Merseyside plan, dessiné peu avant la fin de la seconde guerre mondiale, vient confirmer cette volonté de créer un point de base pour un futur développement urbain, dans lequel la population et l’industrie se voient décentralisées vers la périphérie de la ville. La décentralisation étant liée à une grande vague d’investissement dans le secteur industriel, de nombreuses multi-nationales se sont implantées, ne facilitant guère la survie des entreprises locales. Ces petites entreprises se sont trouvées inaptes face à la concurrence imposée par les nouvelles industries implantées. Selon Richard Meegan, Liverpool a été le théâtre expérimental d’un certain nombre de politiques urbaines dans la mesure où la ville réunit tristement l’ensemble des problèmes économiques et sociaux des villes anglaises15.

2. Les outils et pratiques britanniques pour la transformation urbaine C’est le gouvernement qui met en place les outils de la transformation urbaine. En 1969, le Housing Act mis en place dans les anciennes cités industrielles et l’Inner Urban Areas Act en 1978, insistent sur la nécessité de concentrer les moyens financiers

13 14 15

en anglais, le terme centre historique n’est pas employé. Daily Mirror, Liverpool : Gateway to empire, 11, octobre 1982

Meegan R., «urban régénération, politics and social cohésion : the Liverpool case» in WPII, Manchester/Liverpool, Shrinking Cities project, Berlin 2004


dans les zones urbaines dégradées. L’arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher en 1979 et le changement de majorité gouvernementale provoque une politique de régénération urbaine nationale. La remise en état des politiques publiques nationales est engagée dans le but de réduire les dépenses publiques et de donner un rôle plus important au secteur privé à travers la dérèglementation (de la planification urbaine notamment via la création d’Enterprise Zones) et les subventions (Urban Development Grant, plus tard City Grant). En parallèle on assiste à la chute de l’influence des gouvernements locaux dans les politiques urbaines grâce au renforcement des « armes » du gouvernement central. Dans une volonté d’optimisation du pouvoir central sur les pouvoirs locaux, les Urban Development Corporations, UDC, sont créées afin d’attirer les activités et populations dans les zones urbaines dégradées en agissant sur le bâti et les équipements public. Il s’agit d’agences de régénération urbaines dont les compétences sont définies dans le Local Government, Planning and Land Act de 1980 et qui dépend directement du gouvernement central. Cette nouvelle situation est rendue possible par la mise en place de Task Forces et de City Action Programs, l’établissement d’organismes non gouvernementaux quasi autonomes et la révocation d’un tiers du gouvernement local. Liverpool concentre l’ensemble de ces expérimentations : elle détient la première Enterprise Zone (Speke en 1981), la première Task Force (Merseyside Task Force), un des premiers City Action Program (Granby et Toxteth) et la Merseyside Development Corporation (1981-1998). La ville a également perdu, en 1986, un tiers de son gouvernement régional, le Merseyside County Council. Le Liverpool City Council n’était à l’époque qu’une coalition libérale relativement instable et très contestée. Ainsi, en 1983, le Labour Party reprend les rênes du City Council et revoit les stratégies à mettre en œuvre : de l’emploi municipal et l’intégration d’une grande part dédiée au logement (dans le cadre de l’Urban Regeneration Strategy). Une rénovation et une reconstruction de logements sont engagées par la collectivité et non plus des investisseurs privés, dans les aires prioritaires déterminées préalablement. Ce conseil s’avère être en conflit avec le gouvernement central car il va à l’encontre de sa volonté : réduire le rôle et le pouvoir d’intervention des gouvernements locaux. A l’aube des années 1990, l’ensemble des politiques de régénération urbaine semble incapable d’opérer un rapide changement social ni de réduire les désavantages sociaux qui sévissent encore dans le City Centre et l’Inner City. Plus de vingt programmes de dépenses sont mis au point et regroupés en un seul : Single Regeneration Budget et l’English Partnership est mis en œuvre afin de veiller sur les projets de régénération urbaine à travers l’Angleterre. Les autorités locales sont reconnues comme étant les plus performantes en ce qui concerne la coordination des projets de régénération. Cependant, ces dernières sont dans l’obligation d’y intégrer une part d’acteurs privés et publics dans la phase de conception et dans la mise en œuvre des programmes. Une agence de mise en œuvre indépendante du pouvoir local et fondée sur le partenariat entre les éléments cités précédemment est aussi créée. L’idée du partenariat arrive à Liverpool dans un contexte politique particulier. Deux Labour party siègent au conseil : l’Official Labour et le Liverpool Labour, ils forment donc la majorité (43 et 25 sièges sur 99). Cependant, à de multiples reprises, le Liverpool Labour se range aux côtés d’un autre parti, le Liberal Democrats. Cette coalition résulte en une inertie politique et la mise en place de l’ère du partenariat, également sur le plan politique. Le partenariat devient le facteur principal de la régénération urbaine dans la ville ainsi que dans sa région.

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Le Liverpool Partnership Group est établi, il est composé de dix-huit représentants d’organismes privés et publics (on peut citer le Liverpool City Council, le Government Office of Merseyside, la police, l’English Partnership, l’Housing Corporation, etc.). Les autorités locales se sont vues octroyer le pouvoir de « faire ce qu’elles veulent »16 en ce qui concerne la promotion ou l’amélioration économique, sociale et environnementale des aires concernées par les programmes de régénération. En effet, le Local Government Act de 2000 franchit une étape importante en faisant évoluer la relation entre gouvernements locaux et centraux. Cependant, l’Act ne donne pas uniquement un pouvoir de décision et d’intervention aux autorités, il leur impose le fait de travailler en partenariat avec des agences et des communautés locales, à travers le Local Strategy Partnership. La stratégie communautaire de Liverpool est mise en avant dans le Liverpool First, un document produit en 2002 par le Liverpool Partnership Group : Faire de Liverpool une des premières villes européennes, construire une économie compétitive, optimiser les « chances de vie » en créant une ville plus saine et plus sûre. Arriver à une « renaissance européenne » de la ville en 2010. Réduire les taux de pauvreté, de désavantage sociaux, améliorer les conditions de vie dans le centre ville. Recouvrir les préoccupations nationales que sont l’enseignement, l’emploi et la qualification. Stabiliser la population aux alentours de l’année 2010. 17 3. La gestion gouvernementale et les multiples statuts administratifs Les collectivités locales ont, en Angleterre, plusieurs statuts administratifs possibles. Liverpool est dans le même cas que la plupart des grandes villes, elle constitue un gouvernement local unifié : l’unitary authority, géré par un city council. Les tracés des limites administratives correspondent aux districts, dans lesquels sont localisés différentes towns (villes). Ainsi, 7 towns constituent l’urban area de Liverpool, en plus de la city : Huyton-with-Roby, Prescot, St Helens, Bootle, Litherland, Crosby, Haydock. La Merseyside est l’agglomération constituée des boroughs de Liverpool (city), Wirral, Sefton, Knowsley et St Helen. La commune de Liverpool est elle-même divisée en wards, permettant de différencier les territoires administratifs et surtout statistiques. En ce qui concerne les installations portuaires, le Port et la Ville de Liverpool ne sont plus, depuis 1857, gérés par le même organisme afin de pouvoir suivre des développements différents. Auparavant sous la tutelle du conseil municipal, le port est placé par le Liverpool Docks Act sous le contrôle des compagnies maritimes et non plus de la municipalité. En 1971, le statut du port change. Il passe de trust à entreprise publique, The Mersey Docks and Harbour Company. Le port de Liverpool dépend aujourd’hui d’une structure privée dont le centre de décision ne se situe pas sur place mais est délocalisé : Depuis 2005, le groupe Peel Holdings, est propriétaire du port. Cette entreprise contrôle déjà le John Lennon Airport, le Trafford Centre (Manchester, 3è centre commerciale anglais) et le port de Glasgow, le Clydeport grâce à ses quatre filiales de transport et d’immobilier. 16 17

To do anything dans le texte Traduction personnelle du Local Strategic Partnership, Liverpool.co.uk


Wigan Sefton

Knowsley St Helens

Liverpool

Warrington

Wirral

Halton

inner city

2km

aire urbaine, agglomération de Liverpool limite du gouvernement local espace bâti port en activité zone classée patrimoine mondial de l’UNESCO city centre

LIVERPOOL

autorité locale

carte 5 Merseyside agglomération.

production personnelle sources : open street map liverpool.co.uk ordnancesurvey.co.uk


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Liverpool, en quête d’un renouveau économique et urbain, saisit les matériaux de la régénération urbaine et les met au service de son territoire clé, le Waterfront.


LE REINVESTISSEMENT DES ESPACES HISTORIQUES CENTRAUX, REGARD CRITIQUE SUR LES OPERATIONS URBAINES DU CITY CENTRE DE LIVERPOOL Le waterfront est un espace stratégique de la transformation urbaine et économique 1. Le Waterfront, témoin des mutations urbaines Après n’avoir été qu’un village de pêcheurs, Liverpool se développe en tant qu’important port de commerce et notamment d’esclaves. La situation géographique fait de la ville une porte sur le Nouveau Monde. En 1801, Liverpool est la troisième ville d’Angleterre derrière Londres et Manchester, avec 82 000 habitants. L’importante croissance démographique permet à la ville de concurrencer Londres au début du XXe siècle. Liverpool compte alors 685 000 habitants. Cette croissance entraîne un important développement urbain et une vague de destructions conséquentes. La ville et le port se séparent doucement. Les entrepôts restent à proximité immédiate des docks mais les logements s’éloignent. S’en suit une différenciation socio-spatiale où les ‘bourgeois’ quittent le centre pour la périphérie. Ne restent alors dans les espaces historiques que les plus pauvres et les friches industrialo-portuaires. L’Histoire du développement du port et de la ville jusqu’à l’arrivée, mi- XXe, de la crise sert de support aux discours locaux de la ville et permet l’identification des périodes d’une Liverpool prospère et d’une Liverpool en crise, elle motive également les politiques de réinvestissement des espaces historiques centraux en lui apportant un cadre. Le waterfront de Liverpool est l’image de la ville, celle d’une période glorieuse. Le port ancien qu’il représente va jouer un rôle moteur dans la redynamisation générale des espaces historiques, bien que le port et la ville constituent deux entités distinctes. Cette différenciation entre les deux espaces s’est faite au fil du temps18 sous plusieurs formes, juridique et fonctionnelle ayant des conséquences morphologiques. Les espaces portuaires, bien que la nature de leur territoire soit spécifique, représentent un fort potentiel, notamment en ce qui concerne la revalorisation de l’image. Les nouvelles préoccupations des politiques urbaines vers le waterfront peuvent s’expliquer par trois facteurs apportés par les espaces portuaires historiques : une nouvelle centralité (un retour vers le centre historique) où de grands espaces sont disponibles en cœur de ville ; une nouvelle économie : accroissement du secteur tertiaire en parallèle du déclin des activités industrialo-portuaires, ce critère reste relatif à Liverpool et de nouvelles sensibilités : réactualisation du lien entre habitants et waterfront19. C’est préoccupations révèlent une volonté de surmonter l’ensemble des connotations négatives qu’évoque le waterfront en matière de crise urbaine. Cette volonté n’apparaît pas dès la désindustrialisation, en parallèle de l’abandon des espaces portuaires mais après un temps de latence qui prendra près de 30 ans à Liverpool. Ces dans cette mesure que le statut des installations portuaires change. D’abord indésirables puisque synonymes de shrinking, vides et délaissés, ces espaces n’attirent guère. Les friches repoussent les habitants comme les investisseurs, ils ne sont que les marqueurs du déclin industriel et leurs potentialités se résument, dans un premier temps, à une fonction de stockage ou de parkings, au mieux un moyen de décongestionner le centre en y faisant passer des voies rapides. Claude Chaline parle d’immobilisme et d’inertie des territoires maritimes, qui ne pourront se résoudre que par un important investissement financier et dans le temps. A Liverpool, le port ne garde plus aucune activité en ville. La reconquête du waterfront, malgré l’inexistence de lien fonctionnel entre ville et port, s’effectue en gardant le lien symbolique du passé portuaire, les rapports ville/port persistent mais à une échelle régionale. On peut l’opposer au cas de Marseille, où le port conserve des fonctions en ville et les rapports ville/port sont encore présents à une échelle intra-urbaine. 18 19

Chaline C., en 1994, met au point une périodisation des villes-ports. Cf. annexe 1, p61 Hall, P., Waterfronts : a new frontier for cities on water, ed Bruttomesso, Venice, 1993, p 13

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Royal Seafort Dock, 1972

Gladstone Dock, 1927

Brocklebank Dock, 1862

Canada Dock, 1859

Huskisson Dock, 1852 Sandon, Wellington, 1848 Nelson & Bramley Morre Dock, 1848 Stanley Dock, 1848

Trafalgar Dock, 1836 Waterloo Dock, 1834 Princes Dock, 1810 Pier Head Albert Dock, 1848 Kings Dock, 1785 Queen Dock, 1785 Coburg Dock, 1832 Brunswick Dock, 1832

zones portuaires en activité stratégie immobilière, Peel Group redéveloppement touristique, culturel et immobilier zone classée UNESCO

carte 6 -carte docks, le devenir des espaces portuaires - production personnelle - sources : Open street map, liverpool.co.uk, Google map


Photographie 1, Liverpool City Centre

Photographie 2, Fourth Grace by 3XN, Pier Head

Photographie 3, Albert Dock


Photographie 4, Liverpool City Centre

Photographie 5, Pier Head depuis Albert Dock

Photographie 6, Mersey, 3XN museum, en face, Birkenhead


Photographie 7, Pier Head

Photographie 8, Bikenhead

Photographie 9, Pier Head source : photographies personnelles 2.11.2012


2. Les enjeux du waterfront comme outil de redynamisation des espaces centraux

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La centralité Les politiques de régénération des espaces historiques centraux à Liverpool sont un moyen de freiner l’étalement urbain en favorisant une activité intra-urbaine et de redonner un statut aux espaces originellement dynamisants. Si le waterfront est au centre de ces politiques, c’est parce qu’il représente une période prospère où flux de populations et de capitaux étaient concentrés. Il n’est pas aujourd’hui question de créer de toutes pièces une centralité mais d’en faire resurgir une en la modifiant. Les nouvelles ambitions du waterfront nécessitent des touristes en plus des populations actives et donc un nouveau statut attractif, non plus seulement par son activité fonctionnelle. Les ambitions des politiques de régénération urbaine tendent à utiliser le waterfront comme un outil au potentiel multiple qui aurait des bénéfices politiques, économiques et fonciers. Bien que le shrinking soit considéré comme un phénomène global, il s’ajoute à une ‘crise du centre’ pour laquelle le renouveau des espaces historiques apparaît comme un revirement de situation bienvenu. L’élément représentatif du centre délaissé est érigé en vitrine de la ville et non plus comme l’image de sa chute. Le choix de ces espaces comme point de départ des stratégies nous apporte des indications sur leur place au sein de la ville et sur le regard qu’elle porte sur eux. En choisissant une dimension portuaire pour sa politique patrimoniale, Liverpool redonne à ses espaces historiques une place dans la structure urbaine de la ville mais aussi dans son fonctionnement. Si le réinvestissement prend la forme de lourdes interventions urbanistiques, c’est pour atténuer les processus de marginalisation subi par les zones historiques industrielles dans les complexes mutations de la ville et du port. Nouvelle structure économique tertiaire Dans un contexte de crise, le développement du tourisme culturel permet à l’économie de la ville de se modifier en passant à une structure économique tertiaire. Les nouvelles fonctions conservent néanmoins un statut portuaire qui ne fait qu’office de symbole historique du lien entre Liverpool et son port. En fondant son économie sur le secteur tertiaire maritime, la ville se tourne vers l’avenir en abandonnant définitivement (dans la zone city centre) les fonctions industrielles et portuaire. Claude Chaline, sans parler précisément de Liverpool, estime que « le caractère maritime des nouvelles activités tertiaires de front d’eau procède plus de l’imaginaire que d’une relation organique obligée ». Il énumère un certain nombre d’activités tertiaires à évocation maritimes. On peut relever pour ce cas d’étude les activités culturelles et récréatives, les activités commerciales, les sièges sociaux ou édifices d’accueil et des activités scientifiques et de recherche à l’orientation maritime. L’image de la ville moderne La monofonctionnalité économique de la ville depuis son essor ne laisse que peu de place à d’autres modes de vie post-industriels que ceux liés à l’eau et à sa place prépondérante dans le paysage urbain. Ce rôle est amplifié par la qualité réflectrice de l’eau. Le changement réside alors dans la place de l’eau. Autrefois purement fonctionnelle, l’eau tend aujourd’hui à être considérée comme vecteur d’un mode de vie agréable et moderne, un accessoire aux activités urbaines. La ‘nouvelle ville-port, fière de son héritage’ promeut la ville dans un contexte de mondialisation et d’appel aux investisseurs via la mise en œuvre des nouvelles potentialités économiques d’espaces à la connotation historiquement prospère. Les stratégies de Liverpool ne


cachent pas sa volonté de regagner un rang mondial perdu, grâce à la modernisation de son économie qui reste, malgré tout, peu compétitive au vu de sa seule portée incitative. Le défi de la reconversion n’est pas propre à Liverpool mais concerne la majorité des villes-ports. Glasgow, Gênes, Barcelone ou Bilbao, entre autres, ont fait la promotion de la ville portuaire et du renouveau économique en se recentrant sur l’eau et en l’utilisant comme image d’une nouvelle qualité de vie et symbole de la modernité. L’image véhiculée peut être celle du redéveloppement du waterfront d’un grand port mondial où la dimension portuaire est essentielle dans la valorisation moderne du patrimoine de Liverpool. La puissance maritime a été symbolisée, au début du XXe siècle, par la construction sur le Pier Head des ‘Trois Grâces’ (Royal Liver Building 1911, Cunard Building 1916, Port of Liverpool Building 1907) qui se sont vues compléter d’une quatrième Grâce en 2011 : le Museum of Liverpool par les architectes danois mondialement connus 3XN. Cette intervention architecturale n’est évidemment pas sans rappeler le musée Guggenheim de Bilbao par Franck O. Gehry, la tour de Zaha Hadid ou la MUCEM de Rudy Ricciotti à Marseille. 3. La patrimonialisation La notion de patrimonialisation diffère en France et Angleterre. Au Royaume Uni, en 1820, Ruskin et Morris prônent la vision d’un monument (qui sera ensuite appelé patrimoine) comme une entité qui naît, se développe et meurt. Le monument raconte une histoire même dans sa forme détruite. En France, Eugène Viollet-Le-Duc pousse à intervenir sur un monument afin de le reconstruire. C’est ce qui représenterait l’essence même de l’acte architectural. Les acteurs et processus de patrimonialisation En 1908, la Royal Commission on Ancient and Historical Monuments of England a pour mission de faire l’inventaire des monuments antérieurs à 1700, cette limite est étendue à 1850 avant d’être abolie en 1963. En 1946 le comité pour la restructuration de Liverpool rend un rapport adopté par le Liverpool City Council (autorité locale) pour la reconstruction de city centre. 1947 marque la délimitation du patrimoine, la loi des listed buildings, où toute modification d’un des édifices inscrits est soumise à l’approbation de l’autorité locale. Ces listed buildings sont partagés en deux listes, grade I, à valeur exceptionnelle et grade II. Les premières inscriptions à Liverpool se passent en 1952 et concernent surtout l’Albert Dock et les édifices monumentaux du city centre. Elles durent jusqu’en 2000 où plus de 2500 bâtiments sont inscrits. En 1967 est créée une loi sur les conservation areas. 35 aires sont mises en place à Liverpool. L’espace urbain se voit doté d’une valeur patrimoniale. Là aussi, toute modification est soumise à l’approbation du Liverpool city council. En 1971, l’autorité locale met en place une équipe spécialisée dans la gestion du patrimoine : le Liverpool Heritage Bureau, chargée de l’identification des éléments du patrimoine. En 2004, la zone historique, patrimoine industrialo-portuaire du city centre est inscrite à l’UNESCO. C’est la ville et les acteurs locaux, non l’Etat, qui ont la place la plus importante dans l’inscription et la gestion de la patrimonialisation. Une forte présence des ONG, fondations ou initiatives privées est aussi à noter. Au XIXe siècle, on peut citer l’impact des préraphaélites dans la création d’une politique nationale de protection des monuments.

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La zone UNESCO est, dans ce cas, la cible de la politique patrimoniale contemporaine, elle est érigée en vitrine de la ville car considérée comme l’espace fondateur. Deux motifs sont à la source de cette demande d’inscription, le réinvestissement du centre pour de nouveaux usages et la transformation du front portuaire ancien qui fait alors figure de moteur dans la redynamisation générale de la ville. La conservation du patrimoine urbain s’oriente de plus en plus vers une intégration à la politique de régénération urbaine qui tente de réinjecter les zones désaffectées21 dans les usages économiques de la ville. La patrimonialisation est un outil de mise en valeur d’un patrimoine. Elle permet aussi de faire connaître et de constater une prise de conscience du phénomène de crise urbaine subie et non désirée, grâce à l’émergence d’un champ de recherche sur divers processus urbain entrant en jeu dans les besoins d’une patrimonialisation, dont le shrinking. Liverpool utilise, comme bien d’autres, la patrimonialisation comme un outil de gestion locale. La labellisation permet de mobiliser des acteurs dans le but commun de faire accroître l’acceptation d’un phénomène. La candidature prend place dans un projet urbain territorial insistant sur les bienfaits d’une telle initiative sur l’économie et l’image, lui permettant un positionnement identitaire au sein d’un système global. La candidature de Liverpool est mise au service d’un repositionnement en terme d’image prenant part d’un projet général de repositionnement socio-économique et identitaire. Liverpool est classée en 2004 au Patrimoine Mondial de l’Humanité. C’est sa dimension portuaire qui a permis cette consécration. Une quinzaine de critères existent pour justifier d’une candidature, seul un est nécessaire en ce qui concerne le patrimoine urbain (alors qu’il est nécessaire d’en remplir plusieurs pour une candidature paysagère). Liverpool a basé son dossier sur les critères 2, 3 et 4 et s’est vu octroyée le titre de « Liverpool, Maritime Mercantile City », appuyant sur sa dimension historique et portuaire. L’inscription à l’Unesco a été justifiée de la sorte : « ii. Liverpool a été un pôle majeur, générant des technologies et des méthodes novatrices dans la construction des docks et la gestion portuaire aux XVIIIe et XIXe siècles, et a ainsi contribué à la mise en place des systèmes marchands internationaux dans tout le Commonwealth britannique. iii. La ville et le port de Liverpool constituent un témoignage exceptionnel du développement d’une culture marchande maritime aux XVIIIe et XIXe siècles, qui a contribué à l’essor de l’Empire britannique. C’était un centre du commerce d’esclaves, jusqu’à son abolition en 1807, et de l’émigration de l’Europe du Nord vers l’Amérique. iv. Liverpool est un exemple exceptionnel de ville portuaire marchande d’envergure mondiale, représentant les premiers développements de liaisons marchandes d’envergure mondiale, et culturelles dans tout l’Empire britannique. » Dans le dossier de Liverpool, on lit de manière explicite l’enjeu représentatif passé pour le Royaume Uni et pour une Histoire mondiale. Il en est de même pour le

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En 1980, le gouvernement central parle de ces zones désaffectées comme des wasted resources.


témoignage technique, historique et exceptionnel. Le choix de Liverpool en 2004 est l’image même du plaidoyer historique du dossier. En effet, dans un souci d’égale représentation mondiale des biens, l’Unesco a élaboré en 1994 une « stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible » qui limite les candidatures à un bien culturel par pays et par an et demande une liste incitative des biens proposés avec ordre de priorité. Le dossier exprime clairement la volonté de Liverpool de devenir une « World Class City », une ville de rang mondial. La labellisation Unesco participe à cette stratégie de marketing territorial qui utilise toutes les occasions d’assurer la médiatisation de la ville. Albert Dock Les 11 hectares que constituent l’Albert Dock représentaient une évolution technique dans le mode de stockage et de gestion de la marchandise. Ils permettaient un déchargement plus rapide avant la redistribution du stock vers dans entrepôts privés. La Merseyside Development Corporation,MDC, déplore, à la fin des années 1970, toutes stratégies de réhabilitation par la destruction et souhaite s’appuyer sur ce patrimoine portuaire. L’environnement portuaire est recréé pour les besoins de la restauration et l’Albert Dock est inauguré sous sa forme actuelle en 1988 comme lieu touristique. Dans ces entrepôts coexistent galeries, restaurants, commerces et espaces culturels dont la seule annexe de la Tate Gallery en dehors de Londres ainsi que le musée maritime. L’Albert Dock, comme les autres en position centrale, sont les supports du développement tertiaire et urbain de la ville et ont été choisis, par la MDC, en vue d’une vocation attractive pour un renouvellement à trois objectifs : patrimoniale, touristique (Albert Dock) et immobilier. D’une fonction portuaire à une fonction urbaine Autrefois conçues pour des raisons fonctionnelles liées au port, les installations liverpudliennes de l’ère industrielle sont aujourd’hui au service des pratiques urbaines. Alors que la ville a été érigée en suivant le développement du port, elle utilise maintenant les espaces abandonnés afin d’encourager ses nouvelles ambitions. Le glissement des fonctions s’est fait sur une cinquantaine d’années (approximativement 1950-2000) en suivant les complexes processus de mutations de la ville et du port. N’étant plus conforme aux exigences de la société changeante, les installations portuaires se sont peu à peu retrouvées obsolètes avant d’être totalement abandonnées. La ville, s’en est saisi afin de mener à bien ses projets de redéveloppement lorsqu’elle même était en crise. Les espaces saisis par la ville en quête d’une nouvelle urbanité prennent part à son ambition de renouer avec son statut perdu de ville mondiale et lui permettent de légitimer ses envies par les témoins d’un titre qui a préalablement été en sa possession. R. Borruey22 définit la dualité du patrimoine comme « un ensemble d’éléments composant le dispositif spatial et technique du port », renvoyant à la notion fonctionnelle portuaire et comme un « objet culturellement construit, susceptible de faire l’objet d’une conservation sélective au titre du témoignage indispensable d’intérêt collectif ». Rappelons que la valeur patrimoniale culturelle d’un édifice est reconnue quand ce dernier présente des critères de rareté, d’exception, de qualité architecturale, d’ingéniosité ou de monumentalité ainsi que sa force symbolique bien que ce dernier critère ne soit pas mentionné tel quel dans la charte Unesco mais comme une source d’apprentissage. Ainsi, la notion patrimoniale d’un édifice n’apparaît qu’une fois le transfert des fonctions effectué. Ce processus n’étant pas de la sorte exprimé, ni 22

R. Borruey, « le port échappé – le port et l’espace de la ville : l’histoire de Marseille » in Collin (dir.), Ville et port : XVIII-XXe siècles, Paris, l’Harmattan, 1994

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une finalité en soi mais le résultat d’un mouvement, d’une histoire, qui résulte en un détournement des fonctions primaires. Autrement dit, un édifice portuaire se voit octroyer une qualité patrimoniale dès lors qu’il est affecté à une fonction urbaine. A Liverpool, comme dans d’autres villes portuaires, le centre ville, sujet aux réhabilitations, se voit geler ses fonctions portuaires au profit d’une stratégie urbaine fondée sur l’Héritage. Le paysage urbain portuaire est réduit à une fonction urbaine où seul le rapport à l’eau subsiste. Il est de la sorte possible de parler d’identité maritime plus que portuaire pour qualifier la stratégie à l’œuvre aujourd’hui. Le risque étant de basculer dans l’image de la Tourist-historic City où le centre ville se voit anesthésié en faveur du tourisme et au détriment d’une vie urbaine réelle23. Quelques critiques peuvent être émises au sujet de la patrimonialisation et de sa tendance internationale aujourd’hui. En effet, face à la standardisation des modes de traitement des villes ports, l’identité locale est-elle en danger ? Le risque dans l’homogénéisation du processus de transformation réside-t’il dans le manque de revendication d’une identité territoriale pour qualifier une image maritime ou portuaire ? 4. Redéveloppement par le commerce - via Liverpool One Liverpool Vision est l’agence urbaine chargée de la régénération du city centre. Dès 2000, un zonage est mis en place et différencie six zones au sein d’une Strategic Regeneration Framework (SRF) : waterfront, commercial district, core area, work and live district, retail district, Small business light industry district et outer zone. Il s’agit de six espaces de programmation homogènes de manière fonctionnelle et morphologique. Le commercial district n’est pas le quartier commercial mais l’espace de bureaux, c’est au sein du retail district que la plupart des magasins sont implantés. Cette dernière est également qualifiée de cœur géographique de la ville dans le SRF24. La différenciation fonctionnelle du centre s’est effectuée dès 1965 avec le Liverpool Interim Planning Policy Statement et le Liverpool City Centre Plan : les activités les moins propices aux pratiques d’un centre ville moderne étaient amenées à être déplacées, d’où la spécialisation fonctionnelle du centre aujourd’hui en espace de loisirs et de commerces. Le programme commercial à Liverpool apparaît comme un soutien au réinvestissement du centre, en position centrale et à une nouvelle échelle. Les espaces commerciaux jouxtent les espaces historiques et s’inscrivent dans la continuité des espaces de loisirs où les pratiques commerciales et ludiques sont donc associées. Les pratiques qui découlent de ce genre de proximité permettent à la ville d’introduire un cadre festif dans la manière de consommer la ville, servant le marketing urbain de Liverpool, fondé sur les divertissements et la culture. Paradise Street, nom de la rue la plus commerciale de Liverpool, était avant tout le projet commercial à l’envergure du centre ville avant qu’il soit rebaptisé Liverpool One. Il s’agit d’une zone tampon de 17 hectares entre le waterfront et l’inner city avec pour objectif un rayonnement et une force d’attraction régionale, à l’image du Trafford Centre de Manchester. Le projet Liverpool One reprend la trame urbaine de la ville et se parcourt à ciel ouvert, certains édifices anciens sont réutilisés pour les besoins commerciaux du projet. En plus des 154 000 m2 dédiés au commerce, 215 000 sont consacrés à des espaces de loisirs permettant d’introduire dans le projet une mixité d’usages et non plus un centre monofonctionnel, bien que basé sur le divertissement et l’entertainment. L’attraction de Liverpool One dépend cependant bien plus de la présence des grandes enseignes anglaises que de la manière de pratiquer l’espace 23 24

John G., Tunbridge J.E., The tourist-heroic city, London, Belhaven press, 1990. Geographic heart of city dans le texte.


commercial. Primark, John Lewis et Debenham sont présents sur le projet avec chacun plus de 15 000 m2 d’espace. Liverpool One est développé en 2002 pour un début des travaux en 2004 par le groupe Grovesnor, un groupe immobilier international d’origine londonienne pour qui l’opération commerciale est ici l’opportunité d’introduire des nouveaux programmes dans les espaces vacants du city centre et de les faire revivre tout en gardant un intérêt historique. En acquérant les espaces urbains du city centre, le groupe obtient la maîtrise du développement d’un secteur entier de la ville afin d’y développer ses activités. Au delà du paradoxe gouvernemental, l’impact de la gestion de la zone Liverpool One se répercute sur les autres formes commerciales, plus discrètes, moins imposantes. Le réinvestissement des espaces historiques centraux apparaît pour certains comme socialement sélectif et atténuant l’identité de la ville, voire même facteur de l’anéantissement identitaire de la ville. C’est notamment le cas de Quiggins, regroupement d’artistes et d’artisans locaux constituant un centre culturel populaire. Quiggins dénonce la standardisation de traitements des espaces centraux via un slogan massivement diffusé « no to a clone city ». Quiggins, via ce slogan, prône sa place en tant qu’élément spécifique de la ville participant à la culture locale autant par la forme des commerces que dans son aspect populaire, à l’inverse de l’opération commerciale de Grovesnor qui ne produirait qu’une ville clone des autres. Le bâtiment de School Lane est un espace stratégique pour un redéveloppement immobilier commercial ; il hébergait Quiggins jusqu’en 2006, losqu’il a été récupéré par voie d’expropriation après une longue procédure d’enquête publique menée par la ville pour Grovesnor (Le groupe est associé, pour cette coopération, au Liverpool City Council et à ses investisseurs). Le cas Quiggins permet de comprendre l’incompatibilité de la valorisation selon Grovesnor avec celle de Quiggins qui se justifiait de participer à la création d’une identité spécifique. 5. Le repeuplement des espaces historiques centraux Le réinvestissement immobilier des espaces historiques centraux constitue une tendance générale marquée par des projets d’envergure, à l’image de Liverpool One et par des opérations plus ponctuelles d’équipements de bureaux ou en logements collectifs. Les projets résidentiels représentent plus de la moitié des opérations réalisées ou à réaliser et marque le renversement des usages dans la zone centrale, auparavant désertée au profit de la périphérie. Du début des années 2000 jusqu’en 2006, 222 projets à composante résidentielle (non exclusive) sont répertoriés dans le city centre. La production de logements résulte de deux interventions différentes, la réhabilitation du bâti industrialo-portuaire d’un côté, les constructions neuves de l’autre (y compris dans l’espace classé à l’Unesco). La réhabilitation des entrepôts portuaires témoigne du changement de regard porté sur les témoins du passé liverpudlien : « Instead of being seen as évidence of economic decline, the city’s warehouses25 are now recognised as crucial assets of an historic landscape that is undergoing dynamic regeneration26 », Giles Hawkins, 2004.

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Warehouses : entrepôt de stockage en brique rouge

Plutôt que d’être perçus comme un témoignage du déclin économique, les entrepôts sont maintenant reconnus comme des biens essentiels au paysage historique qui connaît une intense régénération

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Ces réhabilitations sont opérées par des sociétés de développement immobilier spécialisées dans la conversion des éléments du patrimoine tel Urban Splash officiant dans les espaces centraux de Manchester et Liverpool. Vanilla Factory est une des premières interventions immobilière de ce type après Albert Dock. Les constructions des années 1930 sont converties en logements et en bureaux. Vanilla Factory, à la frontière de l’espace Unesco, abrite aujourd’hui plusieurs agences d’architecture et d’urbanisme. L’Albert Dock, en 1980, est le premier à être l’objet d’une réhabilitation. De luxueux appartements sont construits dans les étages et des commerces et restaurants sont placés sur rue. L’architecture de brique est mise en valeur, de même que l’image du passé portuaire, par le maintien des éléments structurels, à savoir les larges ouvertures servant pour le chargement des marchandises, les marques de poulies (poutres saillantes) et les couleurs apportées par l’utilisation de la brique. English Heritage met au point la position à entreprendre dans ce type d’opération face à l’architecture industrielle en vue d’un maintien de l’interprétation des bâtis touchés. La valorisation des entrepôts pour la construction de logements dote Liverpool d’une nouvelle esthétique résidentielle majoritairement composée de lofts dans le city centre mais cette utilisation ne permet pas à la ville de se distinguer des positions de nombreuses métropoles industrialo-portuaires dans le traitement des édifices historiques. Peu de logements résultent de constructions neuves. Ils sont plutôt issus de la reconversion d’édifices existants, notamment dans le secteur classé. Au delà, le développement résidentiel amène une nouvelle forme architecturale à la ville, plus dense, puisqu’il est composé essentiellement de tours. City loft et West Tower, respectivement 20 et 40 étages, illustrent ce renouveau formel qui tranche avec l’utilisation des anciens entrepôts. Une chose subsiste néanmoins, la mixité des fonctions est présente dans chaque opération, elle inclut deux ou plus des quatre fonctions suivantes : logements, bureaux, commerces ou destinations hôtelières. Le waterfront et le quartier commercial sont les lieux privilégiés de ces opérations, bien que certaines apparaissent ponctuellement dans d’autres aires de la ville. Les docks, éléments du waterfront appartiennent au groupe international Peel Group et sont donc sujets à des interventions privées mais le waterfront dans son ensemble révèle une hétérogénéité de traitement : les réhabilitations de l’Albert Dock cohabitent avec les récentes constructions résidentielles au nord et au sud, ainsi qu’avec les objets architecturaux neufs du Pier Head. Le Liverpool Museum ainsi que le terminal ferry (Hamilton Architects, 2009) participent au modelage d’une nouvelle vitrine de la ville et ont été financés par les investissements de l’apport résidentiel, entre autres. Gentrification La transformation des pratiques résidentielles et urbaines dans le centre de Liverpool amène un questionnement sur le changement social des zones traitées, autrefois quartiers ouvriers. En 1964, Ruth Glass qualifie l’embourgeoisement des quartiers ouvriers londoniens à l’aide du terme gentrification et l’utilise pour illustrer le processus de changement social opéré sur un espace urbain délimité. La revalorisation de l’espace urbain central de Liverpool modifie son image mais aussi le prix de son immobilier. Le phénomène gentrification apparaît à Liverpool comme une finalité dans la mesure où les politiques urbaines incitatives et les interventions privées tendent à attirer des ressources économiques supérieures à celles présentes. L’attractivité réside dans le désir d’habiter les espaces centraux historiques en adéquation avec des valeurs patrimoniales et culturelles et dans la situation urbaine centrale qui


se veut dynamique. La gentrification à Liverpool est aussi le résultat du réinvestissement financier dans les espaces dégradés et de la plus-value générée. Le processus peut être considéré comme désiré et mobilisé de manière implicite par les acteurs des politiques urbaines. La fonction résidentielle dans le city centre fait partie des nouveaux usages développés par le changement d’image des espaces. Le repeuplement a été une politique publique qui s’est manifestée par une gentrification du city centre. La volonté n’a pas été de remplacer un groupe social mais de mettre sur le marché des logements résultant de la régénération urbaine et s’adressant à une catégorie sociale moins modeste que celle présente dans le centre. La hausse des valeurs immobilières est attendue par les acteurs publics de la ville et conditionne les investissements privés. En 2002, le prix du marché est estimé trop faible pour assurer les investissements liés aux réhabilitations et une hausse de 80% est constatée entre 2000 et 2005, faisant passer le coût du square foot de 85 000 à 154 000 livres sterling27. Il est cependant nécessaire de pondérer la notion de gentrification à Liverpool et le changement social induit par les pratiques d’introduction de nouvelles formes résidentielles à Liverpool. Il s’agit en effet plus d’un changement des usages du centre apporté par la nouvelle attractivité de ces espaces peu habités avant la requalification fonctionnelle du city centre. Plus qu’une population, ce sont des activités qui se trouvent évincées, notamment les petites et moyennes entreprises, incapables dès lors de régler les loyers en hausse. L’essor touristique Le tourisme apparaît comme un résultat mais également comme un facteur de la transformation urbaine. Alors que les flux touristiques forment aujourd’hui une ressource majeure pour le développement des territoires, les stratégies « d’embellissement » ont pour finalité d’augmenter l’attractivité des espaces concernés. A la notion classique de patrimoine est ajoutée une consonance plus politisée où il serait un produit servant des objectifs économiques. Le patrimoine de Liverpool est orienté selon une démarche marketing modelée en fonction des caractéristiques du marché touristique. Le tourisme comme activité économique permet à la ville de modifier la base de son économie vers le secteur tertiaire et non plus industriel. Le tourisme à Liverpool, comme ailleurs, est accompagné d’un fort développement des structures d’hébergement, majoritairement situées dans le city centre. Depuis 1995, 20 projets d’hébergement touristique ont vu le jour dans le city centre, soit 1900 chambres et 17 sont en projet (1200 chambres) en dehors de cet espace, 4 projets depuis 1995 (275 chambres) et seulement 6 prévues (475 chambres). Ces hôtels prennent le plus souvent part à des interventions immobilières mixtes et sont essentiellement entreprises par de grands groupes hôteliers. Là encore, le waterfront fait figure de site privilégié en tant que vitrine de la ville et instrument marketing. La promotion touristique de Liverpool orientée vers les affaires s’effectue à l’échelle de la Merseyside par le Merseyside Partnership de manière intégrée à la politique de régénération urbaine alors qu’elle est traitée, à échelle locale, par le Liverpool City Council dans une optique de loisirs. La notoriété des clubs de football Liverpool FC et Everton Fc font valoir le sport comme le premier facteur touristique de la ville, suivi par les Beatles et les évènements nautiques. Le tourisme d’affaire se voit lui aussi doté d’instrument attractif : le palais des congrès sur Kings Dock permet à la ville d’organiser des évènements et conférences. Les prix immobiliers de Liverpool étant inférieurs à ceux de Manchester, l’agence de régénération urbaine Liverpool Vision prévoit un essor du tourisme d’affaires grâce au développement du quartier spécialisé. 27

Chiffres : Liverpool City Council 2005

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carte 7 - emplacements h么tels, city centre

production personnelle - source : guide Michelin 2011

carte 8 - emplacements h么tels, zone urbaine

production personnelle - source : guide Michelin 2011

1,3 km N

2 km N


carte 9 - emplacements musĂŠes, city centre

carte 10 - emplacements musĂŠes, zone urbaine

production personnelle - source : guide Michelin 2011

production personnelle - source : guide Michelin 2011

1,3 km N

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Les pratiques touristiques sont orientées selon des secteurs fonctionnels auparavant considérées par les autorités locales et correspondant au commercial district ou au retail district. Le terminal de ferry construit en 2009 permet à la ville d’accueillir le tourisme de croisières mais également de prendre part aux circuits. Le Liverpool City Council a également accepté, en 2005, la création d’un bras d’eau artificiel permettant de relier directement le canal de Leeds au Pier Head accentuant l’idée du tourisme comme participant de la régénération urbaine.


Photographie 10, Liverpool City Centre, Paradise Street

Photographie 11, Liverpool City Centre depuis Albert Docks

Photographie 12, Slater place, inner city source : photographies personnelles 2.11.2012


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Les friches urbaines sont présentes depuis longtemps à Liverpool lorsqu’apparaît le débat sur la réintégration du port dans la ville. Il est clair que le Waterfront est un élément clé dans la volonté de faire à nouveau vivre ensemble la ville et son port. Cependant, la multiplicité des stratégies engagées qui produisent le process urbain révèle une indécision sur la position de la ville par rapport au processus de shrinking.


PLANIFICATION DEMULTIPLIEE ET PROCESS Il s’agit dans cette partie de mettre en avant la diversité des stratégies et projets engagés depuis les années 1980. Quelle perception du changement nous offrentils ? Les projets apportent-ils des indications sur le positionnement de la ville face à ses problématiques urbaines, fait-elle preuve d’un « déni de déclin »? Que nous dit cette diversité sur la manière de gérer le shrinking ? L’étude des nombreuses stratégies mises au point, dans le temps ou superposées permet de mettre en lumière les tentatives de gestion de la crise urbaine et la position changeante des acteurs de la régénération urbaine à Liverpool. 1. Modalités d’interventions des autorités sur la ville. L’événement urbain constitue le troisième acte de la standardisation des traitements des villes face à leur patrimoine, en quête d’attractivité après la revalorisation et l’ajout d’une nouvelle icône architecturale. L’événement est un moteur de l’action urbaine car il mobilise tous les acteurs de la ville dans un but commun avec des délais non prolongeables. L’événement est considéré comme un moment privilégié dans la régénération urbaine et comme un outil de transformation dans la mesure où il tend à modifier les espaces, à renforcer les partenariats entre acteurs de la ville. L’événement est souvent un prétexte afin de mener de grandes interventions urbaines. On peut citer les expositions universelles ou les jeux olympiques qui permettent aux municipalités de produire de nouvelles infrastructures et de modifier l’espace public en profitant de financements publics. Ces financements agissent comme leviers dans l’attente d’investissements privés. A Liverpool, comme Glasgow auparavant, l’avènement de la ville en Capitale européenne de la culture 2008 lui permet d’officialiser aux yeux de tous l’entreprise de passer d’une économie industrielle à une économie fondée sur la consommation. L’événement sert à la ville pour modifier sa structure économique en profitant des spéculations qui en résultent et pour se hisser un temps dans le système global dans l’attente que cette situation devienne pérenne. La restructuration économique selon une base culturelle met Liverpool en compétition avec d’autres villes dans le domaine événementiel. Deux temps de la compétitivité sont différenciables : celui de la sélection entre plusieurs villes et celui de l’événement à proprement parler, de sa réussite et ses effets postérieurs avec l’image de Glasgow. En 1990, Glasgow est Capitale européenne de la culture et victime d’un fort déclin économique et démographique. L’événement urbain a été considéré de manière explicite comme un réel outil de développement économique où l’optique d’un retour sur investissement a engendré des financements conséquents utilisés par la ville dans les domaines touristique et culturel. A Liverpool, plusieurs opérations massives infrastructurelles ont permis d’amener la ville à la désignation capitale européenne de la culture : la réalisation d’une icône moderne abritant un musée sur le Pier Head (Liverpool Museum, 3XN), la construction d’un tramway avait été envisagée puis abandonnée et l’introduction du terminal de ferry sur le Pier Head. En juillet 2000, Liverpool décide de mener une candidature pour le titre de capitale européenne de la culture. Le Liverpool City Council met au point une équipe pluridisciplinaire visant à refléter l’engagement de la ville entière pour obtenir le titre.

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Liverpool Culture Company est donc créé et regroupe divers acteurs politiques de la ville, tant la majorité que l’opposition, des communautés, les acteurs de la régénération, les associations et institutions culturelles...afin de mener à bien la campagne de la ville. La direction du groupe est accordée à un ancien journaliste de la BBC, illustrant la composition mixte de l’équipe, aux provenances privées comme publiques. Une critique générale est cependant accordée à cette institution. Trop de différences existent entre les fonds attribués pour les projets culturels suivant qu’ils concernent des petites ou grandes institutions. Il en est de même pour le manque de participation de la culture populaire de Liverpool, pourtant élément phare de la candidature lors de la constitution du dossier de sélection de la ville. La labellisation Unesco de la zone centre peut être considérée comme un événement urbain. En plus d’être vue comme un outil de gestion économique et urbain, l’inscription de Liverpool a permis là aussi de mobiliser les acteurs de la ville vers un but commun en entamant une transformation de l’image de la ville. De la même manière que pour Liverpool 2008, dont le nom de la ville et la date suffisent à faire référence à l’événement culturel, la candidature Unesco a permis la mise en place d’instances de collaborations entre des acteurs à échelle nationale, régionale et locale, ainsi qu’entre acteurs privés et publics de la ville. Dans l’optique d’un évènement, la municipalité n’est pas apte à assumer les dépenses liées aux projets de transformation de l’espace urbain ou des espaces historiques centraux. C’est pourquoi la ville a profité de participations régionales, nationales et européennes importantes. Ces fonds octroyés traduisent l’attente des investisseurs structurels d’une relance économique suite à l’événement grâce à l’effet incitatif sur les financements privés. L’importance, à Liverpool, des financements publics réside dans la gestion de l’espace urbain. Le pouvoir sur les espaces résulte de la provenance des investissements et la municipalité tient à conserver le contrôle des transformations. Celui là étant déjà menacé par la présence d’investisseurs privés sur le waterfront (Peel Group) et dans le city centre (Grovesnor). Malgré son caractère éphémère, l’événement est utilisé par les autorités locales comme un outil de projection à long terme dans l’optique de pérenniser la situation en amont de l’investiture : celle de l’apport de financement et de l’effet de l’événement sur l’image de la ville et sa planification. L’événement prend part dans la stratégie territoriale. Il est porteur de projets culturels ou festifs mais sert aussi le marketing urbain. Il met la ville un temps en lumière avant que ses effets fassent apparaître des mouvements durables de l’espace urbain. Ainsi, il gagne un caractère spatial puisqu’il est générateur d’une transformation de la ville. A Liverpool, l’intervention culturelle sur le waterfront et le centre historique met en valeur ces espaces et apporte, un temps, un nouveau lien intrinsèque à la ville et au port en les positionnant comme vitrine de la ville. En plus de profiter de la publicité faite par la Capitale européenne de la culture sur sa fréquentation et sa notoriété, Liverpool attend un succès en terme de transformations urbaines et économiques. Les événements (ici Capitale de la culture mais aussi la course des grands voiliers) sont utilisés par les autorités locales comme un outil de transformation de la ville à long terme par des opérations urbanistiques d’envergure plus ou moins grande. C’est dans ce cadre de transformations induites que l’événement urbain agit comme un événement spatial.


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photographie 13, travaux du city centre pour la transformation des espaces centraux et Liverpool Capitale européenne de la culture 2008 source: Geocarrefour, mutations et inerties spatiales dans le Royaume-Uni d’aujourd’hui, ed. Manuel Appert, John Tuppen, décembre 2008.

Of time and the city, Terence Davies, est une commande de Liverpool pour 2008, année de la désignattion de la ville comme Capitale européenne de la culture. C’est un portrait documentaire dans le Liverpool des années 1950-1960. Aux images d’archives se superposent la voix du réalisateur qui conte ses souvenirs. Natif de Liverpool, Terence Davies nous fait part de son regret : la ville qu’il a connu n’a pas survécu aux changements économiques et architecturaux. D’après Benoît Smith, pour Critikat, le passage progressif du noir et blanc à la couleur puis à nouveau le noir et blanc pour les dernières minutes achève de «tirer la rétrospective historique vers la chronique d’une ville fantôme aux réminiscences vivaces». photographie 14, image tirée du film Of time and the city, Terence Davies 2008, année de Liverpool Capitale de la culture.


2. Des stratégies démultipliées

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Liverpool, City of Partnership Les partenariats sont une coalition d’intérêts concertés afin de superviser et réaliser la régénération d’un secteur. En 1990, plus de 700 partnerships entre acteurs privés et publics actaient pour la régénération urbaine. Ils ont été développés lors de la constitution des Urban Developement Corporation (UDC) sous le gouvernement M. Thatcher et sont aujourd’hui largement représentées dans les stratégies de transformation urbaine, de manière démultipliée. Liverpool Vision est une UDC de la régénération de Liverpool issue d’un partenariat entre acteurs publics du City Council, de l’English Partnerships (EP) et de la North West Development Agency (NWDA) dont la direction inclut des acteurs privés du secteur entrepreneurial. L’agence est à nouveau subdivisée en plusieurs partenariats afin de mener à bien les projets de rénovation. L’enjeu principal des partenariats est d’apporter aux opérations différentes sources de financements, de plus en plus rares au niveau local et de confronter les ambitions d’échelles et d’institutions variées dans une optique de stratégie complète et intégrée à un territoire donné. Le mode de fonctionnement selon les partenariats, en incluant des échelles multiples, permet à Liverpool de bénéficier de financements européens en adéquation avec les volontés des acteurs locaux pour la transformation de son city centre. Le city centre de Liverpool, est une situation privilégiée des partenariats, quatre agences de régénération urbaine agissent dans les espaces historiques centraux bien que leurs origines et aires d’action soit multiples :

agence de régénération

type d’agence

aire d’action

constitution Liverpool City Council NWDA EP

Liveprool Vision

Urban Regeneration company

North West Development Agency NWDA

Regional Development gouvernement Région North-West Agency partenariats

Liveprool city centre

English Partnership EP

Agence nationale

Royaume Uni

gouvernement

City Focus

Agence municipale

Liveprool city centre

Liveprool city centre, gestion des fonds

La planification urbaine au Royaume Uni est définie par des documents que produit le gouvernement central : les Policy Guidance Notes qui sont elles mêmes composées de deux entités ; les Regional Planning Policy (RPP) et les Planning Policy Statement (PPS) guidant les planifications locales en s’appuyant sur les lois au sujet du logement, des énergies renouvelables, des aires côtières ou des zones historiques classées. Liverpool utilise aujourd’hui, et depuis 2002, la version modifiée l’Unitary Development Plan (UDP) de 1996, un outil précisant les différents projets de la ville, adopté par le Liverpool City Council et permis par le Local Authority Act de 1985. Les objectifs de la régénération urbaine y sont détaillés, les politiques à mettre en œuvre sont fortement orientées, de même que les principes de développement. L’UDP ne concerne que l’échelle locale, celle sous la tutelle du Liverpool City Council. L’UDP de Liverpool ne prend cependant en compte que les principes de développement du city centre et de


l’inner city, sans concerner les objectifs ou ambitions des autorités locales de Saint Helens, Knowsley, Sefton et Wirral, constituant l’aire urbaine Merseyside et ayant leur propre UDP, laissant voir une planification urbaine à l’échelle de la ville et non de l’agglomération. A l’échelle de la région, c’est le Merseyside Structure Plan (1983) qui définit les processus de développement. Les UDP sont sujets à réformes en 2004 et sont remplacés par un double système exerçant une influence à doucle échelle : locale, par le Local Development Framework (LDF) et régionale via la Regional Spatial Strategy intégrant une vision qualifiée à long terme - 15 ans -, mais qui relève plus du moyen terme s’il s’agit de constater un glissement (et non une amélioration) des pratiques liées au shrinking. Le LDF est lui même composé de cinq documents complexes où des stratégies globales à long terme définissent les points pratiques de la régénération urbaine tels que l’usage des sols où les conditions de participation des partenariats. A Liverpool, ces éléments importants de la régénération urbaine, parce qu’il définissent les processus de planification, ne sont cependant pas utilisés car en cours de réalisation. L’UDP reste valable pendant la fabrication des documents qui, suite à leur élaboration, remettront en cause les modes de fonctionnement utilisés aujourd’hui. A une échelle encore plus restreinte que celle de la ville, des agences urbaines mettent au point leur propre plan de transformation. Liverpool Vision, agence de rénovation urbaine ayant pour aire d’action le city centre, propose le Strategic Regeneration Framework28 en 2000. A l’échelle de l’agglomération, le Merseyside Partnerships met au point une autre stratégie propre, The Liverpool City Regions, transforming our economy, the strategic proposal. Il existe, à Liverpool, autant de plans dont les recommandations ou obligations sont appliquées que d’échelles : nationale, territoriale ou locale. Bien que les modes d’action divergent, les objectifs font l’objet de concertations. Quelle perception du changement a amené Liverpool Vision? En amenant des nouvelles centralités commerciales en soutient au réinvestissement du centre, Liverpool Vision a fait gagner la ville en attractivité aux yeux du secteur privé, par la création d’un nouveau marché immobilier. L’image de Liverpool est également modifiée par la coordination opérée de l’ensemble des acteurs et ne fait plus figure de « ville la plus dangereuse d’Angleterre » mais d’opportunité économique étant donné les toutes récentes transformations en cours. Bien qu’encore fragile, la base de l’économie liverpudlienne est désormais orientée vers un marché tertiaire touristique et lié aux affaires, de manière à profiter de la compétitivité des loyers au vu de Manchester. Les ambitions de la ville et les standards appliqués tranchent nettement avec la réalité pas si lointaine d’un city centre délabré et sujet à la ségrégation, sans activité économique. En concentrant les opérations de transformations urbaines sur les espaces centraux, Liverpool a saisi une opportunité de développement mais ne considère toujours pas le shrinking et ses processus annexes comme des phénomènes globaux à long terme. La réalisation des diverses stratégies de développement mettent en avant de nouvelles ambitions sociales, urbaines et attractives mais ne laisse rien paraître de la cohésion territoriale locale ou régionale en profitant d’écho avec d’autres agglomérations dont Manchester. Des critiques émanent également des agglomérations de la Merseyside selon lesquelles Liverpool, par son développement commercial démentiel lié à ses ambitions de World Class City, nuit aux économies adjacentes et risque de les marginaliser. Le projet de Liverpool de marquer son hégémonie vis-à-vis des communes voisines est illustré par l’ambition 28

Disponible en ligne, http://www.liverpoolvision.co.uk, échantillon en annexe

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de renommer sa propre région urbaine Merseyside. La collaboration engagée entre acteurs privés et publics lors des opérations de transformation a été une réussite de Liverpool Vision mais ne prend toujours pas en compte les secteurs de la ville autre que les espaces historiques ayant bénéficiés de financements importants dans un premier temps comme leviers dans le cadre d’une politique incitative puis en raison de l’attractivité regagnée. L’image délivrée par Liverpool n’est que celle de son centre, là où sont concentrés les efforts. Qu’en est-il alors du reste de la ville ? Le centre ville rénové a-t-il un impact positif sur l’inner city ou les opérations ne font qu’inverser la tendance en créant de nouvelles disparités urbaines ? Aujourd’hui, le city centre de Liverpool fait figure de pièce maîtresse au sein du territoire Liverpool en étant l’espace privilégié de la régénération appuyant un discours à la dimension européenne et mondiale tandis que les aires périphériques au city centre sont sujettes à un discours bien plus classique où le développement local est la raison des moindres investissements.

La planification urbaine à Liverpool est démultipliée mais l’ensemble des stratégies tendent vers le même objectif : procurer à la ville une nouvelle dynamique. 3. Le conflit Héritage / Croissance Le patrimoine portuaire à Liverpool, peut il être un vecteur d’identité ? Le rôle paradoxal du patrimoine dans la modernité économique : comment, dans un contexte de mondialisation, promouvoir la modernité de la ville port sans entacher l’identité locale ? selon l’Encyclopédie Universalis, la modernité s’oppose à la tradiition et illustre des changements de structures politiques, économiques, technologiques et psychologiques. La modernité serait la réinterprétation de ces éléments dans les modes de vie. La modernité, dans le cadre d’une ville portuaire, est à mettre en relation avec la volonté de dépasser une crise urbaine, celle du shrinking, arrivée avec la fin de l’ère industrielle. Elle tend à faire entrer la ville, via son économie, dans le système postindustriel de la mondialisation. D’après le dictionnaire français Larousse, la mondialisation est l’élargissement du champ d’activité des agents économiques du cadre nationale à une dimension internationale. Il s’agit de l’interaction généralisée des acteurs de l’humanité La problématique de la régénération urbano-portuaire à Liverpool s’inscrit dans le cadre de la mondialisation, et ce depuis l’arrivée du conteneur et ses effets sur l’organisation du port, à savoir sa séparation en deux. Au centre de la ville, les bassins historiques, au nord, les bassins permettant d’accueillir de plus gros bateaux aux tirants d’eau plus importants et disposants d’une chaine technique propice à l’utilisation du conteneur. Comment, dans un contexte de mondialisation, la ville peut faire valoir son image de ville-port moderne sans risquer d’y perdre son identité locale ? Si l’on se réfère aux ambitions des stratégies urbaines, on peut statuer sur la modernité de la ville-port une fois sa régénération urbaine achevée et son économie modifiée, la rendant compétitive dans le système global. Si la standardisation des modes de traitement des espaces portuaires industriels a été préalablement évoquée, l’ensemble des villes portuaires peuvent néanmoins se distinguer par la forme physique de la


modernité face aux villes qui confrontent d’autres problématiques. La modernisation d’une ville-port induit une transformation des caractéristiques physiques, économiques et sociales. C’est là qu’intervient le paradoxe de la modernité dans le paysage historique : la mise en place d’une image mondiale (bien qu’elle aie existé préalablement) peut entrainer des conséquences urbaines et identitaires. La mondialisation, en plus de demander aux villes de s’ouvrir d’avantage, a influencé la propagation des principes de reconversion et ce qui était à la base une volonté identitaire s’est vite transformé en un processus de reconversion homogénéisé alors qu’il tendait à renforcer l’image locale et les pratiques urbaines spécifiques. Si ces modèles de transformations s’appliquent mondialement, c’est dans un souci économique que chaque ville l’imite, d’où la banalisation sur le waterfront comme interface historique et témoin des mutations du lien entre la ville et le port, de l’utilisation d’instruments récréatifs, de musées, de boutiques de souvenirs dans les anciens warehouses, de galeries, de palais des congrès... C’est ainsi que l’identité locale de Liverpool, comme d’autres villes industrialo-portuaires, perd de son ampleur et ne fait figure que d’une identité tournée vers l’eau parmi des villes aux problématiques et aux modes de réponses comparables voire similaires. La ville revendique sa modernité en utilisant autrement son port mais ne saisit aucunement l’opportunité du port actif comme symbole d’une modernité car ce dernier ne représente plus l’économie de Liverpool face au secteur ludico-commercial. La réelle identité de Liverpool n’est alors plus tournée vers l’activité portuaire mais bien maritime, l’image de la ville-port est rendue factice puisque le loisir et le tourisme sont aujourd’hui en première ligne. A l’inverse, Rotterdam utilise sa réalité économique pour recréer une pratique urbaine portuaire non seulement fonctionnelle mais donne à voir un port qui travaille alors que Liverpool ne met en valeur dans ses politiques d’aménagement que son port historique reconnu mondialement par l’Unesco et non les techniques portuaires qui peuvent aussi être une image de la ville au vu de son histoire. Le dynamisme économique apporté par le port, bien qu’il soit proportionnellement inférieur à la période révolue durant laquelle Liverpool était un modèle portuaire, n’est pas rendu visible et est obstrué par les politiques culturelles et touristiques, empêchant certainement la ville de se construire une identité au niveau mondial en utilisant ses instruments historiques de mondialisation. Liverpool, dans son dossier de candidature à l’Unesco, prévoyait déjà d’intégrer à son espace patrimonial d’autres projets architecturaux mettant en tension le temps de l’Histoire et celui de la modernité. La patrimonialisation a ainsi été menée dans l’optique de pouvoir poursuivre la régénération urbaine, même sur la zone phare, le Pier Head. Cet espace est l’illustration de la volonté d’un équilibre entre la conservation, visant à maintenir les caractéristiques patrimoniales moteurs de la transformation et le développement générateur, selon les stratégies du management plan, d’une identité locale propre. Cette identité fait plus office de prétexte pour une stratégie d’apport de financements, en rendant à nouveau le waterfront attrayant financièrement via les projets engagés mais sans freiner le développement par le processus de patrimonialisation. Il est réellement question de trouver un consensus entre investisseurs promoteurs et conversationnistes. L’image même du paradoxe entre patrimoine identitaire et modernité est illustrée par l’abandon d’un premier projet de Fourth Grace sur le Pier Head, seul espace jugé

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en mesure d’accueillir, à côté des Three Graces, icônes historiques de la ville, un nouveau symbole à l’image du Guggenheim de Bilbao (Franck O. Gehry). En 2002, Liverpool Vision choisit le projet de l’architecte Will Alsop, The Cloud, pour figurer à côté des trois édifices symboliques de Liverpool. A la fin de la même année, le projet est avorté pour des raisons financières selon les autorités locales. L’annulation laisse cependant supposer une cause patrimoniale : le comité du Patrimoine Mondial émet des réserves quant à l’intégration d’une quatrième icône sur le Pier Head. Le musée des architectes danois 3XN sera finalement réalisé mais Liverpool figure, en plus de son classement comme Ville Patrimoine de l’Humanité, sur la liste du Patrimoine en Péril suite à ses stratégies de transformations. L’Unesco, en régulant les stratégies de transformations urbaines aux abords des biens classés devient un nouvel acteur de la régénération urbaine de Liverpool et fait basculer l’équilibre recherché entre Héritage et Modernité.


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CONCLUSION La lecture de la régénération du waterfront à Liverpool amène trois points nécessaires à sa compréhension : les stratégies, l’identité et le process. L’ensemble des stratégies entreprises par la ville tend à compenser le déclin du secteur portuaire en créant de nouvelles opportunités d’investissement. Dans une optique d’attractivité, le waterfront est utilisé comme un outil au potentiel multiple : politique (par le consensus que demande sa requalification), économique (par sa faculté à attirer les investissements) et foncier (par la création d’un nouveau marché immobilier). L’utilisation du waterfront inverse les processus de marginalisation opérés sur les zones historiques industrielles depuis la seconde moitié du XXe siècle. La dimension historique et portuaire est mise en première ligne, ce qui explique l’impact du processus de patrimonialisation et son utilisation au sein du marketing urbain. La candidature Unesco est mise au service du repositionnement identitaire et économique de la ville. Stratégies Le réinvestissement des espaces historiques centraux est soutenu par un programme commercial et immobilier important illustrant le changement de regard porté sur les témoins du passé. Les constructions industrielles sont utilisées pour leurs potentialités économiques au service d’un ambitieux rayonnement commercial régional. En effet, seul ce type d’édifice permet de bénéficier d’une position centrale et d’un espace si vaste. L’essor touristique est également un facteur et un soutien de la transformation urbaine puisqu’il oriente la planification des pratiques urbaines selon une démarche marketing elle même modelée en fonction des caractéristiques du marché du tourisme. L’activité touristique permet ainsi à Liverpool de modifier la base de son économie en la tournant vers le secteur tertiaire. L’événement urbain prend aussi part à la stratégie globale de Liverpool en agissant sur l’espace urbain et sur la structure économique. Les fonds accordés à diverses échelles traduisent l’attente des investisseurs d’une relance économique de la ville via l’effet incitatif des investissements structurels sur les financements privés. Cependant, l’ensemble des opportunités de développement offertes par la régénération du waterfront ne considère toujours pas le shrinking comme un phénomène global à long terme et trahisse la volonté de dépasser la crise urbaine en faisant entrer Liverpool dans le système post-industriel de la mondialisation. Le manque d’incitation à une cohésion territoriale locale d’abord puis régionale laisse paraître la seule ambition de World Class City au détriment des économies des communes adjacentes. La régénération de Liverpool ne laisse pas non plus voir une prise en compte des modèles antécédents de traitement du waterfront. La ville focalise ses objectifs sur une transformation économique induite par une transformation urbaine reprenant les images de la standardisation des fronts d’eau. Ainsi, deux critiques majeures sont applicables à la reconversion du waterfront. L’abandon du port en tant qu’élément fonctionnel au profit d’une utilisation récréative de ses installations et la conservation d’une séparation physique et fonctionnelle entre la ville et le port. L’image de la ville-port prônée aujourd’hui par Liverpool fait plus figure de quartier ville-port dans la ville. Il n’existe pas, dans l’ensemble des stratégies, d’élément permettant d’articuler les espaces régénérés du city centre et du waterfront à la totalité du territoire de Liverpool. L’erreur peut résider dans l’état de friche urbain qui a donné à voir le port comme une entrave à l’aménagement urbain et non comme une opportunité de

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développement urbain. Bien que n’étant pas le sujet de ce mémoire, les stratégies sociales engagées à Liverpool de manière inhérente à la régénération urbaine peuvent faire l’objet de quelques critiques. Il s’agit surtout de mettre en avant le caractère délibéré de la transformation sociale des espaces centraux dans l’optique de participer au changement d’image global de la ville. Les investissements privés sont un acteur privilégié de la transformation urbaine et officient au détriment d’une amélioration sociale des populations du city centre vers un nouveau scénario de la ville port où l’ouvrier ne fait plus figure de pièce maîtresse. Identité L’identité de la ville se trouve naturellement modifiée par le processus de régénération socio-spatial mis en place dans l’optique de la modernisation de Liverpool. Cette volonté est modelée par les ambitions de la ville d’améliorer son image de ville industrielle et de la rendre attractive suivant un idéal économique et urbain. Aujourd’hui, on peut lire l’envie de surmonter les connotations négatives qu’évoque le waterfront en matière de crise urbaine. Ce dernier est réutilisé au service d’une identité moderne où seul le rapport à l’eau et la présence des installations portuaires illustre le passé industriel et justifie la présence d’un imaginaire portuaire, non plus d’une réalité fonctionnelle. Le port ancien est en quelque sorte soumis aux ambitions modernes mais ne génère pas de requalification propre autre que celle standardisée. De ce fait, Liverpool ne revendique pas ou très peu d’identité territoriale pour qualifier son identité maritime sujette à la banalisation des fronts d’eau, par un traitement similaire d’une ville industrialo-portuaire à l’autre. Cette critique peut être exacerbée par l’exemple de Quiggins préalablement abordé qui procurait à la ville une identité commerciale spécifique, bien qu’à petite échelle. L’identité de Liverpool est de la sorte modelée par ‘le haut’ et ne résulte pas d’une réalité locale. Les politiques de régénération urbaine à Liverpool n’étant pas achevées actuellement, il est difficile de statuer sur la volonté de la ville d’échapper à la standardisation des traitements de la modernité en contexte ville-port, de même que sur sa capacité à sortir de la banalisation des fronts d’eau. Process Les différents projets de régénération urbaine nous informe sur le phasage des stratégies urbaine. Le process urbain de Liverpool est d’abord marqué par les changements successifs de gestion gouvernementale mettant en place les outils de la transformation urbaine. Ce n’est qu’en 1990 que les autorités locales sont reconnus comme les plus performantes pour gérer la coordination des projets de régénération. La séparation de la ville et du port permet d’établir deux périodes distinctes. L’une est l’apogée de Liverpool, l’autre sujette au shrinking. La lecture des opérations de régénération du waterfront nous informe sur l’évolution de la considération du shrinking au sein des stratégies de Liverpool. Différent facteurs de la régénération viennent qualifier le process urbain de la ville et le questionner du point de vue du shrinking. Comment la ville intègre-t-elle ce phénomène dans ses stratégies urbaines ? Bien que le champ de recherche lié au déclin soit aujourd’hui très présent à Liverpool, notamment grâce à Chris Couch, il paraît difficile pour la ville d’appréhender le shrinking comme agissant à long terme et de manière global. La quasi-totalité des stratégies engagées prennent part d’un projet territorial d’ensemble visant à intégrer Liverpool dans le système mondiale en optimisant sa compétitivité. Le paradigme du shrinking comme une opportunité urbaine n’est pas utilisé de la sorte mais les effets


du shrinking sont utilisés à des fins économiques. A ce sujet, l’Allemagne peut faire office de modèle dans sa manière de considérer la schrumpfung. L’ampleur du phénomène en ex-Allemagne de l’est pousse les politiques urbaines à ne plus saisir le paradigme de la croissance urbaine mais à le remplacer par des nouveaux objectifs stratégiques utilisant les potentialités de la schrumpfung, en matière de qualité de vie par exemple. Ces nouveaux qualificatifs de la ville officieraient de la même manière que l’incitation au financement mais en prenant en compte le temps long des processus de crise urbaine à condition que la ville dispose de ressources ‘humaines’. Le paradoxe de la croissance à Liverpool réside dans le fait qu’il est tourné vers le passé. Les envies de modernité de la ville sont permises par ses stratégies qui se basent et se rattachent à l’opportunité historique de la ville-port comme outil de développement. Le rapport au développement devient d’autant plus complexe quand on sait que les bâtisseurs de Liverpool, du temps de son apogée industrialo-portuaire, regardaient vers le futur. Ainsi, la patrimonialisation du Pier Head freine la régénération urbaine et risque d’aboutir à une muséification du waterfront plus que de lui offrir un caractère mondial via la reconnaissance Unesco. L’une des questions essentielles à la réalisation de cette étude était celle du modèle. Non plus Liverpool comme un modèle mais l’utilisation des modèles à Liverpool. Face à la standardisation des traitements des fronts d’eau, l’utilisation de références pour légitimer les interventions renverse la question initiale d’une réponse unique. Liverpool semble convoquer deux références urbanistiques de natures totalement différentes et anéanti de ce fait l’existence d’un modèle unique de gestion du déclin. L’illustration du détachement de la ville et du port est encore aujourd’hui visible dans les espaces sujets aux politiques de régénération. En effet, Liverpool confronte, pour le city centre et le waterfront, deux modèles urbains. Dans le city centre, c’est l’image du centre ville traditionnel de la ville européenne qui est invoqué29 pour son image de ‘village’ à taille humaine et légitimant les envies de pratiques de Liverpool. Sur le waterfront, la référence à la skyline nord-américaine est utilisée. De ce fait Liverpool utilise la symbolique de la skyline pour manifester sa puissance économique et son ouverture aux capitaux internationaux. Cette utilisation oppose la vision intégrée du city centre à la l’image projetée à l’extérieur du waterfront.

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Liverpool Vision en 2000, qualifie le city centre de Liverpool de the Barcelone of England.

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Glossaire EP

English Partnership

LDF

Local Development Framework

MDC

Merseyside Development Coporation

SRF

Strategic Regeneration Framework

UDC

Urban Development Corporation

UDP

Unitary Development Plan

city centre

centre historique

city council

gouvernement local

housing act

1969 - concentre les moyens financiers sur les logements insa- lubres des zones urbaines dégradées

inner city

espace urbain autour du city centre encore aujourd’hui dénoté et dégradé à Liverpool

Liverpool corporation act 1936 - donne au city council le pouvoir de vendre les terres périphériques dans une optique de renouveau in- dustriel Liverpool Vision agence urbaine chargé de la régénération dans l’aire d’action city centre local development act 2000 - donne le pouvoir de décision aux gouvernements locaux et leur impose de travailler sous forme de partena riats

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BIBLIOGRAPHIE

BAFOIL F., Privatisations et formation des États est-européens, Presse de science Po Critique internationale, n°32 pp.137-152, 2006 60

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61


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FILMOGRAPHIE CUNNINGHAM-SABOT E., Glasgow is turnaround, film de recherche, 19 minutes, 2010 DAVIES T., Of time and the city, UK 74 minutes, 2008 KEILLER P. Robinson inspace, UK 38 minutes, 1997

EMISSIONS DE RADIO KAHN S., Nos villes sont-elles mortelles ? France culture le 23.02.2011, 14H00

EXPOSITIONS AUC, Stim Métropoles millionnaires, Agora 2010 Biennale d’Architecture, d’Urbanisme et de Design de Bordeaux. Mise en lumière d’une problématique respective aux villes de Valence, Liverpool, Zurich, Copenhague, Rotterdam, Belgrade, Riga.


63


Liste des annexes

64

1. PĂŠriodisation Ville-Port, Claude Chaline, 1994

63

2. Liverpool chronology 1207 - 2008

64

3. Shrinking chronology, Liverpool 1950 - 2008

66

4. Liverpool City Centre strategic investment Framework. Strategic priorities and implement annexe, Liverpool Vision, 18p. Waterfront section p. 3, 4 68


65

ETAT

SYMBOLE

port

PERIODE

CARACTERISTIQUES

ville

I. PRIMITIVE CITY PORT

XII XIX

proximite spatiale association fonctionnelle ville/port

II. EXPANDING CITY PORT

XIX début XX

la rapide croissance commerciale et industrielle force le port à se développer au delà de la ville via de large quais linéaires

III. MODERN INDUSTRIAL CITY PORT

mi XX

forte croissance industrielle. introduction du conteneur. les nouvelles installations nécessitent une séparation du port et de la ville

IV. RETREAT FROM WATERFRONT

1960 1980

changements dans les technologies maritimes augmentation de la scission ville/zone industrielle

V. REDEVELOPMENT OF WATERFRONT

1970 XXI

centre d’attention des programmes de régénération urbaine étant donné la taille des aires concernées et la situation géographique

Périodisation Ville-Port, Claude Chaline, 1994


1207

«naissance de Liverpool»

1712 1715

premier dock sec à Liverpool. Construit dans l’embouchure du Mersey, il peut accueillir jusqu’à 100 navires.

1730

Liverpool est le troisième port marchand de Grande-Bretagne, derrière Londres et Bristol.

1740 1800

premier port mondial lié au trafic d’esclave. Environ 100 bateaux par an. En 1825, un quart des navires attachés à Liverpool sont concernés par ce commerce.

1755

un acte du parlement permet la construction du Sankey Canal, le premier à être construit en Grande-Bretagne. Il connecte Liverpool et les bassins de St Helen.

1775

l’économie liverpudlienne souffre des effets de la guerre d’indépendance américaine (voir commerce triangulaire).

1784

le premier navire de coton provenant des Etats Unis d’Amérique arrive.

1800

plus de 80 voitures quittent Liverpool chaque jour chargées de coton afin d’alimenter les usines de Manchester.

1807

abolition de l’esclavage, le coton devient alors la première source de commerce du port de Liverpool.

1808 1814

fort investissement dans les «courts slums» malgré leur insalubrité

1826

Enabling Act accorde à Liverpool le droit de construire un rail la reliant à Manchester

1832

le choléra, lié aux surcharges dans les logements et à l’insalubrité touche 5 000 personnes et en tue 1 500

1835

Liverpool est dotée par le parlement d’une cour d’assises. Construction du St George’s Hall, qui deviendra Crown Court

1837 1985

bourse de Liverpool

1839 1890

croissance intense de la population, notamment lié aux migrants irlandais qui fuient la famine et restent à Liverpool

1840 1930

9 millions de migrants passent par Liverpool pour accéder au nouveau monde

1840 1846

Liverpool, plus important taux de mortalité du Royaume Uni

1842

pour améliorer la santé publique, ouverture des premiers bains publics du pays.

1844 1846

migration irlandaise, un des effets de la «potato famine»

1848

Cunard, ligne régulière New York-Liverpool

1850 1913

les imports triplent et les exports quadruplent depuis les docks de Liverpool. leur statut international est indiscutable

1852

1 000 bateaux et 300 000 personnes partent vers le nouveau monde depuis Liverpool

1857

Liverpool devient le second port de l’empire britannique. La ville brasse la moitié des exports et le tier des imports du pays

1860 1900

5 millions de personnes quittent le Royaume Uni, dont 4 depuis Liverpool

1864

les «court slums» sont démolis progressivement, 3 000 entités, soit 18 000 logements et 110 000 personnes sont délogées

1878

Everton FC est fondé

1880

la Reine Victoria octroie, comme reconnaissance, sont statut de «ville» à Liverpool

1888

Everton FC est invité dans la ligue de football

1889 1893

construction, à Liverpool, du premier métro aérien au monde

1892

Liverpool FC est fondé depuis le Everton FC

1900

fondation du Labour Party

1907 1916

St George’s dock : construction du port of Liverpool Builing (1907), du Liver Building (1911) et du Cunnard Building (1911) = Les trois grâces

1911

les ouvriers mènent une action de grève durant trois mois

1914 1918

première guerre mondiale

1921 1939

la structure de la production internationale influence directement le déclin de Liverpool. taux de chômage supérieur à 20% dont 70% dans les secteurs relatifs à l’industrie maritime.

1925 1934

Queensway road tunnel construit pour relier Liverpool à Birkenhead

1926

Liverpool Act autorise les autorités locales à financer la construction de domaines industriels pour attirer les investissements

1929

crack boursier de New York, début de la Grande dépression

1929

30% des habitants de Liverpool vivent sous le seuil de pauvreté, 14 % juste au dessus. l’ensemble des liverpudliens subissent la privation et l’insécurité

1931 1981

le déclin économique engendre la perte de 50% de la population

1933

premier aéroport de province : Speke Airport, censé relancer la croissance

1937

pic de population, 870 000 habitants

1939

seconde guerre mondiale


1931 1981

le déclin économique engendre la perte de 50% de la population

1933

premier aéroport de province : Speke Airport, censé relancer la croissance

1937

pic de population, 870 000 habitants

1939

seconde guerre mondiale

1939 1945

le déclin est caché par les besoins de la guerre, la majorité des fournitures nécessaires sont acheminées par Liverpool

1941

du 8 au 15 mai, 2 300 bombes, 119 mines : 4 000 morts, 3 500 gravement touchés, 70 000 sans domicile. Le centre ville est délabré

1945 1947

«Distribution of industy act» : l’Etat peut intervenir sur le contrôle et la promotion du développement économique

1946 1947

Liverpool FC gagne la ligue des champions

1949 1980

le Merseyside est classé par l’Etat dans les zones à développer pour bénéficier de traitements spéciaux des problèmes économiques

1952 1961

50 000 personnes partent du centre pour la périphérie

1955 1967

le Labour Party prend le contôle du City Council pour la première fois

1956

le métro aérien est fermé pour insécurité, il sera entièrement démoli avec 1959

1956

conteneurisation (le contener est inventé par l’américain Malcolm McLean)

1957 1962

les Beatles, force attractive pour la ville

1961 1969

plus de 6 000 familles quittent l’inner city pour les villes nouvelles

1961 1971

période de déclin continu. La base économique locale s’effondre, 70 000 emplois tombent dans la région, 90% à Liverpool

1962 1965

mouvement musical MerseyBeat, plus de 350 groupes dans la ville

1966 1972

une étape supplémentaire dans la destruction des slums. 38 000 familles (150 entités de logements) sont reloger à la périphérie de la ville

1966 1978

340 usines ferment, 20% de l’emploi s’effondre

1973

choc pétrolier

1977 1985

50% de chômage pour les North Docks, 40% pour les South Docks. la moitié a entre 16 et 24 ans. Ces derniers quittent la ville

1978 1979

Triomph, l’entreprise automobile, ferme et anéanti 3 800 emplois

1978 1985

extrême désindustrialisation. Les compagnies présentes partent et éliminent encore 40 000 emplois

1979

choc pétrolier

1979

Margaret Thatcher, à la tête du parti conservateur, prend les rênes du pays jusqu’en 1990

1979

Dunlop ferme ses usines et laisse 2 400 personnes sans emploi

1980

15% des espaces de la ville sont vacants ou abandonnés. C’est le taux le plus important du Royaume Uni

1981

Toxteth Riots causés par de terribles conditions sociales. Des échos sont à noter à Londres, Brixton et Bristol, St Paul

1993 1999

Liverpool, une des villes les plus pauvres d’Europe. L’opération gouvernementale Objective One la dote de 800 millions de livres sterling

1996 2004

Merseyside Investment Fund débloque 27 millions de livres

1999

première biennale de Liverpool

2001

Speke Airport est rebaptisé John Lennon Airport, pour les besoins de la rénovation, 45 millions de livres sont accordés et 500 emplois créés

2002

seconde biennale

2003

ouverture FACT (Foundation for Art and Crative Technology

2004

troisième biennale

2007

800 ans de Liverpool

2008

Liverpool, Capitale européenne de la culture

Liverpool chronology 1207 - 2008 faits liés à l’industrie portuaire, aux financements et à l’économie faits liés à la démographie faits sociaux


SCHRINKING CHRONOLOGY LIVERPOOL 1950 - 2008 1937

Pic de population - 870 000

Décen

1950 68

1956 conten

1960

Focus

1969 Comm

1970 choc pétrolier

1972 Inner A

conflit «lowest point»

choc pétrolier

1980

1979 Margar 1981 Toxteth 1981-1998 Me 1983-1987 Mil 1984 Nation 1986 Aboliti

1990

1995 Liverpoo

Liverp

2000

2000 Strategic

2004 Population - 439 000

2004 UNESCO

2007 800e an 2008 Capitale

2010

2020


New Towns suburbanisation

Décentralisation

Le mouvement de suburbanisation est considéré comme un facteur déterminant du déclin. En effet, l’absence de programmes et d’investissement dans les centres déjà dévalorisé conjugué aux politiques publiques incitant à la périurbanisation (implantations de quartiers résidentiels et solutions économiques pour les entreprises) ne fait que creuser le fossé entre inner city et périphérie.

Démolition terasses (logements) 1956 conteneurisation fermeture métro aérien Youth Culture fermeture des industries traditionnelles et entreprises multinationales en périphérie Focus inner city 1969 Community Development projects 1972 Inner Area Studies

Fermeture Albert Dock et King Dock

conflits 1979 Margaret THATCHER 1981 Toxteth Riots 1981-1998 Merseyside Development Corporation 1983-1987 Militant Government 1984 National Garden Festival 1986 Abolition Merseyside city council

Reconversion Albert Dock

Liverpool Vision est une compagnie de développement économique en charge de la reconversion physique et économique de la ville. Elle a pour but de consolider la structure économique de la ville afin de la rendre à nouveau compétitive face aux marchés internationaux.

1995 Liverpool Partnership Group Liverpool Vision 2000 Strategic regeneration framework 2004 UNESCO World Heritage docks 2007 800e anniversaire 2008 Capitale européenne de la culture

Liverpool BID DIG

Le BigDig est un ensemble de projets urbains et architecturaux sur 10 ans censés régénérer la ville et l’amener, en 2008, à la présidence de la capitale européenne de la culture. Ces opérations auront nécessité un investissement de 4,5 milliards d’euros, créé 14 000 emplois et permis de rationnaliser le réseau viaire du centre ville. Cette collection regroupe des projets de toutes échelles aux financements variés (publics et privés) et inclut notamment Paradise project (Liverpool One) et les opérations de waterfront.

frise chronolog

Annexe 1 - frise : production personnelle - sources : WPII, Manchester/Liverpool », Shrinking Cities project, OSWALT P, Berlin 2004, COCKS M., COUCH C., The Governance of Urban Shrinkage in the Liverpool City-Region, United Kingdom, research report, avril 2011


Liverpool City Centre strategic investment Framework. Strategic priorities and implement annexe, Liverpool Vision, 18p. Waterfront section p. 3, 4




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