À PROPOS DU SPECTACLE
Une réunion de famille dans un cinéma abandonné, devant un film que l’on ne verra pas : dans un geste profondément romanesque, Christophe Honoré poursuit le dialogue avec son passé et retrace les liens défaits au fil de trois générations.
Ce film c’est celui que Christophe Honoré a rêvé mais n’a pas su réaliser. L’histoire de sa famille à Nantes, des bombardements alliés en 1943 aux vibrantes années 80 qui ont façonné celui qu’il est devenu. C’est ce long-métrage imaginaire que le metteur en scène convoque dans Le Ciel de Nantes. Sept personnages réunis dans un cinéma abandonné vont en commenter les scènes, en une série de flashs mémoriels.
Au fil de ce dialogue vif entre cinéma, théâtre et biographie familiale, se dessinent des destins tragiques, des vies brisées, de l’amour et des incompréhensions.
Ven 20h
Sam 18h
Dim 15h
Durée 2h15
ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE HONORÉ
Nantes, comme le titre de la pièce l’indique, apparaît comme un personnage à part entière du Ciel de Nantes… Quand j’étais enfant, Nantes, c’était pour moi comme New York, Paris ou Moscou. Nous habitions Rostrenen, une petite ville des Côtes-d’Armor, alors je trouvais ici une architecture invisible là où je vivais : des théâtres, des cinémas, une prison… j’étais fasciné ! Et ma famille maternelle, dont parle la pièce, c’était « les Nantais ». Quand nous arrivions chez ma grand-mère, dans son HLM du lotissement du Grand Clos (au nord-est de Nantes), elle nous accueillait avec un : « Ah, voilà les petits Bretons ! » À l’époque, je ne comprenais pas pourquoi, le dimanche soir, il fallait repartir vers Rostrenen.
Dans une scène, votre grand-mère raconte que vous l’avez emmenée sur les traces du cinéaste Jacques Demy, à Nantes. Cette ville a-t-elle participé à vous construire ?
Nantes a été mon premier espace de liberté. Quand j’ai pu y venir seul, j’ai beaucoup quadrillé la ville, je m’y sentais vivant. Ma grand-mère me laissait libre de faire ce que j’avais envie de faire. [...] Ensuite, j’ai été étudiant à Rennes et je me suis détaché de Nantes, que je trouvais alors un peu vieille, moins sexy que Rennes dans les années 1990. Je crois que les choses ont changé !
Quel rapport entretenez-vous avec Nantes aujourd’hui ?
Elle est comme une branche de ma famille un peu lointaine.
Je la connais moins bien que Rennes ou Paris, j’y ai moins d’affect. Elle a un côté assez fantomatique parce que cette ville sera toujours reliée à tous ces membres de ma famille qui ne sont plus là. Ici, c’est un peu de ma géographie sentimentale qui ressurgit.
Le jeune Christophe, votre double sur scène, raconte que Le Ciel de Nantes est au départ un film que vous n’arrivez pas à faire. C’est vrai ?
Tout ce qui est raconté est vrai, ce spectacle assume une part autobiographique. En 2002, juste après mon premier film, 17 fois Cécile Cassard, j’ai écrit le scénario du Ciel de Nantes : une saga ambitieuse sur la famille de ma mère, de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1990. J’étais alors un jeune réalisateur, ce film allait nécessairement coûter pas mal d’argent, alors, je l’ai remis à plus tard… J’ai conscience aussi que si je n’ai pas réussi à franchir le pas plus tôt, c’est parce que cette histoire comporte une part de violence et d’émotion particulière.
C’est donc au théâtre que vous avez trouvé comment la raconter…
Un plateau de théâtre est un lieu un peu miraculeux : avec une troupe, comme avec une bande d’amis, on est en confiance.
C’est dans ce cercle bienveillant, avec mes sept acteurs, que je me suis enfin permis d’affronter cette histoire.
Ce cocon protecteur a fait éclore ce film imaginaire où les gens disparus reviennent. Le cinéma est plus hostile, il y a toujours beaucoup de monde à affronter, des producteurs à convaincre… Votre patte de cinéaste, que l’on connaît à travers des films comme Les Chansons d’amour, Plaire, aimer et courir vite ou Chambre212, entre autres, est très identifiable dans la pièce… J’alterne films, pièces, mises en scène d’opéras. Ces pratiques s’enrichissent mutuellement. Et pour moi, il était essentiel que le spectacle soit aussi une réflexion sur les liens qui se tissent entre théâtre et cinéma. Le théâtre peut être une sorte de cinéma idéal. Le Ciel de Nantes est un spectacle très théâtral qui utilise aussi des outils de cinéma : il y a une unité de lieu, mais aussi tout un travail sur le hors-champ, comme un parallèle avec la mémoire.
Votre grand-mère maternelle a eu dix enfants, alors qu’elle n’en voulait pas, dites-vous… Cette famille, très dysfonctionnelle, est une source d’inspiration pour vous ?
La famille de ma mère a un côté très romanesque, c’est un peu mes Corleone (du film Le Parrain). Quand on descendait à Nantes, je savais qu’il y aurait des bagarres, des effusions, des hurlements et aussi beaucoup de tendresse. Aller voir cette famille, pour moi, c’était déjà aller au cinéma.
Vous ne viviez pas près d’eux, mais cette partie de votre famille vous attirait ?
Je voulais y aller, je trouvais que mes parents ne nous y emmenaient pas assez souvent. J’y ai passé beaucoup
de temps, surtout à partir de mes 12 ans, quand j’ai pu y aller seul. Je m’y sentais bien. Je me sentais tellement plus proche d’eux que de la famille tranquille de mon père. J’étais chez moi chez les Nantais, je crois que leur folie me rassurait.
Pourtant, vous avez eu besoin de partir vers d’autres horizons…
Ces membres de ma famille empoisonnés par la détresse ont été malmenés par une époque : le chômage, l’alcoolisme, la maladie, la dépression, les morts… comme beaucoup de gens des classes populaires, ils se sont pris en pleine figure le passage des années 1970. En grandissant, je ne les voyais plus avec mes yeux d’enfant et j’ai compris que toute cette violence était trop profonde. La fascination a fait place à la nécessité de l’éloignement. Ce n’était plus du cinéma…
Comment votre famille reçoit-elle la pièce ?
J’ai plein de cousins et cousines, on ne se voit plus très souvent, mais j’ai conscience que c’est toujours une violence de raconter une histoire qui appartient à d’autres.
C’est perturbant, c’est d’ailleurs pour cela que, dans la pièce, les personnages répètent : « C’est ta vision, Christophe ! ». J’assume le caractère subjectif de mon récit familial. Comme metteur en scène, j’ai le privilège de pouvoir transformer ce chagrin en quelque chose de plus heureux, avec parfois même un peu de drôlerie. La création artistique permet cela.
Propos recueillis par Anne Augié pour Ouest France, janvier 2022 Article complet à retrouver sur ouest-france.fr
BIOGRAPHIE
Écrivain, réalisateur, scénariste et metteur en scène, CHRISTOPHE HONOR É , né en 1970, a vécu son enfance et son adolescence à Rostrenen, en Bretagne. À l’image de sa double formation en lettres modernes et en cinéma, il ne cessera ensuite de s’emparer de tous les arts narratifs avec un goût certain pour la métamorphose. Il se fait remarquer pour son écriture romanesque en 2002 avec la sortie de son premier film, 17 Fois Cécile Cassard. Suivront plus d’une dizaine de longs métrages dont Dans Paris, Les Chansons d’amour et La Belle Personne. Parallèlement, il écrit pour le théâtre (Les Débutantes, Le Pire du troupeau, Beautiful Guys…) avant de passer à la mise en scène. À partir de 2013, il se tourne vers la mise en scène lyrique avec Dialogues des Carmélites, Pelléas et Mélisande et Don Carlos à l’Opéra de Lyon, Così fan tutte et Tosca au Festival d’Aix-en-Provence. En septembre 2016, il fonde sa compagnie, Comité dans Paris.
DISTRIBUTION ET MENTIONS DE PRODUCTION
Texte et mise en scène Christophe Honoré Avec Youssouf
Abi-Ayad, Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Julien Honoré, Chiara Mastroianni, Stéphane Roger, Marlène
Saldana Scénographie Mathieu Lorry-Dupuy Lumière Dominique
Brugière Vidéo Baptiste Klein Son Janyves Coïc Costumes
Pascaline Chavanne Assistanat à la mise en scène
Christèle Ortu Assistanat création lumière Pierre Gaillard Assistant costumes Oriol Nogues Stagiaire assistanat à la mise en scène Victor Lalmanach Construction du décor Ateliers du Théâtre, Vidy-Lausanne Équipe technique : Régie générale Martine Staerk Régie plateau Stéphane Dévantéry Habilleuse Sarah Bruchet Régie lumière PierreNicolas Moulin et Julie Nowotnik Régie vidéo Jad Makki
Production Elizabeth Gay, Anouk Luthier, Iris Cottu, Colin Pitrat
Remerciements Famille Puig, Alex Beaupain, Benjamin Biolay, Pierre Deladonchamps, Anaïs Demoustier, Aurélien Deniel, Marina Foïs, Vincent Lacoste, Ludivine Sagnier
Production Théâtre Vidy-Lausanne, Comité dans Paris (Compagnie de Christophe Honoré)
Coproduction Odéon, Théâtre de l’Europe - Célestins, Théâtre de Lyon - Comédie, Centre dramatique national de Reims TANDEM, Scène nationale Le Grand T, Théâtre de Loire- Atlantique - La Filature, Scène Nationale, MulhouseBonlieu, Scène Nationale Annecy - TAP, Théâtre et Auditorium de Poitiers - La Coursive, Scène nationale de La RochelleScène nationale d’Albi – Théâtre national de Bretagne, Rennes Ce spectacle est soutenu par le projet PEPS dans le cadre du programme Européen de coopération territoriale Interreg V France Suisse. La compagnie Comité dans Paris est conventionnée DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture (2020-2022).
SAISON 2023-2024
VOUS ÊTES PLUTÔT THÉÂTRE ?
• COLLECTIF TRAVAUX PUBLICS
Le social brû(il)le • Création 2023
23 27.04.2024
• ARTHUR NAUZYCIEL
Le Malade imaginaire ou le silence de Molière
24 27.04.2024
• JULIE DELIQUET
Welfare d’après le film de Frederick Wiseman • Création 2023
3 5.05.2024
• PAULINE BUREAU
Féminines Dès 10 ans
14 17.05.2024
Projet labellisé par Paris 2024 dans le cadre de l’Olympiade Culturelle
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