MAGAZINE
NUMÉRO 2 / MAI 2013 PHOTOGRAPHIE CORSE, TERRE D'INSPIRATION SERIE PAR ANTOINE OMERIN QUARTZ PAR Q. DE LADELUNE SACRALIZED PAR JUSTINE JUGNET OUTRE NOIR PAR MADI DERIVERY SILENT WHISPERS PAR REGIANNI CULTURE FASHION WEEK A/H 2013 DEMARCHELIER INTERVIEW NATHAN ZANAGAR VOYAGE RÉVEIIL À SHANGHAÏ
EDITO
C
e numéro 2 du Bizart Magazine marque une nouvelle période bien plus douce. Enfin, surtout moins polaire. L’hiver se faisait long : les pluies battantes, le mascara qui coule et qui pour se sécher se croutifie avec le vent du métro ; le froid et l’envie d’aller travailler en pyjama pilou… Raaaaaah oui printemps viens à nous ! L’hiver est une période où il est dur d’allier mode, confort, et température corporelle interne. Dans ce numéro 2 nous faisons le deuil de cette saison et glorifions le printemps, ses matières et ses couleurs. Un numéro 2 qui a eu la bougeotte et vous offre des photos des 4 coins de la France. Le corps et son expression au travers de sa sexualité, de ses limites, ou même de ses poils sont les lignes transversales de ce magazine. Soyons à l’écoute de nous même et de nos envies : suivons les tendances mais créons notre courant ! Notre identité stylistique est notre adn à découvert : le gêne cheveux rose pastel n’est certes pas génétique, mais il faut bien reconnaître que certaines filles le porte si bien, alors pourquoi pas nous ? Enfin j’aimerai vous rappeler que quelque soit la saison, la chaussure reste un indispensable, notamment l’escarpin. J’aime à dire que mon pied a la même forme que celui de Barbie, ce qui, hélas, m’empêche de porter des chaussures plates. Saviez vous que la forme du pied dans un escarpin est la même quand une femme atteint l’orgasme ? Personnellement en orgasme je fais du 39.
PHOTOGRAPHIE MADI DERIVERY MODELE AMANDINE CICIRELLO
BLACK
LINES Edito Coup d'oeil Dior et Magritte
3 7
Poème À Poil
39 41
Blandine Delville Flower Designer
9
On a testé Défilé Alexis Mabille Breakfast in America
Tatou Sculptrice fantasmagorique
13
Voyage Un réveil à Shanghaï
45
Accessoires mode Les dégonflés
17
Néon Spring Photographie Madi Derivery
48
Exposition Eileen Gray Demarchelier Diana Michener
19
Série Photographie Antoine Omerin
56
Quartz Photographie Quentin De Ladelune
64
Culture mode Céline et ses sandales
25
Sacralized Photographie Justine Jugnet
72
Culture objet Ridi-cool du kitsch
27
82
Architecture Oscar Niemeyer Art vivant Crew CMC
29
Outre Noir Photographie Madi Derivery Silent Whispers Photographie Julie Reggiani
94 106
Actualité Périple d'Hugues Reip
33
Metropolitan Hair Photographie Madi Derivery
112
Musique Nathan Zanagar
35
Injustice Photographie Nelson Tiberghien Rédaction
129
Album Free the Universe de Major Lazer
37
Remerciements
131
31
Pyrénnées de Magritte
COUP D'OEIL
DIOR
MAGRITTE
RAF SIMONS ET LE SURRÉALISME.
R
af Simons a créé une collection Automne/Hiver 2013/2014 bercée par le Surréalisme. Il englobe son New New Look dans un décor digne de René Magritte. En témoigne le décor lors de la dernière Fashion Week, d’autant plus sur cette photographie publiée dans L’Officiel (Mai 2013), le maquillage reprend clairement les ciels du peintre belge, que l’on reconnaît particulièrement dans sa toile Pyrénées. Une recherche jumelée de la poésie dans la figuration réaliste des choses. C’est cette association qui va créé la réflexion et l’émerveillement chez nous, amateur de peinture et/ou de mode.
INTERVIEW
BLANDINE DELVILLE FLOWER DESIGNER
Comment te décrirais tu en quelques mots ?
tique, et à la rentrée j’ai commencé un CAP d’un an. J’aurai pu très bien m’arrêter là, et commenRéfléchie, impliquée et rêveuse. cer à travailler dans une boutique de fleuriste. Mais j’ai préféré faire un BP en 2 ans, avec un Raconte nous ton parcours, jusqu’à au jour travail en alternance, pour en apprendre un peu où tu en es venue aux fleurs. plus. Après avoir obtenue mon Bac L, je me suis orientée directement vers une Fac d’arts plastique. C’est à partir de la 2 éme année que je me suis totalement impliquée, car la création de projet y était beaucoup plus poussée. En début de 3 éme année, j’ai eu un moment de réflexion sur le métier que je voulais faire, et j’ai eu l’envie très précise de quitter le monde universitaire pour me rapprocher du monde professionnel. Un jour, je suis tombée sur un article d’une fleuriste qui avait eu à peu près le même parcours que moi, et qui avait tout quitté pour vivre de sa passion. Et c’est alors que ça a été une révélation pour moi. Sans plus attendre, entre deux trimestres je me suis mise en quête d’un employeur. Alors j’ai obtenu ma 3 éme année d’Arts Plas-
Où puises-tu ton inspiration ? As-tu des références artistiques ? De partout. Que se soit dans les magazines de mode, dans les expos d’arts, ou de grands fleuristes. Parfois, c’est simplement une fleur en particulier qui va me donner envie de créer autour. Je suis également une fleuriste qui a un blog, et ce que j’aime c’est que la fleur est vraiment mise en scène. A l’école je suis plus libre, car rien ne m’est imposé. En boutique, j’essaie de proposer de nouvelles choses aux clients, comme accorder des couleurs auxquelles ils ne penseraient pas forcement. Comme le mariage du fushia et du rouge, que Christian Lacroix a repris souvent pour ses robes haute-couture.
Combien de temps consacres-tu à tes lance, mais avec un vrai contact avec les clients. créations ? Là bas c’est totalement ancré dans leur manière de vivre. Et je voudrais que les Français, prennent 10 min. Car c’est le temps autorisé en boutique. un véritable goût aux fleurs. Mais quand il y a des temps morts, je m’amuse à Flower Designer est un réel métier autour des créer des bouquets beaucoup plus sophistiqués, plantes et des personnes, et je voudrai propoet donc beaucoup plus long. ser de nouvelles choses, pour donner une toute autre dimension à ma profession. Est ce qu’il y a des messages particuliers derrières tes compositions ? Tu tiens un blog, comment trouves tu le temps pour assimiler ta vie personnelle et Je m’adapte en fonction des demandes. Mais ta vie professionnelle ? j’essais toujours d’innover, et de proposer des compositions originales, qui sorte du commun. Mon blog existe depuis quelques années, je l’ai Souvent les clients sont très réceptifs, quand je lancé quand j’étais en licence d’arts. C’est mon me permets de mettre ma touche d’originalité espace pour parler de ce qui constitue ma vie, dans un bouquet classique. c’est à dire mes passions. J’ai un besoin de communiquer et d’échanger, et ces derniers temps il Comment te vois-tu dans quelques années est vrai qu’il a pris une toute autre dimension. ? J’en ai fait refaire le design, et j’ai donc passé un nouveau cap. C’est ainsi que mes écrits ont Mon but n’est pas d’avoir une boutique de fleur, pris un nouveau tournant, centré sur l’univers des mais de travailler dans de grands palaces. Mon fleurs. J’aime également faire des photos, alors objectif serait de travailler pour le Georges V. c’est une bonne alliance pour présenter mon travail. En un sens, je partage mon savoir faire. Donc pas de boutique à ton nom ? Venez découvrir davantages de créations sur son Non, car je voudrais lancer un nouveau concept blog Un pied sur Terre. qui existe déjà en Amérique. Travailler en free PAR CHARLIE JANE
Bouquet printanier composée de roses Piaget
Blandine en phase de création.
Réalisation d'une broche de fleurs destinée aux mariages.
INTERVIEW
TATOU
SCULPTRICE FANTASMAGORIQUE
Brièvement quel est ton parcours ?
démarche intellectuelle est donc toute autre. Cela me permet de rentrer dans les détails, comme dans le dessin. Je retrouve ma formation de peintre avec le travail des patines et des oxydes. L’argile m’a permis de trouver un équilibre artistique.
Depuis mon jeune âge on m’a orienté vers le monde artistique. C’est donc tout naturellement que j’ai fait une école d’art sur Paris, j’ai d’ailleurs intégré l’académie de peinture du professeur Bloc. J’ai toujours dessiné et été créative avec tout ce que je trouvais, après il s’est avéré que si Comment procèdes tu pour créer ? j’ai commencé avec la peinture, aujourd’hui je me suis tournée pleinement vers la sculpture. Je ne vais jamais par hasard dans mon atelier. J’y vais guidée par une pulsion car je sais exacUn nouveau médium : l’argile, pourquoi ce tement où je vais. Je ressens comme une force choix ? créatrice où le geste et la rapidité de l’exécution deviennent presque inexplicables. Je suis portée Pour moi la vie est une continuité de cycles. par cette force et c’est ainsi que je vois naître J’ai entamé un nouveau cycle où la cuisson de mon nouveau sujet. C’est un travail d’amour, car l’argile est au cœur de ma création. J’aime le la confection et un médium organique entrent contact avec la terre, le travail de l’argile était en jeu. Toutefois, tout peut s’effondrer. Le four, donc évident. C’est une matière différente dans une des étapes principales dans l’argile peut tout le sens que quand on travail le bois ou la pierre, bouleverser. La cuisson peut être un facteur de on enlève de la matière. Ici, avec l’argile, bien au disparition, et j’aime cet imprévu, car la facilité ne contraire on peut en rajouter encore et encore. m’intéresse pas. Je peux changer la forme, lisser la matière, la
Quand on regarde tes œuvres, on retrouve dant toutes mes formes, tous mes personnages un caractère onirique commun, c’est im- viennent de moi seule, car c’est une chose portant pour toi ? d’avoir de la technicité mais c’en est une autre que d’avoir des idées. Oui, car mes trois thèmes de prédilections sont : l’Homme, l’animal et la nature. Tout ce qui est Vers quoi te tournes tu demain dans ton art, mythologique me porte depuis toujours. C’est de que souhaites tu faire de nouveau ? manière inconsciente que j’utilise mes couleurs de prédilections, tirées de l’Égypte ancienne, J’en suis à un moment où je souhaite partager comme la patine doré ou encore le vert de gris. mon travail. L’ombre au début est nécessaire et C’est avec respect que je me suis intéressée à nourricière, car chercher se fait dans le secret de cet univers, c’est pourquoi je pense qu’il y a une l’apprentissage. Aujourd’hui je souhaite ouvrir un véritable sincérité dans la curiosité. Cela se tra- atelier de femmes car l’argile a une véritable vertu duit dans mes choix. Au delà de cette mythologie thérapeutique. Un nouveau rôle de transmission lointaine, j’affectionne particulièrement l’univers et de guide qui est pour moi l’aube d’un nouveau de Cocteau comme dans « La Belle et la Bête cycle. ». Un monde où la magie et la poésie battent PAR MADI DERIVERY ensemble le rythme du fantasmagorique. Cepen-
RĂŠalisations Par Tatou CrĂŠdits photo Madi Derivery
MODE
LES DÉGONFLÉS ÉCOLO ET ORIGINAL
L
es Dégonflés a été créé en novembre 2012 et connaît depuis une ascension remarquable. La créatrice de cette jeune marque de bijoux souhaite se pencher, comme elle le dit, sur des « vêtements de bonne qualité, demandant une faible production d’énergie, réalisés par des créateurs locaux, avec des matières premières biologiques ou upcyclées ». Les Dégonflés s’engage dans un combat écologique – les matières premières sont recyclées et tout est fabriqué en France, de manière artisanale - et tente de montrer que l’upcyclage peut produire des pièces désirables, très portables et pourquoi pas tendances – bien que la créatrice privilégie une consommation réfléchie à un changement perpétuel, résultat des phénomènes de mode qui ne sont pas en accord avec ses convictions écologiques. L’upcyclage constitue la transformation d’un objet ayant une utilité propre pour lui en donner une toute nouvelle. C’est ce qui se passe ici avec les chambres à air. La créatrice nous propose des accessoires et bijoux en chambre à air recyclée : c’est son matériau de base. Elle en fait des boucles d’oreilles, des bracelets, des colliers, des ceintures et bientôt des sacs ; les bijoux ont l’apparence du cuir, mais avec l’avantage qu’il est difficile de les abîmer. Outre l’originalité du concept, les créations sont plus que réussies. Une imagination débordante et de nombreux voyages donnent des bijoux aux influences ethniques légères ou assumées, qui peuvent s’accorder à de nombreuses silhouettes. En effet, les boucles d’oreilles plumes se marieront très bien avec un look urbain, mode, un peu street mais peuvent aussi relever un tailleur noir des plus classiques, ou encore, les gros colliers aux diverses franges iront très bien au-dessus d’un t-shirt blanc simple ou dans le décolleté d’une chemise ouverte en haut. Pour l’instant, on ne trouve cette marque dans aucun magasin, mais
on peut espérer tomber sur la créatrice à l’occasion d’une vente itinérante ou salon créateur, ou alors aller visiter le site internet de la marque où l’on peut se procurer toutes les créations. On trouve Les Dégonflés également sur le site La Cocarde-Verte qui fait la promotion de créations écologiques et sur A Little Market qui met en avant les créations fait-mains. Leurs emplacements sont donc bien stratégiques. « La création (...), c’est mettre en forme une idée qui nous trotte dans la tête. C’est aussi exprimer ce que l’on a au fond de ses tripes, nos émotions, nos coups de gueules. » Créatrice engagée, l’initiatrice de ce projet considère que l’art est accessible à tous, elle entend par là que tout le monde peut devenir artiste, c’est une question de « lâcher prise ». Elle met tout ce qu’elle a dans ce qu’elle crée et espère que son engagement touchera, par ses créations, un large public, car en effet, sa cliente peut être étudiante ou avoir la quarantaine, fashionista ou aller rarement dans un magasin de vêtement, cela l’importe peu. Elle s’est d’abord intéressé à la chambre à air en elle-même, ensuite lui est venue l’idée des bijoux, facilement adaptables à ce matériau. Elle n’a d’ailleurs pas une formation de créatrice de mode mais artistique : un passage aux Beaux-arts, dans quelques théâtres, une sensibilité à la musique, un amour de la bidouille et de la retouche en tout genre qui se retrouve dans une admiration portée à Royal de Luxe ont forgé sa personnalité et ses goûts. Ambitieuse, elle souhaite que Les Dégonflés parvienne à un inscrire sa place, et que le succès soit au rendez-vous car elle espère faire passer son message écologique au plus de monde possible. On lui souhaite également ; son engagement, ses convictions et ses créations sont convaincants et méritent d’être (re) connus. PAR MAXIME LAPRADE
EXPO
EXPOSITION EILEEN GRAY
D
u 20 Février au 20 mai 2013 Le Centre Georges Pompidou nous offre une rétrospective sur une femme artiste du début du XXème, hors de la peinture et la sculpture, c’est dans un univers qui oscille entre décoration/ design et architecture que nous sommes invités. Ce n’est que très récemment que ses créations sont revenues au devant de la scène artistique. En effet, en 1972 la vente de la collection du couturier et ami de Gray, Jacques Doucet, lui redonne ses galons au cœur du monde des Arts Décoratifs. En 2009, la vente de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent ne fait que valider sa place de valeur sûre au Panthéon des designers. Cette exposition au Centre Pompidou s’aligne naturellement dans cette tendance. Présentée dans la Galerie 2, Eileen Gray s’articule dans une suite chronologique. Chaque pièce correspond à une période, et se place sous l’augure des hommes qui ont marqués la vie de la décoratrice iconique. De Jean Désert, à Le Corbusier, ou encore Jean Badovici, c’est une femme forte que nous découvrons et qui a eu l’intelligence de s’entourer des bonnes personnes pour sa carrière. La scénographie de l’exposition est à l’image de ses créations : toujours à la
recherche de la force de l’angle, une répétition de la forme de ses meubles, qui plonge le visiteur dans une œuvre globale. L’aspect pédagogique de Pompidou nous donne accès à des croquis, et lettres de l’artiste, qu’il est intéressant de consulter pour comprendre l’avancée d’un projet. Projet d’autant pus important que la conception et décoration d’une maison. Par exemple la Villa E 1027 est le fruit d’une collaboration entre Gray et Badovici. Le travail de l’axe et du plan sont au cœur de la réflexion. Des outils tels que des croquis, maquettes, film et photos nous permettent de prendre conscience pleinement la relation entre architecture et mobilier. Eileen Gray, crée tout au long de sa vie du mobilier et de l’architecture d’une incroyable modernité, à tel point qu’on pourrait encore considérer certains de ses meubles comme avant-gardiste. Une longue vie marquée en 1972 par sa nomination à la British Society of Arts en tant que Royal Designer for Industry. Une exposition claire et documentée qui permet au grand public de découvrir les figures du monde des Arts Décoratifs. PAR MADI DERIVERY
« Un photographe, c’est quelqu’un de fragile. On doit se renouveler tout le temps. Pour moi chaque travail est un nouveau challenge. Ce qui a été fait avant est oublié. » Patrick Demarchelier
EXPOSITION
DESIRE PATRICK DEMARCHELIER
Un songe au cœur de la sensualité de la photo de mode.
D
u 13 Mai au 22 Juillet 2013, une exposition consacrée à Patrick Demarchelier s'installe à la A.Galerie à Paris. Desire fait une sorte d'écho à la précédente rétrospective du photographe au Petit Palais de Septembre 2008 à Janvier 2009. Demarchelier apporte une French Touch à la photographie de mode : un profond respect pour les modèles ou les célébrités qui passent devant son objectif. Cela transcende la pellicule, le naturel et la spontanéité sont ses credos. La femme devient une sorte de déesse d'elle, sublimée et magnifiée : elle inspire l'admiration. Un regard doux et bienveillant se pose sur chacune d'entre elles. Ce sentiment crée une proximité avec le spectateur, les stars ne nous semblent pas si
éloignées ou inaccessible. Elles ont des expressions, elles font des grimaces, mais elles restent belles. Entre photographie de mode, ou portrait de stars Demarchelier démocratise son art : en effet, on se souvient du « Call Patrick » dans le Diable s'habille en Prada, ou encore de son passage dans la célèbre émission du top modèle Tyra Banks America's Next Top Model . Nous vous proposons d'aller (re)découvrir cet amoureux de la femme, qui travaillé pour les plus grands noms, magazines et marques. Amateur de mode et de photo, cette exposition saura vous séduire. PAR MADI DERIVERY
EXPOSITION
FIGURE STUDIES DIANA MICHENER
D
iana Michener, étant totalement inconnue pour moi, c'est sans a priori que je passe les portes de la Maison Européenne de la Photographie, afin d'y découvrir son exposition. Quelle fut ma surprise, lorsque où je me suis aperçue, que l'espace qui lui était réservé, se limitait à une unique salle. Ce n'est pas forcément un mal. À l'échelle d'une exposition de galerie, les visiteurs passent rapidement, en laissant aux spectateurs réellement intéressés, tout le loisir pour contempler, pour étudier. Petite déception tout de même, en ce qui concerne l'apport théorique, assez restreint. Il se résume à une présentation de la série, affichée dans un espace davantage dédié au passage (en haut des escaliers) et d'une biographie. L'effet de « surprise » passé, on se plonge assez aisément dans l'univers de cette photographe américaine, née à Boston en 1940. Il faut savoir qu'elle a produit ses premières photographies dans les années 80, c'est à dire relativement tard, car elle avait déjà 40 ans. La mort, l'identité, la sexualité, sont des sujets difficiles qu'elle a l'habitude d'aborder dans ses séries. Ici, sur les grands formats, en noir et blanc, ces thèmes sont facilement identifiables. On observe alors, l'importance toute particulière apportée au flou, au mouvement. Les contours des corps sont effacés, pour laisser au spectateurs une libre interprétation de la scène, bien que la nudité des corps suggère fortement l'acte sexuel.
L'aspect morbide, que l'on a souligné comme faisant parti de ses réflexions, est également sous-entendu par les contrastes très prononcés. Cette pointe d'angoisse que l'on peut ressentir, à travers le côté très ombré, est probablement liée au fait que la compréhension n'est pas totale. D'ailleurs, elle flirte avec l'abstraction. Dans une certaine mesure l'oeuvre de Diana Michener, peut faire penser à la photographie surréaliste. Les thèmes sont identiques, à l'inverse que cette fois l'approche du corps féminin est vu par une femme alors que chez Man Ray notamment, il s'agissait d'un regard de l'homme sur la femme. La démarche est donc différente, mais il est difficile de ne pas faire le rapprochement. La vision du corps déformé peut être, aussi, mise en relation, avec les photographies d'André Kertész. L'aspect déformé des corps, l'impression de fusion avec le fond, peut faire penser à ses distorsions, bien que ce dernier faisait usage de miroir et que Diana Michener n'utilise pas d'accessoire. Finalement, la part de mystère dans ces photographies, laisse place à la l'interprétation personnelle du spectateur, ce qui permet ainsi de nous imprégner totalement de l'univers de la photographe, et d'apprécier pleinement cette série.
PAR GWENAËLLE PAVIET-ROCHE
PRIÈRE DE TOUCHER
CULTURE ART
CELINE ET SES SANDALES, UNE PAIRE POST OPPENHEIM
C
’est en 1933 que Meret Oppenheim, artiste érotisée par Man Ray marque son entrée dans la vague surréaliste de son époque. Elle côtoie les grands noms tels que André Breton, Alberto Giacometti ou encore Jean Arp. Consciente du caractère exceptionnel de son statut de femme, elle en joue dans ses productions. Elle confronte l’Homme et le regard du spectateur sur le caractère sexué de son art. En témoigne Déjeuner en fourrure, cet ensemble de coupe, tasse et cuillère ne permet certes pas de déguster un petit thé, mais comme une madeleine de Proust nous renvoie directement vers l’œuvre si choquante de Manet : Déjeuner sur l’herbe (1863) Oppenheim crée un jeu de référence par le titre, car la fourrure de la tasse nous conduit obligatoirement à penser à cette femme nue au centre de la toile. Femme au centre de la toile, tasse au centre de la femme… C’est un savant jeu qui mêle humour et manipulation. Un humour référenciel que l’on retrouve dans les chaussures Céline à fourrure.
C’est dans cette vague surréaliste que la Mode rejoint l’Art. Il s’agit d’une création voir d’une expérience de mode contemporaine. La forme en elle même fait penser à une Daisy de tapis rouge, et ce n’est pas l’élégance qui caractérise cette production. Il est toutefois remarquable de penser que 2 femmes à presque 80 ans d’écart se posent la même question de l’identité féminine à travers le médium de la fourrure. Le poil n’est-il pas la référence au sexe ? Pensez à toutes ces peintures arborant des femmes nues, elles n’ont pas de poils, elles sont sensuelles pas sexuelles. Ici le poil est ramené aux pieds, comme une gloire douçâtre d’un membre top numéro 1 des fétichistes. À travers cette paire de chaussures, la grande marque Céline place la femme sur un piédestal surréaliste et fourré, une place qui permet à la maison d’aller au delà de ses propres créations. PAR MADI DERIVERY
CULTURE OBJET
LE MOBILIER ET
LE KITSCH Ou comment se passionner pour les horreurs du quotidien.
L
e mobilier de table du XVIIIème peut être considérer comme l'âge d'or du Kitsch. En témoigne la terrine exposée salle Rocaille du Musée des Arts Décoratifs à Paris. Il faut dans un premier temps se familiariser avec le vocabulaire spécialisé : une terrine est un type de contenant que l'on utilise pour la cuisson des aliments, la soupière quant à elle est une sorte de plat de présentation, on ne peut donc pas faire de cuisson avec. Cette multiplication de contenant paraît insensée de nos jours, mais il faut bien comprendre qu'à l'époque on s'inscrit dans une logique de réception et donc de luxe, il faut impressionner ses invités. Aujourd'hui au contraire, on recherche de la praticité et la plupart des contenants sont multifonctions. Ce genre de faïences volumineuses ont été abandonné, les modes de vie ont changé, la taille de l'habitat est plus réduit, les rangements aussi, il est donc rare de posséder une telle pièce que l'on va sortir religieusement une fois dans l'année quand on fait une soupe pour des convives nombreux. Dans le détail, cette soupière a des attributs animaliers très forts: ses pieds ressemblent à ceux d'un petit chien, son couvercle fait penser à une coquille d'huître, quant à la partie basse elle est plutôt proche de celle d'un crapaud. En clair, une chimère à poignée que l'on s'attend à voir croasser. Il faut remettre la bête dans son contexte : les arts de la table sont en pleine expansion et le comble de la mode est de posséder des plats et des contenants en forme d'animaux. En bref c'est une époque au summum du kitsch, où les plats prennent la forme de tortues, biches, choux, dindons, sangliers, aubergines mais aussi de grenouilles. Le XVIIIeme est un siècle où les
temps changent et les mentalités évoluent, le nouveau roi ( Louis XV) insuffle une nouvelle ère, en quelque sorte la France renaît. Cette soupière est donc très représentative de cette période de renouveau des styles. La notion de confort apparaît à cette époque, on en retrouve d'ailleurs certains stigmates notamment sur l'unique poignée de la soupière. Dans une logique de confort on aurait attendu du potier qu'il intègre des poignées à l'avant et à l'arrière de la soupière pour faciliter son transport des cuisines à la table. Cependant si cette modification avait été apportée à la faïence, elle aurait perdu son aspect animal. L'évolution main/ couverts, contenants est fondamentale pour les arts de la table car elle instaure le beau dans l'utile. Si on considère cette soupière comme futile, elle a une grande importance culturelle mais représente aussi un savoir faire que l'on a de plus en plus tendance à perdre au profit de l'industrie et des nouvelles technologies de production. Cependant le Kitsch est toujours contemporain, d'autant plus quand il est traité par des grands théoriciens de l'histoire de l'Art. Clément Greenberg dans son ouvrage L'Art et le Kitsch explique que le kitsch s'adresse à une part de la population qui ne peut comprendre l'art « authentique » comme Manet, ou Cézanne. Il passe à travers le pop, la publicité et les films hollywoodiens. Nous pouvons donc nous rassurer en voyant les saladiers en forme de choux de nos grands mères, ou bien le sac canard à paillettes de Carrie Bradshaw. Le Kitsch est un art de vivre esthétique qui frôle les limites du ridi-cool. PAR ALEXANDRA COUTAND
« Ce n’est pas l’angle droit qui m’attire, ni la ligne droite, dure, inflexible, créée par l’homme. Ce qui m’attire, c’est la courbe libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon pays, dans le cours sinueux de ses fleuves, dans la vague de la mer, dans le corps de la femme préférée. » Oscar Niemeyer
ARCHITECTURE
OSCAR NIEMEYER 104
ans, c’est l’âge qu’avait Oscar Niemeyer, quand il nous a quitté le 5 décembre dernier. Cet architecte de grand talent a vécu une existence riche, qui laisse son empreinte dans la vie de tous les brésiliens tout en contribuant à l’évolution de ses collègues. Pour comprendre un peu mieux cet amoureux de la ligne courbe, je vous propose de (re)voir certaines de ses réalisations. Quatre pour être précise ! Mais tout d’abord une brève présentation s’impose. Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, plus communément appelé Oscar Niemeyer est un enfant de Rio de Janeiro. Né le 15 décembre 1907, il étudie l’architecture à l’école des Beaux Arts de Rio. Dès son diplôme en poche, il travaille en tant que stagiaire à l’agence de Lucio Costa. C’est d’ailleurs à cette période de sa vie qu’il rencontre pour la première fois Le Corbusier. Malgré les divergences qu’il y a pu avoir entre Niemeyer et Le Corbusier, ce dernier a eu de l’influence dans le travail de l’architecte brésilien. L’épuration des formes, l’usage du béton sont des éléments que l’on retrouve chez Niemeyer, cependant sa vision de l’architecture est différente. En effet, pour lui, l’utilisation de la ligne droite et des angles droits n’est pas naturelle. Oscar Niemeyer était un amoureux de la courbe, symbole des lignes sinueuses des paysages de son pays, mais aussi en référence aux formes sensuelles du corps féminin. Nous allons voir à travers ces nombreuses réalisations à quel point la courbe est l’élément moteur. La Chapelle Saint François de Pampulha (1943) est l’une des premières réalisations de Niemeyer. On peut voir à travers elle, les prémisses de son style, avec une approche brute et massive de la courbe. L’édifice est moins aérien que les suivants, mais déjà la plasticité est très travaillé notamment avec ces façades. Il se différencie en apportant davantage de souplesse, dans une époque où la brutalité des formes domine en architecture. La Cathédrale de Brasilia (1970), est probablement l’une des réalisations les plus connu
de Niemeyer. Elle est construite dix ans après la construction ex-nihilo de la ville par Lucio Costa (urbaniste sur ce projet) et Oscar Niemeyer lui même. Cet édifice religieux met en avant l’un des paradoxes de l’architecte brésilien : athée, cependant il reste fasciné par les édifices sacrés. Outre cette fascination, ce qui est surprenant c’est cette facilité à donner une sacralité au lieu. Dans la cathédrale de Brasilia, où la manière de concevoir l’architecture religieuse est totalement repensée (pas de traditionnel plan en croix), on entre dans l’obscurité pour ensuite y découvrir la lumière. Après le coup d’état au Brésil, Oscar Niemeyer, sans cesse inquiété à cause de son appartenance au parti communiste, s’exile en France en 1967. Le siège du Parti Communiste Français a était construit à cette période. On reconnaît ici son amour de la courbe et du béton. La façade de verre reflète les bâtiments alentour. Elle donne la sensation d’être le mouvement de l’eau. On voit ici, la capacité qu’à Niemeyer, à donner une certaine douceur dans des bâtiments aussi massif. Après son exil, il retourne au Brésil en 1985. Le Musée d’Art Contemporain de Niteroi fait parti de ces bâtiments, qui a été construit à cette période de sa vie. Il n’hésite pas à continuer à expérimenter, quand bien même, son style était déjà affirmé.Oscar Niemeyer a, comme on a pu le voir, fait évoluer la manière de concevoir des architectes, en repoussant les limites de la construction. PAR GWENAËLLE PAVIET-ROCHE
RĂŠalisations du crew CMC
ART VIVANT
C.M.C
INVESTIT LA RUE
L
es graffitis sont des inscriptions ou des dessins réalisés sans autorisation dans un espace public. Ils sont présentés aux passants sans intermédiaire institutionnel. Picasso avait déclaré à Brassaï « la création pure, c’est un petit graffito, un petit geste sur un mur ». Cette année le Musée de la Poste présente l’exposition « Au-delà du Street Art ». Elle montre l’inscription des artistes de la rue, dans l’histoire de l’art, et dépasse l’image vandale. Cependant, on peut se demander si dans ces institutions, le graffiti ne perdrait pas une part de lui-même : sa spontanéité et sa liberté. On peut pour cela féliciter le Palais de Tokyo qui ouvre « ses entrailles ». Le projet est de rester le plus possible dans la démarche du graffiti : soit investir les lieux de passage du bâtiment, espaces à l’abandon. Interrogeons un artiste hors des circuits institutionnels:
Pourquoi Soma ? Soma vient du livre d’Aldous Huxley, le meilleur des mondes, qui dépeint une société où tout est réglementé. Les gens sont divisés en classes sociales strictes. Tous les travailleurs à la fin de la journée reçoivent leur ration de Soma : drogue distribuée par le gouvernement servant à rendre la population docile. J’ai trouvé ça intéressant car je trouve que c’est un peu ce que fait l’Etat avec la publicité. J’ai donc commencé en graffant sur les espaces de pub, puis dans la rue. Je me suis fait plusieurs fois arrêter, maintenant j’investis surtout dans des espaces autorisés. Que graff-tu ? Surtout des lettrages, cela permet de faire passer
directement un message. Si je faisais des personnages, cela aurait probablement été mieux pris par les riverains et la ville de Paris car le mot et le sens qu’ils véhiculent peuvent être ressenti comme une agression par les passants. Que penses-tu du Street art au musée ? C’est un drôle de paradoxe. C’est intéressant car cela permet au graffiti d’étendre ses horizons et de multiplier ces manières d’être vu. Mais le même graff, dans la rue où dans une galerie, n’est pas jugé de la même manière : cette hypocrisie qui est alors regrettable. PAR THOMASINE ZOLER
ACTUALITE
PERIPLE HUGUES REIP
Quand la station Mairie de Montrouge et la chenille du pays des merveilles s’ouvrent au public.
A
vec la prolongation de la ligne 4 du métro vers le centre de Montrouge c’est le Grand Paris qui prend de l’ampleur, confirmant du même coup les projets urbains en vigueur dans toute la capitale. Cela est une occasion pour amener l’art dans les Hauts de Seine, et à l’inverse pousser les habitants vers Paris et ses musées, au moyen du métro. La station Mairie de Montrouge est donc un point de départ vers une capitale artistique. Ce nouveau lieu de trafic urbain s’intègre dans la grande action de Paris pour briller au travers d’une de ses richesses : le métro. Quand on pense qu’il y a un classement des plus belles stations de métro du monde, on comprend alors l’importance pour Paris de faire partie du classement. Les transports en commun sont empruntés par la plupart des touristes et représentent donc une source souterraine de rayonnement culturel. C’est pourquoi la politique culturelle française invite ses artistes à participer à ce processus : on se souvient des porches de Guimard (encore en vigueur pour la station Abbesses, ligne 12, notamment), ou encore en 2000 de l’oeuvre de Jean-Michel Othoniel pour la station Palais Royal Musée du Louvre. C’est à Hugues Reip que la station Mairie de Montrouge a été confiée, l’artiste a voulu convier les voyageurs dans une excursion aux confins de l’étrange en créant l’oeuvre Périple. Cependant en vous y rendant ne vous attendez pas non plus à débarquer dans 20000 lieux sous les mer, c’est une œuvre
d’art très discrète que vous devrez trouver. En effet, c’est sur les détails que l’artiste a travaillé, notamment sur les dalles de carrelage qui sont marquées de différents motifs de fossiles. De plus, les escalators sont ornés de pierres créant une impression de cascade le long du dénivelé. La pièce maîtresse restant la chenille qui orne la poutre de la sortie rue Louis Rolland. La dite poutre surplombe les voyageurs, permettant ainsi à la chenille de nous scruter depuis son poste inaccessible. Elle devient un personnage étrange et omniprésent comme le chat d’Alice aux pays des merveilles. Cette sculpture ne ressemble pas au reste de la production de l’artiste, cela lui confère une dimension d’autant plus unique et inhabituelle. L’interprétation personnelle est donc de mise pour comprendre cette œuvre en particulier, car c’est aux yeux de Monsieur et Madame tout le monde qu’elle est exposée, et non derrière une vitre dans un musée, dévoilée aux érudits. Périple est une œuvre timide mais englobante, cependant elle fait clairement écho aux difficultés rencontrées lors de la percée du métro 800 mètres après Paris. En effet pour ceux qui l’ignorent les travaux ont étés longs et fastidieux. La chenille représente donc le tunnel que la RATP a eu tant de mal à creuser, symbole d’un travail fait dans l’ombre de la chrysalide. Les portes de la sortie représentant la voie vers l’éclosion. PAR ALEXANDRA COUTAND
Crédit photo: Élodie Grégoire et Pascal Ménard
INTERVIEW MUSIQUE
Nathan ZA N AG A R N
athan Zanagar a tout juste 20 ans, et il regorge d’originalité et d’énergie. Il se fait connaître en 2009 grâce à son morceau «Hide and Seek», bande originale du film Chicas, qui allie une influence gospel à un titre rock. Depuis, il a enregistré quelques reprises à l’occasion de différentes collaborations, et prépare un album en français. Ses compositions mêlent des textes légers et surprenants à des instrumentales rock. Ses influences sont variées: de Céline Dion jusqu’à Tracy Chapman, en passant par Aretha Franklin, Michael Jackson ou encore Camille. Nathan est excentrique, électrique, et il a déjà enflammé le Nouveau Casino et le Petit Bain en janvier et mars derniers. En attendant son prochain concert, je l’ai interviewé dans la joie et le rire.
Tu as donné tes deux premiers concerts, comment ça s’est passé? Bien. Il y avait des défauts, mais je m’améliore à chaque fois et je me sens bien sur scène.
Parfois oui, et parfois non. Je ne pense pas qu’il faille voir un message dans toutes les choses artistiques, c’est l’erreur que les gens font souvent, de croire que dans chaque morceau quelque chose est dit. C’est plus généralement une émoTon aisance est palpable, en effet. Tu te tion. déhanches souvent de cette façon ? (Rires) Oui, j’adore danser ! Tu as écrit ton album seul ? Tu te sens comme Celine (Dion, ndlr) ? C’est moi le centre de l’émotion de l’album, Oui, je me sens complètement comme Céline, j’ai écrit la plus grande partie, mais certains de d’ailleurs je suis Céline. C’est très juste comme mes musiciens ont également composé des question. musiques, et d’autres personnes m’ont écrit des textes. Par exemple, un metteur en scène, Comment qualifierais-tu ta musique ? Gabriel Garran, a écrit un poème qui se nomme C’est très pop-rock, mais mes inspirations musi- Géographie Française, et il a accepté que je lui cales sont vraiment diverses. Il y a des choses tel- vole pour en faire une chanson. En général ce lement bien dans tous les genres, que j’aimerais sont des collaborations. J’adore faire les choses faire de tout: de la variété, de l’électro, du lyrique, moi-même, mais j’aime qu’on m’apporte des du rap. J’ai déjà rapé sur scène. choses. Quelles sont tes sources d’inspiration ? Je m’inspire de moi, des gens qui sont proches Suivez toute l’actualité de Nathan Zanagar de moi, ou des causes qui me touchent, comme sur sa page Facebook ou Twitter. le braconnage des éléphants. Cherches-tu de véhiculer un message à traPAR TARA BENEVISTE vers tes chansons ?
MUSIQUE
MAJOR LAZER FREE THE UNIVERSE
L
e projet musical Major Lazer voit le jour en 2009, grâce au DJ/producteur Diplo. D’abord associé à Switch, il travaille aujourd’hui avec Jillionaire et Walsky Fire, et ensemble ils réalisent un nouveau projet appelé Free the Universe, sorti le 15 avril 2013. Cet album est riche de sa complexité. En effet, la diversité des choix musicaux ne permet à aucun mot de vraiment le qualifier, tout comme aucun style de musique ne peut prétendre être roi sur ce cd. Une chanson peut avoir un rythme hip hop, une mélodie reggae, et une production électronique, et malgré tout ne s’inscrire dans aucun style musical défini. Cela permet au groupe à la fois de plaire au plus grand nombre, mais également de se créer son propre public. De plus, Major Lazer n’étant formé que de DJ, chaque chanson est une nouvelle collaboration à découvrir, avec un ou plusieurs artistes, comme Ezra Koening de Vampire Weekend, Ms. Dyna-
mite ou encore Bruno Mars. Chaque titre se différencie alors des autres, créant ainsi un collectif musicalement métis, tous néanmoins unis par l’extravagante touche musicale du groupe. Le premier single Get Free est morceau électronique efficace sur lequel la chanteuse du groupe Dirty Projectors a posé sa voix, créant une chanson à la fois mélodieuse et entrainante. Le clip, lui, est fait à partir d’images de bandes dessinées ce qui renforce l’envie de se démarquer qui se dégage de ce projet. Enfin, si la simplicité de certaines chansons a parfois été pointée du doigt à juste titre, il faut malgré tout souligner la richesse de l’album dans son ensemble, son authenticité et surtout sa singularité. Cet album sera parfait pour les soirées d’été entre amis passées à danser. PAR FANNY LEBRETON
POESIE
À POIL Le culte de l’épilation intégrale Ils sont partout et on les hait, ils sont en trop, on les voit laids. Arborer ses poils ça fout la trouille. Touffus, épais, malpropres, irréguliers ; on se plie à les arracher pour restituer à l’épiderme la délicatesse d’un nouveau né. Ce sont eux qui rendent notre peau sporadique et nos pores constellés de fins filaments drus, denses et discontinus. Au toucher, les poils font de nous des êtres écailleux et velus, alors on les maudit et on les abomine ; Ô bannissons ce pelage animal pour en faire des bobines ! Négatif. Les poils sont l’abri de l’intime, l’armure des énigmes. Sans eux notre histoire, notre territoire, notre grammaire sont ébranlés ; nous ne sommes plus nus, mais dévoilés. Mettre nos poils en exil, c’est céder l’entrée aux clandestins, c’est mettre en péril la quiétude qui se lovait dans notre chair en éveil. Ils rendent hermétiques nos lignes de fracture, imperméables les codes de notre génétique. Cessons d’abhorrer ce fort de la nature, de confondre l’érotisme et la pornographie. Ecimer le feuillage, sans raser la ramure jusqu’à la démesure, c’est restituer au sexe sa vertu de point de fuite du désir. Le corps s’épanouit et s’ouvre ainsi au plaisir nouveau d’une peau contre une peau. Quand deux nudités sont en proie au regard de l’autre, demeure sur la nymphe la feuille de vigne qui nous confère ce sentiment d’être entier. « Les femmes, c’est comme les artichauts, le cœur est sous les poils ». Fréderic Dard.
POEME ELSA VIET ILLUSTRATION PETER HEINRISCH
ON A TESTÉ
FASHION WEEK
ALEXIS MABILLE
P
our chaque fille qui se respecte la Fashion Week représente le Saint des Saints de la Mode. Une semaine où Paris, et le monde tourne autour d'une seule chose : les collections à venir. Qu'ont créer les seigneurs du tissu ? Que vont nous conseiller les papes de la Mode ? Quelles seront les tendances de l'hiver prochain ? Autant de questions dont nous pouvons vous esquisser une réponse. Pour vous nous sommes allés au défilé Alexis Mabille, voir sa collection Automne/Hiver 2013/14, au Palais de Tokyo le 27 février 2013. Plongez avec nous au cœur de ces 15 minutes d'émotions. L'arrivée au musée d'art contemporain est contrastée par les panneaux « Backstages/ Make Up », le lieu invite en son cœur une autre forme d'art, celui du textile et de sa création. Nous sommes en avance et nous profitons de loin des derniers détails avant le grand show. Néanmoins nous n'arrivons pas deux heures en avance mais 45 minutes. Des modèles révisent encore leur démarche avec leur tenue, les techniciens courent partout, rien n'a l'air d'être prêt. C'est cela qu'il y a de formidable avec la mode, c'est que tout a l'air d'un désordre infini jusqu'à la fin, où tout se met à sa place au dernier moment pour un défilé réglé au millimètre. Invitation à l'appui, nous entrons et prenons place dans ce temple éphémère de la mode dont le Dieu du Jour n'est autre qu'Alexis Mabille, le jeune créateur parisien qui a marqué son entrée avec distinction dans la Haute Couture quelques semaines plus tôt lors de la Fashion Week de Janvier. C'est donc avec impatience que nous attendons sa collection prêt à porter, par laquelle il a réussi à se démarquer les années précédentes. Le lieu est aménagé de sorte à laisser au vêtement toute la concentration des regards. Sobre, graphique, et dynamique de lignes et d'angles fortes, on devine que le jeu sur la coupe sera important. Les lumières s'éteignent, la musique envahie la pièce, le spectacle commence. Les
silhouettes s'enchainent et c'est une grande harmonie qui englobe la totalité de la collection. La femme est forte, elle est sublimée au travers de créations androgynes, qui reprennent le travail unisexe du créateur. Les jambes sont allongées, la taille est haute et marquée de manière douce et habillée. À l'image de l'hiver prochain, les couleurs habillent la dominante du noir. Tel un Pierre Soulages, Alexis Mabille redécouvre le noir, le transforme et le sublime. Quelques rehauts rouge viennent faire pétiller une gamme qui aurait pu être monotone. Cependant, dans le choix des matières et des coupes,le vêtement prend vie sous nos yeux. Chaque mannequin défile ici deux fois, les coiffures et maquillages sont des mises en beauté graphiques qui les habillent magnifiquement. Un dernier passage avec l'ensemble des modèles qui se fait sous les applaudissements du public, un peu plus convaincu encore du talent du jeune parisien. Nous sortons émerveillés, d'autant plus que des cadeaux L'Oréal (partenaire du défilé) nous attendent à la sortie. Une collection que l'on est impatient de voir portée, dans les rues de Paris, et sur les pages de nos divers magazines. PAR MADI DERIVERY
ON A TESTÉ
BREAKFAST IN
AMERICA
C
’est au plein cœur de Paris qu’une véritable porte temporelle culinaire s’ouvre à nous. Loin des chichis de la très haute gastronomie française, c’est avec plaisir et simplicité que nous vous invitons à faire un break* dans ce bistrot tout à fait américain. L’attente se fait dehors, et pour ceux qui sont allés aux États Unis ce n’est pas sans rappeler cette habitude outre atlantique. Durant la douce saison, cela n’est pas un problème, mais je pense que pendant l’hiver il faut être drôlement motivé pour vouloir manger dans ce restaurant. Mais l’attente en vaut largement la chandelle. L’enseigne possède deux salles réunies seulement par la cuisine, un mur porteur sépare la structure mais c’est la même ambiance qui règne dans les deux parties. En passant la porte nous plongeons dans une ambiance vintage et Rockabilly. Un décor rétro, rehaussé de couleurs vives qui vibrent avec nostalgie quand la serveuse nous demande combien nous sommes avec son accent anglais. En effet, c’est une des spécialités de la maison : les serveurs parlent anglais ! De même pour la carte qui est entièrement écrite en anglais. Perché sur notre tabouret et accoudé au bar, nous pouvons dire adieu à la nourriture détox et bonjour à la bonne nourriture américaine. Au menu : un petit déjeuner de compétition servi toute journée, et le petit plus vraiment très sympathique
vous disposez de votre grille pain juste à côté de vous ! Plusieurs formules avec le choix de saucisses, bacon, taille disproportionné d’omelette ou encore pancakes nous font de l’œil. Si vous avez envie d’un bon gros hamburger qui ne peut pas rentrer d’un coup dans votre bouche : vous avez le choix ! D’autant que l’établissement poursuit l’illusion avec des moutardes, mayonnaises et ketchup bien américaines à même la table. La portion de frite n’a jamais été aussi succulente qu’à ce moment. Dieu Malbouffe, merci de nous avoir donner ce temple en ton nom. Enfin pour bien finir dans la légèreté et le détox je ne saurais que trop vous conseiller leurs somptueux Milkshake. Au final, Breakfast in America est facile d’accès car en plein centre de Paris, bien décoré quand on aime le style rétro, on est servi très rapidement, les proportions sont correctes et le rapport qualité prix est tout à fait respectable par ces temps de crises… Que du positif, foncez y, mais mangez de la salade pendant une semaine après. Breakfast in America 4, rue Malher 75004 Paris Métro: St Paul PAR MADI DERIVERY
NOMVOYAGE RUBRIQUE
SHANGHAI L'OCCIDENTALE
C
liquetis de plâtre se détachant du mur pour rebondir près mon futon. Ma voisine du dessus se réveille et sonne par la même occasion la fin de mon sommeil. Il est 4h30 et le soleil commence à poindre aux travers des bambous de la cour intérieure pour illuminer mes fenêtres. L’heure pour moi de visiter Shanghai, appareil photo en main afin d’immortaliser les 2 mois que je passe ici. Le temps de préparer mon sac pour cette journée et de fermer la chambre de cette vieille maison shanghaienne que je loue et me voilà sur le départ. J’arpente les petites ruelles au hasard, me repérant vaguement par les indications Nord-Sud que comportent les panneaux nominatifs des lieux que je traverse sur mon parcours. Du haut de ses titanesques gratte-ciels, la place du Bund, berges de la rivière traversant Shanghai, m’attire. Je ne suis pas le seul, des centaines de touristes se pressent déjà le long des planches afin de se faire prendre en photo au côté de la fameuse tour de la Perle de l’Orient, défiant la ville avec les autres bâtiments incroyables qui l’entourent du côté de Pudong, quartier des affaires de Shanghai de l’autre côté de la rivière. Ce n’est cependant pas ce que je cherche à une heure si matinale, certains touristes chinois commençant déjà à m’aborder pour se faire prendre en photo à côté d’un étranger occidental. Je fuis cette agitation afin de me réfugier dans un parc près de Nanjing Lu, rue touristique pouvant être assimilé à nos Champs Elysées. A l’entrée, un marchand de fruit est déjà en place
proposant des coupelles de mangue et de pastèques fraîches, qui me servira très bien de petit déjeuner. Les préparations culinaires ne sont pas le quotidien des habitants shanghaiens, préférant choisir parmi les nombreux vendeurs de rue de multiples plats variés, nouilles sautées, barbecue en plein air au coin de son quartier. Je m’enfonce au travers de l’immense jardin implanté au plein cœur de la ville, croisant de nombreuses personnes âgées profitant de la fraîcheur du matin pour se promener. De la musique se fait entendre au cœur de la végétation. Le cours d’eau me guide sur une place où m’attend un spectacle pour le moins incroyable. Au son d’une vieille radio crépitant des accords de cithare chinoise, des dizaines de personnes se déplacent lentement au même rythme, semblable à une armée de danseurs figée dans l’aube. Je m’assois sur un banc afin d’admirer ces personnes pratiquer le qigong, mouvements destinés à canaliser l’énergie du corps afin d’en solliciter tous les muscles. Pendant plus d’une heure, cette foule ne cessant de croître répète méthodiquement un doux rythme dans une synchronisation parfaite. La fin de la musique vient sonner la fin de la chorégraphie, faisant se disperser peu à peu les habitants pour retourner à leurs activités quotidiennes. Les rayons du soleil percent aux travers de la voûte d’arbres qui nous entoure, me laissant rêveur, il reste tant de choses à voir. PAR ROBIN APPRIOUAL
SPRING
NEON PHOTOGRAPHIE MADI DERIVERY MAKE UP CHARLIE JANE STYLISME ALEXANDRA COUTAND MODELE AMANDINE CICIRELLO
TERRE D’INSPIRATION, LA CORSE
C’est à Costi Di Villanova que nous nous installons, face à la mer, pour shooter la couverture de ce deuxième numéro. À vingt minutes d’Ajaccio, par les routes de montagnes, le dépaysement est total. À notre arrivée, la brume lèche le flanc des montagnes, nous plaçant au dessus des nuages, c’est une Corse avec un faux air d’Écosse qui nous apparaît. La mer paraît laiteuse, comme après un orage. Seulement quelques heures plus tard le soleil reprend sa place d’honneur, et en profite pour changer les couleurs du paysage qui nous entoure. Une vue que nous connaissions mais qui renaît sous nos yeux. Une diversité saisissante de paysages et de couleurs qui ne nous laissent pas inertes, les pieds dans l’eau nous voyons les cimes enneigées des montages. C’est dans cet esprit que nous réalisons la séance photo. Au travers de chaque tenue, chaque maquillage et chaque coiffure nous souhaitons rendre compte
de ce sentiment de polyvalence extraordinaire. Nous partons du principe que chaque photo peut être la couverture, quand notre cover modèle porte une nouvelle tenue, c’est un nouveau personnage qui s’empare d’elle. Les couleurs vives, le jeu des matières, le travail de la lumière au moyen de la tenue (feuilles d’or/ paillettes, tulle...) sont les points importants de cette séance photo. Un ensemble de photographie qui au final représente pour nous la Corse, multiple et diverse.
SÉRIE J
’utilise la photographie comme un lien social, un outil pour rentrer en contact avec l’autre. Faire du portrait chez mes sujets, est un moyen de découvrir leur intériorité et leur manière de s’approprier un lieu. Se faire accepter dans leur antre est ce que je recherche par un jeu d’apprivoisement mutuel. La relation que le modèle entretient avec son espace est redéfinit par le cadrage de la photographie. Le choix de l’argentique et du format carré pour cette série est arbitraire, et contraignant dans les manipulations et cadrages qu’il suppose. En n’ayant qu’un objectif, qu’un seul format et qu’un seul appareil je me dois de rivaliser d’adresse pour composer de manière plus créative. En faisant se rencontrer ou se détourner les rayons lumineux et les regards de mes sujets, sortes de rayons visuels, j’essaie de révéler l’invisible de l’image photographique : à la fois la lumière qui en est à l’origine et le regard, qui en est le sujet PHOTOGRAPHIE PAR ANTOINE OMERIN
QUARTZ PHOTOGRAPHIE QUENTIN DE LADELUNE MAKE-UP MODELE JOSHUA NEWMAN
SACRA
LIZED PHOTOGRAPHIE JUSTINE JUGNET MODÈLE ANAÏS ENRY MAKE-UP BÉATRICE LE GAL COIFFURE KEVIN JACOTOT COURONNES AURÉLIE RAIDRON
Au travers d'une actualité autour de la démission de Benoit XVI, c'est la question de la religion axée sur la femme qui est à la base de cette séance photo. Jouer entre débauche et sainteté, avec des codes iconographiques modernes, c'est tout naturellement que le personnage emblématique de Jésus arrive au devant des idées. Dans la plupart des représentations des objets reviennent souvent, comme la couronne de ronces, les halos lumineux, les drapés, le vin, faire une réinterprétation s'est alors imposer comme sujet principal. Ce thème n'étant pas anodin, il fallait une réelle capacité d'adaptation au modèle pour s'adapter à ce rôle. Afin de mieux rendre compte de l'univers choisi pour cette séance photo femme, il fallait ajuster le stylisme : Aurélie Raidron, aussi connue sous le pseudo d’Asphodel Puwd, fabrique des couronnes de cire, c'est ainsi
que deux couronnes l'une blanche et l'autre noir intègre le shoot. Le jour du shooting, c'est le travail de la lumière qui est important, car il est à la base de la réflexion et par conséquent de la représentation. Une torche est posée au sol, derrière Anaïs la modèle, qui est montée sur une petite table basse noire afin que l’on ne voit pas la torche en arrière-plan. Etienne Ruggeri, photographe au Studio Le Carré avec moi, et Kevin le coiffeur, ont servi d’assistant à tour de rôle, montant sur une échelle avec un réflecteur argenté, afin de renvoyer la lumière de la torche sur le visage et le buste d’Anaïs. Ce projet a nécessite la collaboration de beaucoup de personnes, car il faut rappeler que le photographe n'est rien sans son équipe. http://justinejugnet.com
OUTRE
NOIR PHOTOGRAPHIE MADI DERIVERY MODELE AMANDINE CICIRELLO MAKE UP CHARLIE BARANGER
NOM RUBRIQUE
VESTE ZARA PANTALON TAILLE HAUTE ZARA CHAUSSURES ZARA
PHOTOGRAPHIE JULIE REGGIANI MODÈLES LÉONIE LOU / CAMILLE DEMOUGE / JOËL ADAMA STYLISTES OPHÉLIANE GINGER ROBINET / ANNE-SOPHIE JUST-MALMONT / ELISE DORCY MAQUILLAGE/COIFFURE: CLAIRE BERNARD
NOM RUBRIQUE
NOM RUBRIQUE
NOM RUBRIQUE
NOM RUBRIQUE
JULIE REGGIANI PHOTOGRAPHE
Il y a un véritable équilibre entre tes photos d’hommes et tes photos de femmes, comment expliques tu cela ? Mon travail consiste à mettre en valeur le comédien, qu’il soit homme ou femme, car l’importance est de faire ressortir la particularité de la personne, sa vérité, sa sensibilité, sa face cachée, à partir de «l’expression de son regard». Le tout dans la spontanéité pour capter l’instant présent, l’émotion. Tu travailles souvent en intérieur, pourquoi pas plus de photos en extérieur ? Je suis avant tout portraitiste, le modèle doit se sentir suffisamment à l’aise pour laisser aller ses émotions. Mon objectif est de créer une ambiance chaleureuse pour permettre un échange et une complicité avec mon modèle. Dans l’intimité de mon appartement, je peux capter le moment où le comédien est là, simplement là… Je réserve l’extérieur pour des événements moins intimistes. Concernant ta série pour illustrer le travail de la maquilleuse Claire Bernard publiée dans ce numéro, comment en es tu arrivée à ce résultat? Mon travail avec Claire Bernard, est le fruit d’une collaboration depuis plus d’ 1an. Une confiance s’est établie entre nous et nous savons ce que l’une peut attendre de l’autre avec une complicité naturelle, tout simplement. Quels sont tes projets pour 2013 ? Plusieurs projets m’animent pour 2013. Je suis actuellement à la recherche d’un studio photo que j’aimerai partager avec d’autres artistes. dans un but d’élargir ma palette professionnelle et me diriger vers la mode entre autres. J’envisage aussi de créer une exposition photos, sur l’enfance pour dénoncer une forme de maltraitante, enfance volée... Venez découvrir son site http://juliereggiani.fr
INTERVIEW
CLAIRE BERNARD MAQUILLEUSE
S’il y a bien une chose que l’on remarque dans ton travail c’est sa grande précision, est ce important pour toi ? Comment l’expliques tu ? Dans mon travail pour obtenir une grande précision, que je trouve indispensable, j’ai besoin de me projeter par rapport aux objectifs fixés, d’avoir en tête dès le départ la finalité du projet, ce qui doit en ressortir : au niveau de l’esprit dans une recherche d’originalité, d’homogénéité. C’est la raison pour laquelle j’attache toujours une grande importance aux détails avec exigence et rigueur envers moi même. Dans ta série Silent Whispers publiée ici, quelles ont été tes inspirations ? Avant chaque projet je fais des recherches préalables, je m’inspire de ce que je vois au quotidien, de magazines, de peintures, d’exposé, d’internet… Pour cette série, je me suis d’abord intéressée aux choix des modèles, Léonie pour son élégance naturelle, Camille pour le mystère et la sensibilité qu’elle dégage et Joël pour son côté brut et sauvage, afin d’avoir un mélange nuancé. J’avais une idée précise des couleurs et des décors, et ensuite les créations de la styliste sont venues sublimer l’ensemble. Pour toi quel est le maquillage ultime ? Celui que tu rêverais de faire ? Le maquillage ultime serait un jeu entre les matières et les pigments, comme expérimenter l’or, dans sa complexité de formes et de textures. Et développer un concept artistique, où le maquillage deviendrait décor. Quels sont tes projets pour 2013 ? Mon objectif serait d’avoir des projets d’une plus grande diversité, en m’investissant dans d’autres domaines comme la coiffure ( formation à venir ) la photo ( achat d’un nouvel appareil pro ) et la création d’une équipe pour une collaboration sur des projets communs avec l’organisation de manifestations dans différents domaines ( mode, cinéma, théâtre, clip, pub.. ). Venez découvrir sa page facebook Clairebernard Make up Artist.
METROPOLITAN
HAIR PHOTOGRAPHIE MADI DERIVERY MODELES CHARLIE / CAROLINE / SARAH
NOM RUBRIQUE
NOM RUBRIQUE
NOM RUBRIQUE
INJUSTICE
PHOTOGRAPHIE NELSON TIBERGHIEN STYLISME MADI DERIVERY/ ALEXANDRA COUTAND/ CHARLIE JANE MODELES GREGORY/ GUILLAUME/ QUENTIN/ ROBIN
NOM RUBRIQUE
INTERVIEW
NELSON TIBERGHIEN PHOTOGRAPHE
C'est à Nelson Tiberghien que nous confions un de nos shooting Hommes, plus adepte de la photographie de femmes, il relève le défi pour nous. C'est à la croisée du Vintage Rockabilly et de la photographie reportage que nous vous invitons à découvrir son style unique. Du point de vue du rapport Hommes Femmes, on note la forte présence de femmes, pourquoi ? C'est surtout d'un point de vue esthétique. La femme a un potentiel sémiotique plus important que l'homme et donc naturellement c'est un terrain d'expérimentation plus large. C'est d'autant plus important pour moi car j'essaye de ne pas rester dans les archétypes que la photographie de mode propose bien souvent. Comme il est plus évident pour un couturier d'habiller une femme, au niveau créatif que réceptif, je pense que la femme est une plus grande source de créativité pour le photographe. Cependant, aujourd'hui il est question d'hommes dans la série pour le Bizart... Dans ton univers on remarque la présence très forte de la sensualité, est-ce conscient dans tes prises de vues ? Naturellement. Je suis un fan de Helmunt Newton, Ellen Von Unwerth, et même de Nobuyoshi Araki. Ce type de sensualité appelle à la rêverie et c'est tout l'enjeu de mes photographies. J'essaye de transformer le « ça a été » pour reprendre Rolland Barthes, en « ça pourrait être ainsi ». Ensuite il y a aussi l'enjeu du désir qui est majeur je pense dans ce type de photographie. Le désir que provoque l'esthétisme d'une part, mais aussi d'autre part le désir par procuration qu'appelle l'identification à l'image. Après cela reste un point de vue personnel dont la vocation est bien de réinventer le regard et la réalité. C’est, je crois, l’un des enjeux essentiels de la photographie. Comment fonctionnes tu pour « créer » de A à Z une photo ? Je suis pas le roi de l'organisation déjà. J'aime beaucoup m'imprégner des lieux avant de débuter une séance ou un reportage puis je me laisse guider par l'ambiance générale. Ensuite, je suis un passionné donc comme tout le monde je ne vois pas le temps passer quand je suis lancé, ce qui peut donner des journées assez conséquentes pour mes collaborateurs... Après vient le temps de la retouche qui reste dans le même état d'esprit. Quels sont tes projets pour 2013 ? J'espère rentrer dans une grande école de photographie pour un jour devenir professionnel. http://nelsontiberghiengallery.tumblr.com/
MADI DERIVERY
REDACTRICE EN CHEF ET FONDATRICE DE BIZART
ROBIN APPRIOUAL GRAPHISTE ET MODELE
ALEXANDRA COUTAND RESPONSABLE ARTISTIQUE
CHARLIE JANE
DIRECTRICE ARTISTIQUE ET MAQUILLEUSE EN CHEF
LA REDACTION
GWENAELLE PAVIET-ROCHE CHRONIQUEUSE
MAXIME LAPRADE
CHRONIQUEUR
FANNY LEBRETON CHRONIQUEUSE
ELSA VIET POETE
Défilé Alexis Mabille, Collection Automne/Hiver 2013-2014
REMERCIEMENTS
Julien Braun Helene Viart Blandine Delville Tatou Maxime Laprade Gwenaëlle Paviet Roche Thomasine Zoler Frédéric Laurière Crew CMC Nathan Zanagar Tara Beneviste Fanny Lebreton Elsa viet Peter Heinrisch Amandine Cicirello Antoine Omerin Quentin De Ladelune Joshua Newman Justine Jugnet Anaïs Enry Béatrice Le Gal Kevin Jacotot Aurélie Raidron Julie Reggiani Léonie Lou Camille Deouge Joël Adama Ophéliane Ginger Robinet Anne-Sophie Just-Malmont Elise Dorcy Claire Bernard Caroline Zanahoria Sarah Madou Nelson Tiberghien Grégory Freitas Guillaume Juncar Nelson