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Plan de relance européen : « un beau marché de dupes pour la France » .................................. 5 à

C’est une opération d’intox !

Pour obtenir ces aides, il y a une conditionnalité : le plan est fait en accord avec les objectifs du semestre européen, qui contiennent la réforme des retraites, de l’assurance chômage, ainsi qu’un plan de limitation des dépenses de santé.

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Enfin ce n’est pas une bonne opération car la Commission n’a pas les ressources pour rembourser cette levée de fonds. La France devra débourser 67 milliards d’euros pour compenser l’emprunt réalisé. Ce plan de relance

est donc un beau marché de dupes, surtout pour des États contributeurs nets comme la France qui contribuent plus qu’ils ne reçoivent. Marianne : Le remboursement de cette levée de fonds ne pourra pas être assumé par la Commission ?

La Commission a investi sur les marchés financiers sur la base de recettes qu’elle n’a pas. Le principe de base pour lever des fonds est de disposer de ressources propres. Or, les ressources de l’Union européenne sont les tarifs douaniers. Mais comme on passe notre temps à faire du libre-échange, les ressources douanières diminuent. Afin de trouver des ressources propres, il a donc fallu créer des taxes : celles sur le plastique et sur le numérique. Elles n’existent toujours pas à l’heure actuelle. Il faudrait tout d’abord que tous les États tombent d’accord pour valider ces taxes. De plus, les États-Unis sont venus mettre leur grain de sel et ont refusé la taxe numérique. La taxe plastique est quant à elle annoncée, mais n’a pas encore vu le jour. Si aucune entente n’est trouvée entre les pays pour imposer une nouvelle taxe, il incombe aux États membres de rembourser la dette, à la hauteur de leur contribution. La France sera sollicitée, en fin de procédure, à hauteur de 67 milliards d’euros. En cas de scénario catastrophe, la France devrait donner plus qu’elle n’a reçu. On se félicite aujourd’hui de récupérer 5,1 mil-

Le président du conseil européen Charles Michel avec A Merkel-E Macron-U von der leyen

liards qui ne sont couverts par aucune recette…

Marianne : Quand on parle de plan de relance, on imagine un plan économique. Pourtant, une grande partie de l’aide doit être investie dans la transition écologique. Les pays du nord de l’Europe ont aussi veillé à ce que cet argent ne serve pas au financement du chômage partiel ni à la santé pour la hausse des salaires des personnels, par exemple. Qui sont les grands perdants de ce plan ?

Il s’appelle improprement plan de relance. Mais ici, on a plutôt affaire à un plan de transformation des économies, avec le fait d’implanter des réformes structurelles. L’objectif est d’investir dans le numérique, dans la transition écologique, de digitaliser la société, et de soutenir la formation professionnelle.

Ce plan de relance soutient aussi l’idée qu’il faut rendre les administrations plus productives, plus efficaces… Ce n’est pas avec 750 milliards que vous faites de la transition énergétique et numérique, d’autant plus que ces milliards sont répartis entre chaque pays. Ce plan de relance est l’illusion du capitalisme vert. Si on rend les technologies propres, on continue comme avant et tout ira bien. rés comme un poids pour l’économie : les dépenses sociales. Pourtant, ces dépenses sociales sont la signature de l’Europe dans la mondialisation. Près de la moitié des dépenses sociales du monde est fait dans le cadre de l’UE. Mais on ne raisonne plus comme après la Seconde Guerre mondiale, où on articulait le social et l’économique au lieu de les opposer. Désormais, la revalorisation des salaires des fonctionnaires est perçue comme un frein à l’économie.

Rien n’est prévu pour faire de grandes dépenses de santé, afin de rouvrir des lits, relancer des hôpitaux et des cliniques ou rapatrier la production de médicaments… L’idée est plutôt de rationaliser les soins, mieux structurer et organiser. En clair, débrouillez-vous avec

moins. Ce plan n’évoque pas non plus ce qu’on va faire des grands secteurs comme l’automobile ou l’aérien. Ces secteurs qui ont été sauvés à coups de milliards pendant la période de confinement, afin de maintenir l’économie productiviste, carbonée et d’éviter le chômage de masse. Pour la France,

ce plan n’est ni comptablement ni politiquement ni socialement une bonne opération.

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