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Le pouvoir d’achat comme principale préoccupation des Français �������
Claude, 71 ans, et de son épouse illustre parfaitement la spirale financière infernale dans laquelle une passoire énergétique peut emporter des retraités. Le couple loue à Guise (Aisne) une maison de 90 m2 où les quatre radiateurs peinent à chauffer l’habitation. Le propriétaire ne veut rien entendre, refuse tous travaux pour améliorer l’isolation et se contente d’empocher le loyer de 426 euros. « On met les radiateurs au minimum, indique Jean-Claude, ancien vendeur, qui perçoit une retraite mensuelle de 850 euros. La température ne dépasse pas les 15 °C. » La situation s’est corsée l’année dernière quand son fournisseur lui a fait parvenir une facture de régularisation d’un montant de 1 200 euros à régler en plus des 2 000 euros acquittés annuellement. Face à l’impossibilité de payer d’un coup la somme due, Jean-Claude a reçu un avis de coupure avant de trouver un accord in extremis. « C’est d’autant plus rageant de devoir une telle somme et de dépenser autant chaque mois alors même qu’on ne parvient pas à se chauffer. » C’est justement pour éviter de telles situations que la Fondation Abbé Pierre (CAP) milite pour l’instauration d’un service minimum de l’électricité garanti par la loi. L’association s’adresse officiellement au gouvernement pour qu’un tel dispositif législatif soit mis en place. « Sur le modèle de ce qui existe pour l’eau depuis 2013, l’électricité doit devenir un bien de première nécessité. Il faut abolir les coupures tout au long de l’année et pas seulement pendant la trêve hivernale », martèle Christophe Robert, délégué général de la FAP. « Les coupures ne sont pas dignes d’un pays moderne comme la France, argumente-t-il. Il s’agit d’une question de dignité. Avant on prêchait dans le désert sur le sujet mais la sensibilité de l’opinion a évolué. Il faut désormais inscrire ce droit dans la loi. » Concrètement, le service minimum prendrait la forme d’une puissance minimale de 1 000 watts délivrée aux ménages en difficulté sous le coup d’une coupure. « De quoi faire chauffer un repas, allumer la lumière pour faire les devoirs et maintenir en route un frigo mais pas faire fonctionner un chauffeeau ou une machine à laver », résume le représentant de la FAP, tout en précisant que le dispositif ne signifie pas pour autant l’annulation des dettes. « Une coupure, c’est très violent, témoigne Laurence, une habitante de Strasbourg (Bas-Rhin) incapable de faire face à une flambée inexplicable de sa facture l’été dernier. Un matin, on se réveille, et plus rien. Ce n’est pas qu’on ne veut pas payer, c’est qu’on ne peut pas. » Pour la FAP, il y a urgence à légiférer pour l’instauration d’un tel droit, d’autant qu’un Français sur cinq affirme avoir souffert du froid cette année. La précarité gagne du terrain comme en atteste un baromètre du Médiateur de l’énergie. Ce dernier a recensé 280 000 coupures en 2019. Un chiffre en hausse de 17 %. « Et la flambée des prix du gaz et de l’électricité va précipiter des milliers de foyers dans des situations difficiles », prédit Christophe Robert.
La fondation Abbé Pierre réclame un service minimum de 1000 watts et l’abolition des coupures.
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Source : Le Parisien – D. Charpentier et M François – 20/10/21
C'est bien le sujet qui préoccupe le plus les Français. Selon un sondage Elabe, le pouvoir d'achat est de loin le thème le plus important pour la population dans l'élection présidentielle. 45 % de l'opinion publique y voient une priorité - soit 4 points de plus que la précédente enquête réalisée les 21 et 22 septembre. Quels sujets seront déterminants dans le choix des Français ? À six mois de l'échéance, c'est bien sûr à la question de leur portefeuille que les citoyens porteront une oreille attentive.
L'institut note d'ailleurs que l'intérêt pour le pouvoir d'achat est en hausse depuis quatre mois : 22 points supplémentaires dans les communes rurales (55 %) et 5 dans les grandes agglomérations (39 %).
Source : Le Figaro – extraits – D. Cohen – 20/10/21