La Frontière, HeartBeats de l'Eurométropole Likoto

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léa badel diplôme de paysage 2016 ENSAP Lille

La frontière, de l’Eurométropole Likoto

Quels paysages pour des espaces partagés par Halluin et Menen

?


Membres du jury Yves Hubert, paysagiste abajp, urbaniste, chef de projet à l’agence JNC international, enseignant à l’ENSAP Lille Catherine Grout, historienne de l’Art, docteur en Histoire de l’Art et Esthétique, professeur HDR à l’ENSAP Lille Vincent Bénard, paysagiste DPLG, écologue, gérant de l’agence Inuits Antoine d’Argentré, paysagiste DPLG, urbaniste, chef de projet chez Epode invitée : Elsa Escudié, architecte-urbaniste, responsable - adjointe du service Planification et Projets Urbains à la mairie de Tourcoing, en charge de l’étude urbaine transfrontalière Tourcoing-Mouscron


Remerciements Ce rapport de présentation est la première partie d’un travail de 6 mois de recherches, d’études et de questionnements, qui ont été enrichis par de nombreuses personnes. Je tiens à remercier :

Les professeurs qui m’ont encadrée : Yves Hubert, paysagiste abajp, urbaniste, chef de projet agence JNC international Armelle Varcin, paysagiste dplg Les professeurs et intervenants, qui ont fait avancer la réflexion, lors de présentations ou de séminaires : Philippe Thomas, Annie Tardivon, Michel Boulcourt, Nicolas Canova, Amélie Fontaine, Violaine Mussault, Sabine Ehrmann, Catherine Grout, Jean-Michel Merchez, Antoine Calix. Je remercie également les personnes que j’ai pu rencontrer ou avec qui j’ai pu parler de mon sujet : Trui Everaerdt, urbaniste à la mairie de Menen Stefaan Verreu, service « espace et environnement », intercommunale Leiedal Arnaud Julien, responsable du service urbanisme et foncier à la mairie d’Halluin Mustapha Taha, directeur du développement territorial et durable à la mairie d’Halluin Maud Macary, chef de projet chez VNF Renate Buysse, chef de projet chez W&Z Olivier François, directeur de développement de l’entreprise GALLOO les habitants, commerçants, français ou belges de passage avec qui j’ai échangé, même futivement, sur mon site. Enfin, pour le soutien et l’entraide : Guerric Heynen, pour son soutien immuable, les discussions, les remarques avisées... Clara Bompart, Clément Bonin, Guillaume Bury, Thibault Chantre, Alan Douchet, Julien Desagre, Cyril Guimard, Juliette Hochart, Audrey Josselin, Clément Large, Alienor Layet, Clothilde Moriat, Quitterie Morizot, Maud Nuñez, Juliette Ols, Ghislain Rabeil, Julien Truglas, Pierre Vedovato, pour l’énergie et la cohésion de groupe lors de cette dernière année à l’ENSAP Lille.


Sauf indication contraire, tous les documents présentés ici (photographies, cartes, schémas, plans etc) sont de l’auteur. De la même façon, tous les plans sont orientés au nord, sauf précision.


Préambule Les frontières sont des limites juridiques créées par les Hommes, pour les Hommes. Elles délimitent les territoires, sont le résultat de rapports de force entre deux états. Il est difficile de ne pas évoquer la fin du XIXe siècle, où l’Afrique a été partagée au gré des puissances coloniales européennes par de grandes lignes droites. Selon Hubert Deschamps, administrateur colonial et historien de l’Afrique, les frontières sont « une abstraction géométrique ne tenant aucun compte des peuples »1. Ces lignes avant tout militaires (le front défini par une armée) permettent un partage territorial mais également de compétences administratives. 1 Propos de Bernard Lugan, recueillis par la revue Atlantico, Afrique ou Moyen-Orient : « les frontières héritées de la colonisation pourront-elles encore résister longtemps ? », publié le 06/02/2013, www.atlantico.fr

Malgré la tentative des états-nations de tracer les frontières selon l’identification des peuples, les frontières témoignent encore aujourd’hui de sites stratégiques, liés à la défense du territoire : sur le réseau hydrographique par exemple. C’est le cas d’une partie de la frontière francobelge dans l’Eurométropole Lille-KortrijkTournai. La frontière y est délimitée par la vallée de la Lys, autour de laquelle se sont développées les « villes jumelles », moitié françaises, moitié belges. Parmi ces dernières, Halluin et Menen, rassemblent à elles deux près de 50 000 habitants, séparés par cette ligne administrative qui s’épaissit et s’affine par moments. Ce projet de paysage propose une réflexion sur la création d’espaces binationaux, afin que la frontière rassemble les peuples plus qu’elle ne les divise.

les f r onti è r es af r icaines d é cid é es par les puissances eur op é ennes crédits : R EUT ER S sour ce : atlantico. f r , F e r hat Mehenni et be rna rd Lugan

1


Remerciements Préambule 2. Sommaire 6-9. Introduction

1

Le territoire transfrontalier issu d’un même socle géographique 17

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– Géographie. Le rôle des frontières aujourd’hui : division ou réunion des cultures ? 18. Europe. Schengen, libre circulation des biens et des hommes 20. Migrations. Les frontières aujourd’hui et demain 23. Esprit. Interroger l’imaginaire de la frontière 24. Social. Communiquer avec son voisin

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– Paysage. En quoi la question politique des frontières interroge le paysage ?

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– Identité. Le paysage de l’Eurométropole LilleKortrijk-Tournai, identité et/ou appartenance commune ? 32. Atlas. Les entités paysagères de la frontière franco-belge 36. Frontière matérielle. La vallée de la lys transfrontalière et les villes jumelles 38. Héritage. L’histoire du marécage 40. biodiversité. Les limites de la «TVB» 42. Projets. A l’interface des projets de territoire

44. Bilan des enjeux


2

Une réalité de multiples fractures et de sectorisation 47

48

– Urbanisme. Les aspects règlementaires : cohérence territoriale et délaissés locaux ?

48. Traité. Le traité de Courtrai, mise à distance de la frontière ; des espaces libres qui disparaissent 52. Principes. Les grands principes de l’eurométropole Likoto 53. Règles. Les réglementations françaises et belges

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– économie. Le potentiel économique et réticulaire de la frontière : atout ou risque ?

57. Histoire. Golder River, le passé industriel de la frontière 58. Consommation. L’eau, potentiel économique et support d’activités 60. Pôle d’excellence. Un pôle d’excellence partagé entre la France et la Belgique 61. Activités. Les services et les équipements 62

– Bipolarité. Les 2 côtés de la frontière, des faces-à-faces irréconciliable ?

62. Morphologique. Unité et homogénéité contre confrontation et face-àface 64. Partage. Projets INTERREG IV et tensions entre les 2 communes

66. Bilan des enjeux

3


3

La frontière entre Halluin et Menen : lien ou rupture ? 69

70

– Séquences. Récit : 1 frontière ou trois frontières ?

74. La frontière consommée. L’espace que personne ne revendique 78. La frontière entre-deux. L’espace que tout le monde revendique 84. La frontière habitée. L’espace où la frontière est vécue

90

4

– Vallée. Traiter la frontière par la vallée, un potentiel pour réunir ?

90. Leievallei - Parc de la Lys. Le projet territoire de JNC pour rassembler dans la vallée 94. Urbain. L’arrière des maisons 96

– épaisseur. Définir l’épaisseur de la frontière pour mieux la traverser et/ou l’habiter ? 98. Bilan des enjeux

1+2+3

Résumé des enjeux principaux page 100


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La frontière, linéaire névralgique pour susciter des espaces de rencontre et d’échange 107

108

– île. Le caractère insulaire permet un espace de partage 108. Eau. La matérialité d’une fracture ou d’un lien : de la Lys transfrontalière à la Lys binationale 109. Acuponcture. l’île où l’eau bout

110

– Participer. le projet d’entreprise pour participer au projet de paysage

110. Galloo. Entreprise de recyclage belgo-française, portée d’entrée du territoire binational 111. VNF et W&Z. L’aspect technique de la mobilité pour faire paysage 112. Le Festival Heart Beats et les acteurs culturels. évènements fédérateurs franco-belges 114

– Stratégie. Dynamiques de projet

114. Mobilité. Assurer la perméabilité de la frontière 116. économie. Initier des plateformes économiques transfrontalières 117. Biodiversité. Fertiliser le socle afin d’apporter une qualité de vie à la frontière 118. culture. Des évènements pérennes ou éphémères pour animer la frontière 119. Tourisme. Une frontière attrayante 120. Social. Des espaces publics permettant la rencontre entre voisins 121

– Temporalités. Une frontière animée avec le temps

123. Conclusion 124. Bibliographie

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Introduction

étudiante en paysage à Lille depuis 4 ans, j’ai eu l’occasion de profiter des avantages de la position de « carrefour » de la ville. En effet, au croisement des dynamiques européennes, l’Eurométropole (composée de Lille, Kortrijk et Tournai) est une zone de passages, de déplacements et d’échanges.

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A Lille, qui se situe à 15 km de la Belgique, ces échanges sont perceptibles dans les lieux touristiques ou les zones de transit : vieuxLille, musées, gares... Néanmoins, la ville reste française, capitale de la région. Elle est encore trop peu intégrée dans les esprits comme capitale de l’ensemble urbain qu’on nomme « Eurométropole ». Pourtant la position géographique stratégique dont la ville bénéficie est connue de tous.

Lille reste une ville française proche de la Belgique mais elle n’y est pas directement accolée : des français y vivent et travaillent la journée en Belgique. Des belges habitent en Belgique et travaillent en France. Mais les gens ne sont pas français ET belges, et ils traversent chaque jour la frontière. En revanche, il existe dans l’Eurométropole des ensembles urbains où il paraît presque absurde de différencier les deux nationalités, au vu de leur proximité et de leur intégration au territoire. Il s’agit des villes limitrophes de la frontière, et plus particulièrement des villes jumelles de la vallée de la Lys. Les habitants y habitent la frontière plus qu’ils ne la traversent. Les habitants de Halluin et de Menen, sont séparés les uns des autres par cette limite administrative trop souvent délaissée, qui menace à tout moment de se « refermer ».

suite page suivante


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Face à cette situation et à l’actualité, je me suis demandé quelles relations de voisinage pouvaient se créer quand les voisins étaient séparés par une frontière ? Et quel paysage ces dernières créaient, motivant ou non les rencontres et les échanges ? Pour réaliser ce projet de paysage, j’ai sollicité les acteurs belges et français : les communes et intercommunalités, les entreprises, les commerçants, les habitants... Ces rencontres et mes recherches parallèles m’ont permis de mener une réflexion en 3 temps, avant de soulever les pistes du projet :

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1 La première partie, théorique, vise à mettre en exergue le rôle actuel des frontières internes à l’Europe. En quoi la question de ces confins, bien que vaste et appartenant à de multiples champs disciplinaires, interroge le paysage d’hier, d’aujourd’hui et de demain ?

Le leitmotiv de ce projet, c’est donc de retourner les habitants vers la vallée de la Lys. L’eau partagée, support de rencontre, est donc un atout particulièrement important. Pour franchir cette infrastructure, des traversées seront proposées à des points stratégiques, mettant ainsi en relation les différents sites et activités. Ma démarche s’inscrit dans le projet de territoire « Leievallei - Parc de la Lys » de l’agence de paysage JNC International. A Halluin et Menen, le « parc » devra se décliner sur différents milieux : un espace urbain, des reliques rurales, les anciens méandres etc. Selon les séquences identifées, la matérialité du « parc » pourra prendre différentes formes, et plus ou moins d’amplitude. Les trois grands axes programmatiques seront la création d’une plateforme d’activités binationales, la reconversion d’un espace résiduel en véritable plaine permettant le déroulement d’événements ponctuels, ou encore la connexion d’espaces publics et/ ou semi-privés qualifiés de façon à ce qu’ils soient partagés entre Halluin et Menen.

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La deuxième partie propose une réflexion générale sur les conséquences de la frontière franco-belge au niveau de la vallée de la Lys et expose un constat majeur : la frontière, fracture entre les villes jumelles. Le risque que des voisins se tournent le dos n’a jamais été si grand.

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La troisième partie aborde l’échelle locale et urbaine. J’y inscris un jeu de questions/ réponses afin de préparer le projet : quelle(s) épaisseur(s) de la frontière ? Quelles séquences ? Quels lieux stratégiques investir ? C’est dans cette partie que j’actionne les premiers leviers sociaux pour rendre possible le projet.

pistes

Enfin, la dernière partie, soulève les pistes et les actions possibles du paysagiste pour que les frontières deviennent des lieux fédérateurs.

En un mot,

la frontière

rassemble plus qu’elle ne divise.


ko r t rijk menin halluin

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les villes d ’halluin et menen dans l’eur omé tr opole

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2015

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Frontière et territoire.

Le territoire transfrontalier issu d’un même socle géographique

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Géographie. Le rôle des frontières aujourd’hui : division ou réunion des cultures ? Europe. Schengen, libre circulation des biens et des Hommes L’Europe sous Schengen

18

L’Europe, territoire riche, est au cœur des déplacements. Depuis les accords Schengen en 1985, le schéma politique semble tendre vers un régime d’ouverture, permettant ainsi les échanges entre les pays1. C’est la libre circulation des biens et des Hommes. Les frontières sont donc sans cesse traversées, entre autres par des personnes isolées, ou des populations massives. Les crises économiques et politiques mondiales de 2010 font des flux migratoires des événements constants qui se spatialisent.

principaux mouvements migr atoir es en 2005

Les migrations Partout dans le monde, les frontières sont confrontées au phénomène de migrations. Ces déplacements sont dûs à des enjeux de sécurité (crises économiques, politiques, climatiques) mais également à un enjeu de mondialisation.

L’édification infernale des murs Alors qu’une direction politique a été adoptée en 1985, différents événements viennent contredire ces orientations pour des raisons économiques et sociales. Les frontières européennes sont donc le lieu d’un paradoxe, entre ouverture et fermeture. D’ailleurs, face à ces phénomènes et à ces afflux massifs, des murs se dressent à l’emplacement des frontières, et ce même à l’intérieur de l’Europe. Les frontières deviennent donc des lieux de tensions où la mobilité est figée. 1 Marc Semo et Catherine Calvet, Michel Foucher : «Le régime frontalier dominant est celui de l’ouverture », Libération, publié le 20/09/2015, mis à jour le 02/10/2015

60 50 40

2001 : Attentats du 11/09 1989 : Chute du mur de Berlin

30 20 10 0

1945

Nombre de murs dans le monde

2015

sou r ce : donn é es compil é es pa r E lizabeth Vallet, Zoé ba rry, josselyn Guillar mou, @ chaire r aoul - daudur and, 2015


« À la chute du mur de Berlin, le monde s’est imaginé sans frontières, où des États, obsolètes feraient progressivement place à un village planétaire porté par la mondialisation. Les universitaires, les économistes, les théoriciens des relations internationales ont abondé dans ce sens, évoquant la fin des territoires, des souverainetés, des États, de la géographie. Mais le 11 septembre a sonné le glas de ces aspirations, refermant les frontières comme des pièges. Désormais, ces frontières ne sont plus des lignes, ni même des interfaces – ce qu’elles sont en principe. Elles ne sont plus souples et poreuses, mais dures et agressives. Constamment renforcées, fortifiées, elles sont de plus en plus fréquemment marquées par des entraves, des barrières, des clôtures, des murs, longées par des routes d’enceinte et des chemins de garde, dotées de capteurs de bruits et de mouvements, hérissées de postes de surveillance, de champs de mines, de caméras infrarouges, et de dispositifs d’éclairage. Dans cette nouvelle configuration, les frontières qui n’ont plus pour vocation de canaliser les flux mais bien de les arrêter. Dans un monde de plus en plus global, marqué du sceau de la mondialisation, les murs frontaliers se font de plus en plus fréquents, au point de constituer un phénomène sans précédent dans l’histoire mondiale. » Elisabeth Vallet, extrait de « Frontières : lorsque murer les frontières ne sert à rien », publié le 1 septembre 2015, sur https://borderwalls. hypotheses.or

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Les frontières européennes sous le poids des migrations Aujourd’hui, la presse française évoque sans cesse les problème de migrations, aux portes de l’Europe. Ces problèmes conduisent à des paradoxes à l’intérieur même de l’espace Schengen puisque la question de refermer les frontières internes se repose et vient peser dans le débat européen. En effet, l’Europe est la destination privilégiée des réfugiés politiques du Moyen Orient et d’Afrique. La « crise des migrants » semble donc ébranler fortement les accords de Schengen. Face à cette peur des migrations, on peut se questionner sur le risque que les frontières internes, donc ouvertes, se referment et que des murs s’élèvent à l’intérieur de l’Europe.

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« C’est en se dotant d’une couche isolante, dont le rôle n’est pas d’interdire, mais de réguler l’échange entre un dedans et un dehors, qu’un être vivant peut se former et croître » Régis Debray, Eloges des Frontières, Edition Gallimard, 2010

Les migrations vers l’Europe sont un fait mais elles seront également un besoin, une garantie d’équilibre économique et démographique dans un futur proche. L’enjeu est donc de faire face à ces migrations massives et de lutter contre la fermeture des frontières et le repli des pays sur eux-mêmes. Les frontières doivent être poreuses, afin de permettre les rencontres, et les échanges entre différentes cultures.

les gr os titr es de l a pr ess e fr ançais e en 2016, ex tr a its d es j our naux L e Mo n de, li bé r at i o n , co u r r i er i nt er nat i o nal , t él ér a m a, l a vo i x d u no r d.

Migrations. Les frontières aujourd’hui et demain


L’Europe, terre d’accueil dans le futur ? Au vu des projections économiques, démographiques mais aussi climatiques, les migrations seront un enjeu majeur à horizon 2050. Il est prévu que le solde naturel de la population européenne baisse de manière importante, de sorte qu’apparaîtra une forte demande de main d’œuvre qualifiée. Les pays d’Asie, dont la population augmente, seront sans doute à même d’y répondre. Par ailleurs, de par sa position géographique, l’Europe est un des continents le moins impacté directement et à court terme par le dérèglement climatique. Bien qu’il reste une forte part de migrations internes aux continents, l’Europe deviendra vraisembablement une région d’accueil privilégiée pour les migrants internationaux :

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ré par tition gé ogr aphique mondiale des migr ants inte rnationaux, en 200 5 sou r ce : vir ginie r aisson, 2 0 33 , at l a s de s f u tu r s d u m o n de, E d. Robe r t L affont, 2010



Esprit. Interroger l’imaginaire de la frontière

La fascination du dépassement des frontières

Actualité

Les frontières, ouvertes ou fermées semblent nourrir un imaginaire : qu’est ce qui symbolise la frontière ? Où est-elle ? Qu’y a t-il au délà ? Qu’elles soient ouvertes ou fermées, sous forme de chemins ou de murs, il y a une sorte de fascination sur l’emplacement de la frontière quand on ne la voit pas, et sur l’audelà quand elle est matérialisée. Un pas de plus et l’on est dans un autre monde.

Aujourd’hui, avec la « crise des migrants », les frontières sont au cœur de l’actualité. De ce fait, le contraste entre frontières ouvertes et frontières fermées est particulièrement fort. Quels points de passage ? Illégaux ou clandestins ?

Ma fascination personnelle Si ce sont les problèmes du quotidien liés aux frontières qui m’ont poussée à choisir ce sujet, c’est avec cette question d’actualité dans la tête que j’ai « traqué » la frontière lors de mes visites sur le site. Entre Halluin et Menen, frontière ouverte ou frontière fermée ?

L’actualité nourrit le sujet des frontières. L’imaginaire le nourrit également. Les frontières ouvertes confèrent une épaisseur ainsi que de multiples possibilités pour générer des points de rencontre entre les deux pays. L a f r onti è r e ent r e H alluin et Menen , le 31 dé cembre 1992

crédits : a la r eche r che du pass é d ’ halluin

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Social. Communiquer avec son voisin

2 états urbanisés différemment Le site étudié dans ce projet de paysage se situe à la rencontre de deux états différents : la France, état-nation et la Belgique, état fédéral s’y côtoient. Dans l’ensemble, le territoire présente des différences d’urbanisation entre les deux pays : la France présente des structures urbaines isolées les unes des autres alors que les villes belges s’étendent le long des voies de communication, formant un tissage.

3 régions ≠

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La conurbation des villes de Lille-RoubaixTourcoing et Kortrijk forme l’axe principal de l’Eurométropole franco-belge. Ce territoire s’étire sur 3 régions différentes (La métropole lilloise, le sud de la Flandre occidentale et la Wallonie picarde). Un enjeu

social est donc particulièrement important pour les relations de voisinage puisque 2 langues très différentes sont parlées : le flamand et le français.

Acteurs politiques x 2 La capacité à gérer, à protéger et à aménager le territoire est en partie entravée par cette différence linguistique. Elle l’est également par le dédoublement des acteurs. Les territoires transfrontaliers dépendent de pays différents, de régions différentes, d’intercommunalités différentes, et enfin de villes différentes. Par ailleurs, chaque nation bénéficie de ses propres structures d’aménagement, dont les portées s’arrêtent trop souvent aux frontières administratives et non au territoire.

Afin de mener à bien un projet transfrontalier et binational, les enjeux apparaissent à deux niveaux. 1. Il paraît nécessaire de coordonner les différents acteurs administratifs et politiques des communes concernées et d’engager une approche sociale et culturelle afin d’appréhender le territoire du projet. Ces différences ne doivent pas être un frein, mais une ressource. c r édits : fond de plan Atelie r 9.81

Lille métropole le sud de la Flandre-Occidentale la Wallonie picarde

2. Il paraît plus que nécessaire d’assurer la position des frontières ouvertes, et ce particulièrement dans l’espace schengen, permettant ainsi les échanges de biens et de personnes.


« Soutenir une abolition des frontières serait tomber dans une illusion symétrique de la précédente. Un monde sans frontières serait un désert peuplé d’individus interchangeables. Un cauchemar. Mais les frontières ne sont pas des murs qui doivent nous séparer et nous enfermer, ce sont des lieux d’identification (linguistique, juridique, politique, etc.) mais aussi de passage et de rencontre. »

Yves Charles Zarka, « Immigration : dans quel monde voulons-nous vivre ? », Le Monde, publié le 01/06/2011

25


Paysage. En quoi la question politique des frontières interroge le paysage ?

26 Le socle est en mouvement, il évolue sans cesse. La présence de l’eau il y a plusieurs millions d’années a laissé place à un sol argileux, gorgé d’eau. Ces caractéristiques géomorphologiques ont façonné le territoire et le paysage de la région transfrontalière franco-belge.

le tableau « M enin gate at midnight », de Will Longstaff (1927 ) pré sente la po r te de menen sur plombant la lys ma ré cageuse où l’on devine les soldats


Menen, zone stratégique et démantelée Ainsi les marécages sont nombreux sur l’Eurométropole, où le sol présente peu de dénivelé. Au bord de la Lys, Menen représente une zone stratégique, autour de laquelle les frontières se sont succédées. Face à ces guerres de territoire, le paysage de la ville s’est formé au fur et à mesure : traces de vestiges militaires, pertes d’éléments identitaires du patrimoine, comme la Porte au dessus de la Lys…

« Entre 1579 et 1830 Menin fut assiégée à vingt-deux reprises. Conquise, dévastée, reconstruite, reconquise. » Luc Devoldere

« A la recherche de la frontière, carnet de route d’un randonneur », De Frans-Belgische grens als navelstreng, Les pays-Bas Français – annales, n°25 | 2000, p.110-152

1678

S uccession de fr onti è res jusqu’au T r aité d ’Utrecht (1713)

27

cour tr ai menen

1713

halluin tou r coing

1668 1659

r oubaix

lille tou rnai

vallée de la lys


Territoire de plaines La frontière franco-belge se situe dans un territoire de plaines, qui s’étend jusqu’aux Pays-Bas. Au sud se trouvent les plateaux de l’Artois et du Ternois. La plaine est ponctuée par quelques petites hauteurs, comme les Monts de Flandre, entre lesquels serpentent les vallées douces. Trois plaines principales délimitent la frontière par le sud : la plaine maritime liée au littoral, la plaine de la Lys liée à la rivière

l a manche

éponyme et enfin la plaine de la Scarpe, liée la rivière affluante de l’Escaut qui constitue également une vallée principale du territoire. L’eau est donc omniprésente et a une grande importance sur le territoire transfrontalier. Bien que la frontière s’appuie sur des particularités géomorphologiques à certains endroits (au niveau de la vallée de la Lys par exemple), elle divise superficiellement un territoire et un sol qui semblent uniformes.

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Deux cultures différentes, entrainant deux pratiques du territoire différentes Bien que la frontière traverse un socle unique et homogène, les différentes lois et cultures de chaque état (ou régions) entrainent des pratiques différentes sur le territoire. Ces pratiques façonnent à leur tour le paysage à petite échelle, ce qui explique quelques différences : urbanisations différentes, formes des parcelles agricoles, les réseaux de becques et de noues plantées plus ou moins sytématiquement, jusqu’à la signalétique urbaine, les gabarits des voies, l’emplacement des pistes cyclables etc.

30

Il s’agira donc, par le biais du projet de paysage de :

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- prêter une attention particulière à l’eau (et à l’entièreté du système hydrographique) dont le paysage est gorgé. Elle pourra alors devenir un support moteur de ce projet. - retrouver et valoriser les paysages de plaines agricoles - travailler avec les différentes pratiques humaines françaises et belges.

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Identité. Le paysage de l’Eurométropole LilleKortrijk-Tournai, identité commune ? Atlas. Les entités paysagères de la frontière franco-belge

Les tensions de l’Eurométropole Likoto

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Le rapprochement des villes francobelges de Lille, Kortrijk, et Tournai forme une conurbation urbaine dynamique transfrontalière. On parle de l’Eurométropole Likoto. Elle est structurée par un axe économique formé par les villes de Lille, Roubaix, Tourcoing et Kortrijk. Cet axe implique de fortes dynamiques de mobilité et d’économie. Un réseau de villes isolées, de tailles moyennes ou petites, se détache du cœur de la métropole. Ces villes péri-urbaines et leurs identités sont impactées par les dynamiques de l’Eurométropole mais semblent néanmoins autonomes dans la dimension quotidienne. Elles participent aux paysages de l’Eurométropole en créant une alternance d’ambiances rurales et urbaines. C’est le cas des villes de Halluin et Menen, qui se situent dans la vallée de la Lys.

Les campagnes péri-urbaines Outres les pôles urbains, le territoire transfrontalier est composé essentiellement de campagnes. Les 3 vallées majeures (Lys,

Escaut et Deûle) structurent le territoire rural et péri-urbain, et participent à l’ambiance bucolique des paysages. Les champs de culture et les prairies marécageuses contribuent en effet au paysage « post-bocager » de l’Eurométropole. Des noues plantées de saules subsistent encore, même si elles tendent à diminuer. Aujourd’hui encore, on trouve des fermes isolées dans la campagne transfrontalière.

L’enjeu est de questionner et de valoriser l’identité rurale et les paysages de campagnes. Il s’agit également d’encourager l’autonomie des villes péri-urbaines tout en intégrant les dynamiques générées par les pôles urbains à proximité du site.


«Les pays ages de l a mé tropole tr ansfr ontali èr e» d ’aprè s la car te «la mé tr opole lilloise tr ansfr ontali è re» de P hilippe T homas et Anne Lepl at

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33

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alignement d ’arbres et de bosquets, souveni rs d ’une campagne bucolique

réseau de fermes

34


les villes , parsemé es dans le te rritoire rur al

les b âtiments indust riels enco r e t r è s pré sents

les infr astructures, structur antes , dans le paysage de l’ Eur ométr opole

35


Frontière matérielle. La vallée de la Lys transfrontalière et les villes jumelles Système de vallée

Symétrie ou linéaire ?

La frontière franco-belge prend appui sur l’amont de la vallée de la Lys, d’Armentières jusqu’aux villes de Menen et Halluin. La limite administrative constitue alors une véritable limite physique, matérielle, qui reste difficile à franchir. L’infrastructure du canal correspond à une frontière stratégique, régulant du fait les échanges entre la France et la Belgique. Néanmoins, et particulièrement dans le cadre du projet, le fond de vallée ne doit pas être perçu comme un élément de fracture, mais en revanche comme un élément fédérateur, soit la rencontre de deux versants.

La symétrie des villes jumelles par rapport au fond de vallée a également engendré une symétrie de la répartition des espaces. De ce fait, la vallée se dessine dans son linéaire grâce à différentes typologies.

Villes jumelles

36

La morphogénèse des villes témoigne d’un rapport à l’eau singulier. D’abord dans une position de repli face à la Lys marécageuse avant sa canalisation, les villes se sont implantées à l’abri des crues de la rivière. Elles se sont ensuite rapprochées brusquement de l’eau quand le canal a été construit et les crues contrôlées.

De ce rapport à l’eau se sont créees les villes jumelles, générant un dialogue de berge en berge et accusant des nationalités différentes de part et d’autre.

Les industries apparaissent comme des poches éparpillées le long de l’eau puisque facilement accessibles par bateau. Malgré la canalisation de la Lys transfrontalière, des zones marécageuses subsistent, favorisées par le sol argileux. Creusées dans les anciens méandres de la rivière (aujourd’hui il s’agit pour la plupart de bras morts), ces zones sont riches en biodiversité et constituent des refuges précieux pour la faune et la flore. En négatif se dessine le territoire rural de la vallée. En effet, le territoire reste essentiellement composé de parcelles agricoles destinées à la culture.

L’enjeu est ici de retrouver le rôle de la vallée, dont le fond est actuellement occupé par des espaces où l’Homme n’a plus sa place : zones industrielles et/ou réserves de biodiversité. Cet espace linéaire (qui a tout de même une épaisseur) doit conjuguer ces deux atouts mais également intégrer l’échelle humaine et entreprendre une dimension sociale. Des points de passage devront également être prévus et/ou renforcés pour faciliter les échanges d’une rive à l’autre.


L a fr onti è re sépare plusieu rs villes jumelles F B

tourcoing

lille

roubaix

le ch â pelet de villes jumelles

F B

zones industrielles et d ’activit és

37 F B

zones ma ré cageuses riches en biodiversité

F B

l’activité pé riphér ique agricole


Héritage. L’histoire du marécage La plaine inondable historique La Lys ayant une faible pente, l’étendue du lit majeur et de la plaine alluviale s’étend sur une grande largeur. De nombreux méandres sont présents et ont créé les zones humides. La Lys mitoyenne1, sujette aux crues, inondait souvent les berges avant sa canalisation.

La maîtrise de l’eau Afin de cultiver les terres, la Lys a rapidement été canalisée pour permettre le transport de marchandises sur l’eau et pour favoriser le passage d’un pays à l’autre par voie fluviale. 1 La Lys est fréquemment qualifiée de transfrontalière ou de mitoyenne dans le sens où elle longe les deux pays.

Plusieurs canalisations successives ont été réalisées, suite à la modification des tracés (agrandissements progressifs du canal). Aujourd’hui, des bras morts de la Lys subsistent, mais les multiples retouches du tracé de la rivière ont dénaturé le sol, en le fracturant de nombreuses fois. La frontière reste marquée par l’eau et plus particulièrement par le tracé des anciens méandres, ce qui lui confère une épaisseur plus grande à certains endroits.

Les rives inondables actuellement Au vu de sa canalisation, des écluses et des barrages qui ont été aménagés sur la Lys, le niveau de cette dernière est stable, avec une variation de 30 cm en moyenne. En effet,

38

une vue histor ique de la lys à ieper ( ypres) en belgique, à l’ouest de Menen sou r ce : http://www.menenpoo r thuis.be /


la superposition des retouches du tr ac é de l’ eau la f rontiè re se sp atia lise p a r une é p a isse ur m a is est inna cessibl e

f rontiè re

halluin F

menen b

avant le moy en age : la lys ma ré cageuse et les plaines inondables

fro nt ièr e

la frontière p erd de l’épaisseur et reste inna cessib le

1830 : p r emi è r e canalisation du fleuve et industries

la f rontiè re se sp atia lise p a r une é p a isse ur q ui va r ie e t est a c cess i bl e da ns les inte rstices f rontiè re

19 9 0 : r ectification du t r acé du canal : des br as mor ts subsistent

aucune inondation n’a été observée depuis 1980 (création des écluses de Comines et de Menen). Des crues exceptionnelles (centennales) restent possibles, auquel cas les rives de la Lys mitoyenne peuvent être inondées2.

2 échange avec Maud Macary, chef de projet du recalibrage de la Lys mitoyenne chez VNF

Nous retrouvons la dimension clef de l’eau à travers les enjeux liés au canal et aux anciens méandres : Il s’agira avant tout de fertiliser le sol à l’approche de la Lys qui a été fortement appauvri par les canalisations successives. En plus de prendre en compte les crues potentielles de la Lys et le caractère inondable des berges, le projet devra porter une grande importance aux méandres et travailler les épaisseurs de ces interstices binationaux, afin de développer des points de rencontre.

39


Biodiversité. Les limites de la «TVB» Nous l’avons vu, l’eau et les multiples tracés du canal de la Lys ont conféré une épaisseur variable à la frontière, déterminant des espaces plus ou moins construits, souvent en friche ou fortement végétalisés, et à caractère marécageux. Parmi les outils réglementaires français, le Schéma Régional de Cohérence écologique (SRCE) a fait élaborer par l’Agence d’Urbanisme de Lille Métropole un schéma de la «Trame Verte et Bleue»1 à l’échelle transfrontalière.

Le SRCE traite d’intentions générales et reste très schématique : il ne fait référence qu’à la dimention «sub-terrestre». De ce fait, il omet toutes précisions sur les éléments aériens et souterrains, pourtant indispensables pour la préservation de la biodiversité du territoire. En effet, ces niveaux sont eux, partagés entre la France et la Belgique, sans dimension juridique et administrative.

La Lys transfrontalière y concentre des enjeux de « connexion » à créer ou à renforcer mais ne précise par l’orientation de cette connexion.

40

Le ruissellement de l’eau sur les zones indust rielles cont ribuent g r andement à la pollution du canal.

Nous savons que les animaux et la flore font fi des limites administratives et circulent librement sur le territoire. Sachant que la Lys est aujourd’hui un canal stérile et extrêmement pollué, est-il préférable de privilégier la connexion le long de la frontière ou de façon transversale ? La «TVB» vise à favoriser et augmenter la boidiversité faunistique et floristique via la création de continuités.

1

Il y a un véritable potentiel de qualité de biodiversité, au niveau de la Lys transfrontalière. Aujourd’hui cependant, peu de mesures sont prises en compte : la frontière est un espace peu attractif et peu vivant. Par le biais de ce projet de paysage, la Lys devra donc devenir un support d’identité commune aux territoires et aux villes jumelles. En raison des enjeux environnementaux, le projet devra traiter des solutions possibles, malgré les entreprises polluantes, pour que la Lys partagée devienne porteuse de vie.


41

La Lys transfrontalière


Projets. A l’interface des projets de territoire Différents projets ont cours sur le territoire, impactant plus ou moins fortement le site Halluin-Menen. Non exhaustive, la liste cicontre permet de comprendre les grandes dynamiques impulsées sur la vallée de la Lys mitoyenne, et donc le long de la frontière franco-belge. Mis à part le projet « Leievallei - Parc de la Lys », aucun projet n’a pour but de traiter directement la frontière à cette échelle. Les

projets «transfrontaliers» existant (projet INTERREG par exemple) se fondent sur des principes, ou des aménagements à l’échelle urbaine, au local, et ne dépassent ainsi que de très peu les limites administratives. Ainsi au niveau de Halluin et Menen, la question du «transfrontalier» se spatialise dans les projets par le biais de la Lys, entre Armentières (France) et Kortrijk (Belgique).

Groene Sporen

projet écologique de Leiedal

menen

le projet Corrid’Or un parc transfrontalier de la Vallée de la Lys

42

Groene Sporen

projet écologique de Leiedal

liaison Seine-Escaut projet d’élargissement du canal

ZAC Front de Lys

halluin 0

Le projet Groene Sporen, porté par l’intercommunale flamande Leiedal se borne de part et d’autres du pôle urbain formé par Halluin et Menen. Aucun projet du même acabit n’est prévu en France. Sur la presqu’île entre les deux villes, côté France, il n’y a pas non plus de projet d’aménagement particulier.

500

1 km

Des fractures et des discontinuités subsistent dans les projets. Le fait que la Lys soit tantôt belge tantôt française freine la cohérence des projets de territoire. Cela a pour conséquence de multiplier les fractures. Il s’agira donc de : - coordonner tous les projets pour porter un projet binational à la grande échelle. - développer les projets dans une continuité et faire participer le site à des projets de plus grande échelle


Liaison Seine-Escaut - VNF (et W&Z) Projet français et coopération belge

B F

kor trijk

a rm e nt i è re s

l il l e

Le projet de la liaison Seine-Escaut des Voies Navigables de France est un projet d’élargissement des canaux existants entre la Seine et l’Escaut. Le but est de profiter de la traversée de régions industrielles à enjeux économiques afin d’assurer le transport de marchandises dans des bateaux de grands gabarits. Dans le cas présent on s’intéresse particulièrement à l’élargissement de la Lys mitoyenne.

Leievallei-Parc de la Lys -JNC Projet français et belge

B F

kor trijk

a rm e nt i è re s

l il l e

Il s’agit d’un projet INTERREG (dans le but de favoriser la coopération transfrontalière) nommé « Corrid’Or » et réalisé par l’équipe JNC. Il met en relation une multitude d’acteurs allant de l’Europe aux communes. Le projet vise à réaliser un parc paysager transfrontalier autour de la vallée, afin de renforcer le sentiment d’appartenance des habitants tout en préservant des espaces de nature au cœur de l’Eurométropole.

Groene Sporen - Leiedal Projet belge

B F

kor trijk

a rm e nt i è re s

l il l e

Le projet Groene Sporen, dirigé par l’intercommunale Leiedal, répond à enjeux écologiques, le long de la vallée de Lys. Il s’agit de créer un environnement attrayant et végétal et de permettre une agriculture durable, des espaces de loisirs de qualités dans un réseau dit « bleu-vert ». Le projet n’est pas directement sur le site du projet mais il permet de l’inscrire dans une dynamique récréative et de loisirs.

EuraLys - Syndicat intercommunal Lys-Nord Métropole. Projet français B F

kor trijk

a rm e nt i è re s

l il l e

EuraLys est un projet regroupant les zones d’activités situées dans la vallée de Lys entre Deûlémont et Halluin. Les principaux enjeux sont sociaux (remettre au cœur de la vallée des pôles attractifs), économiques (reconquêtes des espaces industriels et recréer de l’emploi) et transfrontaliers. A Halluin, les zones concernées principalement sont la ZAC du Front de Lys et la ZAC de la Rouge Porte.

43


Bilan des enjeux

Eurométropole, frontière ouverte !

Recréer de la vie 44

Les pratiques engendrées par l’Eurométropole ont conduit à une consommation du territoire et du paysage. L’hyperconnexion terrestre et maritime ainsi que les multiples espaces dont les sols sont imperméables ont participé à fragiliser le socle et l’ont considérablement appauvri. Avant de pouvoir créer des espaces de rencontre et de passage entre Halluin et Menen, le projet devra répondre à des enjeux de fertilité. Ce support de vie animale et végétale représente un enjeu considérable que les frontières ne devrait pas impacter, que ce soit dans le monde, dans l’Europe, dans l’Eurométropole où à Halluin et Menen.

Les acteurs de la frontière, quelles compétences, à qui ? Aujourd’hui, aménager un espace transfrontalier nécessite d’intervenir auprès de deux fois plus de personnes que s’il s’agissait d’un projet national. Devant cette difficulté, il est facile de revenir à un schéma plus simple : « moi je m’occupe de chez moi, toi de chez toi ». Mais ce type de pensées nuit à la cohérence et au potentiel de développement des espaces frontaliers. La mise en réseau des différents acteurs et des projets déjà en place permettra la création d’un véritable espace binational, partagé et profitant aux deux communes/pays.


a Rijselstr

en

llu Ha

e Lille

in

rt

rue d

Directement impactées par les dynamiques et les atouts de l’Eurométropole, Halluin et Menen forment aussi un ensemble uni par la nature et la structure du socle mais séparées par la ligne de la frontière.

voie ferrée

n Me

voie ferrée

Le site étudié correspond à l’ensemble urbain généré par la ville d’Halluin (en France) et la ville de Menen (en Flandre). Ces villes dites « jumelles » regroupent à elles deux près de 50 000 habitants de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai.

0

Fédérer autour d’une identité commune :

la vallée de la Lys Implantées dans la vallée de la Lys, les deux villes ont développé une seule et même identité territoriale et paysagère bien qu’il subsiste des différences. L’eau et les plaines agricoles y tiennent une place importante, et ne sont pas toujours valorisées. Les deux versants de la vallée, au niveau de Halluin et Menen, se rencontrent à la limite même des deux villes. Tout pousse ces dernières à se rencontrer et à vivre ensemble. Néanmoins la frontière, suivant le tracé de la Lys, a engendré des pratiques urbaines et sociales différentes de part et d’autre. Comment faire de cette vallée et de la Lys un élément moteur du paysage binational ?

500 1 km

Points de rencontre Avant toute chose, la frontière francobelge doit être considérée comme ce qu’elle est : c’est une frontière ouverte, qui permet l’échange entre les deux pays. Avec l’échange vient la notion de mobilité (l’acheminement et le passage de la frontière) mais aussi la notion de partage : afin de permettre ces échanges, la frontière doit permettre des espaces de rencontre et de traversées, et ce, à l’échelle de l’Eurométropole comme à l’échelle urbaine du site. Ce projet de paysage s’attachera donc à faire de la frontière entre Halluin et Menen un espace poreux.

45


46


2

Paysage hétéroclite.

Une réalité de multiples fractures et de sectorisation

47


Urbanisme. Les aspects règlementaires : cohérence territoriale et délaissés locaux ? Traité. Le traité de Courtrai, mise à distance de la frontière ; des espaces libres qui disparaissent En 1820, la France et les Pays-Bas1 signent le Traité de Courtrai. Ce dernier séquence la frontière en 6 sections. La deuxième section correspond à la frontière entre la Lys et L’Escaut (entre Armentières et Tournai).

kor trijk menen halluin

L’article 69 du Traité de Courtrai 48

«A l’avenir et pour l’intérêt des deux États, aucune construction de bâtiment ou habitation quelconque, ne pourra être élevée et ne sera tolérée qu’étant établie à dix mètres de la ligne frontière, ou à cinq mètres seulement de distance d’un chemin lorsque ce chemin est mitoyen et que son axe forme la limite.» Cette servitude d’utilité publique, non aedificandi, a été créée pour permettre avant tout une meilleure surveillance de la frontière. A ce titre, même les clôtures sont également interdites à moins de 10 m de la frontière. Néanmoins, l’article présice également que ces dispositions « ne sont pas applicables aux bâtiments destinés à des services publics ni aux installations ou travaux d’ordre public ».

1 La révolution belge n’ayant lieu qu’en 1830, c’est le « Royaume Uni des Pays Bas » qui détient le territoire actuellement belge entre 1815 et 1830.

armentiè res

lille tournai

L a 2 è me section de la f r ontiè r e f r anco-belge

La zone non aedificandi, tampon entre deux peuples ? Quand elle est éloignée de toute construction, cette zone non aedificandi ressemble à un no man’s land, non appropriable par l’Homme (photos 1, 2 et 3).


1

2

B F

F B

3

F B

49


4

Des « espaces libres » qui disparaissent En milieu urbain en revanche, cette zone non aedificandi est difficilement perceptible. En effet, les constructions belges et françaises se sont rapprochées les unes des autres jusqu’à toucher la frontière par moments (photo 4 et 5).

B 50

F

Ce pincement de la ligne frontalière permet de multiples lieux de traversées et d’échanges entre les villes de Menen et d’Halluin, bien que des espaces tampons subsistent (boisements etc.).

5

Le traité de Courtrai, outil réglementaire de la frontière contribue à creuser une limite entre les deux villes, pourtant tournées l’une vers l’autre. Les espaces générés par le traité de Courtrai sont singuliers du paysage transfrontalier. Néanmoins, ils sont encore perçus comme des zones de recul, de distanciation et non pas comme des zones de partage.

B F


la zone non aedificandi de plus en plus const ruite au fil du temps

menen

halluin

menen

51

halluin

menen

halluin


Principes. Les grands principes de l’eurométropole Likoto

1

Le GECT (Groupement Européen de Coopération Transfrontalière), est la structure chargée de régler les problèmes engendrés par la frontière. Il en existe 37 en Europe. C’est un groupement qui permet de créer une gouvernance adaptée à l’Eurométropole LiKoTo.

Le concept : l’Eurométropole Le but : effacer les frontières

2 52

Le comment : en constituant

une métropole polycentrique, triculturelle et binationale.

Les actions :

1- assurer la concertation,le dialogue et favoriser le débat politique,

2-

3

produire de la cohérence transfrontalière à l’échelle de l’ensemble du territoire,

3-

faciliter, porter et réaliser des projets traduisant la stratégie de développement à élaborer en commun,

4- faciliter la vie quotidienne des habitants de la métropole francobelge.

4

Le projet de paysage s’inscrit donc dans la politique de l’Eurométropole d’effacer les frontières entre les pays afin de porter des projets cohérents binationaux.


Règles. Les réglementations françaises et belges La France et la Belgique étant deux états différents, appliquant des règlementations distinctes et de différentes manières, il est nécessaire de comprendre les différents documents d’urbanisme s’appliquant sur les territoires. La différence entre le gewestplan flamand et le Plan Local d’Urbanisme français entraîne par exemple des imprécisions à certaines localités, le long de la frontière. Lire ces deux plans accolés est difficile, puisque les notions qui y sont abordées sont différentes et restent parfois, intraductibles (modes de pensées et cultures urbanistiques distinctes...).

un plan d ’u r banisme flamand (ge w es tpl an )

et un plan d ’ u r banisme f r ançais (plan local d ’ur banisme )

53 é rigé s pa r r appor t à une ligne a dministr ative,

qui se supe r pose à un ter r itoi r e v é cu.

Le gewestplan flamand

Le PLU français

Le gewestplan est un plan de secteur. D’après ce que j’ai pu étudier, c’est ce qui se rapproche le plus du PLU français avec lequel je suis habituée à travailler. En revanche, il reste moins précis que ce dernier : des zones définies selon les activités mais sans autres indications (densité de bâti, etc.). Il permet d’orienter la nature des aménagements futurs.

Le PLU français est l’outil réglementaire communal. C’est un plan de référence qui permet de faire (in)valider les permis de construire et les projets d’aménagement. Il précise des subtilités dans les zonages qu’il fait intervenir mais sans pour autant les justifier (notamment du point de vue paysager).


54

gewestplan F L A MA ND

espaces de vie (comme r ces, services , artis a nat, p etites entre p rises si compati bles avec l’envir onnement immé diat...)

zone agricole

II

zone r é ser vé e aux indust ries polluantes. ces dernières doivent ê t r e isolé es pou r des r aisons é conomiques ou sociales attention par ticuliè r e po r té e au paysage et aux amé nagements paysagers zones fo r estiè r es

zones ré se r vé es pou r les installations communautai r es et ser vices publics

*

air es de loisi rs : élé ments de loisi rs et de tou risme

P

les par cs a conser ver en leur emplacements, où à disposer dans les milieux plus ou moins urbanisé s, afin de ga r antir leur fonction sociale


55

P LU FR an ç ais zones d ’activit é s

UE UF UG

industr ies / a rtis a n at bu r eaux / commer ces / services

zones naturelles

NP

zone natur elle ( const ructions accepté es su r espect du site)

NE UP

zone natu relle ( p r otection des milieux ) zone de par c u r bain

zones ur baine mixte

UA UB UC UD

car actè re centr al,

A AUD

zone agricole

densité é levé e densité moyenne, tr a nsition faible densité

zone natu relle à urbaniser

ebc

es paces boisés class é s, à conser ver ré serves d ’infr astructur es


« L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai soutient la création d’activités et d’emplois sur son territoire. L’enjeu est de faire connaître la métropole transfrontalière au niveau international et de la rendre suffisamment attractive pour retenir de très grandes entreprises. » « Accompagner le développement économique », action de l’Eurométropole, d’après le site officiel : http://fr.eurometropolis.eu/

56


économie. Le potentiel économique et réticulaire de la frontière : atout ou risque ? Histoire. Golden River, le passé industriel de la frontière L’industrie textile était un moteur de l’activité des villes jumelles, du fait de leur position stratégique le long de la Lys. Le rouissage du lin s’effectuait dans la Lys, se qui lui a valu l’appellation de « Golden River »2. Ce traitement du lin, initié par Charlemagne, a été pratiqué jusqu’au XXe siècle dans la Lys. 1

Ainsi, le marché du travail transfrontalier était lancé. En plus d’être utilisée pour l’économie locale avec le rouissage du lin, la Lys était utilisée pour le transport. Ces utilisations à la double échelle est un atout considérable qui ont été perdues de vue aujourd’hui avec le phénomène de mondialisation.

57 1 Traitement du lin (macération) pour facilier la séparation de l’écorce et de la tige. 2 Le rouissage du lin teintait la Lys en or

la tr aversé e de la fr onti è re par le lin au xx e si ècle sou r ce : a la reche r che du passe d ’halluin


Consommation. L’eau, potentiel économique et support d’activités Le projet de la liaison Seine-Escaut, liaison fluviale transfrontalière à l’échelle gloable L’Eurométropole Likoto a une position stratégique au cœur des échanges européens. Ce carrefour est pratiqué par différents types de transports, dont le réseaux de voies fluviales liant Paris à Rotterdam (axe sudnord) et Berlin à Londres (axe est-ouest).

58 sou r ce : documents issus du scot lille m é tr opole

Afin de favoriser le transport de marchandises à la grande échelle, les Voies Navigables Françaises (VNF) et leurs homologues frontaliers (soit Waterwegen en Zeekanaal, pour la Belgique) mènent un projet de grande envergure : le projet Canal Seine-Nord Europe (CSNE), soit la mise en place d’un canal grand gabarit permettant la circulation de cargots (transportant jusqu’à 5 000 tonnes).

Le canal de la Lys transfrontalière élargi : fracture urbaine entre Halluin et Menen ou couture à l’échelle locale ? Les canaux existant dans le périmètre impacté par le CSNE font l’objet d’une refonte (travaux d’élargissement, agrandissement du tirant d’eau et du tirant d’air pour les ponts...). Le canal de la Lys, déjà de grand gabarit, fait églament l’objet de retouches à différents endroits. Cet élargissement du canal risque de créer une frontière-fracture encore plus profonde entre Halluin et Menen, et ceci, dès le démarrage des travaux. Outre la dimension spectaculaire du projet de VNF, le risque est également de faire face à un canal consommé, utilisé uniquement à des fins économiques (pour le transport).

Le canal doit permettre la circulation de bateaux de plus ou moins gros gabarits. En revanche, il doit également permettre d’autres usages afin de ne pas nuire à l’échelle sociale et urbaine des villes jumelles et donc d’Halluin et Menen. Au contraire, il doit participer à cette échelle locale en permettant des espaces de rencontres et de partage et il doit devenir support d’enjeux sociaux, dans un but récréatif et écologique.


1

2

L’implantation continue des entreprises sur la Lys transfrontalière Aujourd’hui, la Lys a conservé sa valeur économique : de nombreuses entreprises se sont installées à proximité. 1. Zone industrielle belge 2. Zone d’Activités le « Front de Lys » 3. Zone commerciale de la « Rouge Porte » Ainsi, les entreprises profitent à la fois d’un accès par voie d’eau mais aussi de la position transfrontalière (marché du travail transfrontalier + export des marchandises à l’international + proximité de la zone « tampon », soit peu de nuisance directe).

3

La zone « tampon » devient la zone « à fuir ». Cette greffe d’entreprises de gros gabarits le long de la frontière ne fait qu’épaissir l’espace tampon délimité par le traité de Courtrai. Les zones industrielles sont certes attractives et favorisent le marché du travail binational mais elles dénaturent le paysage bicommunal. Ces espaces sont régis uniquement en fonction de l’apport économique, et non plus en fonction de leur qualité.

Vis-à-vis du projet, l’enjeu est de conserver l’attractivité de ces zones « grands gabarits » construites autour de la frontière qui dynamisent, en terme d’économie, les deux villes. En revanche, ces espaces ne doivent pas devenir des enclaves, des espaces consommés, renforçant le fossé entre Halluin et Menen. Comment rendre ces zones industrielles et commerciales traversables ?

59


Pôle d’excellence. Un pôle d’excellence partagé entre la France et la Belgique ? Au vu des nombreuses zones industrielles implantées le long de la frontière et au sein des villes jumelles, la métropole lilloise réfléchit actuellement à créer un pôle d’excellence linéaire, dispersé le long de la Lys1. En effet, de nombreuses réserves foncières sont disponibles dans la vallée : 17 parcs d’activités sont déjà présents, dont la ZAC du Front de Lys à Halluin.

kortri j k

euralys, pôle d’excellence partagé ?

Des enjeux de mobilité afin de relier les pôles entre eux sont donc clairement mis en évidence.

60

Ceci dit, la Métropole Européenne de Lille ne semble considérer uniquement les zones industrielles françaises. Or de nombreuses zones d’activités sont également implantées en Belgique. Dans le cas présent, ce projet de « pôle d’excellence industriel » annoncé par la métropole française reste un projet français, implanté à la frontière, dans une logique linéaire et non transversale.

l’union

euratechnologies

Euralille la haute borne

LIlle

eurasanté

tournai

les p ô les d ’excellence ( fr an çais ) de l’E ur omé tr opole likoto Ré seau hydr ogr aphique Pa rcs d ’activit é s le long de l a Lys Pô les d ’ excellences d évelopp és sur Likoto Menen et Halluin

Afin de mener à bien ce projet de paysage, il s’agira d’identifier les zones industrielles françaises et belges pouvant communiquer ensemble. Une attention particulière devra mettre en exergue la mise en réseau de ces entreprises, afin quelles deviennent transfrontalières et binationales.

Euralille, quartier d’affaires et pôle tertiaire de premier plan

Eurasanté, pôle d’excellence dédié à la filière biologie/santé

EuraTechnologies,

dédié aux Technologies de l’Information et de la Communication et à la filière numérique

La Haute Borne, parc scientifique Haute Qualité Environnementale

L’Union, écrin des filières textile et Images. Ce site comprend la Plaine Images et le CETI. 1 Florent Steinling, « Vallée de la Lys, un territoire reconnu comme un pôle d’excellence industrielle », La Voix du Nord, 12/03/2016

+ Euralys ?, pôle d’excellence dédié aux industries et à l’artisanat, partagé entre la France et la Belgique ?


Activités. Les services et équipements La frontière est porteuse de différentes activités. En dehors de la présence d’industries et d’entreprises de type « gros gabarits », la frontière amène aussi différents services et équipements de proximité, plus ou moins partagés entre les villes jumelles. La rue de Lille (Rijselstraat) témoigne de ce phénomène, représentatif de la frontière :

Côté belge : tabacs, chocolats, magasins d’alcool (bières), friterie... Côté français :

Rijselstraat, devient donc la route principale pour passer d’Halluin à Menen et vice-versa.

De cette façon, alors que les rues desservant les zones industrielles longent la frontière avec très peu de traversées « d’une rive à l’autre », la rue commerçante traverse la frontière et les deux villes. La rue de Lille/

On note toutefois la présence de certains équipements en plus grande quantité à Menen : piscine, hôpitaux, équipements sportifs etc..., utilisés par les halluinois.

des commerces plus variés, banques, parfumeries, restaurants, charcuteries...

61

les diff é r ents t y pes d ’activit és à halluin et menen, po r teu rs de par tage industr ies commerces é coles é quipements spo r tifs

bibliothè ques hô pitaux é glises et mosqué es cimetiè res

genda rmeries pour les enfants...


Bipolarité. Les deux côtés de la frontière, des facesà-faces irréconciliables ? Morphologique. Unité et homogénéité contre confrontation et face-à-face 4 3 8

5 6

7

2

62

1

suiv r e la t r ace de la f r onti è re, tou rner la tê te à dr oite, tou rner la tê te à gauche

Les outils réglementaires français et belges sont différents, et les différentes activités viennent s’implanter autant que possible à la frontière. Le paysage en ressort « tiraillé » d’un côté ou de l’autre. Lors de ma poursuite de la frontière entre Halluin et Menen, j’ai été frappée de constater que ces vis-à-vis correspondent parfois à des ambiances très différentes. Là où la Belgique offre un paysage bucolique ouvert, où l’horizon se dessine entre les bosquets d’arbres, la France dresse un mur d’arbres en friche (1). Là où la Belgique offre un peu d’intimité en dévoilant le fond de ses jardins bigarrés, la France érecte un front bati tiré à 4 épingles (7).

Le plus frappant et symbolique reste la place Jacques Delors, produit de la coopération transfrontalière où la nouvelle résidence française des architectes Blaq, orthogonale, noire et blanche, fait face aux commerces belges, rouges, accolés les uns aux autres.

Ces vis-à-vis « bipolaires » participent à marquer la frontière. Ce trait de caractère de la frontière est une ressource, dans la mesure où il ne devient pas une césure de plus. Au contraire, cela doit devenir une entité forte, qui maintient la frontière, l’entoure, la structure. C’est une mise en scène qui peut être exploitée dans le projet de paysage.


à gauche - menen

à d r oite - halluin

1 openfield : L es champs bucoliques belges

mu r : Boisements fr ançais devant ent r epôts

2 chaos : les ent r ep r ises et industr ies belges

mu r : Boisements fr ançais devant entr epôts

p r omenade r é guli è r e : chemin de halage belge

forê t : arbres fr ançais sur le bord du canal

3

4 M a isons belges en b ord de c a na l

la plaine ma ré cageuse fr ançaise

63

5 b a s - c ôt é de l a ville de menen

friches industrielles fr ançaises

6 place jacques delo r s , f r ont bati belge

place jacques delors, fr ont bati fr an çais

7 a r r i è r es de ja r dins belges

fr ont bati en fr ance

m a isons b elges

centre comme r cial fr ançais

8


Partage. Projets INTERREG IV et tensions entre les 2 communes

la rue de lille l a lys t r ansfr ontali è re

pro jet «leieva llei pa r c de la lys »

p l aine ma ré cageuse Entre p rise Galloo

place jacques delors

espaces par tagés entre hallun et menen

64

les espaces par tagé s ent re halluin et menen

projets interreg

Les programmes INTERREG IV Pour permettre une cohérence transfrontalière et la création d’espaces partagés entre les 2 nationalités, les projets INTERREG sont créés. On parle du programme européen « France-Wallonie-Vlaanderen », qui a pour but d’effacer les frontières en « favorisant les échanges économiques et sociaux »1.

vertes, l’installation d’œuvres artistiques au niveau des anciens postes frontières etc.)

J’ai déjà évoqué le projet « Leievallei - Parc de le Lys », lancé en 2011 et dont la conception a été confiée à JNC International.

- la place Jacques Delors, place commerçante dont les deux fronts batis correspondent à deux nationalités différentes (photo 1 et 2). - le Festival Heart Beats, qui a eu lieu le 5, 6 juin 2015 sur la presqu’île, à côté du port de plaisance.

L’eurométropole mènent également plusieurs actions liées entre autre au tourisme et à la culture (développement du projet « Green Links » afin de créer un maillage de voies Texte officiel du programme INTERREG : http://www.interreg-fwvl.eu/ 1

A l’échelle urbaine d’Halluin et Menen, il existe également plusieurs projets transfrontaliers qui motivent la rencontre entre les halluinois et les meninois.

Ces espaces et projets constituent de véritables leviers sur lesquels le projet peut s’appuyer.


Gallo, entreprise franco-belge L’entreprise belge Galloo s’est d’abord implanté à la frontière, du côté de Menen avant de s’étendre sur Halluin. Ainsi, elle est aujourd’hui une véritable entreprise de recyclage transfrontalière et une ressource pour le projet.

Des espaces partagés entre les deux villes sont déjà amorcés (pratiques transfrontalières et programme INTERREG). Néanmoins, ces éléments ne sont ni mis en valeur, ni connectés les uns aux autres. Le projet peut s’appuyer sur ces « espaces ressources » puisqu’ils sont revendiqués et pratiqués par les deux communes. Il devra également questionner la matérialité de ces espaces et les mettre en valeur pour répondre aux enjeux sociaux qu’entraine la question de la frontière entre les villes jumelles.

1

65

p hotomontage de l’a mé nagement pré vu place jacques delor s

S ou r ce : site de l’eur om étr opole

2

photogr aphie de la place Jacques delors le 14 dé cembre 2015


Bilan des enjeux

Des villes jumelles, une ville bi-nationale ?

Affirmer le paysage de la frontière 66

La frontière fait paysage, dans le sens où elle induit des pratiques différentes et donc une organisation du territoire particulière. La frontière est paysage, dans le sens où elle cristallise les enjeux sur une ligne précise, qui révèle en fait un paysage singulier. On ne trouve ce paysage nul par ailleurs. La frontière, ce sont des vis-à-vis qui se forment, des faces-à-faces mais aussi parfois des espaces qui se tournent le dos. La valorisation et la mise en scène de ce paysage singulier est un enjeu fort porté par le présent projet de paysage.


Favoriser les va-etvient, lier En agissant en accord avec le concept d’Eurométropole, le projet s’engage à effacer les frontières. Effacer les frontières, intelligemment.

oui,

mais

Sous couvert du leitmotiv « la frontière ne doit pas être un frein ni une rupture, mais elle doit devenir fédératrice et rassembler », le projet de paysage devra apporter une réponse aux zones de recul et de repli qui existent aujourd’hui. Le projet devra également favoriser le partage des équipements, déjà initié aujourd’hui mais freiné par le manque d’accessibilité. Effacer les frontières, c’est avant tout travailler de façon transversale à cette limite, et améliorer la mobilité.

Vers une « économie » partagée Aujourd’hui, l’attrait de la frontière se fait particulièrement sentir par rapport à l’implantation d’entreprises de grande ampleur où à la surabondance de commerces de proximité (banques, tabacs, ventes de bières, friteries etc.) sur la rue de Lille. Bien que les aspects et les pratiques « commerciales » soient partagées entre les deux communes (rue traversant la frontière), les industries et activités lourdes restent pensées et pratiquées d’un seul côté de la frontière (exception faite de l’entreprise Galloo). Au contraire, le projet vise à partager les aspects « économiques » du territoire, par la mise en réseau. Ainsi des nouveaux moyens de partage des espaces, d’accès et de mobilités devront y être intégrés.

67


68


3

Frontière urbaine. La

frontière entre Halluin et Menen : lien ou rupture ?

69


Séquences. Récit : une frontière ou trois frontières ?

MENEN

Lors de ma première visite à Halluin et Menen, j’ai fait le pari de suivre les traces de la frontière. Armée d’une carte IGN schizophrène (comprendre recomposée flamande et française), j’ai vite perdu à cette partie de cache-cache, puisque la frontière s’y est trouvée inégale.

champs

eau/promenade

industries

J’ai commencé par là où le bus français a bien voulu me déposer. Plongée en milieu urbain, j’ai tout de suite essayé de la suivre. Bien vite, je me suis retrouvée au véritable commencement de mon site de projet.

Les trois 70

La première fois que j’ai vu la frontière, c’est parce qu’elle s’est imposée à moi, matérialisée sous la forme d’un trou, plaie béante entre deux rives exprimant chacunes leur identité. Peu à peu, la frontière a pris de l’épaisseur et m’ a enlacée. Je me suis retrouvée, non plus à la longer, mais en son intérieur. J’étais sur une île, franco-belge, belgofrançaise, à la fois belge et française. Avant de savoir toute la portée historique de ce lieu, j’ai compris qu’il était symbole d’équilibre, de compromis et de paix entre les deux pays, entre les deux villes. Et j’ai continué ma route... Ensuite ma frontière a disparu. Extrêmement poreuse, je ne l’ai aperçue qu’aux rares endroits où elle a bien voulu se laisser apercevoir : des chiffres sur une voiture, une couleur inconnue, des seuils différents... Ici, elle n’est présente qu’aux endroits où on la cherche et que seule une intelligence humaine, raisonnée, peut remarquer.

industries

eau/promenade

habitat

habitat

h


Echantillons des mondes et de leurs frontières Ainsi la frontière traverse différents « mondes », différentes ambiances. Mais l’important, c’est de saisir qui des « mondes » ou de la frontière a influencé l’autre.

halluin

Pour ça, à mon retour du site, j’ai dessiné les 3 séquences de la frontière, qui s’enchainent. 3 frontières.

omenade industries

habitat

Pour comprendre et comparer ces séquences, j’ai choisi de travailler à partir d’échantillons. Ces échantillons sont des extraits carrés du site, réalisés en maquette, représentant 1km2.

omenade

eau/promenade

71

habitat

industries

Il y en a donc 3, 1 pour chaque séquence. Ils permettent de rendre compte le plus possible de la séquence, en terme d’activités, de typologies, d’espaces, d’usages. Représentatifs de l’ensemble des séquences, les échantillons mettent en évidence les différents milieux que traverse la frontière. Les mettre les uns à côtés des autres m’a permis de comprendre comment cette dernière traverse et façonne l’entiéreté des séquences.

tentative pou r comprendre ce qui fait fr onti è re


les tr ois f r onti ères et leu r s t r ois é chantilllons

72

ence

séqu 1


73

ence séqu

ence séqu

3

2


La frontière consommée. L’espace que personne ne revendique

la sé quence de la fr onti è re consommé e la sé quence en tr ansition l’é cha ntillon corresp ond a nt

74

Au début, j’avais nommée la « frontière consommée », la frontière « fourre-tout ». L’omniprésence des entreprises en bloc, sans passage possible pour rejoindre l’eau et la frontière, m’avait amenée à penser qu’il s’agissait d’un espace reclu, auquel les villes tournaient le dos et où elles se délestaient de leurs entreprises nuisibles. Pas faux, mais pas vrai non plus. La « frontière consommée » est un espace où la vie sociale n’a pas eu le temps de s’installer. C’est un espace de travail, un espace utile, où la qualité des espaces vient après leur rentabilité.

L’hyperprésence de l’eau Comme j’en ai parlé dans les chapitres antérieurs, l’eau, frontière, évoque aujourd’hui une fracture entre les deux rives et donc entre les deux villes (photo 1). Elle a de ceci partagé qu’elle est empruntée par des bateaux internationaux et qu’elle est longée, autant que possible, de part et d’autre par des chemins de halage français et belge (photo 2).

Le complexe d’entreprises Les multiples entreprises accolées à la frontière (notamment l’entreprise de recyclage Galloo - photo 1) génèrent une perte d’espaces énorme, alors que certains lieux gagneraient à être mis en commun entre les entreprises : réserves pour le stockage, les circulations, parkings, locaux administratifs etc. De nombreux bâtiments de la zone d’activités du Front de Lys (en France, au sud de la Lys) ont été désaffectés, suite aux mutations économiques (photo 3). Aujourd’hui, cette zone fait l’objet d’une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) et est intégrée à des projets de plus vaste envergure, comme le projet du pôle d’excellence et de Euralys. Cette ZAC constitue une ressource puisqu’elle permet un certain degré de flexibilité pour créer des espaces de partage et de rencontres près de l’eau, entre les entreprises et les habitants, les promeneurs, ou tout autre usager.


la ZAC du fr ont de lys

échantillon de la fr ontière consomm ée (p remière s équence )

75

0

activités équipements habitat

50

100

200 m

ga lloo

1

F

B


Zone économique transfrontalière D’après mon entretien avec le Directeur du Développement Territorial Durable de la ville d’Halluin, la Métropole Européenne de Lille serait en train de réfléchir une « zone économique transfrontalière », regroupant les zones d’activités de part et d’autre de la frontière. A mon sens, le terme « d’économie » n’exclut pas les zones agricoles, encore très présentes à la périphérie du tissu urbain. De nombreuses fermes existent à Halluin et Menen et participent à l’économie globale des deux villes. De ce fait, les espaces agricoles doivent être intégrés à « l’économie » au même titre que les activités et les industries, et ne doivent pas être considérées comme du foncier disponible (photo 4).

2

F

Au niveau de la frontière consommée, première séquence de la frontière entre Halluin et Menen, les espaces agricoles, industriels et l’eau constituent de véritables potentiels pour créer des espaces de rencontre. Néanmoins, ils sont encore aujourd’hui non qualifiés. L’eau-frontière, doit devenir un élément fédérateur, catalyseur des différentes activités en présence. En ce sens, elle doit être mise en valeur et permettre des points de passage et des traversées.

76

3

F 4

B


Tr avail su r l’échantillon

77

s é quence de la f r onti è r e consommé e


La frontière entre-deux. L’espace que tout le monde revendique

78

la sé quence de la fr onti è re ent re- deux la sé quence en tr ansition l’é cha ntillon corresp ond a nt

La « frontière entre-deux » m’a tout de suite fascinée. Une fois passé l’eau, peu importe qu’il s’agisse du canal principal ou du bras, le fait que l’on se trouve ici dans un espace partagé est une évidence. Outre les panneaux touristiques qui indiquent tout de même qu’il s’agit d’un projet INTERREG, il y a une impression de liberté donnée à cet espace : très peu de bâtiments, friches, oiseaux migrateurs, port de plaisance... La frontière qui rassemble c’est l’endroit où elle s’épaissit et où les deux bras forment ses limites. « L’île », c’est un espace sauvegardé de la ville, le cœur des villes jumelles dans le sens transversal, et un point d’accroche, de liaison dans le sens longitudinal.

La théorie du chaos L’échantillon le montre, cet espace où la frontière prend de l’épaisseur reste une petite surface. Ses limites sont l’eau la plupart du temps mais aussi l’entreprise Galloo, en rupture nette avec la plaine marécageuse à l’Est.

En prenant du recul et en élargissant le périmètre d’étude de la séquence, il apparaît que cet espace est une zone de convergence entre toutes les activités présentes à Halluin et Menen. On y trouve de l’industrie, de l’habitat, des commerces et des services ou encore des espaces riches en biodiversité. En plan, cet espace pourrait tout a fait être un espace chaotique.

L’espace libre nécessaire Néanmoins, l’espace libre fait office de tampon et permet une certaine hiérarchie de ces différentes activités. Sans les mettre en relation directe, la presqu’île les espace et leur permet d’exister ensemble. Cette respiration apparaît aujourd’hui nécessaire pour permettre la cohabitation, même lointaine, de ces différentes typologies d’espaces constuits ou non, de différents gabarits, ayant différentes vocations...


GA LLO O

le p ort de p l a is a nce

p l aine

maréc age

ancien br as du canal, comblé et converti en prom ande

échantillon de la fr ontière ent re -deux (deuxi ème s équence )

activités équipements habitat

0

1

F

B

50

100

200 m

79


Par ailleurs, le sentiment de partage lié à cet espace et à ce paysage est probablement dû à son appartenance foncière. En effet, le terrain est une concession de VNF. Bien que foncièrement « française », l’île n’est ni halluinoise ni meninoise.

Les manques d’accès Si ce paysage de plaine marécageuse est une véritable ressource pour traiter la question de la frontière, elle reste très peu accessible. Les limites d’eau en sont bien sûr pour quelque chose. En effet, seul deux passages sont possibles pour accéder à cette plaine. L’un est piéton, peu visible et accessible uniquement depuis la ville de Menen. L’autre est carrossable et traverse le canal (photo 2). Ce pont a été réalisé uniquement pour desservir l’entreprise Galloo. Bien qu’une route nous dirige vers la plaine marécageuse, celle-ci est peu agréable et reste très peu visible.

80

2

F 3

F

Les limites de l’espace Si je parle ici d’île, c’est parce qu’une fois sur la plaine marécageuse, les boisements en friche et l’eau de part et d’autre, confèrent à cet espace un véritable caractère insulaire. Néanmoins, il ne s’agit pas à proprement parler d’une île puisque l’ancien méandre a été comblé pour permettre l’extension de l’entreprise de recyclage Galloo. Par ailleurs, la limite entre Galloo et la plaine marécageuse n’est pas travaillée. Là encore, seuls les peupliers bordent la route principale, mais on sent bien que le paysage actuel résulte de l’extension rapide de l’entreprise, avec des enjeux d’efficacité et de rentabilité. Aucune mise en valeur ou perméabilité du site n’a été envisagée (photo 3). La rupture est franche, l’entreprise et la plaine se tournent le dos, ne se valorisent pas l’un l’autre.


galloo, frein ou moteur de la presqu’île ? aujourd ’hui , conf r ontation ent re l’eau et galloo

comment l’ extention de l’ ent repr ise a r ompu la p r esqu’î le

cohab itation possible ent re l’eau et gallo O.

deux acc è s , dont un dans une impasse

81

rel ation entre Ga lloo et l a p l a ine


La musique dépasse les frontières

4

Autre ressource de partage, le festival de musique transfrontalier « Heart Beats » qui s’est installé sur la frontière, au centre de la presqu’île en juin 2015 (photo 4). Le festival n’a accueilli que 7 000 personnes (photo 4, au lieu de 10 000 qui étaient attendues). Il est donc annulé pour les prochaines années (les passerelles éphémères pour accéder à ce site en particulier étant trop coûteuses).

boisements en friche ma r quant la sé par ation avec Galloo

5 les passerelles pour tr averser

82

le p ort de p l a is a nce

Dans cette séquence, la frontière produit un paysage hétérogène qui fait intervenir différentes typologies d’activités. L’espace central, la plaine, est un élément clé à valoriser qui permet l’articulation des activités et des deux autres séquences. Néanmoins, à cause de imposantes, l’espace est accessible.

ces limites difficilement

Un travail sur les accès doit être mené afin de révéler le potentiel de ce site, et d’en faire un site stratégique, bicommunal dans les usages et dans le portage politique. Ainsi, le site pourra devenir une véritable île partagée entre les habitants, les travailleurs, les touristes, etc. La relation très forte de la plaine avec Galloo ne doit pas être niée. Au contraire un travail fin sur les limites entre ces deux espaces permettra de redonner un caractère insulaire à ce site.


Tr avail su r l’ échantillon

83 s é quence de la f r onti è r e ent re- deux


La frontière habitée. L’espace où la frontière est vécue

la sé quence de la fr onti è re habité e l’é cha ntillon corresp ond a nt

84

C’est de la « frontière habitée » que j’ai le plus de mal à parler, parce qu’à cet endroit, la frontière n’existe plus au premier regard. Seules les enseignes des commerces, les plaques d’immatriculation et un léger changement de l’ordre urbain indiquent que quelque chose a changé à un moment donné. Ici, la frontière est subtile, elle est vécue au quotidien, à toute heure. La frontière n’existe plus parce qu’elle ne pose plus de problèmes au quotidien, si ce n’est des questions techniques et de compétences : le ramassage des poubelles, l’entretien des voiries, le nombre de stationnements disponibles...


la place jacques delors

zone comme r ciale de la r ouge por te

l a r angée de m aisons

échantillon de la f r ontière habit ée ( t r oisi ème s équence )

activités équipements habitat

B

0

50

100

200 m

85


Place Jacques Delors Dans cette séquence de la « frontière habitée », le meilleur exemple d’espace partagé serait sans doute la place Jacques Delors. Projet INTERREG IV initié en 2011, il s’agit de la première place transfrontalière entre la France et la Belgique. Sur le papier, le projet est idéal bien qu’il pose certaines questions logistiques, notamment au niveau de l’entretien. La place est certes partagée, mais l’entretien des arbres, des voiries, du mobilier urbain etc., relève de la commune dans lequel ils sont implantés, bien que faisant parti d’un ensemble transfrontalier.

les deux fr onts bâ tis de l’es pace ent r ainent un par cous est- ouest

Dans le dossier détaillé sur l’aménagement de la place réalisé par l’Eurométrople, seuls les transports en commun dérogent à cette règle du « chacun chez soi ». Bien qu’aucun transport commun transfrontalier ne soit clairement mentionné, la question est posée par les institutions. Par ailleurs, la place n’est pas à la hauteur des attentes des deux villes : au lieu d’être un véritable point de rencontre entre les communes, la place est juste un espace public où la voiture prend ses droits.

86

les 4 fr onts bâ tis pou rr aient invite r à p r ofite r de la p l ace

r ésidence de l’agence blaq

1

B F la place jacques delor s


F

l a r angée de m aisons

2

B

La configuration de la place (2 fronts bâtis au lieu de 4) et sa relation à la rue de Lille font que l’on traverse plus facilement l’espace que l’on y reste. L’ombre portée de la nouvelle résidence de l’agence d’architecture Blaq (photo 1) est aussi un facteur important de ces flux estouest. Place commerçante en rez-de-chaussée, elle ne l’est, pour l’instant, que du côté belge. Depuis 2 ans, les locaux français sont déserts, bien que l’enseigne d’une « maison du travailleur transfrontalier » soit en place.

87

Les traversées multiples Dans cette séquence, le tissu urbain s’est rapproché de part et d’autre de la frontière, jusqu’à la pincer. Cette dernière sépare aujourd’hui un front bâti et l’arrière de jardins (photo 2). Cette rangée de maisons qui se différencie de l’ilôt contribue donc à l’épaisseur de la frontière. Des traversées piétonnes y sont aménagées (photo 3 et 4), et permettent de rejoindre Moeskroenstraat (la rue de Mouscron, qui relie la place Jacques Delors à la zone commerciale de la Rouge Porte à l’Est). Dans cette troisième séquence, la frontière prend de l’importance par ses traversées et non plus dans son sens longitudinal.

l a r a ng ée de maisons signale la fr onti è re


3

4

B

f les tr avers é es de l a r a ng é e de ma isons

Les jardins partagés 88

Un peu plus à l’Est de cette rangée de maisons, devant le centre commercial, la frontière se situe au niveau d’un talus. Ce talus est aujourd’hui utilisé par les habitants comme un jardin partagé. Selon moi, le fait qu’une telle appropriation ait été possible au niveau même de la frontière est une ressource très importante pour le projet.

L’eau, valeur partagée La frontière traverse ici le milieu urbain et n’existe que dans quelques détails, qui ne relèvent pas d’un paysage de grande échelle, comme c’était le cas dans les deux premières séquences. La frontière n’étant pas matérialisée concrètement, il existe une véritable tension entre cette dernière, administrative et le canal, situé en Belgique. Ainsi, bien que l’infrastructure hydraulique soit à Menen, les traversées, parallèles à la rue de Lille nous ramènent sensiblement vers l’eau.

Dans cette troisième séquence, c’est une grande partie du tissu urbain à l’approche de la frontière qui semble être un espace partagé dans les usages. La présence de la rue de Lille, axe reliant les deux communes, engendre des flux commerciaux importants (automobiles), qui unient Halluin et Menen. Dans cette séquence, la frontière est invisible. Néanmoins, très peu d’espaces publics généreux semblent pouvoir réunir les habitants des deux villes, si ce n’est le canal, belge à cet endroit. Ainsi c’est le canal qui reste porteur de rencontres et de partage, bien que des espaces de voisinage seront également moteur de projet.


Tr avail su r l’ échantillon

89 s é quence de la f r onti è r e habité e


Vallée. Traiter la frontière par la vallée Leievallei-Parc de la Lys. Le projet de territoire de JNC pour rassembler dans la vallée, un potentiel pour réunir ? Le projet Leievallei-Parc de la Lys de l’agence de paysage JNC International traite de la vallée de la Lys transfrontalière (entre Armentières et Kortrijk). C’est avant tout un projet INTERREG IV, donc transfrontalier, lancé en 2011. Le projet s’intéresse aux concepts différents que peuvent avoir la France et la Belgique à propos du « parc ». L’objectif est de générer un sentiment d’appartenance des habitants.

90

Ce « parc » se détache des modèles de parcs traditionnels français. Il s’agit d’une conception du « parc » évoluée, ne traitant pas uniquement des parties végétales sous forme close mais intégrant différents usages et sur un territoire plus large, au même titre que « l’écologie » réflète un mode de vie global et n’est pas réduite à des questions de biodiversité. Ainsi, le projet Leievallei-Parc de la Lys, aussi appelé Corrid’Or, questionne la vallée dans son sens large, et s’émancipe des abords directs du fil d’eau, bien que ce dernier en constitue le « fil directeur ».

RE P è re spatial du pr ojet le ievall ei-par c d e l a lys, ré a lisé pa r JN C international

E tapes du pr ojet le ievall ei par c d e l a lys, document ré alisé pa r jnc international


les villes d ’Halluin et de Menen

91 car te de synth è se du diagnostic de leievallei- par c d e l a lys, é ta blie pa r JN C international

S’inscrire dans le projet de Leievallei-Parc de la Lys représente une réelle opportunité, notamment en termes de portage politique (le projet INTERREG est financé par l’Europe et regroupe les acteurs transfrontaliers). Visiblement, mon propre projet est axé sur les mêmes intentions que Leievallei-Parc de la Lys, à une échelle plus urbaine. J’entends par là que je souhaite orienter ce projet en exploitant les interstices urbains, même s’ils ne sont pas directement reliés au fil d’eau.

Je vois donc dans le projet Leieivallei-Parc de la Lys l’oppotunité d’y intégrer mon propre projet, centré sur les villes jumelles d’Halluin et Menen, tout en ayant un discours clair sur la frontière franco-belge.


L es gr andes axes du pr ojet «L eievallei -Par c de la Lys», de JNC I nternation a l

I. « Leievallei- Parc de la Lys », garantir le socle territorial

- restauration et valorisation du système rivière - réhabilitation et consolidation de la plaine alluviale de la Lys par la restauration, la valorisation et l’aménagement de milieux humides - engager une stratégie d’excellence pour améliorer la qualité des eaux - préservation et valorisation des petits éléments de paysage (haies, bords boisés, arbres fruitiers, mares…) - implémentation de l’infrastructure verte et du suivi environnemental - réhabilitation et valorisation du patrimoine hydraulique et fluvial - reconsidérer la valeur écologique des terrains industriels

II. « Leievallei- Parc de la Lys », assurer la mise en réseau du territoire

- préservation valorisation et aménagement du chemin de halage - implémenter les réseaux de mode de déplacements doux - valorisation et aménagement des ponts et de leurs abords - renforcer le rapport spatial et les connexions entre la ville et le réseau hydrographique - mise en connexions des centres villes avec la Lys - valorisation du rapport spatial entre le tissu urbain et le réseau hydrographique - aménagement de points d’entrée pour le Parc de la Lys - renforcer les connexions entre les points relais et l’utilisation de la voie d’eau pour le transport des personnes - mise en réseau des pôles attractifs de la vallée de la Lys

92

III. « Leievallei- Parc de la Lys », poser les bases d’une collaboration

- mise en place d’une plateforme d‘échange, d’accompagnement et d’écoute - mise en place d’une politique culturelle commune basée atour de la vallée de la Lys - promotion de sites industriels et de parcs d’activités intégrés et respecteux de l’environnement - implémentation d’une synergie avec le monde agricole - inclure de nouvelles communes au projet « leievallei » - mise en place d’une communication commune visant la promotion de la vallée de la lys comme destination européenne de premier plan


ext r ait des car tes de s y nthè se du diagnostic de « leievallei- par c d e l a lys »

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Urbain. L’arrière des maisons Dans le projet de JNC International, l’accent est mis sur la Lys et sur sa valorisation. Or, au niveau de la séquence de la « frontière habitée » entre Halluin et Menen, la ligne administrative quitte l’eau pour se retrouver en milieu urbain, coincée entre les fonds de parcelles meninois et un front bati halluinois.

De cette façon, l’espace compris entre la Lys (frontière physique et donc mentale) et la frontière administrative devient un « quartier à la croisée des villes ». Ainsi le réseau d’espaces publics à la périphérie et à l’intérieur de ce « quartier » devra être particulièrement mis en valeur. Quels espaces publics ou semi-publics peuvent être sollicités pour favoriser la rencontre des habitants.

l a lys

rue de Lille, Rijselstr aat place jacques delors

94

menen halluin


tr avers é es p ié tonnes

fonds de par celles belges fonds de par celles belges

op é r ation de logements

S upe r ma r kt & d r inkshop R oby

95

la s équence u rbaine à ha llin et menen


Epaisseur. Définir l’épaisseur de la frontière pour mieux la traverser et/ou l’habiter ? zone o ù la f r onti è r e est ressentie é paisseu r de la f r onti è r e «sensible» la f r onti è r e administr ative

galloo et la presqu’île font fr ontère

96

le canal fait la fr ontière


La frontière n’influe pas seulement sur le paysage. Elle fait paysage. Elle est parfois ressentie à distance, ce qui lui donne une épaisseur plus ou moins profonde selon les espaces qu’elle traverse et qu’elle crée. En interrogeant les habitants et les passagers à Halluin et Menen, on se rend vite compte que la frontière à un impact profond sur le tissu

urbain. A travers les usages, elle est ressentie à plusieurs dizaines de mètres de la ligne administrative. Son épaisseur est aussi largement définie par les commerces, les services et autres activités sollicités par les habitants de la commune voisine.

le canal fait fr ontière

97

l a r ang ée de maisons fait fr ontière

les jardins partagés ma r quent la fr ontière la place jacques delors ma r que la fr ontière

0

100 250

500 m


Bilan des enjeux

L’eau, support de rencontres

Le projet s’appuie sur le projet « Leievallei Parc de la Lys » de JNC International et donc ses grands axes. Etant un projet INTERREG IV, il s’agit d’un projet transfrontalier.

98

Mon projet, correspondant à une échelle plus urbaine, il développera des pistes précises en fonction de l’espace ciblé, tout en respectant l’idée et les grands axes du projet «Leievallei - Parc de la Lys ».

L’eau comme ressource L’eau concentre différents atouts, même quand elle n’est pas frontière. Bordée par des chemins de halage peu attractifs, il s’agit aujourd’hui d’une infrastructure qui divise et limite les deux villes. Le projet propose ici d’aborder une vision différente, afin que l’infrastructure soit porteuse d’usages, de pratiques européennes et internationales. Ce parti pris concerne le canal, mais aussi la globalité du système hydraulique, y compris les zones humides et les méandres. Afin de mener à bien cette réappropriation du canal et de la Lys, le projet portera sur l’intégration des espaces agricoles, industriels et des quais ou berges (aujourd’hui délaissés) et les valorisera.


Porter une attention particulière aux limites Sur le site, les limites sont omniprésentes. En prenant une épaisseur, la frontière, « limite » par excellence, est définie par de nouvelles limites avec ce qui l’entoure. Ces limites sont visuelles, adminitratives ou encore liées à la mobilité. Afin d’assurer la position d’une frontière ouverte et de permettre l’échange entre les deux communes, le projet s’attachera à adoucir les limites définissant la frontière. Au contraire de la « frontière-mur », il s’agira de rechercher une perméabilité physique sinon visuelle.

La plaine marécageuse, lieu stratégique Parmi les paysages singuliers de la frontière, celui de la plaine marécageuse entre Halluin et Menen est d’autant plus intéréssant qu’il est revendiqué par les deux communes. Par ailleurs,elle témoigne de l’évolution du territoire et de la nature du socle : en friche mais fortement végétalisée par des espèces endémiques, l’île est l’espace entre les deux villes abritant la meilleure qualité de biodiversité. La caractère insulaire est un atout considérable pour questionner la frontière puisqu’il permet à l’usager de se sentir sur un espace partagé, à la fois à Halluin et à Menen. Ce sentiment d’appartenance à la double nationalité doit être renforcé par le biais du projet.

99


Bilan des enjeux 1, 2 et 3 Constats

le paysage de la frontière divise les villes jumelles

espace ur bain habitĂŠ

100

e spac e in d u st rie l

e s pace u r b a i n h a b i t ĂŠ


Intentions retrouver la vallée Le paysage de la frontière doit rassembler, afin de permettre le partage et l’échange entre les deux villes

101


Les enjeux transfrontaliers cristallisés sur les villes jumelles Halluin-Menen

Les enjeux de mobilité

102

Des enjeux de mobilité sont présents sur la frontière entre Halluin et Menen. En effet, la plupart des déplacements transfrontaliers pendulaires sont éffectués en voiture, et transitent par la rue de Lille (principale traversée entre les deux villes). Cette même rue étant essentiellement bordée de commerces, les voitures occasionnent des problèmes de circulation mais aussi de stationnements.

b

b

F


Les enjeux d’économie

F

De grosses entreprises profitent de la situation frontalière pour s’implanter. Néanmoins et dans le cas des villes jumelles, elles accentuent le phénomène de « frontière-fracture ». Les commerces sont eux aussi très présents sur le site, notamment sur le long de la rue de Lille, qui traverse et « lie » les deux villes.

b

b

103

Les enjeux de bodiversité

Le territoire reste un territoire essentiellement rural, avec la présence d’anciennes pairies inondables et un réseau de becques et de noues plantées de saules tétards, encore présentes aujourd’hui. Sur les plaines marécageuses créées par les anciens bras de la Lys, des oiseaux migratoires trouvent refuge (ici les oies de Bernache).

b

F b


F B

Les enjeux de culture

104

Dans les villes avoisinant la frontière, on trouve de nombreux musées, liés au patrimoine et à la culture de la France et de la Belgique. Des événements plus éphémères profitent également de la situation « de partage » pour s’implanter à la frontière. C’est le cas du festival Heart Beats sur la presqu’île entre Halluin et Menen.

Les enjeux de tourisme Les enjeux touristiques liés à la frontière sont principalement liés à la présence de l’eau et à son importance sur le site. Malgré sa mauvaise qualité, l’eau est un atout considérable d’un point de vue récréatif. De ce fait, de multiples pistes cyclables sont actuellement présentes à Halluin et Menen. En revanche, elles ne sont pas toujours bien mises en valeur ou confortables.

B

F B


Les enjeux sociaux Au niveau des villes jumelles et particulièrement dans le cas d’Halluin et de Menen, de forts enjeux sociaux existent : les rapports de voisinage entre français et belges sont importants. Comment générer des espaces de rencontre entre voisins ? Des espaces pleinement partagés qui permettent la communication avec la « personne d’en face » ?

B F

105

B

F

Ces enjeux, bien que présentés les uns à la suite des autres ne doivent pas influer sur le projet de façon sectaire. En effet, ils sont dépendants les uns des autres et se nourissent simultanément. Ainsi, le projet global vise à retrouver la vallée afin que la frontière rassemble et devra répondre à la totalité de ces enjeux en les hiérarchisant suivant le site et la séquence ciblée.


106


4

Rencontres. La

frontière, linéaire névralgique pour susciter des espaces de rencontre et d’échange

107


Île. Le caractère insulaire permet un espace de partage ? Eau. La matérialité d’une fracture ou d’un lien : de la Lys transfrontalière à la Lys binationale La plaine, l’entreprise de recyclage Galloo et l’eau sont trois identités qui peuvent devenir des entités binationales fortes. Néanmoins, elles sont déconnectées les unes des autres et s’apparentent plus à des espaces délaissés qu’à de véritables espaces de rencontre. L’eau de part et d’autre de la plaine lui confère un caractère binational. En revanche, Galloo

108

les potentiels binationaux, déconnect és les uns des autres

L a p l a ine

est un « espace rempart » imperméable, pourtant traversé par la frontière. Afin qu’il puisse lui aussi devenir un espace binational agréable et un atout important dans le projet, il doit être rendu indissociable de la plaine. C’est la traversée de Galloo par l’eau qui pourra rendre un caractère insulaire à cet interstice, en donc le rendre emblématique d’un site binational.

l’ eau per met l’unification et la valorisation de ces espaces

tr averser ga lloo

g a lloo

consid é rer g a lloo et l a p l a ine comme un ensemble

l a lys


Acuponcture. L’île où l’eau bout L’île contenant la plaine marécageuse est un lieu clef du projet. La frontière, en prenant de l’épaisseur, y est incarnée en tant qu’espace (dont on ne perçoit pas au premier coup d’œil les limites) et non pas seulement en tant que ligne démarcatrice. L’eau est le moteur de ces sensations : c’est ce qui permet à la plaine marécageuse d’exister en tant qu’espace bicommunal et binational.

Le caractère central de l’île contribue également à en faire un point d’articulation et un maillon important du projet. Le traitement de cet espace est donc primordial : c’est grâce à son aménagement que le projet global sera pertinent.

l’î le, lien longitudinal

l’î le, lien tr ansversal

l’î le, maillon indis p ensa ble

109


Participer. Le projet d’entreprise pour participer au projet de paysage A la grande échelle, le projet s’inscrit dans « Leievallei-Parc de la Lys ». A l’échelle locale, il se traduit grâce au soulèvement de leviers : quels acteurs peuvent participer au projet, afin de créer des espaces de rencontre ?

Galloo. Entreprise de recyclage belgo-française, porte d’entrée du territoire binational

110

L’entreprise de recyclage Galloo peut devenir un acteur majeur pour générer un sentiment d’appartenance binational au territoire. En effet, il s’agit d’une structure belge qui s’est étendue en France, effaçant la frontière. Les employés sont français et belges, parlent flamand et français. Néanmoins, étant aujourd’hui une structure totalement clôturée, non traversable sans autorisation, elle représente un caillot : Galloo empêche fortement la rencontre des deux versants alors qu’elle présente pourtant un véritable potentiel pour la favoriser.

au j ourd ’hui, galloo, entrep rise bin ation a le non accessible ?

demain , galloo, entrep rise bin ation a le incontournable ?


VNF et W&Z. L’aspect technique de la mobilité pour faire paysage Les Voies Naviguables Françaises et leur homologue sont aussi des acteurs clefs dans le développement du projet. En effet, avec le projet de la liaison Seine-Escaut (« Seine-Scheldt Project »), le tracé actuel de la Lys va subir un certain nombre de modifications. Ces altérations sont principalement dûes à la modification de la courbe du canal et à son élargissement (de 26m maximum). Le remplacement des ponts est également prévu, afin que le tirant d’air soit suffisant pour laisser passer les cargos. Ce projet interroge particulièrement le sujet de la frontière à travers le pilotage transfrontalier du projet, et l’identité fédératrice de la Lys mitoyenne. Ainsi, la liaison Seine-Escaut ne doit pas être uniquement un projet technique, mais doit devenir un projet de territoire. Cette opération représente une opportunité d’aménager plus facilement les abords du canal.

L a ville de menen a é labo ré un maste rplan de la ville avec les é tudiants. L es o p é r ations de v nf et w &z sont prises en compte et ont permis à la ville de r é fl é chi r à l’am é nagement d ’espaces alentours (ici, le pont de la rue de lille)

111


Le Festival Heart Beats et les acteurs culturels. événements fédérateurs franco-belges

112


Les acteurs culturels sont également des porteurs de projet potentiels sur lesquels il faut s’appuyer. J’ai déjà évoqué le Festival de musique Heart Beats qui s’est installé sur la plaine marécageuse en juin 2015.

La poésie de cet espace particulier se prête en effet à ce genre d’événements qui permettent de rassembler les français et les belges à différentes échelles : ceux qui viennent de loin, comme les voisins. Néanmoins, la relation au lieu doit être primordiale pour la réussite de ce genre d’événements : quels artistes ? Quelle musique ? Quelle scénographie de l’espace ? Quelles ambiances ? Pour qui ?

113


Stratégies. Dynamiques de projet Mobilité. Assurer la perméabilité de la frontière La mobilité est un axe clef pour parler du transfrontalier. Aujourd’hui, la voiture occupe une place particulièrement importante au niveau d’Halluin et Menen, qu’il s’agisse de zones de stationnement ou de circulation. Les trois outils proposés ci-dessous sont des réponses altenatives à la dominance de la voiture, qui semblait jusqu’ici considérée comme indispensable pour traverser la frontière et qui encourage pourtant l’individualisme.

La création de transports en commun transfrontaliers permettrait une meilleure efficacité de desserte (avec une station place Jacques Delors par exemple). Le réseau de « mobilité douce » (piétons, vélos ou bateaux) permettrait de redécouvrir, de profiter et de respecter le paysage de la frontière. A Halluin et Menen, ces modes de circulation seraient particulièrement pertinents pour rassembler les habitants dans des espaces bicommunaux (chemins de halage, venelles, hyperprésence de l’eau, port...)

114

développer des

pistes

cyclables créer des

transports en commun

transfrontaliers

Liaison « SeineEscaut » — VNF

amélioration la circulation

voies d’eau

sur les


115


économie. Initier des plateformes économiques transfrontalières

favoriser la

mixité de

typologies

développer des

pôles

d’excellence

« Euralys »— MEL ZAC « Front de Lys » — Halluin

116

L’économie est un aspect particulèrement convoité de la frontière. Dans le cas de la vallée de la Lys transfrontalière, beaucoup d’activités diverses sont installées même si on observe une prédominance des industries. En mettant en commun les zones d’activités françaises et belges et en développant des connexions, elles deviendraient un incroyable atout binational. A Halluin et Menen, cela permettrait en plus de rassembler autour de la Lys et d’y garantir une utilisation locale. Les rues commerçantes sont également un atout fort à valoriser et à développer puisqu’elles traversent la frontière et canalisent les flux et les échanges.

favoriser l’insertion de

commerces


Biodiversité. Fertiliser le socle afin d’apporter une qualité de vie à la frontière

d é polluer

les sols et filtrer

l’eau favoriser la

neutralité énergétique créer des

réserves de biodiversité 117

Nous l’avons vu, afin que ces espaces bicommunaux portés par les deux communes deviennent des lieux de qualité, il est nécessaire que le projet réponde à des enjeux de biodiversité. La dépollution de la Lys et la préservation des zones riches en biodiversité est une des intentions majeures. Les essences végétales présentes à la frontière sont aujourd’hui représentatives des milieux marécageux, ou en friche. Ces caractéristiques sont importantes, mais le végétal ne doit pas subir la frontière. Au contraire, il s’agit d’un outil qui doit devenir un fer de lance du projet. Cela permettra ainsi de valoriser le paysage de la frontière. Ainsi, ces espaces riches en biodiversité seront le support des espaces partagés.


Culture. Des évènements pérennes ou éphémères pour animer la frontière

créer des équipements

transfrontaliers 118

am é nager un

réseau La culture est un enjeu fort porté par l’Eurométropole pour favoriser les échanges et le dialogue transfrontalier. Halluin et Menen possèdent déjà des patrimoines riches (vestiges des fortifications, usines, méandre comblé...), mais qui restent sous-exploités aujourd’hui et qui ne sont pas mutualisés, alors que les deux villes accolées partagent la même histoire. Ce patrimoine devra donc être valorisé et pourra devenir support d’espaces de partage entre les habitants. En plus des événements (tels que le festival) pouvant s’installer à la réunion des villes, de nouveaux équipements bicommunaux pourront être mis en avant afin de répondre aux enjeux de l’Eurométropole.


Tourisme. Une frontière attrayante

aménager

les quais

développer des développer des

pistes cyclables,

des trottoirs

circuits

touristiques

119 Les enjeux touristiques rejoignent fortement ceux de mobilité et de culture. En travaillant sur la qualité des espaces, la frontière peut devenir un circuit touristique. A ce titre, elle devient support de rencontres et de loisirs. La Lys est encore une fois perçue comme un élément fédérateur, moteur de dynamiques, de partage et de rencontres dont il conviendra de traiter les abords : quel paysage donne-t-on à voir ? Comment les touristes et les entreprises se cotoient ? En milieu urbain, des outils de communication et de signalétique peuvent être intégrés à l’approche de la frontière, afin de guider les flux.


Social. Des espaces publics permettant la rencontre entre voisins

travailler sur les redonner de

fonds de

la qualité aux espaces publics

120 Enfin, l’enjeu social est sans doute l’enjeu le plus important, puisqu’il questionne directement la problématique de ce projet de paysage. Les outils qui peuvent être utilisés en ce sens sont multiples : il faudra intervenir à la fois sur des espaces publics et des espaces privés, dans la mesure du possible. Le rapport de voisinage constitue un enjeu important de ce volet social que la dimention paysagère devra guider. Il s’agira donc de réaménager les espaces publics afin de leur conférer une unité et donc un sentiment d’appartenance des habitants français et belges et d’influer ainsi sur les espaces privés. Le projet vise à encourager l’insertion (et la pérénisation) d’équipements bicommunaux tels que « la maison du travailleur transfrontalier », actuellement située place Jacques Delors.

parcelles

frontalières

créer des

équipements

pour mettre en relation

les habitants

Maison du travailleur transfrontalier— Halluin-Menen


Temporalités. Une frontière animée avec le temps La notion de temps n’est pas étrangère au projet, au contraire. La plaine marécageuse en est un espace représentatif puisqu’elle permet d’accueillir des activités variées. Aujourd’hui, l’hiver, la plaine est aux oies. C’est l’époque où les oiseaux migrateurs viennent se réfugier dans les méandres et profitent librement de cette réserve de nature. Quand les jours se réchauffent, ceux-ci laissent leur place aux Hommes. Des festivals, des fêtes, des repas...

121 Dans un projet comme celui d’une frontière partagée, le temps est clef. Il faut du temps pour rencontrer ses voisins, celui d’en face et celui d’en bas de la rue. Il faut du temps pour travailler main dans la main avec la personne qui ne parle par la même langue que vous. Mais il faut également que le temps fasse projet : des oiseaux qui trouvent refuge, des élèves qui viennent courrir, des amateurs de bateau qui prennent la barre, ou juste des voisins qui viennent se divertir, le temps d’une soirée, d’un jour ou deux...

La frontière, pour rassembler sans cesse, doit être moteur de paysage et de vie. Et pour cela, il faut y intégrer le temps.


122


Conclusion Souvent les frontières sont perçues comme les confins d’un pays. Ce sont des lignes créées par l’Homme, subies par l’Homme. Elles génèrent des espaces emblématiques : haut lieu de surveillance, expressions du protectionnisme social... Et pourtant, ce sont aussi des espaces oubliés : c’est la fin de quelque chose, là où l’on est lassé d’intervenir puisque de toute façon, la moitié de l’espace de nous concerne pas. Ce qui est chez l’autre, pourquoi s’en soucier ? Peu à peu, une prise de conscience, des mesures se forment : la création de l’Eurométropole, des projets transfrontaliers... Et le paysagiste d’intervenir. Les frontières doivent être porteuses de vie : ce ne sont pas des lieux où les territoires s’arrêtent, ce sont des lieux où ils commencent. Dans le cas présent, il s’agit de retrouver la vallée. Rencontre entre deux versants, le lit mineur de la vallée est aujourd’hui délaissé alors qu’il est pourtant habité : les tissus urbains des villes jumelles s’y rejoignent, des entreprises importantes s’y installent. Des ressources sont possibles pour créer des espaces partagés au niveau de la frontière : l’eau, une plaine, une entreprise transfrontalière, des acteurs culturels, des projets d’aménagement en cours... Autant d’entités à mettre en lien pour qu’elles se nourrissent les unes les autre. C’est la perméabilité des espaces de la frontière et la coopération des acteurs qui permettra que la frontière devienne attractive, qu’elle permette une réappropriation identitaire du territoire par les deux versants.

123


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Politique des frontières

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124

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Louguet et Corinne Tiry, Lille Transfrontalière : l’architecture d’une métropole à grande échelle, Gollion, InFolio, 2010

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Chaigne, Topographie frontières, TPFE, ENSP Versailles, 2012

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•  Karel Debaere, « Un laboratoire pour la coopération européenne, l’eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai », Les pays-Bas Français – annales, n°34 | 2009, p.71-95

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Bridoux-Michel, Etude pour un projet d’aménagement d’un site transfrontalier de la métropole lilloise sur les communes de Menin et d’Halluin, TPFE, ENSAPL, 1995 Hornez, Paysages dynamiques, potentiels d’une voie ferrée désaffectée, TPFE, ENSAPL, 2004

•  Quentin Le Mesre Pas, La vallée de la Lys,

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•  Eurométropole, Mobilité et accessibilité de

•  Georges Allaert, « Où va le projet européen

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•  A la recherche du passé d’Halluin : http:// www.alarecherchedupasse-halluin.net/

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org/

•  Eurométropole eu/

: http://fr.eurometropolis.

125


La frontière,

Heart Beats de l’Eurométropole Likoto Quel paysage pour des espaces partagés entre Halluin et Menen ?

Les frontières existeront toujours, prêtes à s’ouvrir et à se refermer. Même au sein de l’espace Schengen, certaines frontières menacent de se fermer. Confrontées à des mouvements massifs de populations dus à la mondialisation du commerce, mais aussi à l’évolution du climat, les frontières nécessitent d’être aménagées comme des lieux de traversées mais également comme de véritables lieux de vie pour ceux qui les habitent. Or chaque pays semble déléguer à son voisin la responsabilité de l’aménagement de cette zone. Ainsi, le paysage de la frontière ressemble à un espace considéré deux fois à 180° au lieu d’une fois à 360°. Actuellement, l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai revendique un effacement de la frontière franco-belge. Les enjeux prônés par l’Eurométropole sont multiples : assurer une meilleure répartition stratégique des pôles commerciaux, industriels et universitaires, faciliter les traversées quotidiennes et occasionnelles, améliorer la qualité de vie des riverains et des habitants de l’Eurométropole etc. Mais il s’agit également de retrouver l’identité binationale du territoire traversé par la frontière : ces confins doivent devenir un intérieur rayonnant, lisible dans le paysage. Parmi les communes jumelles de la vallée de la Lys, Halluin (France) et Menen (Belgique), 2 villes aux langues différentes, cristallisent ces enjeux. Voisines de l’axe moteur de l’Eurométropole, leur paysage est directement impacté par les échanges commerciaux, industriels et touristiques de ces villes motrices. Mais les deux villes restent séparées par un « entre-deux villes » symbolique et linéaire, un paysage résiduel qui semble caractériser la frontière. Ce TPFE s’attache ainsi à valoriser et à tirer parti du paysage hétéroclite de ces espaces pour créer des espaces publics de partage et de rencontre, et ainsi défendre un paysage identitaire d’une frontière effacée. Par l’analyse de ce qui fait frontière à travers 3 séquences paysagères signifiantes (zones industrielles, presque-île « naturelle » et milieu urbain), ce projet de paysage propose de partir à la rencontre des multiples acteurs de ce territoire pour traiter simultanément le linéaire de la frontière, sa continuité, et son épaisseur dans une logique de transversalité.

lea.badel@gmail.com // Travail Personnel de Fin d’étude, Paysage, Juillet 2016


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