COOPÉRATEUR | AVRIL 2017

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AVRIL 2017

cooperateur.coop

LE MONDE AGRICOLE PLONGÉ DANS

L’INCERTITUDE La Division n agrico ole d’un océan à l’autre Dossier maïs nouvveaux hyybrides; protecteurs d’azote

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES


L’agriculture est un mode de vie, pour vous comme pour nous Rencontrez Jacques Au cours de ses 16 années au service de FAC, Jacques a aidé des centaines de producteurs canadiens à bâtir leurs rêves. À l’image de l’équipe FAC, Jacques connaît votre secteur d’activité et souhaite faire votre connaissance.

1-800-387-3232

fac.ca

Jacques DeBlois Directeur principal des relations d’affaires chez FAC


SOMMAIRE ÉDITION AVRIL 2017

VOTRE VIE VIE COOPÉRATIVE 5 6 10 12

VOS AFFAIRES AFFAIRES AGRICOLES

ENTRE NOUS Ghislain Gervais*

19 Sarah Poulin — une jeune femme d’exception 24 Laboratoires EnvironeX et Dairy One —

MA COOP

la fine pointe de la technologie

PAUSE PENSÉE Colette Lebel*

26 L’EFFET BOEUF Bruno Langlois* 27 Nouvelle grille de classement Olymel Plus —

La Division agricole : d’un océan à l’autre

pour plus de flexibilité

VIE AGRICOLE

30 Système de chauffage ingénieux pour poulets frileux 34 Rendement des fraisiers — pour aller encore plus loin 36 Dossier maïs : nouveaux hybrides —

16 Parents hélicoptères, redescendez sur terre !

18 Décoration— l’art de

dose économique et rôle des protecteurs d’azote

bien marier les styles

44 L’importance de la potasse 48 Acériculture — état de la recherche sur le sirop de bourgeon

AFFAIRES ÉCONOMIQUES 50 54 57 58

Site Web : www.cooperateur.coop

Trump plonge le monde agricole dans l’incertitude Prix des terres — pourquoi payer si cher ? BILLET ÉCONOMIQUE Pascal Labranche* ZOOM VOS AFFAIRES

Version virtuelle : www.cooperateur.coop/magazine

* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

LA

Division agricole 50

D’UN OCÉAN À L’AUTRE

SARAH POULIN 12

UNE JEUNE FEMME D’EXCEPTION

19

NOUVELLE GRILLE DE CLASSEMENT

OLYMEL PLUS pour plus de flexibilité

27

SYSTÈME DE CHAUFFFAGE INGÉNIEUX POUR POULETS FRILEUX

30

36 COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

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À VENIR DANS VOTRE MAGAZINE

POULES EN LIBERTÉ DEUX MODÈLES, MÊME MARCHÉ

ABONNEMENT : VERSION PAPIER Complétez le formulaire en ligne : cooperateur.coop/ abonnement-au-magazine

COÛT D’ABONNEMENT

Pour toute question ou pour un changement d’adresse, contactez-nous cooperateur@lacoop.coop 514 384-6450, poste 3513

(défrayé par votre coopérative)

(TAXES INCLUSES)

Membres : 11,29 $ / année Non-membres : 1 an : 30 $ 2 ans : 45 $ 3 ans : 60 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

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TRAITE ROBOTISÉE

@CooperateurMag

DU NOUVEAU EN ALIMENTATION

VOLUME 46, NO 3 | AVRIL 2017

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Guillaume Bolduc, Catherine Brodeur, Bertrand Charest, Frédérick Clerson, Laurier Doucet, Ghislain Gervais, Étienne Gosselin, Lucie Kablan, Pascal Labranche, François Labrie, Bruno Langlois, Stéphane Lapierre, Pascal Larose, Colette Lebel, Nicolas Mesly, Céline Normandin, Martin Pelletier, Stéphane Perreault

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COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

Graphistes Bernard Diamant, Simon Fortin Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Martine Doyon, Étienne Gosselin, Céline Normandin, Studios Drakkar, Suzanne Turcot Page couverture Bernard Diamant Impression Interweb Inc.

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada àà:: Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 | Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop

Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateurr et sur son site Internet ne peuvent être réutilisés sans autorisation. PHOTOS : ÉTIENNE GOSSELIN

Éditeur Jean-François Harel

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

110220-04-17

Le Coopérateurr est publié huit fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.


ENTRE NOUS

LA THÉORIE DU CHAOS GHISLAIN GERVAIS, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, GHISLAIN.GERVAIS@LACOOP.COOP

VOUS CONNAISSEZ ? Cette théorie mathématique a été merveilleusement vulgarisée comme suit par son concepteur : « Le simple battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait déclencher une tornade au Texas. » Ce n’est pas tellement que j’ai une nouvelle passion pour les sciences mathématiques, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger : si l’effet

À la lecture de l’excellent reportage de notre journaliste Nicolas Mesly, dans le présent numéro, vous verrez que même si notre balance commerciale avec nos voisins du Sud est équilibrée, les questions du bois d’œuvre et de l’accès des produits laitiers américains seront au centre des négociations à venir. À quoi pouvons-nous nous attendre d’un gou-

papillon peut déclencher des tornades, quel sera l’effet de l’élection d’un éléphant à la MaisonBlanche américaine ? En fait, ce qui est le plus inquiétant, ce n’est pas tant le nouveau locataire de la MaisonBlanche que le fait qu’il est le symptôme d’un phénomène qui semble mondial : des leaders populistes peuvent dire des faussetés, énoncer des « faits alternatifs », sans qu’il y ait de conséquences sur leur popularité. Ils surfent sur l’idée que c’était mieux avant et que l’on peut retrouver un passé que l’on qualifie de glorieux. C’est ce qui s’est passé au Royaume-Uni avec le Brexit, et c’est le discours actuel de plusieurs leaders de la droite en France, aux Pays-Bas, en

vernement qui s’abreuve de « faits alternatifs » et pour qui une bonne entente semble être celle où il y a nécessairement un perdant ? Difficile à prédire. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas lieu de paniquer. Ce n’est pas la première fois que la gestion de l’offre est la cible de nos voisins, et nous avons à ce jour réussi à en préserver l’essentiel. En outre, la plupart des observateurs s’entendent pour dire que le gouvernement Trudeau joue très bien ses cartes dans ses relations avec la Maison-Blanche, et ce, même si les deux gouvernements ont une vision opposée du rôle de l’État. On constate par ailleurs que la démocratie américaine est complexe et que

Autriche et, d’une certaine façon, en Russie, où règne aussi un président qui veut redonner à son pays la grandeur qu’il avait du temps de l’URSS. Quiconque s’intéresse un peu à l’histoire peut établir des analogies entre la montée de ces nationalismes et la situation qui existait avant les première et deuxième guerres mondiales. On peut minimalement convenir que le secteur des relations internationales est présentement tendu. Mais à court terme, ce sont l’imprévisibilité et l’impulsivité de notre puissant voisin qui m’inquiètent. Son intention de baisser substantiellement les impôts des entreprises pourrait

de nombreux pouvoirs font contrepoids à l’autorité du président, notamment le Sénat et la Chambre des représentants – qui, bien que contrôlés tous deux par le Parti républicain, ont toujours été favorables aux ententes de libre-échange. En cette période d’incertitude et de turbulence politique et économique, je me

PHOTO : MARTINE DOYON

avoir un impact notable sur les f inances publiques, et donc sur de nombreux programmes sociaux du Canada. Plus près de nous, c’est aussi son intention de rouvrir l’ALENA qui crée de l’incertitude. Avec la conclusion de l’Accord économique et commercial général (AECG) avec l’Europe et du Partenariat transpacifique (PTP) avec les pays qui bordent l’océan Pacifique, on aurait pu croire que la remise en question de la gestion de l’offre par nos partenaires commerciaux serait maintenant chose du passé.

console également en pensant que, plus que jamais, la coopération prend tout son sens. Après la pluie vient le beau temps, et notre modèle économique basé sur le respect de valeurs universelles, qui place le développement de la personne au cœur de sa raison d’être, finira bien par être un jour reconnu à sa juste valeur. Bonne période des semences !

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2 GAGNANT DU PRIX ÉTABLISSEMENT ET TRANSFERT DE FERME

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À l’occasion de la récente assemblée générale annuelle de La Coop fédérée, tenue le 23 février, le gagnant du prix Établissement et transfert de ferme La Coop (remis pour une 14e fois) a été dévoilé au moment du banquet. Parmi les trois entreprises finalistes, c’est la Ferme Olofée qui a remporté ce prestigieux prix. L’entreprise, spécialisée en cultures, produit entre autres de l’avoine – dont une partie en mode biologique – pour l’alimentation animale ou la consommation humaine. Bernard Lepage et Bergerette Tremblay, de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, cèdent leur ferme à leurs enfants, Rose-Alice, Raphaël et Virginie. Vidéo : bit.ly/2mpWaDQ. La Ferme Normand Brillant et fils, de Saint-Fabien, dans le Bas-Saint-Laurent, était aussi au nombre des trois finalistes du concours. Réjean et Denis Brillant passent le relai à leurs fils respectifs : Guillaume et Vincent, ainsi que Philippe et Daniel. Leur entreprise ? Une ferme laitière comprenant 405 ha de terres en culture et 166 vaches en lactation, l’un des plus gros troupeaux Ayrshire du Québec. Vidéo : bit.ly/2lvGISH. La Ferme P.Q., de Saint-Agapit, dans la MRC de Lotbinière, est la troisième entreprise finaliste. Éleveurs de porcs à forfait pour La Coop Seigneurie, Richard Camiré et Sylvie Payeur sont fiers d’avoir trouvé en leur fils Pierre-Luc un repreneur qualifié et motivé. Leur exploitation produit annuellement 6500 porcs. Vidéo : bit.ly/2mBJ7fF. Le coup d’envoi de l’édition 2017-2018 du prix Établissement et transfert de ferme a également été donné lors de l’assemblée annuelle de La Coop fédérée. Vous avez jusqu’au 5 mai 2017 pour vous inscrire et ainsi avoir la possibilité de remporter le grand prix, d’une valeur de 6 000 $. Tous les détails à cette adresse : www.lacoop.coop/petf. (Photo : Studios Drakkar)

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LE REGROUPEMENT PORCIN DES DEUX RIVES VOIT LE JOUR

C’est le 1er mars 2017 qu’a été lancée officiellement la société en commandite Regroupement porcin des Deux Rives (RP2R), entité qui regroupera Olymel ainsi que six coopératives de l’ouest du Québec ayant décidé d’unir leurs services techniques, administratifs et logistiques. Le RP2R aura pour mandat de gérer quelque 300 000 porcs provenant des élevages propriétés de ces coopératives. Le RP2R, qui dirigera les activités à partir de son nouveau siège social de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, en bordure de l’autoroute 20, sera chapeauté par un conseil d’administration composé des directeurs généraux des coopératives Vivaco, Comax, Covilac, Profid’Or, Parisville et Montérégiennes ainsi que du vice-président à la production porcine pour l’est du Canada chez Olymel, Robert Brunet. Joël Zummo, directeur du Regroupement, rappelle enfin que le RP2R a pris une participation équivalente à la production de 6 500 truies dans le projet des Fermes boréales, ce qui permettra de faire passer de 300 000 à 400 000 le nombre de porcs produits par le Regroupement. (Photo : Étienne Gosselin)

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NOMININGUE ET PROFID’OR FUSIONNENT

Lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 20 février, les membres de la Quincaillerie coop Nominingue ont voté favorablement pour le projet de fusion avec La Coop Profid’Or. Cette fusion, qui entrera en vigueur le 1er octobre, procurera à la quincaillerie BMR de Nominingue un meilleur pouvoir d’achat, une offre de service plus diversifiée et une capacité de développement nettement accrue. La Quincaillerie coop Nominingue compte 601 membres et 13 employés. Son chiffre d’affaires s’élève à 2 millions $. Avec un chiffre d’affaires de près de 200 millions $ et 220 employés, La Coop Profid’Or se compose de 1112 fermes membres propriétaires et de 1214 membres partenaires. Cette fusion n’entraînera aucune fermeture de points de service. (Photo: © TC MEDIA - Ronald Mc Gregor) Le directeur de la Quincaillerie coop Nominingue, Maxime Bruneau, et le président, Robert Allardx


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SUR CETTE PHOTO ■ 1re rangée (comité

exécutif) : Mathieu Couture; Luc Forget, 1er vice-président; Ghislain Gervais, président; Muriel Dubois, 2e vice-présidente; Richard Ferland ■ 2e rangée : Gaétan

Desroches, chef de la direction; Robert Dutton, administrateur invité; François Drainville; Patrick Soucy; Paul Noiseux, chef des finances; Jean-François Pelletier; Adrien Pitre

LA COOP FÉDÉRÉE : MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Dans le cadre de sa 95e assemblée générale annuelle, qui a eu lieu à Québec le 23 février, le conseil d’administration de La Coop fédérée a élu les membres de son comité exécutif. ■ Président :

Ghislain Gervais vice-président : Luc Forget ■ 2e vice-présidente : Muriel Dubois ■ 1er poste de l’exécutif : Mathieu Couture ■ 2e poste de l’exécutif : Richard Ferland ■ 1er

LISTE DES ADMINISTRATEURS PAR TERRITOIRE ■ Territoire 1 : Jean-François Pelletier (Groupe Dynaco) et Adrien Pitre (La Coop Matapédienne) ■ Territoire 2 : Mathieu Couture (La Coop Alliance) et Marc-André Roy (Vivaco groupe coopératif) ■ Territoire 3 : Richard Ferland (La Coop Unicoop) et Patrick Soucy (La Coop Seigneurie) ■ Territoire 4 : Normand Marcil (Nutrinor) et Benoit Massicotte (La Coop Univert) ■ Territoire 5 : Ghislain Gervais (La Coop Agrilait) et Muriel Dubois (La Coop Covilac) ■ Territoire 6 : Luc Forget (La Coop Profid’Or) et François Drainville (La Coop Agrivert) ■ Territoire 7 : Réjean Vermette (Filière porcine coopérative) ■ Territoire 8 : Cathy Fraser (La Coop Univert) ■ Membre invité : Robert Dutton Rappelons qu’afin de s’adapter à l’évolution des coopératives du réseau La Coop, l’assemblée avait adopté, lors de l’assemblée générale annuelle 2015 de La Coop fédérée, le scénario de représentation de six territoires électoraux avec deux administrateurs à élire par territoire. À cela s’ajoutent un poste réservé à une administratrice, un poste réservé à un administrateur d’une coopérative à vocation particulière ou de consommation et, depuis 2016, un poste réservé à un membre invité, pour un total de 15 membres. Vous pouvez consulter les résultats de La Coop fédérée à https://ra.lacoop.coop.

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AGROPUR ACQUIERT SCOTSBURN CO-OPERATIVE

Agropur coopérative a procédé à l’acquisition des actifs de Scotsburn Co-operative Services Limited, ce qui vient accroître sa présence sur le marché de la crème glacée et des friandises glacées. L’entente porte sur les usines de Truro (Nouvelle-Écosse) et de Lachute (Québec), qui fabriquent plus de 50 millions de litres de produits laitiers congelés par année, ainsi que sur la marque Scotsburn. Les activités acquises représentent des ventes annuelles totales de plus de 150 millions $. 8

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Massicotte; Réjean Vermette; Normand Marcil; Marc-André Roy; Cathy Fraser; Jean-François Harel, secrétaire général, développement durable, affaires coopératives

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UNIFRONTIÈRES : PREMIER BMR EXPRESS AU QUÉBEC Le magasin BMR de La Coop Unifrontières poursuivra désormais ses activités sous l’enseigne BMR Express, devenant ainsi la première quincaillerie BMR sous cette forme au Québec. Ce changement fait suite à la nouvelle stratégie de segmentation des enseignes BMR, annoncée en décembre. Les magasins BMR Express, de plus petites surfaces, offriront aux consommateurs les produits de quincaillerie les plus courants, avec un service personnalisé propre aux quincailleries de quartier ou de village. Selon le Groupe BMR, entre 60 et 70 magasins deviendront des BMR Express au cours de l’année 2017.

PHOTO : STUDIOS DRAKKAR

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■ 3e rangée : Benoit


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PAUSE-PENSÉE

LES MONNAIES COOPÉRATIVES

ON CONNAÎT bien les monnaies tradition-

Les monnaies coopératives ont existé sous plusieurs formes, depuis longtemps, mais elles prennent soudainement un essor.

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nelles, ces monnaies issues par l’État et qui nous servent à payer les impôts. Mais il y a aussi les monnaies coopératives. En fait, pour être précise, je dois ajouter que certains auteurs appellent ces dernières « monnaies complémentaires », tout simplement. Cependant, un des plus grands experts internationaux sur la monnaie, Bernard Lietaer, privilégie

décrivent les multiples formes que la monnaie a prises au fil du temps, jouant de créativité et d’efficacité pour mieux répondre aux besoins des collectivités. Les monnaies coopératives, expliquent-ils, ont existé sous plusieurs formes, depuis longtemps, mais elles prennent soudainement un essor. Des études récentes indiquent qu’il existerait aujourd’hui environ 4000 monnaies coo-

l’appellation « monnaies coopératives », parce que ces monnaies s’appuient toutes, invariablement, sur la solidarité. Je m’y suis intéressée lorsqu’un article publié récemment dans Alternatives économiques a retenu mon attention : « Le coopek vise haut ». Mais de quoi diable parle-t-on ? me suis-je demandée. Apparemment, le coopek est la dernière venue des monnaies coopératives. C’est une monnaie uniquement numérique, à parité avec l’euro. Elle vise à développer une activité économique sans spéculation, sans placement à terme, sans délocalisation, sans frais de transaction et sans intérêts, tout en favorisant les achats locaux. Cette monnaie est

pératives dans le monde. En fait, les auteurs notent que, dans les temps de crise, les monnaies coopératives prennent le relai des monnaies classiques et jouent un rôle tampon en dynamisant les économies régionales, en valorisant du travail et des ressources non rémunérés, et en contribuant à l’économie réelle. Ces monnaies n’ont pas la prétention de remplacer les monnaies nationales traditionnelles. Elles viennent plutôt les compléter en ouvrant vers d’autres systèmes de valeurs, pour créer un écosystème plus stable. Étant issue du crédit bancaire et portant intérêt, la monnaie classique engendre la rareté et la compétition, disent Lietaer et Dunne. C’est

reconnue à la grandeur de la France. Parmi ses promoteurs, on retrouve Biocoop, Enercoop, le Crédit coopératif et la coopérative financière La Nef. Tout est fait selon les prescriptions. C’est La Nef qui « garantit la valeur de la monnaie en mettant en réserve, sous forme d’euros, le montant des coopeks échangés, conformément à l’obligation légale », explique-t-on dans l’article. Les promoteurs veulent en faire une monnaie d’investissement pour les entreprises d’économie sociale, en accompagnant les transitions énergétique, alimentaire et sociale. Le coopek a été lancé l’automne dernier, mais on a de grandes

avant tout une monnaie d’épargne; lorsqu’elle circule, il faut qu’elle offre un bon rendement à court terme, sinon on préfèrera la laisser dormir et en encaisser simplement les intérêts. Les monnaies coopératives, par contre, circulent toujours plus vite que les monnaies traditionnelles. Il y a, quelque part, ce désir qu’ont les gens de faire ensemble, de s’inscrire dans un milieu et d’y améliorer les choses. On pourrait dire que c’est la résilience qui s’exprime par les monnaies coopératives. Et comme elles soutiennent des projets collés aux besoins des collectivités, qu’elles sont administrées par et pour leurs utilisateurs, elles tissent des liens et

ambitions pour lui. D’ici 2020, on espère mettre en circulation 15 millions de coopeks et susciter l’adhésion de 15 000 entrepr ises et de 50 000 particuliers. Tout un programme ! J’ai eu le goût d’en savoir plus long sur ces monnaies particulières et me suis donc plongée dans le livre Réinventons la monnaie !, de l’expert Bernard Lietaer et de la journaliste irlandaise Jacqui Dunne. Les auteurs rappellent la fascinante histoire de la monnaie, de la frappe de pièces d’or jusqu’à la monnaie papier. Ils

arrivent à reconstruire le capital social qu’on a, peut-être, trop longtemps négligé. J’aime bien ce concept de monnaies coopératives. Par les temps qui courent, ponctués de cr ises bancaires et de krachs monétaires, il n’est pas étonnant que ce type de monnaie prenne du galon. Sa pertinence semble tout à fait justifiée. Il convient de reconnaître, une fois de plus, la contribution de la diversité à l’équilibre des systèmes, quels qu’ils soient.

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP



La

Division agricole

d’un océan à l’autre Menée par Sébastien Léveillé et son équipe, la Division agricole de La Coop fédérée a le vent dans les voiles. Dynamisme, vision, croissance, agilité et ouverture sur le monde sont les mots d’ordre de ce secteur phare de l’entreprise, centré sur les producteurs agricoles – tout particulièrement ceux de la nouvelle génération –, pour leur assurer performance et rentabilité. Entretien avec le vice-président exécutif agricole de La Coop fédérée. 12

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PHOTOS : BERNARD DIAMANT

TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME ET GUYLAINE GAGNON


VIE COOPÉRATIVE |

Coopérateur : En 2016, La Coop fédérée a revu sa structure en formant trois grandes divisions autonomes, chapeautées par une société mère. Le but est de donner plus de souplesse à ses principales activités. Comment la Division agricole bénéficiera-t-elle de cette nouvelle structure, et comment les producteurs agricoles en tireront-ils profit ? Sébastien Léveillé : En effet, l’objectif est d’en faire bénéficier les producteurs. Dans la Division agricole, on veut mettre sur pied des équipes d’experts et de gestionnaires performantes, efficaces, agiles, dotées d’une compréhension très fine des besoins agricoles, et ayant des objectifs précis, notamment en matière d’innovations technologiques en agriculture. C’est vrai pour le Québec, bien sûr – dans nos coopératives –, mais également pour le reste du Canada, où nous avons développé des activités. La Coop fédérée s’est dotée d’un plan de développement ambitieux, dans lequel la Division agricole sera très active. Quelles acquisitions ont été réalisées jusqu’à maintenant, et quel type de développement la Division agricole vise-t-elle dans l’avenir ? L’objectif de la Division agricole est d’assurer une présence organisée et structurée, d’un océan à l’autre, dans les secteurs des productions animales, des productions végétales et de la commercialisation des grains. Notre présence accrue résultera essentiellement d’acquisitions. Dans l’Ouest, nous avons déjà fait l’acquisition de l’entreprise Western Brokerage, à Winnipeg – qui faisait partie des actifs agricoles de Coop Atlantique, que nous avons rachetés en janvier 2016 –, pour commercialiser des grains et des ingrédients en alimentation animale. Dans la province voisine, la Saskatchewan, nous expédions des suppléments par train à l’exploitation de production porcine OlySky, dont La Coop fédérée est devenue propriétaire il y a quelques années, par l’entremise d’Olymel. Nous y avons également acheté deux détaillants, Sharpe’s Soil Services et Independent Ag, pour poursuivre notre croissance stratégique en productions végétales dans le sud-est de cette province et dans l’Ouest canadien. Dans l’est du pays, parmi les actifs agricoles de Coop Atlantique, nous exploitons

trois usines consacrées à l’alimentation animale. Du côté des productions végétales, nos quatre détaillants Agromart possèdent une très bonne part du marché des Maritimes. Enfin, avec Eastern Brokerage, bras de commercialisation de notre Secteur des grains dans l’Est et entreprise provenant aussi de Coop Atlantique, nous avons étendu notre positionnement géographique et notre chaîne de valeur dans nos trois secteurs – productions animales, productions végétales et grains –, jusqu’à l’autre bout du pays. La croissance de nos marchés hors Québec a le vent dans les voiles. D’aut res projet s d’acqu i sit ions mijotent. Nous sommes actuellement en discussion pour fournir des produits d’alimentation à un important regroupement de producteurs de porcs, qui approvisionne notre usine d’abattage de Red Deer, en Alberta. On étudie aussi des possibilités d’achat d’infrastructures en productions animales en Ontario et aux États-Unis. Le projet Vision 2020 est à nos portes. Quel impact ce nouveau modèle d’affaires de La Coop fédérée aura-t-il sur la Division agricole et les producteurs ? Vision 2020 créera une nouvelle alliance entre La Coop fédérée et ses coopératives affiliées. L’agilité de la coopérative locale, associée à l’expertise et à la force nationale de La Coop fédérée, permettra de déployer un réseau La Coop plus solide, très compétitif, pérenne et ouvert sur le monde, à l’image de la nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles, notamment en matière de communications. Un réseau qui fait figure de leader, capable de concurrencer des acteurs mondiaux comme Cargill, Agrium, P&H ou Richardson. Le projet Vision 2020 est une excellente nouvelle pour les producteurs. Nous assistons à une vague de consolidation d’entreprises des domaines des fertilisants, des semences et des produits de protection des cultures. Comment la Division agricole de La Coop fédérée peut-elle en prévenir les effets néfastes sur ses membres et clients ? C’est un marché qui se complexifie et qui donne naissance à une concurrence féroce. La fusion de PotashCorp et Agrium,

... Nous avons étendu notre positionnement géographique et notre chaîne de valeur dans nos trois secteurs – productions animales, productions végétales et grains –, jusqu’à l’autre bout du pays. La croissance de nos marchés hors Québec a le vent dans les voiles.

LA DIVISION AGRICOLE EN CHIFFRES Avec des ventes de 1,945 milliard $ en 2016, la Division agricole de La Coop fédérée bénéficie de la synergie entre trois secteurs essentiels : les productions animales, les productions végétales et la commercialisation des grains. Marques de commerce : La Coop, Elite, Agrico, The Agromart Group et COOP.

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| VIE COOPÉRATIVE

du Québec et de l’est du Canada. On veut également mieux connaître les besoins des consommateurs de cette région du monde, pour adapter nos programmes de recherche et développement de produits.

SECTEUR DES PRODUCTIONS ANIMALES ■

Une expertise reconnue, au service des producteurs, dans les domaines avicole, porcin, laitier, bovin et équin, ainsi que dans les productions spécialisées, sans compter des installations de fabrication d’aliments répondant aux plus hautes normes de qualité.

Ventes de 364 millions $ en 2016.

SECTEUR DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES Le plus important fournisseur de semences, de produits phytosanitaires et de fertilisants du Québec et de l’est du Canada. ■

Ventes de 872 millions $ en 2016.

SECTEUR DES GRAINS ET DE L’APPROVISIONNEMENT DES MEUNERIES ■

Chef de file de la commercialisation des grains au Québec.

2,2 millions de tonnes métriques de grains négociées annuellement.

Ventes de 741 millions $ en 2016.

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pour former un très gros consortium de producteurs et détaillants agricoles en productions végétales, en est un exemple. En revanche, la position hautement stratégique de nos infrastructures sur la voie maritime du Saint-Laurent – comparativement au Midwest américain ou à l’Ouest canadien, des régions dépendantes des chemins de fer – nous procure un avantage concurrentiel indéniable. On a ainsi la capacité de s’approvisionner en engrais et autres produits de base, à prix compétitif, partout dans le monde : Afrique du Nord, Russie, Moyen-Orient, Amérique du Sud. Notre dépendance à une consolidation dans ces marchés est donc moins forte. La fusion de Bayer et Monsanto, quant à elle, vient consolider les grands programmes de recherche mondiaux dans les semences. Cette tendance nous pousse à offrir des choix aux agriculteurs, notamment en matière de semences non OGM ou à identité préservée, et à répondre aux demandes de solutions de rechange, qu’on voit de plus en plus pointer. Parlez-nous du projet que vous avez lancé avec Grains Elite à Singapour. Olymel fait consommer de la protéine animale aux Asiatiques, en Chine et au Japon. L’Asie a aussi un grand besoin de protéines végétales – pour le tofu et le miso, par exemple –, besoin auquel nous pouvons répondre. C’est pourquoi nous nous sommes associés avec la coopérative française InVivo pour commercialiser à Singapour du soya, non OGM particulièrement. Notre objectif, c’est d’ouvrir des marchés d’exportation pour les cultures des producteurs agricoles

Vous avez parlé de nouveaux marchés. Souhaitez-vous occuper d’autres créneaux ? Oui. Nous diversifierons notre offre de services dans des marchés plus petits, comme le biologique, pour répondre aux besoins des producteurs non conventionnels, mais aussi aux demandes des consommateurs. Notre usine d’alimentation de Saint-Romuald, secteur de Lévis, vient d’ailleurs tout juste d’obtenir la certification biologique. L’agriculture se numérise, et la Division agricole se positionne pour être un acteur important de ce virage. À quel développement les membres et clients du réseau peuvent-ils s’attendre d’ici deux à trois ans ? Nous vivons une véritable révolution en agriculture. Les cinq prochaines années seront déterminantes. Le saut technologique que les producteurs feront passera par l’automatisation et la robotisation des tâches à la ferme. Il se fera aussi par la prise de décisions techniques et économiques ainsi que par une meilleure communication à l’aide d’outils numériques, tels que Lactascan, bien connu sous le nom de Tableau mensuel laitier, ou Aviscan, que nous avons récemment lancé. Notre objectif, comme fournisseur et partenaire, c’est de faciliter la vie des producteurs grâce à l’introduction de nouvelles technologies. Applications d’engrais et de pesticides à taux variables – pour améliorer la position environnementale de l’agriculture –, agriculture de précision, gestion des mégadonnées, Internet des objets : la technologie numérique sera stratégique et révolutionnera l’agriculture. Nous faisons actuellement des pas de géant dans notre relation numérique avec les producteurs, grâce à une nouvelle plateforme interactive et novatrice dotée d’un espace client. Nous avons des contacts dans la Silicon Valley et en Europe pour mettre au point de nouvelles technologies de gestion, qui feront de nous, plus que jamais, un leader et un allié incontournable de la jeune génération d’entrepreneurs.


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| VIE AGRICOLE

Des parents vont accepter des conditions qui n’ont pas de bon sens, pour un transfert de ferme par exemple. Ils pourraient ainsi mettre en péril leur entreprise ou leur retraite. — Pierrette Desrosiers

REDESCENDEZ SUR TERRE ! Depuis la fin des années 1990, il existe un phénomène de parents très protecteurs, qui sont proactifs auprès de leurs enfants dans le but de leur assurer un bon avenir. On les nomme les « parents hélicoptères ». Pierrette Desrosiers, psychologue du travail, nous décrit ce phénomène : le parent hélicoptère « plane » au-dessus de son enfant pour bien le diriger. C’est un parent très

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engagé dans tous les aspects de la vie de sa progéniture – scolaire, parascolaire, etc. Il intervient souvent à l’école, en discutant avec le professeur des méthodes à

ILLUSTRATION : DREAMSTIME

TEXTE DE GUYLAINE GAGNON


VIE AGRICOLE |

utiliser ou non pour que son enfant réussisse bien. Il couvre celui-ci s’il n’a pas fait ses devoirs, arrive en retard ou a un mauvais comportement. On voit même des parents qui interviennent à l’université, toujours pour s’assurer de la réussite de leur enfant. D’autres l’accompagnent lors d’entrevues d’embauche ou s’ingèrent même dans la gestion du patron, si son appréciation envers l’enfant n’est pas aussi élevée que souhaité. Le parent hélicoptère veut donc éviter à son enfant les écueils, les difficultés et les frustrations de la vie. Il l’élève dans un environnement totalement aseptisé. Dans certains cas, il l’encadre de façon très autoritaire, en lui interdisant par exemple de parler à tel ami qui pourrait avoir une mauvaise influence ou de participer à une activité qui le détournerait de sa voie bien tracée. « Mais tout cela a des conséquences énormes », se désole Pierrette Desrosiers.

COMMENT CE PHÉNOMÈNE EST-IL NÉ ! Selon la psychologue, le phénomène des parents hélicoptères est sans contredit lié au fait qu’aujourd’hui on a moins d’enfants. « Avec 8, 10 ou 14 enfants, on n’avait pas le temps de les protéger autant », soutient-elle. En outre, on dispose de nos jours de plus d’argent, plus d’information et plus de ressources. On a donc les moyens de nourrir de grandes ambitions pour son enfant. S’il a du succès, c’est une réussite pour le parent. Mais s’il échoue, l’égo de ce dernier en prend un coup. « Cela est malsain », tient à préciser la psychologue, qui est spécialisée dans le domaine agricole.

CONSÉQUENCES SUR LES ENFANTS Des études montrent que les enfants des parents hélicoptères sont plus vulnérables, plus intolérants, moins capables d’empathie et d’efforts, et ont une moins bonne éthique de travail. Ils sont aussi beaucoup moins résilients : on observe chez eux plus d’anxiété, plus de dépressions et plus d’épuisement professionnel. Les conséquences sont les mêmes pour les enfants des producteurs agricoles. S’ils sont habitués à être protégés par leurs parents, ils s’attendront à ce qu’on pallie leurs retards et leur manque de planification. « Dans une telle logique, des parents vont accepter des conditions qui n’ont pas de bon sens, pour un transfert de ferme par exemple, dit Pierrette Desrosiers. Ils pourraient ainsi mettre en péril leur entreprise ou leur retraite. »

Pierrette Desrosiers, psychologue du travail et coach spécialisée en milieu agricole

UNE VALEUR SÛRE Selon plusieurs ét udes, on dev rait assigner des tâches aux enfants dès leur jeune âge – autour de quatre ans. La manière dont ils les accomplissent est un des meilleurs prédicteurs de développement de compétences professionnelles. Donc, pour que votre enfant acquière une bonne éthique de travail et un esprit de collaboration, il est bon de lui confier des responsabilités adaptées à son âge, tant à la maison (faire son lit, mettre la table, laver la vaisselle) qu’à la ferme (nourrir les génisses, passer le balai dans l’étable, etc.). « Revenons donc aux bonnes vieilles méthodes ! » conclut Pierrette Desrosiers.

MIEUX OUTILLER NOS ENFANTS « Posons-nous des questions, suggère la psychologue : lorsqu’on intervient pour notre enfant, sommes-nous en train de calmer une anxiété à court terme, ou de donner une leçon à long terme ? » Il faut être capable de tolérer l’inconfort qu’une anxiété crée chez nous et notre enfant, pour qu’il apprenne les conséquences de ses actes. Sinon, il ne se construira jamais une base solide pour affronter les aléas de l’existence. « La vie n’est pas parfaite, poursuit la psychologue. Si on offre aux enfants un environnement aseptisé, quand ils en sortiront, ils n’auront pas la force qu’il faut pour affronter les difficultés. » « Un enfant, c’est comme un arbre, dit la psychologue. S’il n’a pas de racines solides, il ne résistera pas aux grands vents, aux tempêtes et aux sécheresses. » Toutefois, le parent doit intervenir dans les cas les plus importants. « S’il est question d’intimidation ou d’une situation aussi sérieuse, il faut être là », souligne-t-elle.

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L’art de bien

marier les styles TEXTE DE MARIE-HÉLÈNE GAUDIN

On ne le répètera jamais assez : en décoration, l’harmonie entre les différentes pièces est primordiale. Comme l’indique Guylaine Beauchesne, décoratrice au Centre BMR d’Asbestos, de La Coop Pré-Vert, tout est permis dans ce domaine, pourvu qu’il y ait un fil conducteur.

Lorsque vient le moment de changer la décoration, il importe de voir la maison dans son ensemble. Le résultat final en sera des plus agréables. Tout d’abord, afin de créer un décor harmonieux, Guylaine Beauchesne privilégie l’application de couleurs neutres et classiques, comme on peut le constater sur les photos ci-contre. Audelà d’une ambiance relaxante et apaisante, ces couleurs créent un parfait canevas de base permettant de jouer avec tous les styles, du moderne au champêtre. « Je recommande à mes clients d’ajouter des couleurs d’accent, tout en gardant l’harmonie avec la couleur de base, afin d’ajouter de la chaleur à la pièce, précise la décoratrice. Et surtout, de choisir la couleur d’accent qui leur parle le plus ! » C’est cette teinte, répétée dans les pièces, qui unifie

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le décor. On la retrouvera sur les murs ou, souvent, dans les accessoires. Toutefois, une nouvelle tendance gagne en popularité ces dernières années, soit l’utilisation d’un matériau en particulier comme fil conducteur. Le bois de grange, par exemple, fait un retour en force depuis trois ans. « Nous l’avions vu auparavant, mais cette année, on le voit vraiment beaucoup », remarque-t-elle. La raison est simple : polyvalent, il a sa place dans tous les styles et se marie avec une multitude de couleurs. On peut l’utiliser au plafond du salon ou encore comme tête de lit, dans la chambre. Ainsi que le précise la décoratrice, il n’est pas nécessaire de mettre du bois de grange dans toutes les pièces. On peut très bien faire un rappel de sa couleur avec les armoires de cuisine ou les fauteuils de salle à manger (voir photos). On crée ainsi une parfaite harmonie entre les pièces. D’ailleurs, il est possible de reproduire l’effet bois de grange avec des produits de finition maintenant offerts en quincaillerie. « On utilise un activateur de tanin puis le produit pour effet bois de grange, et on voit notre bois se transformer ! » s’enthousiasme Guylaine Beauchesne. Pour bien compléter le décor, il ne reste qu’à ajouter des touches d’une couleur complémentaire, quelques plantes, et le tour est joué ! En cas de doute sur l’utilisation des couleurs ou des matériaux, mieux vaut demander conseil. On évitera ainsi que le mariage des styles se transforme… en divorce !


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QUELQUES RÉALISATIONS DE SARAH BOURSES ■ Holstein

Québec

■ Holstein

Canada

■ Financement

agricole Canada (pour le plan d’affaires qu’elle a réalisé dans le cours GEEA, à l’ITA)

■ Chapeau,

les filles !, du MAPAQ

■ Bourse

d’excellence de la Fondation Audrey Lehoux

■ Fonds

coopératif d’aide à la relève agricole

DISTINCTIONS ■ Personnalité

de l’année de l’AJRQ, catégorie 15 ans et moins, en 2005

■ Personnalité

de l’année de l’AJRQ, catégorie 16 à 25 ans, en 2010

■ Jeune

agricultrice de l’année 2016

ENGAGEMENTS ■ Observatrice

JEUNE FEMME D’EXCEPTION UNE

au conseil d’administration des Producteurs de lait de ChaudièreAppalaches-Sud

■ Représentante

du secteur laitier au conseil d’administration de l’UPA de BeauceSartigan

■ Stage

de la relève d’Agropur

TROUPEAU TEXTE ET PHOTOS DE CÉLINE NORMANDIN

À 26 ANS, SARAH POULIN A REMPORTÉ NOMBRE DE PRIX ET DISTINCTIONS, DONT LE TITRE DE JEUNE AGRICULTRICE DE L’ANNÉE 2016. ELLE GÈRE DÉJÀ DE MAIN DE MAÎTRE SON TROUPEAU D’UNE CENTAINE DE VACHES, MAIS ELLE N’A PAS L’INTENTION DE S’ARRÊTER AVANT DE SE RETROUVER PARMI LES MEILLEURS ÉLEVEURS DU QUÉBEC.

■ 28

EX, 88 TB, 11 BP

PRODUCTION ■ 11 506

kg; 4,1 % G; 3,4 % P

MCR ■ 248-264-260

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1, 2, 3. Sarah nourrit ses veaux l’hiver trois fois par jour afin de leur assurer un bon niveau d’énergie, des veaux dont elle a choisit elle-même chacun des noms.

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Sarah Poulin aime ses vaches. Vraiment. Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre quelqu’un d’aussi dévoué à ses animaux. Elle les bichonne, connaît leur nom et n’hésite pas à recourir aux meilleurs soins, s’il le faut. C’est encore avec émotion que Sarah se rappelle le drame de la mort de sa vache préférée, l’an dernier, d’une mammite foudroyante. Qu’arrive-t-il lorsque l’on conjugue une si grande passion avec une détermination tout aussi grande ? On se retrouve à 26 ans avec un CV impressionnant, qui déborde de distinctions remportées ici et aux États-Unis, avec pour point culminant le prix Jeune agricultrice de l’année 2016, remis par la Fédération des agricultrices du Québec.

AGRICULTRICE ET RIEN D’AUTRE L’amour des animaux habite Sarah depuis toujours. « Mon père m’a déjà raconté qu’il me promenait dans la brouette à moulée, à l’étable, quand j’avais deux ans et que je pleurais s’il ne pouvait pas m’emmener », relate-t-elle. Elle pouvait déjà réciter par cœur le nom des vaches en prenant son déjeuner. Dès qu’elle revenait de l’école, elle courait vers l’étable. Elle trayait les vaches avec ses parents avant d’avoir soufflé ses 10 bougies. À neuf ans, en 1999, c’est elle qui a convaincu son père de ne pas vendre la ferme familiale quand son oncle, qui y était associé, a décidé de se retirer. La vente aurait été un drame pour celle qui savait déjà qu’elle prendrait la relève de la ferme.


AFFAIRES AGRICOLES |

le début de la saison des expositions, fait remarquer sa mère, même si elle la connaît par cœur. Alors que ses amis la voyaient à l’ITA de Saint-Hyacinthe, la jeune femme de SaintGeorges de Beauce opte pour le campus de La Pocatière, où elle fait un DEC en gestion et exploitation d’entreprise agricole (GEEA).

Simon, père de Sarah, l’initie aux expositions agricoles dès l’âge de cinq ans. Il l’accompagne durant le jugement – la génisse la dépassant d’une tête ! Progressivement, elle poursuivra sur cette voie et participera aux expositions agricoles de Saint-Isidore et de Saint-Honoré, en plus des expositions nationales, comme le Suprême laitier. De 14 à 22 ans, elle s’implique auprès des Jeunes ruraux et occupe différents postes au sein du comité directeur de son club. Comme dans tout ce qu’elle entreprend, Sarah s’engage à fond. Elle dompte seule ses animaux et apprend, par l’entremise d’une formation sur cassette, comment les toiletter pour les mettre sur leur trente-six. Une vidéo qu’elle regardera chaque année avant COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

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1. Sarah passe de nombreuses heures à soigner ses animaux, ce qui comprend la traite du soir et du matin dans deux étables différentes. 2. Une jeune Sarah âgée de 9 ans, remportant le titre de Meilleur conducteur lors d’une exposition agricole à Saint-Honoré. 3. Le mur dans le couloir menant à l’étable est couvert du plancher au plafond de différentes mentions confirmant la qualité du troupeau de Sarah.

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« Je me souvenais d’être allée plus jeune à l’Expo-Poc et combien j’avais aimé cet évènement, souligne la productrice. J’avais le goût d’aller à La Pocatière pour relancer la vente de génisses, qui n’avait plus lieu depuis sept ans.» La persévérance de Sarah a porté ses fruits, puisque son implication et son sens de la persuasion ont fait revivre l’évènement, qui a retrouvé ses lettres de noblesse.

DE SAINT-ANSELME À MADISON Sarah va profiter de ses années d’étude pour se perfectionner. Elle effectue un stage en Ontario, puis un autre à la Crasdale Farm, à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est grâce à ce dernier emploi qu’elle se fait recruter pour s’occuper d’animaux

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et les présenter lors de plusieurs ventes très renommées, comme l’International Intrigue Sale. « C’était une grande preuve de confiance et une reconnaissance d’une grande valeur pour moi, dit-elle. Je me suis rendu compte que j’étais très avancée au point de vue de la présentation. C’est aussi à travers mes expériences que j’ai pu établir des contacts dans le réseau Holstein, ce qui m’aide beaucoup aujourd’hui. » La jeune femme continue de faire des expositions régionales et provinciales. Elle a même présenté des animaux à la célèbre World Dairy Expo, à Madison (Wisconsin), et à la Foire royale d’hiver, à Toronto. « C’est une occasion de se faire connaître, soutient-elle. C’est aussi une


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fierté de présenter de belles vaches et de voir le résultat de son travail. C’est valorisant. On ne fait pas ça pour de l’argent ! » Présenter des animaux est en effet un travail de longue haleine, qui débute un an avant l’évènement. Il faut planifier les vêlages pour que les vaches soient « dans leur robe de noces» le jour J. Sarah a consacré une étable à ses meilleures vaches. Elle les lave tous les jours durant l’été. C’est d’ailleurs devant cette étable qu’elle habite, pour pouvoir toujours l’avoir à l’œil.

LA FAMILLE COMME ANCRAGE Simon a toujours soutenu sa fille. « Je revenais de La Pocatière les fins de semaine, dit celle-ci. J’ai souvent été découragée par les difficultés que posait la réalisation de mes projets, mais mon père me disait toujours de ne pas lâcher et de poursuivre. » Elle raconte qu’il lui a aussi fait confiance pour l’acquisition d’animaux. Sarah a effectué son premier achat à 19 ans, dans un encan américain. La qualité de son troupeau est de plus en plus reconnue, de sorte que la vente d’embryons représente maintenant près du tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise familiale. Sarah est particulièrement fière de la diversité des familles Holstein dans son troupeau. Elle est toujours à l’affût de vaches au pédigrée différent et relevé – parfois au grand dam de sa mère, qui tient les cordons de la bourse de la ferme. La famille peut aussi s’enorgueillir de compter un taureau au CIAQ, Jeanlu Fix. Mais sa meilleure carte de visite est le dernier résultat en conformation du troupeau. Parmi ses 110 vaches, 28 sont classées Excellente, 88 Très bonne et 11 Bonne plus. Prochain objectif de Sarah? Le titre de Maître-éleveur, qu’elle convoite depuis plusieurs années. Elle souhaite que, d’ici 10 ans, son troupeau se classe parmi les 10 meilleurs du Québec. La jeune femme travaille d’ailleurs à faire plus de place à la génomique, pour hisser encore plus haut l’excellence de son troupeau. Sarah n’avait pas préparé de remerciements lors de la soirée Saturne, où elle a remporté le prix Jeune agricultrice de l’année. Mais ses premiers mots ont été pour sa mère et sa grand-mère, qui ont tracé le chemin avant elle. « Sans elles, je ne serais pas là », dit-elle. Elle est convaincue que les femmes ont un rôle important à remplir

en agriculture et qu’elles y ont leur place. Seule fille de son groupe au cégep, elle réussissait à se classer première de classe, que ce soit en soudure ou en conduite de tracteurs, devant des garçons qui avaient davantage d’expérience. « Mon père le dit souvent, maintenant : les filles sont meilleures que les garçons ! »

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©2017 CNH America LLC industrielle. Tous les droits sont réservés. New Holland Agriculture est une marque déposée aux États-Unis et de nombreux autres pays, appartenant à ou sous licence de CNH industrielle NV, ses fi liales ou sociétés affi liées. New Holland Construction est une marque déposée aux États-Unis et beaucoup d’autres pays, sous licence ou appartenant à CNH industrielle NV, ses fi liales ou sociétés affiliées

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TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME Notre laboratoire est présent partout aux États-Unis et, par l’entremise d’un réseau de laboratoires affiliés, dans 35 pays du monde. EnvironeX est le laboratoire exclusif avec lequel nous faisons affaire au Québec. — Paul Sirois, Directeur du laboratoire Dairy One

CONNAÎTRE AVEC PLUS DE PRÉCISION LE CONTENU EN NUTRIMENTS DE SES FOURRAGES ASSURE LA FORMULATION DE RATIONS ENCORE MIEUX ÉQUILIBRÉES, QUI CONTRIBUERONT À UNE MEILLEURE PRODUCTIVITÉ DE SES ANIMAUX D’ÉLEVAGE. C’EST POURQUOI, DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LE RÉSEAU LA COOP CONFIE SES ANALYSES À DEUX LABORATOIRES DONT LE TRAVAIL S’APPUIE SUR DES TECHNOLOGIES DE POINTE ÉPROUVÉES. Pour tous ses besoins d’analyses – fourrages, grains, moulées, sols –, La Coop fédérée et le réseau La Coop font affaire avec le laboratoire EnvironeX, dont l’expertise est réputée partout au pays. La collaboration de ce dernier avec le laboratoire américain Dairy One, l’un des plus importants et des plus renommés au monde, crée une synergie qui assure la plus haute précision des résultats d’analyses de fourrages qu’obtiennent les producteurs membres du réseau La Coop.

EXPÉRIENCE ET SAVOIR-FAIRE

EnvironeX, le plus important laboratoire au Québec, ne se spécialise pas qu’en agriculture. Son expertise est aussi reconnue dans les secteurs alimentaire, environnemental et pharmaceutique.

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Groupe EnvironeX voit le jour en 2005. Il fait l’acquisition en 2015 du laboratoire SMI, avec lequel fait affaire La Coop fédérée depuis qu’elle a pris la décision, quatre ans plus tôt, de lui confier ses activités de laboratoire. « Notre propre Service d’analyses nécessitait d’importants investissements, fait savoir Mario Boivin, directeur principal du Service des ruminants à La Coop fédérée. C’est pourquoi nous avons plutôt opté pour faire affaire avec des laboratoires spécialisés et hautement qualifiés qui ne cessent d’innover. La renommée de Dairy

One est mondiale et reconnue par les plus grandes universités américaines. » Fondée en 1974, Dairy One est une coopérative dont le siège est situé à Ithaca, dans l’État de New York. Elle appartient à des producteurs propriétaires de 4500 fermes laitières (600 000 vaches au total) du nordest des États-Unis. Un comité formé de 16 producteurs en donne les orientations, dans l’intérêt premier des membres. « Expédier ses échantillons de fourrages à EnvironeX, c’est tout comme les avoir fait parvenir à Dairy One, poursuit Mario Boivin. La technologie employée et la qualité des analyses effectuées par ces deux laboratoires garantissent aux producteurs qu’ils ont rapidement entre les mains des résultats sur lesquels ils peuvent compter pour formuler, avec leurs experts-conseils, des rations équilibrées de la plus haute précision. » Les fourrages sont analysés principalement à l’aide de la technologie infrarouge que Dairy One, toujours à la fine pointe du progrès, utilise, améliore et met à jour chaque année, depuis plus de 30 ans. « Cette technologie assure une analyse précise, rapide et économique de la composition chimique


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d’un fourrage, ou d’un autre ingrédient, et donc de sa valeur alimentaire, soutient Paul Sirois, directeur du laboratoire Dairy One. Sans trop entrer dans les détails, les longueurs d’onde du spectre infrarouge sont associées à différents nutriments, tels que la protéine, la fibre et les minéraux.» «En clair, les experts-conseils du réseau La Coop prélèvent des échantillons de fourrages chez leurs producteurs et nous les acheminent pour que nous en fassions l’analyse, explique Rafik Zeghdani, chimiste chez EnvironeX. Les échantillons sont préparés pour une analyse infrarouge, et l’interprétation des lectures infrarouges est basée sur les courbes de calibration élaborées chez Dairy One à partir de centaines de milliers d’analyses effectuées chaque année. Il y a donc complémentarité dans les processus d’EnvironeX et de Dairy One. »

UNE QUESTION DE TEMPS «Le plus gros défi auquel doivent faire face nos laboratoires est de maintenir au plus court le temps requis pour procéder aux analyses, soit le temps qui s’écoule entre la prise de l’échantillon et le retour des résultats aux producteurs, signale Paul Sirois. Il n’y a pas si longtemps, il fallait compter 15 jours ouvrables. Aujourd’hui, grâce à la méthode infrarouge, aux services de messagerie et au courriel, un échantillon peut être analysé et un certificat d’analyse produit en trois jours.» «Les fabricants d’aliments se consolident et le nombre de fermes diminue, ce qui crée de plus en plus de concurrence entre les petits laboratoires, qui bien souvent n’ont plus les moyens de se doter des toutes dernières technologies, poursuit-il. Beaucoup d’entre eux se tournent maintenant vers nous pour faire faire leurs analyses.» Dairy One fait affaire avec des laboratoires affiliés (comme celui d’EnvironeX) partout dans le monde, notamment au Canada, en Chine, au Japon, en Australie, au Mexique, en Argentine, en Angleterre, au Vietnam, et même en Russie. «Il y a réel engouement pour la technologie que nous offrons », indique Paul Sirois. « Pour que l’“or vert” que les producteurs prennent soin de récolter se transforme en “or blanc” de la façon la plus efficace possible, mieux vaut être précis tout au long du processus, commente Mario Boivin. C’est pourquoi le réseau La Coop offre des

Avec nous et Dairy One, des pionniers dans l’analyse infrarouge, les producteurs peuvent être en totale confiance. Soulignons qu’EnvironeX réalise également un nombre très important d’analyses de sol pour le réseau La Coop, ce qui en fait le plus important laboratoire dans le domaine au Québec. — Rafik Zeghdani, Chimiste chez EnvironeX

solutions d’affaires de haut niveau, telles que des analyses, des logiciels de calcul de rations (SynchroRation), des outils technicoéconomiques (LactaScan) et, bien sûr, une équipe hautement qualifiée pour aider les producteurs à atteindre leurs objectifs.»

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L’EFFET BOEUF

POUR FINIR, IL FAUT D’ABORD COMMENCER BRUNO LANGLOIS, AGRONOME CONSEILLER SPÉCIALISÉ EN PRODUCTION BOVINE, LA COOP FÉDÉRÉE, BRUNO.LANGLOIS@LACOOP.COOP

face à la réalisation de petits ou de grands projets ? La première est : il faut avoir fini avant de commencer. C’est l’attitude des personnes un tantinet impatientes, qui se voient déjà à la fin, alors qu’elles n’ont pas encore débuté. Pour ces personnes, il faut un résultat rapide et concret. Ça, c’est le portrait tout craché de ma mère. Juste pour vous dire : elle a besoin d’une horloge spéciale pour la ralentir, sinon elle serait probablement déjà en 2020 ! La seconde est : si on veut finir, il faut commencer. Cette attitude est nécessaire pour les projets qui doivent s’étaler sur une longue période. Elle est synonyme de détermination et pourrait passer, à la limite, pour de l’entêtement. En plein le style de mon défunt père. Pour lui, il ne servait à rien d’imaginer un projet si on ne le commençait pas un jour. Et on n’y mettait fin que lorsqu’il était terminé ! Si je vous parle de ça, c’est parce que la lecture de l’article « Le secret danois des 40 porcelets sevrés par truie » (La Terre de chez nous, février 2017) m’a drôlement fait réfléchir à la non-compétitivité actuelle de la production bovine face aux autres productions animales. Pensez-y. Le secret danois n’étant plus un secret, une production annuelle de 5000 kg (poids vif) de porcs par truie de 250 kg pourrait devenir possible dans un avenir pas trop lointain. Comment croire alors que la production, tous les 16 mois, d’un bouvillon de 700 kg par vache de 650 kg pourra soutenir la concurrence encore bien longtemps, si rien ne change? Pourtant, la production bovine possède de nombreux avantages : besoin limité d’infrastructures permanentes, santé robuste, valorisation d’ingrédients et d’aliments laissés pour compte. Et surtout, potentiel d’amélioration des résultats, les technologies pour y parvenir existant bel et bien.

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Prenons l’exemple de la prise alimentaire résiduelle (residual feed intake ou RFI). Puisqu’elle est un caractère transmissible de génération en génération, c’est donc dire qu’on peut améliorer, par sélection génétique, l’efficacité alimentaire réelle de chaque animal – l’un des plus gros handicaps de la production bovine. À titre comparatif, l’efficacité alimentaire des porcs s’est améliorée trois fois plus rapidement que celle des bovins au cours des 35 dernières années. Or, si le concept de la RFI pouvait être appliqué à grande échelle, des économies totales de plus de 200 $ en frais d’alimentation par bouvillon produit seraient envisageables, à moyen terme, pour le producteur vaches-veaux et l’engraisseur. Avec, en prime, une réduction importante de l’empreinte écolog ique – une valeur de plus en plus chère au consommateur. Malheureusement, l’une des caractéristiques intrinsèques de la production bovine est qu’elle est lente, très lente. Entre la conception et la mise en marché d’un bouvillon, il s’écoule plus de 25 mois ! Rien de bien évident pour ceux qui sont du genre « il faut avoir fini avant de commencer ». Qu’à cela ne tienne, il faut croire qu’il y a un noyau de producteurs présentant l’attitude « si on veut finir, il faut commencer » dans les associations de races, puisque plusieurs d’entre elles effectuent maintenant les mesures nécessaires à l’évaluation de ce caractère héritable chez les animaux de race pure. Maintenant, la question qui tue: êtes-vous davantage comme ma mère ou comme mon père face à ce beau projet collectif totalement indépendant du marché? Bonne réflexion !

PHOTO : PIERRE CADORET

AVEZ-VOUS déjà observé ces deux genres d’attitudes


PLUS

FLEXIBLE

LA NOUVELLE GRILLE DE CLASSEMENT

OLYMEL PLUS TEXTE DE STÉPHANE LAPIERRE, AGRONOME,ET BERTRAND CHAREST, T.P.

PHOTO : DREAMSTIME

IL Y A UN AN, LA FILIÈRE PORCINE COOPÉRATIVE SE DOTAIT D’UNE NOUVELLE GRILLE DE CLASSEMENT PLUS LARGE, AFIN DE FACILITER LA PRODUCTION DE KILOGRAMMES DE VIANDES ET D’AMÉLIORER LA FLEXIBILITÉ DES EXPÉDITIONS. Le numéro de mars du Coopérateur abordait le volet de la maximisation de la marge, telle que présentée dans l’infolettre envoyée aux membres de la Filière porcine coopérative. Dans le présent numéro, on mettra l’accent sur la flexibilité qu’offre la nouvelle grille. COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

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COMMENTAIRES D’UTILISATEURS DE LA NOUVELLE GRILLE NATHALIE PARENT-LEGAULT , COORDONNATRICE DU FORFAIT ET DES PROPRIÉTÉS CENTRE DE SERVICE DES DEUX RIVES « Nous avons d’abord réalisé un essai avec la grille dans une de nos fermes. Nous avions deux objectifs principaux, soit cesser l’utilisation de la balance pour sélectionner les porcs, et remplir des remorques sur un site (avantage économique et de biosécurité). Avec cette stratégie, nous déterminons à l’avance le nombre de porcs à sortir en fonction des remorques et du GMQ estimé. « La grille étendue permet également de réaliser les sorties toutes les deux semaines uniquement, sans envoyer de porcs au-delà de la strate permise (indice 112), et nous donne la possibilité de remplir les remorques plus facilement. « Avec la grille élargie, on peut augmenter le poids des porcs en trille lorsque le prix offert est intéressant. Cette pratique nous amène à faire de plus importants vidages, sans pour autant compromettre la rotation des bâtiments. Il faut cependant faire attention de ne pas repousser trop de porcs, afin de ne pas devoir “tirer” sur des prévisions au moment où le prix deviendra moins intéressant. Nous avons donc opté pour le compromis. »

Les auteurs Stéphane Lapierre, agronome Conseiller en évaluation économique Production porcine Olymel Bertrand Charest, T.P. Agent de coordination Approvisionnement porc Olymel

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COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

« Dans un de nos élevages, nous avons fait l’essai d’une d’expédition toutes les trois semaines. Nous voulions tester le système avec le plus grand délai possible entre deux envois à l’abattoir. Bien que sceptique au début, ayant l’habitude d’effectuer les envois toutes les semaines, l’équipe de production a accepté le défi. « Avec une expédition toutes les trois semaines, la précision de la pesée est de rigueur. Tous les porcs, à partir de 100-102 kg carcasse, doivent être expédiés. « Voici les principales conclusions de l’essai : ■ Réduction de la fréquence de manipulation des porcs et des pertes d’animaux possibles lors de la sélection et de l’expédition. ■ Réduction du temps de pesée et d’expédition des porcs. Les employés ont apprécié la plus grande facilité de manipulation des porcs en sélectionnant et en expédiant plus de porcs à chaque envoi. ■ Réduction du nombre de jeûnes à effectuer. ■ Optimisation des transports à la ferme (remorques avec chargements complets). ■ Application plus difficile lors des périodes d’attente à l’abattoir. « Dans l’ensemble, 97 % des porcs de l’élevage ont été qualifiés comme porc La Coop pour un poids moyen de 110,53 kg. Il est difficile d’atteindre un poids moyen plus élevé avec une telle stratégie d’envoi. »

PHOTO : PIERRE CADORET

MARTIN LAFLAMME, DIRECTEUR DE LA PRODUCTION PORCINE CENTRE DE SERVICES DE QUÉBEC / CHAUDIÈRE-APPALACHES


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La grille de classement Olymel Plus S-PL donne la possibilité d’expédier des porcs de 90 à 124,9 kg carcasse, tout en maintenant l’indice maximal qu’elle permet, soit 112. Grâce à cette flexibilité, on bénéficie d’une plage d’expédition de 43 kg vif. Par contre, l’incitation financière du porc Coop (100 à 124,9 kg carcasse) amène à travailler avec une plage de poids réduite à 31 kg vif. Compte tenu d’un gain moyen quotidien (GMQ) de 1,2 kg par jour, la plage d’expédition pour maximiser le porc Coop permet aisément d’expédier les porcs toutes les deux semaines et, dans certains cas, toutes les trois semaines, comme le fait Unicoop. Le Centre de services des deux rives utilise la flexibilité de la grille en expédiant les porcs toutes les deux semaines et, autant que possible, avec des remorques remplies à la même ferme. Au même titre, une ferme de plus petite taille peut facilement remplir une remorque à elle seule en expédiant des porcs toutes les deux semaines, et ainsi mieux gérer la biosécurité de son site de production. Pour ce faire, vous aurez besoin de la collaboration de l’équipe de logistique d’Olymel, qui mettra bientôt en activité son nouveau SGPL (Système de gestion des prévisions et livraisons). Ainsi, il vous sera possible de confirmer deux semaines de prévisions en une seule livraison. Par exemple, une ferme qui a des prévisions pour la semaine 1 de 65 porcs et pour la semaine 2 de 40 porcs pourra livrer 105 porcs dans une seule des deux semaines. C’est au moment de la confirmation que le producteur et le préposé d’Olymel doivent s’entendre sur le choix de la semaine 1 ou 2 pour effectuer la livraison. Dans cette dynamique, Olymel se garde le choix final de la semaine de livraison en fonction des capacités d’abattage. Avec cette méthode, le producteur doit continuer à faire ses déclarations de porcelets dans l’Apporc, des Éleveurs de porcs du Québec, sans essayer de prévoir des livraisons toutes les deux semaines. Cette option sera offerte exclusivement aux fermes qui livrent moins d’un camion par semaine.

En conclusion, les grilles de classement s’adaptent aux besoins du marché, et d’autant plus avec la segmentation de celui-ci. Vérifiez auprès de votre expertconseil la meilleure stratégie à d’adopter, selon les contraintes que vous avez, et communiquez aussi avec le coordonnateur logistique chez Olymel.

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1 1. Pierre-Luc Leblanc n’a pas opté pour un chauffage radiant dans la dalle, qui ne changeait rien à la façon de ventiler le bâtiment. Il a préféré le deux-en-un chauffage-ventilation du système à air pulsé Mabre. 2. La trémie à granules de bois permet une alimentation en continu, alors que l’utilisation de copeaux ou de résidus nécessite un espace d’entreposage et un tracteur pour la reprise. 3. La chaudière alimente en air chaud un bâtiment de 20 000 pi2 (1860 m2), à un débit de 10 000 pi3 par minute. 4. La distribution de l’air chaud dans le poulailler s’effectue au moyen de conduits de ventilation flexibles, pour une homogénéité parfaite de la température et du débit d’air sur le parquet.

CHAUFFAGE INGÉNIEUX POUR POULETS FRILEUX

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

PIERRE-LUC LEBLANC EST UN ÉLEVEUR PRAGMATIQUE. IL A RÉUSSI À AUGMENTER LE BIEN-ÊTRE DE SES POULETTES D’ÉLEVAGE TOUT EN DIMINUANT SON EMPREINTE ÉCOLOGIQUE, ET CE, EN CHANGEANT LE MODE DE CHAUFFAGE ET DE VENTILATION DE SES POULAILLERS. VOICI COMMENT. Le temps de quelques heures, PierreLuc Leblanc a mis sa casquette d’aviculteur, délaissant celle de président des Éleveurs de volailles du Québec, fédération spécialisée de l’UPA qu’il préside à raison de quatre journées par semaine. Puis, il a pris les clés de sa camionnette. « Viens-tu ? » Direction Saint-Bernard-de-Michaudville, en Montérégie, où il élève des poulettes. Chemin faisant, on passe devant des installat ions d’élevage de dindes, de poulets ou de pondeuses d’œufs d’incubation lui appartenant. C’est que Pierre-Luc Leblanc possède ses propres fermes, regroupées sous l’appellation AgriŒufs, mais partage d’autres installations

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avec son frère Jocelyn et sa sœur Marylène, dans le Groupe Aquino, qui compte en tout 49 poulaillers en exploitation. C’est donc à Saint-Bernard que l’homme a installé le premier système de chauffage à air pulsé à la biomasse de marque Mabre en Amérique du Nord. Il s’agit d’une chaudière fabriquée en Italie et offerte en plusieurs niveaux de puissance thermique (de 70 à 1750 kW). Ces équipements sont distribués notamment par Énergies Sonic. Depuis la première installation chez les Leblanc, en 2014, l’équipe du directeur des ventes nationales de Mabre Canada, Dominic Paulhus, a vendu plus de 200 de ces appareils adaptables à divers usages :


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4 serriculture, séchage du foin et des grains, chauffage commercial et industriel. L’entreprise Mabre se targue d’ailleurs d’offrir le système de chauffage à la biomasse « le plus économique et le plus efficace sur le marché ». Bref, une chaudière centrale qui fait partie intégrante de ce que Pierre-Luc Leblanc appelle son « poulailler du futur », un bâtiment ayant une empreinte écologique plus faible et offrant un confort accru pour les animaux. « C’est lors d’un voyage en Europe que j’ai découvert ce système », explique l’éleveur, qui a aussi, par ses fonctions syndicales, voyagé en Chine, où des poulaillers sont chauffés au charbon…

GRANULES ET MOLÉCULES Quand, en présence de chaleur, une molécule de combustible propane se frotte à

cinq molécules d’un comburant appelé oxygène, il se produit un dégagement de chaleur assorti de la libération de trois molécules de dioxyde de carbone et de quatre molécules d’eau. C’est sans parler de l’inodore, incolore et délétère monoxyde de carbone généré par une combustion inefficace du propane dans des appareils mal entretenus… En effet, la combustion d’un gallon de propane (4,54 litres) requiert la consommation de 8500 litres d’air (1700 litres d’oxygène), entraîne la production de 3675 litres de gaz carbonique et libère près d’un gallon d’eau dans l’air du poulailler. « Et comme il faut évacuer les sous-produits de la combustion, on ventile plus, explique Pierre-Luc Leblanc. En ventilant plus, on refroidit l’intérieur, donc on doit chauffer plus et on produit

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Cette chaudière de marque Mabre génère 240 kW par heure (soit 206 500 kilocalories ou 819 000 BTU) et pèse 800 kg.

L’ABC DE LA VENTILATION C’est peut-être un choix d’élever des oiseaux à l’intérieur (quoique !), mais c’est une obligation de bien ventiler les installations. Or, comme se plaisait à le rappeler l’ingénieur Bruno Marquis, de CFM Système, lors du Rendez-vous avicole AQINAC de 2014, la ventilation ne sert pas qu’à évacuer l’humidité. Elle permet aussi d’apporter de l’air frais (oxygène), de conserver une concentration acceptable de contaminants (poussière et ammoniac, notamment) et de maintenir en bon état la litière, avec laquelle les oiseaux sont en contact permanent. Quand la litière va, (presque) tout va, car elle est un bon indicateur des conditions d’ambiance, une sorte d’éponge. Le système traditionnel, où l’air froid doit se mélanger le plus longtemps possible à l’air chaud au plafond du poulailler avant de redescendre sur les oiseaux – avec le risque évident de créer des courants d’air –, ne convenait plus à Pierre-Luc Leblanc. Il a donc préféré une solution « centrale » : il a construit une pièce de 3 m sur 4,5 afin de loger le brûleur et sa trémie, reliée à un silo extérieur, pour une alimentation automatisée, selon les besoins en chauffage.

plus de CO 2 et d’humidité ! » Une spirale dont voulait s’extraire l’aviculteur. Si l’étude des réactions chimiques n’est pas sa spécialité, Pierre-Luc Leblanc a néanmoins constaté qu’en utilisant le propane (peu coûteux, il est vrai) il n’offrait pas un lieu de vie optimal à ses oiseaux, surtout en période hivernale. Brûler un carburant fossile pour générer des calories tout en libérant du gaz carbonique – plus lourd que l’air, donc qui s’accumule à hauteur des oiseaux – et de l’humidité, qui risque de condenser sur le parquet d’élevage, lui apparaissait un non-sens. Rationnel, ce Pierre-Luc. Les chaudières dont ses poulaillers sont équipés brûlent donc des granules de bois dans une chambre de combustion fabriquée d’acier inoxydable. Au-dessus des flammes, un échangeur à tubes horizontaux permet l’échange de chaleur, l’air intérieur déjà réchauffé étant même recirculé afin de diminuer les unités thermiques nécessaires pour maintenir la consigne de température demandée. Une cheminée évacue les gaz de combustion directement à l’extérieur. Prochaine étape : équiper l’entrée d’air extérieur d’un système solaire de préchauffage pour réduire la consommation de granules. Comme tout l’air frais passe obligatoirement par cette entrée d’air unique, ce sera chose aisée. La distribution de l’air chaud dans le poulailler s’effectue au moyen de conduits de ventilation flexibles, pour une homogénéité parfaite de la température et du débit d’air sur le parquet. Durant l’été, l’air frais entre dans le bâtiment par des bouches au plafond de même que par les conduits flexibles, l’air vicié étant extrait par les ventilateurs en bout de bâtiment (ventilation tunnel).

CONSTATS ET RÉSULTATS Quel impact sur les poulettes d’élevage durant leurs 20 semaines de séjour ? Premier signe tangible de bien-être : les volatiles sont répartis uniformément. Logique, car

l’éleveur a procédé à des tests d’enfumage du poulailler pour visualiser le flux d’air. Par ailleurs, les cinq centimètres de litière sont bien secs et le taux d’humidité relative de l’air se maintient aisément entre 50 et 70 %, la norme acceptable pour les oiseaux. « Comme producteurs, on était rendus là, dit Pierre-Luc. D’accord, nos frais de chauffage d’environ 0,035 $/kg ne sont pas un des éléments les plus importants du coût de production, mais si j’améliore d’un dixième la conversion alimentaire et que je diminue de 0,5 % les poulets condamnés, ça devient vraiment rentable. Et c’est sans parler de la santé globale des oiseaux, élevés dans un environnement plus sec, donc moins propice aux microorganismes pathogènes. » Pierre-Luc Leblanc a investi environ 55 000 $ pour son système de chauffage, si l’on inclut la partie du bâtiment qui l’abrite, le silo extérieur pour les granules, la chaudière et son installation. Si l’on ne tient pas compte de l’amélioration des performances zootechniques, la rentabilité de l’investissement devrait être effective au bout d’environ six ou sept ans, selon lui, avec un propane à 0,40 $ le litre et des granules à 210 $ la tonne. Rappelons qu’une tonne de granules est l’équivalent énergétique de 661 litres de propane. Bien-être animal, environnement, résultats technicoéconomiques… Pierre-Luc Leblanc remet sa casquette de président et aimerait voir les pouvoirs publics subventionner le genre de transition énergétique qu’il a effectuée. Car pour le cartésien qu’il est, c’est un choix bien réfléchi !

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RENDEMENT DES FRAISIERS POUR ALLER ENCORE PLUS LOIN TEXTE DE STÉPHANE PERREAULT, AGRONOME

En août dernier, la ville de Québec a accueilli des experts des quatre coins du monde à l’occasion du huitième Symposium international de la fraise. Parmi les nombreuses conférences, celle traitant de l’impact d’un biostimulant a retenu mon attention. Regardons de plus près la recherche menée et les conclusions obtenues. L’étude a été réalisée en Californie de 2006 à 2016, par la société Holden Research & Consulting. Elle a été effectuée en plein champ (plasticulture quatre rangs), en bandes répétées de façon aléatoire entre un témoin non traité (programme habituel du producteur) et des plants traités à l’aide d’un biostimulant liquide. Le biostimulant utilisé est un extrait d’origine végétale d’Ascophyllum nodosum (une algue marine). Il a été appliqué au goutte-à-goutte 14 jours après la transplantation, puis toutes les deux semaines. Le nombre total de traitements variait selon l’année et le système de production.

DES RÉSULTATS CONCLUANTS Le tableau 1 présente les rendements pour chacune des années d’essais. Il est plus qu’intéressant d’observer que, bien que le

rendement total varie d’une année à l’autre, la différence est toujours à l’avantage du traitement d’A. nodosum, et ce, au cours des six années de recherche. La moyenne cumulée indique une différence statistique de rendement de 15% en faveur du biostimulant. Cette variation de rendement s’explique par différents facteurs. D’abord, on a observé une augmentation moyenne de 29% du nombre de couronnes par plant, qui est passé de 2,14 à 2,77 (tableau 2). Par la suite, on a observé un écart pour ce qui a trait aux ravageurs. En effet, lors de deux années d’essai (2013-2014 et 20142015), le tétranyque à deux points a envahi le champ. Toutefois, les plants traités présentaient significativement moins de tétranyques, soit 13 par feuille comparativement à 25,3 pour les témoins. Enfin, lorsqu’on effectue un calcul technicoéconomique (tableau 3), on obtient un revenu moyen supplémentaire de 869 $ US par hectare. Soulignons que peu importe l’année d’essai, le biostimulant A. nodosum a toujours permis d’augmenter la rentabilité de la culture. Cette étude échelonnée sur plusieurs années a clairement démontré les bénéfices

Tableau 1 RENDEMENT À L’HECTARE RENDEMENT EN FRAISE (KG/HA) L’auteur Stéphane Perreault, agronome Directeur, protection des cultures La Coop fédérée stephane.perreault@lacoop.coop

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Année

2006-2007

2008-2009

2009

2013-2014

2014-2015

2015-2016

Moyenne

A. nodosum

4761

9287

5010

2963

1912

4661

4766 b

Témoin

5658

9803

5441

3538

2614

5848

5486 a

(Source : Holden Research & Consulting) — Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.

PHOTOS : LES FRAÎCHES DU QUÉBEC, PIERRE CADORET

LA CULTURE DE LA FRAISE CONTINUE DE PROGRESSER À UN RYTHME SOUTENU. GÉNÉTIQUE, PHYSIOLOGIE, GESTION DURABLE : LES AVANCÉES NE MANQUENT PAS. VOICI UN BIOSTIMULANT QUI VIENT ACCROÎTRE LES RENDEMENTS ET LE REVENU BRUT À LA FERME.


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de l’utilisation d’A. nodosum au goutteà-goutte dans la production de fraises. Les augmentations de rendement, qui accroissent le revenu brut à la ferme, sont liées à un meilleur développement

des plants ainsi qu’à une meilleure tolérance aux stress biotiques et abiotiques. Ce biostimulant liquide est maintenant en vente au Québec, à votre coopérative locale, sous le nom de TONIC.

Tableau 2 NOMBRE DE COURONNES PAR PLANT Année

2006-2007

2008-2009

2009

2014-2015

2015-2016

Moyenne

Témoin

1,80

2,80

2,81

1,70

1,60

2,14 b

A.nodosum

2,60

3,80

4,00

1,80

1,80

2,77 a

(Source : Holden Research & Consulting) — Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.

Tableau 3 REVENU BRUT À L’HECTARE ($US/HA) [COÛT DU TRAITEMENT INCLUS] Année

2006-2007

2008-2009

2009

2013-2014

2014-2015

2015-2016

Moyenne

Témoin

7360 $

14 352 $

7744 $

2940 $

2101 $

7534 $

6891 $

A. nodosum

8745 $

15 152 $

8412 $

3660 $

2832 $

9277 $

7760 $

Différence

1385 $

800 $

668 $

720 $

731 $

1743 $

869 $

(Source : Holden Research & Consulting) — Les données suivies d’une lettre différente sont statistiquement différentes.

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

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RENTABILISER LE PLEIN POTENTIEL GÉNÉTIQUE DE SES HYBRIDES DE MAÏS TEXTE DE FRANÇOIS LABRIE, AGRONOME

LA SAISON DE CULTURE 2016 PASSERA À L’HISTOIRE COMME CELLE OÙ LE QUÉBEC A ÉTABLI UN NOUVEAU RECORD DE RENDEMENT MOYEN DE MAÏS : 10,6 TM/HA. CE RECORD ÉCLIPSE CELUI ÉTABLI EN 2015, SOIT 10,3 TM/HA. EN 2017, SERA-T-IL POSSIBLE DE CONTINUER SUR LA LANCÉE DES DEUX DERNIÈRES ANNÉES ?

PROTOCOLE DE L’ESSAI L’essai a été réalisé sur trois sites chaque année (neuf années-stations), selon la méthode scientifique aléatoire des

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COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

parcelles avec cinq répétitions. On y semait quatre rangs, pour ne mesurer que le rendement des deux du centre. ■ Deux hybrides Elite ont été utilisés lors de cette période : le E67D10 LR et le E65D10 LR. ■ Trois doses d’azote ont été comparées : 170 kg/ha, 205 kg/ha et une dose non limitative de 240 kg/ha. ■ Deux doses de semis ont été utilisées, soit 32 000 et 38 000 grains à l’acre. ■ Un fongicide foliaire a été appliqué à la sortie des soies. ■ Aucun engrais organique n’a été utilisé dans le cadre de cet essai, et le précédent cultural était des céréales ou du maïs. ■ Un démarreur avec 50 N-P-K S, Mg et Zn a été utilisé, et la solution azotée 32 complétait les besoins en azote au stade cinq feuilles. (Voir le tableau 1)

RENDEMENT ET DOSES D’AZOTE Comme le montre le tableau 2, le rendement le plus élevé a toujours été obtenu avec la dose d’azote la plus élevée, pour un écart de 1978 kg/ha entre les deux extrêmes. L’humidité de la récolte a légèrement augmenté dans les régies intensives, et ce phénomène s’explique en grande partie par l’emploi du fongicide. Le même constat se vérifie lors de l’ajout du fongicide en régie standard. Pour ce qui est du poids spécifique, aucune tendance ne se dessine vraiment.

PHOTO : INGIMAGE

L’automne précédant les semis, les producteurs de maïs sélectionnent soigneusement leurs hybrides en se basant sur les résultats de parcelles et des essais provinciaux. Ils savent qu’entre le plus performant des hybrides et le moins performant, il peut y avoir un écart allant jusqu’à 20 %. De plus, il y a de nombreux échanges avec les semenciers pour connaître les doses optimales de semis des hybrides sélectionnés. On investit beaucoup d’énergie dans la semence et le taux de semis, mais qu’en est-il de la fertilisation azotée ? Réalisons-nous des essais pour déterminer la dose optimale d’azote dans notre ferme, dans nos champs et dans nos conditions ? Pour donner des pistes de solutions et quantifier l’impact sur le rendement et la rentabilité du maïs-grain, un essai a été réalisé pendant trois ans (2014-2016) à la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, à Saint-Hyacinthe. Trois variables ont été étudiées, soit la dose de semis, la fertilisation azotée et l’emploi d’un fongicide foliaire à la sortie des soies. Le but de l’essai était de comparer une régie standard avec une régie intensive.


DOSSIER MAÏS |

Lorsqu’on examine le tableau 3 (p. 38), il devient évident que l’azote est le facteur qui a le plus grand impact sur le rendement; il va même jusqu’à limiter celui-ci en régie intensive lorsque le dosage est diminué. En régie intensive, à la dose non limitative de 240 N, la diminution de l’azote à 170 N a entraîné une baisse du rendement de 1342 kg/ha ou 9,63 %. Le même phénomène s’est produit en régie intensive à 205 N : la diminution de l’azote a fait chuter le rendement de 882 kg/ha ou 6,33 %. En régie standard, le fait d’augmenter l’azote accroît le rendement de 1003 et 1231 kg/ha, soit 8,08 % et 9,92 % respectivement. Au chapitre du fameux taux de semis, pourtant si discuté, la variation de la population n’impacte le rendement que de 128 à 576 kg/ha, soit 0,92 à 4,13 % respectivement. Le fongicide a également eu un impact restreint sur le rendement,

soit de 264 à 461 kg/ha, ou 1,89 à 3,32 % respectivement. Le tableau 4 (p. 38) permet d’évaluer la rentabilité de ces points de régie. On constate aisément que la rentabilité la plus élevée est toujours associée avec la dose d’azote la plus élevée. Une bonne fertilisation de la culture en azote fait augmenter la marge nette de plus de 100 $/ha. L’augmentation de la population de maïs génère une marge additionnelle d’environ 25 $/ha. Pour ce qui est du fongicide, compte tenu de la faible pression des maladies lors de l’essai, l’augmentation du rendement qu’il a entraînée ne couvre pas exactement le coût de son application sur nos sites.

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L’IMPORTANCE DE LA FERTILISATION AZOTÉE Cet essai a démontré l’importance de la fertilisation azotée pour le rendement du maïs-grain. Évidemment, les doses employées dans l’essai ne constituent pas

Tableau 1 RÉSUMÉ DES TRAITEMENTS (2014, 2015, 2016) Régie standard

intensive 205

intensive 240

TAUX SEMIS

32 000 grains/acre

38 000 grains/acre

38 000 grains/acre

AZOTE TOTAL

170 N

205 N

240 N

FONGICIDE

Non

Oui

Oui

Tableau 2 RÉSULTATS DE L’ESSAI DE RENDEMENT

RÉGIE STANDARD

Rendement (kg/ha)

Poids spécifique (kg/hl)

12 420 e*

66,8 ab

b

22,2 f 22,7 bcd

INTENSIVE 205 N

13 939

INTENSIVE 240 N

14 398 a

66,7 bc

23,0 ab

INTENSIVE MOINS N (170 N)

13 057 d

66,5 bc

22,4 def

INTENSIVE 205 N 32 000 GRAINS

13 811 b

66,6 bc

22,7 bc

bc

66,6

bc

Humidité (%)

a

13 675

INTENSIVE 240 N 32 000 GRAINS

13 823 b

66,6 bc

22,8 ab

INTENSIVE 240 N MOINS FONGICIDE

13 937 b

67,1 a

22,4 cdef

d

67,1

22,2 ef

INTENSIVE 205 N MOINS FONGICIDE

22,4 def

STANDARD 170 N 38 000 GRAINS

12 814

STANDARD PLUS 35 N (205 N)

13 423 c

67,0 ab

22,5 cdef

STANDARD PLUS 70 N (240 N)

13 651 bc

66,9 ab

22,6 bcd

d

c

STANDARD PLUS FONGICIDE

12 816

66,9

ab

66,4

22,5 bcde

*Des données suivies d’une lettre différente signifient que les résultats sont différents sur le plan statistique.

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

37


| AFFAIRES AGRICOLES

une recommandation pour votre entreprise. Nous vous suggérons fortement de discuter avec votre expert-conseil La Coop pour élaborer un protocole d’essai de fertilisation azotée de votre maïs, afin de déterminer la dose économique optimale, selon les conditions dans votre entreprise. La dose supérieure de semis accroît la rentabilité de la culture. Par contre, il convient de bien valider auprès de votre

semencier si l’hybride est adapté à ce niveau de population. Enfin, misez sur des bases solides pour optimiser le potentiel génétique du maïs : un sol profond et fertile, bien égoutté, au pH optimal, désherbé tôt en saison et dont la compaction est bien gérée. De plus, rappelez-vous de toujours appliquer la bonne dose de fertilisant, de la bonne source, au bon moment et au bon endroit.

Tableau 3 SYNTHÈSE MOYENNE, 3 ANS (9 ANNÉES-STATIONS) Différences de rendement selon la régie intensive

Rendement (kg/ha)

Différence

%

Intensive 205 N

13 939

Intensive moins 35 N (170 N)

13 057

– 882

– 6,33

Intensive 205 N 32 000 grains

13 811

– 128

– 0,92

Intensive 205 N moins fongicide

13 675

– 264

– 1,89

Intensive 240 N

14 398

Intensive moins 70 N (170 N)

13 057

– 1342

– 9,63

Intensive 240 N 32 000 grains

13 823

– 576

– 4,13

Intensive 240 N moins fongicide

13 937

– 461

– 3,31

Rendement (kg/ha)

Différence

%

Différences de rendement comparativement à la régie standard Standard

12 420

Standard 38 000 grains

12 814

395

3,18

Standard plus 35 N (205N)

13 423

1003

8,08

Standard plus 70 N (240N)

13 651

1231

9,92

Standard plus fongicide

12 816

396

3,19

Tableau 4

L’auteur François Labrie, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée francois.labrie@lacoop.coop

38

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

Rendement (kg/ha)

Profit net* ($/ha)

Régie standard

12 420

2360

Intensive 205 N

13 939

2475

Intensive 240 N

14 398

2522

Intensive moins N (170 N)

13 057

2348

Intensive 205 N 32 000 grains

13 811

2503

Intensive 205 N moins fongicide

13 675

2506

Intensive 240 N moins fongicide

13 937

2516

Standard 170 N 38 000 grains

12 814

2383

Standard plus 35 N (205 N)

13 423

2510

Standard plus 70 N (240 N)

13 651

2513

Standard plus fongicide

12 816

2354

*En tenant compte des données économiques suivantes : maïs à 190 $/tm; semence à 280 $ pour 80 000 grains; azote à 1,15 $/kg; fongicide appliqué à forfait à 81 $/ha

PHOTO : PIERRE CADORET

RENTABILITÉ DE L’ESSAI


DOSSIER MAÏS |

MAÏS

QUELLE EST LA DOSE ÉCONOMIQUE D’AZOTE ?

TEXTE DE LUCIE KABLAN, PH. D.

PHOTO : INGIMAGE

LA DOSE ÉCONOMIQUE D’AZOTE DANS LA CULTURE DU MAÏS VARIE SELON LA DATE DE SEMIS, LA TEXTURE DU SOL ET LA PLUVIOMÉTRIE. Lorsqu’il est question de fertilisation azotée, le grand défi consiste à compléter adéquatement la fourniture naturelle du sol par des fertilisants, afin d’optimiser les rendements. Le sol constitue la principale source d’azote pour les cultures. Cependant, les quantités d’azote que le sol leur fournit peuvent varier d’un champ à l’autre, voire à l’intérieur d’un même champ. Selon plusieurs auteurs, les fournitures des sols en azote et les réponses des cultures aux apports d’engrais azotés varient aussi selon les conditions climatiques, qui diffèrent d’une année à l’autre et entre les régions agricoles. Il importe donc de déterminer la dose économique optimale (DEO) d’azote, afin d’optimiser les rendements et de réduire les pertes d’azote dans l’environnement. La DEO est la dose la plus rentable : l’ajout d’azote supplémentaire n’augmenterait

pas suffisamment le rendement pour en justifier les frais.

ESSAIS À LA FERME DE RECHERCHE Depuis plusieurs années, des essais de fertilisation azotée sont réalisés à la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, à Saint-Hyacinthe. Des essais y ont été conduits de 2002 à 2004 et de 2006 à 2010, dans 10 champs, avec 23 hybrides différents et quatre sources d’azote, pour un total de 45 années-sites. Pour chaque année-site, de cinq à six doses d’azote, variant de 80-90 à 240 kg N/ha, ont été testées. Les essais ont été réalisés dans six champs au sol argileux, deux champs sableux loameux et deux champs loameux. Ces champs n’avaient reçu aucune application de fumure lors des cinq années précédentes. Durant les années des essais, des

Ces résultats sont cohérents avec une étude réalisée au CEROM qui démontrait une tendance à l’augmentation de la DEO dans la culture du maïs.

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

39


| AFFAIRES AGRICOLES

données de pluviométrie ont été collectées à la station météo de La Providence, située à 10 km des sites. Pour évaluer la différence entre les données de rendement, une analyse statistique a été réalisée. Lorsqu’une différence significative était observée, la DEO a été évaluée à partir d’un outil mis au point par un chercheur de l’International Plant Nutrition Institute. Les résultats ont été séparés en deux groupes, selon les données de La Financière agricole : les années-sites avec une date de semis optimale et celles avec une date de semis tardive.

LA DEO AFFECTÉE PAR LA DATE DE SEMIS En fonction des conditions climatiques, au cours de 17 années-sites, l’ensemencement a été effectué dans la fenêtre optimale, et pour 28 années-sites, de manière tardive. En 2004, 2007 et 2010, pour la région de la Montérégie, le semis a été optimal entre le 27 avril et le 12 mai. Le semis tardif a été réalisé du 22 mai au 2 juin en 2002, 2003 et 2006. La réponse du maïs à la fertilisation azotée a varié selon les sites et les années. Lorsque la date de semis était optimale, on obtenait une réponse significative à l’azote pour tous les 17 sites, et les rendements variaient de 8,8 à 14,7 t/ha. Pour les semis tardifs, une réponse significative à l’azote était observée pour 20 années-sites sur 28, et les rendements ont varié de 8,5 à 12,8 t/ha.

La DEO a varié selon la date de semis. Pour les dates de semis optimales, la DEO variait de 180 à 236 kg N/ha, avec 100 % des champs qui nécessitaient une DEO supérieure à 170 kg N/ha (figure 1 A). Pour les dates de semis tardives, les DEO variaient de 132 à 233 kg N/ha, avec 48 % des champs qui nécessitaient plus de 170 kg N/ha, 35 % qui avaient besoin d’une DEO comprise entre 141 et 170 kg N/ha, et 17 % qui avaient besoin de moins de 140 kg N/ha (figure 1 B). Toutes ces informations tendent à démontrer que lors de semis optimaux, une DEO supérieure à 170 kg N/ha entraînerait une augmentation du rendement et un profit pour le producteur dans la région de la Montérégie. Ces résultats sont cohérents avec une étude réalisée au CEROM qui démontrait une tendance à l’augmentation de la DEO dans la culture du maïs.

DEO, TEXTURE DU SOL ET PLUVIOMÉTRIE La moyenne des DEO, tous facteurs compris (date de semis, texture de sol, pluviométrie), est de 192 kg N/ha pour l’ensemble des 31 années-sites (tableau 1). Lorsque la date de semis est optimale, la DEO des sols argileux (206 kg N/ha) semble similaire à celle des sols loameux sableux (209 kg N/ha). Des travaux menés par d’autres chercheurs au Québec ont par contre démontré que les sols argileux avaient une DEO plus élevée (181 kg N/ha) que les sols sableux loameux (161 kg N/ha). Cela indique que

Tableau 1 RELATION ENTRE LA DEO, LA DATE DE SEMIS, LA TEXTURE DU SOL ET LA PLUVIOMÉTRIE Nbre

DEO (kg N/ha)

Min.

Max.

Rendement à la DEO (t/ha)

Min.

Max.

31

192 ± 30,8

132

236

11,6 ± 1,7

8,8

15,3

Semis optimal

14

207 ± 16,9

180

236

12,1 ± 1,8

10,0

15,3

Semis tardif

17

181 ± 34,9

132

233

10,9 ± 1,4

8,8

13,1

Argile

10

207 ± 19,0

180

236

12,4 ± 1,7

10,0

15,3

Loam sableux

3

210 ± 17,4

200

224

11,7 ± 1,7

10,9

13,0

Sous-groupes Tous (date de semis, texture, pluviométrie) Sous-groupe pour date de semis

Sous-groupe combinant la texture et la pluviométrie, semis optimal

40

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

Argile, pluviométrie faible de mai + juin

4

194 ± 30,1

190

236

11,4 ± 1,4

10,0

12,7

Argile, pluviométrie élevée de mai + juin

4

209 ± 16,6

185

221

14,1 ± 1

13,0

15,3

PHOTO : INGIMAGE

Sous-groupe texture, semis optimal


DOSSIER MAÏS |

d’autres facteurs, tels que la pluviométrie, peuvent influencer la DEO. Pour l’analyse de la pluviométrie, nous avons considéré les données des mois de mai et de juin, lorsque le semis est fait dans la fenêtre optimale. Quelques jours avant et juste après l’application de l’azote, les précipitations ont eu un impact positif sur la réponse à l’azote. Dans les sols argileux, une pluviométrie élevée en mai et en juin entraîne une DEO légèrement supérieure (209 kg N/ha),

comparativement à une faible pluviométrie (194 kg N/ha), et une augmentation du rendement de près de 3t/ha (tableau 1). Ces résultats semblent corroborer ceux d’une autre étude qui a démontré qu’une faible réponse à l’azote était observée dans les années sèches, alors que les années humides étaient marquées par une réponse élevée à l’azote. Des essais de fertilisation azotée à la ferme vous permettront de mieux estimer la dose optimale à apporter dans vos conditions.

Figure 1 A FRÉQUENCE DE DISTRIBUTION DE LA DOSE ÉCONOMIQUE OPTIMALE* POUR LES SEMIS ENTRE LE 25 AVRIL ET LE 12 MAI 60 50 50 Fréquence (%)

43 40 30 20 7

10 0 201-230

171-200

>230

Dose économique optimale (kg/ha) *DEO calculée en fonction du coût de l’azote (1,41 $/kg) et du prix du maïs (0,23 $/kg).

Figure 1 B FRÉQUENCE DE DISTRIBUTION DE LA DOSE ÉCONOMIQUE OPTIMALE* POUR LE SEMIS TARDIF 60

PHOTO : PIERRE CADORET

Fréquence (%)

50 40

35

30 20

18

17

18 12

10 0

171-200

140-170

171-200

Dose économique optimale (kg/ha) *DEO calculée en fonction du coût de l’azote (1,41 $/kg) et du prix du maïs (0,23 $/kg).

200-230

>230

L’auteure Lucie Kablan, Ph. D. Chercheuse en grandes cultures La Coop fédérée lucie.kablan@lacoop.coop COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

41


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TEXTE DE PASCAL LAROSE, AGRONOME

LA PÉRIODE D’APPLICATION DE L’AZOTE DANS LE MAÏS EST SOUVENT DÉCALÉE DANS LE TEMPS PAR RAPPORT AUX BESOINS DE LA PLANTE. COMMENT CONSERVER LE MAXIMUM D’AZOTE DISPONIBLE POUR LA PLANTE, TOUT EN SE PROTÉGEANT DES RISQUES DE PERTE PAR VOLATILISATION, LESSIVAGE ET DÉNITRIFICATION ?

La volatilisation de l’azote survient lorsqu’on applique de l’urée à la surface du sol sans l’incorporer. Une enzyme nommée uréase, présente à la surface du sol, transforme l’urée en ammonium (NH4+). Cette réaction libère un gaz et entraîne une perte d’azote dans l’atmosphère. Cependant, s’il pleut dans les quatre jours suivant l’application de l’urée, cette dernière sera incorporée au sol, ce qui limitera les pertes potentielles.

LESSIVAGE ET DÉNITRIFICATION Une fois l’urée dans le sol, y est-elle en sécurité ? Eh non ! L’urée incorporée au sol subit la même réaction et est transformée en NH4+. Mais comme cette réaction a lieu dans le sol, aucune perte par volatilisation ne survient. Bonne nouvelle ! L’azote est maintenant sous la forme ammonium, la plus stable dans le sol. Le sol chargé négativement attire les ions NH4+ comme un aimant et les garde en sécurité. Or des bactéries, les Nitrosomas, s’activent en présence d’azote sous la forme NH4+ et la transforment en nitrates (NO3–), la forme la plus à risque sur le plan environnemental. Les nitrates, chargés négativement, ne peuvent s’agripper au sol, qui est lui aussi chargé négativement. Le risque s’accentue lorsque survient une pluie abondante. Les nitrates sont alors évacués vers les drains par l’eau du sol : c’est ce qu’on appelle le lessivage. Si le sol (notamment un sol lourd)

42

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

devient très saturé en eau, les nitrates se transformeront en gaz N2 et se libéreront dans l’atmosphère, ce qui causera des pertes par dénitrification.

UNE BONNE GESTION DE L’AZOTE Le fractionnement est la meilleure option pour bien gérer l’azote dans la culture du maïs. Cependant, les contraintes météos ne permettent pas d’être optimal dans la fenêtre d’application. Cela oblige à avancer la période de fractionnement et met l’azote à risque par rapport à la période de consommation active par le plant de maïs. L’utilisation d’un protecteur d’azote permet d’allonger la période de fractionnement, tout en maintenant l’azote dans le sol, au niveau du système racinaire. Un tel protecteur devient un outil de gestion intéressant. Nos essais menés en 2016 sur la gestion de l’azote (graphique 1) ont démontré l’obtention d’un rendement optimal lorsque l’azote était protégé, comparativement à une application d’urée à la volée sur le sol au stade V5. Le protecteur N-Forced a permis d’augmenter le rendement par rapport au témoin en protégeant l’azote contre la volatilisation. Cependant, le protecteur N-Coop a été le meilleur des traitements. Grâce à son double mode d’action, il a permis de conserver le maximum d’azote dans la zone racinaire. Le protecteur d’azote N-Coop offre le meilleur des deux mondes. Il protège l’urée appliquée sur le sol contre la volatilisation et, par la suite, maintient l’azote sous la

PHOTO : INGIMAGE

VOLATILISATION


DOSSIER MAÏS |

forme NH4+ pendant la période à risque de lessivage. Ainsi, grâce à un protecteur, un maximum d’azote est disponible pour combler les

besoins de votre maïs lorsqu’il entre en croissance active. Cela permet de maintenir votre rendement, tout en réduisant les risques de perte d’azote dans l’environnement.

STADES D’APPLICATION DES PROTECTEURS D’AZOTE EN FONCTION DE LA GESTION DU RISQUE

Période à risque élevé

L’AZOTE L’azote est l’élément nutritif le plus utilisé dans la fertilisation du maïs. Du semis au remplissage des grains, le plant de maïs consomme l’azote sous différentes formes afin de subvenir à ses besoins de croissance.

Graine

Émergence

V2 V4

V6

FRN

V8 V12

V16

V18

VT

R1

R2

R4

R6

APPLICATION INCORPORÉ AU SOL

N-FORCED PLUS N-FORCED N-COOP

APPLICATION À LA SURFACE DU SOL

Graphique 1 RÉSULTATS DE RECHERCHE SUR LES PROTECTEURS D’AZOTE (FERME DE RECHERCHE LA COOP, 2016)

Protecteur d’azote et doses Rendement 15,5 % (kg/HC)

16 000 14 000

13 188

13 460

12 247 12 000 1000 8000 5000 4000 Urée (150 N) en surface à V5

LA BONNE SOURCE D’ENGRAIS

Urée (150 N)+ N-Forced en surface à V5

À LA BONNE DOSE

Associer les fertilisants Appliquer la bonne quantité les plus efficaces de fertilisants selon les à chaque culture besoins des champs

N-COOP (150 N) en surface à V5

APPLIQUÉE AU BON MOMENT

APPLIQUÉE AU BON ENDROIT

S’assurer que les nutriments sont disponibles selon les besoins des plants en croissance

Appliquer les fertilisants au meilleur endroit pour faciliter leur absorption

L’auteur Pascal Larose, agronome Conseiller spécialisé en maïs et soya La Coop fédérée pascal.larose@lacoop.coop COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

43


| AFFAIRES AGRICOLES

TEXTE DE LAURIER DOUCET, T.P., GUILLAUME BOLDUC, T.P., ET LUCIE KABLAN, PH. D.

DANS LE NUMÉRO DE JANVIER-FÉVRIER DU COOPÉRATEUR, ON SOULIGNAIT QUE NOS SOLS MANQUENT DE POTASSE ET QU’IL N’Y AVAIT DONC AUCUNE RAISON DE NÉGLIGER UN APPORT DE CET ÉLÉMENT ESSENTIEL AU MÉTABOLISME DES PLANTES. POURSUIVONS LA CONVERSATION. Les sols du Québec et d’Amérique du Nord s’appauvrissent en potasse (K). Aux États-Unis, des chercheurs ont confirmé l’appauvrissement des sols en potasse après avoir analysé plus de 22 000 échantillons prélevés dans près de 9 000 champs de la « Corn Belt » en 2016.

D’après des études réalisées en Iowa, cette carence en potasse entraîne, dans la culture du maïs, des pertes de revenus de plus de 4 milliards $. Dans le soya, elle peut causer une perte de rendement de plus 50 % (par contre, des pertes de 5 à 20 % sont plus courantes). Au Québec, on observe la même tendance : de 2005 à 2015, on a constaté une diminution de près de 27 kg de K/ha (tableau 1, page 46).


AFFAIRES AGRICOLES |

PHOTO : GUILLAUME BOLDUC

QUELLES EN SONT LES CAUSES ? Au cours des années 2000, l’augmentation du prix des engrais minéraux, et en particulier de la potasse, a contraint de nombreux producteurs, dans leurs stratégies de fertilisation, à utiliser au maximum la réserve de cet élément dans leurs sols. Cette décision économique a été rentable à court terme, mais aujourd’hui, elle nous rattrape. De plus, pour réaliser leurs semis plus rapidement au printemps, les producteurs de maïs utilisent surtout des démarreurs à base de phosphore et d’azote. Pour ce qui est du soya, comme cette culture répond peu à la fertilisation en sol riche, beaucoup de producteurs ont abandonné la potasse. Enfin, on constate que les besoins en potassium inscrits dans les PAEF ne sont pas comblés par la fertilisation en général. À la lumière de ces constats, et vu l’importance de cet élément dans la nutrition des plantes (tableau 2, p. 46), il est impératif de reconsidérer la stratégie de fertilisation potassique afin d’assurer la bonne santé des plantes et le rendement optimal des cultures. Le tableau 2 indique que les rotations de cultures qui incluent des légumineuses (soya et luzerne) exportent chaque année une g rande quantité de potasse. Comme nous offrons des hybrides et cultivars Elite de plus en plus performants (luzerne Althea, soya RR2, maïs SmartStax), il importe de ne pas limiter le potentiel de rendement par une sous fertilisation en potasse. La gestion des résidus de cultures doit également être prise en compte lors de l’établissement du plan de fertilisation en potassium. Par exemple, dans le cas du blé, récolter la paille plutôt que la laisser au champ se traduit par un prélèvement de 33 kg/ha de K 2O, pour un rendement en paille de 2,25 t/ha (150 balles de 15 kg par hectare). Pareillement, le prélèvement en potassium du maïs récolté en ensilage sera plus important que celui du maïs récolté en grains, puisque c’est la plante presque entière qui est alors prélevée.

LE RÔLE DU POTASSIUM Le potassium améliore notamment la résistance aux maladies et aux insectes.

De plus, un bon approvisionnement en potassium permet à la plante d’avoir une meilleure gestion des stomates et de l’utilisation des composants de synthèse pour l’amidon et la protéine. Dans la culture du soya, le potassium joue un rôle majeur dans le rendement : une carence affectera le nombre de fèves par gousse ainsi que le poids de celles-ci. Dans la luzerne, un apport suffisant en potassium améliore la survie à l’hiver, le nombre de tiges par plant et le rendement des tiges. Dans le maïs, le potassium joue un rôle important dans la santé des tiges.

QUAND APPLIQUER LA POTASSE ?

Par sa nature, la potasse permet une grande flexibilité d’application. C’est un élément très soluble et peu lessivable, car il est retenu par les colloïdes du sol.

Par sa nature, la potasse permet une grande flexibilité d’application. C’est un élément très soluble et peu lessivable, car il est retenu par les colloïdes du sol. Si ce n’est des restrictions de quantité lorsqu’on l’ajoute au démarreur, la potasse peut être appliquée à tout moment dans la saison. À titre d’exemple, elle peut être mélangée avec de l’urée pour une application en postlevée dans le blé ou le maïs, ou encore mélangée avec d’autres ingrédients (urée, FRN, Granubor, AMS, etc.) lors d’une application en présemis incorporé dans le canola. Certains producteurs de grandes cultures ne l’appliquent qu’à l’automne. Dans le cas de la luzerne, l’application peut se faire après chaque coupe. Une application à la fin de l’été favorisera l’accumulation d’hydrates de carbone dans les racines et améliorera la survie à l’hiver.

DEUX PETITS NOUVEAUX ! Outre les sources de potasse plus traditionnelles, le réseau La Coop offre deux produits ayant une plus-value. NK 21 (21-0-21), dont l’azote est sous forme de nitrate d’ammonium. On peut l’utiliser seul comme démarreur ou pour la fertilisation des prairies, dans les situations où le bilan phosphore est un enjeu. Aspire (0-0-58; 0,5 B), du potassium en granules incorporant aussi du bore. L’ajout d’éléments mineurs requis en petite quantité représente un enjeu lors de l’épandage, car il faut s’assurer d’une application uniforme sur toute la surface du sol. L’incorporation du bore à l’intérieur des COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

45


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granules d’Aspire permet d’atteindre plus facilement cet objectif et augmente de façon considérable leur efficacité (voir tableau 3). Le portrait de la situation de la potasse au Québec est préoccupant. Il est donc important de faire le bilan de cet élément dans vos champs afin de savoir s’ils font partie des statistiques. Cela vous permettra de voir si la richesse de vos sols en potassium s’est maintenue ou améliorée

Les auteurs

au cours des 10 ou 15 dernières années. Dans le cas inverse, vous pourrez rectifier le tir pour corriger la situation, de façon à maximiser le potentiel de vos champs. À la lumière des exportations par culture indiquées au tableau 2 et du faible prix actuel de la potasse, une belle fenêtre s’ouvre pour regarnir le « garde-manger » de votre sol. Votre expert-conseil La Coop est en mesure de vous accompagner dans votre démarche.

Tableau 1 ÉVOLUTION DE LA TENEUR EN K DES SOLS AU QUÉBEC ANNÉE

NOMBRE D’ÉCHANTILLONS*

MOYENNE (KG K**/HA)

2005

19 514

295

2010

18 948

276

2015

13 375

268

*Le nombre de sites échantillonnés peut varier suivant les années et la région. **K Mehlich-3

Laurier Doucet, T.P. Conseiller spécialisé en plantes fourragères La Coop fédérée laurier.doucet@lacoop.coop

Tableau 2 EXPORTATION DES CULTURES EN ÉLÉMENTS MAJEURS N

P2 O5

K 2O

Maïs (10 tm/ha)

135

70

52

Soya (4 tm/ha)

269

54

94

Blé (5 tm/ha)

97

46

33

Luzerne (15 tm/ha)

377

101

404

Tableau 3 Guillaume Bolduc, T.P. Conseiller spécialisé en protection des cultures La Coop fédérée guillaume.bolduc@lacoop.coop

ESSAIS DE FERTILISATION EN BORE DANS LA LUZERNE AVEC ASPIRE

Prairie luzerne Rendement M.S. (tonnes/acre) 6,4

6,3

6,3

6,2

6,2

6,1

6,1 6

5,8

5,8

5,7 5,6 Lucie Kablan, Ph. D. Chercheuse en grandes cultures La Coop fédérée lucie.kablan@lacoop.coop

46

COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

5,5

(Source : Mosaic)

0-0-60

0-0-60+1 B

0-0-60+2 B

0-0-60+ Aspire 0,75 B

PHOTOS : PIERRE CADORET

5,9


Plus de boisseaux à l’acre, grâce à eKonomics. eKonomics.com, de PotashCorp Un site Web tout à fait gratuit et convivial, avec calculateurs de rendement du capital investi, outils de régie des cultures, données géographiques de tests de sol, conseils d’experts de l’industrie et résumés de recherche – tous conçus pour vous aider à maximiser vos boisseaux à l’acre. Voyez comment eKonomics peut vous aider à améliorer votre rentabilité.


TEXTE DE MARTIN PELLETIER, INGÉNIEUR FORESTIER

L’auteur Martin Pelletier, ingénieur forestier Chef d’équipe, Transfert de technologie Centre ACER

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C’est l’importance des volumes produits et la difficulté d’écouler la marchandise présentant un défaut de saveur de type bourgeon qui ont mené le milieu acéricole à se questionner sur les façons de limiter l’apparition de ce défaut dans le sirop d’érable. Comme dans toute problématique de recherche, les facteurs à considérer sont multiples et les solutions simplistes sont à proscrire. Afin de bien cerner le problème, d’améliorer la compréhension du phénomène et de fournir des solutions applicables rapidement, le Centre ACER s’est doté d’une stratégie en quatre axes : La caractérisation : L’objectif de cet axe de recherche est de décrire et de quantifier le

phénomène du goût de bourgeon dans le sirop d’érable. La prévention : Cet axe vise à définir les conditions menant à la formation du goût de bourgeon lors de l’évaporation. Le traitement à la cabane : Avec cet axe de recherche, on veut étudier les procédés de recuisson du sirop d’érable présentant un défaut de type bourgeon, de manière à l’éliminer. Le traitement industriel : Le dernier axe de recherche se rapporte au reconditionnement, à l’échelle industrielle, des sirops présentant un défaut de saveur de type VR5 stockés dans la réserve de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ). L’objectif de cette approche : diminuer

PHOTO : LUCE MORIN

PHÉNOMÈNE ANCIEN, LE SIROP D’ÉRABLE PRÉSENTANT UN DÉFAUT DE SAVEUR DE TYPE BOURGEON (VR5) A AUJOURD’HUI UN IMPACT CONSIDÉRABLE SUR LES REVENUS DES ACÉRICULTEURS ET POSE UN DÉFI DE TAILLE AUX TRANSFORMATEURS. LE CENTRE ACER S’EST PENCHÉ SUR LA QUESTION.


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la quantité de sirop VR5 dans la réserve (20 millions de livres). À ce jour, sept projets de recherche ont été menés à terme. Les résultats de ces projets sont multiples, et il n’est pas possible de les présenter tous dans cet article. Ils ont déjà été diffusés dans plus d’une quarantaine d’évènements et une quinzaine de documents écrits. Des articles scientifiques sont aussi en préparation. La liste suivante présente quelques avancées marquantes de la recherche sur le sirop de bourgeon : ■ La similarité entre le sirop VR5 de mi-saison et celui de fin de saison a été établie. ■ Il a été démontré qu’aucun facteur lié à la technique de production ou à l’érablière ne peut expliquer à lui seul la présence du goût de bourgeon. ■ On a éliminé la possibilité que le haut niveau de vide dans le système de collecte soit une cause du goût de bourgeon dans les sirops. ■ Des acides aminés liés à la levée de la dormance des arbres ont été identifiés comme précurseurs probables du diméthyldisulfure (DMDS), substance déterminée par la recherche comme cause du goût de bourgeon. ■ Il y a eu exploration de la dynamique des précurseurs alimentant la formation du goût de bourgeon et expliquant le manque de stabilité de la flaveur durant l’entreposage. ■ Il a été démontré qu’il est faisable de mettre au point un appareil simple et portatif permettant de déceler les sèves menant à des sirops ayant un goût de bourgeon. ■ Divers traitements de reconditionnement des sirops de bourgeon à la cabane et en laboratoire ont été analysés. Les premiers essais d’aération et de fermentation n’ont pas été concluants. Par contre, le traitement thermique a permis, sous certaines conditions, d’obtenir de bons résultats. La méthode a été décrite dans la revue Forêts de chez nous de novembre 2016. L’étendue des recherches et la qualité des résultats obtenus n’auraient pas été possibles sans l’aide de conseillers des clubs d’encadrement technique et des conseillers acéricoles du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De plus, il faut souligner la contribution du Centre

de formation en acériculture du Fleuveet-des-Lacs, des équipements d’érablière CDL, des acheteurs autorisés, de la FPAQ, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et des acériculteurs qui ont fait part de leurs connaissances sur le sujet. Les avancées réalisées dans le cadre des recherches sur le sirop VR5 au cours des quatre dernières années sont importantes. Les aspects qui restent à résoudre ont déjà été ciblés par les acteurs du milieu acéricole et les chercheurs du Centre ACER. Parmi ceux-ci, on trouve la mise au point d’un prototype d’appareil permettant de détecter les sèves susceptibles de mener à la fabrication de sirop VR5. Le fait qu’on ait déterminé que le DMDS était la cause du goût de bourgeon ouvre la porte à la fixation d’un seuil de tolérance et à la quantification du défaut au moyen d’analyses chimiques (GC-MS). À terme, cette voie de recherche pourrait conduire à l’obtention d’un indicateur objectif et mesurable du défaut de bourgeon. Un projet de recherche fondamentale est également en cours, en partenariat avec l’Université Laval. Il vise à étudier, par une approche moléculaire, les caractéristiques métaboliques des microorganismes, dans le but d’éliminer les composés chimiques de la sève ou du sirop qui sont responsables des défauts de saveur, tels que le goût de bourgeon. Deux autres projets de recherche ont été préparés; les demandes de financement sont déposées depuis plus d’un an. Le premier porte sur l’amélioration des paramètres de transformation thermique à petite et à grande échelle. Le second vise à mettre au point une technique de transformation de la sève permettant d’éviter la production de sirop au goût de bourgeon. Le Centre ACER est en attente des réponses du MAPAQ. La dernière étape est en vue : l’implantation des résultats de recherche sur le terrain est à portée de main. Tous les acteurs du milieu acéricole, de concert avec l’équipe de recherche du Centre ACER, sont prêts à mettre en place des solutions au problème du sirop VR5. Pour obtenir plus d’information ou pour formuler des commentaires, veuillez communiquer avec Martin Pelletier (819 369-4002 ou martinpelletier@centreacer.qc.ca).

Tous les acteurs du milieu acéricole, de concert avec l’équipe de recherche du Centre ACER, sont prêts à mettre en place des solutions au problème du sirop VR5.

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PLONGE LE MONDE AGRICOLE DANS L’INCERTITUDE TEXTE DE NICOLAS MESLY

AUX ÉTATS-UNIS, LES AGRICULTEURS ONT VOTÉ MASSIVEMENT POUR LE MILLIARDAIRE DONALD TRUMP, SÉDUITS PAR SES PROMESSES D’AFFAIBLIR LA PUISSANTE AGENCE DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT (EPA) ET LES RÈGLEMENTS SUR LA QUALITÉ DE L’EAU ET DE L’AIR; DE FAIRE ROULER LE PARC AUTOMOBILE AMÉRICAIN AVEC PLUS D’ÉTHANOL; ET D’ASSURER LA CONQUÊTE DES MARCHÉS ÉTRANGERS EN RENÉGOCIANT DE FAÇON BILATÉRALE LES ACCORDS COMMERCIAUX, DONT L’ALENA. DE PLUS, ILS COMPTENT SUR L’ADMINISTRATION TRUMP POUR PONDRE UN NOUVEAU FARM BILL (POLITIQUE AGRICOLE) QUI LEUR SERA FAVORABLE. MAIS ILS RISQUENT D’ÊTRE AMÈREMENT DÉÇUS.

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AFFAIRES AGRICOLES |

C’est sous le thème « Un nouvel horizon : l’avenir de l’agriculture » que s’est déroulée la 93e conférence annuelle sur les perspectives agricoles du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), les 23 et 24 février dernier, à l’hôtel Marriott d’Arlington, situé à une enjambée de la Maison-Blanche. Plus de 1600 personnes venues des quatre coins de la planète ont assisté à cette grand-messe, où se discutent les enjeux commerciaux, politiques et écologiques du monde agricole planétaire. Grand absent au micro: l’homme choisi par Donald Trump pour être le nouveau secrétaire à l’Agriculture, Sonny Perdue. En effet, le gouverneur de la Géorgie – et plus important producteur de poulets des ÉtatsUnis – ne peut s’exprimer en public tant que sa nomination ne sera pas officiellement approuvée par le Sénat et qu’il n’aura pas obtenu la cote de sécurité nécessaire à ses nouvelles fonctions. Le processus d’approbation peut prendre encore plusieurs semaines. L’administration Trump arrive au pouvoir dans un contexte agricole fragilisé. Après avoir atteint un record historique de plus de 120 milliards US $ en 2013, les revenus des producteurs américains ont chuté de moitié depuis, résultat d’une dégringolade des prix des principales denrées occasionnée par des productions et des stocks mondiaux records. Et 2017 n’annonce pas d’embellie. Par ailleurs, le niveau d’endettement des fermes se rapproche de celui des années 1980. À l’époque, le poids de la dette avait provoqué une crise rurale rappelant la Grande Dépression. « Le taux de faillite des fermes est aujourd’hui de 2 sur 10 000, tandis qu’il était 10 fois plus

important en 1987, en raison des taux d’intérêt très élevés », a indiqué Robert Johansson, maître de cérémonie et économiste en chef de l’USDA.

«MAKE AMERICA GREAT AGAIN» En l’absence d’un secrétaire à l’Agriculture en fonction, l’auditoire a eu droit à un discours du gouverneur républicain de l’Iowa, Terry Branstad. L’Iowa, petit État clé pour l’accession à la Maison-Blanche, est un des principaux producteurs de maïs et d’éthanol au pays. « Ma frustration envers l’administration précédente [celle d’Obama] provient du refus d’appuyer la norme sur les carburants renouvelables, a-t-il dit. Cela a provoqué un climat d’incertitude, qui a fait chuter le prix du maïs et du soya. » Lancée en 2007 par le président George W. Bush, la norme sur les carburants renouvelables, ou Renewable Fuels Standard, oblige les raffineurs à vendre à la pompe de l’essence contenant 10 % d’éthanol (appelée E10), lequel est fabriqué principalement à partir de maïs. Le tiers de la production américaine du petit grain jaune est aujourd’hui distillé en éthanol. Le marché pour ce biocarburant, qui a permis de soutenir le prix du boisseau, est parvenu à maturité. Terry Branstad aimerait voir rouler le parc automobile américain avec une essence E15, voire E30, pour que le pays produise plus de maïs et écoule plus d’éthanol. « Le lobby de l’éthanol ne fait pas le poids par rapport au lobby pétrolier », a cependant indiqué le conférencier Patrick Westhoff, directeur du Food and Agricultural Policy Research Institute (FAPRI). « Il y a très peu de chances pour que soit modifiée la norme actuelle sur les carburants renouvelables. »

LA NOUVELLE POLITIQUE SOUS LA PRÉSIDENCE TRUMP Construction d’un mur à la frontière États-Unis–Mexique, augmentation des dépenses militaires, projet pharaonesque de modernisation des infrastructures : voilà l’essentiel du plan de relance « Make America Great Again ». Donald Trump s’installe à la Maison-Blanche au moment où les États-Unis peinent à rembourser les plus gros emprunts contractés depuis la Deuxième Guerre mondiale pour relancer leur économie, à la suite de la crise financière de 2007-2008. « Le déficit public va tripler d’ici 10 ans – et c’est sans tenir compte des promesses du président Trump, », affirme Patrick Westhoff, directeur du FAPRI. L’explosion de la dette est attribuable aux coûts de la sécurité sociale et à ceux liés au système de santé d’une population vieillissante.

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LA NOUVELLE POLITIQUE SOUS LA PRÉSIDENCE TRUMP Il est illusoire de penser que les agriculteurs, même s’ils ont voté pour Donald Trump, n’écoperont pas, croit l’expert Patrick Westhoff. Voté tous les quatre ans, dont la dernière fois en 2014, le Farm Bill (politique agricole des États-Unis) coûte environ 100 milliards $ US par année. La très grande majorité de ce budget, soit 80 %, est alloué à un programme d’aide alimentaire destiné à la population la plus démunie : chômeurs, mères de familles monoparentales, écoliers... « On est en train de réévaluer qui va recevoir cette aide, a indiqué le conférencier Mike Conaway, président du comité de l’agriculture de la Chambre des représentants. L’objectif est de remettre les bénéficiaires le plus rapidement possible au travail. » Depuis six ans, quelque 45 millions d’Américains – plus que la population canadienne – touchent une forme ou une autre de cette aide.

« D’autre part, l’administration Obama n’a pas réussi à faciliter l’accès à nos marchés, a poursuivi Terry Branstad. Plus de 95 % des consommateurs vivent en dehors des États-Unis. Je suis très optimiste que les nouveaux accords commerciaux vont aider l’Amérique rurale.» Le président Trump a préféré abandonner le Partenariat transpacifique (PTP) et entend renégocier l’ALENA – « le pire accord à avoir été signé par les ÉtatsUnis » – au profit d’ententes bilatérales. Depuis 2011, les États-Unis exportent en moyenne pour près de 140 milliards $ US de denrées agricoles, dont 45 % dans trois pays: le Canada et le Mexique, membres de l’ALENA, ainsi que la Chine. « Il va falloir que les négociations de ces nouveaux accords commerciaux se réalisent très rapidement!» a indiqué Beth Ford, viceprésidente et directrice des opérations de l’entreprise laitière Land O’Lakes, qui participait à un panel d’industriels. «Cela crée un climat d’incertitude qui nuit aux investissements et à la recherche-développement.» La femme d’affaires s’est dite préoccupée par les relations avec le Mexique, qui est le plus gros acheteur de produits laitiers américains, à hauteur de plus de 1 milliard $ US par année. Le projet du président de construire un mur et de renforcer la sécurité entre les États-Unis et le Mexique – d’un coût de 21,9 milliards $ US, payé par les Mexicains –, pour enrayer le flot d’immigrants clandestins, envenime les relations entre les deux pays. Le Mexique, qui est aussi le plus gros acheteur de maïs américain, dépêche en ce moment des émissaires au Brésil et en

Argentine pour possiblement y acheter le petit grain jaune, en guise de représailles. Le Canada est passé sous le radar à cette conférence. La visite très diplomatique du premier ministre Trudeau à Washington et sa rencontre avec le président Trump, deux semaines plus tôt, ont permis de relativiser les deux principaux différends commerciaux entre les deux pays : les exportations américaines de lait diafiltré et l’interminable conflit du bois d’œuvre. Le commerce agricole bilatéral, chiffré à 47 milliards $, est bien équilibré entre le Canada et les États-Unis, comme pour l’ensemble du commerce bilatéral. C’est très loin d’être le cas avec la Chine, qui exporte quatre fois plus de biens aux États-Unis qu’elle n’en importe. La Chine a surclassé le Canada à titre de premier client pour les denrées américaines. Avec ses 1,3 milliard d’habitants et le développement de sa classe moyenne, ce pays est la locomotive des échanges agricoles de la planète. Il importe le quart de la production américaine de soya ! Mais les relations entre la première et la deuxième puissance économique et militaire du monde ne sont pas au beau fixe. « La Chine nous ment constamment sur son projet de militarisation en mer de Chine », a lancé Terry Branstad, désigné par le président Trump comme le prochain ambassadeur des États-Unis dans l’Empire du Milieu. Plusieurs autres dossiers, comme le vol de propriété intellectuelle, sont litigieux. Et l’ex-gouverneur de l’Iowa aura fort à faire pour permettre au bœuf américain ou à la drêche de maïs d’entrer au pays de la Grande Muraille.

PROJECTIONS DU BUREAU BUDGÉTAIRE DU CONGRÈS AMÉRICAIN POUR LES TROIS PRINCIPAUX PROGRAMMES AGRICOLES [FARM BILL] 16 14 Assurance récoltes

Billion dollars

12 10 8

Conservation

6

Commodités agricoles

4 2 0 2009 2011 2013

2015

2017

2019

2021

2023

2025 2027 Source : FAPRI

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AFFAIRES AGRICOLES |

Donald Trump arrive à la MaisonBlanche au moment où la domination des États-Unis a décliné de moitié dans le commerce mondial du maïs, du soya et du blé, passant de 65 % en 1981 à moins de 30 % en 2017. Les nouvelles puissances maïs-soya que sont le Brésil et l’Argentine ont des coûts de production moindres que ceux des États-Unis. Quant au blé, c’est la Russie qui aujourd’hui domine ce marché. « La guerre froide entre les États-Unis ne porte plus sur les ogives nucléaires, mais sur le marché du blé », a dit le conférencier Daniel Basse, président d’AgResource, un cabinet de consultants de Chicago. L’expert prédit que le prix de cette céréale ne sera bientôt plus fixé à Chicago, mais dans la région de la mer Noire.

LES ACTEURS

TERRY BRANSTAD, GOUVERNEUR DE L’IOWA

DANIEL BASSE, PRÉSIDENT D’AGRESOURCE

Le gouverneur de l’Iowa n’a pas caché son mécontentement envers l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). La promesse d’affaiblir la règlementation de cette agence fédérale est une des raisons pour lesquelles les producteurs américains ont voté massivement pour le milliardaire Donald Trump.

D’après Daniel Basse, le monde croule sous un excédent de production et des stocks records de maïs, de soya et de blé. Trois facteurs pourraient aider à relancer les prix : la demande chinoise, une augmentation de la norme sur les carburants renouvelables et le retrait de terres en production aux États-Unis.

PATRICK WESTHOFF, DIRECTEUR DU FOOD AND AGRICULTURAL POLICY RESEARCH INSTITUTE (FAPRI) Selon Patrick Westhoff, l’état des finances publiques de Washington ne permettra pas de renouveler un généreux Farm Bill en 2018.

PHOTO : ISTOCK

LA NOUVELLE POLITIQUE SOUS LA PRÉSIDENCE TRUMP Le reste du budget du Farm Bill (20 %, ou quelque 20 milliards $ US par an) est réparti entre les programmes d’assurance récolte, de conservation des sols et de soutien aux revenus des producteurs de denrées agricoles comme le maïs, le soya, le coton ou le riz. Les producteurs laitiers en sont presque exclus. Un soutien à la production biologique, qui connaît une croissance phénoménale, n’est pas dans la mire de la nouvelle administration, se désole Laura Batcha, directrice de l’Organic Trade Association et animatrice, à cette conférence, d’un atelier sur les nouvelles tendances qui influencent la production agricole. Le prochain Farm Bill est prévu pour 2018, et chacun des groupes d’intérêts va tenter de tirer la couverture à soi. Outre la météo, les marchés et le commerce mondial des denrées agricoles devront dorénavant composer avec une incertitude de plus, personnifiée par le nouveau président américain.

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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

PRIX DES TERRES POURQUOI PAYER SI CHER ?

TEXTE DE FRÉDÉRICK CLERSON, M. SC., ET CATHERINE BRODEUR, AGRONOME, M. SC.

LE PRIX DES TERRES AGRICOLES EST EN FORTE AUGMENTATION. POURQUOI LES PRODUCTEURS ACCEPTENT-ILS DE PAYER AUSSI CHER POUR EN ACQUÉRIR ?

Les auteurs Frédérick Clerson, M. Sc. Analyste sénior, études économiques Groupe AGÉCO Catherine Brodeur, agronome, M. Sc. Vice-présidente, études économiques Groupe AGÉCO

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également déterminante dans l’évolution des prix. Près de 40 % des producteurs ont indiqué que leur capacité à payer était le critère le plus important pour juger du prix (figure 1). Seulement le tiers (33 %) ont répondu que ce critère était le revenu annuel qu’ils pouvaient retirer de la terre. La rentabilité annuelle n’est donc pas le premier critère considéré par les répondants. Par ailleurs, si 65 % croient qu’on ne devrait jamais tenir compte de la valeur de revente d’une terre dans le prix d’achat, 20 % pensent le contraire.

LES FREINS À L’ACHAT : LE PRIX ET LA DISPONIBILITÉ Le tiers des producteurs ont songé à acheter une terre, mais y ont finalement renoncé. Pour une majorité, la raison principale a été le prix trop élevé (figure 4). D’ailleurs, plus de la moitié (58 %) des répondants au sondage considèrent que les prix payés dans leur région sont trop élevés. La disponibilité arrive au second rang des freins à l’achat. S’ils pouvaient choisir entre recevoir une terre agricole ou recevoir une somme équivalente en argent, la majorité des répondants (62 %) opteraient pour la terre. C’est dire comme il s’agit d’une denrée rare ! Cela dit, les producteurs n’ont pas tous la même attitude quant à l’augmentation de la valeur des terres. Si les prix élevés découragent 52 % d’entre eux d’en acheter, ils encouragent au contraire 20 % à le faire (les autres étant indécis ou neutres). Ces différents résultats montrent qu’une certaine proportion des producteurs adopte une attitude et des comportements d’investisseurs à l’égard des terres agricoles. Cela en fait-il pour autant des spéculateurs ?

ILLUSTRATIONS : INGIMAGE

Une majorité de producteurs achètent des terres principalement pour développer leur entreprise, mais un tiers d’entre eux le font aussi pour des motifs plus spéculatifs, contribuant à alimenter la hausse des prix.

Le prix moyen des terres ayant fait l’objet d’une transaction entre personnes non apparentées a été en forte augmentation au Québec. En effet, de 2005 à 2015, il est passé de 6052 à 19 432 $/ha, une augmentation de 221 %1. Bien que cette hausse soit particulièrement concentrée dans certaines zones, toutes les régions du Québec ont connu une augmentation (figure 2 p. 56). Pourtant, ni le prix des produits cultivés ni le revenu net agricole n’ont augmenté dans des proportions comparables. Pour mieux comprendre les motivations et comportements d’achat des producteurs, un sondage Web a été envoyé aux abonnés du Flash Coopérateur. Plus de 630 producteurs ont répondu et accepté de nous faire part de ce qui les motive à acheter des terres (voir note méthodologique). La plupart des producteurs achètent des terres agricoles principalement pour assurer la pérennité et le développement de leur entreprise. Plus de la moitié des répondants le font surtout dans l’objectif d’augmenter leurs superficies en culture ou de faciliter l’intégration de la relève au sein de l’entreprise (figure 3 p. 56). Par contre, certains comportements d’achat peuvent s’apparenter à des comportements plus spéculatifs et contribuer à alimenter la hausse du prix. Le tiers des producteurs ont indiqué qu’ils ont acheté une terre parce qu’une occasion s’est présentée, et un autre quart l’ont fait dans une perspective de placement, soit pour faire un profit à la revente, soit parce qu’ils avaient des liquidités à placer, ou encore pour laisser un héritage à leurs enfants. La manière d’établir le prix que les acheteurs sont prêts à payer pour une terre est


AFFAIRES ÉCONOMIQUES |

LE MARCHÉ DES TERRES : DANS UNE BULLE SPÉCULATIVE ? Devant la forte hausse du prix des terres et certains comportements d’achat plus spéculatifs, il en est qui se demandent si le marché des terres n’est pas en surchauffe et si l’on ne serait pas devant un risque de bulle spéculative. Mais qu’entend-on par bulle spéculative ? Joseph Stiglitz, économiste de renom, a décrit ce concept (voir encadré). Ainsi, dans une situation de bulle, le niveau de prix auquel s’échange un bien ou un actif dépasse de manière importante sa valeur économique. Mais la bulle se définit avant tout par son éclatement : lorsque les propriétaires d’un actif prévoient une diminution de sa valeur et décident simultanément de le vendre, on assiste à une dégringolade de son prix. C’est l’éclatement. Même si le prix des terres est beaucoup plus élevé que leur valeur économique dans certaines régions, on conviendra qu’un tel éclatement est peu susceptible de se produire au Québec, puisque ce sont très majoritairement des producteurs agricoles qui sont propriétaires des terres. Or, ceux-ci les possèdent pour les utiliser comme actif productif, et non comme un placement qu’ils peuvent revendre à tout moment si le rendement ne les satisfait plus. Seule une crise majeure, comme celle qu’on a vue aux États-Unis au début des années 1980, pourrait conduire à une liquidation généralisée des terres par les producteurs et à un écroulement du marché.

DES COMPORTEMENTS À RISQUE Malgré cela, des recherches ont déterminé un certain nombre de comportements favorables à l’apparition d’une bulle, dont certains peuvent s’appliquer aux acheteurs de terres agricoles. L’attachement et la familiarité envers un actif peuvent conduire à en surévaluer la valeur réelle. La fierté, la convoitise (ou l’envie), le désir de se conformer à la norme (de faire comme les autres) ou encore le fait d’écarter inconsciemment les facteurs qui ne correspondent pas à sa perception ou à son désir d’acheter (par exemple, faire fi de l’avis de son conseiller) peuvent également mener un acheteur à payer « trop cher » (voir l’encadré « Résister à la tentation »). Pour que ces comportements aient un impact sur un marché, il faut bien entendu qu’ils soient assez répandus. Toutefois, à l’échelle d’une entreprise, ce type

de comportement peut avoir des conséquences très importantes.

LOUER PLUTÔT QU’ACHETER ? En raison de la relative rareté des terres, bien des producteurs ont le sentiment qu’ils « n’ont pas d’autre choix » que de payer le prix élevé. Mais une solution pourrait être de louer plutôt que d’acheter. La moitié des producteurs ont dit avoir considéré cette option au moment d’acheter. Toutefois, seulement 10 % ont finalement opté pour la location. Si les désavantages associés à celle-ci peuvent expliquer en partie ce résultat, la fierté d’être propriétaire y contribue sans doute également ! L’intérêt des producteurs agricoles pour les terres est fort et devrait se maintenir. Dans notre sondage, près de la moitié (42 %) des producteurs ont indiqué avoir l’intention d’acheter des terres d’ici trois ans, et 25 % ont affirmé être acheteurs « dès qu’une occasion se présente». La conviction que la valeur des terres continuera d’augmenter semble bien ancrée: 40% des répondants ont affirmé qu’ils préféraient acheter tout de suite pour éviter d’avoir à payer plus cher dans quelques années. Ainsi, les résultats du sondage portent à croire que la demande va continuer d’être forte dans les prochaines années et que certains comportements favorisent une surenchère. Pour éviter de fragiliser leur situation financière, les producteurs devront garder la tête froide et éviter d’adopter des comportements d’achat qui mettent à risque la rentabilité de leur entreprise.

1

Groupe AGÉCO, 2006; FADQ 2016; et nos calculs

Figure 1 PRINCIPAL CRITÈRE POUR JUGER DU PRIX À PAYER POUR UNE TERRE Le coût Autres de location Le prix de revente futur 4% 3% 6%

La capacité de payer 39%

Les prix des terres du voisinage 15 %

Les revenus annuels potentiels 33 %

QU’EST-CE QU’UNE BULLE SPÉCULATIVE ? « Si la raison pour laquelle le prix est élevé aujourd’hui est due uniquement au fait que les investisseurs croient que le prix de vente sera élevé demain – lorsque les facteurs fondamentaux ne semblent pas justifier un tel prix – alors une bulle existe. Au moins dans le court terme, le prix élevé de l’actif est justifié, parce qu’il rapporte un rendement (gain en capital plus dividende) égal à celui des actifs alternatifs ». – Joseph Stiglitz, économiste COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

Figure 2 ÉVOLUTION DU PRIX DES TERRES DE 2011 À 2015 DANS CERTAINES RÉGIONS DU QUÉBEC

Montérégie

21 %/an

Capitale-Nationale

24 %/an

Centre-du-Québec

11 %/an

Chaudière-Appalaches Nord

9% %/an

Saguenay — Lac-Saint-Jean

12 %/an 32 %/an

Abitibi-Témiscamingue

RÉSISTER À LA TENTATION ■ 25 %

des répondants ont indiqué qu’ils ressentent de la jalousie lorsqu’ils voient d’autres producteurs acheter des terres. l’opposé, 25 % ont indiqué être plutôt inquiets pour ces acheteurs.

22 %/an

Ensemble du Québec 0$

10,000 $

20,000 $

2011

30,000 $

2015

■À

Figure 3 MOTIFS PRINCIPAUX D’ACHAT D’UNE TERRE AGRICOLE

(PLUS D’UNE RÉPONSE POSSIBLE PAR RÉPONDANT)

Augmenter les superficies

50 %

Ocassion à saisir

35 %

Intégration à la relève

27 % 13 %

Épandage des fumiers

10 %

Héritage pour les enfants

8%

Réaliser un profit à la vente Revenus à placer Devenir propriétaire Autres

6% 3% 1%

Figure 4 MOTIFS DES PRODUCTEURS QUI ONT RENONCÉ À LEUR PROJET D’ACHAT DE TERRE (PLUS D’UNE RÉPONSE POSSIBLE PAR RÉPONDANT)

Le sondage a été expédié aux abonnés du Flash Coopérateur. Il s’est déroulé du 5 au 18 janvier 2017. Un total de 634 producteurs a rempli le questionnaire. L’échantillon n’est pas probabiliste et les résultats ne peuvent donc pas être extrapolés à l’ensemble des producteurs agricoles.

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Prix trop élevés

68 %

Pas de terre disponible

21 %

A plutôt loué Pas eu accès au financement Terre pas encore été mise en vente

14 % 7% 6%

A tenté mais sans succès

5%

Conseiller en défaveur

5%

Autres

3%

ILLUSTRATIONS : INGIMAGE

NOTE MÉTHODOLOGIQUE


BILLET ÉCONOMIQUE

LA RENTABILITÉ : D’ABORD À LA FERME PASCAL LABRANCHE, AGRONOME, COORDONNATEUR AGROÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE AGRICOLE, LA COOP FÉDÉRÉE PASCAL.LABRANCHE@LACOOP.COOP

ON PARLE depuis déjà un certain temps de

PHOTO : SUZANNE TURCOT

Le plus dur est de sortir de votre paradigme de production et de vous demander combien rapporte chaque actif de votre entreprise.

l’ouverture des marchés du lait (accord avec l’Europe, Partenariat transpacifique), et même de certains sous-produits pouvant entrer sur notre marché, ce qui aura pour effet d’éroder une partie des revenus des producteurs. Collectivement, des mesures peuvent être

bout du spectre, il y a plusieurs investissements possibles qui offrent des rendements rapides et intéressants. La clé réside habituellement dans trois points : 1) ne pas avoir peur de se mettre au défi pour trouver les facteurs limitatifs dans son entreprise, 2) prendre le temps de calculer

prises; mais individuellement, comme producteur, pouvez-vous faire quelque chose ? Bien sûr que oui. Comme dans n’importe quelle industrie, il est essentiel de prendre un peu de recul sur sa situation. Vous avez des actifs considérables, et la dette des entreprises est en hausse depuis plusieurs années. Comme toile de fond, on constate que le creux historique des taux d’intérêt est passé et qu’une légère hausse est à prévoir. Rien pour aider. Dans pareil cas, la clé consiste souvent à revenir à la base. Fondamentalement, ce qu’on cherche comme entrepreneur, c’est le rendement du capital investi. Alors, pourquoi ne pas com-

en fonction du capital investi, et 3) mettre au défi ses propres actifs. Par exemple, vous savez que le potentiel génétique de vos vaches est excellent, mais vous ne le laissez pas s’exprimer pleinement. Alors, pourquoi ne pas chercher à déterminer les éléments limitatifs de la production ? Vous seriez surpris de voir le rendement du capital investi dans des chaînes plus longues, de meilleurs abreuvoirs, plus de luminosité, des tapis ou même le système d’entreposage des fourrages. Soyez ouvert d’esprit et laissez votre expert-conseil vous mettre au défi. Ensuite, pourquoi ne pas estimer le coût des travaux et calculer le rendement du capital

parer son capital investi avec d’autres types d’investissement ? Le marché obligataire offre des rendements de 2 à 3 %; un portefeuille équilibré, de 6 à 8 %. Peut-on faire mieux ? La beauté de la chose en agriculture, c’est que dans l’ensemble, nos entreprises sont rentables. Mais il y a beaucoup de variabilité dans leur rentabilité. Puisque le prix du lait est le même pour tous, certains producteurs font les choses différemment, car ils réussissent mieux. Mais voilà, quels sont les investissements les plus rentables ? On pense souvent

investi ? Là encore, votre expert-conseil a à sa disposition des outils pour effectuer presque n’importe quelle simulation économique. Enfin, le plus dur est de sortir de votre paradigme de production et de vous demander combien rapporte chaque actif de votre entreprise. Peut-être que certaines opérations culturales peuvent être réalisées à forfait et que vous n’avez pas vraiment besoin du gros tracteur, de la batteuse ou du réservoir à lisier… Faites le calcul du rendement du capital investi pour chaque actif, et vous ferez un saut. Moi, j’en fais un chaque fois. Être imaginatif devient habituellement très payant, et

aux investissements plus structurants (nouvelle étable, robot de traite, achat de la terre du voisin, etc.). Bien que ce soit du cas par cas, ceux-ci procurent rarement les meilleurs rendements. Souvent, il faut plus de 20 ans pour les rentabiliser. Mais à l’autre

on peut vous y aider. On ne maîtrise pas toujours l’environnement macroéconomique dans lequel on évolue, mais on est toujours maître de ses décisions. Et le réseau La Coop a les outils pour vous aider.

COOPERATEUR.COOP – MARS 2017

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L’ART DE DONNER DES CONSIGNES

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COOPERATEUR.COOP – AVRIL 2017

UN N NOUVEL OUTIL NUMÉRIQUE NUMÉÉRIQUE POUR VOS CHAMPS Il n’est pas toujours facile de noter systématiquement toute l’information sur vos champs, et surtout de la conserver toute au même endroit. Dorénavant, vous aurez accès au Carnet de champ. Ce nouvel outil numérique de La Coop fédérée, facile d’utilisation, vous permettra d’enregistrer immédiatement tous vos renseignements en un seul endroit. Cette application technologique est offerte en format Web et mobile, avec un système d’exploitation iOS ou Android. Elle permet d’enregistrer une panoplie de renseignements, tels que des données sur les champs, les cultures, les semences, les fertilisations, les pesticides et les récoltes. Vous pourrez croiser ces données, faire des analyses ainsi que comparer et exporter les résultats. Votre expert-conseil pourra même, lors d’une visite, ajouter de l’information à vos dossiers, par exemple des photos de l’état de vos champs, des observations sur vos cultures, ou toute autre donnée pertinente qui vous aidera à prendre les meilleures décisions pour maximiser vos rendements. Parlez-en à votre expert-conseil !

FAC : NOUVEAU PRÊT POUR LES JEUNES ENTREPRENEURS À l’occasion du Jour de l’agriculture canadienne, souligné le 16 février dernier à Ottawa, Lawrence MacAulay, ministre canadien de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, et Financement agricole Canada (FAC) ont annoncé le lancement d’un nouveau prêt pour les jeunes entrepreneurs qui évoluent dans le secteur du commerce de détail d’intrants agricoles ainsi que dans celui de la fabrication et de la transformation alimentaires. Le prêt Jeune entrepreneur offre un financement pouvant atteindre 1 million $ par demandeur (pour être admissible, il faut avoir moins de 40 ans), en vue de l’achat ou de l’amélioration d’actifs liés à l’agriculture, ou bien de l’achat d’actions d’entreprises liées à l’agriculture, y compris celles appartenant au secteur agroalimentaire. Ce prêt exige une mise de fonds minimale de 25 % et offre des taux variables personnalisés ainsi que des taux fixes sur cinq ans. Tout comme le prêt Jeune agriculteur, lancé en 2012 et revalorisé en décembre dernier, le prêt Jeune entrepreneur ne comporte aucuns frais de traitement. Pour plus de détails, visitez fac.ca ou rendez-vous sur Facebook, LinkedIn et Twitter (@FACagriculture).

PHOTO ET ILLUSTRATION : INGIMAGE

Pour un patron, en agriculture ou dans un autre domaine d’activité, l’un des pièges les plus courants de la communication réside dans la conviction que son message est toujours bien compris par son entourage. Or, qui n’a jamais constaté avec frustration que ses consignes n’avaient pas été suivies par les personnes auxquelles elles s’adressaient ? Voici quelques moyens susceptibles d’augmenter votre degré de satisfaction et celui de vos collaborateurs : 1. Demander au lieu de commander. La demande incite naturellement la personne qui la reçoit à se sentir davantage responsable du résultat. 2. Mettre l’accent sur les caractéristiques du résultat recherché. Décrire les qualités d’un travail bien fait, plutôt que les erreurs et les défauts pouvant compromettre l’atteinte de l’objectif. 3. Expliquer l’importance de la tâche à accomplir. Certes, cela demande plus de temps que donner de simples directives. En contrepartie, l’employé comprend mieux vos intentions et vos préoccupations, ce qui l’incite à faire le nécessaire pour répondre à vos attentes. 4. Accorder de la latitude dans le choix des moyens. Les employés compétents savent agir en temps opportun et de manière efficace. Une supervision trop rigoureuse des tâches peut engendrer de la frustration et la démobilisation. La clé du succès demeure le dialogue. Celui-ci permet d’adapter le degré de supervision et de délégation en fonction de la complexité de la tâche et des caractéristiques de chaque employé. (Centre d’expertise en gestion agricole)


LE NOUVEAU CARNET DE CHAMPS NUMÉRIQUE

MAINTENANT DISPONIBLE!

Plus simple que jamais, inscrivez instantanément vos données et observations aux champs.

Ayez toujours à portée de la main les informations relatives à vos champs. Fini les piles de cahiers!

Poussez encore plus loin vos analyses en le combinant à nos autres outils d’agriculture de précision.

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Le nouveau carnet de champs numérique s’inscrit dans notre forfait d’outils d’agriculture de précision. Pour en profiter et investir là où ça compte vraiment, contactez votre expert-conseil dès maintenant. h t tp s://s o lu ti o n s te c hl c f. c o m La Coop est une marque de commerce de La Coop fédérée.


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