Le GUIDO N° 42 - Printemps 2014

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Le GUIDO

numéro 42 - printemps 2014

le magazine d’Essaouira

éditions média business - Essaouira



edito sommaire histoire : Magie de toujours... 5 patrimoine : Cimetière juif & Haïm Pinto 12 patrimoine : La synagogue SLAT LKALHAL 16 cuisine : Les épices 21 arts : Hervé M. Sevat 23 tourisme : Tamanar-Tabayat-Tafedney 24 actualités : Zapping sur la ville 26 Directeur de publication : André EUGENE. Imprimerie : Somadi / Pipo - Casablanca Rédaction : Sylvie BRIGNON Traduction : Danièle LEGALL Photos : S. BRIGNON, A. EUGENE Réalisation : André EUGENE Assistante : Maryam ELKOURCHI Dépôt légal / ISSN : 2008PE0021 / En cours Contacts : Tél: +212 (0)661 138 324 - Fax: +212 (0)524 474 685 email:infos@leguido.com - Web: www.leguido.com Tous droits réservés. Toute forme de reproduction, des textes et photos, intégrale ou partielle, est interdite sans autorisation de l’éditeur.

Essaouira une ville en mouvement !! Non plus une ville comme le disait Georges Lapassade « Essaouira ville à vendre » ! Embellissement de la ville, travaux de titan, festival en vue, rallye des gazelles ou rallye d’ULM, nouvelles boutiques, récents endroits café/resto branchés, ouverture de galeries qui soutient l’idée d’Essaouira ville artistique, soleil et été qui s’installent, animations tout azimut…la ville renaît sous des dizaines de projets. Désirs de musées, désir de culture, désir et plaisir de vivre dans une ville ouverte au monde. Un magazine dans lequel naviguer, de la ville et son patrimoine juif à la découverte d’une région vers le Sud étonnante, des nouveautés de la rue à la peinture d’Orient d’un dessinateur de talent, des odeurs d’épices aux témoignages d’hier et d’aujourd’hui. Que chacun profite de toutes ces belles innovations et se plaise dans la lecture du magazine et dans la vie de la cité !

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histoire

of the town that ,even more than its architecture, are the basis of very basic rituals and ceremonials making the visitor feel at home even after a long absence. Life on the beach and on the promenade along it are for the tourist the very image of Essaouira, with the well wrapped up women enjoying alone the tranquility of early morning, the football players of the afternoon, the couples in ETERNAL MAGIC love in the evening and always these packs of dogs free as birds t all times and for everybody the Souiri magic has been at that, unaware that they are, in this magnificent scenery of the port work. Some may grow weary of it others not. Newcomers walls, the assiduous actors in a show that one never gets tired of. on arrival yield to it. A town with a thousand spells. Essaouira can be the seagulls playing with the wind in the blue Everyone recounts a childhood spent here, or a short stay, or sky, the barges with their turned up nose, the silvery shine of a whole life… With its oceanic mildness, its post card scenery, the unloaded fish, the comings and goings of men, the harmony its romantic History and its rich cultural life it is difficult not to between the sea and their gestures outlined in the arched adjusted succumb to the charm of the ancient Mogador. For some, sea wood, the lines of foam on the rampart or the ocean coming to die and wind are integral parts of the “representation or image” on the green rocks.

ETERNAL MAGIC YESTERYEAR MEMORIES TODAY’S IMPRESSIONS - !!!!!

A

YESTERYEAR MEMORIES

1940-1950 - “Near Mogador, in front of the town, near the ramparts and the harbour, there is an island: the island of the falcons. It is not really a town, it is a rock smashed, eroded or stroked by the sea depending on its mood and on the weather. An old Phoenician prison gaol, an island of the end of the world, it is just there at the door of Essaouira the Magnificent whose inhabitants, wherever they are, transport the image in their head and heart. A town with a soul, with a flame still burning in the heart of the people of Mogador. The cabinetmakers’ street, the jewellers’ street, the Kakon cinema, the soft melt-in-the mouth pink liquorice “cocos” from Ouazana, Messoda the cook, the eating houses near the harbour: all are monuments of memory. The cakes from Driss for all occasions:

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MAGIE DE TOUJOURS

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gestes et de la mer dans le profil cintré des bois ajustés, les traits de l’écume sur les remparts et l’océan qui meurt sur les rochers verts.

MEMOIRE D’ANTAN

1940/50 – « Près de Mogador, devant la ville, près des remparts et du port, se trouve une île : l’île-aux-faucons. Ce n’est pas vraiment une île, c’est un rocher que la mer fracasse, érode ou caresse suivant le temps et son humeur.

our tous, de tout temps, la magie souirie opère. Certains s’en Ancienne prison phénicienne, île du bout du monde, elle se trouve lassent, d’autres pas. Les nouveaux arrivent et succombent. Une là, aux portes d’Essaouira la Magnifique que ses habitants, où ville aux mille charmes. qu’ils soient, transportent dans leur tête et dans leur cœur. Une ville avec une âme, avec une flamme, qui brûle encore dans le Chacun témoigne : une enfance passée ici, un séjour, une vie entière… cœur des gens de Mogador. Douceur océane, décor de carte postale, histoire romanesque et richesse culturelle : difficile de ne pas succomber aux charmes de l’ancienne Mogador. Concernant “la représentation, l’idée de la ville”, elle est pour l’un indissociable de la mer et du vent qui, plus encore que son architecture, créent des rites, des cérémoniaux très simples qui font que le visiteur se retrouve toujours “chez lui” même après une longue absence. La vie sur la plage et sur la promenade qui la longe sont pour le visiteur LA représentation d’Essaouira, avec ces femmes emmitouflées qui profitent seules de la tranquillité du petit matin, les joueurs de foot de l’après-midi, les couples amoureux du soir et toujours, ces groupes de chiens libres comme l’air. Sans le savoir, ils sont dans ce décor somptueux des murailles du port les acteurs appliqués d’un spectacle dont on ne se lasse jamais. Essaouira, ce sont les mouettes dans le bleu du ciel jouant avec le vent, les barques aux nez retroussés, la brillance argentée des poissons débarqués, le mouvement des hommes, l’accord de leurs

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histoire

MAGIE DE TOUJOURS MEMOIRE D’ANTAN IMPRESSIONS D’AUJOURD’HUI-!!!!!


histoire unexpected visits, quiet weddings, Bar Mitzvah of poor people. Omnipresent discreet ladies with their green hats who very seriously and regularly used to have ‘their five o’clock tea’ as they said at four o’clock in the afternoon! The frozen sea in spite of the constant beautiful weather. The beach hut with its owner, fat Woisnard, a legendary character with his BMW motorbike dodging in and out of the way of carriages. The club where we used to spend hours in between card games, trying to solve the world’s problems, anticipating our life, planning a wedding or plotting a departure. The Café de France, the only café in the town and of course the beach with its sand dunes and long walks ending inevitably by the ruins of the Portuguese fort.

A pirate’s harbour where the small craft looked like the galleons of days gone by, loaded with silver fish dancing in their nets like a treasure brought back, splendid images reflected in the eyes of the fishermen from Mogador. Its inhabitants? People with a particular look, with different ways, with a special way of speech belonging to them, a kind of nobility and dignity, a detachment existing nowhere else but there, in these people of Mogador. The passing of Englishmen in the last century certainly played a part in that as these people pepper their conversations in Arabic with a few words nicely borrowed from this language which gives them even more charm. On my way to Oualidia I had insisted to visit this town I did not know but that everybody spoke highly of the particular character and the unique beauty. It is here that for the first time I heard of the falcon island. A colony of Eleonora’s falcons occupied this piece of rock: beautiful birds of prey and remarkably numerous for this endangered species. The wind blowing practically all the time through the argan and the olive trees’ leaves tells strange stories: why, for example did the falcons decide to leave the island for good after living there for centuries? Was it fear? Was it a fear of fear? Was it due to the stormy winds carrying smells of sea salt and of grilled fish coming from a row of stalls and sold by merchants in the maze of little streets around the harbour?

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La rue des Ebénistes, la rue des Bijoutiers, le cinéma Kakon, les cocos roses moelleux et fondants de Ouazana, Messoda la cuisinière, les gargotiers près du port : monuments de la mémoire. Les gâteaux de chez Driss pour toutes occasions : visites à l’improviste, mariages intimes, Bar Mitzvah de pauvres. Dames aux chapeaux verts, omniprésentes et discrètes qui, très sérieusement et très régulièrement, prenaient leur « five o’clock tea », comme elles disaient, à quatre heures. La mer gelée malgré le temps toujours au beau fixe. Le chalet de la plage avec son propriétaire, le gros Woisnard, personnage légendaire, et sa moto BMW qui se faufilait entre les calèches d’Oja. Le club où l’on passait des heures entre deux parties de cartes, à refaire le monde, à anticiper sa vie, à arranger un mariage ou à comploter un départ. Le café de France, l’unique café de la ville, et bien sûr la plage avec ses dunes, et ses longues promenades qui finissaient immanquablement aux vestiges du Fort portugais. Un port de pirates où les embarcations ressemblaient à ces galions du temps jadis. Elles rapportaient comme des trésors des poissons d’argent dansant dans leurs filets et des images grandioses dans les yeux des pêcheurs de Mogador. Les habitants? Des gens à l’attitude particulière, aux manière différentes, avec une façon de parler bien à eux, une espèce de noblesse, de dignité, de détachement, qui n’existe nulle part ailleurs que chez ces gens, ces gens de Mogador. Le passage des Anglais au siècle dernier a dû y être pour quelque chose car ils émaillent leur conversation

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These winds making everyone crazy! No one knows; all I can say is that they just left for good as if they vaguely and unconsciously felt that their destiny was somewhere else from now on, beneath more clement skies, less turbulent, less hazardous. Then they took their flight, a large and majestic flight, with powerful and desperate shrieks piercing the clear sky. Little by little, one after the other, they left not to come back. But where would they find again such poetry coming from this white town with touches of blue like the sea, such a warm atmosphere, such peace? Some children played there, indifferent to the passing of time. For one dirham, the local money, they could eat a sardine, an onion, a chilly, some bread. Sometimes, for nearly nothing, they bought some cakes at Driss’ made with seagulls’ eggs: they were mad about these cakes. Then, for hours they went to watch the falcons. Apart from a few specimens the island inevitably lost its inhabitants. Only seagulls and gulls stayed behind and they still idly follow the boats coming back from the open sea. That was the end of the Eleonora’s falcons on the rock of Mogador. The few that stayed hanging on to their dream, attached to their memories, seemingly aware of their vulnerability, are waiting for I don’t know what kind of messiah to show them the way. In the meantime, the rock, like the town are deserted. So is the way for some communities that shrink away trying hard to survive, in spite of History ,trying to blend as much as possible with their environment but who end up leaving like these beautiful noble falcons on the rock of the island of Mogador left, are still leaving against their will. Only an old solitary, stooping and sad falcon, its vague gaze fixed on the horizon is waiting less and less hopefully for its children to come back. “ Bob Oré Abitbol-dating around 1940 Extract from the Gazette of Dafina

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que les mouettes et les goélands qui suivent encore, indolents, les bateaux revenant du large. Ce fut la fin des faucons pèlerins sur le rocher de Mogador. Les quelques-uns qui restèrent, accrochés à leur rêve, rattachés à leurs souvenirs, conscients, semble-t-il, de leur fragilité attendent je ne sais quel messie pour leur indiquer le chemin. En attendant, le rocher se vide comme se vide Mogador. Ainsi en est-il de certaines communautés qui rétrécissent comme peau de chagrin, qui essaient, malgré l’histoire, de survivre, qui tentent de se fondre, de se confondre avec leur environnement mais qui finissent par partir comme sont partis, et partent encore, contre leur gré, ces grands faucons pèlerins, beaux et nobles, sur le rocher de l’île de Mogador. Seul un vieux faucon, solitaire et triste, le dos voûté, le regard vague, fixé sur l’horizon, attend, avec de moins en moins d’espoir, que ses enfants reviennent. » Bob Oré Abitbol- daté de + ou – 1940 extrait de la « Gazette de Dafina »

Ces vents qui rendaient fou! Nul ne le sait, tout ce que je peux vous dire, c’est qu’ils partirent inéluctablement, comme si inconsciemment, confusément, ils sentaient que désormais, leur destin se situait ailleurs, sous des cieux plus cléments, moins tourmentés, moins hasardeux. Alors ils prirent leur envol, un grand vol large et majestueux, poussant des cris puissants et comme désespérés qui déchiraient le ciel clair. Puis, petit à petit, les uns après les autres, ils partirent pour ne plus revenir. Pourtant, où retrouveraient-ils jamais la poésie de cette ville blanche aux accents bleus comme la mer, cette ambiance si chaude, si paisible? Des enfants jouaient là, indifférents au passage du temps. Pour un dirham, la monnaie locale, ils mangeaient des sardines, un oignon, un piment, du pain. Quelquefois, ils achetaient pour trois fois rien des gâteaux aux œufs de goéland de chez Driss, dont ils raffolaient. Puis pendant des heures, ils allaient observer les faucons. À l’exception de quelques spécimens, l’île se dépeupla inexorablement. Ne restèrent

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arabe de quelques mots gentiment empruntés à cette langue, ce qui leur donne encore davantage de charme. Sur le chemin de Oualidia, j’avais insisté pour visiter cette ville que je ne connaissais pas mais dont tout le monde vantait le caractère spécifique et la beauté unique. C’est là, pour la première fois, que j’entendis parler de l’île-auxfaucons. Une colonie de faucons pèlerins peuplait en effet ce rocher. Des oiseaux rapaces d’une grande beauté et, chose remarquable, nombreux, pour cette espèce en voie de disparition. Le vent qui souffle de façon quasi permanente entre les feuilles d’arganier et d’olivier raconte des histoires bien étranges. Pourquoi, par exemple, les faucons décidèrent-ils de quitter définitivement l’île, eux qui vivaient là depuis des siècles? Etait-ce la peur? Etait-ce la peur de la peur? Etaient-ce les vents houleux, les vents chargés de sel marin et d’odeurs de poisson grillé qu’une enfilade de marchands vendait dans le dédale des rues autour du port?


histoire TODAY’S IMPRESSIONS - !!!!!

“What does Essaouira mean for me? It is a bit like asking a Breton if he likes boats and the sea …I grew up with the sea, first going fishing then working on oil tankers….For me, Essaouira is a copy pasted of this harbour of Douarnenez that I knew in the fifties and sixties with its port activities and human scenes…I am hurrying to copy these on my watercolour sheets while there is still time… What a joy to come back and breathe the oceanic air after beautiful walks in the back country with eyes filled of pictures, ears full of sand and my folder crammed with sketches and watercolours… Essaouira? It is easy to make friends, the Souiri are so very friendly: a bit like the Bretons no?” Charles Kerivel Artist, painter, watercolour painter

“The Scala facing the Atlantic: this is the place. When I don’t feel well I sit on a cannon and watch the sea. When I feel better, I go back to work. From my shop I can only see the narrow street; there is no horizon. Every time I have a problem I go there. One can feel in oneself the strength of the people who were before us: I feel powerful; I feel that I can defend my town. You can get charged with a positive energy coming from the ocean and from the height of the ramparts. I look at the wide expanses, at the open sea. In winter too, with the sunset I come and warm up. For me the best day I can spend in Essaouira is when I meet people from all over the world. This is Essaouira: it is like space, it is wide open. And it is also a place where people who already know one another from other countries meet here, by pure chance.” Mohamed Taftika Confectioner in side Mohamed ben Abdallah street

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IMPRESSIONS D’AUJOURD’HUI

« Que représente Essaouira pour moi ? C’est un peu demander à un breton s’il aime la mer et les bateaux... Toute mon enfance a été bercée par elle, à la pêche d’abord, puis sur les pétroliers ensuite... Pour moi, Essaouira est un copié-collé de ce port de Douarnenez que j’ai connu dans les années 50/60 avec toutes ses scènes et ses animations portuaires... je me dépêche de les reproduire sur mes feuilles d’aquarelle tant qu’il est encore temps... Quel bonheur de revenir respirer l’air du large après de magnifiques balades au fin fond du pays avec les yeux remplis d’images, les oreilles pleines de sable et le carton à dessins regorgeant d’aquarelles et de croquis... Essaouira ? Il est facile de se faire des amis, les Souiris étant super sympas!! Et c’est ce qu’ils ont en commun avec les bretons, non? » Charles Kerivel dessinateur, peintre, aquarelliste

La scala, côté atlantique c’est un endroit. Quand je ne me sens pas bien je m’assieds sur un canon et regarde la mer. Quand ça va mieux je reprends mon travail. Dans ma boutique je ne vois que la rue, étroite. Je n’ai pas d’horizon. Chaque fois que j’ai des problèmes je vais là. Tu sens en toi la force des gens passés là avant nous. Je suis puissant, je peux défendre ma ville. Tu te charges d’une énergie positive avec l’océan et la hauteur des remparts. Je regarde l’espace, le large. L’hiver aussi, avec le coucher du soleil, cela me réchauffe. Pour moi, le meilleur jour que j’ai passé à Essaouira c’est quand je rencontre des gens du monde entier. C’est cela Essaouira : c’est comme l’espace, ça ouvre. Et c’est un lieu où des gens qui se connaissent d’autres pays se rencontrent, par coïncidence. Mohamed Taftika pâtissier dans la rue sidi Mohamed ben Abdallah.

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patrimoine

Cimetière juif & Haïm Pinto clos à l’origine, ouvert aux vents et aux embruns, a favorisé l’érosion des plus anciennes. Plus tard le cimetière sera entouré de murs dotés de trois portes d’accès. Les funérailles se faisaient par l’une ou par l’autre, ce qui explique le désordre anarchique dans la disposition des tombes, serrées les unes contre les autres comme pour se protéger des Ce vieux cimetière marin juif d’Essaouira embruns, se touchant ou se chevauchant, fut utilisé jusqu’à la fin du 19e siècle. ne facilitant pas les déplacements des Situées au nord des remparts, le long visiteurs. de l’océan, les tombes présentent un aspect souvent détérioré, car le lieu, non Au milieu de cet enchevêtrement trône le mausolée du rabbin Haïm Pinto. De nos jours, l’accès à l’ancien cimetière se fait par une porte donnant sur la rue. Trois marches sont à gravir : l’explication donnée par le gardien étant que le cimetière comporte plusieurs couches superposées de sépultures ; certaines sont enfouies dans les sables.

Le cimetière juif

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’ancien cimetière juif, situé à la sortie de la ville par Bab Doukkala, reste un endroit étrange et émouvant : plantées à pic devant l’océan, les tombes y sont enchevêtrées sans aucune cohérence apparente, gravées et ornées de mystérieuses figurines.

D’après des chercheurs, dans ce vieux cimetière environ 2400 tombes sont dénombrées. Les dalles funéraires les plus anciennes sont sculptées directement

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dans le grès marin, les plus récentes dans le marbre. La population juive a adopté unanimement la même forme de sépulture : la dalle anthropomorphe. Mais vers 1915 les tombes anthropomorphes ne sont plus guère utilisées. L’aspect très particulier des tombes du vieux cimetière juif frappe par leur aspect et leurs représentations. Ces tombes sont intéressantes : contrairement à la tradition juive qui interdit la représentation humaine, elles ont une configuration anthropomorphe très marquée. Ce type de tombes se retrouve dans d’autres villes du Maroc, mais presque exclusivement dans les villes des côtes atlantique et méditerranéenne. Ni les grandes villes historiques de l’intérieur du pays, ni les petits villages en pays berbère ne présentent cette forme de sépulture. Les dalles parallélépipédiques, larges de 30 à 50 cm, peuvent atteindre 2m de longueur et ne sont pas toujours scellées au sol mais simplement déposées sur la sépulture. Elles présentent des gravures à


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figuration humaine : le corps y est représenté dans son ensemble et la tête est parfois coiffée d’une couronne en forme de soleil ou de croissant de lune, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Des motifs floraux ou géométriques rappelant les motifs berbères viennent compléter les festons qui agrémentent le bas du corps, symboles religieux ou ethnologiques ; parfois des épitaphes le recouvrent entièrement. D’après les chercheurs, les tombes épigraphiques appartiennent plus fréquemment aux hommes. Ce cimetière se trouvent dans le prolongement des cimetières chrétiens situés à la sortie Nord de la ville par Bab Doukkala, en direction du quartier industriel. Le nouveau cimetière de la ville (1874) accordé aux juifs pour enterrer leurs morts ne comporte que très peu de tombes anthropomorphes.

La Hiloula

Chaque année à la fin du mois d’août près de deux mille pèlerins juifs venus du monde entier se retrouvent dans la Cité des Alizés pour célébrer la Hiloula de Rabbi Haim Pinto. Le terme Hiloula est utilisé pour désigner le jour anniversaire du décès d’un Tsadik (Yartzeit). Ce jour là, on se réunit pour faire les louanges du Tsadik qui est décédé, en effet, le livre « Chem Arié » rapporte que « Hiloula » est lié au mot « Hallel », qui signifie louange. On rappelle son Avodat Hachem (service de Dieu), ses actions, ses midot (traits de caractères), son amour infini pour les créatures de Dieu et surtout sa proximité avec Hachem et ses miracles. Les juifs marocains restés au pays ou résidents à l’étranger et leurs concitoyens musulmans se réunissent devant le sanctuaire à l’occasion de la célébration de la « Hilloula ». Le pèlerinage de la « Hilloula » est une des traditions les plus chères à la communauté juive. Il symbolise une des manifestations religieuses les plus originales du judaïsme marocain, avec le culte des saints qui trouve son origine séculaire dans l’influence arabo-musulmane.

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Depuis plus de 15 ans, les Juifs marocains du monde entier marquent de manière plus forte chaque année leur attachement pour leur pays et y viennent en masse pour effectuer des pèlerinages aux sanctuaires et aux saints enterrés au Maroc. Cet évènement est marqué par des chants et des prières juives pour 7 jours de recueillement et de dévotion. C’est un cachet spécifique multiculturel de la coexistence fraternelle des fidèles des deux religions monothéistes ancrées dans la spiritualité du pays. La « Hiloula » constitue donc l’un des cultes et des traditions israélites au cours desquels les membres de cette communauté résidant au Maroc ou à l’étranger visitent les différents mausolées juifs où ils organisent notamment des prières et allument des cierges. Une occasion pour se recueillir aux côtés de leurs concitoyens musulmans.

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une Hiloula en hommage à Rabbi Haïm Pinto. Les pèlerins viennent de différents coins du monde, les représentants des autorités locales et d’autres personnalités sont également présents. Chacun partage des moments forts de spiritualité et de recueillement, ponctués de prières, et réitèrent leur ferme attachement à leur Mère-patrie, le Maroc, et se félicitent de l’accueil chaleureux qui leur est réservé et des dispositions prises par les autorités locales pour le bon déroulement de cette fête religieuse.

Au cours de la première soirée, les participants implorent Dieu d’accorder à SM le Roi Mohammed VI santé, bonheur, longue vie et gloire et de couronner de succès les actions que le Souverain entreprend pour le bien de la nation. L’assistance prie également le Tout-Puissant de combler le Souverain en la personne de la hiloula pour Haïm Pinto A Essaouira se déroule chaque année à la fin du mois d’août SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan et de l’ensemble des membres de l’illustre Famille Royale. « Les juifs présents à ce moussem viennent pour renouveler, comme chaque année, leur attachement au Trône alaouite et prier pour la paix dans le monde », a déclaré en août dernier le rabbin David Pinto, mettant en exergue l’ouverture du Maroc sur les civilisations et les religions. Il a, par ailleurs encore cette année, fait observer que plusieurs articles de la nouvelle Constitution, approuvée par référendum populaire le 1er juillet dernier, stipulent que le Maroc est un pays de diversité et de tolérance, où la cohabitation est mutuellement respectée entre ses citoyens juifs et musulmans. « La nouvelle constitution garantit à nous tous le libre exercice des cultes, et combat toute discrimination à l’encontre de quiconque, en raison de ses croyances ou de sa culture », a-t-il indiqué. Le gouverneur, a lui aussi rappelé la portée profonde de ce moussem « riche de significations et de symboles », a appelé

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à transmettre aux générations futures « les valeurs communes entre juifs et musulmans et leur faire découvrir la dimension spirituelle qui nous rend responsables et solidaires contre le mal et disponibles pour notre bien commun ». Décédé le 28 septembre en 1845 à l’âge de 96 ans, le Rabbin Haim Pinto a pu réaliser un de ses grands et nobles rêves, la construction à Essaouira d’une synagogue dans laquelle il passait la majeure partie du temps à prier Dieu et enseignait la Torah. Cette synagogue a été restaurée il y a environ dix ans et se visite. Elle se situe dans une ruelle donnant sur la place principale du mellah, tout près de bab Doukkala. Les rendez vous sont à prendre auprès de la gardienne du cimetière marin juif où se trouve le mausolée du rabbin Haïm Pinto et dans lequel se déroule la hiloula. Une plaque sur le mur extérieur du cimetière donne un numéro de téléphone en cas d’absence ou de fermeture du cimetière.

La synagogue Haïm Pinto

Ancienne demeure de Haïm Pinto datant du 19e siècle, la synagogue se situe à l’extrémité Nord du Mellah, face aux remparts restaurés, au milieu de maisons menacées d’effondrement. Elle est proche de l’ancienne école juive. Le rez-de-chaussée accueille les fidèles. Le premier étage est consacré à la prière. Les femmes ont leur propre salle au même niveau, un puits de lumière ainsi qu’une ouverture grillagée sur la partie centrale de la synagogue, l’oratoire, leur permet de voir sans être vues. Une vielle porte a été conservée ainsi que les anciens carrelages, les plafonds en bois comportant une croix de David dessinée sont également d’origine. Restaurée, la petite synagogue n’est que peu fréquentée et seuls les dons assurent son entretien.

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La synagogue

SLAT LKALHAL I

l y a deux ans, dans le numéro du mois de mars 2012, je vous parlais de la restauration de la synagogue Slat Lkahal. Les travaux avancent et témoignent d’une vraie volonté de préserver la mémoire de la ville. Le patrimoine bâti d’Essaouira par ses consulats et ses lieux de culte témoigne d’une époque de cohabitation et de dialogue des cultures. Mosquées, synagogues et églises rappellent ces époques d’échanges, attestant de la qualité de terre de rencontres, de mélanges, regroupant des populations arabes, juives, berbères, africaines ou européenne dans la ville. Néanmoins il est à déplorer que ce patrimoine tombe en ruine et que de nombreux bâtiments chargés d’histoire disparaitront tôt ou tard. Dans un esprit de sauvegarde du patrimoine juif de la ville Haïm Bitton a entrepris voilà deux ans une opération de renaissance de la synagogue Slat Lkalhal. Celle ci se situe à l’extrémité Nord du Mellah, après l’arche qui est au bout du terrain dégagé, en venant de Bab Doukkala et en rentrant à droite, au Mellah.

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Souiri d’origine, Haïm Bitton vit en Californie. arche (heikhal en hébreu) en bois travaillé, de Il lance ce projet de réhabilitation et facture italienne et non locale, baroque, en de sauvegarde de la seule synagogue provenance de Livourne, en relativement communautaire de la ville d’Essaouira sur plus d’une quarantaine inventoriée dans la ville, de taille plus ou moins importante. Les travaux de la synagogue Slat Lkahal ont commencé sur les fonds propres de Haïm Bitton animé par une grande détermination. Une association a été créée dans le but de trouver les financements pour œuvrer à sa préservation ; des juifs mogadoriens du monde y participent déjà, la solidarité est puissante et les liens très forts. Plus de 30 tonnes de gravats évacués des lieux, le plafond s’écroulait, infiltré et détruit par le temps et la pluie. D’un état de délabrement avancé la synagogue aujourd’hui a tout le toit de refait, de repeint. La salle de culte est quasi entièrement terminée. Le retable a été décapé, les murs nettoyé et les motifs anciens, motifs que l’on retrouve sur les actes de mariage juifs, ont été repeints à l’identique. Ce lieu de culte possède un retable ou


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wo years ago, in the March 2012 issue, I told you about the restoration of the Sat Laklhal synagogue: now the work is in progress, testifying of a real will to preserve the memory of the town. The buildings erected by the various Consulates as well as its places of worship are part of Essaouira heritage; they bear witness to an era of cohabitation and to a dialogue of cultures. Mosks, synagogues and churches are a reminder of these times of exchanges, vouching for the quality of the meeting ground where Arabic, Jewish, Berber, African or European people happily mixed in the town. Nevertheless, it is very sad that this heritage is left in ruins and that numerous historical buildings are bound to disappear sooner or later. With the protection of the Jewish heritage in mind, Haïm Bitton undertook a major operation to revive the Sat Laklhal synagogue. It is situated at the extreme north end of the Mellah, beyond the arch at the end of the open ground when you come from Bab Doukkala and enter the Mellah from the right. A native Souiri, Haïm Bitton currently lives in California. He started this project of rehabilitating and saving the only communal synagogue of the town out of forty or so synagogues of various sizes listed. The work on the synagogue started with Haïm Bitton’s own funds and he showed a great determination.

the synagogue has now a proper roof that has been repainted. The prayer room is nearly entirely done. The altar piece was scrubbed, the walls were washed and the old motifs that one can find on Jewish marriage documents have been repainted identically. This place of worship owns an altar screen or arch (heikhal in Hebrew) made of sculpted wood that is not of local origin but of baroque Italian composition from Livorno; it is still in a relative good state but needs restoration and paint work. Today, it has been scrubbed, cleaned but the doors are still missing as they were stolen a long time ago. As for the Attia heikhal of a Victorian style, it came from Manchester due to numerous exchanges between England and Essaouira at the time. The watchword is protecting what still remains. This synagogue was built by Asher Knafo’s great grandfather who was a learned Rabbi and who was buried in the old Jewish cemetery in the town; he was a member of “the last rites” brotherhood (washing, preparing and burying the dead).

An association was created in order to find the necessary financing for the preservation work: Jewish people from Mogador who live all over the world have joined in already showing very strong links and a deep solidarity. More than 30 tons of rubble have been removed from the site as the ceiling was falling down, deteriorated by infiltrations and ruined by time and rain. Though in an advanced dilapidated state,

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The synagogue SLAT LKALHAL


bon état mais nécessitant restauration et peinture. Aujourd’hui il a été décapé, nettoyé, mais il manque les portes volées voici longtemps. Le heikhal Attia, de style victorien provenait lui de Manchester du fait des échanges intenses entre Essaouira et l’Angleterre. Sauvegarder ce qui existe encore est le premier mot d’ordre. Cette synagogue fut construite pour l’arrière grand-père d’Asher Knafo, rabbin érudit, enterré dans le vieux cimetière juif de la ville et membre de la confrérie du « dernier devoir » (laver, préparer, enterrer les morts). Les juifs de la ville, par tradition de charité, car c’était bien la raison de ces dons, charité envers les décédés par l’obole remise aux gens de la « Hevra », cette « amicale » assemblée de volontaires qui rendaient les services funéraires, donnaient l’obole lors des enterrements que le bedeau se chargeait de collecter. Seule cette synagogue fut construite avec des fonds publics. C’est à cette époque que la confrérie aurait acheté avec cet argent le terrain puis fait construire

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le bâtiment, lieu d’accueil communautaire, un des seuls à se trouver dans ce quartier Nord de la ville (avec la synagogue Haïm Pinto toute proche), les juifs riches étant établis au Sud de la ville. Siège d’une organisation sociale, en particulier pour les enfants nécessiteux de la communauté à qui l’on apprenait, entre autre, à parler et écrire l’hébreu. Haïm Bitton l’a lui aussi appris ici et de ce fait reste très attaché à ce lieu de culte et motivé par sa restauration. Comme de nombreux juifs du Maroc, il quitte la ville en 1964 avec sa famille, dernière grosse vague d’immigration vers Israël après un relâchement des autorités suite au naufrage à Tanger d’une quarantaine de personnes juives et sous la pression des juifs marocains. Les premiers immigrants quittent le Maroc entre 1948 et 1958. Quelques familles demeurent à Mogador jusqu’en 1972, date de la dernière minyen ou quorum, qui accueillit 10 personnes (minimum imposé de participants) dans la Slat Lkalhal. La porte se ferma derrière eux définitivement. Il se libère de l’endroit un infini charme, une atmosphère de recueillement paisible. Il est intéressant d’observer la salle de prières de la synagogue, vaste et quasi carrée de 8 m de côté. Au fond le heikhal de bois, dans lequel du papier journal peint en bleu a mis à jour des quotidiens de 1956, deux colonnes centrales

patrimoine

au milieu desquelles se trouvait la teba et sur lesquelles s’appuie la toiture, légèrement décalée afin d’être visible de tous. La salle disposait d’un éclairage central accroché aux poutres fait de grands verres fabriqués en Bohême (le royaume tchèque d’autrefois, connu pour le travail du cristal) : les gens payaient pour les remplir d’eau, d’huile et de mèches, sortes de « mariposa », cela avant l’arrivée de l’électricité dans la ville. Prochainement des verres seront réinstallés, une cinquantaine, fabriqués en Chine et avec des bougies électriques et des plaques de résine jaune à la place de l’huile. « Mariposa » modernes !! Mais l’esprit demeurera. Tout autour de la salle des bancs de bois. D’autres bancs étaient disposés dos à dos au centre de la pièce autour de la teba, plus de 100 hommes pouvaient s’y tenir et une


off centre in order to be visible to everyone. The room used to have central lighting hanging from the beams and made of big pieces of glass from Bohemia (the old kingdom of Tchecoslovaquia renowned for its crystal work): the congregation used to pay to fill in the glasses with water, oil and wicks, a kind of “mariposa” before the arrival of electricity in the town. Very soon new pieces of glass will be set in; there will be around fifty of them made in China along with electric candles and plaques of yellow resin to replace the oil. Modern “Mariposa”! But the spirit will remain.

It used to be the headquarters of a social organization set in particular to help children in need within the community where they used to learn how to speak and read Hebrew among other things. Haïm Bitton himself was one of these pupils who learned Hebrew there and he is therefore much attached to this place of worship and very motivated by its restoration. Like many Moroccan Jewish people he left the town in 1964 with his family, a time which saw the last big wave of emigration towards Israel as the authorities then facilitated their departure; they were under pressure from Moroccan Jewish people following the shipwreck in Tangier where about forty Jewish people perished. The first emigrants had left Morocco between 1948 and 1958. A few families remained until 1972, the year when the last “minyen” or “quorum” took place in the Slat Laklhal; it comprised 10 people (the minimum required number of participants) and the door of the synagogue closed down definitely after that.

All around the room were wooden benches; other benches were placed back to back in the centre of the room around the “teba” where more than a hundred men could sit; about thirty women could fit in the balcony above and in an adjoining room. One can see today sealed windows on the walls that used to give unto neighbouring houses so people could see and hear prayers without having to move.

Within these walls one can feel an infinite sweetness and a peaceful meditative state. The vast prayer room in the synagogue has a nearly perfect square shape with sides of 8 metres wide and is very interesting to watch. At the end of it is the wooden heikhal inside which blue painted newspaper was found (they turned up being daily papers dating from 1956) and in the centre are two columns, that used to shelter the “teba” and that support the roof which is slightly

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patrimoine

The people gathered in a voluntary group called ‘Hevra” and were in charge of funeral services; they received a financial contribution from the Jewish people in the town that was given out of a long tradition of charity towards the deceased and the beadle used to collect it at funerals. This synagogue was the only one built with public funds; it is then that the brotherhood used this money to buy the site and then build this place which became the only communal place (with the Haïm Pinto synagogue nearby) situated in this northern area of the town, rich Jewish people being established in the southern part.


trentaine de femmes sur le balcon supérieur, ainsi que dans une chambre attenante. Aujourd’hui on peut voir sur les murs de la salle des fenêtres occultes : elles donnaient auparavant dans les maisons et les voisins pouvaient voir ou entendre les prières sans se déplacer. Dans la mesure où il n’existait aucun lieu assez spacieux pour construire cette synagogue communautaire, elle fut édifiée sur un terrain entre deux maisons, d’où les deux seules colonnes centrales de soutènement. Des poèmes liturgiques écrits en hébreu par des mogadoriens étaient lus et chantés chaque vendredi jour de shabbat, sur des airs arabo andalou et sans accompagnement musical. Le jeune Haïm Bitton s’y rendait avec son père et en garde un souvenir ému. Dans les tumultueuses années 50, ce lieu de culte servait également de lieu de réunion. La création de l’état d’Israël y généra discussions, cours gratuits de talmud ou d’hébreu moderne. Dans les mémoires le lieu était toujours animé, vivant et nourrissant les échanges. La réfection du sol est en cours, plafond de tag (branches de bois) sur lequel est disposé de la terre, de la sciure pour durcir et aplanir le tout, sur lequel seront posés des carreaux de ciment faits à la main comme à l’époque et comportant les mêmes motifs et couleurs. Au-delà de ses activités cultuelles et culturelles, la restauration de ce lieu de mémoire historique contribuera sans conteste à restituer le caractère multiconfessionnel d’Essaouira en réaffirmant le statut de terre de tolérance et de paix au Maroc. Une fois ouvert au public la synagogue sera lieu de culte et musée. Un lieu à sauver à Essaouira et toutes les bonnes volontés peuvent s’y joindre. Si cela vous intéresse de la visiter, de contribuer à sa remise en état, ou pour tout contact rendez vous à la synagogue, à l’entrée de la grande place du mellah au Nord-ouest de la ville, juste avant le sabbah. Sur la porte, des numéros de téléphone. En ce moment, les travaux avancent et souvent la porte est entrouverte.

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patrimoine

Taking into account the fact that no site of a good size existed in the town to build this communal synagogue, it was erected on a small site between two houses which is the reason for the only two supporting columns. Liturgical poems written in Hebrew by people from Mogador were read and chanted every Friday on the Shabbat on Andalusian Arabic airs without any musical accompaniment. The young Haïm Bitton used to come here with his father and he keeps fond and moving memories of this time. In the chaotic fifties, this place of worship was used as a meeting place as well: the creation of the state of Israel generated lots of heated discussions, free Talmud or Modern Hebrew classes were held too and in all memories the synagogue remains a lively place with lots of fruitful exchanges. The floor is being repaired, the ceiling is made of “tag” (wood branches) on which soil and wood shavings are put in order to harden and level the whole. Handmade concrete tiles painted with the same motifs and colours as of old will be placed on top like in the old days. Apart from its cultual and cultural activities, the rehabilitation of this historical building will no doubt contribute to restore the multi confessional character of Essaouira and reassert the town as a place of peace and tolerance in Morocco. Once open to the public the synagogue will be a place of worship as well as a museum: it is a place to preserve in Essaouira and all good wills are welcome to join in the work. If you are interested in visiting it, in contributing to its restoration or for any kind of contact, go there: the synagogue is at the entrance of the big square of the Mellah at the north western end of the town, just before the sabbah. Telephone numbers are posted on the door. The work is currently in progress and the door is often ajar.


cuisine

Les Epices Il

n’y a rien de plus universel que les épices. Ces petits el hanout est vendu moulu ou entier, à la demande. Considéré condiments sont devenus les francs-tireurs de la cuisine, à comme réconfortant, il accompagne gibier, couscous, riz et l’échelle mondiale. tajines d’agneau, et aromatise une friandise aux amandes, au miel, au beurre et au haschisch, appelé el majoun. Opiniâtres et résistants, ils ont traversé les siècles et les pays, s’emparant sans scrupules de nombreux terroirs culinaires, Mélange du Ras el hanout : cardamone, fleur de muscade, galanga, prenant place sans vergogne dans la plupart des recettes poivre long, poivre à queue, noix de muscade, poivre de la Jamaïque, élaborées. Au IXe siècle, déjà, Ibn Khurdadba, un voyageur cannelle, clous de girofle, gingembre, boutons de rose, fleurs de lavande, cantharide, poivre de Guinée, poivre noir, curcuma, canneliermusulman né en Perse, évoquait les épices que les négociants casse, nigelle, belladone et racine d’iris. de son temps rapportaient dans son pays. Les épices qui transitent au Caire depuis des siècles proviennent de tous les pays connus, ou peu s’en faut : les poivres noirs ou blancs venaient de Ceylan et de Malabar. Le poivre long de Sumatra et de Java. Le gingembre de l’Inde, le camphre de Chine, et la plupart des gommes de la péninsule Arabique, notamment d’Oman et du Yémen, parfois du Soudan. Les Mille et une nuits décrivent des personnages sentant le safran, l’ambre, le musc et le santal. L’une des plus importantes routes des épices passe par la côte orientale africaine. Malek Chebel

Le ras el hanout

Mélange marocain traditionnel. Ras el hanout signifie « patron de la maison » : à l’origine, c’était le propriétaire de l’épicerie qui composait le mélange selon les préférences et le pouvoir d’achat de ses clients. Les ingrédients sont variables, mais tous contiennent un aphrodisiaque, par exemple des cantharides (coléoptères verts dorés), ainsi que des fleurs séchées. Le Ras

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cuisine

SPICES T

here is nothing more universal than spices: these little on demand. Regarded as a tonic, it accompanies game, condiments have become the mavericks of cooking couscous, and rice and lamb tagines and flavours a treat made worldwide. with almonds, honey, butter and hashish called “el majoun”.

Hardy and persisting they passed through countries and centuries unscrupulously taking over numerous kinds of country cooking, shamelessly imposing themselves in most of elaborate recipes. Already in the 9th century, Ibn Khurdabda, a Muslim traveller born in Persia mentioned the spices that traders brought back in his country. The spices that have passed through Cairo for centuries come from all known countries or nearly so: black and white pepper from Ceylon or from Malabar, the long pepper from Sumatra and Java, ginger from India, camphor from China and most of the gums from the Arabic peninsula, in particular from Oman and Yemen and sometimes from Sudan. “The Thousand and one Nights” describes people smelling of saffron, amber, musk and sandalwood. One of the busiest spice route passes through the East African Coast. Malek Chebel.

The Ras el Hanout

It is a traditional Moroccan mixture; “ras el hanout” means” boss of the house”. Originally it was the grocery shop owner who made the mixture according to his customers’ taste and purchasing power. The ingredients vary but they all contain an aphrodisiac, for example cantharides (golden green flies) as well as dried flowers. The Ras El Hanout is sold whole or grounded

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The Ras el Hanout mixture is made of cardamom, nutmeg flower, galanga, long pepper, tailed pepper, nutmeg nut, Jamaican pepper, cinnamon, cloves, ginger, rose buds, lavender flowers, cantharid, Guinean pepper, black pepper, turmeric, cinnamoncase, nigella, belladonna and iris root.


arts

Hervé M. Sevat Mémoires d’oubli

A

*photos: tous droits réservés

la différence des orientalistes du XIXe, qui peignaient un Orient fantasmé dénoncé par Edward Saïd, grand écrivain palestinien, Hervé M. Sevat travaille sur un Maroc en voie de disparition... mondialisation oblige les costumes immémoriaux disparaissent et la mode du monde prend le pas sur la tradition gommant toute particularité régionale et toute authenticité. Saisir encore cette authenticité des gestes, des figures et les poser sur papier pour les fixer dans le temps, pour les ancrer dans la mémoire. Travaillant souvent d’après photos, HMS dessine et brosse des portraits d’hommes au plus près de la réalité, ses modèles sont des hommes ou des femmes âgés, leurs rides, faisant écho aux ravines des paysages de leur quotidien, aux difficultés de leur vie rude et âpre.

reconnaissance de l’altérité, loin de toute approche anecdotique et touristique. Une expo à Essaouira ainsi qu’une édition d’estampes de qualité sont à venir très prochainement. Hervé s’est toujours senti maghrébin au fond de lui. Ses ancêtres maltais, italiens, espagnols et catalans français se sont installés en 1842 en Algérie. Il y a 30 ans quand pour la première fois ce méditerranéen pose ses pas dans la ville d’Essaouira, « c’est une sorte de retour aux racines, de ré enracinement ». « Un retour au plus près des souvenirs, des odeurs d’enfance, de la langue et de la musique arabes, de la lumière incomparable d’ici, du goût des fruits …»

Hervé se défend de toute nostalgie, il évoque plutôt Pas de nostalgie donc mais une claire lucidité face un sentiment d’appartenance à l’Afrique du Nord. à l’‘impermanence des choses et une un travail de www.facebook.com/herve.m.sevat

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Une journée de balade nature et culture !

tourisme

Essaouira-Tamanar Tabayat-Tafedney-Essaouira L

es paysages côtiers de l’Atlantique offrent une diversité de paysages saisissants : longues plages sauvages de sable fin, lagunes, ports de pêche et villes fortifiées établies par les Portugais aux XVe et XVIe siècles (El-Jadida, Safi, Essaouira ou Agadir), petits villages de pêcheurs, ou encore côtes déchirées

comme à Essaouira, aux petites îles qui offraient de nombreux repaires aux pirates. Vers le Sud d’Essaouira, les balades et activités peuvent être multiples et pour tous les goûts : randonnées pédestres, surf, observation de la faune et de la flore… Tout le littoral, jalonné de points de vue sur l’océan, est propice à la découverte des oiseaux et donne à rêver au coucher du soleil mais peut également se combiner avec des découvertes culturelles, marabout ou médersa posés sur les bords des rochers et surplombés par des falaises découpées impressionnantes. Pour les amateurs de pleine nature, les paysages qui y mènent sont dominés par l’arganier, cet étonnant petit arbre endémique de la région à découvrir, torturé, et à partir duquel est extraite et fabriquée l’huile d’argan. Tamanar, à 70 km au Sud d’Essaouira en est la capitale et le premier festival de l’arganier s’y est déroulé voici quelques mois. Pour gagner Tabayat, prendre la route d’Agadir au Sud d’Essaouira. Traverser les villages de Tidzi, Smimou puis Tamanar. A la sortie de cette dernière petite ville faire encore

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tourisme

deux kilomètres puis tourner à droite en direction de l’océan et de Tim Ouftass. Sur douze kilomètres la route traverse des villages aux étranges tours crénelées, des villages épars aux jolis murs de pierres sèches. En haut de la falaise, Tabayat. Une grosse borne cathédrale sur la droite indique le chemin vers la mer. Une piste serpente pour descendre vers l’océan, arganiers et asphodèles la jalonnent, domine la plage de sable à perte de vue. Au bord de l’eau un marabout régulièrement chaulé, la tombe d’un saint, un oued souvent à sec, une médersa très ancienne attenante, en ruines mais où se distinguent très nettement les différentes pièces, de travail ou de recueillement ainsi qu’une mosquée berbère sans minaret mais avec minbar. Plus loin un petit resto fermé hors saison. L’embouchure de l’oued sur l’océan est superbe, grosses pierres plates jaunes et réservoirs d’eau douce, piscines naturelles pour les amateurs, sculptures de la nature, érodées par le temps, le vent et la mer. Il est possible de laisser le véhicule en haut de la falaise et descendre à pieds mais gare au vertige !! Le retour vers Essaouira peut s’effectuer par la même route en sens inverse ou par la piste qui remonte vers le Nord et longe la mer jusqu’au village de Tafedney, village de pêcheur au nouveau point de débarquement de pêche.

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actualités

ZAPPING SUR LA VILLE Ville et travaux !

C

a bouge toujours et encore ! Nous ne pouvons que constater les améliorations du réseau routier dans l’ensemble de la ville nouvelle, trottoirs et rues, plantations, lampadaires etc. La vieille ville n’est pas en reste, toutes les rues de la médina, longtemps éventrées et boueuses, ont été repavées et les façades sont repeintes un peu partout. Les pluies du début du mois de mars n’auront pas donné lieu à des débordements d’égout sur l’ensemble de la ville, ou si peu… Les travaux semblent cette fois efficaces ! L’ensemble des remparts ont fait peau neuve, en particulier vers Bab Doukkala et jusque dans les moindres recoins. Techniques à l’ancienne de consolidation, galets, briques plates, ainsi que trois couches d’enduit. Les ouvriers sont nombreux à y travailler ces derniers temps en particulier sur la scala de Bab Doukkala accessible par une longue rampe à la petite porte de Bab Doukkala. Au bout, un large espace circulaire avec des

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canons encore posés à terre en attente des finitions et une vue imprenable sur les cimetières et le Nord de la ville ! La célèbre muraille ocre de la ville, aux teintes moins rosées qu’auparavant, s’illumine sous les lumières du soleil couchant, vieille dame respectable ! Parallèlement les aménagements de la corniche tout au long de la mer se poursuivent. Plantations de dizaines de palmiers, de centaines de lauriers roses, de plantes grasses le tout assortit d’un arrosage automatique sur l’ensemble qui permettra de rendre pérenne ces travaux d’envergure. Le pavage du front de mer avance, les espaces dédiés aux jeux, aux cyclistes ou à la promenade sont dessinés, certains finis, bordures et gradins de marbre etc. Une belle réalisation pour l’image de la ville que nous voyons se développer chaque jour et où de nombreux et divers commerces s’installent !!! Une nouvelle vie


actualités

Rallye Aïcha des gazelles 24ème édition du 14 au 29 mars 2014

Le Rallye Aïcha des Gazelles, qui n’est plus à présenter, unique raid automobile conjugué au féminin, traverse le sud marocain depuis 24 ans avec un état d’esprit unique en son genre. Les 150 équipages font chaque année leur arrivée à Essaouira après 15 jours d’expédition hors piste et sans GPS. Pour la première fois de son histoire, le Rallye Aïcha enregistre la candidature de deux gazelles d’Essaouira : Marie Deflandre et Sabine Luciani Depuis 2002, Gazelles, constructeurs et médias s’associent et courent ensemble pour une cause humanitaire. Un concept créé par le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc qui donne lieu à un classement spécifique sur l’évènement en plus du classement général. Notre équipage souiri a en particulier un défi/challenge à relever. Promouvoir les couleurs d’une association humanitaire en médiatisant les messages et les actions de celle-ci dans le but de la faire connaître et de lui permettre de gagner une importante dotation (15 000 euros). Nos deux gazelles courent pour l’association « Au Cœur de l’Amitié » Euro-marocaine en participant au Challenge Wave Relais Medias. Nous leur souhaitons le meilleur pour ce rallye qui démarre de Casablanca le 16 mars et s’achèvera le 29 mars à Essaouira.

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actualités

pour Essaouira ? Une opération repavage a également commencé depuis de nombreuses années. Jolies tables et banquettes pour du côté de la scala atlantique, toujours aussi magique !! passer un bon moment et boire un thé ! Vernissage et crémaillère de la galerie le 26 mars 2014 à 17 heures. Avis aux amateurs ! Insolite ! Le samedi 7 mars des sons étranges ont attiré les passants vers la place Moulay Hassan. Deux dizaines de joueurs de cors des Alpes, en arc de cercle et leur long instrument devant eux posés au sol, ont improvisé un concert pour le plus grand bonheur de tous. Le groupe effectuait au Maroc un petit périple régalant son public. La veille sur la place Djemaa El Fna à Marrakech et le lendemain dans les montagnes à Imlil et du haut de la kasbah du Toubkal. Un beau moment émouvant et totalement improbable !

Escale littéraire au Sofitel Essaouira Mogador Golf & Spa

le 02 Mai 2014, une escale au pays des mots, avec le romancier français Jean-Noël Pancrazi, la promesse d’un grand moment de littérature. Corse par les racines, français par la résidence, et profondément marqué par son enfance algérienne, les mots, JeanNoël Pancrazi les aime, les fait résonner avec puissance, et les trébuche sur le papier avec justesse, émotion et audace. Auteur de plus d’une dizaine d’oeuvres, le romancier a ainsi vu son talent acclamé par la critique, et récompensé par de nombreuses distinctions littéraires.

One Up restaurant bar lounge

4 mots pour résumer ce lieu Maroc, Vintage, Afrique & Fun. La synagogue Attia dont je parlais dans le numéro 38 Pour boire un verre confortablement installé dans un canapé au du printemps 2013 a obtenu des fonds allemands pour sa coin du feu ou accoudé au bar en grignotant quelques tapas. La carte a été élaborée en collaboration avec Damien Durand restauration. Les travaux devraient intervenir sous peu. chef et créateur du restaurant le Zinc de Marrakech, une majorité Printemps des Alizés - 14ème édition du 24 au 27 avril 2014 des plats se décline en portion dégustation, mini-burger de confit Renseignements & Informations : de canard, canelloni de calamars aux piments doux... Association Essaouira Mogador Le restaurant est ouvert (1 Derb Laalouj) le soir dès l’heure de Rue du Caire - 44 000 Essaouira l’apéro tous les jours sauf le dimanche. Tél/Fax : +212 (0)5 24 47 52 68 - email: darsouiri@yahoo.fr

Café galerie des artistes

Patrick, en vacances à Marrakech, visite Essaouira et en tombe amoureux. Il s’y installe. Amateur d’art quoi de plus naturel que d’ouvrir une galerie-café ? Ce collectionneur dit que l’art ici se combine et se marie magnifiquement avec la lumière, les bleus du ciel, de la mer et des portes. La galerie ouverte début mars, sur deux niveaux, propose un choix de cinq artistes, quatre d’Essaouira et de la région et un français vivant au Maroc

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A retenir...

L

e livre d’Habibi Ajoaoui et Frédérique Thevenet sur les épices du Maroc. Ces deux amies, passionnées de cuisine, nous transportent dans le monde des épices. Un plein de bons conseils et recettes typiques pour découvrir leurs vertus sur votre santé et vos papilles. En vente à Essaouira au Petit Bonhomme La Chance, au Restaurant La Découverte, à la librairie la Fibule, à l’Heure Bleue ou à la boutique Histoire de filles.


actualités

Le So Lounge Mogador

U

n décor moderne et épuré, un soupçon de fantaisie, des jardins privés offrant une vue panoramique sur le golf et l’océan... Le So Lounge séduira assurément tous les noctambules branchés en quête d’une adresse d’exception. Grâce à ses quatre univers bien distincts, le So Lounge Mogador attire une clientèle jeune, branchée, et à la recherche d’expériences uniques. Peu importent l’heure ou les envies de chacun, le So Lounge s’adapte à vos envie et pour le plaisir de tous ! Que ce soit dans les jardins autour d’une chicha ou en intérieur à la lueur des bougies, le So Nice est le bar à cocktails idéal, vous pourrez y déguster quelques tapas, dans une ambiance chic et décontractée. Envie, d’un diner en amoureux, dans une ambiance feutrée? Le So Good répondra assurément à vos attentes, et réveillera vos papilles grâce à une cuisine ethnique et sensuelle, mêlant les arômes du Maroc au répertoire français... Saisissez cette invitation au voyage, et succombez à la tentation de nos métissages culinaires ! Installez vous dans une ambiance plus intimiste, en petit groupe ou à deux, et profitez simplement de l’instant au So Zen. Enfin pour les amoureux de la vie nocturne, le So Fun vous propose tous les soirs une programmation musicale inédite et festive, avec, en première partie, des groupes ou artistes, puis des sets musicaux assurés par un DJ. Quatre ambiances pour une seule adresse: le So Lounge sera le lieu de vos soirées réussies!

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GOLD PASS

LE GUIDO ET SES PARTENAIRES : CENTRE AKI 0661 411 686 - Rue H El Fatouaki COOPERATIVE TAMOUNTE 0524 785 611 - 6 rue Souss DAR BAOUSSALA 0524.792.345 - Douar El Ghazoua DAR KENAVO 0661.207.069 - Rte d’Ounagha-Ghazoua DAR LIOUBA 0524.476.297 - 28 imp. Moulay Ismail DAR LOULEMA 0524.475.346 - 2, rue Souss - Médina DAR L’OUSSIA 0524.783.756 - 4, Rue M. Ben Messaoud DAR MARIS 0650.926.134 - Km 16, Rte d’Agadir DAR NAFOURA 0524.472.855 - 30, rue Ibn Khaldoun DAR NESS 0524.476.804 - 1, rue Khalid ben Walid GIPSY SURFUR 0524.783. 268 - 14 rue Tetouan HAMMAM MOUNIA 0526 334 983 - Medina Essaouira HISTOIRE DE FILLES 0524 785 193 - 28, rue Laâlouj HOTEL EMERAUDE 0524.473.494 - 228 rue Chbanate HOTEL JIMI HENDRIX 0540.011.577 - Diabat HOTEL OCEAN VAGABOND 0524.479.222 - 4 bd Lalla Aïcha JARDIN DES DOUARS 0524.474.003 - Rte d’Ounagha-Ghazoua ISFAOUN RENT A CAR 0661.207.156 - 62 Bd Mohamed V L’ATELIER MADADA 0524 475 512 - 7 bis, rue Y. El Fassi LABO PHOTO AMSGUINE 0524.475.324 - 6 Place My Hassan LA MAISON DU VENT 0524.473.819 - 25, rue Mourabitine LE BASTION 0524.476.791 - 2, rue du Yamen LE COIN DES ARTISTES 0524.474.847 - 21,Rue Sidi Abdesmih LES TERRASSES D’ESSAOUIRA 0524.475.114 - 2, rue Med Diouri LUXPA 0524 476 044 - 12 rue Draa MADADA MOGADOR 0524.475.512 - 5, Rue Y. El Fassi

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