1V1/ Livret d'exposition pour le centenaire de l'armistice de la Première Guerre Mondiale

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ERCI ÉMOIRE ILLIONS DE MORTS

14-18 / CENTENAIRE DE L’ARMISTICE 11 NOVEMBRE 2018 VERDUN-SUR-GARONNE 11 ARTISTES


PrĂŠface


11 artistes Verdunois se mobilisent pour donner encore plus d’écho au Centenaire de l’Armistice de la Première Guerre Mondiale. Chacun à sa façon, son style, son médium, sa sensiblité et son angle de vue.

«11 Verdunois» dont les deux chiffres et l’initiale majuscule mélangés «1V1» forment le grand M de Merci et l’initiale de bien d’autres mots de cette Grande Guerre... Un grand M, ou deux bras qui hissent un grand V de victoire, celui de la réconciliation et de la paix d’aujourd’hui. 11 Verdunois pour tous les autres aujourd’hui, pour les 78 qui ont donné leur vie au siècle dernier, et pour tous les autres alliés et combattants issus des colonies Françaises d’alors, et avec une pensée pour les combattants ennemis morts eux aussi , autre jeunesse gâchée.


Introduction

La Grande Guerre dans les arts.


Les artistes soldats, le temps de la guerre Les premiers artistes écrivant ou peignant sur le thème de la guerre de 14-18 sont ceux qui l’ont vécue directement. Premiers témoins du drame, ils nous livrent des récits souvent poignants, à l’instar de Henri Barbusse avec Le Feu, couronné du prix Goncourt en 1916. Raconter est un besoin vital pour ces écrivains, autant un moyen de survivre que de témoigner de la réalité de la guerre, du quotidien, de la camaraderie, du courage des hommes. Aux côtés de Barbusse, rappelons les textes de Maurice Genevoix, Ceux de 14 (1916), ou Roland Dorgelès Les Croix de bois (1919). Les poèmes de Guillaume Apollinaire témoignent également de cette période. Dans le champ pictural, les artistes décrivant le conflit sont nombreux, entre tradition et avant-garde. Certains témoignent et documentent de manière réaliste la vie au front ; d’autres entre cubisme, futurisme et expressionnisme livrent leurs émotions et la déshumanisation du conflit à travers couleurs, symboles et formes renouvelées. Otto Dix et Marc Chagall, entre autres, dénoncent, chacun dans son style, le charnier et le cauchemar du front pour le premier, la brutalité et la violence vues de l’arrière pour le deuxième. La guerre est également présente dans les chansons. Nombreuses sont celles écrites au front. Les chants militaires, à l’image de « Verdun, on ne passe pas ! », sont évidemment très présents, caractérisés par leur patriotisme. Mais les chants sont aussi le lieu de l’expression des états âmes comme « La Chanson de Craonne » en 1917. Après le conflit Dans les années 1930, les récits publiés témoignent moins du quotidien des tranchées ou de la rudesse des combats. Les écrivains analysent davantage le conflit et ses suites, la place de l’homme, le retour à la vie civile. Ainsi des sujets parfois sensibles sont traités comme les conseils de guerre et les exécutions pour « l’exemple ». C’est une période marquée par des mouvements pacifistes importants et de nombreux textes cherchent à témoigner de l’horreur de la guerre pour empêcher d’autres conflits. Erich Maria Remarque connaît un véritable succès avec À l’Ouest rien de nouveau en 1929, œuvre phare du pacifisme allemand. Citons également « L’été 1914 » dans Les Thibaut de Roger Martin du Gard, 1936, du Hemingway de L’Adieu aux armes (1929), Johnny s’en va-t-en guerre de l’américain Dalton Trumbo (1939). En 1934, Roger Vercel se plonge dans ses souvenirs de la guerre pour écrire sur les liens d’amitié dans Capitaine Conan adapté au cinéma par Bertrand Tavernier (1996) mais également pour dénoncer la barbarie. Le théâtre


s’inspire aussi de la guerre, notamment dans Le Voyageur sans bagages de Jean Anouilh (1937) qui traite du retour d’un soldat amnésique. L’absurdité du conflit devient un thème récurrent, comme dans Voyage au bout de la nuit (1932) de Louis Ferdinand Céline, ou encore La main coupée (1946) de Blaise Cendrars. Le cinéma s’est très vite intéressé au conflit. Dès la fin des combats, des réalisateurs dénoncent l’horreur de la guerre. Sur le mode burlesque, qu’il déploiera avec talent au fil de sa carrière, Charles Chaplin transforme le vagabond des rues en héros militaire dans Charlot soldat (1918). C’est une fresque plus tragique qu’Abel Gance réalise avec J’accuse (1919). A la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, Jean Renoir livre un film pacifiste avec La Grande illusion. Retour vers le passé Depuis les années 80 des écrivains et des artistes s’intéressent à nouveau à la Première Guerre Mondiale, éclipsée un temps par la seconde. La génération qui n’a pas connu le conflit cherche alors à transmettre des récits de famille, à contribuer à la transmission du souvenir de cet événement majeur du XXème siècle, qui marque l’entrée dans l’ère de l’homme moderne. Les récits sont documentés, souvent des historiens contribuent aux travaux. Le poilu n’est plus forcément le personnage central, mais plutôt sa famille, les disparus, comme dans Les Champs d’honneur de Jean Rouaud (1990), Un Long Dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot (1991), adapté au cinéma par Jean-Pierre Jeunet (2004), ou encore Quand un soldat de Thierry Illouz (2003). Les formes du récit sont variées. Laurent Gaudé choisit de plonger le lecteur dans la tête des soldats, dans leurs doutes, leurs angoisses avec Cris (2005). 14 de Jean Échenoz (2012), roman polyphonique, croise les pensées de camarades au front. Citons également Dans la guerre d’Alice Ferney (2003), Le Monument de Claude Duneton (2004). La Chambre des officiers de Marc Dugain (1998), adapté au cinéma par François Dupeyron (2001), traite des Gueules cassées, ces soldats défigurés au front. Le plasticien René Appallec s’inspire également de ces victimes pour ses collages de la série « Les Gueules cassées ». Le cinéma n’est pas en reste à partir des années 60. Ainsi, en 1957, Stanley Kubrick traite des ordres absurdes, voire criminels, de certains officiers dans Les Sentiers de la gloire, adaptation du roman de Humphrey Cobb (1935). C’est aux disparus de la guerre, que s’intéresse Bertrand Tavernier en 1989


avec La Vie et rien d’autre. Légendes d’automne d’Edouard Zwick en 1993 raconte la vie d’une fratrie envoyée au front. Dans Cheval de guerre (2011), Steven Spielberg aborde la question du sort des chevaux lors du conflit. Plus d’un million d’équidés mourront au front, et le conflit marquera un tournant dans l’histoire de la cavalerie. En musique, dès les années 60, des artistes engagés chantent la Grande Guerre pour défendre la paix et s’opposer aux conflits qui se multiplient dans le monde. Ce sera le cas de Georges Brassens en 1961 avec « La guerre de 14-18 ». Plus tard la reprise de chansons de l’entre-deux-guerres servira le même engagement pacifiste, comme par exemple Renaud qui adapte « La Butte rouge » en 1981. Plus récemment, le souvenir de la guerre inspire de nombreux artistes, notamment Miossec avec « Le défroqué » ou Juliette, « Une lettre oubliée ». Récemment, la bande dessinée explore la première guerre mondiale à travers des univers graphiques différents, souvent très sombres. Beaucoup ont choisi le noir et blanc, avec des noirs profonds qui rendent compte de la mort qui rôde. C’est le cas de La Grande Guerre de Charlie de Pat Mills et Joe Colquhoun, du Front de Nicolas Juncker, ou encore du récit d’une compagnie dans les tranchées de Zidrou et Francis Porcel, Les folies bergères. Tardi cherche quant à lui à retracer ce qu’a vécu son grand-père dans C’était la guerre des tranchées et Putain de guerre. D’autres choisissent la guerre comme décor pour une enquête, comme Kris et Maël avec Notre mère la guerre. La BD permet également un travail de mémoire. C’est le projet des auteurs de Cicatrices de guerre(s) et de Joe Sacco avec sa fresque La Grande Guerre. Le premier jour de la bataille de la Somme reconstitué heure par heure. Ce rapide panorama ne rend bien sûr pas compte de toutes les œuvres sur ce conflit qui a marqué un tournant majeur vers les questions encore fondamentales de l’homme moderne et de sa place dans le monde du XXème siècle. La commémoration du centenaire a remis au centre de l’imaginaire collectif, et donc de la création, la Première Guerre Mondiale. Virginie R, 30 octobre 2018


14-043, 2014 - Acrylique sur krafts encollĂŠs, 150 x 150.


ALAIN BALLEREAU

Depuis quelques années, l’artiste discret, nous fait déambuler dans des espaces imaginaires, entre ombre et lumière, opacité et transparence. Ses paysages abstraits se succèdent, comme au fil de la marche.... Les promenades quotidiennes avec sa femme Anne, alimentent ses peintures et sont aussi un exercice spirituel. Parallèlement à ce travail, Alain Ballereau poursuit depuis toujours des explorations plus introspectives autour de la figure humaine. Depuis 1988, il expose régulièrement son travail en France et à l’étranger. “Terreur au fond des tranchées Toutes ces vies fauchées Souffrances des Gueules Cassées”

CONTACT & LIENS Email : contact@ballereau.com www.ballereau.com


Ôde à la Paix, 2018 - Photographie noir & blanc, 26x38.


BERNARD CLAMENS

Humaniste, sensible aux détails, précis dans ses compositions qu’il concoit comme des rébus, le travail qu’il propose reste accessible à tous, tout en offant une lecture plus riche à qui sait chercher.

« Cette guerre de 1914 à 1918 dite

Première Guerre Mondiale impliqua 65 millions de soldats, fit 20 millions de morts et en France 3 millions de « gueules cassées »... L’abnégation et l’héroïsme portés au plus haut, la résignation absolue, l’acceptation de la souffrance et une lutte jusqu’à la mort... avec d’énormes incompétences de nos Étatsmajors et des hommes politiques aux destins éphémères... font que la victoire n’en est que plus admirable. Les femmes de tous âges sont largement partenaires de cette résistance... Par leur implication dans l’industrie de l’armement, dans l’agriculture, dans les soins hôspitaliers horribles, dans les divertissements pour redorer le moral de nos troupes anéanties... Ces événements, ces comportements, titillent la conscience de tout individu sensible aux destinés de l’humanité et aux bouleversements sociétaux que de telles hécatombes de jeunesses perdues, entraîneront pour l’avenir. Il y a de multiples manières de traduire les douleurs, déchirements, détresses, souffrances.... ou l’héroïsme, le don de soi pour un idéal de liberté. J’ai recherché un concept plus large en gardant « l’esprit » de ce conflit et tenté de traduire cette « gravité oppressante ». L’image est donc sombre en contre jour, il y a un rappel à la guerre par les armes meurtrières, la femme est présente ainsi que les enfants pour ceux qui furent sacrifiés et comme symbole d’espérances d’avenir. Pour rendre le message de Paix plus universel un peu de symbolisme par des plans lisses Terre, Eau, Air, feu solaire. Enfin, pour rappeler que cette Paix n’est jamais totalement acquise et rompre cette quiétude: un nuage menaçant duquel surgissent les 7 traits de lumière que la philosophie associe à la maturité, à la sagesse. » CONTACT & LIENS Email : klam82@orange.fr


Buste 1 et 2, 2012 - Plâtre patiné, 16x18x32.

Main, 2012 - Plâtre patiné, 22x22x10.


MARIE-THÉRÈSE CHESNAIS

Elle pratique la peinture depuis qu’elle est à la retraite après avoir été institutrice. Attirée par l’aspect onctueux de la peinture à l’huile, elle à fait le choix de travailler cette matière. Parallèlement elle aime aussi créer à partir de la terre, le grès chamotte le plus souvent, qu’elle sculpte au couteau ou à la spatule.

« Les bustes peuvent faire écho aux différents visages des soldats, l’un inconnu, l’autre revenu... La main et l’outil , évoque les tranchées que l’on à dû creuser d’une main souffrante ou la main agonisante d’un enseveli au front... »

CONTACT & LIENS Tel 05 63 64 50 10 Email : andre.chesnais@orange.fr


Marianne 1914-1918, 2018 Mannequin en cire et cheveux naturels de Pierre Imans, circa 1920.

Bombardements / L’ eau contre le feu, 1er novembre 2018 - Vidéo 11’ 11’’ 18.

Deux cadres de la série Fragments VIXI, 2018 - 17 cadres écrins d’objets.


EIDOSKOPEIN

A l’image de ce nom choisi en référence au kaléïdoscope en grec, en supprimant le Kalos (beau), son travail s’appuie sur les combinaisons, jouant de polysémie et d’analogies. Kalos signifie « beau », eidos « image », et skopein « regarder »

«

Une Marianne mutilée, un paysage bombardé d’eau, et des objets pour évoquer l’humanité réduite, l’absence, un avenir perdu et la disparition... Des petits riens qui deviennent importants pour une personne à un moment de la vie, ces petits détails qui évoquent avec force un souvenir. J’ai choisi de changer de forme et de garder ce sens dans l’évocation. Schopenhauer a écrit que l’Histoire a beau prétendre nous raconter toujours du nouveau, elle est comme le kaléidoscope : chaque tour nous présente une configuration nouvelle, et cependant ce sont, à dire vrai, les mêmes éléments qui passent toujours sous nos yeux (Le monde comme volonté et comme représentation, chapitre XLI). »

CONTACT & LIENS Email : eidoskopein@gmail.com http://bit.ly/EIDOSCOPEIN


Sans titre, 2008 - Tissus cousus et acrylique sur toile, triptyque chaque tableau 96x130.


JEAN-PIERRE ARMAND KIERZKOWSKI

Peintre et plasticien, son travail est guidé par la recherche plutôt qu’une mode ou le succès d’une de ses séries. Explorer, essayer, rencontrer sont ses moteurs. C’est avec une rigueur monacale, qu’il travaille dans son atelier dès le petit jour. Pendant des années il a rempli ses carnets noirs d’esquisses, d’aquarelle, et de collages, relatant son quotidien : un autre trésor.

« Que dire devant une telle boucherie ! ...»


100 ans, et pourtant..., 2018 - Technique mixte, papiers, encre et aquarelle, 15x15.


M.

Elle aime travailler en délicatesse, avec un souci précis du sens. Elle aime à intégrer des phrases d’auteurs ou quelques bons mots glissés à son oreille aiguisée.

« Une expo pour le centenaire de la Grande Guerre : l’occasion de conserver la conscience

nationale, de conforter la mémoire collective, … et surtout … l’occasion de dire « plus jamais ça ! ». Oui, plus jamais… Et pourtant en 2018 encore tant de conflits. Alors une pensée, aussi, pour tous ces enfants, ces femmes, ces hommes, encore aujourd’hui sous le joug de la guerre. »


Guerre, 1996 - Acrylique et huile sur isorel, 95x60.

“La Faux, 1994 Acrylique sur bois, 66x115.


JOHN PARLANE

Homme de passion, il a piloté quelques bolides, il a apporté son aide aux personnes victimes d’addiction, il a eu déjà 3 vies dans celle-ci. Il pratique son art comme un explorateur. Il n’est pas malgré sa certaine maîtrise, dans le souci esthétique, mais ce qui l’anime est bien plus les questions essentielles sur l’existence et la perception.

« J’ai trouvé l’idée de nous rassembler (les créateurs de la commune) pour participer

activement à l’évènement était nécessaire. Trop souvent, on célèbre la mémoire pieusement, mais sans action dans le présent. Et en plus, notre village s’appelle Verdun. J’avais deux œuvres à proposer, car le sujet me touche, m’a déjà touché, et l’idée que nous n’avons rien appris, que ca peut revenir... me fait peur. “La Faux” évoquant deux choses : d’abord, les outils laissés derrière eux par les hommes partis combattre... et, aussi, “la Grande Faucheuse” . Le sujet n’est pas de l’invention. J’ai trouvé la faux et le seau abandonné sur le mur d’un bâtiment de ferme à un kilomètre de chez moi. Le propriétaire, parti subitement avec les pompiers suite à un AVC, n’est jamais revenu. Cela fait maintenant plus de vingt ans, il faut que je repasse pour voir s’ils sont toujours accrochés. “La Guerre” : Il n’y a pas que les hommes qui souffrent. La terre, les arbres, tout est cassé, blessé... désolation. Et ce barbelé, accroché partout. »

CONTACT & LIENS Email : jwparlane@infonie.fr http://jwparlane.chez-alice.fr/PAGE5.HTM


Une femme dans la guerre, 2018 - Aquarelle, 30x50.

Johnny got his gun, 11 novembre 2018 - Aquarelle et gouache, 20x30.


VÉRONIQUE PIASER-MOYEN

Peintre et photographe, elle est la seule artiste verdunoise ayant ouvert son atelier au public toute l’année. Elle expose en France et en Europe. Ses trois moteurs sont la peinture, la photographie et l’écriture, nourris par ses nombreux voyages.

« Nicole Girard-Mangin, fut l’unique femme médecin affectée au front durant la première

guerre mondiale. Mobilisée par erreur le 2 août 1914 elle occulte sa condition féminine et se porte volontaire pour exercer à Verdun. Lorsque la guerre éclate, elle se porte volontaire sous le nom de Docteur Girard-Mangin. L’administration ne doute pas un seul instant que ce docteur fut un homme. Malgré des réticences initiales, on la mobilise, l’armée manquant de médecins. Elle est affectée au soin des typhiques du secteur de Verdun qui croule sous les bombes. Lorsque l’ordre d’évacuation est donné, Nicole Girard-Mangin ne peut se résoudre à abandonner les neuf blessés dont elle a la charge. Lorsqu’il est question d’évacuer cinq soldats nécessitant une hospitalisation, elle prend la tête du convoi, au mépris des obus qui pleuvent, au mépris de ses propres blessures (elle avait été légèrement blessée au visage par un éclat de mica). Opérant les blessés derrière les lignes, elle sillonne également le champ de bataille en camionnette avec un brancardier et un infirmier afin de prodiguer les premiers soins. Après-guerre, elle s’investit au sein de la Croix-Rouge et donne des conférences sur le rôle des femmes durant la Grande Guerre. Elle milite également dans une association féministe et participe à la création de la Ligue nationale contre le cancer. » CONTACT & LIENS Tel : 06 80 46 68 79 Email : vpiaser@wanadoo.fr 15 bis rue de la ville 82600 Verdun sur Garonne http://www.piasermoyen.com/


À mes camarades « 95 ans ! 95 ans que je suis là, dressé sur la place du village de Verdun-sur-Garonne à veiller sur mes frères d’armes morts au combat, garant du souvenir de la Grande Guerre, mais aussi des conflits qui ont suivi. Parce qu’on l’appelait la Der des der, mais c’était sans compter les guerres d’après… Les noms des soldats morts lors de la seconde guerre mondiale, et une pensée pour les prisonniers, les déportés, ont rejoint ceux de mes 78 camarades verdunois de 14-18 sur la stèle. Mauguet, le sculpteur toulousain, aurait pu choisir de me représenter sous la forme de ces mères qui pleurent leur mari et leurs fils martyrs, telles des piéta, ou encore de me transformer en un obélisque, une pierre tombale symbolique. Mais, non. C’est moi qu’il a choisi de représenter, comme dans un monument aux morts sur dix inauguré dans les années vingt : le poilu. Le poilu en pleine action. Baïonnette au fusil, casque sur la tête – et non plus ces anciens képis en feutre. J’ai bondi hors de la tranchée, je monte à l’assaut. Je suis le courage, je suis le soldat au front. Il n’a pas oublié mon barda. 30 kg sur le dos quand tout est sec ! Merci Mauguet de ne pas l’avoir mis au complet. J’apprécie d’être soulagé d’un peu de poids depuis toutes ces années ! Mais il en fallait un peu du barda, bien sûr, je comprends, c’est pour faire plus vrai, être réaliste. Un poilu sans barda, ça n’existe pas. Tout le temps sur le dos, lors des marches, lors des assauts… J’ai mon bidon pour l’eau – ou le pinard, ma couverture, ma musette en toile. Il manque le gros sac à dos avec la gamelle, l’armoire à glace comme on disait, et les grolles de rechange. Bon je n’en ai plus vraiment besoin. Mais mon masque à gaz ? Où est-il ? Je l’aurais bien gardé parce qu’il a fait des dégâts chez les camarades le gaz moutarde ! Brûlures aux yeux, sur la peau, dans les poumons… Quelle poisse ! j’en ai eu des amis bousillés par sa faute. Heureusement j’ai tous mes habits, parce qu’il fait froid au front, dans les tranchées. Et cette eau, cette boue, partout de la boue, tout le temps cette humidité. Je ne quitte pas souvent ma capote bleue ni les bandes molletières sur les godillots. Des fois, j’ai tellement froid, que je mets du papier journal autour des jambes, des vieux tissus, tout ce que j’ai sous la main. Je sais bien qu’être représenté comme un soldat à l’assaut met davantage en valeur mon courage, mon sacrifice, notre sacrifice à tous – un million quatre cents mille morts pour cette foutue guerre ! - mais j’aurais aimé aussi montrer ma vie avec les camarades dans les tranchées, à l’arrière. L’attente. L’attente des déplacements, l’attente des assauts, des attaques, l’attente de la relève, celle de la becquetance. A boire un jus, à lutter contre les totos, à jouer à la manille, à écrire à ma petite femme laissée seule à l’arrière, et à ma


VIRGINIE R

pauvre mère si inquiète pour son fils. Comment s’en sortent-elles à Verdun à la ferme ? avec les bêtes et les moissons et tout et tout… Je leur donne de mes nouvelles dès que je peux. Leur écrire me ramène un peu au village, à la vraie vie. Je leur dis le meilleur, la camaraderie ; je leur dis bien un peu que c’est dur, elles ne croiraient pas le contraire, mais je dois les rassurer. J’attends leurs lettres aussi. Je suis bien loin de chez moi… Et puis le feu. Le feu de la mitraille, des shrapnels, les obus qui éventrent la terre, se noient dans la boue, sont engloutis par le sol. Le bruit incessant et assourdissant pendant le combat. La terre retournée, les paysages éventrés, les camarades qui tombent. Le sculpteur l’a bien compris. Le canon brisé à mes pieds, le sol chaotique montrent l’enfer dans lequel je suis. C’est la guerre. Ma capote au vent, courant vers l’ennemi, criant sûrement « en avant ! », ou un autre appel au courage, le regard droit, je suis le héros, ce soldat venu de toutes les campagnes, de tous les coins de France pour combattre au front. Je suis fier d’être immortalisé sur la place de mon village, au milieu des noms de mes camarades, ces noms qui les rappellent un peu parmi nous. En 1923, j’étais installé sur un piédestal bien plus haut, mais aujourd’hui, monolithe de fonte, je suis proche d’eux, au milieu d’eux, dans notre petit espace protégé ceinturé de murets et des petites chaines. Ce petit espace sacré reçoit le recueillement, les gerbes du souvenirs lors des cérémonies des 11 novembre qui depuis 1921 célèbrent la mémoire de cette foutue guerre. Aujourd’hui il reste donc le souvenir de notre courage, un sens donné à notre sacrifice, une pensée en notre honneur, nos noms gravés dans la pierre. »

http://bit.ly/AMESCAMARADES

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le 29 octobre 2018.


Sans titre, sans date - Acrylique sur verre, 56x168.


PHILIPPE SOUSTELLE

De l’amour de la peinture au désir de peintre, c’est le parcours qui l’a conduit à récupérer, sur les chantiers qu’il gère comme architecte, des vitrages destinés au rebut pour faire jouer la lumière. Lumière et couleurs créent leur propre alchimie et dévoilent des images portées par notre imaginaire.

« « Sans titre » « sans date ».

Un armistice est un espoir prêt à se construire sur des vies brisées, désignant des vainqueurs et des vaincus qui n’ont pas pansés leurs blessures ; pire, dont les blessures sont plus profondes. On pourrait dire « sans lieu » tant les conflits sont universels ; mais, ne devons-nous pas chercher sans relâche en chacun de nous un espoir de rédemption. »

CONTACT & LIENS Tel : 06 11 48 88 73 Email : psoustelle@mgs-architectes.com


Flowers tears, 2017 - Technique mixte, peinture organique.


STELH

La démarche artistique de StelH consiste à explorer dans l’aléatoire la poésie de la matière et la fragilité du verbe. Quels que soient les media utilisés : installation, poésie, land art ou peinture, elle laisse le spectateur devenir son propre acteur. Il reste libre d’explorer ses propres sensations dans les créations qu’elle lui propose. Plusieurs de ses poèmes sont parus aux Editions Réciproques.

« Flowers tears, Larmes de fleurs en français.

Si on regarde la toile de loin, trois couleurs se détachent : le bleu, le blanc et le rouge. Avec un peu d’attention nous pouvons y voir des fleurs prenant naissance dans des détails chaotiques. De ce chaos funeste ainsi émergerait une forme d’harmonie, porteuse d’espoir. Sous un angle différent, certaines autres figures apparaissent, symboles de ce qui plane, planait déjà à l’époque sur les plaines ... De ce vol noir, une figure plus blanche peut apparaître à l’œil attentif. Et vous que vous raconte t’elle ? » CONTACT & LIENS

Email : stelh.making@hotmail.com Tél : 06 03 49 69 03 http://les-carnets-de-stelh.blogspot.com/ https://www.facebook.com/StelH-590880867788368/



ÉLÉMENTS SCÉNOGRAPHIQUES

En complément des oeuvres proposées par les 11 artistes Verdunois, plusieurs éléments ont été installés dans une logique de contextualisation et à des fins didactiques. - un ordinateur mis à disposition afin de naviguer sur le site internet de la Mission Centenaire - une planche «Repères» des dates et faits principaux du conflit mondial - des planches de 2 journaux d’époque (1916), LeMonde Illustré et L’Illustration - un fiche avec des liens de pages internet à consulter : ONAC, INA, ... - une fiche La Grande Guerre dans les Arts - une sélection de livres privés et de la médiathèque intercommunale mis à disposition pour consultation et prêt en fin d’exposition. Par ailleurs, une page Facebook est dédiée à cette exposition, où l’on peut retrouver encore plus de liens proposés et des images de l’exposition telle qu’elle a été présentée.

https://www.facebook.com/1V1-502207830298164/


INVITÉS EN L’ÉGLISE DE NOTRE-DAME _______________________________


Les deux oeuvres exposées uniquement le 11 novembre 2018 de 10h00

à 11h11 sont issus de la collection particulière d’un des protagonistes de l’exposition. 10h00 pour précéder la commémoration de 10h15, 11h11 pour terminer avec le son des cloches à la volée durant 11 minutes. Le propos de cette performance est d’acter le lien réel et particulier qui unit les Verdunois aux Nostradamois malgrés quelques kilomètres d’écart. En effet, Notre-Dame fait partie de la commune de Verdun-sur-Garonne. Nous remercions le diocèse de Montauban et le père Raymond Fauré pour leur accord.


Église, 2018 - Céramique raku.


ELIANE BARBE

Elle est tombée en amour de la terre dès ses premiers cours à l’atelier poterie de la MJC Saint-Cyprien à Toulouse. Quelques années plus tard, elle suivait une formation professionnelle pendant un an auprès d’une céramiste toulousaine. Son association « La potière du château » en née en 2015. Elle participe à des expositions et des marchés de créateurs. Ses créations privilégient les techniques du raku, des terres sigillées et des terres craquelées.

CONTACT & LIENS : https://www.facebook.com/la.potiere.du.chateau/ elianebarbe.wordpress.com Domaine du Château de La Mothe 31330 Saint-Cezert Tel : 06 63 96 27 17 Email : lapotiereduchateau@free.fr


Sans titre, 2005 - Encre sur bois et papier collĂŠ, 44x31.


DIDIER ESTIVAL

La cinquantaine, le plasticien Ruthénois pratique la peinture, le collage, la gravure, la sculpture et à produit plusieurs installations. Inclassable, il est plutôt catalogué tantôt art hors normes, tantôt art contemporain. Autodidacte, il n’appartient à aucune chapelle. Différentes publications ont présenté son travail dont la revue Artension avec son n°145. Plusieurs galeries le représentent actuellement : la galerie Pol Lemetais (St-Sever du Moustier), la galerie Jean Greset de Besançon et dernièrement la galerie Beatrice Soulié de Paris. Ses dernières exposition courant 2018 : YIA Fair (Paris), Art Partagé(Rives) , Salon Art Bank (Pékin), Salon International d’Art Singulier (Iasi Roumanie) , Biennale d’Art Brut (Hengelo Hollande), Art Buissonniers (Martigues), Le Grand Baz’Art (Gisors), Maison des Arts (Evreux).

CONTACT & LIENS

Tél : 06 82 53 04 68 Email : didier.estival12@gmail.com www.facebook.com/estival.didier didierestival.tumblr.com.




REMERCIEMENTS AUX PARTENAIRES : MAIRIE DE VERDUN-SUR-GARONNE IMPRIMERIE MULTICOLOR PHOTOS DES ARTISTES & CONCEPTION • PHILIPPE LEJEAILLE


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