A la conquête des silhouettes de la vi(ll)e

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Rapport de cycle Sciences humaines et sociale pour l’architecture ENSAPL 3ème année de Licence Jean-Christophe Gérard Année 2016-2017 Lénaïck Kunze

A la conquête des silhouettes de la vi(ll)e La photographie comme outil d’analyse, de réflexion, et de conception de l’espace architectural


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Photographie de couverture : Kunze (Lénaïck), Les Silhouettes de la vi(ll)e, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Berlin, 2017, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel364, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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« Lorsque William Klein photographie « le premier mai 1959 » à Moscou, il m’apprend comment s’habillent les Russes (ce qu’après tout je ne sais pas) : je note la grosse casquette d’un garçon, la cravate d’un autre, le foulard de tête de la vieille, la coupe de cheveux d’un adolescent, etc. Je puis descendre encore dans le détail, remarquer que bien des hommes avec les ongles longs : question ethnographique : comment

portait-on

les

ongles

à

telle

ou

telle

époque ?

Cela, la Photographie peut me le dire, beaucoup mieux que les portraits peints. » Roland Barthes, La chambre claire : Note sur la photographie.2

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Barthes (Roland), La chambre claire : Note sur la photographie, Paris, Gallimard, coll. « Cahiers du cinéma Gallimard », 1980, XII, p.52.

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SOMMAIRE

Remerciements .................................................................................................................................................. 6 Avant-propos ..................................................................................................................................................... 8 Introduction ..................................................................................................................................................... 10 PARTIE 1 - LA PHOTOGRAPHIE, UN PRECIEUX OUTIL D'EXODE ANALYTIQUE QUI GAGNERAIT A ETRE SAISI EN ECOLE D'ARCHITECTURE

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CHAPITRE 1 – L'OUTIL FORMATEUR : L'APPRENTISSAGE DU REGARD ...................................................... 13 CHAPITRE 2 – LA PHOTOGRAPHIE PERMET DE SE DONNER LE TEMPS ....................................................... 15 CHAPITRE 3 – LA SOCIO-MEMO-GRAPHIE, MESURE DES USAGES VERITABLES ......................................... 17 PARTIE 2 - LA PHOTOGRAPHIE, UNE APPROCHE FASCINANTE DE LA CONCEPTION ARCHITECTURALE.. 21 CHAPITRE 4 – UNE LIMITE POREUSE, FECONDE DU PROJET ...................................................................... 22 CHAPITRE 5 – UN PHOTOMETRE SENSIBLE ET POETIQUE ......................................................................... 25 CHAPITRE 6 – UN EQUILIBRE NECESSAIRE ENTRE ART ET TECHNIQUE .................................................... 28 PARTIE 3 - LA PHOTOGRAPHIE, UNE SOURCE INEPUISABLE DE REFLEXION QUI NOURRIT LA PENSEE ARCHITECTURALE ......................................................................................................................................

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CHAPITRE 7 – HABITER L'ARCHI-PHOTOGRAPHIE .................................................................................... 32 CHAPITRE 8 – INTERROGER LE TEMPS ..................................................................................................... 34 CHAPITRE 9 – LE CINEMA, ENTRE ARCHITECTURE ET PHOTOGRAPHIE ..................................................... 36 Ouverture ......................................................................................................................................................... 38 Les Silhouettes de la vi(ll)e ............................................................................................................................. 40 Bibliographie ................................................................................................................................................... 51

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Remerciements

Au terme de l’écriture de ce rapport, je me permets de remercier tous ceux qui ont apporté leur aide à sa rédaction.

En premier lieu, je souhaite remercier Jean-Christophe Gérard qui m’a suivi dans toutes les étapes de cet exercice. Il a su tout au long de l’année me baigner, par ses secrets perdus, dans les intenses flots révélateurs de l’écriture. 84 fois, je crois.

Je remercie également Céline Barrère, Gilles Maury et Johan Michel, qui m’ont permis de prendre un recul nécessaire sur mon parcours, essentielle pour faire naître la présente réflexion.

Je tiens également à remercier ma famille, toujours présente, qui depuis bientôt trois ans, m’apporte soutien et écoute malgré la distance qui nous sépare. Je remercie également Dominique et Clémence pour les trop nombreuses relectures, souvent fastidieuses, qui me font progresser et consolident le pont entre ma pensée et votre lecture.

Je souhaite aussi remercier mes amis pour leur écoute, pour nos nombreuses discussions et pour leur attention, qui m’ont permis de mener au mieux cette licence.

En dernier lieu, je remercie Nicéphore Niépce, père de la photographie, à qui je suis aujourd’hui pleinement redevable.

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Avant-propos

La photographie m’accompagne, à titre expérimental, depuis le lycée. Mon attrait pour la pratique, régulière et réfléchie, ne s’est cependant pleinement développée qu’en 2014, lors de mon entrée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille.

Voyageant d’appareil en appareil, de prêt en prêt, ces six dernières années de nomadismes témoignent d’un parcours on ne peut plus expérimental, qui m’a nourri, et que j’ai nourri d’éléments de mon entourage. L’architecture, comme le cinéma et la littérature, a contribué à me forger un référentiel nécessaire, me permettant de développer des prises de position.

J’ai vu, dans l’exercice du rapport de cycle, la possibilité de m'interroger sur ma pratique photographique. La relation que je lui donne depuis ces trois dernières années, avec mes études, et plus spécifiquement avec mon projet architectural. Plus qu’un écrit, celui-ci m’a permis d’engager une lecture analytique de l’ensemble de ma production.

Ce document est à l’image d’une photographie. Un devant, un arrière, et par-dessus tout, une épaisseur. J’entends cette épaisseur du regard comme le point de départ du voyage imaginaire photographique auquel je veux vous invitez.

C’est avec passion que je grandis dans un monde qui m’apparaît de plus en plus riche. L’ouverture culturelle que proposent l’architecture, la photographie, le cinéma, et la littérature, me saisit au plus haut point. En ce sens, l’écriture m’apparaît comme un nouveau médium à découvrir pleinement. Amis lecteurs, Courage, force et honneur !

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Introduction

Les Silhouettes de la vi(ll)e constitue ma deuxième série photographique. Elle est le fruit de nombreuses Ballades Silencieuses, flâneries aux allures d’expéditions, que je pratique au travers la fourmilière humaine. Silencieuses puisque solitaire, infiniment parlante puisque réflexive. Moment de méditation permis par une déambulation innocente, j’apprécie ces moments échappatoires, où je m’abandonne pleinement à la ville. Définir une série photographique n’est pas un acte anodin. Trouver des images qui se ressemblent ne suffis pas, il est question d’assemblage, il est question d’un propos. En tant que futur architecte, j’ai conscience de l’importance de celui-ci dans nos démarches. Il ne s’agit plus de justifier, ni d’expliquer, mais de témoigner un ressenti, une prise de position, une expérience. Réflexion sur la ville et sur l’Homme. Les Silhouettes de la Vi(ll)e questionne le rapport entre l’architecture urbaine et l’usager, sans qui cette dernière ne subsisterait pas. Mon propos se situe dans un va-et-vient permanent, séquencé puisque obligé, en différentes thématiques que sont l’analyse, la conception, et la réflexion. Toutes trois appartenant au registre de l’architecte et du photographe. Celles-ci se mêlent et s’entremêlent tout au long de cet écrit. Évoquer l’une, fait intervenir l’autre. Elles sont indissociables, et participent chacune au processus de création. En rassemblant les domaines architecture et photographie dans un dialogue commun, j’ai espoir de voir naître une réelle prise de conscience des apports de l’un à l’autre. Nombreux sont les artistes, créateurs, ayant côtoyé ces deux disciplines : Antonioni, Pasolini, Rosi, pour ne citer qu’eux. Devenus cinéastes, ceux-ci témoignent de l’expérience enrichissante du couple architecture-photographie. C’est fort de mon expérience, et avec l’aide de quelques penseurs du moment, que j’aimerais vous donner à croire en la nécessité d’instaurer l’outil photographique au sein même de la formation architecturale.

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Partie 1 La photographie, un précieux outil d’exode analytique qui gagnerait à être saisi en école d’architecture

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I.

L’outil formateur : l’apprentissage du regard. « Regarder (v.) : examiner quelque chose avec attention. » Larousse.fr

Parmi toutes les qualités qu’un architecte se doit d'acquérir, une observation aguerrie m’apparaît comme l’une des plus importantes. La mise en place d’une première année commune entre architecture et paysage n’a-t-elle d’ailleurs pas vocation à porter son intérêt sur la distinction entre voir et regarder ? Transposable, cette dichotomie nous permet ici de mettre en avant deux états : faire de la photographie et prendre une photographie. La différence entre ceux-ci est liée au degré de vision. Faire de la photographie implique une certaine attention, un réel examen pour reprendre les termes de la définition, là où prendre une photographie défini plutôt un acte impulsif ne nécessitant pas forcément une attention particulière. Il est de ces lieux où l’on s’arrête un temps donné. On freine notre marche parce qu’une fausse perspective nous perturbe, parce qu’un mouvement de foule nous semble anormal. Parce que le soleil change les couleurs d’une façade que nous pensions connaitre. Parce que les gouttes de pluie mettent enfin en mouvement des éléments statufiés dans des flaques de pluies. La photographie s’accompagne d’errances, parfois même de ballades improvisées. Outil des voyages formateurs3, elle fut pour moi une réelle motivation d’arpenter le territoire, et bientôt, le globe. Pour tout dire, la pratique du dessin de rue, le dessin de voyage ne m’a pas encore assez saisi pour que j’en fasse un compagnon aussi fidèle que la photographie. La pratique constante me permet d’affiner de plus en plus mon regard de futur architecte. L’analyse des situations, des ambiances, de la lumière et des espaces, est aujourd’hui un reflex parfois dérangeant, tant il est incessant. Comme le dit finalement Dorothea Lange: « A camera is a tool for learning how to see without a camera »4

Le voyage formateur est défini comme « celui qui transforme, qui façonne l’homme et son esprit ». Cluzeau (Pauline), Le voyage de l’architecte. De l’expérience vécue à la conception architecturale, mémoire de fin d’étude, ENSAPL, 2015, I, A, p.12. 4 « Un appareil photographique est un outil pour apprendre à voir sans appareil ». Dorothea Lange, citée par Julien Catella, La photographie de rue, conférence Youtube, Team Lozeau, traduction Lénaïck Kunze, 2014. 3

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Aujourd’hui, j’ai ce regard d’analyse permanente de l’espace. Si la photographie n’est sûrement pas l’unique outil permettant de développer ce regard, elle fut pour moi un élément déclencheur. La pratique de la photographie argentique, initiée au deuxième semestre par l’expérimentation des sténopés5, m’a appris à savoir m’arrêter et prendre le temps. Au-delà de l’apport mécanique, j’utilise cet outil uniquement pour m’obliger à prendre le temps de regarder. Lorsque j’arpente le territoire pour en prendre la mesure, lorsqu’une scène m’intéresse et que je veux la photographier, je procède à trois phases d’observation à intensité variable. Premièrement, il y a l’accroche du regard. Moment furtif entièrement subjectif. Il détermine si oui ou non la scène nous offre un moment à saisir. Deuxièmement, l’observation primaire. J’observe le territoire à ma portée, et, d’un rapide coup d’œil, je repère certaines caractéristiques à mettre en avant. Enfin, l’observation approfondie s’opère pendant le cadrage. Inlassable aller-retour intra-échelle, l’œil balaye minutieusement chaque portion aussi infime soit-elle du cadre de notre viseur. Photographier6 implique donc une prise de conscience de ce qui compose le cadre. Vérifier les angles, chercher des verticales et des horizontales, appliquer plus ou moins bien l’une des nombreuses règles de bases7, Prendre une photographie est donc un formidable exercice formatif pour notre regard. Du moins, c’est en lui que j’ai fait grandir ma capacité à regarder et mesurer l’espace. Aussi pourrait-on dire que l’outil photographique m’accompagne dans mon évolution comme processus éducatif.

Exercice d’introduction à la photographie par la création d’un photogramme en carton permettant de comprendre la relation entre lumière et temps, ainsi que d’aborder le tirage en laboratoire noir et blanc. Semestre 1, 2014, enseignant responsable : Hélène Marcoz. 6 Dans cet écrit, j’utiliserai le terme Photographier pour caractériser un état conscient et réfléchit de l’utilisation de l’appareil photographique. 7 La règle des Tiers, par exemple, consiste à composer une photographie en prenant en compte un découpage arbitraire en 3 tiers horizontalement et verticalement. En procédant ainsi, on peut s’aider des lignes de force permettant à l’œil du spectateur de mieux saisir la composition générale. Http://www.la-photo-en-faits.com/2013/06/la-regle-des-tiers-en-photographie.html, date de mise en ligne inconnue, dernières modifications apportées le 25/06/2013, consulté le vendredi 10 mars 2017. 5

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II. La photographie permet de se donner le temps « Ce n’est pas que tu n’as pas eu le temps, c’est que tu ne te l’est pas donné. » - Denis Delbaere8

Comprimées, saturées et agencées en seulement 5 années de formation, les ENSA9 nous apparaissent comme des autoroutes sans aire de repos. Ici, on vit à 100 à l’heure et on roule au diesel10. Le temps est une notion assez particulière pour nous, étudiant en architecture. Nous nous lamentons de jamais en avoir assez. Cinéma ou réalité, il est tout de même préférable de vivre sans montre au poignet. Ces instruments sadiques échangent avec joie leurs tic-tac monotones contre les quelques cheveux qu’il nous reste la veille d’un rendu. C’est qu’il existe tant de choses à explorer, tant d’activités qui nous intriguent, nous intéressent, nous appellent. Mais la politique actuelle, qui a ses avantages, amène avec elle ses exigences. Entre le projet, les TDs, l’exercice présent du rapport de cycle et les cours magistraux, les pages de nos agendas se veulent plus noires que blanches. Dans un entretien que m’a accordé Sabine Ehrmann11, celle-ci évoque la difficulté à enseigner la photographie en école d’architecture. Selon elle l’école ne s’est actuellement pas encore bien saisie de la capacité didactique que possède l’outil photographique. En proposant des séances d’arts plastiques limitées en terme horaire, elle ne permet pas l’expérimentation optimale d’une « lenteur du regard »12. Au contraire, elle réduit celle-ci à un exercice purement quantitatif. Une corvée à négocier au plus vite pour les étudiants. La pratique de la photographie implique d’y être totalement consacré, de se donner le temps de l’être. Ce rapport au temps ne doit pas apparaître comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité de s’échapper d’un cadre scolaire qui s’avère être étouffant. La

photographie

n’a-t-elle

finalement

pour

nous

également

pas

un

rôle

d’échappatoire ? Parlerait-on alors de temps de voyage ? Les flâneries que j’effectue incarnent ces valeurs d’évasion et d’expédition. Denis Delbaere est professeur et chercheur à l’ENSAPL, il fut mon premier enseignant de projet à mon arrivée à l’école en 2014. Cette phrase m’a marqué dans sa capacité à questionner perpétuellement ma capacité à m’organiser. 9 Les ENSA (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture) initialement pourvues de 7 années de formation ont rejoint, en 2015, le système LMD (3 ans de Licence pour 2 ans de Master avant une entrée en Doctorat). 10 Du moins, quand la cafétéria est ouverte. 11 Artiste et Docteur en Esthétique, Sabine Ehrmann est également enseignante à l’ENSAPL depuis 2006. Entretient effectué dans les locaux de l’ENSAPL le mardi 14 mars 2017. 12 Ehrmann (Sabine), Entretient, 14 mars 2017, ENSAPL 8

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« Les Balades Silencieuses »13, concept approprié pendant mon stage de deuxième année, caractérisent ces moments de flâneries que je m’autorise quand l’occasion se présente. C’est bien souvent en réponse à une envie furtive d’exode qu’elles se mettent en place. Sans fixer ni lieux ni horaires de départ et d’arrivée, je m’exerce, comme on le ferait un après-midi de vacances, à une découverte sensorielle. J’aime me donner ce temps, cette coupure, qui nourrit mes réflexions de futur architecte, et qui me sont entièrement personnelles. C’est un moment que je rapprocherais plus de la méditation que de l’exercice analytique, bien que celui-ci se prête pourtant bien au jeu d’une exploration consciente mais pas moins innocente des milieux qui s’offrent à moi. Ces Balades Silencieuses font l’objet d’un travail photographique et réflexif, une transposition en quelque sorte des descriptions de George Perec14 figée en images et pensées. Ainsi, ce temps donné me permet d’agrandir et d’enrichir mes réflexions, tout en me profitant, en procédant à un semblant de détachement des pensées architecturales. En ce sens, Photographier permet de renforcer une bibliothèque d’usages, d’ambiances et de situations. Indispensable pour la pratique du projet dans sa relation à l’usager, je la cultive par mes flâneries tel un enfant devant un gigantesque puzzle, laissant de côté ses préoccupations et le temps qui passe. Prendre le temps d’arpenter le territoire pour le regarder, c’est essayer de comprendre son sens, ses changements, le mesurer, le raconter. Car si la photographie se joue du temps et du regard, elle reste un art contemplatif. Mémoire des usages véritables15, elle s’amuse à trouver dans sa relation avec le projet architectural la fine justesse des qualités d’un espace que nous recherchons sans cesse.

A l’origine, les Balades Silencieuses caractérisaient les voyages initiatiques effectués, au travers le Nord Pas-de-Calais, pendant mon stage de maitrise d’ouvrage. Depuis, je me suis approprié la notion pour l’appliquer à mes flâneries solitaires. 14 Perec (Georges), Espèces d’Espaces, Paris, Editions Galilée. 2000. 15 Par usages véritables j’entends ici mettre en avant l’appropriation faite, par les usagers en tous genre, des espaces. Le banc, par exemple, met en avant plusieurs typologies d’usages véritables : la manière de s’asseoir ou de se coucher voir de se hisser, de grimper. Apparaît également les détournements du type : la table-banc, le banc à étirement ou encore des moins discrets l’expo’banc (support de dessins ou textes de tout âge, de toutes formes et de toutes revendications). 13

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III. La socio-mémo-graphie, mesure des usages véritables. « Une photographie est tel un médium, elle fige le passé, elle lit le présent et fait l’avenir. » - Serge Delaune16

La prise de recul que j’ai engagé récemment m’a permis de commencer une lecture plus objective de notre parcours en école d’architecture. Des nombreuses questions, remarques, font, qu’elles mettent en avant, la confrontation entre théorie et pratique constituent un fondamental pour tout étudiant. J’ai constaté, en analysant mes anciens carnets de suivi et rendus de projet, une certaine utopie de la rencontre récurrente. Récemment, elle tentait de justifier la mise en place d’une considérable place en bordure du Pré-Saint-Gervais17. Alors que la place Séverine, située en bordure de parcelle, témoignait d’une difficulté existante à la rencontre et la promenade, une utopie collective fit naître multiple d’hypothèses sur la confection d’un lieu d’échange inadapté à la situation. La pratique de la photographie, je le crois, a éveillé en moi ce diagnostic de la place Séverine. Plutôt que de concentrer mes efforts dans la réalisation d’un tel parvis, je me suis attelé à une réflexion sur le réaménagement de la place existante, afin de corriger ce qu’elle était advenue, un parking. C’est donc finalement par une lecture plus approfondie de l’espace et une conscientisation des usages véritables de proximité que j’ai pu faire une proposition et la défendre. Plus qu’un outil d’analyse qui aide à forger un regard, la photographie est également un outil de mémoire. Captant l’instantanéité d’une scène, elle immortalise le théâtre des usages dont je suis un spectateur attentif. La photographie de rue, comme la pratiquait Doisneau avait pour but de dénoncer les difficultés sociales. « La photographie documentaire a été conçue comme position philosophique qui nourrissait alors la démarche de nombre photographe et sociologue »18. Pour autant, je ne considère pas ma pratique comme humaniste puisque je ne m’intéresse moins à dénoncer des qualités de vies qu'à en mesurer les usages.

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Delaune (Serge) Mémorisme. s.l, s.d. L’atelier de projet du semestre 5 nous a questionnés sur le réaménagement d’un ilot urbain de 450 logements, à l’entrée sud du Pré-Saint-Gervais (Porte des Lilas). Nombreux étudiants ont proposés, sous l’appellation « Espace de rencontre », d’incroyables places démesurées en réponse à un besoin imaginaire. 18 La maison Robert Doisneau. Est-ce ainsi… que les hommes vivent… Humanisme et photographie. Ouvrage de l’exposition. Gentilly. 1995. 17

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Photographier me permet de figer ces usages dans ma mémoire pour dessiner et nommer plus justement les espaces que je suis amené à proposer. L’architecture est avant tout une réponse à des besoins. C’est donc par l’anticipation des formes d’appropriation de l’espace que l’on est amené à proposer une architecture plus juste19. Mot bateau entre sociologie de terrain, outil de mémoire et photographie, la « sociomémo-graphie » désigne cette recherche des usages véritables qui me tiennent à cœur. Profondément humaine dans les liens qu’elle tisse, la photographie m’apparaît également comme un outil social. Il y a, derrière une photographie, une parole, une rencontre, un débat avec les gens qui, apeuré de vous avoir vu les photographier, s’empressent de témoigner leur mécontentement. Sur cette question, le dessin m’apparaît comme étant trop timide, dans la faible de relation qu’il propose entre sujet et dessinateur. Bien qu’idéal pour mesurer ces usages véritables, l’outil génère tout de même une crainte constante assez répandue chez les gens. La peur de l’objectif nous place dans la peau d’un voyeur en pleine chasse. Mais n’est-ce finalement pas cette forme de voyeurisme qui forme ma quête ? La

photographie

par

ces

grandes

qualités

d’analyse

sociologique

et

de

retranscription instantanée des scènes de la vie me permet de me raconter une certaine réalité des usages, indispensable à conscientiser, ils participent à forger la justesse de mes futurs projets. Photographier a donc ce pouvoir de raconter. Raconter que la fontaine de la Grand' Place accueille skateurs et enfants quand l’eau vient à manquer. Raconter qu’une barre de métro constitue autant un soutien, qu’elle soutient elle-même les futurs pompiers et stripteaseuses à l’essai. Raconter aussi que le manque de lumière dans les angles de la ville la transforme la nuit en pissotière géante.

19

Par architecture juste, j’entends une architecture en accord avec l’Homme et ses réels besoins.

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Partie 2 La photographie, une approche fascinante de la conception architecturale

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IV. Une limite poreuse, féconde du projet « Tout cadrage détermine un hors-champ.» - Gilles Deleuze20

La 15ème biennale d’architecture, auquel j’ai assisté cette année portait pour nom : « Reporting from the Front ». Alejandro Aravena21 plaçait alors la notion de limite au centre des débats actuels, autant politiques et qu’architecturaux. Des murs physiques de la jungle de Calais, aux murs invisibles des frontières le champ lexical de la séparation me semblent ne jamais n’avoir été aussi utilisés. Là oùla limite sépare, je vois en le cadrage une mise en relation. Vers une interface par-delà la surface. Penser la limite dans l’épaisseur et non plus dans la hauteur. Cadrer, c’est délimiter un champ et un hors-champ. C’est proposer un visible et un imaginaire. C’est admettre une présence inquiétante, celle du hors-champ. Un infini qui surpasse le système clos défini par le cadre physique. « Cet hors-champ insiste alors hors de l’espace et du temps »22. Quand je cadre finalement, je ne réduis pas, j’agrandis. Photographier développe un imaginaire de question bien plus vaste qu’il ne cadre de réponses. Ainsi, l’objet photographique23 m’apparaît infini de par l’envergure de l’imaginaire qu’il nous propose. Ce stimulus de réflexion m’intéresse puisqu’il surpasse la limite, le cadre, la frontière, il va au-delà. Cadrer signifie également déterminer l’étendue du projet, son envergure d’action. Délimiter implique faire un choix, se positionner. Cet art du choix24 se développe en architecture comme en photographie par la prise de position du créateur. C’est l’étude de tous les composants de l’environnement qui me permet, en photographie comme en architecture, de me positionner sur la limite que je veux communiquer. En libérant le champ du cadre par une limite floue dans ma série Les silhouettes de la vi(ll)e, j’invite le hors-champ dans le cadre. Ainsi, j’essaye d’encourager le spectateur à transiter vers le hors-champ, vers un imaginaire total. Alors, c’est moins l’objet cadré mais l’imaginaire que je cherche à donner à voir.

Deleuze (Gilles). Cinéma I. L’image Mouvement, Paris, Les éditions de minuit, 1999, II, p.29. L’architecte chilien lauréat en 2016 du prestigieux prix Pritzker a dirigé la biennale de Venise. Nous avons eu l’occasion de nous y rendre pendant le traditionnel voyage organisé au semestre 5. 22 Deleuze (Gilles). Cinéma I. L’image Mouvement «, Op. cit. », p.30. 23 L’image, proposée au spectateur. 24 « Le cadrage est l’art de choisir les parties de toutes sortes qui entrent dans un ensemble. » Deleuze (Gilles). Cinéma I. L’image Mouvement «, Op. cit. », p.31. 20 21

22


« J’essaye d’encourager le spectateur à transiter vers l’hors-champ, vers un imaginaire total. Alors, c’est moins l’objet cadré mais l’imaginaire que je cherche à donner à voir.»25

25

Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Levé de soleil, Photographie numérique, 170X115 cm, Porto, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-317, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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La parcelle, le site, le territoire, le lieu, tous sont des cadres. Imbriqués les uns dans les autres, je les considère comme les champs et les hors-champs du projet architectural. J’ai remarqué une transition du processus architectural, sur la manière de faire le projet. En témoigne le sujet du master de printemps « Conception architecturale et approche de la complexité »26. Je pense que nous sommes aujourd’hui dans une logique d’expansion par le social du champ vers l’hors-champ. En m’intéressant aux questions temporelles, et à l’appropriation que peuvent se faire les usagers des projets architecturaux, je développe ce hors-champ de possibilités. Les spectateurs du champ27 deviennent alors les acteurs de ces hors-champs28. Ainsi, se développe un aller-retour entre champs et hors champs, entre photographe et spectateur, entre architecte et utilisateur. La fenêtre instaure ce dialogue. Élément architectonique très présent dans nos civilisations occidentales, elle définit par sa forme, l’étendue de ce qu’il y a à voir et à imaginer. L’orientation, en architecture comme en photographie29, n’a rien d’anodin. Elle témoigne et participe pleinement au discours du champ et à l’ouverture de l’hors-champ. Photographier permet d’appréhender cette question. Mes premiers cadrages, tous comme les fenêtres de mes premiers projets, n’étaient pas réfléchis. Je tentais, au mieux, réussir à trouver une orientation capable d’accueillir le tout. Ces cadres étant dimensionnés de manière à remplir au mieux les murs qui les accueillaient. Par le dialogue qu’impose le cadre, je me suis vu questionner ce médium, milieu communiquant30. En ce sens, la photographie comme l’architecture participe à prendre conscience de ce rapport. Qu’il s’élabore de l’intérieur vers l’extérieur, du concepteur vers le spectateur, du vu vers l’imaginaire. Et inversement.

L’objectif de cet atelier est de remettre en cause les frontières de la conception architecturale, et d’interroger les interactions entre les différents champs que sont la programmation, la conception et les acteurs (concepteur et récepteur). (Sources : Taïga) 27 C’est-à-dire, le projet architectural livré. 28 C’est la naissance des après-projets, rendue possible par l’appropriation faite par les usagers du projet. 29 Le débat de la fenêtre vertical - horizontal est vraisemblablement le même en architecture comme en photographie. La fenêtre verticale, ou l’image portrait, permet une lecture du sol vers le ciel. Elle prône une projection individuelle. Au contraire, la fenêtre horizontale prône une projection collective, partagée. Elle donne une pleine lecture de l’horizon. 30 Le médium (du matin medium : « au milieu de ») photographique implique grammaticalement une mise en commun. Ici il s’agit du concepteur de la photographie et le spectateur de celle-ci. 26

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V. Un photomètre sensible « La lumière est la raison d’être de l’architecture. Elle en constitue le premier matériau. Sans elle, le mur, l’espace, l’ombre, n’existent pas. » - C. Mazel31

Évangile des écoles d’architecture, l’ultime citation32 du célèbre Le Corbusier est connue de tout bon étudiant qui se respecte. La lumière est la matière première de l’architecture. L’ombre en est la respiration. Toutes deux coexistent33. Toutes deux naissent au contact de la matière. Cette « dynamique espace-lumière-ombre »34, est à l’origine de la perception de l’espace architectural et photographique. Immatériels,

impalpables,

changeants,

ces

deux

phénomènes

temporels

m’intriguent autant qu’ils m’attirent. Cet échange du clair-obscur35 est devenu dans mes photographies autant que dans mon architecture, un indispensable composant poétique. Invisible, on ne conscientise la lumière que si on lui fait obstacle 36. Ces obstacles, constituent par la lumière, un théâtre. Sorte de « deus ex machina»37, je suis fasciné par son inlassable apparition disparition, rendant le moment visible presque unique. C’est par ce mouvement temporel que je vois en l’architecture de l’instant, une photographie. Sans ombres-lumières, pas d’architecture, pas de photographie. Il est amusant de constater que ces deux domaines se développent de la même manière. Ouverture,

membrane,

fenêtre,

exposition,

temps,

l’architecture

comme

la

photographie a pris la forme « d’instruments optiques »38. Aussi, la pratique et la compréhension mécanique de l’un me servent pour appréhender l’autre. Le tout dans un aller-retour poétique et constructif.

Mazel (Caroline), « Lorsque la lumière fait l’architecture », conférence, Espace François Mitterrand, Bergerac, 16 décembre 2015. 32 « L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière.» Le Corbusier, La Cité : Urbanisme, Architecture, Art Public, Paris, Volume 4, N°9, Avril 1924 p. 167. 33 « Il n’y a pas de lumière sans ombre.» Aragon (Louis), J’abats mon jeu, Paris, Mercure de France. 1992. 34 Martin (Anne-Astrid), L’espace et l’ombre, le modelage de l’ombre à travers la lumière actuelle, mémoire de fin d’études master, 2012, Saint Luc Bruxelles. 35 « On appelle clair-obscur la technique consistant à moduler la lumière sur un fond d’ombre, en créant des contrastes propres à suggérer le relief et la profondeur. » Larousse. 36 Chéroux (Clément) et Ziebinska-Lewandowska (Karolina), Qu’est-ce que la photographie, Paris, Editions du Centre Pompidou / Editions Xavier Barral, 2015, p.40. 37 Pour reprendre les thermes de Chistian Boltanski. Boltanski (Christian), Christian Boltanski : Inventar, Hambourg, Exposition de Hambourg, 1991 38 Martin (Anne-Astrid), L’espace et l’ombre, le modelage de l’ombre à travers la lumière actuelle «, Op. cit. » 31

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C’est lors de ma première visite à la Villa Cavrois39 que j’ai pu prendre conscience de l’importance de l’ombre-lumière dans le discours sensoriel. L’horizontalité du bâtiment était accentuée non pas simplement par la présence d’un joint foncé, mais par l’ombre portée des briques sur ceux-ci. L’ombre devenant ainsi matière première de l’intention architecturale. Ce postulat m’intéressa et j’eus l’occasion de le mettre en œuvre lors du projet de logement collectif au semestre 440. En choisissant d’orienter les logements vers l’intérieur, afin de se couper du tumulte de la ville et du fort vent qui nous faisait face, nous faisions le pari de permettre à chaque riverain de bénéficier d’un patio ensoleillé hiver comme été. Aussi, toute la conception des logements fut dictée par le dimensionnement des dits patios. C’est par l’étude des courbes de soleil de Porto, que nous avons sculpté notre masse bâtie. La lumière et l’ombre devenant les premiers matériaux de nos projets. Le projet alternant lumière et non-lumière41 dans un continuum, propice à l’Habiter. C’est par l’étude de photographie traitant le clair–obscur que nous avons également conçu nos circulations. Celles-ci devenant pleinement réellement un outil de conception, et non plus seulement un objet de communication. Je photographie principalement en noir et blanc. Plus qu’un effet de style, la pellicule noir et blanc me permet d’obtenir une cohérence par la chromie de l’image. De plus, elle me permet de concentrer le regard du spectateur sur la distinction entre zones d’ombre et zone de lumière. En évitant la distraction que produit la couleur, je recherche l’essence même de la scène photographiée. La série Les silhouettes de la vi(ll)e raconte le parcours de l’Homme dans la ville au travers cette distinction d’ombre et de lumière, matériaux premiers, qui la compose. La pénombre, quant à elle, reste le milieu le plus intriguant. Elle accentue la profondeur de l’espace et produit une sorte de « silence ». Face au tumulte de la vi(ll)e, j’entends l’architecture et la photographie comme une sorte de « Silence et lumière »42.

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Visite organisée pendant le cours Représentation architecture & Territoire, semestre 3, 2015. Situé à Porto, l’objet du projet de logement collectif était, en binôme, de travailler deux problématiques actuelles : la densité et les nouveaux modes d’habiter. Nous avons choisi de travailler le précept de massivité, aussi dans une logique de rendre habitable nos logements, nous nous sommes vus nous intéresser très tôt à la distribution de la lumière naturelle. 41 « Louis Kahn définissait la matière-lumière comme la « matière de l’espace » et la « non-lumière » comme la matière solide. » Martin (Anne-Astrid), L’espace et l’ombre, le modelage de l’ombre à travers la lumière actuelle «, Op. cit. » 42 Kahn (Louis), Silence et lumière, s.l, Editions du Linteau, 1996. Titre du livre. 40

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« La lumière et l’ombre devenant les premiers matériaux de nos projets. Le projet alternant lumière et non-lumière dans un continuum, propice à l’Habiter. »43

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Kunze (Lénaïck), Plan ombré du R+1, Photographie numérique, 2017.

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V. Un équilibre nécessaire entre art et technique « L’art et la technique partagent beaucoup de points en commun […] tous les deux ont besoin d’un savoir-faire et tous les deux sont issus d’une création »44

Poésie à part, je vois l’architecte, le photographe, comme un scientifique, un technicien. Sans doute est-ce mon parcours scientifique qui me fait penser de la sorte. Je crois au mélange possible entre art et technique, « chacun aliment de l’un pour l’autre »45. Lors de son discours46, François Arago annonçait par l’invention du daguerréotype47, le futur développement des arts et des sciences. Depuis, j’ai cru comprendre que le débat portait l’outil tantôt comme art, tantôt comme technique. La photographie comme l’architecture me semble en proposer un savant équilibre. Bien que la simplification des outils ait amené l’appareil photographique à se numériser et s’automatiser, il me semble important, encore aujourd’hui, de manier la mécanique complexe de nos outils. Aussi, que ce soit avec mes appareils numériques ou argentiques, je photographie toujours en « réglage manuel ». La pratique de la photographie manuelle m’a fait découvrir la capacité créative que peut procurer les différentes molettes accessibles à portée de la main48. Des réglages du boîtier à la chambre noire, j’ai une entière maitrise par la technique de l’ensemble du rendu de l’image produite. La technique au service de l’art, et ce, dans une liberté totale de création. C’est cette technicité que je recherche aujourd’hui dans l’architecture, et qui est trop peu enseignée, si ce n’est présente, à l’ENSAPL. En réalité, je m’accorde à penser, comme Marey49, que les deux sont indissociables. Ma pratique photographique m’a démontré qu’une image réussite est une image techniquement maîtrisée. Il me semble que l’image photographique ne puisse pleinement s’épanouir sans les rigoureux réglages de son créateur.

Benjamin (Walter), L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Allemagne, Editions allia, 2003, essais posthume. 45 Andreu (Paul), Interview à propos de son livre « Archi mémoires, entre l’art et la science, la création », invité dans l’émission de Marianne Durand-Lacaze, Canal Académie, prononcée vers 12min. 46 Rapport sur le daguerréotype, lu le 3 juillet 1839 à la séance de la Chambre des Députés et à l’académie des sciences (19 août) par François Arago. 47 « Le daguerréotype […] produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière. ». Wikipédia. 48 Celles-ci permettent très vite de régler l’exposition, la vitesse d’ouverture, la sensibilité ISO, l’ouverture du diaphragme, la focale et le focus. 49 « L’art est indissociable de la technique. » Salomon (Christian), Marey, Penser le mouvement, 44

Paris, Editions Harmattan, 2008

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Les débats semblent différencier l’artiste de l’artisan par leur perception spécifique du monde. L’architecte, par sa pluridisciplinarité, est amené à trouver la mesure entre ces deux notions. En ce sens, l’outil photographique m’aide à affiner cet équilibre. Mes futures années de pratique me permettront sans aucun doute d’approfondir ce questionnement. Par la technique, nous pouvons, artistes, enrichir notre vocabulaire créatif. En photographie, comme en architecture, c’est cette technicité qui est mise au service de l’art. Renzo Piano est une des figures actuelles qui m’a le plus séduit depuis que je porte un intérêt pour l’architecture. Son architecture m’interpelle par sa capacité à donner une esthétique à la technique. Je me souviens avoir été frappé par la savante mécanique mise en place au centre culturel Jean-Marie Tjibaou50 et au centre Pompidou51. Ces projets sont, pour moi, la preuve que la « reproductivité technique »52 n’a pas forcément détruit « l’aura »53 de la création. En ce sens, je suis en désaccord avec la pensée de Walter Benjamin 54, bien que je comprenne le fond de son propos. Je pense que le monde évolue, et notre perception de celui-ci avec. Architecte, comme photographe moderne, ont fort heureusement fui le Beau au bénéfice d’une quête plus conceptuelle. C’est du moins en ce sens que j’entre lis nos études actuelles. Le projet du semestre 655 nous fait intervenir sur l’ensemble des échelles du projet. Aussi, j’aurais l’occasion dans les deux mois à venir, d’inscrire la technique au centre de ma conception. De la structure, au détail des gaines, en passant par les nouveaux systèmes de domotiques, tant de domaines qui n’attendent plus qu’à être saisis.

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Le centre culturel Tjibaou est un établissement public situé à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) visant à promouvoir la culture kanake. Dans son projet, Renzo Piano s’est intéressé à la culture kanake et à manipuler la technique au service de son intention pour traduire celle-ci en ce qu’est le projet aujourd’hui. 51 Le centre Pompidou, plus connu comme Beaubourg, a été réalisé en collaboration avec Richard Rogers. L’intention était de permettre une certaine flexibilité. Aussi, c’est toute l’esthétique du bâtiment qui est donné par la résolution technique lui donnant une allure de gigantesque machine. 52 Dans son commentaire de texte, Sonia Benyahia, évoque la « reproductivité technique » comme la capacité technique à reproduire en masse les œuvres, les créations. Et notamment les photographies. Benyahia (Sonia), W. Benjamin sur Comment la photographie a-t-elle changée notre perception au monde, commentaire de texte, Université Rennes 2, 2016. 53 « L’expression –ici et maintenant- […] fait –l’authenticité d’un –moment unique-[…] Ce –ici et maintenant-, cette authenticité fugace de l’instant présent, c’est l’aura. » Benyahia (Sonia), Comment la photographie a-t-elle changée notre perception au monde, «, Op. cit. » 54 Il me tient à rappeler que je porte un désaccord sur un texte qui n’appartient pas à mon époque. Aussi, j’aimerais prévenir le lecteur sur sa nature, plus proche du commentaire que de la critique. 55 Le projet du semestre 6 nous mobilise sur un programme Activité – Espace public – Logement. Celui-ci se diffère des autres par sa pédagogie qui nous fait explorer toutes les deux semaines une nouvelle échelle.

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Partie 3 La photographie, une source inépuisable de réflexion qui nourrit la pensée architecturale

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VII. Habiter l’archi-photographie « Photographier l’architecture, c’est photographier la société. »56

J’ai traité, dans les chapitres précédents, une certaine progression de la photographie vers l’architecture. J’aimerais maintenant m’écarter de mon sujet, pour évoquer mon sentiment à l’égard de l’architecture selon la photographie. Il m’apparait important, en tant que passionné de l’un comme de l’autre, d’y apporter ma critique. Je ne fais jamais de photographie d’architecture, il m’arrive cependant quelque fois de photographier l’architecture. Cet infime écart linguistique produit, dans la pratique, un fossé moral qui me révolte au plus haut point. En se qualifiant de « vides […] design […] graphique »57, une majeure partie de la photographie d’architecture participe au développement de l’architecture-objet58. Cette dernière va à l’encontre de la philosophie des ENSAP59. Celle-ci nous enseigne à nous saisir des qualités du territoire, comme outil propre à la conception. Je pense que la photographie, comme l’architecture, doit assumer son caractère unique, géographique et temporel. Toutes deux se doivent d’être habitées et contextualisées. A l’époque où la reproductibilité technique démocratise l’apparition d’image-type, dites image-clichée, et la progression des réseaux sociaux qui détourne l’Homme vers Une manière de faire la photographie, Une manière de faire l’architecture, nous sommes plus que jamais amené à nous interroger sur notre production. L’appareil photo, comme les logiciels informatiques, permet une certaine appréhension de la démesure. Je me suis rendu compte d’une certaine perte d’échelle par la pratique de la photographie et des logiciels de dessins D.A.O.60. Bien souvent je me suis égaré dans les détails, invisibles à l’impression. Au-delà de la perte d’échelle, en réalité c’est tout le domaine social qui est complètement oublié, balayé. 56

Benyahia (Sonia), Comment la photographie a-t-elle changée notre perception au monde, «, Op. cit. » Madri (Michel Adrien), La Photo d’architecture, interview Youtube, interviewé par Arnaud Thiry, 2015. 58 « Type d’architecture qui est pensée pour elle-même et qui n’a aucune accroche dans le paysage proche et lointain. On évoque souvent à l’ENSAPL un -objet posé- ou -projet LEGO-. » Définition, Lénaïck Kunze. 59 Ecole Supérieure d’Architecture et de Paysage 60 Dessins Assistés par Ordinateurs. 57

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Les photographes parlent de « rendre justice à l’architecture en la représentant seule, sans silhouettes humaines pour en déranger la composition »61. Je pense que c’est une erreur qui, au contraire, la réduit à ses capacités esthétiques. L’architecture m’apparaît comme l’art de concilier intention et attention. N’est-elle d’ailleurs pas « le seul art à posséder une véritable fonction »62 ? Architecture et Homme sont indissociables. Tous deux ont besoin de l’un comme de l’autre. Aussi, photographier l’architecture ne peut soustraire la question des usagers. Au-delà de constituer un élément de mise à l’échelle, il me semble important de témoigner comment ceux-ci s’emparent de nos créations architecturales. J’aimerais distinguer la photographie d’architecture, photographie habitée, de la « photographie état des lieux »63 qui est souvent assimilée cette dernière. Ma série Les silhouettes de la vi(ll)e parle de l’architecture. D’une part, car elle met en lumière la ville, ses ambiances, ses contrastes, mais surtout parce qu’elle place l’Homme au centre de celle-ci. Beaucoup de grands architectes et théoriciens64 ont essayé d’utiliser l’Homme comme mesure centrale. L’exercice introductif de semestre 265 questionnait par ailleurs les dimensions de notre corps, comme unité de conception. De plus, l’Homme est présent dans tous nos supports de communications. Qu’ils s’agissent de coupes, plans ou perspectives, il est un élément essentiel à la compréhension de l’espace architectural. En ce sens, la pratique de l’architecture m’a permis de prendre conscience de l’importance du message que véhicule la photographie. Au-delà de son aspect esthétique, la photographie-objet ne propose qu’une illustration, un papier cadeau, une carte postale, elle place l’architecte en designer. Cruel mensonge.

Madri (Michel Adrien), La Photo d’architecture «, Op. cit. » http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Stephane-Couturier-reinvente-la-photographie-d-architecture_NG_-2012-08-13-842140, consultable sur le site http://www.la-croix.com/, date de mise en ligne inconnue, dernières modifications apportées le 13/08/2012, consulté le 12 avril 2017. 63 http://www.darchitectures.com/stephane-chalmeau-la-photographie-architecture-comme-pratique-deespace-a3242.html, consultable sur le site http : //www.darchitectures.com/, date de mise en ligne inconnue, dernières modifications apportées le 08/11/2016, consulté le 12 avril 2017. 64 Le Corbusier, pour ne citer que lui, s’est intéressé à la mesure de l’Homme. Notamment l’étroite relation qu’il lui a donnée avec le phénomène du nombre d’or et de la suite de Fibonnacci. 65 Lors de l’exercice introductif du semestre 2, nous avons mesuré notre corps puis nous devions utiliser ces mesures pour dimensionner notre architecture (de l’assise, à la porte) 61 62

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VIII. Interroger le temps « Le temps n’est pas la 4ème dimension : il est, de toutes, la première. Sans exception. Parce qu’aucune ne produit et n’atteint ce qu’elle est sans sa contribution. »66

La photographie produit un sentiment assez étrange. Une sorte de suspension de l’espace et du temps. Celui-ci se voit alors comme figé, à jamais, du moins on l’espère67. Ce temps fixe, place la question temporelle au cœur de la réflexion photographique. Il en est de même avec l’architecture, qui existe par et au travers le temps. L’architecture ne peut être réduite à une simple image intemporelle. Elles, avec la photographie, nécessitent d’être rattachées à un moment, une période, une société, plus encore, un contexte politique. J’ai constaté deux catégories de temps. Le premier est physique. Il s’agit du temps qui s’écoule, qui est mesurable. Les saisons, les heures, si ce n’est les minutes, engendre une métamorphose du visible. J’essaye, en architecture comme en photographie, de la mobiliser. Le facteur temps devient réellement une matière de réflexion et de conception. Le deuxième est induit par ce que Barthes nomme le punctum68. Imagé à la perfection dans le chef d’œuvre Blow-Up69, le punctum agit comme un élément détonateur permettant au spectateur de s’évader de l’image fixe vers un temps réflexif. J’ai remarqué récemment sur une vieille photographie de famille un bracelet à mon poignet, celui-ci a provoqué en moi le souvenir d’une amie qui me l’avait offert. Le punctum, ici le bracelet, a fait surgir un hors-temps, un souvenir totalement étrangé au contexte de la photographie de famille initiale. La photographie et l’architecture ont pour moi cette capacité à mener le spectateur, l’utilisateur, vers cette troisième dimension70 que j’ai rapproché du horstemps71. C’est là, toute la force de nos médiums. Celle de transcender le spectateur, en dehors du temps présent. Soit vers un fait passé, soit vers un imaginaire futur.

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De Lattre (Alain), La doctrine de la réalité chez Proust, Paris, Editions librairie José corti, 1978. Quelle serait notre stupéfaction de voir une photographie (re)prendre vie comme par magie. 68 Barthes (Roland), La chambre claire : Note sur la photographie, Paris, Gallimard, coll. « Cahiers du cinéma Gallimard », 1980, XI. 69 Antonioni (Michelangelo), Blow Up, film, durée 112 minutes, 1966. 70 ,quatrième ou même cinquième, tout dépend de là où vous vous étiez arrêtés de compter. 71 « période située en dehors du temps imparti, du temps dévolu à une activité », Wikipédia. 67

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De là, naît toute la complexité du temps dans nos projets. Complexe par le nombre de définitions qu’elle impose, riche par la force de création qu’elle admet. Nous nous sommes intéressés à cette notion de temps, lors du Workshop de Printemps72. Aussi, l’intention était de proposer un raisonnement simple, mais fécond par sa capacité à se métamorphoser continuellement. Nous avons fait interagir trois types de matériaux : le béton, le bois et l’acier corten. Tous trois ayant un rapport au temps différents73. Nous avons également incorporé une palette végétale aux cycles de vies hétéroclites. L’idée était de laisser le matériau temps s’emparer de ces quelques composants dans une liberté totale. Qu’importe le nombre de visite de l’usager, celui-ci ne rencontrerait jamais une situation connue, il ne vivrait que des « moments uniques »74. Je pense que notre rapport au matériau temps est aujourd’hui bien différent qu’il n’a pu l’être le siècle dernier. Ce changement est lié à l’apparition de nouveaux phénomènes sociétaux, de nouvelles manières de construire, de vivre et de penser. Eugène Atget photographiait la ville « vidée de son aura »75. En évitant « l’authenticité d’un moment unique»76 , celui-ci produisait des images intemporelles, puisque difficilement contextualisable dans l’espace-temps. Je pense que ce type de création n’est plus envisageable, si ce n’est même légitime, aujourd’hui. L’architecture comme la photographie, ne peut plus espérer (sur)vivre éternellement. Qu’importe. Les projets à « temps-courts »77 m’apparaissent plus infiniment intéressants par le nouveau registre de questions qu’ils mettent en œuvre. Comment le projet va-t-il évoluer ? Est-il recyclable ? Peut-on le démonter facilement ? Et tant d’autres, qui font appel à une certaine flexibilité temporelle, induite par le temps-court. Le monde a évolué et évolue de plus en plus vite. Le temps, sous toutes ses formes, devient une priorité. Aussi, je pense que la photographie appelle aux mêmes questions que l’architecture sur la temporalité de l’œuvre. Il m’est captivant de pouvoir formuler ces questionnements communs entre architecture et photographie. Chacun enrichissant l’un pour l’autre. 72

Le Workshop de Printemps a rassemblé étudiants et architectes pendant 2 jours sur la thématique de la méditation. Celle-ci se rapportant à une certaine perception du temps, nous avons souhaité le définir comme matériau premier de notre hypothèse 73 L’acier corten se patine face au temps, le bois pourrit, le béton reste assez stable (mais pas à long terme). 74 Benyahia (Sonia), Comment la photographie a-t-elle changée notre perception au monde, «, Op. cit. » 75 Ibid. 76 Ibid. 77 Par « temps-courts » j’entends ici des projets qui sont détruit avant leur 50 ème anniversaire.

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IX. Le cinéma, entre architecture et photographie « La photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde… »78

J’évoquais, plus tôt, la grande capacité que possède la photographie pour l’analyse. J’aimerai maintenant revenir sur ce point. Non pas pour remettre en cause mes propos auxquels je crois, mais pour me permettre d’y ajouter une ouverture, tant attendue. La grande difficulté de la photographie, et sa plus grande force, est de constituer des images à temps-figé. Ces images me sont infiniment intéressantes par l’adresse qu’elles portent à me transmettre des « instants perdus dans la cohue sociale »79, imperceptible à l’œil nu. Mais elles ne montrent pas toute l’étendue de la scène photographiée. « L’invisible de la ville », ce qui résiste à la photographie, persiste. Le dessin tire sa force de la mobilité permise au dessinateur. Je dessine bien souvent mes coupes en explorant physiquement les lieux. Ainsi, je peux rendre compte, au mieux, l’étendue de ceux-ci. En ce sens, j’ai conscience d’une certaine limite de l’outil photographique. Et pourtant, la photographie est capable de se saisir cette question du mouvement. Principe questionné lors d’un exercice d’art plastique80, j’avais fixé mon appareil sur mon corps avant de flâner. Le principe était d’attraper les lumières fixes de la ville dans mon boîtier. Boîtier qui accompagnait mon corps, dans ses mouvements. Sans vouloir faire d’ombre à la découverte d’Etiennes Jules Maray81, j’obtenais à mon tour un compte-rendu du mouvement par la photographie. En détournant le principe du Light Painting82, je donnais à voir une perception visuelle du déplacement de notre corps dans l’espace urbain. Et puis, j’ai (re)découvert le cinéma. Et là tout s’est accéléré.

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Godard (Jean-Luc), Le Petit Soldat, film, durée 84 min, 1963. Salomon (Christian), Marey, Penser le mouvement, Paris, Editions Harmattan, 2008, p.74. 80 Le sujet de l’exercice était le mouvement. Exercice réalisé au semestre 3, enseignant responsable : Hélène Marcoz. 81 En inventant la chronophotographie, Etiennes Jules Maray réussissait l’exploit « de montrer par la science du visible, ce qui était invisible à l’œil nu.», Salomon (Christian), Marey, Penser le mouvement, «, Op. cit. » 82 « Le Light Painting est une technique photographique consistant à faire intervenir une ou plusieurs sources de lumière tenues à la main […] dans une scène photographiée avec un temps de pose supérieur à 1 seconde », Wikipédia. 79

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Le cinéma, à la croisée des chemins architecture-photographie, m’apparaît comme indispensable à la figure de l’architecte totale83 à laquelle j’aspire. Mieux encore, il me semble concilier dignement la mise en forme de l’espace architectural, la manière de le représenter tout en incluant un nouveau composant, le mouvement physique. Étroitement liés, l’architecture, le cinéma et la photographie, constituent un référentiel inépuisable d’inspiration que j’aime convoquer pour nourrir ma pratique84. Beaucoup d’artistes ont manifesté un intérêt certain pour l’ensemble de ces disciplines. Rem Koolhaas, Stanley Kubrick, Pier Paolo Pasolini, tous trois ont côtoyé plusieurs de ses domaines, et ont nourrit leurs œuvres de ces expériences. Je pense que l’architecture possède un lien très fort avec la photographie et le cinéma. Beaucoup de livres l’évoquent uniquement pour son aspect de décor architectural. Je suis persuadé que cela va bien au-delà de l’image théâtrale. L’architecture, dans certaines photographies et films, ne constitue plus seulement un décor, elle est l’essence même du propos de l’image85.

Je vois en l’architecte autant un philosophe, un littéraire, un cinéaste, un photographe, un peintre, … Cette figure totale auquel j’aspire assoiffe ma curiosité. Aurais-je vraiment le temps de tout explorer ? 84 Architecturale, Photographique et bientôt Cinématographique. 85 Zabriskie point d’Antonionien est un parfait exemple. Au-delà du synopsis du film, on assiste à une réelle métaphore de l’architecture moderne dans la dernière scène. « L’architecture semble installée dans un No man’s Land de l’expérience » p.160 83

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Ouverture

J’oBserve ainsi, depuis la pelouse, une fascinante partie de tennis où architecture, photographie, Littérature et cinéma s’échangent, à toUr de rôle, une balle invisible. Happé par cette image sOnore, je contemple, stupéfait, ce Passement de balle fictive, dans un hochement de tête incroyable. Waouh.86

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Il est parfois bon de se permettre de lire en diagonale.

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Les silhouettes de la vi(ll)e

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Venise, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-243 crédit photo Lénaïck Kunze, DR. 87

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Venise, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-246, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Les Pouilles, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-258, crédit photo Lénaïck Kunze, DR. 89

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90 Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Venise, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-268, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Youssou, Photographie numérique, 170X115 cm, Venise, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-300, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled Photographie numérique, 170X115 cm, Berlin, 2017, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-361, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Venise, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-251, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Lèves la tête, Photographie numérique, 170X115 cm, Porto, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel272, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Berlin, 2017, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel362, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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96 Kunze (Lénaïck), Les silhouettes de la vi(ll)es, Untitled, Photographie numérique, 170X115 cm, Vosges, 2016, reproduite dans https://lenaickkunze.wordpress.com/#jp-carousel-277, crédit photo Lénaïck Kunze, DR.

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Bibliographie

Livres : - La maison Robert Doisneau. Est-ce ainsi… que les hommes vivent… Humanisme

et photographie. Ouvrage de l’exposition. Gentilly. 1995. - Lou Reed. Texte de Bernard Comment. Rimes Rhymes. Editions Photosynthèses.

2012. - Clément Chéroux et Karolina Ziebinska-Lewandowska. Qu’est-ce que la

photographie ? Editions du Centre Pompidou / Editions Xavier Barral. Paris. 2015 - Eric Forey. Les ateliers du photographe : Photographier l’urbain. Editions

Pearson. Montreuil. 2012. - George Perec. Espèces d’Espaces. Editions Galilée. Paris. 2000. - Anne-Lise Large. La brûlure du visible : Photographie et écriture. Editions

L’Harmattan. Paris. 2012. - Gilles Deleuze. Cinéma I. L’image-mouvement. Les éditions de minuit. Paris.

1983. - Gilles Deleuze. Cinéma II. L’image-temps. Les éditions de minuit. Paris. 1985. - Roland Barthes, La chambre claire : Note sur la photographie, Paris, Gallimard,

coll. « Cahiers du cinéma Gallimard », 1980. - Christian Salomon, Marey, Penser le mouvement, Paris, Editions Harmattan,

2008. - Sonia Benyahia, W. Benjamin sur Comment la photographie a-t-elle changée

notre perception du monde, commentaire de texte, Université Rennes 2, 2016. - Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique,

Allemagne, Editions allia, 2003, posthume. - Anne-Astrid Martin, L’espace et l’ombre, le modelage de l’ombre à travers la

lumière actuelle, mémoire de fin d’études, Saint Luc Bruxelles, 2012.

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Entretient : - Sabine Ehrmann, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de

Lille. Mardi 14 mars 2017. Films : - Michelangelo Antonioni, Blow Up, durée 112 minutes, 1966 - Michelangelo Antonioni, Zabriski point, durée 105 minutes, 1970

Sites Internet consultés : https://www.youtube.com/watch?v=0EzKikUtd-A&t=1323s http://www.la-photo-en-faits.com/2013/06/la-regle-des-tiers-en-photographie.html http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/regarder/67594 http://cafephilobastille.exprimetoi.net/t65-voir-regarder-observer http://www.cours-photophiles.com/index.php/les-bases-techniques-photo/102cadrage-et-composition - https://www.youtube.com/watch?v=7TzWue5dkzk - http://www.tutos-photo.com/bases-debutant/composition-..php - https://apprendre-la-photo.fr/le-nombre-dor-la-regle-des-tiers-dopee/ - https://www.mediarchi.fr/lorsque-la-lumiere-fait-larchitecture/ - http://moodle.epfl.ch/file.php/3371/DOCUMENTS/COURS_THEORIE/Lumiere _Architecture.pdf - https://apprendre-la-photo.fr/je-vous-presente-la-lumiere/ - http://flothotu.free.fr/publications/homme_lumiere.pdf - http://jevaisconstruire.levif.be/construire-renovation/gros-oeuvre/trois-experts-enarchitecture-confient-leur-vision-sur-la-lumiere-l-espace-exterieur-et-lecohousing/article-normal-320951.html - https://issuu.com/astridleopoldinemartin/docs/ombre_et_espace_a5 - http://www.galerie-photo.com/mecanique-esthetique-image.html - http://www.lycee-chateaubriand.fr/revue-atala/wpcontent/uploads/sites/2/2015/10/Atala10Frangne.pdf - http://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/archives/la-photographie - http://unesdoc.unesco.org/images/0009/000941/094190fo.pdf - http://www.letudiant.fr/boite-a-docs/document/la-culture-l-art-et-latechnique.html - http://www.canalacademie.com/ida10394-Archi-memoires-Entre-l-art-et-lascience-la-creation-un-livre-de-Paul-Andreu.html - https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2010-2-page-15.html - http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Stephane-Couturier-reinvente-laphotographie-d-architecture-_NG_-2012-08-13-842140 -

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