Mars 2009 Lテゥonard Cattoni Ensnp 3A
Jardins de Kerdalo
CBN Brest
テ四e de Batz
Jardin exotique de Roskoff
VOYAGE EN BRETAGNE EXOTIQUE
SOMMAIRE
Introduction
p. 1
Le Conservatoire Botanique National de Brest
Origines du Conservatoire
p. 2
La protection des plantes
p. 2 p. 3
Les serres du CBN
Le vallon de Stangalar
p. 5 p. 10
Le Jardin exotique de Roscoff
Présentation Flore Pyrophyte
Flore exotique du jardin
L’île de Batz
Voyage botanique
p. 12 p. 12 p. 14 p. 17 p. 19
(in extremiste.. )
Les jardins de Kerdalo Conclusion p. 28 BIBLIOGRAPHIE p. 29
p. 19 p. 23
INTRODUCTION La Bretagne, pays de pluies, de vents, de marées, de côtes.. autant de préjugés qui nous font oublier qu’elle est avant tout un pays haut en couleur. dont la richesse des contrastes et l’épaisseur des masses végétales caractérisent les paysages.
Ce voyage en Bretagne a été l’occasion de porter mon attention à une flore exotique peu connue et pourtant si familière des littoraux bretons. J’ai été surpris de constater les grandes utilités et la résistance de ces végétaux dans un milieux si éloigné de leur milieu naturel. Le CBN de Brest nous a apporté quelques éléments de compréhension sur la protection et conservation des plantes. Les visites de jardins exotiques et l’île de Batz ont été des éléments clés pour appréhender les limites entre utilisation ornementale et utilités de ces végétaux. Une limite toutefois très fine. Si fine qu’elle semble indigène à ces paysages de littoraux.
Mon regard s’est posé sur différentes plantes et ont soulevé des questionnements divers selon les sites visités. J’ai tenté de retranscrire ma curiosité et de ne pas perdre de vue l’origine exotique des plantes observées pour justifier leur excellente adaptation sur nos terres.
1
Le Conservatoire Botanique National de Brest
Origines du Conservatoire
Un recensement de la flore mondiale établie 420000 espèces dans les années 1970. Les botanistes tirent la sonnette d’alarme, soulignant la raréfaction de 20% d’entre elles. Jean Yves Lesouëf entreprend alors la création de jardins spécialisés dans la culture et la sauvegarde de certaines plantes menacées. Le CBN de Brest naît alors de cette initiative en 1975 et devient en même temps le premier Conservatoire Botanique National.
S’ensuit une volonté de l’Etat (1990) de «labéliser» les conservatoires et d’en faire des organismes nationaux qui couvriraient la totalité géographique de la France. Les conservatoires de Nancy, Porquerolles et Brest parmis les 8 totalisés en France se chargent de cette mission. Ils sont soumis à un cahier des charges très difficile à appliquer et respecter: -Collecter les informations sur la flore nationale (observations/relevés.. ) -Préserver les milieux naturels, en mettant en culture si nécessaire -Proposer des réglementations de préservation au niveau national -Sensibiliser le public à la conservation des milieux et des enjeux 2
L’objectif majeur de cette première halte à Brest est de mesurer les enjeux du travail accompli par un conservatoire comme le CBN Les règles à suivre concernant les espèces protégées sont simples et très strictes: ils est interdit de cueillir, déplacer et détruire ces plantes ainsi que leur milieu naturel. Les niveaux de protection en France se font au niveau national, régional et départemental en fonction de leurs rareté. On recense 433 espèces protégées sur 5000 espèces sauvages en France métropolitaine. Après avoir classé les degrés de rareté, il est tenté de conserver les espèces in situ (maintenir l’espère dans son milieu naturel). Dans le cas où ces espèces ne peuvent être préservées, les CBN interviennent alors et peuvent collecter et mettre en cultures des échantillons prélevés dans le milieu naturel, chose que ne peuvent pas faire les jardins botaniiques. Il existe deux conventions majeures pour appliquer ces principes de protection: La Convention de Washington (1973): d’ordre international, elle protège la faune et la flore en voie d’extinction. Elle permet ainsi de limiter les déplacements internationaux de ces plantes et espèces animales.
La protection des plantes Le Conservatoire Botanique s’est implanté à Brest pour des raisons climatiques. Ce climat frais (peu de gel: -4°C minimum) et humide (800 à 1100 mm. de pluies par an) est favorable à l’implantation d’espèces très diversifiées. La flore représente tous les continents: Afrique du Sud, Australie, N-Z, Amérique du sud, îles océaniques.. Il représente un atout international. C’est dans les serres et le valon que le CBN de Brest a installé ses laboratoires..
La convention de Berne (1979): Elle a pour but de protèger les différents milieux floristiques et faunistiques à l’échelle européenne. Elle établie ainsi une collaboration étroite entre les différents pays européens signataires. (Le CBN de Brest a installé des liens forts avec l’Angleterre. Les échanges sont fréquents afin d’afiner la précision des recherches sur une flore quasi similaire). Les engagements sont proches de ceux du CBN mais à l’échelle nationale: - Etablir une politique nationale de conservation de la flore et faune sauvages ainsi que les habitats. - Prendre en compte ces conservations dans les politiques d’aménagements du territoire - Communiquer (information, éducation.. )sur les nécessités de conserver ces espèces et leurs habitats 3
Opuntia haematocarpa CACTACEAE
Myrtus luma
MYRTACEAE
«روهزلا ةيشحولا روهزلاو ةيجمهلاو. يديس اي ال هنإف زيزعلا، معطلا يتأيو.»
A ma grande surprise et un étonnement chargé de souvenirs j’ai recroisé cette plante. Le climat de Brest est propice à son développement. Ces climats permettent de nombreux voyages horticoles.
«Des figues de barbarie, des figues de barbarie, c’est pas cher monsieur, venez gouter.. si vous êtes déjà pressé, vous êtes déjà mort.. » Voila ce que j’entendais lorsque je croisais les vendeurs de fruits de figues de barbarie au Maroc. Je pouvais contempler les paysages de vallées caillouteuses extrêmement arides où le ciel bas et gris pesait 45°C et où les agriculteurs ramassaient ces fruits sur les seules plantes capables de supporter ce climat: les Opuntia sp.
Je connaissais le Mytus scheken qui sent fort le Chewing gum. J’ai espéré sentir cette même odeur sur cette myrte, sans succès. Ses petites feuilles glabres, pointues et brillantes presqu’aussi larges que longues forment un petit buisson assez dense. Il supporte les températures basses. Originaire du Chili, il préfère un climat doux. 4
Les serres du CBN L’entrée dans les serres ne m’a pas extrêmement marquée. En revanche après avoir franchi les premiers écrans de végétation, mon attention ne s’est pas détachée du lieu. Je me suis retrouvé entièrement plongé dans des milieux, des mondes à part. Ce spectacle de diversités et de recontitutions paraît à la fois fossilisé et rassurant. L’attention et le soin portés à chaque milieu est remarquable. Il existe quatre milieux différents, méthodiquement cloisonnés afin que les incidences de températures ou d’humidité ne perturbent pas les végétaux. Nous avons traversé tour à tour les milieux de montagnes tropicales humides, des îles océaniques sub-tropicales, des zones tropicales sèches et des forêts humides tropicales. Les serres sont régulées grâce à des diffuseurs d’humidité et de chauffages. Les hygromètres à cheveux nous donnent le taux d’humidité.
5
Montagne tropicale humide Cylindrocline lorencei (île Maurice) ASTERACEAE
Ses grandes tiges fébriles et duveteuses perchent à leurs extrêmitées un bouquet de feuilles élancées, larges, poilues, absorbant la lumière dans des limbes verts jaunes. Ce Cylindrocline est le dernier plan en culture au monde. Il a fallu 10 ans pour récolter des graines et le reproduire. Les bouturages reproduisent le patrimoine génétique de la souche. Si un plant est infecté, alors les autres ont de grands risques de l’être également. Il fallait alors disperser dans d’autres jardins ces reproductions de plantes. La reproduction par graines permet d’avoir une diversité de cette même plante. Les sujets sont alors diversifiés et moins dépendants les uns des autres.
Podocarpus gaussenii (Madagascar) PODOCARPACEAE
Cet arbre de 10 à 25m. de haut possède un feuillage très découpé et fin et graphique. Son bois était utilisé comme bois d’oeuvre. Ecorce grisâtre qui s’écaille en morceaux rectangulaires ou ronds chez les spécimens âgés. Les bourgeons terminaux mesurent environ 1mm alors que les bourgeons latéraux mesurent entre 2 et 2,5mm de diamètre. Espèce conservée pour sa rareté autant dans son milieu naturel que dans les jardins botaniques.
6
Hibiscadelphus giffardianus (Hawaii) MALVACEAE
Cette espèce est la preuve de la fragilité des milieux. Le lien flore/faune (et réciproquement) est tellement étroit que la disparition d’une espèce florale peut engendrer la disparition de la faune appropriée (et réciproquement). Cette espèce origianire de Hawaii a vue son étendue disparaître de l’île après une coulée de lave. Heureusement que des prélèvements avaient été effectués avant. Des tentatives de réintroduction dans son milieu naturel ont eu lieu mais sans succès. Les oiseaux polinisateurs de cette espèce ont eux aussi disparus. Cet Hibiscadelphus giffardianus est en quelques sortes orphelin de son polinisateur. 30% des espèces des îles de Hawaii sont endémiques. Hors les pressions foncières, déforestations, changements climatiques, urbanisations.. fragilisent toujours plus ces plantes qui n’existent que sur ces îles. L’appauvrissement en faune et flore est conséquent sur ces îles. 7
Îles océaniques sub-tropicales De loin les habitats les plus en danger. Les îles sont victimes d’un essort de l’urbanisation, de la déforestation, des pollutions, du tourisme de masse.. Tous ces facteurs contribuent à affaiblir les ressources et patrimoines naturels. Tous les dégâts de l’homme sur les milieux pédologiques non renouvellables (décharges à même le sol, constructions, agriculture intensive de plantes appauvrissant les sols: palmiers à huile.. ) raréfient toutes ces espèces. Pour la plupart il est alors possible de les retrouver conservées dans un jardin botanique ou privé. Mais comment justifier la sauvegarde d’une végétation qui n’a plus de « fonction » écologique ni d’habitat de développement (écosystème)? Le CBN tente de sensibiliser les gens sur le sens de leurs missions. L’une d’elle qui nous implique tous est la conservation d’un patrimoine naturel. Ce même patrimoine qui aide la science à trouver des remèdes de médecine, des produits de consommation.. Telles sont les prétentions de missions des CBN. Tenter de préserver les flores et faunes endémiques, lutter contre l’extension et l’utilisation d’espèces introduites et néfastes (ex: dans le parc naturel de Killarney en Irlande, stage de 1e année, lutte contre le Rhododendron sur les flancs de montagnes), préserver les écosystèmes les moins dégradés..
Ruiza cordata (La Réunion)
STERCULIACEAE
Appelé le Bois de Senteur, cet arbre était très répendu il y a de cela un siècle. Il ne restait pourtant plus que 3 pieds en 1975. Le CBN de Brest a lancé une mission de sauvegarde de cette espèce et possède maintenant un pied mâle et un pied femelle. 2000 pieds ont alors été produits et envoyés à la Réunion d’où il est originaire afin de le réintroduire. Malheureusement la sécheresse du milieu naturel n’a pas permi son adaptation. En revanche les jardins botaniques ont réussi à les maintenir. 8
SOLANACEAE
On la croyait disparue et elle a été retrouvée sur sur l’île de Madère d’où elle est endémique en 1991. Les graines ont été semées à Brest et ont vu naître une nouvelle génération. Des plants ont été réintroduits dans leur milieu naturel mais elle reste en voie de disparition puisque les plants ne sont pas encore très bien adaptés à leur milieu.
Forêt humide tropicale
Normania triphylla (Madère)
L’atmosphère extrêmement humide me prend dès mon entrée les narines. Les insectes volent, les gouttes tombent, les vêtements deviennent moites. Cette ambiance est celle des pays situés sur l’équateur. On retrouve dans cette serre des sujets de petite et moyenne taille. Les Brumeliaceae (notamment Tillandsia sp.) sont caractéristiques de ces milieux: elles captent leur nourriture dans l’air et par l’humidité. 9
Amorphophallus titanum
ARACEAE
Le vallon de Stangalar
Ce vallon, ancienne carrière, se présente comme un parc paysager de 30ha en accès libre et gratuit. Les chemins serpentent dans le fond de vallon ainsi que sur les coteaux, offrant de magnifiques vues sur les plans d’eau. Les espèces végétales sont saines. On retrouve des espèces qui ne nécessitent pas d’être protégées par le grillage du site des serres. Regroupées par petits îlots géographiques, les plantes constituent un impressionant pannel de richesse et d’espèces acclimatées
L’Arum titan possède une des plus grandes et impressionantes inflorescences au monde. Cette fleur a la particularité d’attirer les insectes pollinisateurs par son odeur de viande pourrie, odorante sur un périmètre de 800m. Une fois la floraison passée, une grande feuille la remplace. Elle meurt tous les 1,5 ans et est remplacée. Il faut une dizaine d’années au tubercule qui atteint environ 30kg pour émettre une nouvelle fleur.
10
Euphorbia mellifera EUPHORBIACEAE (Madère)
Cette euphorbe compte parmis les seules de cette vaste famille à se porter en buissons. Son feuillage lancéolé de l’année est élancé vers le haut alors que les autres feuilles se courbent vers le bas. Sa nervure centrale verte, presque blanche lui est caractérisitque. Ce magnifique buisson ne se resème pas naturellement mais profite du climat brestois à merveille.
Griselinia littoralis (Nouvelles Zélande)
CORNACEAE
Espèce à la croissance rapide. Son port est touffu. Les feuilles sont ovales, lisses, coriaces. Elles sont très agréables au toucher. Sa couleur vert pomme en fait un sujet très lumineux. Ses fleurs ont une couleur jaune/vert quasiment identique à celle des feuilles. Il peut atteindre 6m de haut pour un étalement de 5m de diamètre.
Garrya elliptica (USA)
GARRYACEAE
Cette espèce atypique dispose de nombreux chatons retombant. Ceux-ci dégagent de grandes fumées de polen lorsqu’on les percute. Les feuilles persistantes et elliptiques sont coriaces, ont des marges ondulées (8cm de long), sont vertes foncées. Les branches sont légèrement retombantes. Son port dense grandi jusque 2,5m de haut environ. C’est une espèce très robuste. Elle supporte très bien le vent, les embruns salés et n’est pas très exigente sur la qualité des sols. Elle est peu courante.
11
Présentation
Un temps frais et doux nous accueil e à l’arrivée au jardin exotique de Roscoff. En bord de mer, il profite des embruns salés. Les cultures maraîchères de la commune de Roscoff bordent le site. Ce paysage typiquement Breton, que les nombreux touristes viennent chercher et ici parfaitement dessiné. Seuls les amateurs de végétation peuvent deviner que ces paysages sont internationaux et surtout exotiques.. Le Jardin exotique de Roscoff appartient et est géré par l’association G.R.A.P.E.S. (Groupement Roscovite des Amateurs de Plantes Exotiques et Subtropicales). Crée en 1987 à l’initiative de Daniel Person et Louis Kerdilès, il s’est progressivement agrandi en 1990 et 1995 avant d’atteindre sa superficie actuelle de 1,6 ha.
Le Jardin exotique de Roscoff
Le jardin est composé de 3400 espèces de végétaux provenant à 95% de l’hémisphère sud. On doit cette richesse de plantes exotiques aux courants chaux du Gulf Stream longeant la côte nord de la Bretagne. Le site même englobe un pic granitique de 18m de haut. Ces micro-topographies contribuent à protéger du vent et capter la chaleur du jour pour la restituer la nuit. Ainsi le jardin bénéficie d’une topographie propice, d’une haie d’Olearia traversii, de précipitations régulières tout au long de l’année (880mm/an) et du Gulf Stream, si bien que les températures hivernales ne descendent quasiment jamais en dessous de 2°C. Les fortes baisses de températures cet hiver ont entrainé beaucoup de dégâts. Les travaux de remise en état du jardin composent la majeure partie du temps de travail des jardiniers. 12
Contrairement au CBN, le jardin exotique a un objectif de collection et non de conservation. L’Afrique du sud, l’Australie, la Nouvelle Zélande, Madère, le Chili, l’Argentine.. sans oublier quelques pays de l’hémisphère nord comme la Chine, le Mexique, sont les pays dont les plantes sont pour la plupart endémiques. On retrouve chez tous ces pays le climat méditerranée. On retrouve ici des collections nationales CCVS pour les familles de Restionaceae et Aeonium et des collections agrées CCVS pour les familles de Proteaceae, Knipholiaceae et Melianthaceae. Le CCVS est le Conservatoire français des Collections Végétales Spécialisées. Cette association a vu le jour en 1992. Elle a pour but de fédérer toute initiative publique ou privée visant à conserver le patrimoine botanique national et international. Le titre CCVS justifie l’intérêt national d’une collection.
Cette promenade dans les allées débordantes de végétations, m’ont fait découvrir une catégorie de plantes très intrigantes et passionnantes: les plantes pyrophytes. Beaucoup d’entre elles sont représentées dans ce jardin. En provenance de pays sensibles aux feux ravageurs (ex: incendies de forêt à Melbourne cette année). Ces évènements sont propices à une certaine catégorie de plantes qui en profitent pour se ressemer et proliférer. C’est une catégorie que je développerai un peu plus particulièrement dans cette partie.
13
La force des paysages côtiers de Bretagne est prenante. Il est difficile de décrire les sentiments ressentis. Ce texte illustre bien ma pensée.
« La beauté des ciels de mer tient pour une grande part moins à leur configuration plus variée et plus changeante qu’au dégagement qu’ils opèrent de la vue jusqu’au ras de l’horizon: c’est dans cette zone basse en effet que les formes des nuages sont les mieux dessinées et les plus sculpturales, là aussi que leurs plans s’étagent avec netteté et creusent à l’occasion des avenues théâtrales jusqu’à la tombée de la retombée de la voute sur la mer, là enfin seulement que le surgissement de leur masse au dessus de la ligne horizontale atteint parfois à la majesté dramatique (ainsi, dit-on, de la mer des nuages de mousson montant du sud au-dessus de l’Océna Indien). Ainsi ce soir, de mon balcon, le très beau ruban continu de cumulus blancs juste au dessus de l’horizon, au ras d’un ciel pur et parfaitement dégagé, pareil à une frise précieusement ciselée et bouclée qui court à la base intérieure d’un dôme, et dont presque tout serait masqué dans un paysage campagnard » Julien Gracq, Carnets du grand chemin
Flore Pyrophyte Protea cynaroides (Afrique du sud)
PROTEACEAE
Cet arbuste ne dépasse pas les 30cm de hauteur mais s’étale sur près de 2m. Sa souche souterraine lui permet de rejeter après le passage du feu, fréquent dans son milieu naturel. Les bourgeons sont protégés dans la partie souterraine, ce qui leur permet de rejeter même lorsque toute la superficie est morte. C’est un exemple d’adaptation au milieu et à la dangerosité des événements naturels.
14
Cannomois virgata (Afrique du sud)
RESTIONACEAE
Les Restionacées constituent une collection agrée CCVS. Le jardin en compte aujourd’hui 33 espèces différentes. Le plus remarquable reste le Cannomois virgata.Originaire d’Afrique du sud, on la retrouve sur les pentes montagneuses de 0 à 1800m d’altitude. Buisson dressé jusque 4m de haut, il compose une texture très fine et dense de jaune et vert. On pourrait l’assimiler à un bambou. Les tiges sont très épaisses. Les inflorescences mâles et femelles se distinguent très facilement. Cette plante pyrophyte a besoin du feu pour germer. Afin de le faire germer il faut enfumer les graines artificiellement pour simuler un incendie, comme dans leur milieu naturel.
Protea cynaroides (Afrique du sud)
ASPIODELACEAE
Cette plante à la forme régulière et menaçante développe des feuilles gris-vertes charnues aux marges pleines de dents jaunes à rouges impressionnantes. Elle développe des rosettes qui semblent protéger la partie centrale. Ce petit arbre peut atteindre 5m de haut dans son milieu naturel. Ses fleurs se propulsent en dehors de la masse verte et se dressent comme des antennes. Les hampes florales se composent de fleurs oranges/ rouges. Au passage d’un incendie, les feuilles mortes encore accrochées au stipe brûleront en premier, limitant l’exposition du stipe aux flammes et le préservant de la calcination.
Banksia integrifolia (Australie) PROTEACEAE
Cet arbre/arbuste ligneux possède des feuilles disposées en spirales irrégulières sur les branches. Les premier signe distinctif est sa floraison généreuse. Les épis floraux sont dressés et recouverts de paires de fleurs jaunes pâle serrées. Espèce endémique de l’Australie. Son comportement lors d’incendies est impressionnant. Les graines sont protégées par des fruits ligneux extrêmement rigides. Afin de les faire germer, les protections doivent être soumises à de très fortes chaleurs. Afin d’atteindre ces températures, l’arbre produit son propre combustible. Un fois la graine libérée, elle reste suspendue au bout d’un petit crochet qui la libèrera lorsqu’il y aura suffisamment d’humidité dans l’atmosphère afin qu’elle germe dans des conditions optimales. C’est une espèce « sérotine »: les graines sont protégées dans des cônes ligneux. 15
Calistemon sp. (Australie)
MYRTACEAE
Arbuste de petite taille (3-4m). à croissance lente et au feuillage persistant. La floraison ressemble à des rinces bouteilles, d’où son nom commun. Les fruits ligneux sphériques sont groupés en infrutescences et restent sur les rameaux. On peut évaluer approximativement l’âge de la plante en comptant les nœuds de fruits sur les rameaux. Les fleurs peuvent servir à faire des infusions ou du sirop. Les fruits tombent de la plante une fois qu’il meurt. Lorsqu’un incendie passe, les graines sont délivrées. De toute petite taille elles vont se disséminer avec le vent dans le milieu, le colonisant. C’est une espèce sérotine.
Eucalyptus ficifolia (Australie)
MYRTACEAE
Croissance très rapide. Feuillage persistant. Le feuilles contiennent des essences bactéricides (l’eucalyptol) qui contaminent les sols et inhibent le développement d’autres espèces. L’écorce si caractéristique s’exfolie en lambeaux du fait de la croissance rapide des sujets. Le système racinaire est très puissant en surface et profondeur. Introduits sur les littoraux pour assécher les sols, ils se sont très bien adaptés. On l’utilise pour la pâte à papier. Les graines contenues dans des gaines vont tomber au sol mais auront du mal à germer du fait de la toxicité des sols. Un incendie réduit cette toxicité et les graines sont alors prêtes à germer. 16
Flore exotique du jardin Agave salmania (Mexique)
AGAVACEAE
Les feuilles de cette agave sont très longues. Elles peuvent atteindre 2m de long. Elles se développent en rosettes. Extrêmement rigides, elles sont charnues, vertes foncées, aux marges dentées et à la pointe terminale très fine et piquante (7cm environ). L’inflorescence est une caractéristique impressionnante; elle peut atteindre jusqu’à 19m de haut. La fleur elle ne mesure (que) 10cm de diamètre.
Chamaerops humilis (Méditerranée)
ARECACEAE
Comme des mains tendues pour être serrées avec légèreté. Des fines baguettes squelettiques qui se faufilent entre nos mains sans se froisser. C’est une joueuse. Elle nous offre son piège favori comme un cadeau. On la sent s’amuser de cette supercherie sans se lasser. C’est une plante de rivage, de littoral. Très résistante aux embruns salés.
Carpobrotus murii (Afrique du Sud)
AIZOACEAE
Cette plante grasse et rampante forme des tiges pouvant atteindre plus de 3m de long. Les petites feuilles charnues se balancent entre le vert et le violet/rouge. Elles forment des tapis très graphiques et au toucher très agréable. Les feuilles très cassantes laissent couler le liquide qui les composent ensuite. Elles ne sont pas en voie de disparition au contraire. Elles ont été introduites pour leur résistance sur les littoraux et leurs couleurs intéressantes. Leur floraison laisse place à des fruits très prisés des Goélands qui disséminent les graines sur le littoral. Cette espèce reste néanmoins moins envahissante que les edulis et 17 actiniformis.
Polygala myrtifolia (Afrique australe)
POLYGALACEAE
Cet arbuste de 1,5m de haut au feuillage persistant et aux larges fleurs violettes compte parmi les quelque 500 espèces de polygala réparties partout sur terre et dans différents écosystèmes. Sa floraison peut être très durable. Il est possible de la voir en fleur à toutes les saisons dans des milieux très ensoleillés.
Coleonema pulchellum (Afrique du Sud)
RUTACEAE
Plante très odorante. Lorsque l’on froisse son feuillage, un parfum très puissant et doux se dégage. C’est une plante qui sert beaucoup d’ornement dans les jardins. Sa floraison blanche discrète n’en est pas moins remarquable par sa sobriété.
Olearia virgata (Australie)
ASTERACEAE
En bordure du jardin, elle le protège du vent. Assez dense, cet arbuste sert de haies. Sa texture très épaisse, sa couleur jaune/vert clair la rendent remarquable. On peut la confondre avec le romarin en raison des feuilles très similaires.
18
L’île de Batz
« Enez Vaz » (île de Batz en breton) est l’île la plus cultivée de Bretagne depuis le 18e siècle. Elle appartient aux îles du Ponant. Petite par sa taille (3,5km par 1,5km) comme par sa population (500 à 600 habitants), elle est une terre de maraichages. Les cultures sont omniprésentes, de taille moyenne, en lanières étroites et longues. Le centre bourg est un ensemble de petites maisons souvent esseulées sur les parcelles. Elles sont rythmées par les cultures qui poursuivent les jardins. L’île granitique est recouverte d’un sol très fertile. Les primeurs composent la majeure partie de l’agriculture. Les oignons sont très réputés, notamment outre Manche. Leur taille et leur douceur caractéristique en ont fait leur succès. On trouve également des choux, artichauts, pommes de terre. Ces légumes sont vendus très tôt dans la saison, ce qui permet une agriculture prisée et pérenne pour l’île. Les cultures jouxtent les jardins (« bretons »), panoplies de plantes exotiques.
Le climat permet, malgré le vent, leur croissance. Certaines de ces plantes ont été introduites pour se protéger du vent. Chaque disposition de parcelle, de maison est en rapport avec les conditions climatiques. Notre arrivée dans des conditions peu propices à la flannerie nous a quand même permis d’avoir un aperçu botanique, esthétique et agricole de cette île. L’extrémité est de l’île comprend le jardin Georges Delasselle, crée en 1918 et racheté par le conservatoire du littoral. Nous n’avons malheureusement pas pu visiter cette collection de 1700 espèces. L’île est un mélange d’espèces exotiques ornementales mais également utilisées dans l’agriculture comme haies et de plantes typiquement bretonnes (Erica, ajonc d’Europe) qui dégagent une authenticité de paysages.
Voyage botanique Arbutus unedo (Méditerranée)
(in extremiste...) ERICACEAE
Arbre persistant. Cet arbre au port dense peut atteindre 9m de hauteur. Son écorce est fibreuse. Il produit des fleurs blanches en automnes. Les fruits: les arbouses sont comestibles et très prisés des oiseaux et des hommes. Il est très utilisé en haie sur l’île. Son feuillage persistant permet une protection toute l’année. Il supporte extrêmement bien le vent. C’est également une plante pyrophyte dans son milieu naturel. La terre lui sert de tampon thermique et le protège du feu. Le tronc est protégé par l’écorce et se régénère facilement de la souche.
19
Cupressus macrocarpa (Chypre) CUPRESSACEAE
Geranium maderense (Madère)
Très présent sur l’île, notamment aux abords du jardin Delasselle où il sert de brise vent. Il permet de protéger les plantations plus à l’intérieur des terres. Les températures sont alors un peu plus élevées et le climat plus propice à un bon développement des espèces exotiques. Le Cyprès de Lambert a un port évasé et une cime en plateau chez les sujets âgés. Il peut atteindre 30m de haut. Sa couleur offre de beaux contrastes avec les roches granitiques du littoral.
Rien à voir avec les petits géraniums de bords de fenêtre en ville.. Cette espèce possède un magnifique feuillage retombant et très découpé. Il peut atteindre 1,5m de haut maximum. En se développant, les feuilles les plus anciennes se recourbent et retombent prendre appui au sol, permettant à la plante de se dresser. Les tiges rouge ardoise sont une spécificité remarquable. Cette plante est néanmoins peu rustique et demande un minimum de chaleur. On la retrouve donc surtout dans les jardins protégés, les espaces un peu clos.
GERANIACEAE
Eleagnus X ebbingei (Europe de l’Est)
ELEAGNACEAE
Cet arbuste très robuste possède un feuillage persistant, elliptique grises au revers et vertes foncées sur le dessus. Très peu agréable au toucher. Encore une fois cet arbuste sert très souvent de haies car il supporte très bien les embruns salés,le vent, la sécheresse et la pollution. On le retrouve alors beaucoup en littoral ou en haie de propriétés privées dans le village.
20
Olearia traversii (Nouvelle Zélande)
ASTERACEAE
Outre l’Olearia virgata, on retrouve le traversii bien répendu sur l’île. Malgré une croissance assez lente, on le retrouve beaucoup en haies libres en bord de mer. Son feuillage persistant et coriace est d’un vert pomme assez lumineux. C’est un arbuste assez aéré. Les branches sont recouvertes d’un feutre blanc assez coriace pour mieux lutter contre le vent et les embruns salés. Il s’adapte très bien aux sols sableux et pauvres.
Fatsia japonica (Japon)
ARALIACEAE
Très fragile, sensible au froid, cette espèce exotique n’est pas très répendue sur l’île. On la retrouve néanmoins dans quelques endroits. Elle est très rare également dans les parcs publics. Elle est souvent bien protégée par les autres plantes.
Alyssum maritimum (Europe de l’est)
BRASSICACEAE
La corbeille d’argent est répandue sur le haut des murs de pierres sèches. Elle brille de son vert grisé et de ses fleurs blanches au printemps. Son feuillage long et fin se faufille entre les pierres et coule sur le mur. Elle supporte le vent et les conditions sèches.
21
Cordyline australis AGAVACEAE
Phormium tenax LILIACEAE
Senecio brachiglotis ASTERACEAE
Dimorphoteca X ASTERACEAE
Hebe brachisiphon BRASSICACEAE
Umbellica sp.
Chaenomeles japonica ROSACEAE
Beta vulgaris CHENOPODIACEAE
22
Les jardins de Kerdalo
Non loin de mon terrain de jeu d’enfance (Pommerit Jaudy), Kerdalo est niché dans un vallon, très bien protégé des vents. Le manoir structure l’espace du jardin. Les terrasses derrière la batisse sont riches en couleurs, en textures, en teintes de vert, en formes. C’est un espace confiné où la pause est de mise. Le jardin devant le manoir est plus vaste. Les espèces végétales s’articulent autour de carrés de pelouse, poussent entre les pierres au sol, choisissent leur direction selon leurs envies. Les grandes pelouses sont bordées par ces arbres très denses. Les trois pièces d’eau s’écoulent doucement dans le silence reposant du jardin jusqu’au Jaudy, face à Tréguier et son magnifique clocher. Crée en 1965 par un peintre (Peter Wolkonsky), ce jardin est un subtil mélange de couleurs, de textures, de fuyantes.. Tout un vocabulaire de peintre se retrouve dans sa composition. La demeure qui assoit la crédibilité d’un tel site a été rénovée alors qu’elle était délaissée. Ce site somptueux et ce jardin « à l’anglaise » sont le fruit de 40 années d’efforts. C’est la preuve que les jardins peuvent 23 évoler rapidement.
Un savant mélange de textures.Les cannes de bambous rappellent les torsions des troncs. Les verticales sont très fortes dans le jardin. Elles créent de espaces, ouvrent et ferment les volumes, maîtrisent la lumière.
Dicksonia antartica
Les textures de feuillage s’entremêlent, se découpent au millimètre dans le ciel. Le vent agite les feuilles, calment l’atmosphère, offrent un paysage acoustique intéressant.
24
Drymis winteri andina
Daphne bholua
(Amérique du sud) WINTERACEAE
Stipa tenuissima et Ophiopogon nigrescens Les plantes fines, volatiles, légères se mélangent par leur couleurs et leurs matières.
Euphorbia sp.
Petit arbuste à l’écorce parfumée. Feuillage petit (15cm long), lancéolé, persistant et brillant. Il a un port compact et mesure jusqu’à 5m.
Cette plante possède un parfum extrêmement puissant. Cet arbuste incarne la perception artistique du jardin. Ses feuilles disposées en forme d’étoiles semblent danser autour des fleurs blanches crème. Son parfum envoutant est un indice de reconnaissance imparable. Sa finesse et sa forme découpée en font une plante phare du jardin.
25
Echium pininana (Canaries) BORAGINACEAE
Entre ouvertures et fermetures des milieux. Le Jaudy ponctue un cheminement intime dans le fond de vallon. La batisse nous rappelle la présence du manoir et la qualité du site. Les grands froids de cette année ont été terribles pour les plantes du jardin. Les Echium ont souffert et ont «grillé» leurs parties extérieures.
26
Nothofagus dombeyi (Argentine/Chili) FAGACEAE
Originaire d’Argentine et du Chili, le Nothofagus est une espèce très odorante au printemps. Ses petites feuilles (1,2cm de long pour 7mm de large environ) forment des branches plumeuses, réfléchissant la lumière du soleil en un vert pomme acide. Son feuillage vert foncé sur le dessus et quasi blanc-gris en dessous offre beaucoup de mouvement et de jeux de contrastes lorsqu’il est exposé au vent.
Les Phormium sp. agitent leurs longues feuilles et projettent leurs ombres. Ci-dessous le premier bassin très long et étroit.
27
Ayant profité de la Bretagne durant toute mon enfance, des images, des couleurs se sont inscrites en moi sans même en prendre conscience. Ce voyage a été pour moi un retour sur la vision de ce pays que je m’étais faite.. Comprendre la végétation de ces milieux permet de comprendre beaucoup de choses. Les fossés profonds au bord des routes, les Cyprès de Lambert que je croyais endémiques à la Bretagne, les plantes exotiques que j’appelais systématiquement et sans différenciation: « cactus » deviennent pour moi des valeurs encore plus identitaires de ce pays. Reconnaître certains paysages par leurs cultures et leurs plantes m’a même permis de me rappeler des souvenirs que j’avais effacé. Le regard critique et attentif du paysagiste que l’on apprend à aiguiser est celui qui me permet de mieux apprécier cette Bretagne. Découvrir une végétation exotique dans un pays qui ne connait pas de grandes chaleurs, de sécheresses.. me paraît désormais explicable. Depuis mon stage à Killarney (Irlande) en 1e année et Bergen en 2e année, j’ai découvert les subtilités climatiques et leurs importances. Les paysages bretons se sont forgés et ont su utiliser à bon escient les richesses floristiques du monde pour se protéger des conditions climatiques parfois problématiques.
28
BIBLIOGRAPHIE
- Encyclopédie universelle des 15000 plantes et fleurs de jardin de C. Miickell et P. Mioulane BORDAS (1999)
- Le Jardin exotique de Roscoff, brochure du jardin
- Atlas de la flore des Côtes d’Armor, D.Philippon, R.Prelli, L.Poux, Siloë (2006)
- Espèces végétales menacées, brochure du CBN de Brest
- Toutes les fleurs de la Méditerranée, M.Blarney, C.Grey-Wilson, Delachaux et Niestlé, coll. guides du naturaliste (2003)
- www.aujardin.info - www.ardenbreizh.com - www.cbnbrest.fr
- Crédits photographiques personnels
29