NANTES
Le Croisic
Île de Nantes
Les marais salants
Saint Nazaire
La BRIERE
ETUDIER LA FORMATION DES PAYSAGES AU FIL DE L’EAU EN BASSE LOIRE
Découvrir les paysages de l’estuaire de la Loire: Activité humaine, urbanisation et paysages
Léonard Cattoni Décembre 2009
Ce voyage vers l’estuaire de la Loire m’a permi de découvrir un territoire extrêmement solicité. Les paysages naturels, urbains et ruraux cohabitent. L’activité de l’homme est très extensive et dangereuse (raffineries, pétrochimie...). Les anciennes capitales économiques de la région ont entammé il y a quelques années un travail de revalorisation de leurs territoires, de réflexion paysagère afin de recycler un patrimoine existant pour lui redonner un rôle culturel, économique et social. C’est une région fascinante où se joignent des activités diversifiées et où les activités humaines et les paysages naturels offrent une palette de contrastes extrêmes...
Ce dossier est à feuilleter en chanson: veuillez suivre le lien ci dessous... http://www.anyones-guess.com/listenhere/nantes.mp3
NANTES ÎLE DE NANTES
LE CROISIC
LES SALINES DE GUERANDE
LA BRIÈRE
SAINT NAZAIRE
Commune littorale confrontée à une gestion de son urbanisation respesctueuse de son patrimoine
Etude d’un rapport entre une activité d’aquaculture et la préservation d’un paysage de qualité. Fragilité du métier de paludier et d’une agriculture traditionnelle.
Parc naturel régional particuliuer soumis à la pression urbaine. Comment maintenir des paysages de qualité sans les figer?
S a i n t - N a za i re : nouveau centre culturel. D’une ville portuaire industrielle à un pôle urbain attractif.
Parc Naturel régional de la Brière
Le Croisic
Donges
Saint Nazaire
Paimboeuf
ESTUA
E LA IRE D
LOIRE Saint-Brévin
Cordemais
Nantes
Nantes et son île: pôles urbains attractifs. Quels sont les héritages et les objectifs de la ville sur les paysages urbains et ruraux?
NANTES ÎLE DE NANTES
N
otre voyage débute à Nantes, la ville de Julien Gracq.
Nous traversons rapidement la ville afin de rejoindre le musée de l’histoire de la ville et de son territoire. Nantes, chef lieu de Loire-Atlantique, ancienne ville industrielle (LU: Lefèvre Utile; les conserveries...), a su faire de sa position géographique par rapport à l’estuaire un avantage commercial et économique. Ce fut longtemps la dernière porte avant l’océan. Traverser Nantes dans l’histoire c’est retracer un passé commercial glorieux. C’est une ville entre terre et mer, où les cultures, les peuples se sont brassés à toutes les époques. Son essor économique est également du à une partie peu glorieuse
de l’histoire: la traite négrière. Puis au milieu de 19e siècle (explosion industrielle) le port ne peut plus répondre aux flux et aux transports. Alors les port satellites plus proches de l’embouchure se développent, dépassant le rythme de Nantes. Saint Nazaire multiplie les activités, le commerce maritime est à la base de l’implantation de raffineries et de chantiers navals. Nantes s’est alors reconvertie en chef lieu culturel de Loire Atlantique, tout en conservant une activité maritime importante. StNazaire reste cependant le plus grand centre d’activité maritime de la région.
L
’île de Nantes est une île artificielle dans le cours de la Loire. Elle mesure
4,9km de long pour 1km de large. C’est un des 11 quartiers de Nantes qui compte environ 15000 habitants. L’île est située en zone inondable ce qui pause énormément de contraintes à son développement. Celuici s’opère alors avec des préoccupations environnementales structurant les projets. La notion d’insularité sur cette île est très faible. L’horizon urbain est omniprésent et l’île est elle-même reliée par 12 ponts à Nantes. Cette île a été l’objet d’un grand projet de réaménage-
Le Palais de justice signé Jean Nouvel. Les plus grands noms de l’architecture “s’exposent” sur l’île de Nantes, ce qui montre la volonté réfléchie d’une nouvelle qualité de l’espace public.
ment mené par l’équipe d’urbanistes/paysagistes d’Alexandre Chemetoff. Cette île est devenue le moyen pour Nantes de relancer une dynamique culturelle, sociale et économique. De grands projets de logements ont vu le jour, ainsi que des projets culturels de renommée internationale. L’Île de Nantes deviendra à terme une nouvelle centralité et un territoire attractif pour Nantes.
Les anciens entrepots et usines jouxtent les nouvelles constructions.
GUÉRANDE
LES SALINES DE GUÉRANDE LE CROISIC
BATZ-SUR-MER LE POULIQUEN
Au premier regard sur
la photo aérienne nous comprenons la fragilité d’un site comme le Croisic. Simplement raccordée au continent par une route et une voie ferrée, les flux doivent porter atteinte à de grands atouts patrimoniaux et paysagers. La position géographique et géomorphologique de presqu’île du Croisic la rend tout à fait particulière. Cette commune littorale est confrontée à une gestion de son urbanisation respectueuse de son patrimoine naturel et bâti. La surfréquentation de l’île la rend vulnérable. Notre conférence à la mairie nous a éclairé sur ce sujet. Depuis 2006, le Coisic est inscrit dans une ZPPAUP. Cet outil de protection se révèle bien adapté aux contraintes du site. La sauvegarde de l’île est divisée en plusieurs zones: l’ouest de l’île est une zone rocheuse non constructible et protégée. Il existe des covisibilités et cônes de vues sauvegardées de l’urbanisation. L’attrait touristique rend la fréquentation de l’île dense, éphémère et nuisible. C’est pourquoi la commune travaille énormément sur l’équilibre entre:
dynamisme économique, social et culturel, équipements, tourisme et population jeune ET préservation des paysages, patrimoines architecturaux, urbains et vie locale. Le Croisic possède encore une zone à urbaniser proche du centre ancien qui échappe aux contraintes de la loi littorale. Les enjeux de construction de cette zone sont primordiaux pour l’avenir de l’île. Mais l’application de la ZPPAUP confronte la commune à quelques incohérences avec le règlement du POS, ce pourquoi l’établissement d’un PLU serait nécessaire. La gestion des circulations est également un point sensible et difficile à régler.
LES SALINES DE GUERANDE
ous abordons une praN tique agriculturelle/aquaculturelle
traditionnelle, totalement artificielle. L’homme a su s’adapter aux fonc-
tionnements naturels pour produire sans bouleverser les milieux. Le métier de paludier va de paire avec courants marins, rythme des marées et des saisons. La problématique qui se pose aujourd’hui est un rapport entre une aquaculture de qualité et la sauvegarde d’un paysage de qualité. Ce qui crée de bon produits peut créer de bons paysages. Donc pour que le paysage soit préservé il faut que l’activité traditionnelle perdure. Pour qu’un paysage perdure (pour toutes les raisons qualitatives qu’on lui reconnaît) il lui faut une fonction, une activité. L’agriculture a toujours entretenue les paysages. Les salines sont un exemple de développement durable: depuis des centaines d’années, les salines produisent du sel. Les paludiers utilisent les mêmes techniques et les paysages n’ont jamais été bouleversés. Pour développer de telles activités lucratives et respectueuses de l’environnement, il faut comprendre et savoir lire les paysages qui nous entourent. Je me permet le parallèle avec Belle-île: une des problématiques de l’île est son entretien qui décline, les paysages se referment et le sentiment d’insularité (qui est sa première caractéristique paysagère) disparaît peu à peu. L’île perd ses qualités paysagères et environnementales.
Guérande: la capilarité du réseau urbain grignotte les salines
limite entre extension urbaine, activité agraire et aquaculture: limites est relativement fragiles et dangereuses fragile de nos jours. Il dépend des pour les activités: pres- conditions climatiques ainsi que des sion foncière facteurs urbains de plus en plus oppres-
Lediermétier de palu-
Bras de mer remplissant les vasières à marée haute Vasiere distribuant l'eau dans les cellules Les cellules permettent l’évaporation de l’eau
sants pour les salines. L’existence de la coopérative permet un revenu correct au paludier même si les conditions climatiques ont été mauvaises. Le paludier nous explique le fonctionnement de son activité: Vasière: réserve d’eau stockée lors des marées hautes Fares: bassins de chauffe Oeillets: bassins de 70m² dans lesquels on récolte le sel En été les récoltes son quotidiennes. L’eau relachée de la vasière vers les oeillets s’évapore et laisse le sel se découvrir. Lors des chaleurs estivales, les dalles d’argiles chauffent tellement que les récoltes peuvent atteindre 50kg/ jour/oeillet. Le paludier doit entretenir les petits ouvrages d’argile permettant la circulation et l’évaporation de l’eau et retirer la salicorne.
Ladure
Oeillet
PARC NATUREL RÉGIONAL DE LA BRIÈRE
L
egional parc denaturel réla Brière recouvre une superficie de 49000ha
et est répartie sur 18 communes. En 2005 il s’est muni d’une charte paysagère. Celleci est l’outil de dialogue entre tous les membres concernés directement par le site (élus, agriculteurs, responsables du parc, promoteurs immobiliers, habitants du milieu, documents d’urbanismes...) Cette chartes doit être renouvelée tous les 10 ans. Elle vise la préservation du milieu selon plusieurs outils: l’agriculture, architecture, l’urbanisme, l’étude des milieux naturel... Elle sera décisive lors des politiques d’aménagements du territoire. Elle permettra de protéger très précisément certaines espèces végétales, une typologie d’habitat traditionnel (les chaumières), préfèrera certaines zones à urbaniser
plutôt que d’autres... La Brière possède un mode d’habitat particulier en lien direct avec son milieu. Les chaumières briéronnes permettaient l’entretien des milieux. Hors on a continué à construire des maisons en toit de chaume mais importé de Chine ou de Camargue, ce qui avait une influence sur l’urbanisation et la dégradation du milieu naturel qui n’était plus entretenu. La Charte permet d’orienter l’urbanisation, de la réguler, de mieux la gérer. Elle permet également de pérenniser l’occupation de l’homme par le maintient de l’agriculture et de la circulation des chalands (barques à fond plat). Le site est sujet à des pressions foncières dues aux apparitions des industries, des bases navales, de ports commerciaux (St Nazaire) près de l’embouchure de la Loire. Il faut entendre et comprendre ces influ-
ences urbaines et ne surtout pas figer le milieu (comme avec les toits de chaumes) mais le protéger. Si l’on résume la charte paysagère permet: -la gestion des milieux humides -la gestion des bocages -maintien des marais -protège de la pression foncière -maintien d’une identité paysagère forte et utile lors de crues de la Loire. Le premier PNR français (1970) tente de préserver ses exploitations traditionnelles et de pérenniser la présence de l’homme tout en la limitant. Ces milieux fragiles et exposés sont pourtant vitaux pour de nombreuses espèces animales ou végétales et à grande échelle pour éviter les catastrophes lors de crues de la Loire car ces marais possèdent un potentiel de déversoir.
SAINT NAZAIRE
contact Saint Nazaire Auestpremier rude
, . Elle ressemble à une ville encombrée de ses vestiges portuaires. Pourtant après quelques minutes de promenade j’ai ressenti tout l’inverse. La ville a été détruite pendant la guerre et reconstruite sur la même trame. Le port s’est développé et les allemands ont construit la base sous marine. Cette immense structure indigeste de béton a longtemps été une épine dans le pied de la municipalité. En 1983 un plan de développement de l’urbanisme s’est tissé autour du port et des friches urbaines. La ville s’est alors tournée vers ce qui a fait d’elle une ville portuaire importante et les projets se sont alors succédés. De nombreux évènements sont venus se greffer sur cette base sous marine monumentale (salle de concert; bars; centre commercial en face; nuit des docks de Yan Kersalé; projet artistique de Felice Varini...). Saint Nazaire a recentré le point culturel de la ville sur le port ces dernières années, permettant un renouvellement urbain considérable, de nouveaux investissements et une considération remarquable de son patrimoine. Saint-Nazaire rentre peu à peu dans le cercle des nouvelles villes attractives.
en Basse-Loire Cem’avoyage été extrêmement
bénéfique. C’est un territoire que je ne connaissais que très peu. Le choix des visites m’a permis d’avoir un petit échantillon d’une incroyable richesse paysagère. Chaque territoire s’est construit par une histoire forte, une occupation par les hommes, des caractéristiques très particulières dont l’homme a su tirer profit sans en bouleverser l’équilibre (la Brière avec la tourbe et l’agriculture, les salines) et un équilibre en constante recherche entre la poussée urbaine, les chantiers navals, les raffineries, et ces paysages traditionnels. Deux échelles de temps semblent se faire du coude à coude (les salines et les raffineries de pétrole/les canaux de la Brière et l’estuaire de la Loire avec ses paquebots de 30m de haut...). Deux échelles de travailleurs qui d’une part utilisent des techniques centenaires non consommatrices d’énergies et d’autre part la pétrochimie et la recherche scientifique... Ce voyage aura été marqué d’images fortes et de contrastes entre différentes occupations humaines du territoire et des paysages naturels bien plus représentatifs de l’estuaire que les ports commerciaux. J’ai tout de même ressenti de l’optimisme en visitant ces sites. Les paysages semblent être reconnus comme de vrais entités de cette région.
BIBLIOGRAPHIE SITES WEB: - http://www.parc-naturel-briere.fr/ - http://www.mairie-saintnazaire.fr/pages-speciales/actualite/article/37/leprojet-ville-ouest-se-developpera-durablement/ - http://www.google.map.fr LES PHOTOGRAPHIES et illustrations sont personnelles. OUVRAGES: Carnet du grand chemin, Julien Gracq, JosĂŠ Corti