LĂŠonard Cattoni 2A
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Arboretum et Jardin botanique de Milde
Introduction La Norvege, Bergen: presentation
Objectifs, utilisation du site Importance dans la region Les paysages du site Topographie locale
Les travaux realises sur le site
Situation geographique Le Vestland Le Climat La Geologie Les Fjords
L'arboretum et le jardin botanique de Milde
La roseraie La Taille La pose de dalles Mur de pierres seches Le Jardin japonais La transplantation Plantation en pipelines Gestion des dechets verts
Conclusion
p.2 p.4
p.4 p.5 p.6 p.7 p.8
p.9
p.10 p.11 p.12 p.13
p.14
p.15 p.16 p.17 p.18 p,19 p.20,21 p.22,23 p.24
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La Norvège, les Fjords, les montagnes, la mer…des clichés, des images plein la tête m’emmènent dans ce pays qui ne sonne pour moi que comme un pays Scandinave. La découverte d’une richesse sociale, culturelle et paysagère m’a émerveillé. Petite par la démographie, mais riche en diversité géographique, la Norvège est un pays en mutation. Les mœurs changent, l’économie, les relations sociales évoluent avec l’entrée dans l’économie mondiale comme un des plus grand producteur de pétrole au monde et certainement le pays le plus riche d’Europe. Ces atouts sont récents. Anciennement la Norvège était le pays le plus pauvre d’Europe occidentale avec l’Irlande, elle a refusé à deux reprises d’entrer dans l’Union Européenne. Forte de son économie du bois et de la pêche, les conditions de concurrence de remise à niveau des structures locales auraient coûté très cher au pays. La découverte du pétrole dans les années 1970 a changé le visage de la Norvège. Les populations très rurales deviennent de plus en plus urbaines et le tertiaire prime sur le primaire et le secondaire , secteurs primordiaux il n’y a pas si longtemps dans l’économie. Ce développement économique adossé à une tradition de cohésion très forte produit une culture très sociale et respectueuse des relations humaines et de l’environnement. Sans développer de larges campagnes de communication sur le thème de l’environnement, la Norvège a le statut de pays le moins pollueur de l’occident du simple fait de sa tradition culturelle. Respecter ce qui nous permet de vivre a été et est encore au cœur du mode de vie norvégien.
Les paysages sont une autre entité de ce pays. Ces magnifiques étendues montagneuses, les Fjords, les microrelief... participent entièrement au charme de ce pays. Il est important de comprendre la formation géologique de la Norvège pour comprendre les paysages, les occupations du territoire réfléchies et non anodines. L’arboretum et jardin botanique de Milde, au sud de Bergen (le Vestland) ont été pour moi l’occasion de découvrir une flore riche, qu’une première observation ne révèle pas. Dans ce contexte climatique rigoureux, la gestion très organisée de la flore et des paysages au sein de l’arboretum est une nécessité. Cela m’a permis à la fois de mieux comprendre et appréhender les espaces dans mon travail et lors de mes visites dans le pays, mais aussi d’enrichir ma compréhension de ces espaces. Ce stage a été pour moi une découverte inattendue et a constitué une vraie relation intense avec ce pays. Plus qu’à tout autre endroit que j’ai pu découvrir jusqu’à présent, il y a en Norvège une relation très forte entre les habitants et l’espace naturel. J’ai ressenti ici les résultats concrets de l’apprentissage de deux années des paysages, les découvertes se révélant d’autant plus riches et complètes. Ma compréhension du pays est passée par une lecture attentive des paysages ruraux et urbains qui m’entouraient, et par les échanges humains et les visites. 3
LA NORVEGE, BERGEN: Presentation
situation geographique
Le Royaume de Norvège longe la mer du Nord et la mer de Norvège. Il s’étend sur 1752km de l’extrême sud (Lindesnes) jusqu’au cap nord (au dessus du cercle polaire). D’est en ouest, ce pays atteint environ 430km pour sa plus grande largeur et 6km pour sa partie la plus étroite. Les soulèvements de terrains de l’ère glaciaire et l’érosion ont façonné des paysages hétéroclites, offrant une richesse des milieux remarquables. Les fjords baignent les montagnes et ponctuent un littoral très découpé. Les montagnes surplombent par endroits les paisibles vallées, et par endroits les villes littorales. C’est un mélange de paysages naturels diversifiés : microreliefs, lacs, fjords, collines, montagnes, vallées… qui intrigue et explique la répartition des quelques 4 millions de Norvégiens sur la totalité des 324 219km² (très faible densité). La côte occidentale montagneuse de la Norvège s’est fissurée et a éclaté, laissant les eaux pénétrer dans les montagnes et donner naissance aux fjords.
Les pieds dans l’eau, les montagnes accueillent des villes jusque loin dans les terres. Le Sognefjord est le plus grand de Norvège. Il découpe presque entièrement le pays d’ouest en est. C’est un atout touristique qui ne se situe qu’à quelques kilomètres au nord de Bergen. Ce pays scandinave possède environ 75000 îles, ce qui a induit ce peuple à devenir de redoutables navigateurs et des pêcheurs de harengs. La pêche et l’exploitation du bois furent longtemps les principales ressources de la Norvège. Elle se découpe en 7 grandes régions (Oslo Fjord au sud est, Sørland et Telemark au sud, Vestland au sud ouest et ouest, Trøndelag au milieu du pays, Norvège de l’est, Norvège du nord et Svalbard), chacune d’elles composées de plusieurs provinces. Bergen se situe dans le Vestland sur la côte ouest.
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Cette région est incontestablement la plus marquée par les reliefs de montagnes et de fjords. C’est une région de pêche, tourisme et marche à pied. Des grandes villes bordent le littoral du « pays de l’ouest ». Bergen est la seconde ville de Norvège avec plus de 200000 habitants. Stavanger est la plus riche de par ses exploitations pétrolières récentes et Molde une station balnéaire reconnue pour ses vastes panoramas sur les fjords. Cette région fut celle du commerce de la Hanse. Les constructions anciennes de pêcheurs sont pour quelques unes encore sur pied et conservées comme patrimoine. On notera que le quartier de pêcheurs de Bryggen (à Bergen) est le plus réputé de Norvège.
Klokarvik et les fjords qui séparent Sotra de Bergen
Bryggen, l’ancien quartier en bois des pêcheurs de Bergen
Le Vestland
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Le climat
La Pluviométrie
La vie est possible presque partout grâce au courant chaud du Gulf Stream. Le climat est océanique sur la côte ouest, l’hiver est doux tout comme l’été. Le sud et l’ouest connaissent des températures moyennes. Les plus élevées sont pour Oslo avec 22° en juillet. Les températures les plus basses sont enregistrées en montagne avec parfois des pointes à -50° dans le nord. Bergen est une ville particulière possédant un microclimat.
Bergen est connue pour être la ville la plus pluvieuse d’Europe avec 2250mm. d’eau par an (275 jours de pluies en moyenne). Les distributeurs automatiques de parapluies témoignent de ces conditions climatiques difficiles. Une blague populaire ironise la situation : un touriste demande à un enfant « -Est-ce qu’il s’arrête de pleuvoir des fois ici ? -Je ne sais pas, je n’ai que 12 ans… » En réalité Bergen est entourée de 7 montagnes : certaines appartenant à la même chaîne, d’autres non visibles de la ville.
Ces montagnes bloquent les nuages venus de l’océan dans leur enceinte telle une muraille. Ceux-ci chargés s’entassent et se vident dans la baie de Bergen. Les conditions climatiques peuvent changer en quelques minutes. On peut passer d’un soleil et ciel bleu à un brouillard épais et des averses violentes accompagnées de vents tournoyants.
Bergen entourée par les montagnes (ici de Floyen)
Le climat
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Le panorama paysager de l’ouest de la Norvège est un des plus marqué par ses reliefs, sa riche diversité esthétique et ses particularités climatiques. Ces paysages sont géologiquement récents. Ils prennent forme lors de la dernière glaciation. Ces paysages de fjords sont un bon exemple de glaciation active récente. Le basculement et le relèvement du Tertiaire ont entraîné la formation d’un vaste système de drainage s’écoulant vers l’ouest. Ces systèmes drainants ont été soumis à une grande érosion due à la formation glaciaire du pléistocène. Lorsque les glaciers fondent (13000 ans avant notre ère environ), l’érosion profonde et marquée qu’ils ont entraînée se dévoile. Les parois abruptes des falaises des fjords se retrouvent polies par la glace et les vagues. Les fjords constituent alors une entité continue visible jusque dans les terres.
Geologie
Les gneiss précambriens sont les roches affleurantes les plus présentes. Elles sont le résultat d’une subduction et d’une mise sous haute pression. Les cours d’eau provenant de la montagne s’inscrivent dans des corridors rocheux écrasants. Ceux-ci ont été érodés, creusés il y a 20000 ans par les glaciers du dernier âge glaciaire. Lorsque la lourde calotte glaciaire fond, la terre remonte alors de quelques 110m, ce qui creuse encore plus les fjords et inscrit un paysage extrêmement découpé. Il ne reste de nos jours que quelques minuscules glaciers dans le Vestland norvégien. Les glaciers ont laissé leurs empreintes sur les paysages en déposant d’épais limons à certains endroits et de nombreuses moraines.
Les paysages difficiles ont malgré tout été investis par l’homme. Des traces de transhumances estivales dans les montagnes sont visibles ainsi que l’agriculture et l’élevage toujours présents dans les vallées les plus clémentes. De nos jours, les exploitations minières apparaissent de plus en plus. Les mines et carrières à ciel ouvert de péridotites modifient esthétiquement les paysages. Des éboulis nombreux peuvent intervenir et causer des « tsunamis » locaux en tombant dans les fjords les plus profonds. Malgré cela, chaque projet d’exploitation est systématiquement suivi d’un projet de paysage réhabilitant le site. Ce sont les seules traces productives dans les paysages de Fjords.
Prekelstoln et le Lysefjord, exemple d’un ancien glacier
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Définition Le mot « Fjord » est norvégien et définit une vallée surcreusée par l’action des glaciers, généralement étroite, aux parois abruptes et se prolongeant sous le niveau de la mer. Les Fjords norvégiens figurent parmi les formations géologiques les plus impressionnantes. L’extrémité intérieure des fjords peut atteindre une profondeur égale aux falaises qui le surplombent. En revanche, l’embouchure de ceux-ci est souvent peu profonde. Les fjords résultent d’un long processus d’érosion intervenu lors de la dernière glaciation (110 000 à 13000 ans avant notre ère). Les glaciers alors nichés dans les creux montagnards sont venus façonner les fonds des vallées, créant des falaises, des crevasses aux parois abruptes. C’est lorsque ces glaciers ont fondu que la mer s’est engouffrée dans les dépressions formées.
Ramifications Les fjords sont ramifiés. Ses bras peuvent parfois parcourir une distance de plus de 200km. Les fjords ont creusé où la roche était la plus fragile
Les glaciers Ils ont façonné les reliefs des fjords avant de fondre à la fin de l’ère glaciaire. Le Sognefjord était totalement occupé par un gigantesque glacier. Une fois fondu, la mer s’est engouffrée dans les vallées.
Les tunnels sous les fjords Les communications ayant été de tous temps extrêmement difficiles sont de nos jours régulées par la construction récente de tunnels sous les montagnes et sous les fjords. Les tunnels doivent parfois descendre à plus de 500m de profondeur pour atteindre le point bas et commencer la remontée.
Les Fjords
Les montagnes Elles dominent les paysages des fjords. Elles sont imposantes et semblent inaccessibles. Elles ne sont pourtant pas si hautes. Elles peuvent atteindre 1500m à 2000m. Les villages ou villes ont profité des milieux propices à l’abri des vents, et où les sols sont favorables à l’agriculture et à l’élevage. Les cultures sont toutefois plus fréquentes à l’extrémité intérieure des fjords, là où le climat est plus calme qu’à proximité des littoraux. Les montagnes abruptes des fjords sont peuplées de bouleaux et d’épicéas. Les sommets sont très souvent nus. Les montagnes diminuent ensuite jusqu’à disparaître et continuer leur descente sous les eaux.
La structure d’un fjord L’embouchure du fjord est peu profonde. En revanche, plus on s’éloigne des côtes et plus les profondeurs sont marquées. Les montagnes sont formées de gneiss et de granites qui ont été peu à peu recouvertes par les sédiments. Ceci dit certaines montagnes ou falaises à nu offrent un spectacle remarquable de la qualité esthétique et matérielle de la roche.
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L'Arboretum et le jardin botanique de Milde Le Jardin botanique et l’arboretum fédèrent une collection de plus de 5000 plantes différentes, la plus grande roseraie de Norvège, la plus grande collection de Rhododendrons d’Europe septentrionale, un jardin de bruyères, de mousses et un jardin alpin. L’objectif du jardin est d’offrir un terrain d’essai pour les recherches botaniques, les analyses scientifiques sur les cultures dans les conditions climatiques telles que la Norvège de l’ouest et plus particulièrement la région de Bergen qui possède son microclimat pluvieux. Un autre objectif est de stimuler l’intérêt botanique auprès des étudiants de l’université de Bergen à qui il appartient. Le Jardin botanique et l’Arboretum de Bergen se situent à Milde, à une vingtaine de kilomètres au sud de Bergen.
Crée en 1976, l’arboretum de Milde couvre une superficie d’environ 50ha. Il regroupe une vaste zone forestière mais aussi la roseraie, la collection de Rhododendrons, le jardin de bruyères. Le jardin botanique est financé par l’université de Bergen, le gouvernement, l’ambassade du Japon en Norvège et bénéficie d’un fond d’investissement relativement important. L’Arboretum est également financé par l’université de Bergen mais appartient au patrimoine des musées de Bergen. Il dispose de fonds financiers moins importants.
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Le jardin et l’arboretum ont pour objectif majeur de rassembler des plantes issues de régions tempérées. Le but est de rassembler une grande diversité de plantes sauvages et de plantes cultivées que les hommes ont développées pour leur usage en majorité dans la région ouest norvégienne (Vestland). Par ces objectifs, le jardin et l’arboretum ont la responsabilité de sauvegarder et d’utiliser des ressources génétiques dans le domaine de l’horticulture, de l’agriculture, de la sylviculture et de la préservation d’un paysage aussi authentique qu’il se doit en harmonie avec son évolution naturelle. les collections ornementales Rhododendron sp.
les espèces exotiques
Les mousses et lichens
les espèces pionnières Pinus maritima
Les objectifs, l’utilisation du site
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Le Jardin Botanique et Arboretum de Bergen est un lieu extrêmement fréquenté le week end. C’est une péninsule qui longe le fjord Fana, les baignades sont alors possibles l’été (17° environ). Les Norvégiens n’ont pas une culture du jardin privé extrêmement développé. Les limites du foncier sont généralement très peu marquées, très modestes (des piquets, de petits arbustes, des barrières de 1,20m en général). Les propriétés sont souvent ouvertes sur l’extérieur et le paysage environnant ce qui apporte une culture des grands paysages aux habitants.
Le jardin est alors le grand jardin de tout le monde. Les visiteurs y viennent se reposer pour lire, courir, se promener, se renseigner sur les différents soins que l’on apporte aux végétaux, se baigner (pour une petite poignée de courageux)… C’est un jardin où les contacts sont simples et directs, on se sent dans un réel lieu public avec des échanges humains très riches et variés. Les gens sont chez eux dans le jardin.
Les Bergennois quittent la ville pour se mettre au vert dans un jardin pour son côté scientifique également car tous les végétaux du jardin botanique et de l’arboretum sont méticuleusement étiquetés. Les espaces côtiers sont de plus en plus privatisés et l’accès au littoral devient de plus en plus une industrie. C’est un moyen d’accéder librement au littoral.
Le soleil se lève sur la péninsule du jardin
L’importance du site dans la region
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Le jardin s’inscrit dans des paysages de micro-reliefs. Des lacs, des bras morts de ramifications du Fana Fjord qui le longe, des collines petites et abruptes s’enchaînent, laissant place à des vallées par endroit, des bras de terre entre les fjords qui se rejoignent de part et d’autre. C’est un paysage à la topographie très marquée, ce qui offre de multiples ambiances, des milieux semi humides, humides et secs (rocailleux). C’est une riche diversité qui permet ainsi un travail varié mais qui nous a posé également de nombreux problèmes techniques, logistiques auxquels nous avons tenté de répondre du plus simplement et efficacement possible.
Le Fana Fjord dans lequel s’inscrit le jardin et l’arboretum
Le paysage dans lequel s’inscrit le site
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Le jardin et l’arboretum se situent dans le Fanafjord qui est un petit fjord, né de la même manière que les grands fjords environnant Bergen. Sa proximité de la côte océanique lui confère un climat doux en été et des hivers frais. La topographie est très vallonnée, les dépressions succèdent aux collines. Les écarts de températures, en saison estivale comme hivernale peuvent être de 11° maximum relevés. Les vents s’engouffrent dans les microreliefs et créent des zones où la vie végétale est difficile. Les dépressions sont relativement froides et connaissent des gelées tardives (en mai) et sont alors très dangereuses pour la vie végétale. La variété des paysages et des végétaux rencontrés est alors très variée. C’est pourquoi les espèces existantes du parc sont judicieusement choisies en fonction de l’état climatique donné.
En mai les brouillards matinaux sont synonymes de gelées nocturnes
Les rosiers subissent ces gelées. Les bourgeons en témoignent
Topographie locale
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Les travaux realises sur le site Les chantiers et travaux auxquels j’ai participé au sein de l’Arboretum et du jardin botanique ont été variés et riches en apprentissage. La grandeur du site par rapport au faible nombre de l’effectif employé a justifié mon accueil en stage dans ce site. L’équipe a tenu à me faire confiance dans la gestion des tâches et m’a confié de nombreuses missions. J’ai reçu une journée d’apprentissage de conduite de tracteur afin d’avoir la plus grande autonomie et la plus grande efficacité sur le lieu de travail. J’ai travaillé dans chaque partie du jardin, seul ou en groupe. Les tâches sont allées des simples tâches de désherbage, tontes de pelouses fin mai, de nettoyage des voiries, de plantation d’arbres, arbustes, vivaces, annuelles… à des travaux de transplantations, de tailles de rosiers. J’ai choisi de présenter ces tâches dans mon rapport, du fait de leur forte plus-value en terme d’apprentissage.
La chance que j’ai eue d’avoir pu réaliser des travaux de construction est un moyen de se confronter à la réalisation technique d’éléments qui peuvent sembler simples à dessiner sur un plan (dallages, murs de pierres sèches). Il est important de réaliser que la plantation, la construction d’une voie de communication… représentent un réel travail physique et prennent un certain temps. C’était une très bonne occasion à l’aménagement des espaces sans rester cantonné à des tâches purement jardinières.
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On trouve à Milde la plus grande collection de rosiers de Norvège avec plus de 500 espèces et variétés différentes. Elle est divisée en 3 secteurs : les roses sauvages, modernes et anciennes. Daniel Ducrocq (jardinier de l’équipe de l’Arboretum) y travaille depuis une dizaine d’années. C’est un réel travail de manutention et d’attention. Afin de pouvoir s’occuper de la roseraie il faut la pratiquer, la connaître, la comprendre dans son organisation mais aussi dans sa logique de floraison. Les trois catégories de roses regroupent plusieurs groupes de floraisons, de senteurs, de finesses floristiques, de feuillages… Avec Daniel nous avons réalisé de nombreux travaux de reclassification des espèces entre elles, des recherches de nouvelles combinaisons, des entretiens, des tailles, des travaux de reconstruction du cadre de la roseraie. Autant de travaux techniques que d’attention pour ces roses si précieuses, l’objectif étant de mettre tout en œuvre afin de préparer sagement la venue proche des fleurs tant attendues par le public.
La roseraie
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La taille s’effectue à la fin de l’hiver en Norvège. La mi avril est la période idéale pour la coupe des rosiers. Seuls les rosiers modernes sont taillés. Les rosiers sauvages n’ont pas besoin de coupes et suivent leur forme naturelle. La coupe est une technique très précise. Il faut pouvoir étudier la forme future du rosier en coupant avec un sécateur propre et désinfecté à la fin de chaque coupe (afin d’éviter la propagation des maladies).
Cette coupe n’est pas bonne car trop loin du bois de la pousse de l’année.
La taille
Le principe de la coupe est de couper les branches décadentes, et sélectionner quel bouton floral donnera le futur rameau. Chaque branche possède plusieurs boutons floraux. Ceux-ci deviendront de futurs rameaux et il est important de sélectionner les boutons qui formeront l’aspect du rosier.
Cette coupe en biais permet d’éviter la stagnation de l’eau sur la surface fraîchement coupée mais elle crée une cicatrice plus grande qu’une coupe horizontale.
Une des règles est de supprimer systématiquement toute branche poussant vers l’intérieur du rosier afin d’éviter de gêner la croissance d‘autres branches et la densité de l’arbuste.
Cette coupe n’est pas bonne car trop proche du bois de l’année.
Coupe idéale : 0,5cm du bois de l’année et horizontalement. La cicatrice n’est pas aussi grande que la coupe en biais ce qui lui permet de cicatriser rapidement. Il n’y a pas de risque de pourrissement.
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Afin de pouvoir accueillir un public extrêmement amateur de ces floraisons au quotidien mais surtout le week-end, le site se doit d’être sécurisant. Aucune infrastructure n’a nécessité l’utilisation de grosses machines, hormis le tracteur pour faciliter l’apport des matières premières. Un des travaux réalisés avec Daniel fut la remise en état d’un dallage en bordure d’un parterre de nouvelles roses fraîchement plantées.
La pose de dalles est un travail minutieux de prévision, de visualisation et de sélection des dalles de granit.
Il a tout d’abord été très important de séparer les fondations des dalles et la terre végétale pour éviter que le gel ne vienne éclater les fondations qui s’écrouleraient à terme et modifieraient l’allée.
Le dallage
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Un autre travail a consisté à remettre en état un muret de pierres sèches. Tâche en apparence simple mais qui s’est avérée très complexe. Si la combinaison et l’assemblage des pierres entre elles est une étape importante, il faut en premier prendre en considération les conditions climatiques extrêmes de la Norvège. Afin de construire un muret dans le temps, il faut absolument penser que le gel peut avoir des effets destructeurs sur toute construction. Dans ce cas, le muret est un mur porteur. Les conditions de proportions sont primordiales. L’emprise du muret est plus large du côté de la masse de terre à retenir que le haut du muret. Comme un râteau, la masse de terre doit se contenir derrière le mur par son propre poids agissant sur l’emprise du mur. Les espaces libres entre les pierres ne sont pas comblés hormis par de petites pierres pour éviter toute pierre bancale qui pourrait déstabiliser l’ensemble. Il ne doit pas y avoir de terre dans le mur car les plantes adventices peuvent se révéler destructrices.
Derrière le mur, la terre ne doit en aucun cas être adossée directement au mur. La terre apporterait une humidité constante dans le mur, ce qui, en cas de gel pourrait faire éclater les pierres et l’écrouler à terme. Afin de séparer la terre du muret, il faut créer une zone drainante entre ces deux éléments. Un interstice plus large en bas (40 cm) qu’en haut (20 cm) (comme le mur) est comblé par de la grave 40/60. Cette grave est elle aussi séparée des pierres et de la terre par un géotextile extrêmement résistant et relativement fin (1 cm). La terre entassée derrière jusqu’au niveau du haut du muret se recouvrira d’herbes et cachera toute la magie de la construction d’un tel édifice.
remise en etat d’un mur de pierres seches
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Appartenant à l’Université de Bergen, il ouvre ses portes en 1996. Il couvre environ 7 hectares et se découpe en différents thèmes. Le jardin des mousses (Mosehagen), le jardin japonais (Japanhagen) et le jardin des plantes de rocaille (Fjellhagen). Le jardin japonais a été crée à proximité d’un étang anciennement bras du Fanafjord, où l’on peut observer une flore aquatique et sa faune riche et active.
Tout Jardin japonais officiel est propriété de l’Empereur du Japon. Le Japon finance ainsi tous les jardins japonais officiels dans le monde. Ici le Jardin japonais a commencé ses travaux en 1995. Le 20 mai nous avons assisté à l’ouverture officielle du site en compagnie d’un spécialiste des jardins japonais (et réalisateur auteur du jardin de Milde) : Haruto Kobayashi et de l’Ambassadeur du Japon en Norvège, ainsi que toute l’équipe du jardin, des visiteurs, des invités et de la télévision. Nous avons travaillé sur la partie jardin sec et cascade sèche.
On ne contemple le Jardin japonais que d’un point bien précis, duquel on peut voir des pierres (15 en général) disposées de telle manière qu’elles renvoient à la méditation intemporelle. Tout tend à la contemplation et au repos : - La disposition des pierres (7/5/3) dans l’espace vide et le gravier blanc. - La lumière réfléchie par là le gravier blanc. - La texture douce des mousses - L’immobilité du matériau minéral Le jardin est une invitation à contempler assis d’un point de vue. Il renforce l’effet intemporel. La cascade sèche est une cascade de pierres qui évoque visuellement la course violente de l’eau, l’écoulement du temps, l’évolution du paysage. Ces éléments créent une dualité du Jardin japonais : temporel et intemporel.
Le jardin japonais le jour de l’inauguration
le jardin japonais
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Dans une première étape, nous avons procédé à une taille des arbustes (Thuyopsis dolabrata ‘nana’, Taxus cuspidata, Pieris japonica, Stewartia pseudocamelia, Ekianthus campanulatus) afin d’alléger le végétal, de lui limiter la transpiration et d’éliminer les branches mortes. La plante se trouve alors plus allégée et après l’avoir encerclée à l’aide d’une solide corde, nous sommes prêts à commencer le découpage.
Le découpage consiste à découper la motte tout autour de la tranchée. Ainsi, les grosses racines en surface sont coupées et ne briseront pas la motte de terre lors du soulèvement.
La transplantation
La motte de terre est très lourde et nécessite alors le recours au tracteur. Celui-ci équipé d’un lève-palette soulève soigneusement la motte de terre afin de nous permettre de couper les dernières grosses racines dangereuses qui risqueraient de casser la motte.
Le tracteur achemine la plante jusqu’au trou de plantation. Après l’avoir amendé dans le fond, décompacté la terre, le lit de plantation est prêt à accueillir la plante. Après un bon arrosage qui permet d’encrer la plante dans le sol, celle ci est enfin prête à reprendre vie.
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Ainsi, nous avons terriblement endommagé le site. La tracteur devait monter une pente supérieure à 35 %. Afin de pouvoir accéder au sommet de la butte, nous avons dû couper 17 arbres. Nous avons dû importer de la grave 20/40 afin de faciliter l’accroche des pneus du tracteur. Les mousses de la butte ont été quasiment toutes détruites. Nous avons schématiquement procédé à toutes ces étapes dans l’ordre mais le contexte dans lequel nous avons travaillé était très particulier et fausse tout l’intérêt de ces étapes. L’opération s’est révélée insensée, dangereuse, peu économique et pas rentable. Les arbres ont été déterrés dans un lieu accessible et facile à travailler. La transplantation a eu lieu au sommet d‘une butte du Jardin japonais. L’accès est impossible pour le tracteur et les végétaux trop lourds pour les transporter même à plusieurs. Nous avons donc dû rendre l’endroit accessible au tracteur, creuser des trous de plantation là où les racines des arbres alentours s’entremêlent et rendent cette tâche quasi impossible à la bêche.
Il aurait été plus simple de planter de jeunes espèces qui n’auraient pas procuré un effet immédiat mais qui auraient préservé le milieu.
Bilan immédiat : -
Sols tassés/compactés/retournés Racines endommagées Ecorces endommagées 17 arbres coupés (bouleaux et sapins) 5t de grave étendue 7 personnes requises pour la journée 5L. de gazole consommés.
Bilan futur : - 1 journée de travail supplémentaire pour 4 personnes - Rattraper les allées détruites - Composter, broyer les arbres coupés (copeaux) - Replanter des arbres jeunes en plus des spirées, érables japonais piétinés. 21
Les plantations dans les pipelines. Ella, jardinière dans la serre a un mari qui travaille dans une compagnie de pipelines. Nous avons donc récupéré un matin des tuyaux de différents diamètres en acier rouillé. Ces tuyaux serviront de pots dont on m’a confié la disposition mais aussi les plantations à faire. L’objectif était d’apporter de la couleur à l’entrée de la serre et des bureaux. Mais cette innovation florale et esthétique ne plaît pas à tout le monde. En effet, les « anciens » pensent que c’est une « idée de fous », ce ne sont pas des pots. J’ai donc voulu essayer de les faire passer pour de vrais pots et de satisfaire toutes les demandes rencontrées.
J’ai mélangé les différents diamètres en pensant aux différents angles où on est supposé les voir, et en pensant à tous moments des volumes des végétaux qui occuperont ces pots. Grouper les différents diamètres augmente l’espace et crée un volume au sol, les pots semblent alors plus à des compositions qu’à des tuyaux. Les différences de hauteurs sont aussi importantes dans les profondeurs qu’ils créent. J’ai essayé de mettre les très gros diamètres en avant afin de les faire ressortir et de créer des plans plus légers derrières et plus de profondeur aux groupements car le mur bloque encore plus la vision que l’on peut en avoir. Les pots sont remplis de trois matériaux : de la grave 40/60, de la pouzzolane et une terre végétale (composée de terre, sable et pouzzolane). La terre est très légère et est séparée des minéraux par un feutre géotextile qui évite le mélange. Les pots sont alors enfin prêts à être garnis de plantes.
Les plantations en pipelines
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Les pipelines sont prêts à être agrémentés de plantes. Trois ambiances ont été choisies en fonction des plantes de la serre que les gens souhaitaient voir. J’ai dû : sélectionner des espèces, des arbres, arbustes, annuelles et vivaces parmi le grand choix que j’avais. J’ai souhaité faire trois ambiances selon les envies exprimées. Un groupement à l’ambiance sèche et aride, un second à l’ambiance exotique, et le dernier à l’ambiance de textures de verts, sans couleurs florales.
Le riz est trè s apprécié pour ses teintes jaunâtres et ses fruits nours, créant une ambiance exotique Musa velutina palmier
Les teintes de verts se jouent également de formes et textures Stipa tenuissima Daniella intermedia Panicum capilare
Les plantes d’ambiance sèches sont peu volumineuses mais ont la particularité d’être très délicates Sedum rosea Cyathea cooperi
Les fleurs remarquables sont isolées et mises en scène dans des lumières de façon à ce qu’elles éclairent les volumes denses. Agapanthus campanulatus
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Ici on remarque les copeaux étalés aux pieds des callunes
La gestion des dechets verts
Les déchets verts sont très nombreux dans le jardin. A chaque coupe, abattage, désherbage nous récoltons de grosses quantités de bois, d’herbes, de végétaux morts… Le jardin et l’arboretum ne les jettent pas. Il y a un gros travail de compostage des déchets verts. Les branchages et arbres sont directement broyés, ce qui crée un broyat de bois stocké pendant un an avant d’être réutilisé afin de couvrir les pieds des Rhododendrons et de certains rosiers. Ce travail est très prenant durant le mois d’avril mais est nécessaire afin d’éviter au maximum les mauvaises herbes dans les parterres et afin de conserver une humidité constante (ce qui n’est pas difficile ici). Ainsi les matières sont réutilisées et les déchets sont limités. Le tri sélectif est extrêmement rigoureux également. Le plastique, papier, carton, végétal, terre sont tous séparés et les déchets sont payants au poids. C’est une méthode nécessaire pour limiter les déchets.
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Je qualifierai mon expérience au sein de l’arboretum et du jardin botanique de Milde d’exceptionnelle. Je pensais trouver des méthodes et des techniques de travail à la pointe, j’ai finalement découvert un pays où les technologies ne sont pas des plus développées, mais un pays où les gens ont une utilisation modérée des biens qu’ils possèdent. L’arboretum et le jardin sont deux exemples qui reflètent ce mode de vie et de travail. Cela s’illustre par exemple par un gestion rigoureuse des déchets verts, par une utilisation modérée du matériel mécanique. Les pelouses ne sont tondues qu’à partir de mi-mai et seulement une fois toutes les deux semaines en laissant, l’herbe sur place. Un tracteur utilisé pour les tontes est alimenté à l’huile uniquement, limitant la consommation de carburant. Cette gestion est très différente du Muckross Garden de Killarney où j’ai travaillé l’année dernière où les pelouses étaient tondues 3 fois par semaine, avec ramassage mécanique. C’était un abus du matériel mécanique évident mais d’autant plus criant lorsque l’on a l’occasion d’être confronté à ces types de travaux. Les prises d’initiatives étaient également très bien acceptées et critiquées uniquement lorsqu’elles ne répondaient pas à ce qu’ils attendaient. Les méthodes de travail découlent du bon sens et non de la systématique comme au Muckross Garden.
La Norvège est le pays le moins polluant d’Europe et pourtant on ne trouve pas de technologies hors du commun. Les bus sont tous alimentés au gaz, l’électricité publique ne fonctionne qu’à partir de 23h, l’éclairage n’est pas extrêmement dense. Il n’y a pas de surconsommation d’énergie : les boutiques ne sont pas éclairées la nuit. C’est une population riche, que depuis une trentaine d’années et elle a conservé son côté simple et son utilisation fonctionnelle des choses et non futile. Ce peuple très modeste et discret peut se targuer d’une culture musicale, artistique, littéraire très riche. C’est un pays où la vie semble facile et simple. Mon expérience m’a convaincue du choix de destination de mon stage. Au final c’est une expérience très riche d’un point de vue professionnel, mais également humain avec un accueil qui sans être expansif n’en était pas moins très chaleureux et sincère.
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