Les dérives de l’imaginaire / Imagination adrift
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Matthew Buckingham
Guy Debord
Initié au cinéma, Matthew Buckingham (né en 1963, vit et travaille à New York) s’est inspiré de la salle de projection et de sa capacité à isoler le spectateur de tout contexte particulier au profit d’un film. L’artiste expérimente les manières dont le cinéma pourrait en retour révéler un contexte physique ou historique. One Side of Broadway (2005) est constitué d’un diaporama en fondu enchaîné reproduisant la partie orientale de Broadway et d’une voix off qui en décrit la partie occidentale, d’après un ouvrage photographique datant de 1910 réalisé à partir d’un procédé des frères Lumière, célèbres fondateurs du cinéma. Le spectateur projeté au cœur de cette artère, haut lieu de démocratisation du septième art, se trouve à la croisée de la photographie et du cinéma, de l’exhaustivité et de l’ellipse, du documentaire et de la fiction.
Guy Debord (1931-1994), Attila Kotànyi, Raoul Vaneigem, en septembre 1961 à Hambourg, résument leur stratégie « faire la révolution » en une phrase : « L’Internationale Situationniste doit, maintenant, réaliser la philosophie. » À l’inverse des avant-gardes artistiques avides de s’expliquer, ils gardent secret l’objectif et les moyens : « Dépassement de l’art, Abolition du travail, Tous contre le spectacle, Non à tous les spécialistes du pouvoir. » Le 17 juin 1963, Debord trace ces cinq « Directives » sur des fonds vides comme un mur. Accrochés le 23, à la galerie d’art Exi à Odense, ces slogans rendent dérisoire le « pompiérisme en vogue, qui cherche à s’établir sur une peinture de “signes purs” incommunicables ». Les deux « anti-tableaux » exposés au Palais de Tokyo sont des images initiales de son dernier film (réalisé avec Brigitte Cornand) Guy Debord, son art et son temps.
J.F.
F.L.
Introduced to filmmaking, Matthew Buckingham (b. 1963, lives and works in New York) draws inspiration from the movie theatre and its ability to isolate viewers from any particular context other than the film being screened. The artist experiments with the ways the cinema can in turn reveal a physical or historical context. One Side of Broadway (2005) involves an off screen voice and a cross faded slideshow. The image recreates the eastern side of Broadway, while the voice describes its western side, the speaker working from a 1910 book of photographs produced from a process developed by the Lumière Brothers, the famous inventors of cinema. Viewers of the piece, projected into the heart of this artery and major center in democratizing the silver screen, find themselves at the crossroads of film and photography, exhaustiveness and omission, documentary and fiction.
In September 1961 in Hamburg, Guy Debord (19311994), Attila Kotànyia and Raoul Vaneigem summarized their strategy for “starting the revolution” in a single sentence, “The Situationist International must now realize philosophy.” Unlike artistic avant-gardes eager to explain themselves, the Situationists kept their objective and means a secret, “Getting beyond art, Abolishing work, Everyone against spectacle, No to all the specialists of the powers that be.” On 17 June 1963, Debord wrote out these five “Directives” on blank backgrounds like walls. Posted on 23 June in Exi, an art gallery in Odense, these slogans ridiculed the “academicism currently in fashion, which is seeking to establish itself on a painting of incommunicable ‘pure signs’.”The two “anti-paintings” on display at the Palais de Tokyo are the initial images from his final film (directed with Brigitte Cornand), Guy Debord, son art et son temps [Guy Debord, His Art and His Time].
J.F.
f.l.
Matthew Buckingham One Side of Broadway (2005) Diaporama 35 mm noir et blanc continu, son, écran de projection Continuous black and white 35 mm slide projection with sound, projection screen ; 16 min. ; Dimensions variables / Dimensions variable ; Courtesy de l’artiste / of the artist & Murray Guy (New York) Photo : D.R.
Guy Debord Dépassement de l’art, « Directive n° 1 » (17 juin 1963) Huile sur toile / Oil on canvas ; 41,5 x 60,2 cm Collection Letaillieur
Fabrice Hyber Mask (1999) (détail) / (detail)
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cette exposition bénéficie du soutien de swarovski
28.09 2012 – 07.01 2013
ryan gander Objects from a collection by Ryan Gander [dĂŠtail/detail] (2012)
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28.09 2012 – 07.01 2013
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ONLINE PROJECT
Jon Rafman L’éléphant de Charlemagne 28.09 2012 – 19.11 2012 Fidèle à son ambition de soutenir les pratiques artistiques les plus contemporaines, le Palais de Tokyo inaugure en septembre 2012 le lancement de ses Online Projects. De manière récurrente, un artiste émergent dont la pratique s’exerce sur le net est invité à présenter une œuvre inédite sur le site du Palais de Tokyo. La première session sera ouverte par l’artiste canadien Jon Rafman. Jon Rafman (né en 1981, vit et travaille à Montréal) est un artiste explorant les paradoxes de la modernité, les sources de la solitude et de l’aliénation de l’individu contemporain. En usant d’humour, d’ironie et de mélancolie, son travail se déploie par l’usage des médias digitaux et par le riche potentiel offert par les nouvelles technologies. Découvert grâce à son immense travail d’investigation intitulé 9-eyes.com, entreprise pionnière en son genre de parcours du monde au moyen du programme Google Street View, rappelant l’esthétique de Lynch, Jon Rafman s’intéresse à la culture, à la conscience et au comportement contemporains dont les nouvelles technologies dessinent de plus en plus les contours et limites. Nous plongeant dans des univers d’incertitude, oscillant entre familiarité et fiction narrative, Jon Rafman propulse le spectateur dans des mondes « parallèles », au travers de scénarios qui confrontent l’individu à la fable du réel.
Remaining true to its ambition to support the most contemporary artistic practices, in September 2012 the Palais de Tokyo will oversee the launch of its Online Projects. An emerging artist whose practice is carried out via the Internet will be invited to present an innovative body of work on the Palais de Tokyo website. This will happen on a recurrent basis, and the first session will be opened by the Canadian artist Jon Rafman. Jon Rafman (b. 1981, lives and works in Montreal) is an artist who explores the paradoxes of modernity, the sources of the loneliness and alienation of the contemporary individual. Exploiting humor, irony and melancholy, his work is developed through the use of digital media, and the rich potential offered by new technologies. Discovered through his huge pioneering investigative work entitled 9-eyes.com, an endeavor to travel the world via the Google Street View program, reminiscent of the aesthetics of Lynch, Jon Rafman is interested in contemporary culture, consciousness and behavior, with the new technologies increasingly drawing their contours and boundaries. Plunging us into universes of uncertainty, oscillating between familiarity and narrative fiction, Jon Rafman propels spectators into “parallel” worlds, via scenarios that confront the individual with the fable of the real.
R.L.-V.
R.L.-V.
Commissaire : Rebecca Lamarche-Vadel
Curator: Rebecca Lamarche-Vadel
CE PROJET BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DU CENTRE CULTUREL CANADIEN À PARIS.
THIS PROJECT BENEFITS OF THE SUPPORT FROM THE CENTRE CULTUREL CANADIEN IN PARIS.
1 NAD (Rothko #1) (2011) Image d’archive, impression au pigment / Archival pigment print 132 x 162 cm. Courtesy de l’artiste / of the artist 2 Rv888, Finnmark, Norway (2010) Image d’archive, impression chromogenic / Archival c-print ; 132 x 162 cm. Courtesy de l’artiste / of the artist 3 Jasper Johns Oval Office (2010) Image d’archive, impression au pigment sur aluminium / Archival pigment print on Aluminum ; 132 x 162 cm Collection particulière / Private collection
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Albert Watson Karl Lagerfeld pour / for Chloé Vogue France, août 1979 / French Vogue, August 1979 Courtesy ACTE2Galerie ; © Albert Watson
29.09 2012 – 18.11 2012
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Damir OCKO
The Moon shall never take my Voice 2010 Vidéo HD, couleur, son / HD video, color, sound ; 19 min. 16 sec. Courtesy de l’artiste / of the artist & Galleria Tiziana Di Caro (Salerne / Salerno)
ˇ a transposé en langue Pour cette vidéo, Damir Ocko des signes un poème qu’il a écrit à partir de trois événements dans lesquels le silence occupe une place prépondérante : Gustav Mahler prenant conscience du pouvoir de l’absence comme mécanisme musical pour la composition de sa Symphonie n°10 ; John Cage qui, en visitant la chambre anéchoïque de l’université de Harvard, réalise qu’il est difficile de saisir le silence – ce qui produira les célèbres 4'33 de silence ; Neil Armstrong et l’expérience qu’il a vécue en tant que premier homme à marcher sur la Lune – terrain vierge totalement silencieux jamais visité par l’homme. M.B.
In this video, Damir Ocko ˇ translates into sign language a poem he wrote based on three events in which silence is the predominant component: Gustav Mahler becoming aware of the power of absence as a musical mechanism in the composition of his Symphony No. 10; John Cage as he realizes the difficulty of apprehending silence during a visit of the anechoic chamber at Harvard University, which results in his famous 4'33 of silence; and Neil Armstrong’s experience as the first man to walk on the Moon—a virgin territory of complete silence never before visited by man. M.B.
Spring 2012 Vidéo, couleur, son / HD video, color, sound Courtesy de l’artiste / of the artist & Galleria Tiziana Di Caro (Salerne / Salerno). Production Palais de Tokyo
SPRING alterne des scènes tournées dans le cratère d’un volcan avec d’autres mettant en scène un équilibriste, une contorsionniste et un avaleur de lumière. Le titre SPRING [jaillir] fait référence au mécanisme du corps et à la façon dont la voix se libère de toute contrainte, qu’elle soit physique ou psychologique. Le poème que l’on entend renforce cette idée de sons éruptifs, parfois incontrôlables – ou comment une forme de beauté vocale peut émerger de l’apparatus humain. M.B.
SPRING features scenes shot inside the crater of a volcano alternating with others depicting a tightrope walker, a contortionist, and a light swallower. The video’s title, SPRING, refers to the mechanism of the body and the way in which the voice is freed from all constraint, whether physical or psychological. The poem being recited reinforces this idea of erupting sounds that seem at times uncontrollable— or how a form of vocal beauty can be produced by the human apparatus. M.B.
the kingdom of glottis
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We saw nothing but the uniform blue of the Sky 2012
The Moon Shall Never Take my Voice (score) 2010-2011
Vidéo HD, noir & blanc & couleur, son / HD video, black & white & color, sound ; 12 min. ; Courtesy de l’artiste / of the artist & Galleria Tiziana Di Caro (Salerne / Salerno)
Livre d’artiste / Artist book Techniques mixtes / Mixed media, 280 pages Courtesy de l’artiste / of the artist & Galleria Tiziana Di Caro (Salerne / Salerno)
Alternant des prises de vue sur une plage où des saynètes anodines se succèdent sans avoir aucun lien apparent entre elles, et des scènes où l’on voit des formes jaunes abstraites qui jouent sur les relations entre différentes méthodes de signalisation de détresse (lumière, fumée, sons), Damir Ocko ˇ rend visible les tensions et distensions d’une expression qui se cherche en vain. Ainsi, la bande son de cette vidéo est constituée d’un poème de Damir Ocko ˇ récité par un homme ayant des problèmes d’élocution. Ses efforts de prononciation mettent l’accent sur l’acoustique des mots et leur signification.
À la fois sources et traces de ses vidéos, les poèmes ˇ lui permettent mis en forme par Damir Ocko de déployer et mettre en scène un univers synesthésique. Prenant l’apparence de partitions visuelles, ces livres composés de dessins et de collages rendent compte de la précision avec laquelle l’artiste confère une teinte particulière à chaque mot et à chaque son – générant par là même des figures stylistiques abstraites et géométriques.
M.B.
In this video where a series of meaningless and seemingly unrelated little sketches shot on a beach alternate with scenes depicting abstract yellow shapes that play on the relationship between different types ˇ of distress signals (light, smoke, sounds), Damir Ocko exposes the tensions and distensions of an expression attempting to form, in vain. The video’s soundtrack ˇ being recited by a man features a poem by Damir Ocko with elocution problems. His efforts to pronounce the words draw attention to the actual sounds of the words and their meaning. M.B.
M.B.
At once the sources for and traces of his videos, these poems brought to life by Damir Ocko ˇ allow him to unfold and present a synesthetic world. Taking on the guise of visual musical scores, these books made up of drawings and collages attest to the precision with which the artist applies a particular shade to each word and each sound, thus generating abstract and geometrical stylistic figures. M.B.
Markus Schinwald Misha (2011) Vue de l’exposition / View of the exhibition, « Animal Works », Sala Verónicas, (Murcie / Murcia), 04.07 2012 – 31.07 2012. Courtesy de l’artiste / of the artist & galerie Yvon Lambert (Paris) Photo : la industrial
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17.10 2012 – 07.01 2013
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Après l'histoire : alexandre kojève photographe
L’exposition conçue par le philosophe Boris Groys est l’occasion de découvrir pour la première fois la collection visuelle du philosophe français d’origine russe Alexandre Kojève. Alexandre Kojève pressent très tôt l’entrée de l’Occident dans une ère « post historique » : l’histoire immobilisée, les luttes idéologiques n’ayant plus de place, il ne reste guère au monde que l’administration d’activités banales. Le diplomate Alexandre Kojève constitue, lors de ses nombreux voyages effectués dans les années 1950 et 1960, une collection importante de cartes postales et réalise un nombre considérable de photographies. Cette collection visuelle est l’occasion de découvrir la pensée philosophique et la pratique politique de Kojève. Philosophe, historien de l’art et commissaire d’exposition, Boris Groys découvre cette immense collection visuelle dans les archives Kojève à la Bibliothèque nationale de France (donation Nina Ivanoff, 2004). Pour le Palais de Tokyo, il décide d’en concevoir une exposition constituée de diaporamas diffusant pratiquement quatre cents photographies réalisées par Kojève en Europe,
en Russie, en Asie et en Iran. Boris Groys souligne la façon dont « Kojève adopte le style carte postale anonyme et hautement conventionnel dans la réalisation de ses propres photographies », ces dernières « reflètent sa vue administrative du monde conjuguée à une certaine mélancolie post historique ». Alexandre Kojève (1902-1968) quitte Moscou pour l’Allemagne où il obtient un doctorat de philosophie (université de Heidelberg, direction Prof. Karl Jaspers). En 1933, il s’installe en France pour entamer durant six années à l’École pratique des hautes études (Paris) un séminaire de lecture sur la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Kojève abandonne la philosophie pour devenir diplomate au service du gouvernement français. En tant que représentant de la France à la Commission européenne, il est un des acteurs de la fondation de l’Union européenne. J.F. Commissaire : Boris Groys ORGANISATION : BAK, BASIS VOOR ACTUELLE KUNST (UTRECHT).
Photographie prise par Alexandre Kojève lors de son séjour en Inde en 1959 / Photograph taken by Alexandre Kojève during his travels through India in 1959. Courtesy Bibliothèque nationale de France (Paris). © Nina Kousnetzoff
After history: alexandre kojève as a photographer
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Photographie prise par Alexandre Kojève lors de son séjour au Japon, 1959 / Photograph taken by Alexandre Kojève during his travel through Japan, 1959. Courtesy Bibliotheque nationale de France (Paris). © Nina Kousnetzoff
Boris Groys’s curatorial project provides an opportunity to discover the visual collection of Alexandre Kojève, a French philosopher of Russian origin, for the first time. Alexandre Kojève had a very early presentiment of the West’s entry into a “post-historical era”: With history immobilized and no room left for ideological struggles, virtually all that remains in the world is the administration of commonplace activities. On the many journeys he made in the 1950s and 1960s as a diplomat, Alexandre Kojève built up a large collection of postcards and took a considerable number of photographs. That visual collection offers an opportunity to find out about Kojève’s philosophical thinking and political practice. Boris Groys, a philosopher, art historian, and exhibition curator, discovered this immense visual collection in the Kojève archives at the Bibliothèque Nationale de France (Nina Ivanoff donation, 2004). For the Palais de Tokyo, he decided to devise an exhibition based on it, consisting of slide presentations showing almost 400 photographs taken by Kojève in Europe, Russia, Asia and Iran. Boris Groys stresses the way in which “Kojève adopts this anonymous and highly conventional
postcard style in making his own photographs,” which “reflect his administrative view of the world combined with a certain post-historical melancholy.” Alexandre Kojève (1902-1968) left Moscow for Germany where he obtained a doctorate in philosophy (Heidelberg University, supervisor Professor Karl Jaspers). In 1933 he moved to France and for six years held an interpretation seminar on Hegel’s Phenomenology of Spirit at the École Pratique des Hautes Études (Paris). Immediately after the end of World War II, Alexandre Kojève abandoned philosophy to become a diplomat on behalf of the French government. As France’s representative at the European Commission, he was one of the protagonists in the foundation of the European Union. J.F. Curator: Boris Groys ORGANISATION : BAK, BASIS VOOR ACTUELLE KUNST (UTRECHT).
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17.10 2012 – 07.01 2013
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Modules — Fondation Pierre bergé — yves saint laurent
Iván Argote 07.12 2012 – 21.01 2013 Prix SAM 2011
Iván Argote (né en 1983, vit et travaille à Paris) est un artiste colombien installé depuis quelques années à Paris. Ses œuvres sont le fruit d’un questionnement sur le monde, les liens sociaux, l’histoire, à partir de son expérience de sujet, parfois de son histoire personnelle. Elles ont souvent pour principe une forme d’irrationalité, tel le logiciel qu’il a conçu pour convertir l’heure en argent (Time is Money, 2008). Avec un ton et une factualité toujours ambigus, il renvoie au monde un reflet déformé, soulignant sa part d’absurdité, à l’image de sa vidéo où une mappemonde est en rotation dans une rôtisserie (Rotation, 2009). Iván Argote propose au Palais de Tokyo un film basé sur des récits factuels qui relèvent autant de la mémoire historique que personnelle. Il constitue une archive reconstituée, nécessairement subjective. Les filles et fils d’un ancien groupe révolutionnaire colombien rejouent la communauté formée à l’époque par leurs parents. Le jeu enfantin d’apprentissage par l’imitation est mis ici au service d’un héritage qu’il s’agit d’endosser pour pleinement le comprendre. Sous la forme d’un making-of, une vidéo propose en simultané un commentaire critique du film par le groupe et fait dialoguer passé et présent, fiction et histoire. Cette expérience immersive questionne la nouvelle génération sur l’héritage de l’utopie et des luttes révolutionnaires. Des éléments, visibles dans le film et disposés dans l’espace, prolongent l’univers filmique et invitent le visiteur à s’immerger lui aussi dans cette réflexion. A.M.
Commisaire : Akiko Miki CETTE EXPOSITION BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DE SAM ART PROJECTS.
Iván Argote (b. 1983, lives and works in Paris) is a Columbian artist who lives in Paris since several years ago. His work is the result of his questioning of the world, social ties, and history, based on his experience as subject and at times his personal history. It’s often constructed on a principle of irrationality, such as the software he designed to convert the time of day into money (Time is Money, 2008). The general tone and factuality remain ever ambiguous, while the artist holds up a distorting mirror to the world, highlighting its absurdities, much like his video in which a globe is seen rotating on a spit (Rotation, 2009). At the Palais de Tokyo, Iván Argote proposes a film based on true stories that rely on historical as much as personal memory, like a reconstructed archive that is necessarily subjective. The sons and daughters of a former group of Columbian revolutionaries reenact the community formed by their parents at the time. In this way, the childish game of learning through imitation is applied here to a heritage that the younger generation must first inhabit in order to fully understand it. A video, a form of making-of, proposes a simultaneous critical commentary of the film by the group, creating a dialog between past and present, fiction and history. This immersive experience leads the new generation to examine its inheritance of their parents’ utopia and revolutionary struggle. Elements visible in the film and installed throughout the exhibition space create an extension of the film into the physical world, inviting the viewer to join in the experience. A.M.
Curator: Akiko Miki THIS EXHIBITION BENEFITS FROM THE SUPPORT OF SAM ART PROJECTS.
1 « KEEP OUT » (As Seen on a Documentary Film) (2012) Morceau de mur avec graffiti / Piece of wall with graffiti ; Dimensions variables / Dimensions variable Courtesy de l’artiste / of the artist & Galerie Perrotin (Paris) 2 « Archives du syndicat de professeurs », Bogota (1987) Photographie / Photograph ; 10 x 15 cm Courtesy de l’artiste / of the artist & Galerie Perrotin (Paris)
3 « Archives familiales » (1972) Photographie / Photograph, 10 x 15 cm Courtesy de l’artiste / of the artist & Galerie Perrotin (Paris)
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interventions sur le bâtiment
Laurent Derobert Fragments de mathématiques existentielles (2012) Vue de l’installation / Installation view Courtesy de l’artiste / of the artist Photo : André Morin
Vincent Ganivet Ronds de fumée (rouge, violet, orange, bleu, vert, jaune) (2012) Vue de l’installation / Installation view Courtesy de l’artiste / of the artist & galerie Yvon Lambert (Paris) Photo : André Morin
John Giorno Vue de l’exposition / View of the exhibition « It Doesn’t Get Better », École nationale supérieure d’arts de Limoges 09.10 2008 – 18.11 2008 Photo : Rebecca Fanuele Courtesy galerie Almine Rech (Paris, Bruxelles / Brussels)
interventions on the building
Takahiro Iwasaki Out of Disorder (Forest of Night Line) (2011) Cheveux, poussière & téléscope / Hair, dust & astronomical telescope Vue de l’exposition / View of the exhibition Triennale de Yokohama 2011 / Yokohama Triennial 2011, 06.08 2011 – 06.11 2011 Courtesy Arataniurano (Tokyo) Photo : Keizo Kioku
Maria Loboda Walldrawing (arsenic, cyanide, mercury, lead) (2009-2012) Vue de l’installation / Installation view Courtesy de l’artiste / of the artist & Galerie schleicher+lange (Berlin, Paris) Photo : André Morin
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mÉdiation culturelle
Carte mentale « Imaginez l’imaginaire »
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