Florian & Michael Quistrebert « The Light of the Light » Palais de Tokyo 19.02 – 16.05 2016
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Stripes Painting S2E8 (2014) Stripes Painting S2E9 (2014) Stripes Painting S2E0 (2014) Stripes Painting S2EX (2014) Modeling paste et acrylique sur panneau de bois / Modeling paste and acrylic on wood panel 66 × 47 cm ; 66 × 47 cm ; 65 × 53 cm ; 85 × 60 cm
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White Gradient S2E1 (2013) White Gradient S1E1 (2012) White Gradient S1E2 (2012) White Gradient S2E2 (2013) Gesso sur panneaux de bois / Gesso on wooden panels 170 Ă— 120 cm (chacun / each)
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Big Black Canvasless Round Painting (2010) Acrylique / Acrylic 200 cm (diamètre / diameter)
The Eighth Sphere (2010) Installation vidéo deux canaux / Double channel video installation 1 min 41 s Vue de l’exposition / View of the exhibition « The Eighth Sphere », 05.06 – 10.07 2010, Zoo Galerie (Nantes) Photo : Jean Depagne
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Rectangles (2010) Peinture aérosol et huile sur toile / Spray paint and oil on canvas 55 × 38 cm Cercles (Circles) (2010) Peinture aérosol sur toile / Spray paint on canvas 46 × 33 cm Chrys (2009) Huile sur toile / Oil on canvas 25 × 18 cm
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Les Infinis turbulents par Hugo Vitrani
Les frères Quistrebert (Florian et Michael) peignent à quatre mains, vingt doigts, deux têtes, quatre yeux et autant de jambes. Et s’ils n’aiment pas trop s’attarder sur leur petite entreprise familiale ni révéler qui y fait quoi, ils n’hésitent pas à se mettre en scène en se surnommant les « Brothers of the Shadow » : des anti-frères Lumière, teintés de symbolique maçonnique. Ils manipulent mystérieusement la peinture et la lumière : une obsession qui anime depuis un bail l’histoire de l’art, du clair-obscur de la Renaissance aux expériences cinétiques du siècle dernier en passant par l’étude de la lumière chez les impressionnistes et la très ancienne technique égyptienne des ombres capturées sur les murs pour en tracer les contours. Entre-deux En Californie, les sulfureuses années 1970 ont enfanté le Lowbrow, mouvement d’artistes se revendiquant « bas du front » en réponse à l’élitisme d’un milieu de l’art qui regardait de haut le graffiti, le tatouage, les comics, le skateboard, le surf, le punk et autres contre-cultures qui secouaient l’époque. Autant d’héritiers paumés sur la route tracée par la Beat Generation. Associant sans réserve des références pointues issues de l’histoire de l’art avec des techniques et des références qui en ont longtemps été exclues, les Quistrebert cultivent une posture de Low bro’ (low brothers). Ils dansent en mode headbangers sur les frontières du prestigieux et du banal, du mainstream et de l’occulte, de l’abstraction et de la figuration, du matériel et de l’immatériel, sur une musique sourde de heavy metal. Ils travaillent par séries. On les a crus figuratifs, occultistes, abstraits ou encore post optiques. Avec « The Light of the Light » – titre sous forme de punchline qui place leur exposition au Palais de Tokyo entre l’épiphanie et la coupure de courant –, les Quistrebert règlent des comptes : ils ne sont rien de tout ça et tout ça à la fois. Toujours à la recherche d’écoles, de mouvements et d’idéaux à pervertir ou anéantir, ils superposent des styles, des postures et des époques qu’ils (mal)traitent au moyen de techniques corrosives et toxiques pour provoquer des interférences. Ils naviguent dans une histoire de l’art compressée et digérée par Internet : par liens ou empilements sans hiérarchie, avec des surgissements de pop-ups, de bugs, de spams et de virus. Peintres hackeurs, les Quistrebert sont les purs enfants terribles d’un xxi e siècle marqué par le présentisme et la révolution numérique. Une ère du (re)mix, du sample, du plagiat, de la volatilité de la mémoire vive et de l’obscurité
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