Iris, aquarelle sur papier / Iris, watercolor on paper (2006) 33 × 25 cm Collection Mamco (Genève / Geneva) Photo : Rémi Villaggi
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Gantelet d’armure en ailes d’abeille, plâtre / Gauntlet made of bee’s wings, plaster (2011) 25 × 15 cm Courtesy de l’artiste / of the artist Vue de l’exposition / View of the exhibition « Iota Pictura », La Verrière / Fondation d’entreprise Hermès (Bruxelles / Brussels), 11.10 2012 – 01.12 2012 Photo : Fabien de Cugnac
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LORS MÊME QUE LES PÉTALES SERAIENT FLÉTRIS ET TOMBÉS AU SOL, LE PARFUM PLANERAIT LÀ, DANS LA MÉMOIRE. Par Katell Jaffrès Lorsque j’ai commencé à réfléchir à l’écriture de ce texte, j’ai immédiatement pensé à ce sentiment que j’avais éprouvé au cours de mes différentes discussions avec Patrick Neu et de mon expérience de ses œuvres, à savoir que la grande concentration qu’implique son travail de création évoque une forme de méditation s’inscrivant dans un rapport au temps en dialogue avec le cycle des saisons. L’engagement du corps et celui de l’esprit semblent des éléments essentiels à l’acte créatif pour atteindre la minutie du geste dont la répétition est nécessaire à la réalisation d’œuvres fascinantes et d’une incroyable profondeur. De nombreux éléments du travail de Patrick Neu renvoient à la culture asiatique dans un rapport au temps dicté par la délicatesse du savoir-faire, la fragilité des matériaux et le respect des cycles naturels. Les expériences qu’il a pu faire à l’occasion de résidences au Japon ou en Chine ont d’ailleurs nourri son inspiration dans un dialogue fertile entre une connaissance et un apprentissage occidentaux et l’expérience et les découvertes faites sur place.
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Réalisées à partir de réminiscences de peintures majeures de l’histoire de l’art qui l’ont particulièrement intéressé comme celles de Bosch, de Holbein ou de Fra Angelico, pour ne citer qu’eux, certaines œuvres de Patrick Neu, ses dessins sur verre noirci à la fumée par exemple, s’inscrivent dans une démarche liée à l’image et à la mémoire. À la manière des cartes postales, dont la construction visuelle concentre le regard tout en imposant une image stéréotypée.
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ÊTRE ATTENTIF AUX CHOSES Conversation entre Patrick Neu et Jean de Loisy Jean de Loisy : Pourquoi as-tu, dans certaines de tes œuvres, décidé de privilégier la fragilité ?
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JL : Au fond, si on porte une attention forte à quelque chose, celle-ci n’apparaît pas plus fragile qu’une autre. Veux-tu dire Patrick Neu : que l’attention est une mesure Les choses paraissent fragiles de l’importance accordée à un mais, en fait, c’est toute la vie objet dans un groupe humain à qui est fragile. Je ne cherche ni un moment donné ? à rendre un travail fragile, ni à le condamner à disparaître. PN : C’est simplement ma manière Je crois que je fais un travail sur de faire. l’aura artistique, qui dépend aussi de l’attention qu’on porte JL : aux choses. Celle-ci est une Il y a pourtant peu d’éléments forme de respect : respect de la dans ton œuvre qui ne soient pas vie, des autres, des éléments, de dans la grâce du risque de leur la nature… disparition, que ce soit le cristal, les ailes d’abeille… JL : C’est aussi le respect du travail PN : de l’ouvrier. Il y a un aspect ouMais c’est vrai pour tout, même vrier dans ton travail, au sens le pour un bloc de béton. En fait, plus noble du terme. ce n’est peut-être pas tant le bloc de béton qui va disparaître, mais PN : nous qui disparaîtrons. Je ne saurais le dire. Je ne conceptualise pas. Je fais. Je travaille.
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Vitrine, noir de fumée / Glass case, lampblack (2012) (détail / detail) D’après / After Martin Schongauer, La Tentation de saint Antoine / The Temptation of Saint Anthony, 1470 – 1475, musée Unterlinden (Colmar) 248 × 150 × 50 cm
Courtesy de l’artiste / of the artist Vue de l’exposition / View of the exhibition « Iota Pictura », La Verrière / Fondation d’entreprise Hermès (Bruxelles / Brussels), 11.10 2012 – 01.12 2012 Photo : Fabien de Cugnac