Pharmacien de France n° 1265 (entier)

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L’INTERVIEW « On a failli avoir la tête coupée »

RMaCIeN

Christian Grenier, Federgy

DEFRANCE

Le PHaRMaCIeN w ww. lep harmaci e ndef ra nce. f r

DEFRANCE

Le business de l’e-patient

L’autotest du VIH dans l’impasse

Les BB crèmes

DÉCRYPTAGE P. 30

ENQUÊTE P. 38

BANC D’ESSAI P. 58

No 1265 DÉCEMBRE 2014

Lancés en grande pompe il y a un an et demi, les entretiens AVK traversent une mauvaise passe. ENJEUX P. 20


Acnés sévères (telles que acné nodulaire, acné conglobata ou acné susceptible d’entraîner des cicatrices définitives) résistantes à des cures appropriées de traitement classique comportant des antibiotiques systémiques et un traitement topique

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L’Éditorial

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Regarder droit devant

Philippe Gaertner

© MIGUEL MEDINA

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

No 1265 I 55e année I 03/12/14 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0217 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTRICE DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon (lsimon@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Anne-Laure Mercier (almercier@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTEUR : Élise Brunet (ebrunet@lepharmaciendefrance.fr) I SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Anaïs Bellan IFrançois Silvan I Claire-Marie Aubé CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés www.rampazzo.com - blog.rampazzo.com CORRECTION : Francys Gramet IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains ILLUSTRATIONS : Photos : Miguel Medina Dessins : Martin Vidberg Infographie Conseil : Pascal Marseaud

F

in de la séquence : sur les transferts, regroupements et rachats des le ministre de l’Éco- officines. Effort que nous appelons de nos vœux nomie Emmanuel depuis des années… mais qui ne se fera pas Macron va bientôt sans un remodelage fiscal. La balle est mainteprésenter au Parle- nant dans le camp des services de Michel Sapin, ment « son » projet de loi Activité, dont les au ministère des Finances, pour nous accompharmaciens ont été pratiquement exclus, et pagner dans cette évolution du réseau ! Arnaud Montebourg est revenu sur les bancs J’avais volontairement commencé par les bonnes des facultés pour devenir entrepreneur. nouvelles, reste maintenant les inquiétudes Nul doute qu’il aura compris, une fois diplômé, soulevées par ce rapport, en particulier celles toutes les difficultés qui liées aux médicaments « Internet ou pas, sont les nôtres en tant que sur Internet. En autorisant chefs d’entreprise. Pour sans contrôle la séparale pharmacien doit autant – et je le répète tion entre pharmacies « en demeurer maître depuis le départ –, nous dur » et sites de vente, le ne baisserons pas la de sa dispensation. » législateur se tromperait garde. Si la loi Macron ne lourdement. Je le dis claisemble concerner les pharmaciens qu’à la marge, rement : nous sommes prêts à évoluer sur le la profession a dorénavant les yeux tournés vers sujet, mais le pharmacien à son comptoir – qu’il la loi Santé. Le rapport Ferrand – encore un soit réel ou virtuel – doit demeurer maître de la rapport ! – a en effet avancé quelques proposi- dispensation de bout en bout. tions intéressantes nous concernant… et d’autres On ne peut néanmoins que se féliciter que la beaucoup plus critiquables. santé publique soit revenue au centre des préParmi les avancées indéniables, la suppression occupations de nos politiques ces derniers du seuil de 5 % pour l’entrée des adjoints au mois… Cela n’a aucune raison de changer et, capital des officines ou l’effort de simplification croyez-moi sur parole, nous y serons attentifs.

DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61 ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 L’abonnement d’un an France-Corse : 90 € TTC I Guyane : 86,76 € TTC Guadeloupe, Martinique, Réunion : 88,26 € Étranger : 154 € I Achat au numéro : 12 € TTC I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0217 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I Jocelyne Wittevrongel I Date du contrôle OJD : 14/11/2013.

Décembre 2014 I No 1265 I 1


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Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Actualité

20

4 10 18

L’INTERVIEW hristian Grenier : C « On a failli avoir la tête coupée » L’ACTU EN BREF LE KIOSQUE

20 ENJEUX Il faut sauver le soldat AVK 24 DOSSIERS DE LA FÉDÉ

DÉCRYPTAGE

décembre 2014 Sommaire Santé

Officine

38

58

38 ENQUÊTE L’autotest du VIH dans l’impasse

48 INVESTISSEMENT Sacs de caisse, sacs de nœuds 50 OFFICINE EN BREF

40 PANORAMA 42 CONSEIL Flou sur les défibrillateurs 43 FICHE CONSEIL Douleur thoracique et urgence à l’officine La réanimation cardio-pulmonaire 46 INTERNATIONAL La science en fêtes

54 57

PRODUITS SUBSTITUONS ! Mirtazapine

58 BANC D’ESSAI Les BB crèmes

• •

60 APERÇU

62 64

CULTURE JEUX DE MOTS

Le business de l’e-patient Le problème tient en une devinette : comment rentabiliser un service gratuit ? Les communautés de patients proposent en effet des informations en ligne par pathologie, un réseau social, des annuaires, des services de gestion de sa santé…

30

Le tout gracieusement. Ces communautés en ligne ont vu le jour en 2011 à ­l’initiative de start-up françaises. Aujourd’hui en plein essor, elles poussent certaines associations de patients à monter au créneau contre ces concurrents virtuels.

ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmaciendefrance.fr Ce numéro comporte un encart jeté de 8 pages « DPC Nouvelles missions à la une » et un encart broché de 4 pages Mylan. Image de couverture : Pierre Chassagnard, d’après la photo « Raising the Flag », © James Steidl / Fotolia. Décembre 2014 I No 1265 I 3


L’INTERVIEW

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Pharmaciens, industriels, répartiteurs… il manquait un syndicat de groupements dans le paysage­officinal. C’est maintenant chose faite avec Federgy et la toute jeune organisation porte déjà des revendications, dont certaines ne feront pas plaisir aux pharmaciens. Propos recueillis par Laurent Simon

Photos Miguel Medina

Christian Grenier

« On a failli avoir la tête coupée » BIOEXPRESS Entre 1990 et 2010, il fut à la fois président du syndicat des Yvelines, membre du bureau national de la FSPF et vice-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo). Christian Grenier est surtout le fondateur et président du groupement Népenthès, qui fédère aujourd’hui 4 500 pharmaciens. Depuis mi-septembre, il assure par ailleurs la présidence d’un nouveau syndicat de groupements nommé Federgy, qui rassemble sous la même bannière les quatorze entités composant le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO).

4 I No 1265 I Décembre 2014

Vous avez tout récemment été à l’origine de la création de Federgy, le premier syndicat de groupements. Deux collectifs existent déjà – le CNGPO et l’UDGPO –, cela ne suffisait pas ?

Ces deux collectifs sont plutôt des organismes de pensée et s’occupent par ailleurs davantage des pharmaciens que des groupements. On avait toujours l’impression que d’autres syndicats de pharmaciens existaient à côté des trois autres mais sans en être tout à fait un. Pourquoi Népenthès, le groupement dont vous êtes le président, avait quitté le CNGPO avant de le rejoindre à nouveau l’été dernier ?

tions ne concernent que nous. J’ai par exemple rendez-vous à l’Élysée bientôt ainsi qu’au ministère de l’Économie pour discuter de notre plate-forme de propositions. Notre but est uniquement de défendre les groupements ; il ne faut pas tout mélanger, en particulier avec les syndicats de pharmaciens, même si nous sommes proches. Notre métier à nous est triple : une centrale d’achat, une centrale de services et une centrale de référencement. Certains dossiers vont donc nécessairement vous opposer aux pharmaciens, comme celui de la rétrocession…

Nous y sommes totalement opposés… tout en la Pour les raisons que je viens d’évoquer, un quatrième comprenant. C’est l’outil du pauvre, du bricolage pour « syndicat de pharmaciens » sans réelle structure le pharmacien, et cela peut même être dangereux à n’apportait rien selon nous, cause de la perte de traçabimême si cela permettait à ses lité ou de l’introduction de « La rétrocession, membres de se voir et de réflécontrefaçons dans le circuit, chir ensemble. En revanche, c’est l’outil du pauvre. » si l’on veut pousser le boule programme de la nouvelle chon. Aucun commerce équipe arrivée à la tête du moderne ne fait aujourd’hui ­CNGPO il y a quelques mois ressemblait plus à celle de la rétrocession, mais il est vrai que ces commerces d’un syndicat, mais de groupements cette fois. Or, ont tous des centrales d’achat qui fonctionnent, alors l’été dernier, sur fond d’attaques de la pharmacie, qui que les nôtres ont du mal à se mettre en place. nous concernaient donc aussi, nous sommes vite arrivés à la conclusion qu’il fallait créer une entité Quid des industriels ? La rétrocession est tout d’abord représentant les groupements et les enseignes. Il se due aux conditions plus avantageuses qu’offrent les trouve que c’est moi qui avais la plus grande habitude industriels aux pharmaciens qui « traitent en direct ». syndicale, j’en ai donc pris la présidence. Nous avons En avez-vous directement discuté avec eux ? réussi à réunir quatorze groupements : un tour de La création de Federgy est récente, il a fallu rassemforce, à mon sens. bler des groupements d’horizons très différents. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une difficulté de la part de Quel est le but ? S’asseoir à la même table que les certains industriels à accepter la création des sociépharmaciens, les industriels ou les répartiteurs au tés de regroupement à l’achat et des centrales d’achat ministère de la Santé ? pharmaceutiques par Roselyne Bachelot en 2009 Pas nécessairement, puisque beaucoup de négocia- [dans le cadre de la loi HSPT, NDLR], dans le but de


Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

L’INTERVIEW faire accéder les consommateurs à de meilleurs prix. Ni les structures de regroupement à l’achat, ni les courtiers, ni les centrales d’achat pharmaceutiques ne fonctionnent correctement pour le moment. Ce n’est pas en faisant des groupements locaux et en obtenant de meilleures conditions commerciales de la part des laboratoires que les pharmaciens régleront leurs problèmes. Les agriculteurs ont bien compris ce principe de coopérative et le mettent en œuvre ; c’est aussi ce que les groupements prônent. Malheureusement, ces différences de traitements sont légales. Les laboratoires peuvent offrir des remises différenciées en fonction des circuits de distribution avec qui ils traitent : 14,75 % aux centrales d’achat pharmaceutiques, 40 % en direct… L’affaire semble réglée, même si la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) peut avoir son mot à dire. Les situations sont parfois discriminatoires. Certes, mais si les remises hors groupements sont meilleures, la situation perdurera…

C’est oublier les autres outils que nous développons. Je fais par exemple le pari que les marques propres – l’expression est moins péjorative que « marque de distributeur » – représenteront autant que le générique en chiffre d’affaires en 2020, soit 20 %, même si le générique fera 65 % des volumes. Les génériques ont fini par perturber le pharmacien, surtout à partir de 2004, où ils ont vraiment commencé à rapporter. Il y a eu une dérive un peu commerciale… et l’on sait ce que cela fait en pharmacie. Les gestionnaires de remises se prennent systématiquement des retours de bâton : ce sont les règles du business. Il faut maintenant que la profession se recentre. Se recentre sur quelles tâches ? Quelles sont les nouvelles missions ?

Si le pharmacien réalise six entretiens d’une demiheure tous les jours, dispose-t-il réellement du temps nécessaire pour recevoir un représentant afin de négocier des marges sur un bain de bouche ? Non. Beaucoup de ceux qui ont compris le système, en faisant confiance à leur groupement, voient leur chiffre progresser. Les pharmaciens doivent faire de la marge en vendant, pas en achetant. Un titulaire ne peut pas tout déléguer à son groupement : une partie de sa fonction reste les achats. D’ailleurs, beaucoup de pharmaciens sont affiliés à deux groupements, preuve qu’ils ne sont pas comblés avec un seul.

Les outils mis à la disposition des pharmaciens par les groupements sont très variés, parfois trop : des services marketing, logistiques, de la certification ISO… On a coutume de dire que sur les III Décembre 2014 I No 1265 I 5


L’INTERVIEW

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

« Les sondages parlent d’euxmêmes : la pharmacie est ringarde, elle ne donne pas envie d’acheter. »

III

20 000 pharmaciens, 32 000 sont groupés. Pour une raison simple : on ne peut pas tout trouver au sein d’un seul groupement. C’est en partie parce que nous sommes encore en développement. Le jour où les centrales d’achat et de services fonctionneront à plein, la tentation de recourir à un second ­groupement disparaîtra. La face sombre de ce que vous décrivez est le discount, présenté comme la « solution anticrise » par certains groupements.

Ils ont tort. C’est un modèle de pharmacie mais ce n’est pas le modèle des 20 000 pharmacies en France. Il suffit d’écouter les représentants des autres circuits de distribution qui sont sous enseigne. Ils disent tous la même chose : le meilleur média du monde est le point de vente, avec du service, de la relation client… Appelez cela comme vous voulez – théâtralisation, humanisation – cela revient au même. Un produit n’a que peu de valeur aujourd’hui. Ce qui en a, c’est la marque et la relation de vente qui a été instaurée. Si vous passez votre temps à acheter et non à vendre, la seule solution pour vous sera effectivement de faire une promotion à moins 50% sur vos stocks. Alors qu’il vaut mieux retourner à votre comptoir et donner des conseils avisés aux patients. En quoi le consommateur a changé ces dernières années ?

Le consommateur recherche du prix, certes, mais il recherche aussi de la qualité. Les marques de distributeur sont aujourd’hui de vraies marques. Regardez Reflets de France [créée en 1997 par le groupe Promodès, qui regroupe les enseignes Carrefour, Champion… NDLR]. Pourquoi les pharmaciens n’en feraient pas ? Quelque 70 % des consommateurs jugent le prix des autres produits par rapport à celui de la marque propre. Ils viennent également chercher de la valeur : un produit écoresponsable, par exemple. Le consommateur lambda a les mêmes réflexes à l’officine qu’ailleurs ; or les pharmaciens ont aujourd’hui une telle 6 I No 1265 I Décembre 2014

proposition de produits que, par manque d’organisation, ils n’en proposent plus. Que vous le vouliez ou non, quand vous entrez chez Total, vous ressortez avec un paquet de chips. Les pharmacies ont besoin de cela. Les sondages parlent d’eux-mêmes : 94 % des patients aiment leur pharmacien… mais 94 % des patients pensent également que la pharmacie est ringarde, « rétrograde » pour les citer, et ne donne pas envie d’acheter. En outre, 40 % d’entre eux veulent plus de relations, plus de service. Tous les autres commerces montrent le chemin : moins de produits, plus de sélection, plus de spécialisation. L’enseigne et les marques propres feront ensuite la différence. Vous évoquez là un système qui ressemble aux chaînes, inconnues en France. Que se passera-t-il si le capital des pharmacies est ouvert ?

Le paradoxe est que je suis sûr que le premier réflexe des investisseurs sera de faire retourner les pharmaciens à leur comptoir. Juste une anecdote personnelle : mon frère tient six gros laboratoires d’analyse médicale en Bretagne. L’ouverture du capital étant faite, trois investisseurs ont pris 40 % de leurs fonds. Après avoir vendu ses parts, il me témoignait du fait que c’était agréable de refaire de la biologie, de voir des patients, de s’occuper des prélèvements… et plus des achats de matériel ou de tests. Plus personne ne reçevait les représentants ! Doit-on comprendre que vous êtes pour l’ouverture du capital des pharmacies ?

Non ! Je suis un libéral dans l’âme. Au contraire, la pharmacie a encore cette chance de posséder son capital. Les biologistes l’ont voulue, cette ouverture du capital, pas les pharmaciens d’officine. Je suis fondamentalement contre l’introduction de fonds de pension dans le monde de la santé. Dans votre plateforme, vous vous positionnez « pour permettre aux groupements et enseignes de pharmacies nationaux de mettre en place des sites internet marchands ». C’est contradictoire avec votre envie de proximité et de relation client.

Nous avons d’ailleurs poussé pour que cette proposition figure dans le rapport Ferrand. Le site internet mutualisé, seul un groupement peut l’offrir : le paiement doit être chez le pharmacien, ainsi que le stock et le conseil. Mais si l’officine ne dispose pas du produit, cela ne changerait rien que le site soit adossé à une centrale d’achat pharmaceutique, qui garantira la traçabilité de l’ensemble. Pour le patient, c’est transparent. Ces plateaux techniques ne factureront pas : seul le pharmacien le fera – le stock restera donc sa propriété – et le produit sera délivré au patient à l’officine. Du « click and collect » [commande et récupération sur le lieu de vente, NDLR], en somme.


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L’INTERVIEW

III

Vous ne prévoyez pas de livraison des produits, en particulier l’OTC, dans le système que vous décrivez ?

Le pharmacien peut livrer s’il le souhaite, mais nous ne pouvons pas le prévoir. Si la livraison devient la norme, selon nous cela entraînera inéluctablement l’ouverture du monopole. Qui se souciera que ce soit Leclerc qui vous livre vos médicaments plutôt que le pharmacien du coin ?

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Quelles sont les leçons à retenir de la séquence médiatique qui a débuté en juillet avec le discours d’Arnaud Montebourg et s’est achevée avec ce rapport Ferrand en novembre ?

Le gouvernement nous a dit que cela ne pouvait plus durer. Rendez-vous compte que la profession a failli se faire couper la tête trois fois ces derniers mois : le monopole, la liberté d’installation, le capital… Le grand mouvement du 30 septembre a fait réaliser aux Népenthès, dont vous êtes président, a pourtant autorités qu’il se passait quelque chose chez les pharnoué un partenariat avec Doctipharma, qui veut maciens. Mais si nous ne passons pas un cap proposer­ce service de livraison… aujourd’hui, les politiques revienC’était un choix par défaut, faute dront sur leur copie un jour ou de mieux. À l’époque, il y a un an, « Le partenariat l’autre. Devant les baisses de prix il n’y avait rien, à part 1001Pharannoncées dans les trois ans à macies. Or les pharmaciens en de Népenthès avec venir, le pharmacien doit se comvoulaient, même si on connaît tous Doctipharma était porter comme un vrai chef d’entreles risques derrière. Et le service prise. Comment fera-t-il sans de un pis-aller. » est cher : 12 % des ventes. Ce solides ventes de parapharmacie partenariat s’est noué avant que ou d’OTC, en plus du générique ? nous concevions avec Federgy cette idée de site Imaginons que la pharmacie ne fasse pas sa révoluadossé à une centrale d’achat pharmaceutique. J’at- tion, on finira par nous reprocher toujours la même tends le feu vert des ministères de la Santé et de chose. On cessera d’embêter les pharmaciens le jour l’Économie pour monter notre projet. J’espère que la où ils tiendront les promesses que porte leur croix proposition faite par Richard Ferrand dans son rapport verte. Nous vivons un virage de société, rien ne ne sera pas oubliée entre-temps. pourra plus être comme avant. x 8 I No 1265 I Décembre 2014


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(1) Disponible sur le site www.cespharm.fr, consulté en juin 2014 (2) Etude Ifop réalisée auprès de 1009 personnes âgées de 18 ans et plus, septembre 2012 (3) Ministère de la Santé. Plan 2007-2011 pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques - 15 mesures. Avril 2007

C550124 septembre 2014

Novartis vous remercie de prendre soin des patients

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Actualité En bref

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

ILS L’ONT DIT « Se baser sur les seules officines pour offrir un point d’accès supplémentaire à la vaccination ne tient pas. »

« Emmanuel Macron a trop de pouvoir… ou il s’en donne trop ; il s’occupe de tout ! » Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, dans Le Journal du Dimanche.

❙❙Les kinésithérapeutes saluent de « réelles avancées » dans les négociations autour de leur diplôme. Ils ont en effet obtenu du ministère de la Santé une « quatrième année de formation spécifique en institut de formation en masso-kinésithérapie dès 2015 » et « la fin du recrutement par concours dès la rentrée 2016 », se félicite la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), leur principal syndicat professionnel. ❙❙Les pharmaciens ne sont pas la seule profession à réclamer la présence de Marisol Touraine. Treize organisations représentants les infirmiers et aides-soignants ont protesté conjointement contre le fait que la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes n’a pas prononcé de discours lors de sa visite au Salon infirmier début novembre. ❙❙Les internes en médecine ont fait grève le 17 novembre dernier. Selon le ministère de la Santé, le taux de participation a été assez réduit : environ 5 %, à comparer aux 28,87 % constatés lors du mouvement unitaire du 30 septembre, auquel avaient également participé les pharmaciens. Les internes faisaient grève pour des aménagements de leur temps de travail. ❙❙Une rupture en entraîne une autre. Les négociations entre l’Assurance maladie et les centres de santé en vue d’un nouvel accord national sont suspendues en raison de l’impasse dans laquelle se trouvent celles sur les soins de proximité avec l’Union nationale des professions de santé (UNPS). L’UNPS et l’Assurance maladie se sont en effet quittés sur un constat d’échec début novembre.

10 I No 1265 I Décembre 2014

Daniel Schneidermann, chroniqueur à Rue89, réagissant au fait que l’Insee compte les dépenses de santé dans le calcul de la croissance. DR

DR

DR

Annick Touba, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux.

INTERPRO

« Tombez malade, souffrez, toussez, engloutissez pilules et sirops […], vous travaillerez pour la croissance. »

négociations

Les potards dans la seringue Marisol Touraine a décidé de rouvrir les discussions autour de « sa » loi. La vaccination par les pharmaciens sera sur le tapis.

A

vant même d’avoir eu lieu, le mouvement de grève des médecins prévu pour les fêtes aura porté ses premiers fruits. La ministre de la Santé a ainsi accepté de débattre d’ici à mi-décembre du contenu de sa loi, dont le

passage parlementaire est ­prévu début 2015. Parmi les sujets : le tiers payant généralisé, la revalorisation du C… et la vaccination par les pharmaciens. MG France, syndicat de médecins généralistes, en fait même un point « bloquant ». Son président, Claude Leicher, fulmine : « Nous le vivons comme une agression ! Au moment où se développe une coordination interpro, je ne voudrais pas que les médecins développent des anticorps aux

pharmaciens. Nous ne pourrons empêcher des rétorsions sur le terrain et nous demanderons à disposer de vaccins dans nos cabinets. » Un poil plus modéré, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Jean-Paul Ortiz, ne « veut pas stigmatiser une mesure en particulier » mais dénonce aussi la possibilité ouverte aux infirmiers cliniciens de diagnostiquer ou aux sagesfemmes de prescrire des substituts nicotiniques. Chaud. ❙

désertification

rémunération

Au bout de son second mandat à la tête de l’Assurance maladie, la dernière conférence de presse de Frédéric Van Roekeghem a été l’occasion d’un mini-bilan de son action. Parmi les échecs cités : l’installation des médecins. « On ne peut pas tout réussir dans la vie, a-t-il lancé. Ne pas avoir pu convaincre les médecins libéraux d’optimiser leur présence sur les territoires, en particulier ruraux, en est un. » Un pari que l’exdirecteur général, parti dans le privé officier chez le courtier Siaci Saint Honoré, aura réussi à relever avec les infirmiers, en échange de revalorisations tarifaires. Son successeur Nicolas Revel aura-t-il plus de chance ? ❙

Les plaies qui affligent la répartition sont bien connues : développement du générique et augmentation de la vente directe aux officines. Pour tenter de juguler les pertes, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a remis sur le tapis l’idée déjà évoquée en 2013 d’un forfait qui leur serait versé à la boîte, et non plus d’une marge dégressive. Idée qui ressemble peu ou prou aux futurs honoraires des pharmaciens. En revanche, la CSRP n’a pas envisagé de revenir, comme le proposait l’Autorité de la concurrence, sur la « redistribution entre le laboratoire et le pharmacien de la marge [du] grossiste-répartiteur ». Heureusement pour les pharmaciens… ❙

Les regrets de Rocky

Les grossistes relancent le forfait


En bref Actualité

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

REPÈRES

40 %

7

15,8

93,7 %

Marisol Touraine arrive troisième ex aequo avec sa consœur à la Culture Fleur Pellerin dans un sondage sur la popularité des ministres du gouvernement publié le 11 novembre.

ne comptent pas se faire vacciner contre la grippe cet hiver. 21 % des Français estiment également que « se vacciner est trop risqué ».

ont créé un compte sur Ameli.fr, soit 6 millions de plus qu’en 2012. 44 % des assurés possèdent aujourd’hui un compte Ameli, un service lancé en décembre 2007.

Le taux global de tiers payant des princeps pour août 2014 baisse de 0,32 point par rapport au mois de mai 2014 et de 5,6 points par rapport à mai 2012. Un effet direct de la mesure « tiers payant contre génériques ».

d’opinions favorables

Français sur 10

(Source : Baromètre Ifop pour PHR)

millions de patients

(Source : Assurance maladie)

(Source : Assurance maladie)

(Source : Opinionway)

© PHOTOS MIGUEL MEDINA

La vaccination à l’officine concernera, selon la ministre « les pharmaciens qui le souhaitent […] en articulation avec le médecin traitant » (voir « Les potards dans la seringue », p. 10).

Marisol Touraine a été accueillie par Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre (ci-dessus et à gauche) et Patrick Fortuit, vice-président.

L’IMAGE DUMOIS

Touraine pacificatrice Deux ans que la ministre de la Santé ne s’était pas exprimée devant les officinaux ! Marisol Touraine a distillé quelques points du projet de loi de santé devant les pharmaciens réunis pour la 27e Journée de l’Ordre. Applaudie, elle a même su faire rire son auditoire sur le sujet, pourtant sensible, de la vaccination à l’officine.

LAQUESTIONDUMOIS

Allez-vous réaliser des entretiens asthme ? 7 % Les entretiens asthme ne sont pas encore sortis des cartons, mais une petite majorité d’entre vous est déjà prête. Malgré les difficultés rencontrées sur les entretiens AVK (voir « Il faut sauver le soldat AVK », p. 20), qui achèvent leur première année pleine en décembre, 43 % d’entre vous se lanceraient bien dès que possible dans les entretiens asthme, qui cibleront les patients en initiation de traitement pour des corticoïdes inhalés, avec les mêmes modalités pra-

tiques que pour les AVK (rémunération…). Il faudra pour cela attendre la sortie des textes les concernant. Si l’on compte les 19 % qui temporiseraient un peu, la tendance reste positive puisque 6 pharmaciens sur 10 n’ont pas perdu la foi dans les entretiens. Reste les réticents et les « excusés ». Les seconds ne sont que 8 % à ne pas pouvoir s’investir, quelles qu’en soient les raisons (place, temps, personnel…). Seul un quart du panel refuse tout net.

Ne sait pas / Ne se prononce pas

23 %

Non, je ne veux pas réaliser ces entretiens

8 %

Non, je n’aurai pas la possibilité de réaliser ces entretiens

19 %

Oui, mais je préfère attendre

43 %

Oui, sans hésiter Source : Questionnaire administré en ligne entre le 20/11/14 et le 24/11/14 sur 351 répondants.

Décembre 2014 I No 1265 I 11


Actualité En bref

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

CE QU’ILS ILS L’ONT DIT ONT DIT

complémentaires

Une carte pour les CMU-Cistes ? Dans son rapport d’activité 2013 paru fin octobre, le Fonds CMU propose l’expérimentation d’une carte rappelant aux bénéficiaires de la CMU-C l’étendue de leurs droits, « à l’instar d’une carte de mutuelle classique ». Pas de date de mise en œuvre de cette proposition, en revanche. Côté fraude, un seul pharmacien a signalé une utilisation frauduleuse d’une ­attestation CMU-C. ❙

toxicomanie

Vers un tour de vis sur les TSO Le 20 novembre dernier, les députés du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques (CEC) ont livré une vingtaine de mesures pour lutter contre les substances illicites. Parmi elles, trois concernent directement les pharmaciens. Ils proposent notamment de renforcer la sécurisation des ordonnances de traitements substitutifs aux opiacés (TSO) en ayant recours à la prescription électronique et de restreindre la ­délivrance à une seule officine désignée par avance. Ce n’est pas tout : les parlementaires prônent la gratuité des Stéribox et d’inciter les pharmaciens à récupérer les seringues usagées. Dernière proposition : renforcer la place de l’addictologie dans les études. ❙ 12 I No 1265 I Décembre 2014

Didier Tabuteau, titulaire de la chaire Santé à Sciences-Po. (Source : Le Monde)

« Il y aura forcément des médecins à Noël. »

© MIGUEL MEDINA

Alain Daboul, médecin épinglé par l’Assurance maladie pour 930 prescriptions en « NS » , tente de se justifier sur Egora.fr.

« Les docteurs en médecine n’ont jamais voulu que d’autres professionnels de santé émergent. »

© MIGUEL MEDINA

DR

« Je voudrais qu’on me laisse tranquille. […] Tout le pouvoir est donné aux pharmaciens, qui doivent écouler leur stock. »

Marisol Touraine, ministre de la Santé, minimise la portée de l’appel à la grève des syndicats de médecins pendant la période des fêtes. (Source : Lepoint.fr)

internet

Doctipharma part de loin Avec l’annonce de la vente d’OTC sur son site, Doctipharma tente le tout pour le tout dans ce marché très disputé.

C

e n’est finalement pas la pharmacie 2M de Sainte-Florine (Haute-Loire) qui aura eu la primeur de la vente d’OTC par le portail Doctipharma mais un confrère marseillais, la pharmacie Saint-Barthélemy. Un succès médiatique pour le site monté par Largardère, qui taille des croupières à son principal concurrent 1001Pharmacies.com. Le jeu en vaut-il la

chandelle ? Le baromètre édité pour la première fois le 20 novembre par la société Median Conseil remet les pendules à l’heure. Bien qu’en ­augmentation, le marché de l’OTC en ligne ne représente encore que moins de 1 % de l’automédication, soit 20 millions d’euros environ, bien loin des 8 à 10 % constatés outre-Rhin. De plus, « Doctipharma part de loin par rapport à ses principaux concurrents qui ont démarré depuis deux ans », relativise Benoît Thomé, à la tête de Median Conseil. Mais le groupe peut compter sur des relais presse importants et communique (très) largement. Il a notamment été le premier à lancer une campagne en juillet dernier. Une petite révolution « 2.0 ». ❙

INFORMATIQUE

Fini la pub dans les logiciels… ou presque Le décret paru le 15 novembre interdisant la publicité dans les logiciels d’aide à la dispensation (LAD) ne résout pas grand-chose. En termes de délais tout d’abord : le texte prévoit une certification au 1er janvier 2015, l’objectif de départ édicté par la loi Bertrand. « Illusoire », à écouter Denis Supplisson, directeur général délégué de Pharmagest, l’opérateur majeur du marché de l’informatique officinale en France. Et même le rab de six mois évoqué lors

des discussions de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 semble trop juste. Sur la publicité ensuite : si le décret exclut de facto toute réclame dans la partie dispensation de la suite logicielle des pharmaciens, il ne dit rien sur ses autres fonctionnalités, notamment sur la gestion des

stocks. « Nous nous conformerons strictement à la loi, précise Denis Supplisson. Ces partenariats avec les laboratoires sur la partie gestion des stocks de notre solution, nous la conserverons. » En d’autres termes, seuls les pop-up avec des ventes associées font partie du passé… ou plutôt feront, après que la Haute Autorité de santé aura passé l’appel d’offres et choisi l’organisme qui devra ensuite délivrer la fameuse certification. Patience et longueur de temps…


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Actualité

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

REPÈRES

93 %

400

92

sur les 1 250 instituts de formation qui ont déposé des programmes de DPC ont été effectivement enregistrés comme organismes de DPC.

avaient un taux de substitution supérieur à 80 % en octobre dernier. Ils n’étaient que 74 six mois auparavant. La substitution est toujours dynamique !

organismes agréés

(Source : FSPF)

départements

(Source : Assurance maladie)

Une très grande majorité des pharmaciens a choisi en octobre dernier la numérisation pour la transmission des ordonnances, qu’elle soit totale (SCOR à 68,7 %) ou partielle avec SCANORDO (23,9 %). Seuls 7,3 % d’entre vous ont encore recours aux envois papiers.

30,1 % La rosuvastatine représentait en 2013 près d’une boîte sur trois de statines en France. Sa part de marché est de 0,5 % en Allemagne, 3,9 % en Angleterre et 7,8 % en Europe. (Source : IMS)

(Source : Assurance maladie)

coordination

déontologie

La sortie de l’hôpital n’est parfois que le début d’un parcours du combattant, notamment dans la transmission d’information entre professionnels hospitaliers et de ville. Pour tenter de remédier au problème, un collectif de professionnels de santé et de patients bretons (URPS, Omédit, CISS…) lance une carte de coordination à destination des patients. Une campagne d’information a eu lieu du 24 au 28 novembre dernier. Reste à ancrer les bons réflexes chez tous les acteurs, notamment les patients. ❙

C’est une première : la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) a émis un serment commun à tous les potards du monde, décliné en neuf devoirs. On peut notamment y lire qu’en tant que pharmacien, vous devrez « servir l’humanité » en traitant toutes et tous « de manière égale sans distinction », mais aussi « maintenir à niveau [vos] savoirs professionnels ». Rien que de très normal, après tout. Le texte est pour l’instant disponible en anglais, français, allemand et… mongol. ❙

Une carte ville-hôpital pour les Bretons

Les neuf commandements du pharmacien

MACRO / ÉCO

À chaque région sa consommation de médicaments

Indice 1,00 = moyenne française

1,09

On savait les régions différentes mais pas à ce point. La différence de consommation d’unités communes de dispensation (UCD) – un comprimé pour une boîte et un flacon pour un sirop, par exemple – varie énormément entre les régions ! Les deux extrêmes sont l’Île-de-France et le Limousin, les Franciliens consommant en effet 16 % de moins que la moyenne française, mais les Limousins 35 % de plus ! Les raisons sont mal connues : l’âge moyen n’explique en effet pas tout, ni la densité médicale, qui n’influe pratiquement que sur le prix des produits. Un mystère à résoudre pour les économistes de la santé.

1,01

Île-de-France

1,11

1,05 0,84

0,96

1,12

1,10

0,96 0,91

1,06

+ 16 à + 20 %

0,94

1,17

> + 20 %

+ 11 à + 15 %

Limousin

+ 6 à + 10 %

1,13 1,35

0 à + 5 % 1,13

– 4 à – 1 %

0,88

– 9 à – 5 %

1,05

– 14 à – 10 % 1,03

1,12

– 19 à – 15 %

1,10 Source : IMS Health, juillet 2014.

1,07

Décembre 2014 I No 1265 I 15


Actualité En bref

LABORATOIRES ❙❙Les laboratoires Servier ont annoncé mi-novembre la signature pour 1 milliard de dollars d’un accord avec la société américaine Intarcia afin de commercialiser un implant sous-cutané destiné au traitement du diabète de type 2, un marché extrêmement prometteur. L’implant passe à l’heure actuelle ses derniers essais de phase 3 (source : Le Monde). ❙❙Le groupe américain basé en Irlande Perrigo a annoncé qu’il allait acquérir le groupe belge spécialisé en automédication Omega Pharma pour la somme de 3,6 milliards d’euros. Fort d’un portefeuille de 2 000 produits, Omega Pharma, société fondée en 1987 par son actuel propriétaire et directeur général Marc Coucke, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros sur 12 mois à fin septembre. Cela en fait le cinquième acteur du médicament OTC en Europe.

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

NOMINATIONS x Cécile Tagliana, administratrice civile hors classe, est la nouvelle conseillère en charge de la santé et de l’autonomie du Premier ministre, Manuel Valls. Elle succède à Cécile Courrèges, partie à la direction générale de l’agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. x Marie-Sophie Desaulle, ex-directrice générale de l’ARS Pays de la Loire, est chargée d’une mission sur la mise en œuvre du rapport Piveteau sur le handicap.

x Jean-Yves Grall, directeur général de l’ARS Nord-Pas-de-Calais, préside désormais le collège des directeurs généraux d’ARS. x Évelyne Guigou, jusqu’ici directrice de la stratégie, des études et de l’évaluation, devient directrice générale adjointe de l’ARS Nord-Pas-de-Calais. x Stéphane Grenon a été nommé directeur général d’Alloga France ainsi que de Skills in Healthcare, marque d’Alloga France.

x Hervé Jouves a été nommé président de Lafayette Conseil (Pharmacie Lafayette et Optique Lafayette). Il en était le directeur général depuis 2012. x Le président du groupement PHR, Lucien Bennatan, a été élu président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). x Mickael Benzaqui a été élu président de l’Intersyndicat national des internes, dont il était le secrétaire général. Il succède à Emmanuel Loeb.

À votre santé ! par Martin Vidberg

Quand on aime, on compte ! Si l’expérimentation de dispensation à l’unité des antibiotiques fonctionne, elle sera généralisée, a prévenu Marisol Touraine. Euh… vraiment ?

❙❙L’Inde passe en force sur les génériques ! Le génériqueur indien Cipla a indiqué qu’il avait demandé à son gouvernement de révoquer cinq brevets détenus par Novartis sur le traitement de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) Onbrez (indacatérol) et qu’il avait lancé un générique afin d’améliorer l’accès au produit dans le pays. ❙❙GW Pharmaceuticals espère déposer en 2016 une première demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe et aux États-Unis pour son médicament dérivé du cannabis Epidiolex (cannabidiol) dans le syndrome de Dravet, une forme rare d’épilepsie. La Food and Drug Administration (FDA) a autorisé en 2013 l’utilisation du produit à titre compassionnel. ❙❙Retirée en France, la pioglitazone fait l’actualité aux États-Unis. Takeda et Lilly ont annoncé que les dommagesintérêts auxquels ils avaient été condamnés dans un procès intenté par un patient victime d’effets indésirables ont été revus à la baisse en justice. Ils passent ainsi de 6 milliards à 27,65 millions de dollars pour Takeda et de 3 milliards à 9,22 millions pour Lilly. Takeda prévoit tout de même de faire appel.

16 I No 1265 I Décembre 2014

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Le Kiosque

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Les médias parlent de vous, on vous en parle… parle... par Laurent Simon LA MARSEILLAISE (21 octobre)

Mobilisés pour la proximité Régusse est un village de 2 279 habitants dans le Var et la commune est bien décidée à obtenir son officine, malgré le fait qu’il lui manque 221 résidents pour y avoir droit. Près de 150 habitants ont ainsi manifesté fin octobre pour réclamer à l’agence régionale de santé (ARS) l’autorisation d’ouverture d’une pharmacie. Les édiles locaux font feu de tout bois depuis plusieurs années : la commune a notamment formé un recours auprès de la Cour de justice de l’Union européenne, conjointement avec la t­itulaire souhaitant s’installer à Régusse, rappelle le quotidien local. Interrogée­ par le journal, l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur indique que la décision pourrait être prise rapidement. ❙ LE MONDE (23 octobre)

Les médecins piqués au vif La proposition de Marisol Touraine de faire réaliser des injections vaccinales à l’officine fait des vagues chez les professionnels de ­santé, médecins en tête. Les syndicats de médecins font un casus belli­ de cette délégation de tâches, indique le quotidien national. Et l’Ordre de la profession crie à l’arbitraire et au manque de concertation. Infirmiers cliniciens, sages-femmes, le journal rappelle que la France a pris beaucoup de retard dans le développement de ces nouvelles professions de santé, notamment en raison des grandes réticences du corps médical. Concernant la vaccination, « on ne fera ni sans eux, ni contre eux », assure Philippe Besset, vice-président de la FSPF. ❙ 18 I No 1265 I Décembre 2014

LA VIE QUERCYNOISE (6 novembre)

FRANCE INTER (17 novembre)

Leclerc ne manque pas d’air Invité de la matinale de la radio publique le 17 novembre dernier, l’iconique Michel-Édouard Leclerc y a réitéré son plaidoyer pour la libéralisation de l’OTC dans « ses » grandes surfaces. Avec, cette fois, une provocation supplémentaire : le Breton se propose de « racheter des pharmacies ou s’associer à des pharmaciens », par exemple les « jeunes qui ne veulent pas payer les fonds de commerce de leurs aînés, très élevés ». Oubliant certainement à dessein que personne d’autre que des titulaires d’officine ne peut entrer au capital des pharmacies… à moins qu’il ne s’agisse d’une « intox » un mois et demi avant que la loi sur les professions réglementées n’entre en discussion à l’Assemblée nationale. Dans la même interview, le grand patron prédit la mise en ligne d’un site estampillé Leclerc pour la vente d’OTC. À suivre…

LE PARISIEN (5 novembre)

LE RÉPUBLICAIN LORRAIN (27 octobre)

Un escroc peut en cacher un autre

Gardes, mode d’emploi

Une pharmacienne des Mureaux (Yvelines) est au cœur d’une vaste escroquerie, portant notamment sur quelque 7 000 boîtes imaginaires de médicaments, facturées indûment à l’Assurance maladie, rapporte Le Parisien. Elle aurait agi de la sorte pour éponger ses dettes, a-t-elle avoué aux enquêteurs. Mais ce n’est pas tout : son mari est également poursuivi pour détournement d’actifs successoraux. Sacré couple. ❙

Des médicaments le dimanche, c’est possible toutes les semaines, à condition de connaître la pharmacie de garde. Le quotidien lorrain fait un point sur les quelques règles que doivent connaître les patients. Rien de mystérieux, mais si cela pouvait apprendre à certains à ne pas déranger leur pharmacien pour mettre à jour leur carte Vitale au petit matin, ce serait quelques heures de sommeil de gagnées pour tout le monde. ❙

L’ARDENNAIS (13 novembre)

L’EST RÉPUBLICAIN (28 octobre)

Ultime survivant

Promesses d’avenir

Dernier commerce à subsister dans le quartier d’Orzy à Revin (Ardennes), la pharmacie de Ratovelo Vazaha est sur le point de déménager… à condition que l’agence régionale de santé de ChampagneArdenne donne son feu vert. Le titulaire a déjà trouvé une solution : des locaux dans le quartier de la Campagne. Le temps presse : avec le départ du dernier médecin, son chiffre d’affaires est en chute libre. ❙

« Le diplôme de pharmacien est un diplôme riche et non un diplôme de riches. » Le pharmacien nancéen Jean-Claude Sonntag, qui parrainait le serment des nouveaux pharmaciens de la promo 2013-2014 à la faculté de ­Nancy, a voulu donner quelques notes d’espoir. Qu’on se rassure, la relève est assurée : la major de la promotion LauraÉlia Louis ne souhaite qu’une chose, ouvrir son officine. ❙

Perspectives professionnelles Nathalie Macedo est une pharmacienne hospitalière mais a quelques idées sur la pharmacie de ville. Interrogée par l’hebdomadaire local, elle dresse un constat plutôt juste de la situation des pharmaciens en France, dans un article intitulé : « Quel avenir pour les pharmaciens face à la grande distribution ? » La professionnelle a sa petite idée : « Dans certains pays, les choses sont établies […], le thérapeute fait un diagnostic […] et les pharmaciens délivrent la substance la plus adéquate. […] En France, l’usage n’est pas ainsi. » La place du pharmacien serait « délicate », car coincée entre une réglementation lourde et des usages professionnels « difficiles à gérer ». On ne pourrait être plus d’accord. ❙ SUD-OUEST (7 novembre)

Contre-enquête à décharge Les pharmaciens sont-ils des privilégiés ? Pour tenter de répondre à cette épineuse question en plein débat sur les professions réglementées, Sud Ouest est allé sur le terrain à la rencontre d’un titulaire. Procédure de sauvegarde, problème de ressources humaines, l’intéressé gagne largement moins, selon ses dires, que les 7 671 euros mensuels calculés par le rapport de l’Inspection générale des finances. Son cas n’est pas isolé : la moitié des pharmacies de Poitou-Charentes connaîtraient des « ennuis financiers plus ou moins graves », témoigne le coprésident du syndicat des pharmaciens de Charente-Maritime, Antoine Bordas. ❙


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Actualité Enjeux

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Lancés en grande pompe il y a déjà un an et demi, les entretiens des patients sous ­antivitamines K (AVK) traversent aujourd’hui une mauvaise passe dont ils pourraient ne pas sortir. Voici pourquoi. par Laurent Simon

IL FAUT SAUVER LE SOLDAT AVK Ce n’est pas trop tôt  ! Après presque six mois d’attente, les premières sommes dues aux pharmaciens pour les entretiens des patients sous antivitamines K (AVK) menés entre juillet et décembre 2013 ont été versées par l’Assurance maladie à partir du 17 novembre dernier. Pas en intégralité, certes,

puisque seuls les entretiens des patients du régime général sont concernés dans un premier temps, mais tout de même… Côté pécuniaire, le premier bilan n’est pas mirobolant : au 31 décembre dernier, les pharma« Les entretiens AVK ciens avaient mené 88 006 séries de prennent trop de temps 2 entretiens exactement. Ce sont donc en tout 3,5 millions d’euros qui et sont mal payés. » seront versés pour clôturer cette première année d’entretiens. Une Véronique Clouet, pharmacienne somme à se répartir entre les quelque 13 000 pharmacies impliquées, soit 270 euros environ pour les pionniers des AVK, qui ont réalisé une petite dizaine d’entretiens en moyenne par officine. Un début pour cette tentative historique de faire se rencontrer le pharmacien et ses patients en « colloque singulier ». Bilan clinique L’heure aussi pour le payeur de faire un premier bilan de l’initiative. Ce que l’Assurance maladie a promis de faire au premier semestre 2015 sur la partie clinique pour répondre à la question principale : les entretiens AVK ont-ils permis de sauver des vies et d’éviter des hospitalisations ? En croisant les données issues de ses gigantesques bases de données, le Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie (Sniiram) et son pendant hospitalier, le Programme médicalisé des systèmes d’infor20 I No 1265 I Décembre 2014

mation (PMSI), elle espère avoir un état des lieux précis : diminution du nombre d’hospitalisations, d’accidents iatrogéniques… Mais les résultats ne seront pas connus tout de suite : « Les données du PMSI 2014 seront reçues mi­-2015. L’évaluation ne pourra donc se faire avant fin 2015 », indique­-t-­on à la Caisse nationale d’assurance maladie. On saura alors si « les patients susceptibles d’accepter ces entretiens ne sont pas déjà les plus observants, relève un économiste de la santé. Il aurait fallu mettre en place une machinerie pour recruter des patients non volontaires. En l’état actuel, les patients les moins observants ne sont pas touchés par les entretiens. » Le même pointe un paradoxe dans la méthode d’évaluation : « Ce n’est pas forcément de l’intérêt de l’Assurance maladie de montrer que c’est coûtefficace ; le risque est à terme qu’elle paie moins les pharmaciens. » Non-dits en série La pérennité de ces entretiens se joue donc dans les mois à venir… mais peut d’ores et déjà se lire dans la manière dont ils ont été portés sur les fonts baptismaux. Entre les médecins et les pharmaciens, les relations ont été pétries de non-dits dès le départ. La possibilité de modifier les posologies des AVK n’a par exemple même pas été envisagée pour se concentrer sur l’observance pure et dure, censée être le bastion des potards. Quant à l’INR, le pharmacien est supposé en vérifier la réalisation mais pas le niveau… « Ce n’est pas ce que demandaient les pharmaciens », confirme-t-on à l’Assurance maladie. Très opposés dès le départ aux entretiens, en grande partie par manque d’informations, les médecins n’ont depuis pas facilité les choses. Pour preuve : l’accord tripartite, prévu


Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

pour aplanir les éventuels différends entre pharmaciens, médecins et Assurance maladie, évoqué dès le départ des négociations, n’est jamais sorti des cartons. Avec une conséquence directe : le recrutement des patients se fait presque exclusivement par l’Assurance maladie, qui a déjà envoyé 500 000 courriers aux patients concernés par les entretiens, et par les pharmaciens eux-mêmes. L’implication des médecins de base est a minima très variable. Leur assentiment reste pourtant indispensable à l’avenir. Contre-exemple belge Une situation très similaire à celle qu’ont vécue les pharmaciens belges, qui ont lancé en septembre dernier des entretiens asthme avec des modalités presque identiques à ceux qui seront menés en France, et dont la première année se clôt sur un demi-échec, à écouter l’Association pharmaceutique belge. Parmi les raisons : un manque d’appui, voire une méfiance du corps médical. Retour dans l’Hexagone : piqués au vif par les retards de paiement de l’Assu- III

Enjeux Actualité

Audités à l’insu de leur plein gré Si on attend encore les preuves d’efficacité clinique des entretiens pharmaceutiques, l’Assurance maladie a déjà un bilan en main sur l’item « satisfaction patient ». L’institution a en effet missionné la société A+A ou Qualimarket, avec qui elle avait déjà travaillé notamment sur l’expérimentation Sophia dans le diabète et qui se présente comme fournissant des « terrains et études marketing ». La prestation des pharmaciens a donc été qualifiée par cet institut à partir de mai dernier : les patients qui acceptaient de participer touchaient 30 euros pour 60 minutes. « Il ne s’agit en aucun cas d’apporter un jugement sur le travail des professionnels », se défend l’Assurance maladie dans un courrier, ni même, selon elle, d’agir dans le dos des pharmaciens, même si certains, notamment en Gironde, ont eu la désagréable expérience de voir leurs patients questionnés par A+A, sans en être tenus au courant. « L’étude est effectuée auprès de pharmaciens des villes suivantes : Paris, Angers, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Amiens, Montpellier… Les assurés peuvent avoir eu un entretien AVK dans une pharmacie de ces villes mais pas nécessairement dans une pharmacie sollicitée par l’institut […]. Leur pharmacien pourra donc ne pas être au courant de la démarche. » Cette vague d’évaluation achevée, qu’on se rassure : les résultats sont plutôt « plutôt encourageants », estime-t-on à l’Assurance maladie, même si ils doivent encore être consolidés.

Décembre 2014 I No 1265 I 21


Actualité Enjeux [Il faut sauver le soldat AVK]

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rance maladie, les pharmaciens se démo- tement polémique de la ministre de la Santé tivent progressivement : « Franchement, le Marisol Touraine. Car non contents de ne pas ­système est à revoir : trop preneur de temps, mal accepter une délégation de tâches combattue adapté à l’exercice professionnel et… mal payé !, avec force depuis le vote de la loi Hôpital, réagit durement Véronique Clouet, pharma- patients, santé et territoires (HPST) en 2009, ils cienne à Puisserguier (Hérault). En ce qui me sont également sur les rangs pour investir des concerne, n’ayant pas d’adjoint, je n’ai pas pu en champs où les pharmaciens sont habituellement faire par manque de temps. Pourtant j’avais considérés comme leaders, à l’instar de l’obsersuivi une formation. » Pour vance. Le 12 novembre derla petite histoire, les « Il faut donner nier, la société IMS Health a 40 euros de rémunération aux médecins les précisément publié une des pharmaciens ont été grande étude menée sur calculés à partir de la moyens d’expliquer 6 400 pharmacies. Les résul­r émunération, charges les traitements tats sont éloquents : sur les sociales comprises, d’un pathologies étudiées, dans adjoint sur la base d’entre- chroniques. » 6 cas sur 10, le patient ne tiens d’une durée de CSMF suit pas son traitement à la 20 minutes. La ­possibilité lettre. Ce constat diffère évid’étendre les entretiens AVK aux anticoagulants demment selon les maladies : l’observance est d’action directe – les ex-Naco Pradaxa, Xarelto, ainsi vraiment catastrophique pour l’asthme Eliquis – est considérée pour le moment par (13 %), mais un peu meilleure pour l’hyperchol’Assurance maladie comme « trop prématurée », lestérolémie (44 %) ou l’ostéoporose (52 %). malgré l’insistance des pharmaciens et l’exis- Avec un coût évitable des complications estimé tence de recommandations officielles de la par IMS à environ 9 milliards d’euros. Haute Autorité de santé. De fait, la croissance du nombre d’entretiens réalisés ralentit pro- Transformer l’essai gressivement : 88 000 au 31 décembre 2013, et Qu’on se le dise, les pharmaciens ne seront pas seulement 147 752 dix mois après, alors qu’on les seuls sur ce créneau. « Les médecins ne aurait pu s’attendre à un triplement. s’estimaient pas forcément les mieux placés. Ils restaient à distance », commente-­t-­on chez IMS. L’observance convoitée Mais ça, c’était avant… Pour preuve : deux Le nombre de pharmacies impliquées stagne semaines après la publication de l’étude, l’un également : 63 % des officines en octobre der- des principaux syndicats de médecins, la Confénier contre 60 % fin 2013. Et pourtant, les dération des syndicats médicaux français entretiens pharmaceutiques sont la plus grande (CSMF), a appelé « les pouvoirs publics à donner innovation professionnelle depuis la substitution […] les moyens aux médecins libéraux de pouvoir générique… en attendant la vaccination, si les prendre plus de temps pour expliquer [les traitemédecins laissent passer cette proposition hau- ments chroniques] et convaincre les patients du bénéfice qu’ils auront à les suivre ». L’observance est en effet un cheval de bataille commun à tous les acteurs de la santé. Les industriels misent beaucoup dessus, tout en n’ayant suivi que de loin le développement des entretiens pharmaSigné en mai dernier, en même temps que les honoraires pharmaceutiques, ceutiques, se focalisant surtout sur la iatrogénie l’avenant instaurant les entretiens asthme attend toujours sa parution des personnes âgées. Seuls les génériqueurs se au Journal officiel, qui devrait arriver selon toute probabilité avant la fin sont impliqués significativement dans l’accomde l’année. En espérant qu’ils ne souffrent pas du pagnement des entretiens pharmaceutiques. Il même défaut que leur cousin AVK… Car, toujours reste néanmoins une chance aux pharmaciens pour ménager les susceptibilités des médecins, les de transformer l’essai. Dans les futurs entretiens négociations des entretiens asthme se sont rapideasthme (voir encadré ci-contre, « L’asthme, otage ment centrées autour des patients en initiation de du JO »), où l’apprentissage de la manipulation traitement et non sur les patients dont la pathologie des inhalateurs jouera un grand rôle, les potards est déstabilisée et consommant trop de bronchoont l’atout nécessaire pour ne pas laisser les dilatateurs. Une fois les textes parus, ce sera à vous entretiens pharmaceutiques entrer dans leur de faire démentir les pronostics l histoire professionnelle comme une parenthèse désenchantée. x III

L’asthme, otage du JO

22 I No 1265 I Décembre 2014


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génériques

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ETAUSSI

RÉFORME

Les honoraires arriveront le 1er janvier Entérinés depuis mai dernier dans les moindres détails entre la FSPF et l’Assurance maladie (0,80 euro par boîte au 1er janvier 2015, 1 euro un an après), les honoraires pharmaceutiques deviendront une réalité « à partir du 1er janvier 2015, comme prévu », assure Philippe Besset, viceprésident de la FSPF, au lendemain d’un énième rendez-vous avec Bruno Maquart, directeur adjoint du cabinet de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Depuis la signature de la convention pharmaceutique, en 2012, la course contre la montre a été lancée pour respecter ce délai. Moins d’un mois avant le terme, le temps presse néanmoins, puisque les textes censés accompagner la réforme n’étaient toujours pas parus à l’heure où nous écrivons ces lignes, malgré les assurances de l’avenue de Ségur. Côté éditeurs de logiciels, qui doivent adapter l’informatique officinale, tout devrait être paré, assure également le syndicaliste. En outre, « il faut maintenant rattraper le temps perdu, tempête Philippe Besset. Les honoraires auraient dû être en place depuis le 1er janvier 2014 et amortir les effets des baisses de prix actées cette année sur notre rémunération. » S’ouvrira ensuite une nouvelle ère pour la pharmacie d’officine. Rendez-vous au 1er janvier. ❙

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On prend les mêmes et on recommence L’avenant génériques pour 2015 a été signé in extremis le 14 novembre dernier entre les syndicats et l’Assurance maladie. Pas la révolution prévue, mais quelques défis à relever l’année prochaine.

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e départ de Frédéric Van Roekeghem de la direction de l’Assurance maladie mi-novembre n’aura pas permis d’engager le chantier de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) souhaité par la FSPF. En attendant donc de remettre l’ouvrage sur le métier, les syndicats ont signé un accord le 14 novembre dernier identique dans les grandes largeurs à celui signé en mai. Au lieu de 27 molécules cibles par­ti­culièrement surveillées par l’Assurance maladie et servant au calcul de la Rosp pour chaque officine, l’avenant 2015 n’en prévoit plus que 25. Et sur ces molécules, 23 faisaient déjà partie du baromètre de la Caisse nationale en 2013. Les seuils bas et intermédiaires ainsi que les taux de départ, mesurant les performances individuelles en termes de substitution, sont également identiques pour les 22 molécules déjà génériquées en 2014. Seul l’escitalopram (Seroplex), nouvellement génériqué, verra son taux de départ fixé en fin d’année 2014. Efforts continus L’objectif national de substitution reste également fixé à 85 % – il était de 82,9 % fin octobre dernier. Une stabilité en trompe-l’œil, comme tous les ans : le mécanisme de rebasage du Répertoire fait que

le taux national baisse mécaniquement à chaque introduction d’une nouvelle molécule. Pour qu’il reste aussi­élevé qu’en 2014, ce qui est a minima l’objectif des partenaires conventionnels, il faudra donc continuer à substituer les anciennes molécules mais également s’investir dans les nouvelles. Pour cela, les pharmaciens pourront toujours s’appuyer sur la mesure « tiers payant contre génériques », également reconduite pour 2015. Rappelons que les pharmaciens ont permis en 2014,

grâce aux génériques, de faire économiser 1,6 milliard d’euros à l’Assurance maladie… et ils ont gagné près de 6 200 euros par officine. Pas négligeable en temps de crise. ❙

NOTABENE Concernant la stabilité de la délivrance chez les personnes âgées, seule la répaglinide sort de la liste de molécules pour lesquelles 90 % des patients de plus de 75 ans doivent se voir proposer une seule marque de générique, afin d’éviter une minoration de 20 % de leur Rosp générique.


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arnaque

Attention aux faux agents de la direction de la santé ! Des pharmaciens ont été contactés par des personnes se présentant comme des agents de la direction générale de la santé (DGS). Attention à ne rien leur divulguer !

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leur chiffre d’affaires et sur le personnel », peut-on ainsi lire dans ce courrier signé Françoise Weber, la vraie directrice générale adjointe de la DGS. Il va de soi que « la DGS n’a jamais entrepris de telles démarches, auxquelles il est fortement recommandé de ne pas répondre ». Et, le cas échéant, de solliciter les autorités compétentes. De manière générale, aucune agence publique ne demande jamais à ses administrés de leur « rappeler » leurs coordonnées ou tout autre renseignement confidentiel. Soyez vigilants. ❙

l semble bien que des escrocs tentent de profiter de la crédulité de certains professionnels pour leur arracher des informations personnelles. La FSPF a ainsi été destinataire d’une missive d’avertissement de la part de la direction générale de la ­santé (DGS) : « Des personnes se présentant comme des agents de la DGS contactent des pharmaciens pour solliciter des renseignements très précis, et notamment leur mail afin de leur adresser soi-disant un document confidentiel de la part du ministère, ainsi que des informations sur

coordination

Touraine aura recours à un arbitrage sur les soins de proximité Le ministère de la Santé doit maintenant gérer l’échec des négociations sur le projet d’avenant à l’accord-cadre interprofessionnel (Acip) et le projet d’accord conventionnel interprofessionnel (ACI).

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n ne prédisait pas un grand avenir à l’avenant de l’accord-cadre interprofessionnel, censé réguler et rémunérer le travail des équipes de soins de proximité. Et on avait raison : conduites depuis fin avril par plus de 48 organisations syndicales – dont la FSPF –, rassemblées notamment au sein de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), les négociations ont capoté

début novembre. L’UNPS a violemment réagi en dénonçant le fait que « l’Uncam [Union nationale des caisses d’assu-

rance maladie, NDLR] ait retenu […] un système très compliqué, b a s é s u r u n d é co u p a g e ­pathologie par pathologie », en plus d’un système trop centré sur la sortie d’hospitalisation à son goût. Bien loin donc du « virage ambulatoire » promis par le ministère de la Santé. Pour Marisol Touraine, l’échec est patent, elle qui comptait sur ces textes pour structurer sa stratégie nationale de santé. La FSPF a

déploré ce « véritable rendezvous manqué […]. Les annonces faites dans le cadre de la stratégie nationale de santé [n’ont] pas été suivies des moyens nécessaires à la mise en place d’une coordination libérale des soins de proximité ». La ministre de la Santé n’a néanmoins pas renoncé à tout projet en la matière. Comme elle l’avait évoqué dès le départ des négociations et à nouveau en juillet à l’approche de leur terme initial, elle a annoncé qu’elle allait recourir à un arbitre extérieur, en la personne de Bertrand Fragonard, ex-président du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. Il s’agit de gérer l’urgence pour permettre aux maisons de santé de fonctionner malgré l’échec des négociations. Le règlement arbitral est valable pour une durée de cinq ans. ❙ Décembre 2014 I No 1265 I 27


Publi rédactionnel

Gestion du tiers payant

L’engagement d’une coopérative de pharmaciens La Société des pharmaciens du Centre propose de réaliser, pour l’officine, toute la gestion du tiers payant. La condition : adhérer à cette coopérative créée par et pour les pharmaciens. La Société des pharmaciens du Centre (SPC) a été créée en 1978, sous la forme d’une coopérative, dans l’objectif alors de défendre le travail des pharmaciens d’officine indépendants : en offrant à la population le service du tiers payant, les pharmaciens ont pu éviter la création d’une pharmacie mutualiste à Orléans. Regroupant à l’origine des officinaux de la seule région Centre, la coopérative a décidé, en 2001, de s’ouvrir à tous les pharmaciens de France. Aujourd’hui, elle compte plus de 800 adhérents issus de toutes les régions et représente une vraie force engagée dans la défense de la profession et le soutien des confrères dans leur pratique quotidienne.

Gain de temPs, Paiements Garantis

Jean-Marc Franchi, président de la spC.

Depuis sa création, en collaboration avec Résopharma qui assure le transport des flux, la SPC propose à ses adhérents de réaliser, à leur place, la gestion des opérations de tiers payant : pointage des bordereaux de paiement, traitement des rejets, recyclage des factures, relance auprès des organismes payeurs, rapprochement bancaire, etc. Pour le pharmacien d’officine, il s’agit d’un travail particulièrement chronophage lorsqu’il est réalisé en interne, avec le risque de laisser passer des erreurs ou d’oublier de traiter un dossier. « Le service que nous avons mis en place permet au titulaire de libérer du temps et d’être plus disponible au comptoir. Il peut ainsi se recentrer sur son cœur de métier. De plus, nous l’aidons à diminuer le nombre de rejets et donc les impayés », indique Jean-Marc Franchi, président de la SPC. Comment la société coopérative organiset-elle cette gestion ? Avec rapidité et efficacité grâce à une méthodologie de travail rigoureuse, une banque de données exhaustive et des contacts privilégiés avec les caisses et mutuelles. « Nous ne rentrons jamais dans le système informatique du

pharmacien », tient à préciser Jean-Marc Franchi. La coopérative reverse aux pharmaciens, par virement, les sommes correspondant aux factures adressées aux régimes obligatoire (RO) et complémentaire (RC). Pour les règlements et les coûts, elle propose plusieurs options. Le pharmacien a ainsi le choix parmi quatre délais moyens de paiement : x 5 jours, soit 8 virements mensuels (option A) ; x 7 jours, soit 8 virements mensuels (option B) ; x 9 jours, soit 5 virements mensuels (option C) ; x 13 jours, soit 5 virements mensuels (option D). Ceci pour un engagement d’une télétransmission journalière (RO+RC). Un relevé des sommes versées est envoyé tous les quinze jours, composé d’une ligne par journée de télétransmission. « Au jour choisi pour le virement, le pharmacien sait que l’argent est sur son compte. À charge pour nous de récupérer les sommes dues auprès des caisses. C’est, pour le profes-

sionnel, un vrai avantage qui fait la différence entre nous et les autres sociétés de gestion du tiers payant. Celles-ci en effet gèrent le flux financier sans s’occuper si l’argent rentre sur le compte du titulaire », souligne Jean-Marc Franchi. Par ailleurs, confier la gestion de son tiers payant à la coopérative confère un autre avantage : celui d’avoir des mois de facturation gratuite du service quand la trésorerie de la société le permet. Autant d’arguments convaincants pour adhérer à la SPC et s’unir dans l’intérêt de tous. x

Le coût mensuel du service Il varie selon l’option de règlement et le nombre de factures. Pour 100 factures par jour, il est de : x 412,50 € pour l’option A ; x 343,75 € pour l’option B ; x 275,00 € pour l’option C ; x 206,25 € pour l’option D.


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Les communautés de patients en ligne ont vu le jour en 2011 à ­l’initiative de start-up françaises. À présent en plein essor, elles poussent certaines associations de patients à monter au créneau contre ces concurrents virtuels. Par François Silvan

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Le business de l’e-patient

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e problème tient en une devinette : comment rentabiliser un service gratuit ? Les communautés de patients proposent en effet pêle-mêle des informations en ligne par pathologie, un réseau social, des annuaires, des services de gestion de sa santé… Le tout gracieusement. Ces start-up, nées en 2011, se mettent déjà à l’heure internationale et leur chiffre d’affaires (CA) s’envole : Patientsworld passera par exemple de 275 000 euros de CA « Carenity vend en 2013 à 600 000 euros en 2014 et attend les résultats d’un appel à son échantillonnage projet européen (« Horizon 2020 ») de patients. » pour traduire son site en une quinzaine de langues. L’Europe est ­aussi Gabrielle Issaverdens, LJ Communication au rendez-vous pour la start-up Carenity, avec la mise en ligne depuis juillet d’un site en anglais, avant de se mettre à l’allemand, à l’espagnol et à l’italien d’ici à fin 2014, annonce son créateur, Michael Chekroun. « PatientsLikeMe [la plateforme américaine, première du genre, NDLR] possède quelque 250 000 inscrits au bout de dix ans. Nous en avons 50 000 répartis en une quarantaine de communautés de patients après trois ans, dans un pays cinq fois moins peuplé. Notre objectif : 200 000 membres inscrits fin 2015. » Quant à BePatient, 80 % de son CA se fait déjà à l’international. La croissance est donc au 30 I No 1265 I Décembre 2014

r­ endez-vous. Mais avec quel business model ? « Ce qui fait la force d’une plateforme comme Carenity, c’est son portefeuille de patients, observe Gabrielle Issaverdens, de la société LJ Communication, qui a travaillé avec Carenity en 2013. Elle vend en quelque sorte son échantillonnage de patients pour telle ou telle pathologie. » Data miners côté pile… Symptômes indiqués par les patients, efficacité perçue de leur traitement, tolérance, niveau d’observance, impact sur la qualité de vie… « Ces remontées nous permettent d’établir des baromètres tenant compte de la perception du patient en vie réelle », résume Michael Chekroun, qui reste cependant discret sur les clients de Carenity, tout en évoquant des travaux sur le parcours de soins du patient atteint de sclérose en plaques ou l’autosurveillance glycémique de patients diabétiques… « En gros, nous sommes des data miners, analyse Denis Grange, fondateur de Patientsworld. Nous vendons des stratégies marketing, des études cliniques ou marketing et des sondages, ainsi que des programmes de Health Management. Exemple avec le professeur Beauchet, du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers, sur la détection du risque de dépendance chez les seniors. » Fondé sur le Hospital to Home, le positionnement de


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BePatient est différent : accompagner le patient avant et à son retour d’hospitalisation et permettre aux praticiens de faire du télémonitoring. La téléconsultation, interdite en France, est même effective dans les autres pays où ­BePatient est implanté. Les programmes se font à l’initiative d’un établissement de santé, d’une mutuelle, d’un industriel ou d’un institut de recherche. BePatient commence à répondre à des appels à projets d’agences régionales de santé (ARS) ou de mutuelles, comme récemment auprès de la MGEN sur la prévention du risque cardiovasculaire : une expérience-pilote visant 20 000 personnes. …communautés de patients côté face Les structures de soins à domicile, qui emploient des professionnels nomades se déplaçant chez les patients, sont également très intéressées. Dans certains cas, l’entreprise propose une stratégie digitale de e-recrutement, comme pour l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui recherchaient récemment des femmes avec des prothèses PIP. Mais BePatient vise à terme d’autres acteurs : « Aujourd’hui, les assureurs viennent nous voir pour la mise en place de programmes de prévention. En 2015,

l’un de nos premiers programmes concernera l’accompagnement de l’hypertension », révèle Frédéric Durand-Salmon, le président fondateur de cette communauté de patients. « Notre modèle économique est transparent, commente Michael Chekroun. Il apparaît en page d’accueil. » De fait, les plateformes indiquent dans leurs conditions générales d’utilisation (CGU) et chartes de consentement leur manière de fonctionner. Tous les acteurs insistent sur le fait qu’ils ne donnent en aucun cas d’avis médicaux, ni à plus forte raison de consultations et ne prescrivent pas non plus de traitements. Les sociétés déclinent toute responsabilité quant aux informations diffusées, liens indiqués, données déposées, conséquences de l’utilisation de leurs services… On y prévient également de l’utilisation possible des données récoltées – après anonymisation et agrégation – auprès de « tiers autorisés ». La validation des CGU – au moins une dizaine de pages accessibles, certes en un clic, depuis la page d’accueil – valant accord. On se doute que peu ont la patience de s’y plonger. Se présentant légalement comme des intermédiaires techniques, la communication de ces plateformes est bien différente. Carenity se déclare, par exemple, « première communauté de patients en ligne ». Une ambiguïté qui III

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acteurs se partagent le marché des communautés de patients en France.

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fait grincer des dents un certain nombre d’associations. « Pour un citoyen lambda, la différence est bien mince avec la notion d’association III

Les industriels sur les rangs La tentation de faire émerger des communautés de patients en ligne existe aussi côté industriels. « Il y a des choses très bien faites, commente Beate Bartès, fondatrice de l’association Vivre sans thyroïde. C’est le cas de La Voix des patients. » Un site où la Fondation Roche vous propose de partager l’actualité des maladies chroniques. « La Voix des patients ne s’organise pas autour de communautés, note Yvanie Caillé, directrice de Renaloo, association de patients concernés par la maladie rénale chronique. De plus vous n’avez

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pas ici de collecte de données. » Pas de sondage non plus, jusqu’à présent. C’est aussi le cas du site SEP&Vous, créé par Novartis, même si l’implémentation de données personnelles y est nécessaire pour certains services. « Depuis des années, les industriels cherchent à avoir leur communauté de patients pour réunir leurs propres données, imaginer des services, analyse Gérard Raymond, secrétaire général de l’Association française des diabétiques. Nous nous en méfions autant que de ces start-up qui émergent. » Mais les labora-

toires sont prudents, commente un autre associatif, faisant remarquer que la loi Bertrand est passée par là… Il reste que le sujet est en vogue. Le Leem (Les Entreprises du médicament) a utilisé comme supports ses prix « Talents de patients » et « Paroles de patients » pour lancer le 10 septembre le site internet du même nom. « Je n’étais pas d’accord, observe Christian Saout. On ne peut pas revendiquer une approche patient et ne pas en être. Cela étant, le Collectif inter­associatif sur la santé (Ciss) laisse faire et ne dépose aucun recours. »

de patients », relève Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo (association de patients concernés par les maladies des reins ou l’insuffisance rénale chronique) et cosignataire en juin 2014 d’une tribune lapidaire dans Le Monde citant Patientsworld et Carenity. « Ce qui nous a fait bouger, c’est de les voir invitées dans des colloques en tant que représentants des patients », expliquet-elle. « Plusieurs choses nous avaient énervés, complète Beate Bartès, fondatrice de l’association Vivre sans thyroïde et cosignataire de cette tribune. Notamment l’irruption de community managers [salariés qui ont pour mission d’animer et de fédérer des communautés sur Internet, NDLR] de Carenity dans notre groupe fermé de malades de la thyroïde sur Facebook. » Dès 2011, le collectif des (im)Patients, Chroniques & Associés, réunissant diverses asso­ciations (Aides, Afsep, AFD, Fnair, Jeunes Solidarité Cancer, Association française des hémophiles…), s’est positionné en refusant toute sollicitation émanant de ce type de plateformes et dénonçant une confusion des genres. Positionnement ambigu « Nous n’avons pas vocation à porter la voix des patients, se défend Michael Chekroun. Notre rôle est complémentaire. » Les dirigeants du secteur mettent notamment un atout en avant : la possibilité de couvrir un grand nombre de patholo-


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Paule Drouault-Gardrat,

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avocate spécialisée dans les données de santé

gies, au contraire des associations de patients généralement centrées sur une seule maladie. « Nous sommes une plateforme collaborative, y compris au service des associations, relève Denis Granger. Je n’ai jamais fermé la porte à qui que ce soit. Au début de notre projet, j’ai rencontré l’industrie, les pouvoirs publics, 50 députés, plus de 200 associations… Dix ont accepté de venir nous voir. Certaines sont en train de s’enliser dans l’archaïsme. » « Les associations ne savent pas travailler ensemble, admet Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), qui est lui-même un regroupement de 40 associations dans le domaine de la santé. Le Ciss a occupé transversalement le secteur militant de la représentation associative, pas celui du service. Ces plateformes, elles, savent agréger des communautés sous un label. » Mais prendraient-elles in fine une place que n’ont pas su occuper les associations de patients ? Pour Gérard Raymond, secrétaire général de l’Association française des diabétiques (AFD), ces start-up peuvent paradoxalement constituer « un aiguillon » : « Leur discours est ambigu, mais c’est aussi à nous de réagir, y compris en nous modernisant. C’est pourquoi nous finalisons pour la fin 2014 une plateforme d’échanges permettant également de répondre à des études pour tout acteur se posant des questions sur le diabète. Nous craignons que ces start-up phagocytent la

Des associatifs parlent d’un problème juridique sur l’exploitation des données par les plateformes e-santé… Selon la loi, les informations sur la collecte de données doivent être fournies par « tout moyen ». Ici, c’est le cas en acceptant les conditions générales d’utilisation (CGU) à l’inscription, ce qui ne pose aucun problème juridique, mêmes si elles pourraient être plus visibles. Sur le fond, ces CGU sont complètes, y compris sur l’utilisation des données. Le cas classique est de prévoir une case à cocher pour les accepter mais la logique serait de le faire pour chaque étude en précisant le nom du client à qui elle est destinée. L’utilisation de données fournies par les patients pour des services en

ligne (suivi de poids, sevrage tabagique…) pose-t-elle question ? Il ne s’agit ici ni de diagnostic, ni de conseiller un traitement médical. La collecte et le traitement de données sont donc possibles avec l’accord de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Quant à décrire les effets secondaires et l’efficacité ressentis de traitements médicamenteux sur un réseau social, rien ne l’interdit. Facebook et Twitter ont même été identifiés comme des sources de pharmacovigilance par l’Agence du médicament (ANSM) et l’on incite de plus en plus les patients à déclarer eux-mêmes leurs effets indésirables. Que dit la législation sur la suppression des données personnelles ? Les CGU doivent vous indi-

quer la procédure à suivre pour obtenir vos données et les faire rectifier ou supprimer. En cas de nonréponse, vous pouvez déposer une plainte en ligne auprès de la Cnil. Pour l’avenir, le projet de règlement communautaire approuvé par le Parlement européen le 12 mars 2014 prévoit explicitement le droit à l’effacement des données. Il doit maintenant être approuvé par le Conseil européen. Enfin, la décision « Google » du 13 mai de la Cour de justice de l’Union européenne a confirmé l’application aux moteurs de recherche du droit de protection des données. C’est l’émergence d’un « droit à l’oubli ».

pensée des patients et l’orientent. » Autre enjeu capital : le modèle économique des structures associatives. La « valeur » des données de santé est centrale dans ce débat, les associations se positionnant comme plus légitimes et plus sûres pour attirer les partenaires potentiels. Des trois plateformes e-santé les plus connues, seule BePatient a pris un hébergeur agréé « données de santé ». « C’était un choix, car nous réalisons parfois du télémonitoring avec l’hôpital. Cela dit, je me suis posé la question, avoue Frédéric Durand-Salmon. Car il existe un “gris légal” sur lequel les meilleurs spécialistes peinent à trancher et qui permet grosso modo de faire ce qu’on veut. » Reste la question de la transparence. « Je n’ai pas de problème avec leur modèle économique, analyse Christian Saout. Mais III Décembre 2014 I No 1265 I 33


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la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) ne dispense les autorisations de collecte que dans un but précis, or je pense que l’usage fait des données dépasse parfois les buts qui fondent ces autorisations. » « Que l’industrie pharmaceutique s’intéresse « Certaines associations à des données qui permettront de mieux adapter les traitede patients s’enlisent ments ou dispositifs au quotidans l’archaïsme. » dien des patients est une bonne chose en soi, abonde Yvanie Denis Granger, fondateur de Patientsworld Caillé. Il faut juste lever les ambiguïtés vis-à-vis des utilisateurs­de ces services et préserver la réalité du consentement des personnes sur l’usage de leurs données. C’est tout à fait faisable de façon pédagogique, en quelques points très lisibles plutôt qu’avec des CGU d’une dizaine de pages que personne ne lira. » Son souhait : une charte de bonnes pratiques établie collectivement entre les représentants des patients, des plateformes, de l’industrie pharmaceutique… III

Les réseaux de l’e-pharmacovigilance Une réflexion d’autant plus à propos que l’usage des nouvelles technologies est déjà préconisé dans la pharmacovigilance. En 2013, l’ANSM a ainsi décidé de financer, à hauteur de 497 938 euros, un projet de recherche et d’analyse des effets indésirables rapportés par les 34 I No 1265 I Décembre 2014

patients sur les réseaux sociaux, leurs déclarations s’avérant « de qualité similaire à celle des professionnels de santé ». Reste à lever de nombreuses réticences. Denis Granger admet avoir du mal à trouver des fonds à l’heure où les pouvoirs publics « freinent des quatre fers » et où même les grands groupes industriels hésitent. Patientsworld dit avoir été consulté dix-sept fois par Sanofi… sans suite concrète. De plus, les patients seraient très peu engagés une fois inscrits sur ces sites, selon Yvanie Caillé. De son côté, BePatients a étudié le déploiement de « points of care » (bornes) pour faire du checkup mobile (dépistage) à partir d’un iPad équipé d’outils connectés (potentiellement en pharmacies). « Mais nous attendons, car il n’y a pas vraiment de modèle économique derrière », commente Frédéric Durand-Salmon. Il reste que l’on n’arrêtera pas la montée en puissance des nouvelles technologies dans la santé, reconnaît Beate Bartès. Qui pourrait d’ailleurs y prétendre quand le géant Apple intègre des applications santé dans son iPhone 6 ? « L’ergonomie et la convivialité du numérique sont tels… Je ne vois pas bien pourquoi et comment s’opposer à ce mouvement inhérent à une économie ouverte, observe Christian Saout. D’autant plus qu’il peut y avoir des solutions privées à des besoins privés. Nous vivons les derniers feux de la vie privée. Il faut juste savoir où nous allons. » ❙


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Santé Enquête

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Si le résultat peut être obtenu en 15 minutes, inutile en revanche de faire le test avant un délai de trois mois après l’exposition au risque. Positif ou négatif, le résultat doit ensuite être, de toute façon, confirmé en laboratoire. Une difficulté soulignée par de nombreux acteurs.

L’autotest du VIH dans l’impasse Initialement annoncée pour le 1er décembre, la commercialisation en pharmacie d’un autotest du VIH est contrariée par la question de son recyclage.

L NOTABENE Les grossistes-répartiteurs et le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie français (Cespharm) préparent des outils d’information et de formation pour accompagner au mieux les pharmaciens d’officine. De leur côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et la direction générale de la santé travaillent ensemble à la mise en place d’actions de communication auprès des utilisateurs.

38 I No 1265 I Décembre 2014

e 1er décembre était une date idéale. Quoi de plus symbolique en effet que la Journée mondiale de lutte contre le sida pour lancer sur le marché français le tout premier autotest du VIH sur sang capillaire dans toutes les officines de France et de Navarre ? Son nom ? Autotest VIH, « tout simplement », commente Fabien Larue, directeur opérationnel d’AAZ, la PME française qui le fabrique et le commercialisera à terme. Ce dernier explique « avoir un peu de retard sur le marquage CE », préalable indispensable à la mise sur le ­marché du dispositif médical. Marquage manquant « Quelques jours avant d’obtenir le feu vert de l’organisme notifié anglais que nous avions sollicité, les autorités de santé britanniques ont demandé la suspension de la délivrance du marquage en atten-

dant un consensus européen », raconte Fabien Larue, ajoutant que l’Allemagne est notamment opposée à la mise en vente libre de ce type d’autotest. Au vu, a contrario, de la détermination du ministère de la Santé français, « il est fort probable que l’enregistrement se fasse en France, par un organisme notifié français ». En l’occurrence, il n’y en a qu’un, le LNE/G-MED. Hiatus réglementaire Oubliez le 1er décembre : il va donc encore falloir quelques mois à la France avant de devenir le premier pays au monde à commercialiser un autotest du VIH par sang capillaire : « nous prévoyons un lancement pour la fin du premier trimestre 2015 », précise Fabien Larue. Il y a une dernière condition : que se mette en place une collecte adéquate de l’autopiqueur une fois utilisé. Destiné à intégrer le monopole officinal, Autotest VIH fonctionne sur le même

Le prix de vente recommandé sera de 20 à 25 euros TTC, selon le taux de TVA obtenu : AAZ a demandé à bénéficier d’une TVA à 5 %, comme le préservatif. ­ rincipe qu’un lecteur de glycémie p par prélèvement et analyse d’une goutte de sang. Il fait pourtant l’objet d’un imbroglio réglementaire quant à sa récupération. Fabien Larue indique qu’AAZ « a fait une demande de collecte par l’éco-organisme Dastri » qui répond, par la voix de sa déléguée générale, que l’autotest du VIH « ne rentre pas dans son périmètre d’un point de vue juridique ». ­Laurence Bouret renvoie à ­l’arrêté fixant la liste des pathologies conduisant à la production de déchets d’activité de soins à risque infectieux perforants (Dasri), mais ce dernier évoque bien l’infection à VIH. Et ajoute que l’autotest du VIH relève de dépistage, non de


Enquête Santé

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Prérequis à l’obtention d’un marquage CE, Autotest VIH proposera à ses utilisateurs une hotline gratuite et disponible 24 h/24 et 7 j/7. Il s’agira de la ligne de Sida Info Service.

MONTAGE PHOTO

© ORASURE

Autotest VIH a besoin de 2,5 µl de sang, soit l’équivalent de « la piqûre du diabétique » selon Fabien Larue, directeur opérationnel d’AAZ, son fabricant.

traitement, et qu’il ne se destinerait donc pas à des « patients en autotraitement », puisqu’il ne contient pas de substance médicamenteuse. De fait, l’agrément de l’éco-organisme stipule bien que les Dasri enlevés sont produits par des « patients en autotraitement » et une personne se rendant dans une pharmacie pour acheter un autotest n’est, par définition, pas encore malade. Pour autant, le cahier des charges incombant à Dastri définit le « patient en autotraitement » comme « tout patient qui s’administre par ses propres moyens un traitement médical et/ ou qui réalise de l’autosurveillance hors structure de soins et sans l’intervention d’un professionnel de santé ». La réalisation d’un autotest du VIH semble bien relever du second cas. Contradictions Quant à l’argument de l’absence de substance médicamenteuse, il ne tient pas debout quand on sait que Dastri récupère notamment des lecteurs de glycémie usagés. L’éco-organisme dit avoir

été informé de la problématique par l’intermédiaire d’un courrier envoyé « assez récemment » par l’Ordre des pharmaciens au ministère de la Santé mais ne pas avoir pour autant engagé de quelconque discussion avec la direction générale de la santé (DGS). AAZ affirme le contraire : « La DGS estime que Dastri est bien homologué pour récupérer l’autotest du VIH et que ce dernier fait partie de la liste des produits pouvant être collectés par l’éco-organisme, déclare Fabien Larue. Dastri attend donc le positionnement du ministère. » L’Ordre des pharmaciens n’ayant pas souhaité répondre aux questions du Pharmacien de France et la DGS ne pouvant le faire dans les délais impartis, les réponses se feront connaître d’elles-mêmes au moment voulu. Difficile pour l’instant de concevoir un autre circuit de collecte pour cet autopiqueur... Et encore plus d’imaginer qu’il n’y en aura aucun. Pour le bien des patients comme pour la sérénité des officinaux qui le distribueront. ❙

Vendu outre-Atlantique au prix de 39 dollars (environ 31 euros), Oraquick est disponible depuis 2012 dans les drugstores et divers magasins, mais aussi en ligne. C’est le premier autotest salivaire du VIH.

Pourquoi pas un test salivaire ? « Nous avons favorisé la fiabilité quitte à rogner sur la facilité d’utilisation », déclare Fabien Larue, directeur opérationnel d’AAZ, le fabricant d’Autotest VIH. Une étude publiée dans PLOS One a comparé 5 autotests candidats au marché européen : 4 salivaires, dont OraQuick VIH, déjà commercialisé aux États-Unis, et 1 sanguin, Sure Check VIH. Ce dernier est un test rapide d’orientation diagnostique (Trod), utilisé par des professionnels, dont AAZ a acheté la licence pour développer la version autotest. Résultat : la sensibilité de Sure Check VIH atteint 100 %, contre 87,2 % pour OraQuick VIH. En 2013, le Comité consultatif national d’éthique soulignait la « moindre qualité » des autotests réalisés sur prélèvement salivaire, « dans lequel le taux d’anticorps est faible », comparés aux autotests sanguins. Toutefois, le Conseil national du sida notait en 2012 que les utilisateurs préfèrent « les tests salivaires […] aux tests sanguins ». Commodité oblige. Mais le bât ne blesse pas toujours où l’on croit : les autotests salivaires « génèrent parfois un peu de confusion dans la connaissance de la transmission du VIH, remettant sur la table des notions très anciennes », relève Daniela Rojas Castro, chargée de recherche pour l’association Aides. Souvenez-vous du baiser donné en 1994 par Clémentine Célarié à un séropositif pour prouver que, non, le sida ne s’attrape pas ainsi. Personne ne souhaite voir resurgir une idée reçue aussi dommageable.

Anne-Laure Mercier Décembre 2014 I No 1265 I 39


Santé Panorama

❙❙Des capsules de matières fécales congelées à – 80 °C sont efficaces dans les infections à Clostridium difficile. Une étude parue dans le Jama conforte leur utilisation par rapport aux transplantations fécales de donneurs sains habituellement utilisées dans ces cas compliqués. Sur les 20 patients en échec thérapeutique suite à une antibiothérapie par vancomycine et traités de cette manière, 90 % ont guéri. Encourageant ! ❙❙Les génériques bénéfiques pour les patients ? Une étude financée par Teva, parue dans les Annals of Internal Medicine et portant sur près de 90 000 patients sous statines bénéficiant de Medicare – l’équivalent américain de notre CMU – montre que l’observance serait meilleure avec les génériques et que leur utilisation aurait un effet positif en termes d’hospitalisation (infarctus…), voire de mortalité. Les chercheurs restent néanmoins prudents sur la généralisation de ces données. ❙❙La ventilation non invasive (masque à pression positive…) est supérieure à la ventilation invasive dans la bronchopneumopathie obstructive. Une étude « en vie réelle » sur plus de 25 000 patients hospitalisés, parue dans Jama Internal Medicine, constate une mortalité et un risque de pneumopathie nosocomiale divisés par deux en cas de recours à une méthode non invasive. Autre effet bénéfique, la ventilation non invasive a permis de diminuer les coûts de 32 %. ❙❙Plus il y en a, mieux c’est ! La mise à disposition de stylos auto-injecteurs d’adrénaline dans les établissements scolaires de Chicago a permis de sauver 38 vies, surtout des enfants. Selon une étude menée sur l’année scolaire 20122013 dans 600 établissements représentant au total près de 400 000 élèves, le recours à ces stylos était dû à des allergies à la cacahuète (55 % des cas) mais aussi à des poissons (saumon, thon…). C’est l’infirmière scolaire qui a, dans 76 % des cas, procédé à l’injection. En France, un enfant allergique peut disposer en milieu scolaire d’un stylo d’adrénaline dans une trousse d’urgence personnelle, qui doit lui avoir été prescrite préalablement.

40 I No 1265 I Décembre 2014

DEFRANCE

INFO OU INTOX

Le miel contre la toux de bébé ? Les solutions sucrées comme le miel ou le sirop d’agave présentent-elles un intérêt dans la toux des enfants ?

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n cas de toux non spécifique avant 2 ans, pas de médicaments ! L’Agence du médicament a contre-indiqué en 2010 les mucolytiques, mucofluidifiants ou l’Hélicidine dans cette population mais aussi les antihistaminiques de première génération. Les suppositoires contenant des dérivés terpéniques l’ont été en 2012 chez les moins de 30 mois. Ne reste donc que les mesures ­d’hygiène – lavage du nez... – pour soulager les toutpetits. Le miel, traditionnellement utilisé dans la toux de l’enfant, présente aussi quelques preuves d’efficacité : notamment trois études (2007, 2010, 2012) dont il ressortait

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ÀSAVOIR

Le PHaRMaCIeN

L’agave, moins efficace que le miel ?

positivement par rapport au placebo, après comparaison à des antitussifs traditionnels, comme la dextrométhorphane ou la diphénhydramine. Placebo utile Un essai clinique paru dans la revue Jama Pediatrics a également exploré la possibilité d’utiliser le sirop d’agave, un cactus sud-américain, dont le nectar très à la mode ressemble

beaucoup au miel, et possède un taux de sucres élevé. Les chercheurs ont administré aux enfants de 2 à 47 mois inclus dans l’étude soit un ­placebo, une solution aromatisée au raisin mais non sucrée, soit un sirop d’agave. Le bras témoin ne recevait aucun traitement. Les résultats se sont avérés positifs et équivalents pour l’agave… et le placebo. Résultat des courses : utiliser un sirop d’agave ou un placebo chez les nourrissons le soir au coucher pour atténuer les quintes de toux, c’est kif-kif… et a priori efficace. Par ses propriétés, le miel reste tout de même une option plus intéressante à condition de ne pas l’utiliser chez les enfants de moins de 1 an, à cause d’infections à Clostridium botulinum provoquant des botulismes infantiles, une infection rare mais grave. ❙ info !

épilepsie

réévaluation

Une revue systématique de la littérature publiée dans The Cochrane Library vient confirmer les soupçons qui pesaient sur le valproate (Depakine et génériques). Non content d’être tératogène (cardiopathies, fentes labiales…), l’antiépileptique, pris pendant la grossesse, provoque des effets à long terme sur l’enfant, avec notamment une réduction du quotient intellectuel (QI). Un effet délétère que les chercheurs n’ont pas retrouvé avec la carbamazépine (Tégrétol). Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat), « l’anticonvulsivant qui soulève le moins d’inquiétude chez la femme enceinte à ce jour est la lamotrigine ». ❙

Cet œstrogène de synthèse tristement célèbre est utilisé depuis 1997 en deuxième ou troisième ligne dans le cancer de la prostate. De service médical rendu faible, il est utilisé chez certains patients qui « ne peuvent avoir accès aux nouvelles molécules », précise de façon sibylline l’Agence nationale de sécurité du médicament. Peut-être plus pour longtemps, l’Agence ayant prévu de le réévaluer dès que la commission de suivi des autorisations de mise sur le marché aura donné son feu vert, en attendant de plus amples informations, notamment sur son coût comparé. Le Distilbène a en effet au moins un avantage : son prix, qui est de 14 euros la boîte. ❙

Le valproate neurotoxique

Le Distilbène en sursis


Panorama Santé

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L’IMAGE DUMOIS

Des glaces bien glaçantes Le designer Wei Li est un plaisantin. Pour amuser la galerie, il s’est piqué de réaliser des sucettes dangereusement belles puisque certaines d’entre elles ont la forme de virus ! L’artiste promet une « expérience sensorielle unique »… et certainement peu ragoûtante, même si les bâtonnets glacés ne contiennent que de l’eau, du sucre et des colorants alimentaires. Ça s’attrape comment le sida, déjà ?

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Ci-dessus : les « glaces virus », avec, de gauche à droite, la varicelle, le staphylocoque doré résistant à la méticilline, le VIH, Escherichia Coli et un virus de type influenza.

pharmacologie

vigilance

Mystérieux paracétamol Plusieurs d’entre vous ont exprimé leur surprise face à l’« action anti-inflammatoire du paracétamol » mentionnée dans notre cahier DPC sur l’angine. Complément d’information.

Cet antalgique de palier 3 a fait l’objet d’un rappel des risques par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM). Largement détournée aux États-Unis, la prescription d’oxycodone en France, bien qu’ayant doublé entre 2007 et 2012, reste cohérente avec les recommandations, selon une enquête de 2013 du Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance de Toulouse. ❙

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D

e nombreux systèmes neuronaux sont impliqués dans l’actio­n du paracétamol (sérotoninergique, endocannabinoïde, cholinergique, glutamatergique et incluant la substance P…). D’un point de vue moléculaire, une revue de la littérature parue en 2013 dans Inflammopharmacology a montré qu’il a une action inhibitrice sur les cyclo-oxygénases 1 et 2, empêchant la synthèse des prostaglandines pro-inflammatoires. Son profil pharmacologique est différent de celui des anti-inflammatoires non stéroïdiens, puisque l’inhibition de ces enzymes se fait via leur fonction peroxydase et non cyclo-oxygénase. L’action anti-inflammatoire du paracétamol est sélective et s’exprime lorsque les taux d’acide arachidonique et peroxydes sont faibles, lors d’une inflammation modérée (extraction

Pas de panique pour l’oxycodone

dentaire, arthrose…). Il a été récemment mis en évidence une action inhibitrice du paracétamol sur d’autres enzymes comme la myélo­pe­ro­xydase, bloquant la synthèse d’oxydants (acide hypochloreux, acide hypobromeux…), entraînant également un effet antiinflammatoire. Enfin, il a la capacité d’éliminer les ions peroxynitrites, pourvoyeurs d’inflammation par leur action activatrice des cyclo-oxygénases. ❙

alcoolisation

Contrastes régionaux chez les ados L’étude menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies chez 32 249 adolescents âgés de 17 ans pointe de grandes disparités dans la consommation d’alcool. L’Auvergne (16 %) et les Pays de la Loire (16 %) crèvent les plafonds, avec des taux d’usage régulier supérieurs de 6 points à la moyenne nationale, au contraire de l’Île-de-France (7 %) ou de la Haute-Normandie (7 %). ❙ Décembre 2014 I No 1265 I 41


Santé Conseil

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Flou sur les défibrillateurs On compte 50 000 morts par an dus à des arrêts cardiaques en France. C’est dire l’utilité des défibrillateurs. Mais la réglementation présente de sérieuses lacunes.

L

enquête téléphonique menée par l’Agence du médicament (ANSM) auprès des structures accueillant du grand public et possédant des défibrillateurs automatisés externes (DAE), publiée en juillet 2014, laisse perplexe. Comme le confirme Thierry Sirdey, directeur adjoint de la direction des dispositifs médicaux, de diagnostic et des plateaux techniques à l’Agence, « l’enquête montre les marges de progression, qui ne reposent pas sur des difficultés techniques mais organisationnelles et de bon sens ».

Prêt à investir ? Même si sauver une vie n’a pas de prix, un défibrillateur en a un. Il faut compter 1 000 euros en moyenne pour acquérir ce dispositif. Quelques recommandations sont à respecter pour un achat de qualité et en toute sécurité : x veiller à ce que l’appareil soit a minima muni du marquage européen CE, idéalement couplé au marquage américain FDA ; x se méfier des offres à « prix cassés » et éviter de s’approvisionner par Internet ; x ne pas hésiter à demander conseil auprès du Samu, des sapeurs-pompiers ou ­d’associations de secourisme comme la Croix-Rouge française. Ceci pourra être l’occasion de vous inscrire à une formation gratuite sur le massage cardiaque et l’utilisation du défibrillateur, se déroulant sur une heure seulement.

42 I No 1265 I Décembre 2014

cipé à des actions de géolocalisation. Dans ces conditions, impossible de savoir si la répartition des DAE sur le territoire est harmonieuse et conforme aux recommandations scientifiques internationales, à savoir un défibrillateur par zone où ont eu lieu plus de deux morts subites en deux ans. On peut en douter au vu de cette statistique du registre électronique des arrêts cardiaques (REAC) : dans 94 % des cas de réanimation pratiqués, un défibrillateur n’était pas présent sur place.

Traçabilité défaillante Toujours d’après l’enquête, « sur les deux dernières années, 94 % des exploitants indiquent n’avoir pas reçu d’alerte de sécurité du fabricant de leur DAE ». Alors que, sur cette même période, la « majorité des fabricants ont communiqué » (alertes de sécurité, mises à jour logicielles…). Selon Géolocalisation quasi inexistante Thierry Sirdey, « la traçabilité au-delà des La possession d’un défibrillateur n’étant distributeurs est difficile à suivre ». Le fabripas obligatoirement à déclarer, « ni l’ANSM, cant n’est ainsi pas en mesure de savoir qui ni les autorités de santé nationales et régio- achète ses dispositifs à son réseau de disnales ne disposent à ce jour de la traçabi- tributeurs et donc de tenir informés les lité exhaustive du nombre de dispositifs », exploitants. Parmi dix recommandations souligne Thierry Sirdey. En clair, impos- d’usage publiées en juin 2014, l’ANSM sible de connaître le enjoint les acquéreurs à nombre exact de DAE en « Les marges « enregistrer le DAE auprès France. Selon Patrick Casdu fabricant », afin que san, médecin urgentiste et de progression celui-ci dispose d’un fichier conseiller national de la reposent sur clients contactable en cas Croix-Rouge française, « on de besoin. Et 73 % des perdu bon sens. » estime entre 100 000 et sonnes sondées y étaient 130 000 le nombre de défi- Thierry Sirdey, ANSM favorables. Se pose enfin brillateurs en France. Cela le problème de la qualité fait quand même un delta de 30 % ! » et de la traçabilité de la maintenance de Aucune cartographie non plus de leur ces appareils. Seules 47 % des personnes emplacement. Toujours d’après Thierry interrogées ont indiqué bénéficier d’un Sirdey, bien que l’ANSM incite les ache- contrat de maintenance et 29 % des exploiteurs à se signaler auprès des services de tants ne disposaient pas de registre de secours, il n’y a à sa connaissance « pas suivi. Combien de DAE sont réellement d’initiative nationale, seulement des initia- disponibles 24 heures sur 24 ? « On n’en tives locales ». Le Samu incite également sait rien, probablement 1 sur 5 », selon à lui déclarer la possession d’un DAE mais, Patrick Cassan. Effectivement, les marges en pratique, seules 21 % des structures de progression sont réelles. x interrogées dans l’enquête avaient parti- Élise Brunet


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La douleur thoracique est un symptôme courant, d’étiologie extrêmement variée. Il est donc indispensable pour l’officinal d’identifier rapidement celles qui nécessitent une prise en charge médicale sans délai.

Douleur thoracique et urgence à l’officine Cardiaque, pulmonaire, digestive, nerveuse… Parmi toutes les causes de douleur thoracique, 4 sont à distinguer (mémorisables par le mot PIED), ce sont des urgences cardio-vasculaires. Dans tous les cas, le patient avec une douleur thoracique doit cesser toute activité et être mis au calme. L’évolution de la douleur dans les 5 minutes est un élément diagnostique.

UN INTERROGATOIRE ESSENTIEL Celui-ci doit être correctement mené afin de n’omettre aucun détail synonyme d’alerte. Les éléments à recueillir sont les suivants : x le type de douleur (oppression, ­brûlure, écrasement, pincement…) ; x le mode de déclenchement (spontané, à l’effort, postural) ; x l’horaire (fixe ou non, diurne ou ­nocturne)  ; x la durée et l’intensité (heure de début, paroxysmes éventuels) ; x l’ancienneté et l’évolution (aiguë ou chronique) ; x la sensibilité à la trinitrine (pour un patient angoreux) ; x  la topographie (punctiforme, ­rétrosternale, basithoracique…)  ; x  les irradiations éventuelles (membres supérieurs, mâchoire, dos…) ; x les signes d’accompagnement (dyspnée, palpitations, cyanose, malaise, transpiration, fièvre…) ; x les attitudes antalgiques éventuelles ou la réponse à un antalgique ; x les antécédents cardio-vasculaires et thrombo-emboliques personnels et familiaux du patient ; x les facteurs de risque (hypertension, diabète, tabagisme, dyslipidémie, ­­obésité, cancer, prise de pilule, période postopératoire, infection récente…). Sources : www.ameli-sante.fr – Collège des enseignants de pneumologie, « Orientation diagnostique devant une douleur thoracique aiguë et chronique », Bulletin SMUR, no 47, mars 2008 – www.splf.org « Douleur thoracique aiguë et chronique ».

P COMME PÉRICARDITE

Le terrain évocateur de l’inflammation du péricarde (membrane enveloppant le cœur) est souvent le sujet jeune, de sexe ­masculin, qui, dans un contexte infectieux (viral, fébrile), se plaint d’une douleur thoracique vive, souvent localisée (médiane, ­rétrosternale), pouvant irradier vers l’épaule et le bras gauche. Elle est accentuée par l’inspiration profonde et soulagée par la position penchée en avant. Attention : la récidive est fréquente.

E COMME EMBOLIE

PULMONAIRE Les situations favorisant l’obstruction aiguë d’une artère pulmonaire sont à rechercher (cancer, période postopératoire, association pilule + tabac, alitement, long voyage…). La douleur est soudaine, basithoracique en point de côté, d’un côté du thorax, et augmentée par les mouvements respiratoires. Elle est associée à une respiration rapide et courte, et éventuellement à une toux et des crachats sanguinolents. D’autres signes peuvent être présents, souvent représentatifs de la gravité de l’affection : un malaise (voire une syncope), une tachycardie, une cyanose, un état de choc. En cas d’embolie pulmonaire massive, un arrêt cardiaque est possible. LES SIGNES D’ALERTE Lorsque plusieurs des signes ci-dessous sont associés, ils amènent à appeler immédiatement le 15 (SAMU) ou le 112 (numéro d’urgence européen) : x la douleur est brutale, intense, « serre la poitrine » ; x elle dure plus de 5 minutes et persiste au repos ; x elle s’étend vers la mâchoire, les bras, le dos, le cou et l’abdomen ;

par Élise Brunet

I COMME INFARCTUS DU MYOCARDE

Le tableau clinique de l’ischémie aiguë du myocarde due à un thrombus d’une artère coronaire est varié. Typiquement la douleur est rétrosternale, médiothoracique et constrictive, pesante, brûlante, pouvant irradier le cou, les épaules, les avant-bras, la tête. Elle est déclenchée par l’effort, le stress ou le temps froid et peut s’accompagner de sueurs, nausées, pâleur ou essoufflement. Elle dure plus de 5 minutes et ne cède pas au repos. Attention aux douleurs atypiques : la douleur peut siéger de la mâchoire à l’ombilic, mimer une douleur gastrique ou bilio-pancréatique. ­Vigilance également aux infarctus indolores (en particulier chez la femme, les personnes âgées et les diabétiques) : les signes sont alors un malaise, un essoufflement soudain, une fatigue inexpliquée, des sensations inhabituelles dans le bras gauche.

D COMME DISSECTION AORTIQUE

Souvent associée à une hypertension artérielle mal équilibrée et à un athérome ancien, la fissuration localisée de la paroi de l’aorte est plus rare. La douleur thoracique est aiguë, d’installation brusque, prolongée, très intense à type de déchirement, irradiant dans le dos, migratrice du thorax vers les lombes et non modifiée par la position.

x elle ne cède ni spontanément, ni après

la prise de trinitrine, si le patient est traité pour angine de poitrine ; x la douleur est plus vive à la respiration ; x le patient est essoufflé, pâle ; il présente des sueurs, nausées, angoisses, vertiges, évanouissements ; x il ressent une faiblesse inhabituelle ; x son rythme cardiaque est irrégulier ou rapide. Décembre 2014 I No 1265 I 43


Fiche Conseil

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Entamer une réanimation cardio-pulmonaire dès la constatation de l’arrêt cardiaque double les chances de survie. Elle maintient en effet l’oxygénation du cœur et du cerveau dans l’attente d’un défibrillateur.

La réanimation cardio-pulmonaire Infographie Pascal Marseaud 1

2

VÉRIFIER L’ÉTAT DE LA VICTIME

Une victime est considérée comme étant en arrêt cardiaque si elle est inconsciente et ne respire pas ou anormalement : I elle ne répond pas à des questions simples (« Comment ça va ? », « Vous m’entendez ? ») ou quand on l’appelle, et reste immobile quand on lui demande de serrer une main ; I ni le ventre, ni la poitrine ne se soulèvent ; I aucun souffle ni aucun bruit de respiration n’est perçu ou les mouvements respiratoires sont brusques et entrecoupés de pauses de 30 secondes à 1 minute (appelés gasps). Cette recherche de signes ne doit pas excéder 10 secondes.

3

ALERTER

I Appeler ou faire appeler immédiatement les secours. I Réclamer autour de soi un défibrillateur automatisé externe (DAE). En l’attendant, commencer la réanimation cardio-pulmonaire (RCP). Chez un enfant ou un nourrisson, réaliser 5 insufflations puis 5 cycles de RCP (voir ci-dessous) avant d’alerter les secours : la cause principale de l’arrêt cardiaque chez ces victimes est l’arrêt de la respiration ou le manque d’oxygène. Des mouvements, une toux ou une reprise de la respiration indiqueront alors une activité cardiaque. Puis donner l’alerte et poursuivre si nécessaire la RCP.

DÉBUTER LE PLUS TÔT POSSIBLE UNE RÉANIMATION CARDIO-PULMONAIRE

En attendant l’installation du DAE ou l’arrivée des secours, répéter des cycles de 30 compressions thoraciques suivies immédiatement de 2 insufflations. Auparavant, installer la victime sur le sol, dénuder sa poitrine autant que possible et créer un espace d’environ 1 m de chaque côté. Se placer le plus près possible d’elle, à genoux. Si l’espace est trop exigu, se placer à cheval au-dessus de son abdomen, sans s’appuyer dessus. Ces manœuvres ne prennent que 10 à 15 secondes et permettent une RCP plus aisée, donc plus efficace.

ADULTE A. Placer le talon d’une main au centre de la poitrine, sur la ligne médiane, sur la moitié inférieure du sternum.

B. Placer l’autre main sur la première, en entrecroisant les doigts. Sinon, les placer l’une au-dessus de l’autre, à plat, en veillant à relever les doigts en contact avec le thorax.

C. Réaliser des compressions de 5 cm en conservant les bras parfaitement tendus. Bien se placer à la verticale. Tout balancement d’avant en arrière est proscrit.

D. Compter 100 à 120 compressions/min (1 à 2/s.). Le temps de relâchement doit être égal à celui de compression : entre chaque compression, laisser le thorax reprendre sa forme initiale, sans décoller les mains. Deux erreurs à éviter : exécuter des mouvements trop rapides ou les régler sur sa propre respiration, dont la fréquence est augmentée par l’effort et l’émotion.

ENFANT Le talon de la main doit être placé juste en dessous de la ligne inter-mamelonnaire, sur la ligne médiane. Relever les doigts pour ne pas appuyer sur les côtes. Comprimer comme chez l’adulte en veillant à enfoncer le thorax sur le tiers de son épaisseur. Chez les plus jeunes, les compressions peuvent se faire d’une main.

NOURRISSON

Sur le même repère que pour l’enfant, placer la pulpe de deux doigts d’une même main dans l’axe du sternum ou deux pouces en encerclant le thorax. Enfoncer aussi d’un tiers.

+ 2 insufflations B. Se redresser NOURRISSON légèrement Élever le menton ADULTE ET ENFANT en maintenant mais placer A. Élever le menton et basculer la tête de la la tête en la tête en arrière. Placer une victime en position neutre. main sur le front pour maintenir arrière et son La bouche doit la tête. Puis, d’une main, pincer menton relevé. englober à la fois le nez entre le pouce et l’index. Reprendre son la bouche et le nez De l’autre, ouvrir légèrement la souffle, en vérifiant l’affaissement du nourrisson. Insuffler des volumes bouche. Inspirer normalement. Appliquer de la poitrine de la victime. d’air sensiblement moindres, juste la bouche largement ouverte autour de celle de la victime, en appuyant Prendre une inspiration et renouveler pour voir la poitrine commencer fermement. Insuffler lentement et progressivement pendant 1 seconde ; ­l’opération une seconde fois. à se soulever. cesser dès que la poitrine de la victime commence à se soulever. Les deux insufflations ne doivent pas durer plus 4 SURVEILLER ET/OU POURSUIVRE LA RCP Définition des âges de 5 secondes. Enchaîner aussi rapidement que possible selon la conduite compressions et insufflations. La réanimation doit être poursuivie jusqu’au relais par le DAE (le à tenir plus tôt possible), par les services de secours ou à la reprise d’une Si les insufflations paraissent inefficaces, reprendre ❚ Nourrisson : jusqu’à 1 an immédiatement les compressions thoraciques. Il ne faut pas en respiration normale. Si possible, se faire aider d’une autre personne en ❚ Enfant : de 1 an à l’âge se remplaçant tous les 5 cycles de 30 compressions/2 insufflations. tenter plus de 2 avant de refaire une série de 30 compressions. de la puberté Si vous êtes deux et que la victime est un enfant ou un nourrisson, En cas de répulsion, vomissements…, s’en tenir aux ❚ Adulte : à partir de l’âge compter plutôt 15 compressions pour 2 insufflations. compressions thoraciques. En cas de bouche traumatisée de la puberté Ne cesser que lorsque le DAE indique de ne plus toucher à la victime. ou ne pouvant être ouverte, effectuer un bouche-à-nez. 44 I No 1265 I Décembre 2014 I No 1265

Source : Référentiels nationaux de secourisme (ministère de l’Intérieur).

30 compressions


Le PHaRMaCI

e

DE FRAN N CE

PAGE 2 THÉR APEUTIQU PAGE 3 ACTU ES/P ALITÉS SCIEN HARMACOLOGIE PAGE 4 / TIFIQUES 5 ANALYSES D’ORDONN ANCE

DPC

« Je fais cystite sur cystite »

à la page

PAGE 6 FOCU S PAGE 7 ARBR SUR ET À RETE NIR E PAGE 8 TEST DÉCISIONNEL DE LECT URE

« Je bois beaucoup d’eau »

« J’ai env ie d’uriner sans arrêt »

« Mon médecin m’a pres un sachetcrit »

«Je suis stressée et fatiguée»

« Est-ce que ça peut passer ? »

« Ça me brûle »

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La science en fêtes Il n’y a pas que les synchrotrons dans la vie : les chercheurs s’intéressent aussi à la vie quotidienne. Voici un menu des régimes les plus « hottes » en prévision de la trêve des confiseurs. par Laurent Simon

ÉTATS-UNIS Houblon à tous les repas Le vin rend romantique, c’est acquis. Et si, contre toute attente, la bière rendait intelligent ? En tout cas, les données récoltées par Daniel R. Zamzow et son équipe de l’Institut Linus Pauling, dans l’Oregon, concernant le xanthohumol, un composé du houblon, sont iconoclastes. Administrée chez les jeunes souris, la substance améliorerait la flexibilité cognitive des sujets en agissant sur le cycle de palmitoylation des protéines. Un effet bénéfique, obtenu à très haute dose, que les chercheurs n’ont toutefois pas retrouvé chez les sujets âgés. Les cinquantenaires se consoleront avec un Pauillac, bon pour les artères.

Repas allégé en gros Vous ne voulez pas devenir gros ? Commencez donc par ne pas en fréquenter ! L’hypothèse de base de l’équipe de psychologie de l’université de l’Illinois parue dans le numéro de décembre d’Appetite est simple – la surcharge pondérale serait contagieuse – et malheureusement vraie, à lire les résultats de leur étude. Un groupe de patients a été mis en contact avec une actrice portant ou non des postiches pour la rendre obèse. Dans le premier cas, les sujets ont eu tendance à se servir plus largement de pâtes que de salade, quel que soit le comportement de la fausse obèse. La vertu n’est donc transmise que par l’apparence !

46 I No 1265 I Décembre 2014

SUISSE Dîner spartiate La diète méditerranéenne, vous connaissez. Mais le régime gladiateur ? Une équipe de médecine légale suisse et autrichienne a analysé les restes des repas dans des dépouilles de gladiateurs découvertes à Éphèse en 1993 et en a publié le menu dans PLOS One. Le résultat est surprenant : rien de très roboratif, c’est le moins qu’on puisse dire puisque « ceux qui vont mourir » étaient majoritairement végétariens et saluaient la foule le ventre plein de céréales (malt, orge…) ainsi que d’une boisson à base de cendres, censée être revigorante. On plaint les fauves.

La fondue de la mort On connaissait le penchant des Helvètes pour les montres de précision, pas pour la fondue chinoise. Et pourtant. Ce plat de fête, largement consommé entre Noël et Nouvel An, charrie son lot d’infections à Campylobacter, qui touche 7 000 à 8 000 personnes chaque année dans la Confédération. En cause : le poulet contaminé avec ce microorganisme à l’abattoir. C’est l’Institut tropical et de santé publique suisse qui tire la sonnette d’alarme dans l’European Journal of Epidemiology, tout en proposant quelques mesures d’hygiène – ne pas mélanger viandes crues et cuites, congeler la nourriture… –, dont on ne doute pas qu’elles seront respectées à la lettre chez nos voisins.


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International Santé

DANEMARK Au régime, coco Ah ! le gras, éternel ennemi de la fesse. Une équipe de la faculté de médecine de Copenhague tente une réhabilitation de cette cause perdue dans la revue Cell Metabolism. Figurez-vous que leurs recherches tendent à prouver l’utilité des acides gras dans la dégénérescence neuronale. Tout particulièrement ceux à chaînes moyennes, contenus par exemple dans les noix de coco. Un régime « fort en gras » chez la souris atteinte d’un syndrome de Cockayne, une pathologie provoquant un vieillissement accéléré, ralentit la course du temps et en améliore les symptômes. Les chercheurs espèrent étendre ce raisonnement aux patients humains atteints du même syndrome mais aussi de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. Quid des effets du punch coco ?

AUSTRALIE Régime sous la ceinture Il y en a qui n’ont vraiment pas de pot dans la vie. Exemple : les porteurs sains du gène impliqué dans une maladie appelée Retinitis Pigmentosa et qui prennent du Viagra. Leur sexualité défaillante pourrait se doubler d’un risque accru de troubles visuels, comme l’hypersensibilité à la lumière ou une altération des couleurs, rapportent des chercheurs de l’université de NouvelleGalles du Sud, dans une publication du journal Experimental Eye Research. Le sildenafil, un inhibiteur de l’enzyme PDE5, pourrait en effet aussi agir sur le PDE6, dont la dysfonction entraîne Retinitis pigmentosa. L’amour rend aveugle, dit-on. Allez, joyeux Noël quand même…

Décembre 2014 I No 1265 I 47


Officine Investissement

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Sacs de caisse, sacs de nœuds L’idée d’interdire les sacs en plastique refait surface. La solution idéale n’existe pourtant pas pour les remplacer au comptoir.

O

n ne l’utilise que quelques minutes. Sa durée de vie est pourtant estimée entre un et quatre siècles. Le bon vieux sac de caisse pourrait être en train de vivre ses derniers mois… si la législation va, pour une fois, jusqu’au bout. Régulièrement montré du doigt pour les « continents plastiques » dont il est à l’origine, il a fait l’objet de réglementations successives, jamais mises en œuvre. Il aurait dû être supprimé dès 2010, puis taxé début 2014, des mesures qui sont pour l’instant restées lettre morte, faute de décrets d’application. Son cas est réapparu en octobre, avec le vote à l’Assemblée nationale de son interdiction à l’horizon 2016. Le Sénat devrait à son tour examiner le texte début 2015.

Concrètement, au 1er janvier 2016, les commerçants ne devraient plus pouvoir mettre à disposition en caisse, que ce soit de façon gratuite ou payante, des sacs en matière plastique à usage unique. En magasin, seuls seraient autorisés « les sacs compostables en compostage domes­ tique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées ». Selon le ministère de l’­Écologie, « en caisse, seuls des sacs plastiques réutilisables (plus épais) ou en matière papier pourront être utilisés (à titre gratuit ou non) ». Doutes Déçu par les revirements de la réglementation qui l’avait incité dès 2006 à investir dans des sacs « bio », en ciblant notamment la pharmacie, Francis Bouvier, responsable

Les familles de sacs plastique x Les sacs biodégradables (ou en plas-

x Les plastiques biosourcés (ou bioplas-

tique végétal), constitués d’au moins 40 % de matières végétales (amidon de maïs, pomme de terre, canne à sucre, etc.), sont compostables dans des composteurs industriels et labellisés « OK compost », mais ne sont pas recyclables. Bien plus chers que les sacs traditionnels, ils produisent beaucoup d’acidité et participent­à l’enrichissement de l’eau en azote et en phosphates. x Les oxodégradables (ou fragmentables, biofragmentables, oxobiodégradables, EPI) sont photodégradables sous l’effet de la lumière et de la chaleur naturelle, mais ne sont ni biodégradables ni compostables : la pollution visuelle disparaît, mais des particules invisibles de plastique restent disséminées.

tiques) désignent les plastiques issus de ressources renouvelables (végétale, animale, résiduelle, algale…). x Par opposition aux jetables ci-dessus, les sacs (ou cabas) réutilisables sont vendus et peuvent être en polyéthylène, en polypropylène tissé, en tissu naturel (coton, toile de jute) ou synthétique, mais aussi en plastique recyclé, en fibres végétales, à base d’amidon, etc. Le sac en polyéthylène serait plus écologique que le sac en plastique ou en papier, à condition de servir au moins quatre fois. A contrario, pour être aussi écologique que celui en polyéthylène, le sac en coton, demanderait, lui, d’être utilisé 173 fois !

48 I No 1265 I Décembre 2014

Sources : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et Agence régionale de l’environnement de Haute-Normandie (AREHN).

de l’entreprise Biocool, estime que l’initiative du gouvernement n’est qu’un « vœu pieux ». Chez le fabricant Promoplast, Émilie Vollard, directrice marketing, émet elle aussi des doutes : « Il est possible qu’en 2016 la loi soit adaptée et autorise les sacs compostables de façon industrielle. Aujour­ d’hui, la filière de compostage domestique n’existe pas. » Pour Valérie Thivent, consultante en achats responsables dans le domaine pharmaceutique chez Terre 2 Verre, « le texte n’est pas clair : la première approche laisse entendre que tous les com­ merçants seraient concernés, mais les don­ nées chiffrées portent uniquement sur la grande distribution ». À l’officine, si la


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Investissement Officine

© GIORGIO BENNI (« PLASTIC BAGS »/PASCALE MARTHINE TAYOU, COURTESY GALLERIA CONTINUA)

encadré page de gauche). Quant à la personnalisation des sacs, le principal problème réside dans l’utilisation de l’encre : « Certaines polices consomment plus d’encre que d’autres et plus il y a de couleurs, plus il y a un impact sur l’environnement. Très souvent, les fabricants de sacs biodégradables utilisent en outre des encres qui ne sont pas non toxiques à 100 % », ajoute-t-elle.

suppression des sacs est envisageable pour une boîte de médicaments, elle est plus délicate dès que l’ordonnance est longue, ou pour des raisons de confidentialité. Alors que faire face à l’éventail pléthorique d’emballages, aux appellations complexes, parfois trompeuses (voir encadré page de gauche) ? « Les sacs en toile de jute sont les plus écologiques car fabriqués à base de végétal qui se régénère, à condition que le patient soit éduqué. La sacherie papier est un produit encore plus intéressant, sans surcoût, qui a l’avantage de n’être ni exclue, ni incluse par la loi », assure Émilie Vollard. Néanmoins, pour Valérie Thivent, la solution miracle n’existe pas et chacune porte

son lot d’inconvénients : « Dans le cas des sacs biodégradables, tout dépend s’ils sont fabriqués en France avec des déchets végétaux, ou s’ils le sont à partir de végétaux cultivés sur des terrains spécifiques. Et tout dépend si le papier est issu du recyclage ou de coupes franches de forêts qui appauvrissent les sols et les désertifient. De toute façon, il consomme beaucoup d’eau. » Fausses bonnes idées écolos Le sac réutilisable n’est pas moins exempt de critiques : « Il est utilisé par les Français en moyenne seulement deux ou trois fois, soit un degré d’utilisation inférieur au seuil nécessaire pour qu’il soit écologique » (voir

Sensibiliser le patient Pour savoir à quel fournisseur s’adresser, Valérie Thivent invite à une démarche environnementale qui va au-delà du simple respect de la loi. Elle conseille de « recenser les différentes options de sacs possibles, de ne pas se limiter au prix du sac pour faire son choix, de se renseigner sur l’origine des matières premières et de s’assurer que c’est bien le fournisseur qui fabrique le sac ». Consciente que ce travail demande du temps, elle estime cependant que « la solution la plus rapide ne garantit pas au pharmacien qu’il n’aura pas d’éléments plus néfastes écologiquement que ce qu’il a actuellement en stock ». L’enjeu consiste aussi à sensibiliser le public. Ceux qui s’y sont attachés avant l’heure en témoignent. Après avoir stoppé les sacs à base d’amidon, en raison de leur coût, Caroline Neyraud, titulaire à Bagneux (Hauts-de-Seine), a fait le choix d’acheter des sacs réutilisables (un peu moins de 1 euro pièce) qu’elle donne en demandant aux clients de revenir avec. « Cinq ans plus tard, ça commence à rentrer dans l’esprit des gens », raconte-t-elle. De son côté, Xavier Maillard, titulaire à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), en a offert à ses clients en cadeau de fin d’année 2013. Depuis, il demande à son équipe de récupérer des sacs jetables à droite et à gauche pour faire réaliser à ses clients que cela reste du dépannage. Plus délicate est la question de faire payer les sacs jetables. « Cela demande de beaucoup communiquer, et suffisamment à l’avance pour ne pas perdre de clients. Et si le pharmacien est le seul commerçant de son quartier à le faire, cela peut être mal perçu », argumente Valérie Thivent. Au vu des possibles évolutions réglementaires, il ne paraît pas encore urgent d’envisager de nouveaux emballages à l’officine. Toutefois, faire évoluer les mœurs prend du temps. Alors autant prendre les devants. x Claire-Marie Aubé Décembre 2014 I No 1265 I 49


Officine En bref

❙ Le ministère de la Santé a ouvert une adresse mail permettant aux professionnels de santé de poser leurs questions sur le virus Ebola : ebola-professionnels@sante. gouv.fr. Une rubrique du site ministériel consacré au virus leur est également consacrée, à l’adresse http://ebola.sante. gouv.fr/professionnels-desante/. ❙ Parce que Klesia SA continue à démarcher des titulaires pour leur faire souscrire un contrat Offissima (voir « Klesia braque-t-il le régime ? », Le Pharmacien de France, no 1262, juillet-août 2014), la FSPF a saisi l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Cette dernière a annoncé qu’une enquête allait être diligentée. Pour rappel, c’est Klesia Prévoyance qui reste l’organisme assureur du régime de prévoyance des salariés non cadres de l’officine. ❙ La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes prévoit d’autres mesures que celles détaillées page 53, comme l’alignement des congés accordés pour la conclusion d’un Pacs sur ceux accordés pour un mariage. Soit, en officine, quatre jours de congés exceptionnels rémunérés jusqu’à trois mois d’ancienneté, puis six jours. ❙ L’attestation de salaire délivrée par l’employeur dans le cas d’une interruption de travail continue de plus de six mois a changé : le nouveau formulaire Cerfa no 11136*03 peut être téléchargé à l’adresse http://www.ameli.fr/fileadmin/ user_upload/formulaires/ S3202.pdf. L’employeur est tenu de remplir cette attestation quoi qu’il arrive, même s’il estime par exemple que le salarié ne remplit pas les conditions pour ouvrir droit aux indemnités journalières de la Sécurité sociale.

50 I No 1265 I Décembre 2014

DEFRANCE

cession

Obligation d’information La transparence s’invite dans les officines : le titulaire projetant une cession doit en informer son équipe.

L

e nouveau droit d’information des salariés avant une cession de leur entreprise est entré en vigueur le 1er novembre. Instauré par la loi relative à l’économie sociale et solidaire, il concerne la cession du fonds de commerce comme celle de plus de 50 % du capital, sauf si l’opération intervient dans le cadre d’une succession, d’une transmission à un conjoint ou un enfant, d’une procédure de conciliation, de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire. Le ou les titulaires doivent donc informer de leur intention les salariés et apprentis au moins deux mois avant la cession, ainsi que de la possibilité qui leur est offerte de présenter une offre d’achat, sans pour autant être obligés de transmettre le moindre document. Les titulaires disposent alors d’un délai de deux ans pour réaliser la cession. S’ils changent de projet ou de repreneur en cours de route, ils ne sont pas tenus d’informer à nouveau les salariés mais doivent se tenir à un délai de deux ans et deux mois. Que ce soit au cours d’une réunion d’information, par

un affichage, un e-mail, un courrier ou un document remis en main propre, le salarié doit être en mesure d’accuser réception de l’information. À noter que les titulaires demeurent libres de vendre à la personne de leur choix. Enfin, un salarié « non informé ou mal informé » peut contester la transaction dans les deux mois suivant la publication de l’avis de cession du fonds de commerce ou suivant la notification au dernier salarié en cas de cession d’une participation. ❙

administration

indépendants

Le gouvernement a adopté le principe selon lequel le silence de l’administration vaut accord. Depuis le 12 novembre, un millier de procédures sont concernées, parmi lesquelles l’autorisation d’exécuter des préparations stériles ou dangereuses ou celle d’être sous-traitant (quatre mois de silence), l’homologation des ruptures conventionnelles (deux mois), la dérogation à la date de début (deux semaines) et l’augmentation de la durée (un mois) d’un contrat d’apprentissage. Mais des exceptions ont été décrétées, comme l’octroi d’une licence en cas de création d’une officine, d’un transfert ou d’un regroupement, et l’autorisation d’exercer la profession de préparateur : après quatre mois, le silence vaut cette fois-ci rejet, comme avant. ❙

La contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), qui finance le régime de protection sociale des travailleurs indépendants, disparaît pour les entreprises dont le chiffre d’affaires (CA) hors taxes n’excède pas 760 000 euros. Une exonération qui sera effective pour la C3S due à partir du 1er janvier 2015, grâce à une mesure votée dans la loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014. Cette première étape, qui ne concerne donc que les petites officines, doit être suivie, d’ici à 2017, de la suppression totale de la C3S et de l’intégration du régime social des indépendants dans le régime général. Ces dispositions devraient vraisemblablement être incluses dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016. ❙

« Silence vaut accord », sauf…

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Le PHaRMaCIeN

La C3S disparaît pour les petits CA


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En bref Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Éco&Vous

REMBOURSABLE ÉVOLUTION DU CA MOIS PAR MOIS

– 0,8 %

– 0,1 % ❙❙En cumul mobile annuel, le CA moyen par pharmacie s’élève à 1,45 million d’euros. ❙❙Pour le seul mois de septembre, le CA moyen par pharmacie s’élève à 117 502 euros.

– 2,3 % OTC

❙❙En septembre dernier, le CA total des pharmacies atteignait 2,7 milliards d’euros, en baisse de 0,1 % par rapport au mois de septembre 2013.

– 6,3 %

septembre 2014

PHARMACIE MOYENNE

Le baromètre du médicament

– 7 % DM (LPPR) CA TOTAL EN CUMUL MOBILE ANNUEL

VENTILATION PRODUITS (pharmacie moyenne)

❙❙Remboursable : 76,9 %. ❙❙OTC : 7,1 %. ❙❙Dispositifs médicaux LPPR : 7,5 %. ❙❙Parapharmacie : 8,5 %.

– 1,7 %

+ 4,6 %

❙❙Entre octobre 2013 et septembre 2014, le CA total du réseau officinal (remboursable, OTC, dispositifs médicaux et cosmétiques) s’élève à 32,8 milliards d’euros, en baisse de 1,7 % par rapport au cumul mobile annuel octobre 2012-septembre 2013.

préparations

PARAPHARMACIE

+ 6,4 % + 3,7 % évolution mensuelle

évolution annuelle

(Source : FSPF-Pharmastat, sur un échantillon de 14 000 officines extrapolé aux 22 706 officines françaises)

égalité (1)

Un sésame ou rien Un décret précise les modalités de demande d’autorisation d’exécution des préparations pouvant présenter un risque pour la santé ainsi que de l’activité de sous-traitance.

L

es officinaux exécutant sans autorisation des préparations pouvant présenter un risque pour la santé ont six mois pour se mettre dans les clous. Il s’agit en l’occurrence des préparations stériles, des préparations à base d’une ou plusieurs substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, ou des préparations destinées aux enfants de moins de 12 ans contenant des substances vénéneuses, à l’exception de celles s’appliquant sur la peau et contenant des substances classées dangereuses ou nécessitant une surveillance médicale. Un décret paru au Journal officiel le 16 novembre a fixé les modalités de demande d’autorisation auprès de l’agence régionale de santé (ARS) territorialement compétente, autorisation qui ne sera délivrée qu’après enquête

+ 6,9 %

Prolongation du CPE La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes permet la prolongation du congé parental d’éducation (CPE) pour les enfants nés ou adoptés depuis le 1er octobre dernier. Il peut ainsi courir jusqu’à l’entrée à l’école maternelle des enfants en cas de naissance gémellaire, ou jusqu’au sixième anniversaire des enfants en cas de naissances multiples ou d’arrivée simultanée d’au moins trois enfants. Désormais, le salarié peut aussi demander son entretien post-CPE avant la fin de celui-ci. ❙

égalité (2) d’un inspecteur de l’ARS. Le titulaire devra alors, au plus tard le 31 mars de l’année suivante, remettre un bilan quantitatif annuel des préparations concernées, classées par formes pharmaceutiques et par catégories, sous peine de se voir retirer son autorisation. Même chose pour l’activité de soustraitance de l’exécution des préparations. Le décret précise toutefois que les autorisations délivrées avant la publication de ce texte restent conformes. ❙

Les droits du père La même loi pour l’égalité hommes/femmes protège désormais les pères contre le licenciement durant les quatre semaines qui suivent la naissance de leur enfant, à moins d’une faute grave de l’intéressé ou d’« un motif étranger à l’arrivée de l’enfant » qui rendrait impossible, pour l’employeur, le maintien du contrat. Et le conjoint, le concubin ou le partenaire pacsé d’une femme enceinte est autorisé à s’absenter pour se rendre à trois des examens médicaux obligatoires de la grossesse, sans perte de salaire. ❙ Décembre 2014 I No 1265 I 53


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Hemangiol est indiqué dans le traitement des hémangiomes infantiles prolifératifs à risque vital, fonctionnel ou esthétique. Il doit être instauré chez des nourrissons âgés de 5 semaines à 5 mois, pendant 6 mois. Un ajustement de posologie selon le poids de l’enfant doit donc être fait, au moins 1 fois par mois. Ce bêtabloquant permet à la fois une vasoconstriction locale, un effet anti-angiogénique et une induction de l’apoptose sur les cellules endothéliales capillaires. Ce traitement constitue une alternative aux corticoïdes systémiques.

LE CONSEIL DU PHARMACIEN ❙❙La

posologie s’exprime en propranolol base (1 ml de solution contient 4,28 mg de ­chlorhydrate de propranolol équivalent à 3,75 mg de propranolol base). Une phase de titration est nécessaire à l’instauration du traitement. ❙❙La dose thérapeutique est de 3 mg/kg/j, répartie en deux prises (matin et fin d’aprèsmidi), espacées d’au moins 9 h. ❙❙Vérifier l’absence de bulle d’air dans la seringue doseuse et placer celle-ci à l’intérieur de la joue puis libérer le

­ roduit. Ne pas allonger l’enp fant immédiatement après. ❙❙En raison du risque d’hypoglycémie, administrer Hemangiol pendant ou juste après un repas. Ne pas le donner si l’enfant ne mange pas ou vomit. ❙❙Hemangiol peut être mélangé à un petit volume de lait pour bébé ou de jus de pomme/ orange adapté à l’âge et au poids de l’enfant. Prendre le mélange dans les deux heures. ❙❙Les autres effets indésirables à surveiller sont la bradycardie, l’hypotension artérielle et ­l ’aggravation de troubles ­pulmonaires existants.

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PAR UN MÉDICAMENT correspond à son intérêt en fonction notamment de ses performances cliniques et de la gravité de la maladie. Il peut être important, modéré, faible ou insuffisant. SA LE SERVICE ATTENDU D’UN DISPOSITIF MÉDICAL mesure son rapport bénéfice/risque et sa place dans

la stratégie thérapeutique. Source : HAS

S!

54 I No 1265 I Décembre 2014

mois

SMR important ASMR niveau 5 (inexistante)

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Liste II

2

SMR important ASMR niveau 3 (modérée)

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HEMANGIOL (PROPRANOLOL)

Délivrance Stupéfiant

Aubagio est indiqué dans le traitement de fond des patients adultes atteints de formes rémittentes de sclérose en plaques (SEP). Sa prise quotidienne orale en fait une alternative aux interférons bêta et à l’acétate de glatiramère. Le tériflunomide est le métabolite actif prédominant du léflunomide (Arava), indiqué dans les rhumatismes inflammatoires. Il est doté d’une action immunomodulatrice aux propriétés antiinflammatoires. Son mécanisme d’action dans la SEP est mal connu et pourrait impliquer une diminution du nombre de lymphocytes activés. La réduction de la progression du handicap à long terme n’est toutefois pas confirmée.

E! Médicament d’exception

H Prescription hospitalière

LE CONSEIL DU PHARMACIEN

❙❙La dose recommandée est de 14 mg par jour. ❙❙Il faut environ 100 jours pour atteindre la

concentration à l’équilibre du traitement. ❙❙En moyenne, 8 mois sont nécessaires après l’arrêt d’Aubagio pour parvenir à une concentration négligeable de tériflunomide. Une procédure d’élimination accélérée par colestyramine ou charbon actif peut être mise en place si besoin. ❙❙Les interactions sont nombreuses, consulter une base de données avant la délivrance. ❙❙Aubagio est tératogène : une contraception efficace est indispensable pendant le traitement et jusqu’à son élimination complète.

Spé Prescription initiale hospitalière

Prescription spécialiste

Surveillance particulière

Sortie de la réserve hospitalière

Nouvelle molécule


Produits Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Quoi de neuf en prescription ?

KALYDECO (IVACAFTOR) EEN 65 E!

ENBREF

%

Afinitor

SMR important ASMR niveau 2 (importante) KALYDECO 150 mg, boîte de 56 cps pelliculés / CIP : 3400926606053 / PPTTC : 19 521,80 €. Laboratoires VERTEX PHARMACEUTICALS.

Premier traitement de fond disponible dans la mucoviscidose. Kalydeco est pris en charge chez les patients âgés de 6 ans et plus, portant une mutation spécifique (G551D) du gène codant la synthèse de la protéine CFTR, le canal permettant la circulation des ions chlorure, entre autres. L’ivacaftor potentialise l’activité de cette protéine altérée, permettant notamment de fluidifier les sécrétions bronchiques. Toutefois les études ont montré qu’il augmentait le risque d’infections des voies aériennes supérieures. Kalydeco n’a par ailleurs pas été étudié chez les patients greffés.

LE CONSEIL DU PHARMACIEN

❙❙La posologie préconisée est de 150 mg toutes

les 12 heures, à prendre avec un repas riche en graisses, sans croquer ni dissoudre le comprimé. ❙❙Une adaptation posologique est nécessaire en cas d’association avec des inhibiteurs et inducteurs du cytochrome CYP 350 3A4. ❙❙Ne pas consommer de pamplemousse, ni d’oranges amères avec Kalydeco. ❙❙La surveillance hépatique doit être régulière. ❙❙Le produit est à commander directement auprès du laboratoire (tél. : 08 05 10 40 04).

DERNIÈREMINUTE

VENLAFAXINE

TIVICAY

(LP 150 ET 225 MG)

(DOLUTÉGRAVIR)

%

65

%

100

EEN

SMR important (épisodes

SMR important ASMR niveau 4 (mineure, en l’absence de

dépressifs majeurs) / modéré (phobie sociale) ASMR niveau 5 (inexistante)

résistance aux inhibiteurs de l’intégrase) / niveau 3 (modérée, patients en impasse thérapeutique)

VENLAFAXINE ABBOTT 150 mg, boîte de 30 cps à libération prolongée / CIP : 3400938448795 /PPTTC : 23,48 €. VENLAFAXINE ABBOTT 225 mg, boîte de 30 cps à libération prolongée / CIP : 3400938450637 /  PPTTC : 34,54 €. Laboratoires ABBOTT PRODUCTS.

Nouveaux dosages de venlafaxine, destinés aux patients nécessitant des doses élevées de venlafaxine à libération ­prolongée. Pour rappel, la posologie maximale est de 375 mg par jour dans le traitement et la prévention des récidives des épisodes dépressifs majeurs, et de 225 mg/jour dans le traitement des troubles d’anxiété sociale (ou phobie sociale). %

Médicament orphelin

Remboursement

TIVICAY 50 mg, boîte de 30 cps pelliculés / CIP : 3400927714634 / PPTTC : 612,16 €. Laboratoires VIIV HEALTHCARE.

Nouvel antirétroviral disponible en ville, indiqué dans le traitement du VIH-1. En association avec d’autres antirétroviraux, Tivicay se destine aux adultes et adolescents à partir de 12 ans. Cet inhibiteur de l’intégrase­du VIH se caractérise par une facilité de prise (1 à 2 prises par jour) et une meilleure « barrière génétique » au développement de résistance virale, facteur préoccupant actuellement. Il ne nécessite pas d’être associé à un « booster » pour être efficace.

NR Non remboursable

LE CONSEIL DU PHARMACIEN ❙❙Selon

le profil de résistance virale et les médicaments associés, la posologie de Tivicay est de 50 mg 1 à 2 fois par jour. ❙❙En cas de dose oubliée, la prendre s’il reste plus de 4 h avant la dose suivante. ❙❙L’association avec le millepertuis est déconseillée. ❙❙Le fer, le calcium ou les compléments multivitaminés doivent être pris au moins 2 heures après ou 6 heures avant le dolutégravir.

❙❙Extension d’indication. L’évérolimus, inhibiteur sélectif de mTOR, est désormais remboursable à 100 % dans le traitement du cancer du sein avancé avec récepteurs hormonaux positifs, chez les femmes ménopausées, en association avec l’exémestane (aromasine et génériques). La dose recommandée dans cette indication est de 10 mg 1 fois par jour. AFINITOR 5 MG, boîte de 30 cps/ CIP : 3400939628110 / PPTTC : 2 783,03 €. AFINITOR 10 MG, boîte de 30 cps/ CIP : 3400939628288 / PPTTC : 3 613,55 €. Laboratoires NOVARTIS PHARMA.

Thermoscan 7

❙❙Nouvelle technologie Age Precision. Elle permet à l’utilisateur de ce thermomètre de sélectionner l’âge de l’enfant (0-3 mois, 3-36 mois, plus de 36 mois) puis d’interpréter facilement le résultat grâce à un code couleur affiché sur l’écran (vert, orange, rouge). Le système de guidage ExacTemp permet un placement correct de la sonde préchauffée dans le conduit auditif grâce à un signal lumineux et sonore. THERMOSCAN 7 AGE PRECISION (IRT6520), EAN : 4022167652195 / Prix conseillé : 59,99 €. Laboratoire BRAUN.

Poxclin

❙❙Dispositif médical indiqué dans la varicelle. Le complexe breveté 2QR dérivé de l’aloe vera permet de créer une barrière physique entre les bactéries et la peau, réduisant ainsi le risque d’infection potentielle après grattage. Poxclin peut être placé au réfrigérateur pour un effet rafraîchissant et apaisant. La mousse est à appliquer au moins 3 fois par jour sur les zones affectées. POXCLIN, flacon distributeur de 100 ml/ ACL : 8718053572635 / Prix conseillé : 14,90 €. Laboratoire PEDIACT.

ASMR L’AMÉLIORATION DU

SERVICE MÉDICAL RENDU correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament. ASA L’AMÉLIORATION DU SERVICE ATTENDU correspond au progrès fourni par un dispositif médical comparé au produit de référence. Source : HAS

3

EEN Présence d’excipient à effet notoire

ans

Précautions sur la route

Contre-indiqué durant la grossesse

Contre-indiqué durant l’allaitement

À conserver au réfrigérateur

Durée de conservation après ouverture

Décembre 2014 I No 1265 I 55


THÈMES 2014 pris en charge par le FIF-PL

selon les critères déterminés par les représentants de votre profession

PHARMACIENS (4773 Z - Commerce de détail de produits pharmaceutiques en magasin spécialisé)

• Prise en charge annuelle et par professionnel plafonnée à 1 200 € maximum dans la limite du budget de la profession. • Prise en charge au coût réel par professionnel limitée à 300 € par jour de formation et plafonnée à 1 200 € par an et •

par professionnel pour les formations prioritaires, (prise en charge au coût réel plafonnée à 300 € par EPU mais correspondant à une journée de formation sur le quota annuel pour les formations EPU citées ci-dessous). Prise en charge au coût réel plafonnée à 150 € par jour et limitée à 300 € par an et par professionnel pour les formations non prioritaires, en déduction du forfait de prise en charge des formations prioritaires.

Seules les formations soumises à la Commission professionnelle des pharmaciens peuvent faire l’objet d’une prise en charge. FORMATIONS PRIORITAIRES

SÉMIOLOGIE / PATHOLOGIE

MYCOLOGIE

• Pathologies • Maladies cancéreuses • Pédiatrie • Dermatologie

Toute formation liée à la pratique professionnelle DIPLÔMES UNIVERSITAIRES

• Diététique et nutrithérapie • Gérontologie • Homéopathie • Médication, conseil à l’officine • Maintien à domicile • Mycologie • Orthopédie • Pathologie • Audio-prothèse • Optique • Pharmacie clinique, • Thérapeutique • Vétérinaire

LÉGISLATION PHARMACEUTIQUE LIÉE À L’ACTE THÈMES RELEVANT DU DPC

THÉRAPEUTIQUE À L’OFFICINE

• Thérapeutique • Diététique • Phytothérapie • Homéopathie • Médication officinale • Médication familiale • Médicaments à prescriptions restreintes • Prothèses capillaires • Cosmétiques • Dermo cosmétique • Gynécologie • Pharmacologie

EPU

ORTHOPÉDIE

• EPU • APEPPU • Formation continue des pharmaciens QUALITÉ DE L’ACTE PHARMACEUTIQUE

• Véhicules pour handicapés physiques • Orthèses • Thermoformables VÉTÉRINAIRE

• Officiqual • Ordoqual • Endoqual • Qualité acte pharmaceutique • Évaluation de la qualité des soins et de la pratique professionnelle dans le cadre de la Haute Autorité de santé

FORMATION DE COORDONNATEURS DE SANTÉ EN GÉRIATRIE

FORMATIONS NON PRIORITAIRES

Toute formation relative à l’exercice professionnel Attention, la liste ci-dessous est non exhaustive APPROCHE GLOBALE DE L’EXERCICE OFFICINAL

• Communication • Gestion • Gestion des ressources humaines • Juridique • Langues • Management • Informatique bureautique

et Internet (hormis les formations sur site et pro-logiciels) • Le pharmacien face aux risques ATTENTION !

PRISE EN CHARGE DU PATIENT

• Maintien à domicile • Intégration du pharmacien dans un réseau • Dossier pharmaceutique (demi-journée) • Éducation thérapeutique du patient • Accompagnement du patient : suivi et entretien

• Sont éligibles les formations d’une durée •

minimale de 6 h sur une journée ou cycle de 6 h par module successif de 2 h minimum. Sont également éligibles les formations d’une durée minimale de 4 h correspondant à une prise en charge d’une demi-journée.

Rappel : Aucun organisme de formation ne peut être agréé ou sélectionné par le Fif-PL ; seuls des thèmes de formations peuvent être présentés.

Pour toute demande de prise en charge : www.fifpl.fr


Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Un générique aux rayons X par Élise Brunet DIFFICULTÉ LIÉE À L’OFFRE FAIBLE. Quatorze génériqueurs se partagent le marché de la mirtazapine en comprimés pelliculés et orodispersibles.

REPORT DE PRESCRIPTION TRÈS FAIBLE. La mirtazapine a un mécanisme d’action spécifique dans la grande famille des antidépresseurs.

Substituons !

RISQUE DE « NS » INCONNU. Aucune donnée fiable n’est connue à ce jour concernant le risque de « NS » de la mirtazapine, ni d’aucun antidépresseur.

DIFFICULTÉ À SUBSTITUER FAIBLE. L’approvisionnement ne semble pas poser de problème pour cette molécule au mécanisme d’action unique. Mais le changement de forme galénique entre le princeps et le générique peut surprendre les patients.

Mirtazapine

L’ANALYSE DU

PDM 28,2 %

PDM 16,6 %

PDM 15,3 %

PDM 14,2 % PDM 10,8 % ARROW

EG

RATIOPHARM

ZYDUS

ACTAVIS

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

(non représenté)

PDM 6,8 %

PDM 3,9 %

PDM 1,7 %

PDM 1,3 %

PDM 0,4 % PDM : part de marché (génériques)

LA MOLÉCULE

LE MARCHÉ

DCI : mirtazapine.

CONDITIONNEMENT TRIMESTRIEL : NON

PRINCEPS : Norset.

INSCRIPTION RÉPERTOIRE : OUI

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : antidépresseur, antagoniste alpha-2 présynaptique d’action centrale.

MARCHÉ TOTAL : 23,7 millions d’euros (princeps + génériques, cumul mobile annuel – CMA – septembre 2014).

MÊME CLASSE : néant.

MARGE TOTALE : 10,2 millions d’euros (princeps + génériques hors performance, CMA septembre 2014).

INDICATIONS : traitement des épisodes dépressifs majeurs chez les adultes. ASSOCIATION : NON

Données FSPF/Pharmastat

ROTATION GLOBALE : 9,2 boîtes par mois (princeps + génériques). MARGE PAR OFFICINE : 38,80 euros par mois (princeps + génériques hors performance).

Si la mirtazapine n’est pas retenue pour le suivi spécifique de la délivrance des génériques, elle est toutefois « sous surveillance », le taux actuel de substitution de 90,6 % – pourtant très élevé – étant jugé insuffisant. Un petit effort pourrait être fourni pour substituer cette molécule qui présente peu de difficultés, hormis la différence de forme galénique pouvant exister entre princeps et générique. Même si la dispersion du comprimé orodispersible est plus rapide que celle de la forme pelliculée, « la bioéquivalence entre les deux formes a été réalisée et démontrée », selon le Leem (Les entreprises du médicament).

LA SORTIE DU MOIS

DCI : oxycodone (forme comprimé à libération prolongée uniquement). PRINCEPS : Oxycontin. CLASSE THÉRAPEUTIQUE : analgésique opioïde.

Décembre 2014 I No 1265 I 57


Officine Banc d’essai

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Les BB crèmes Nouveau chouchou de la gent féminine, la BB crème a investi les rayons des pharmacies. Pleine de promesses, elle peut toutefois rapidement décevoir si elle est mal conseillée. À vous de jouer ! Anaïs Bellan

P

résentées comme le couteau suisse des soins de jour, les BB crèmes se sont fait une place ces deux dernières années à l’officine. À mi-chemin entre maquillage et cosmétique, elles revendiquent une action hydratante associée à un pouvoir unifiant. Ces promesses ne sont pourtant pas toujours à la hauteur. En effet, certaines (BB Crème Perfectrice, Idéalia) ne sont pas assez hydratantes pour être utilisées seules sur une peau sensible ou sèche. Le conseil associé d’un sérum hydratant, à appliquer avant la BB crème, est alors essentiel sous peine de voir revenir une cliente mécontente. Concernant leur niveau de couvrance, il importe de rappeler qu’il est inférieur à celui d’un fond de teint. Le rendu est donc plus naturel mais, en contrepartie, les imperfections sévères restent visibles. Par ailleurs, la présence de pigments réflecteurs de lumière, nécessaires à l’effet bonne mine, ne facilite pas la dissimulation d’éventuels boutons. Ils accentuent aussi les brillances des peaux mixtes à grasses. Il convient alors d’orienter plutôt vers une CC crème, à la texture plus fluide (voir encadré ci-contre). Enfin, la mention d’un indice de protection doit être nuancée car, à la différence des crèmes solaires, il n’est pas d’usage de renouveler l’application de sa crème de jour toutes les 2 heures. En résumé, si les BB crèmes séduisent par leur polyvalence, leurs performances déçoivent. Mieux vaut faire une seule chose à la fois et la faire bien. ❙

58 I No 1265 I Décembre 2014

CRÉALINE AR BB CREAM (Bioderma) EAN : 3401351277979 / Tube de 40 ml / PMC : 16,90 € À savoir : existe en une seule teinte, claire ; SPF annoncé : 30. ON AIME L’excellente couvrance de la crème pour un effet naturel, l’hydratation qui est au rendezvous, le parfum discret, le tube operculé et le packaging, cohérent avec le positionnement dermatologique du produit. ON REGRETTE La texture un peu épaisse mais nécessaire pour garantir le pouvoir couvrant, la teinte claire annoncée qui ne correspond pas à la réalité : la crème est de teinte médium avec des notes « pêche » et ne convient pas aux carnations très claires.

IDÉALIA BB CRÈME, teinte médium (Vichy) EAN : 3337871324537 / Tube de 40 ml / PMC : 21,20 € À savoir : existe en 2 teintes, claire et médium ; SPF annoncé : 25. ON AIME La texture fluide qui s’applique très facilement, l’effet bonne mine procuré par la crème et la note rosée en adéquation avec le packaging, le parfum légèrement fruité, l’élégance du tube et l’embout effilé. ON REGRETTE L’hydratation très moyenne et le faible pouvoir couvrant de la crème, l’allégation « Affine le grain de peau » qui ne se vérifie pas en pratique, le prix.

HYDREANE BB CRÈME, teinte médium (La Roche-Posay) EAN : 3337872413667 / Tube de 40 ml / PMC : 15,90 € À savoir : existe en 2 teintes, light et médium ; SPF annoncé : 20. ON AIME La texture fluide et le respect de la teinte annoncée (note rosée), l’efficacité de la fonction hydratante de la crème, le parfum discret qui plaît au plus grand

nombre et un packaging cohérent avec le positionnement dermatologique du produit. ON REGRETTE La formule trop riche pour les peaux mixtes à grasses – elle fait briller quelques heures après son application – et l’ouverture du tube, inadaptée. En effet, la crème se déverse trop rapidement et le bouchon à clapet est rapidement sale.


Banc d’essai Officine

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

BB CRÈME LUMINESCENCE, teinte dorée (Lierac) EAN : 3508240202606 / Tube de 30 ml / PMC : 25,50 € À savoir : existe en 2 teintes, sable et dorée ; SPF annoncé : 25.

PHOTOS MIGUEL MEDINA

ON AIME L’efficacité hydratante de la crème et l’effet bonne mine obtenu – la teinte dorée doit néanmoins être réservée aux peaux mates –, l’élégance du tube. ON REGRETTE La texture mousse légèrement pâteuse, qui rappelle plutôt celle d’un fond de teint que d’une crème de jour ; la formule, trop riche, qui ne convient pas aux peaux mixtes à grasses ; le parfum, qui ne fait pas l’unanimité ; le prix.

BB CRÈME SOYEUSE PERFECTRICE PAR BIO-BEAUTÉ, teinte médium (Nuxe) EAN : 3264680005978 / Tube de 30 ml / PMC : 15,90 € À savoir : existe en 3 teintes, claire, médium et foncée (réservée aux peaux métisses) ; SPF annoncé : 8.

BB, CC et DD crèmes ! La première camoufle, la deuxième corrige et la troisième protège. Ces crèmes tout-en-un, dont l’objectif commun est d’hydrater la peau et d’unifier le teint, se conseillent différemment. La BB crème (pour blemish balm) est destinée à la cliente qui recherche avant tout un produit de maquillage. La CC crème (pour color control) se caractérise plutôt comme un produit de soin pour traiter et corriger les rougeurs localisées. De texture plus fluide que la précédente, elle ne s’applique pas nécessairement sur l’ensemble du visage. Enfin, la DD crème (pour daily defense) se différencie de la BB crème par son action protectrice à l’égard de toutes les agressions quotidiennes (soleil, température, pollution…) que subit la peau. En un mot, elle lutte contre le stress oxydatif (action anti-radicaux libres) qui est le principal facteur de ­vieillissement cutané. Encore très peu demandée en officine, la EE crème (pour energy enhance) est la dernière-née de ces crèmes multifonctions et regroupe l’ensemble de leurs propriétés tout en assurant une fonction anti-âge.

ON AIME Sa composition irréprochable et sa teinte lumineuse aux notes « pêche » qui colle bien à l’image du produit, l’odeur de pêche du produit, qui ne fait cependant pas l’unanimité car très marquée – à noter qu’elle s’estompe rapidement après l’application –, le tube à embout fin ainsi que le prix, abordable pour un produit bio. ON REGRETTE La texture épaisse – la crème doit être obligatoirement chauffée avant de l’appliquer (conseils indiqués sur l’intérieur du packaging) – et l’apparition de brillances en fin de journée sur les peaux mixtes à grasses pour une hydratation très moyenne.

NOTABENE PMC = prix moyen constaté

Les leaders du marché  LIERAC

8,3 %

AUTRES

9,2 %

BIO-BEAUTÉ BY NUXE   5,3 %

BIODERMA   11,7 %

VICHY

29,9 % 

LA ROCHE-POSAY 35,6 % 

Source : FSPF-Pharmastat. xx % Parts de marché en chiffre d’affaires (cumul mobile annuel) en 2013. Tendances des CA entre juin 2013 et mai 2014.

Les BB crèmes ont fait leur entrée sur le marché en 2013 avec un peu plus de 300 000 unités vendues en pharmacie pour un chiffre d’affaires (CA) s’élevant à 5 659 057 euros. À l’heure actuelle, elles enregistrent un léger recul de leurs ventes (– 1,4 %) sur la période de juin 2013 à mai 2014. Bien qu’ayant lancé sa BB crème dès 2012, le laboratoire La Roche-Posay, leader avec 35,6 % des parts de marché (PDM) en CA en 2013, résiste mal à l’arrivée des produits concurrents. En effet, les ventes d’Hydreane BB Crème ont chuté de 11,7 % entre juin 2013 et mai 2014. Le laboratoire Vichy, deuxième acteur avec 29,9 % des PDM en CA l’an dernier, ne fait pas mieux avec 13,4 % de ventes en moins de sa BB crème Idéalia sur la même période. Bioderma, dont la BB crème Créaline AR s’adresse à une clientèle plus ciblée (peaux sensibles à tendance couperosique), s’en sort mieux. Ses ventes et son CA sont en progression de plus de 9 % entre juin 2013 et mai 2014. Avec une clientèle diamétralement opposée, le laboratoire Lierac progresse également dans les mêmes proportions, avec une tendance à + 11,4 % de son CA sur 2013-2014. Ce résultat encourageant ne l’empêchera pourtant pas d’être relégué en cinquième position dès 2014 derrière la gamme bio commercialisée par Nuxe. En effet, les ventes de la BB Crème Perfectrice ont explosé entre juin 2013 et mai 2014 : sur cette période, elles ont progressé de plus de 87 %, tout comme le CA.

Décembre 2014 I No 1265 I 59


Officine Aperçu

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Des livres, des sites internet… par Laurent Simon

Relooking extrême La base de données publique du médicament fait des émules. 360 Medics lance un site et une application pour rendre l’accès aux données plus « sexy » que sur le site officiel. Pari réussi, le volet de recherche par panneaux successifs est pratique. L’applica­ tion iPhone est utilisable hors connexion à condition de télécharger la base : avec 170 Mo, le Wi-Fi est indispensable. Le tout est gratuit à condition de créer un compte sur 360medics.fr et, c’est regrettable, de « parrainer » trois amis en fournissant leur e-mail. ❙

Incollable sur les déficits Pas facile de résumer simple­ ment les politiques de santé en France, le débat étant abordé uniquement par le biais des déficits de l’Assurance maladie. C’est pourtant le défi que tente de relever Dominique Polton, économiste de la santé, dans cet ouvrage austère mais concis et vulgarisé. L’occasion de démonter en quelques mots des clichés sur notre système de santé, notamment l’impact, en réalité très limité, de la fraude sur les comptes de la Sécu mais aussi le coût prétendument exorbitant de la prévention. Pour autant, les solutions miracles n’existent pas… à moins d’un hypothétique retour de la croissance. ❙ La Santé pour tous ?, Dominique Polton, La Documentation française, 190 p., 7,90 €.

Les petites pilules à travers les âges

U

ne plongée dans la pharmacologie moderne, voilà ce que vous propose ce beau livre autoproclamé de plus de 500 pages, qui présente pour chaque double page un médica­ ment, une subs­ tance phare ou, plus rarement, un événement marquant sur la page de gauche, et une illustra­ tion, géné­rale­ ment de fort bon goût quoique pas toujours directement liée à la molécule traitée, sur la page de droite. Ce beau livre n’usurpe donc pas son nom, puisque sa cou­ verture légèrement irisée, son papier et son iconographie

sont de belle facture et son format carré réduit, plutôt ori­ ginal. Depuis les plantes – 60 000 ans av. J.-C. –, jus­ qu’aux thérapies géniques, que l’auteur Michael C. Gerald voit se développer à partir de 2020, rien ne manque ou presque. Pourquoi ne pas vous lancer dans des petits quiz sur les médica­ ments ? Allez, pour un camem­ bert vert : quel gaz de combat a été transformé après la guerre en anticancéreux ? Réponse : le gaz moutarde. ❙ Le Beau Livre des remèdes et des médicaments, Michael C. Gerald, Dunod, 528 p., 29 €.

Le premier âge des possibles À partir de quel âge un bambin peut-il se gaver de barbe à papa ? Et d’ours gélifiés ? Si la réponse ne vous vient pas immédiate­ ment, vous pouvez faire appel au petit logiciel Kidimiam, dispo­ nible sur C-mon-assurance.com. Avec une barrette de sélection pour l’âge et l’autre pour l’aliment, vous accéderez ensuite à un tableau synoptique des évictions, consultable uniquement en ligne. Joliment fait et assez complet. ❙ 60 I No 1265 I Décembre 2014

Tous les DU par le menu L’Association nationale des étudiants en pharmacie (Anepf) réédite pour l’année universi­ taire 2014-2015 son Guide des diplômes universitaires (DU). Au sommaire de cette qua­ trième édition : une bonne cen­ taine de formations dans des domaines très variés, depuis la gestion-management jusqu’à la pharmacie vétérinaire en passant par les DU d’orthopé­ die. Chaque fiche résume les objectifs du DU, les conditions d'admission, les horaires mais aussi les coûts. Il y a toujours une faculté pas très loin de votre officine ! ❙ Guide des diplômes universitaires 2014-2015, Anepf, 221 p., 15 € (gratuit en cas de souscription à l’Anepf).



CULTURE

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

en partenariat avec

DES LIVRES

www.zone-litteraire.com

Il n’y a pas que le Goncourt…

DR

Cadeau chic et de bon goût, un roman ceint d’un bandeau rouge (Goncourt, ­Renaudot, Femina…) est aussi souvent le choix de la raison. Voici deux propositions non primées et un petit guide pour vous y retrouver dans la jungle des prix littéraires.

P

mamans préretraitées. Reste deux prix majeurs à évoquer pour cette année 2014 : le prix Medicis et le Grand Prix du roman de l’Académie française, l’Interallié n’étant pas encore décerné au moment où nous écrivons ces lignes. Le premier est allé à un nihiliste, Antoine Volodine, pour son roman post-apocalyptique Terminus radieux (Seuil), cadeau de choix pour un neveu altermondialiste tendance radicale. Cette histoire de guerre des mondes – fascistes

contre bolchevistes – rendrait mystique le plus républicain de vos proches. Risqué, donc, au pied du sapin. La meilleure pioche 2014 revient définitivement à Adrien Bosc, qui a remporté le Grand Prix du roman de l’Académie française pour son premier ouvrage : Constellation (Stock). L'histoire du crash de cet avion qui trans­ portait, entre autres, Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu, pourra en effet plaire à toutes les générations confondues. ❙

Proposition 1 : Nothomb

Proposition 2 : Gailliot

Léger et pétillant, ce roman quasiment autobiographique – il raconte la véritable rencontre et le lien qui unit Amélie Nothomb à l’écrivain Stéphanie Hochet – rend hommage à l’écriture, aux libraires et aux lecteurs, qui le rendent bien à son auteur. S’il ne peut être retenu comme son œuvre la plus aboutie, il ne laisse pas de faire rire, piquant çà et là le conte de traits d’esprits fins et malicieux, voire de scènes génialement comiques. Avec seulement 180 pages, Pétronille se boit vite mais ne manque pas pour autant de saveur. ❙

Ovni littéraire ou bien hommage à tous les genres confondus ? Méditation esthétique, polar politico-­ historique, aventures et rebondissements… on trouve un peu tout cela dans le nouveau roman de Jean Hubert Gailliot, qui narre la quête d’un manuscrit mystérieux et son influence dans l’œuvre de Man Ray, Ezra Pound ou encore Cy Twombly. Le tout agrémenté d’une subtile réflexion sur la rumeur, sur la construction d’une légende et l’importance du bruit qui l’accompagne pour créer un mythe. Un grand « roman », donc. ❙

Pétronille, Amélie Nothomb, Albin Michel, 180 p., 16,50 €.

62 I No 1265 I Décembre 2014

DR

DR

assons tout de suite sur le Goncourt. Décerné cette année, contre toute attente, à Lydie Salvayre pour Pas pleurer (Seuil), un roman mêlant souvenirs d’enfance et guerre d’Espagne écrit en

f­ragnol, mélange de français et d’espagnol, qui risque de rebuter le plus grand nombre. Au contraire du Renaudot, attribué cette année au sémillant et parfaitement accessible David Foenkinos. Attention toutefois : Charlotte (Gallimard) s’éloigne un peu des bluettes et de l’autodérision chères à l’auteur, puisqu’il rend ici hommage à Charlotte Salomon, une artiste juive disparue à ­Auschwitz en 1942. Donc, outre les jeunes filles en fleurs, on le destinera à leurs

Le Soleil, Jean Hubert Gailliot, Éditions de l’Olivier, 530 p., 20,50 €.

AGENDA MUSIQUE

❙❙ Vincent Delerm. En tournée : le 15 janvier à Belley, le 22 à Paris, le 3 février à Cébazat, le 13 à Rouillac, les 3 et 4 mars à Nantes… ❙❙ The Rabeats. En tournée : le 16 janvier 2015 à Vierzon, les 23 et 24 à Versailles, le 13 février à La Rochelle, le 5 à Voiron… ❙❙ Adèle D. Doux Dingues. Musique pour enfants. Le 17 janvier 2015 à Trégueux (Espace Bleu pluriel). ❙❙ Dany Brillant. En tournée : le 17 janvier à Muret, le 29 au Mans, le 30 à Tours, le 3 février à Perpignan, le 4 à Béziers, le 5 à Marseille… ❙❙ Juliette Gréco. Le 17 janvier à Mantes, le 14 mars à Neuves-Maisons. ❙❙ Deportivo. En tournée : le 6 février à Villeneuve-la-Garenne, le 14 à Limoges, le 28 à Istres.

SPECTACLES

❙❙ Le Tombeur. En tournée : le 15 décembre à Perpignan, le 16 à Montpellier, le 19 à Nantes, le 20 à Tours, le 5 janvier à Thionville, le 8 au Mans, le 23 à Paris. ❙❙ François-Xavier Demaison. Demaison s’évade. En tournée : jusqu’au 28 décembre à Paris, le 17 décembre à Rennes, le 10 janvier 2015 à Clermont-Ferrand, le 23 à Eysines, le 30 au Mans… ❙❙ Alice au pays des merveilles. Théâtre pour enfants. Jusqu’au 2 janvier 2015 à Paris (Théâtre Saint-Georges). ❙❙ La Maîtresse en maillot de bain. Jusqu’au 4 janvier 2015 à Paris (Café de la Gare). ❙❙ Michel Boujenah. Ma vie rêvée. Jusqu’au 4 janvier 2015 à Paris (Théâtre Édouard-VII). ❙❙ Ulysse. L’odyssée musicale. En tournée : le 10 janvier à Cournon-d’Auvergne, le 17 à Saint-Étienne, le 24 à Lyon. ❙❙ Home. Du 13 au 24 janvier à Villeurbanne (Théâtre de l'Iris).

EXPOS

❙❙ Contes de fées. De la tradition à la modernité. Du 6 décembre au 6 avril 2015 au palais Lumière (Évian). ❙❙ La Belle Échappée. Jusqu’au 4 janvier 2015 au Centre d’art contemporain (Montélimar). ❙❙ Baccarat, la légende du cristal. Jusqu’au 4 janvier 2015 au Petit Palais (Paris). ❙❙ Émile Bernard (1868-1941). Jusqu’au 5 janvier 2015 au musée de l’Orangerie (Paris). ❙❙ L’autre de l’art. Jusqu’au 11 janvier 2015 au LaM (Lille). ❙❙ Kimonos d’un trésor national vivant. Jusqu’au 17 janvier 2015 à la Maison de la culture du Japon (Paris). ❙❙ Impression, soleil levant. Jusqu’au 18 janvier 2015 au musée Marmottan (Paris).


CULTURE

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

SUPERFLU ! CONTRE CULTURE

Une feuille de Cannabis indica.

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Critique cannabique

Noël à Hollywood

À écouter les dirigeants du Denver Post, interrogés par leurs confrères du New York Times, rien que de très logique à engager un testeur de fumette dans la mesure où le staff du quotidien compte également un critique de bière ou de restaurants… Grand cru fumé En véritable esthète du joint, Jake Browne a tour à tour chroniqué la 303 Kush, la Sour diesel, la Harlequin, l’Alien Napalm, la Grape Ape… Autant de variétés disponibles dans les dispensaires où le Colorado en autorise la vente. L’expert a sa méthode pour tester les variétés : description organoleptique, analyse de l’origine et… des effets, bien sûr, ce qu’il fait en des termes accessibles mais un tant soi peu mystiques.

La 303 serait, par exemple, « comme [le milliardaire] Richard Branson », pour des raisons que nous vous ­laisserons découvrir. Et ce n’est pas fini : le site spécialisé Thecannabist.co embauche. Si vous voulez tenter votre chance, il vous faudra vivre au Colorado, avoir au moins 21 ans, connaître le journalisme mais surtout être rompu aux différentes espèces de chanvre et de matériel pour le consommer. ❙ Laurent Simon

NOTABENE Pour les anglophones, vous pouvez consulter le portrait que consacre le New York Times à Jake Browne : « The Life of a Pot Critic : Clean, With Citrus Notes ». Les critiques de Jake Brown sont disponibles sur le site www.thecannabist.co/ author/jbrown/

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I

maginez un instant que vous ouvriez Ouest-France à la page des critiques gastronomiques et que vous trouviez à la place une chronique circonstanciée sur les variétés de chanvres en vente près de chez vous. C’est pourtant une réalité pour les habitants de Denver, qui peuvent lire dans le Denver Post, vénérable quotidien local, les chroniques de Jake Browne. Ce jeune homme bien de sa personne est le goûteur du journal, pour qui il a déjà écrit une trentaine de papiers. Il faut dire que le Colorado est le premier État à avoir autorisé la consommation récréative de « canna » le 1er janvier dernier, entraînant dans son sillage tout un business mêlant sodas, huiles essentielles et même des « greens tours » associant sports d’hiver et marijuana !

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Effet de la libéralisation du cannabis aux États-Unis, la profession de testeur se développe doucement. Mais comment font-ils pour se lever le matin ?

Pourquoi fête-t-on Noël ? Pour les enfants, n’est-ce pas ? Alors débarrassezvous de vos guirlandes trop classiques et adoptez ces boules de Noël Transformers, pour la modique somme de 9,99 dollars sur le site Thinkgeek.com. Pour le prix, vous pourrez choisir entre les Autobots ou les Decepticons (demandez à vos enfants) et profiter de LED intégrées pour illuminer les fêtes.

Saint Nintendo Encore plus geek, encore plus mignon : la couronne de Noël 8-Bit. Dessinée à la manière des jeux vidéo Nintendo qui ont bercé les jeunes années des grands enfants d’aujourd’hui, elle décorera à merveille une salle d’arcade… ou votre intérieur, si vous assumez le côté très années 90. Allez, pour 19,99 dollars seulement sur Thinkgeek.com, payez votre clin d’œil rétro.

NOTRE SÉLECTION DVD Nos étoiles contraires

Les Combattants

De Josh Boone. Avec Shailene Woodley, Ansel Elgort, Laura Dern.

De Thomas Cailley. Avec Adèle Haenel, Kévin Azaïs, William Lebghil.

Sortez les mouchoirs ! Ce film, expressément réalisé pour les cœurs adolescents, relate justement l’histoire d’amour de deux ados… cancéreux. Tout est dit et tout y est : des scènes tantôt drôles, tantôt éprouvantes, des seconds rôles parfaits, un prince charmant, du romantisme, une sensualité naissante, des textos… Le pire : même les adultes s’y laisseront prendre !

Attention : œuvre ! Résumer ici ce premier long-métrage relève du sacrilège. Disons au moins qu’il s’agit de la collision entre un être plein, Madeleine, et une coquille vide, Arnaud. Et que cette bombe dans le paysage cinématographique porte un regard d’une finesse et d’une qualité remarquables sur la cavale du monde. Sans avoir l’air d’y toucher, qui plus est.

et aussi… The Face of Love

D’Arie Posin. Avec Annette Bening, Ed Harris, Robin Williams.

Salaud, on t’aime

De Claude Lelouch. Avec Johnny Hallyday, Sandrine Bonnaire, Eddy Mitchell.

Winter Sleep

De Nuri Bilge Ceylan. Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Ayberk Pekcan.

L’Ex de ma vie

De Dorothée Sebbagh. Avec Géraldine Nakache, Kim Rossi Stuart, Pascal Demolon.

Planes 2 Animation.

New York Melody De John Carney. Avec Keira Knightley, Mark Ruffalo, James Corden.

Sorti en pleine douceur estivale, New York Melody était la rom-com idéale. Un beau Mark Ruffalo, une délicieuse Keira Knightley, le décor électrique de la Grosse Pomme, de la musique folk et la toujours parfaite Catherine Keener au casting. Si la bal(l)ade est sympathique, cet opus n’égale toutefois pas Once, un des précédents films de John Carney du même acabit.

Décembre 2014 I No 1265 I 63


JEUX DE MOTS

par l’association À la croisée des mots Pour recevoir d’autres jeux et grilles : contact@alacroiseedesmots.com Ronge les ongles

Au début pour Johnny

Arobase

Fête avant la teuf

Base de canons

Clou des champs

Risque de contagion

En bateau ou en train

Silencieuse

Fait toujours à la fin

Passe en pleurant

Ne réfléchit plus

Débouche les oreilles

Passemontagne

Récif dangereux

Vécu de Paksé Fait donner de la voix Talent de marqueur

Mercure au tableau

Un job qui fait peur

Peau tache

Des bricoles

Arrière-banc

Sortant avec fulgurance

Sont au repos Don pour Camilla Extrêmement gourmand

Se bat avec une coulpe

Se débarrasse des impuretés

Bulle en Champagne

Qu’on presse

Sous le signe du taureau

Vaisseau de corsaire

Vas perdre des points Pile Cabane de soldats

Cycle qui passe en coup de balais

Prend soin à petit

Bâtarde, la lentille Servi par l’ignorant Marque du passé pour des filles

Astrale ou triste Se prend par derrière Vise les cieux au bout de l’essieu

Drogue

Placer les lettres manquantes (_) pour trouver le mot répondant à la définition. _

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Parlez-en à mon cheval

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Ci joint Sa formule est magique Prise en charge A

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Fait chier Blanche neige

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Se sert chanvré

Solutions disponibles sur www.lepharmaciendefrance.fr le 15 décembre.

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Manager Professionnel de santé Approvisionnement

Maintien à domicile Nouvelles missions

Développement commercial

Pharmaciens par vocation Astera par conviction Informatique

Gestionnaire

DES PHARMACIENS, DES BESOINS, DES IDÉES PARTAGÉES. • Financement et gestion de l’officine • Développement commercial • Motivation des équipes

Ma coopérative Astera propose toutes les solutions pour développer mon officine : • Approvisionnement • Maintien à domicile • Nouvelles missions

Découvrez de nouvelles solutions pour une officine encore plus performante sur : www.astera.coop

Financement



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