SCÉNARIO / PANORAMA Du 18 mai au 18 juin 2017
Olivier Filippi
Le pays où le ciel est toujours bleu
« J’ai l’espoir que cela propose quelque chose que je ne suis pas actuellement en mesure de me représenter. » Au final, c’est ce que je pourrais retenir du projet d’exposition - ou plutôt de ce qui en tenait lieu - formulé en septembre dernier.
Heimakea, 2017 Cartons d’emballage, 120 x 43 x 30 cm
La grande majorité des tableaux présentés a été réalisée ces derniers mois. Cette nouvelle série d’œuvres se définit différemment des tableaux la précédant, qui faisaient surtout appel à des divisions géométriques du plan, et dont la réalisation était également beaucoup plus planifiée. Mais elle se relie par ailleurs à des tableaux réalisés il y a une petite vingtaine d’années, par l’emploi de la technique du monotype.
Vue de l’exposition
Couverture : Bleu / Rouge, 2017 (détail) Acrylique sur toile, 140 x 120 cm
L’idée de panorama est présente dans l’accrochage des tableaux, qui suit une ligne horizontale courant sur tous les murs du lieu. Les tableaux sont plutôt nombreux et alignés par le bas. À la différence des expositions précédentes, l’accrochage n’a fait l’objet d’aucun plan préalable. Cela s’est construit sur place. En général pour définir un accrochage, on pose en premier lieu les tableaux au sol, contre les murs, et on modifie leur quantité, leurs espacements, leurs rapports.
Vue de l’exposition
B. P. P. B., 2017 Acrylique sur toile, 50 x 35 cm x 2 I. O. I. E., 2017 Acrylique sur toile, 92 x 60 cm Vert / Rose, 2017 Acrylique sur toile, 46 x 33 cm
Ici, c’est un peu comme si, une fois ce choix établi, on avait fait opérer une translation aux tableaux, du sol aux murs, en gardant l’alignement original. Cela me fait également penser à l’action qui consiste à sélectionner plusieurs éléments puis à les déplacer « d’un coup » (comme on peut le faire sous Sketch’Up, qui est le logiciel que j’utilise habituellement pour préparer l’accrochage des expositions, par exemple). Scenario-1 est le nom d’une suite de photos publiées sur une plateforme de blog, s’affichant en scrolling vertical. Les photos utilisées sont en grande majorité des photos de paysage, des vues d’architecture, des détails - globalement il n’y a pas de figure humaine, sinon parfois pour donner l’échelle. Ce qui m’importe autant, sinon davantage que les images en elles-mêmes, ce sont surtout les variations des tailles d’affichage et des espaces. J’ai tenté ici d’en proposer une version diaporama. Il s’agissait donc de convertir les durées induites par l’affichage du blog en durées bien réelles : la durée d’affichage de chaque image, la présence et la durée d’un fond noir les séparant, ou son absence. Cela a débouché sur une vidéo d’une quinzaine de minutes, dont la réalisation s’apparentait de très près à celle d’une musique.
In situ, 2015 Tirage pigmentaire sur papier Canson Arches Muséum, contrecollé, et cadre aluminium noir, 103 x 103 cm (7 exemplaires + 2 épreuves d’artiste)
De gauche à droite : Rose, 2017 S/t, 2017 D. R. T. H., 2016 Vert, 2017 S/t, 2017 Bleu, 2017 Orange, 2017 P. Z. Z., 2017 Noir, 2017 Acrylique sur toile, 70 x 50 cm
Bleu, 2017 Acrylique sur toile, 100 x 73 cm Rose / Bleu, 2017 Acrylique sur toile, 90 x 60 cm Jaune, 2016 Acrylique sur toile, 70 x 50 cm Orange / Vert, 2017 Acrylique sur toile, 55 x 38 cm
C’est aussi un peu comme un économiseur d’écran perturbé par des interventions humaines, qui tenteraient de retenir certaines images, ou de passer plus rapidement d’autres. Il y a également, dans la vitrine à l’entrée, une petite sculpture assemblage : des éléments de calage en carton, posés sur une boite de rangement qui forment une sorte de totem. C’est le seul lieu de l’exposition qui ne propose qu’un regard frontal sur un objet unique et relativement invariable (relativement seulement, car le soleil devrait progressivement désintégrer ce fragile assemblage). On a donc, en vitrine, un assemblage solitaire, au rez-de-chaussée un déploiement de tableaux dans l’espace d’exposition, induisant un déplacement, au sous-sol, une succession d’images uniques dans un espace confiné. Chacun de ces trois espaces suppose un temps de regard et un rapport aux œuvres différent. Il me semble que le principal trait d’union entre ces trois propositions, qui coexistent mais ne cohabitent pas, est la ponctuation du temps. Olivier Filippi (Paris, le 31.05.2017)
Double page précédente : IMG_6678 De gauche à droite : IMG_6636, IMG_4087, IMG_7986, P1140994 Scenario-1, 2014 / 2017 Projection vidéo (15’)
En savoir + Olivier Filippi
http://o.filippi.free.fr http://scenario-1.blogspot.fr http://olivierfilippi.tumblr.com
Le POCTB Le pays où le ciel est toujours bleu, POCTB - collectif d’artistes, est un label de création et de diffusion dans le domaine de l’art contemporain. Ce label propose une programmation dans son espace d’exposition situé à Orléans et hors les murs avec La borne, microarchitecture de création et de monstration itinérante en région Centre - Val de Loire. Direction artistique : Sébastien Pons / Laurent Mazuy
Le pays où le ciel est toujours bleu Quartier Carmes - 5 rue des Grands-Champs à Orléans - 02 38 53 11 52 - www.poctb.fr
Graphisme : Sébastien Pons
Avec le soutien de
Direction Régionale des Affaires Culturelles Centre - Val de Loire