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RETORD

Retord ! Ce mot fait tressaillir le touriste f|ui se sou vient des belles excursions faites dans le massif; il se rap pelle ces champs de Heurs épanouies au premier prin temps à côté des flaques de neige, et bientôt remplacées,

quand la saison est plus avancée par des lapis de nar cisses si serrées qu'on croirait de loin apercevoir encore de la neige. Il se souvient de ses courses d'été dans les

(Extrait des Annales de lu Société d'Emulation de l'Ain)

combes dessinées naturellement en parcs, puis de ces randonnées d'automne après les fenaisons, o(i il allait à

l'aventure, respirant l'air par et la liberté (i). Il n'oublie

pas les courses d'hiver pendant lesquelles, après avoir admiré le pays sous un aspect différent, pratiqué le sky, les luges ou les raquettes, il peut s'installer t\ une table hospitalière.

Mais il serait peut-être surpris d'apprendre que le massif de Retord est loin d'être un plateau, qu'il est com posé de chaînons parallèles orientés du sud au nord,

dont l'altitude croit de l'ouest à l'est, puisqu'il y a plus de 3oo mètres de différence entre le Haut-Bugey et l'a rête orientale du massif.

(i) Car cfimme le dil uq eufnal du pays, à partir de io8H on est fi Relord ; plus do coutrainle, plus de civilité puérile el honnèle, mais liberté.


——

-7 —

Cette disposition explique en partie son abandon et son manque de viabilité. Presque complètement séparé

rognons siliceux de l'étage oolithique inférieur ou juras

du reste du département jusqu'à ces dernières années, ce

sique inférieur.

Viennent ensuite les puissantes roches calcaires avec

pays n'a pu avoir de débouclié que grâce à un syndicat qui a eu toutes les peines imaginables pour construire

marnes et de calcaires marneux de plus de loo mètres

un chemin traversant la région de l'est à l'ouest.

d'épaisseur, formant ce qu'on appelle l'étage oxfordien

Cette disposition explique aussi le caractère parlicularistc des habitants qui, pendant de nombreuses années, et de longs hivers rigoureux sont confinés dans des fermes isolées, formant centre pastoral où ils vivent sans

grands besoins, sans aisance, la terre leur |jermctlaiit de

Elles sont surmontées par une masse considérable de

ou jurassique moyen. Au-dessus est le jurassique supérieur dont la base est

le coralicn composé de rochers calcaires blanchâtres, rosâlrcs ou bleuâtres.

Plus haut sont les calcaires uéocomiens recouverts

subsister avec peu d'effort.

comme dans quelques endroits (Leyssard, lac Genin) par les assises de la craie blanche. Vers l'est apparaissent Il

Géologie et configuration du massif de Retord.

des lambeaux de terrains tertiaires.

Telle est la constitution géologique du Jura. Pour Retord, l'ossature est la même. C'est un ensemble de

Retord, partie la plus élevée du massif montagneux

chaînons ou de chaînes à peu près parallèles, formés

compris entre les coupures de Bellegardc à Nantiui et de Cuioz à Ainbérieu, peut être limité par la Miciiallle à l'est, la faille de Nantua au nord, le Valromey au midi et les monts du Haut-Bugey à l'ouest.

par les assises soulevées du calcaire jurassique. Rarement les strates sont horizontales, le plus sou vent, elles s'inclinent dans le sens de la longueur et sont coupées à pic sur l'autre sens. D'autres fois, elles sont

Pour étudier sa constitution géologique et .sa configu

des deux côtés inclinées en sens contraire, comme les

ration, il est utile de rappeler rapidement la géologie du Jura. M. .lacquemin sera mon guide (i). La plus ancienne formation rencontrée dans le Jura est le Trias; il se compose de marnes de différentes couleurs intercallées par des bancs de gypse. .Au-dessus, des bancs calcaires, puis une épaisse assise de marne, tel est l'é tage llaslquc.

(i) Géographie de l'Ain, Bourg, i883, public pur la Société de Géographi^dc l'Ain.

tuiles d'un toit, de manière à figurer une sorte de voilte calcaire, et elles passent d'un chaînon au chaînon voisin, en s'infléchissant, sans se rompre pour former une combe, une vallée plus ou moins étendue mais géné ralement peu profonde. L'altitude de.s chaînons et des dépressions est d'autant plus grande qu'on se rapproche de la limite ûrieiitale.

On peut, en conséquence, comparer Retord à un pian incliné vers l'ouest comme le montre le graphique sui-


- 8^

vant pris du lac de Nanlua à la Michalllc en passant par la grange de Retord. Une coupe perpendiculaire à la précédente montrerait que le massif s'incline en pente douce vers le sud et s'in

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fléchit fortement au nord.

Ainsi le massif de Retord au lieu de se terminer'en

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crête, s'élargit au sommet. Il représente un plateau in cliné à l'ouest et au sud, ou plus exactement une série de plateau-x disposes comme des gradins les uns à la

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suite des autres.

Cette configuration du sol, lient à la manière dout il a

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été soulevé. La force .soulevante au lieu d'agir suivant une ligne droite ou courbe a agi sur toute son étendue et

à peu près avec la même intensité. De telle sorte que les strates ont gardé dans une certaine mesure une horizon

talité primitive ou au moins ne sont que légèrement in

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clinées.

De là cette forme générale de plateau incliné à l'ouest, et cette allure régulière n'a pas été détruite par les sou

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lèvements postérieurs qui ont ondulé le plateau.

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On dirait qu'il a été soumis, à l'action d'une pression

immense, ou qu'il a éprouvé l'action d'une onde gigan tesque, partie des Alpes, dont l'intcnsilé aurait été en diminuant de l'est à l'ouest.

Alors ont surgi ces hautes chafnes de l'est dont l'allLInde dépasse de 3oo mètres celle des chaînes occiden

tales : alors se sont formés ces plissements répétés, ces

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.pombes, ces vais bien ouverts, ces chaînes parallèles, voûtes grandioses dont les coupures transversales, per mettent d'étudier rarcliiteclure.

Ce sont ces alternatives de combes et de chaînes paral lèles qui ont donné à la région son orographie actuelle, et lui ont imprimé un caractère si particulier.

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Mais en s'ëdifianl, ces voûles ont donné lieu à des ac

cidents de terrains divers. A mesure qu'elles montaient, leur courbure devenait plus grande. La limite de résis• tance des strates fut bientôt atteinte, puis dépassée. Les plus élevées se rompirent : leurs c.vlrémités se séparè rent, donnant naissance ici à une voAle coralienne, là à

une combe oxfordienne; ailleurs, une voûte oolitliique ou a une combe liasiquc. Ces déchirures plus ou moins étendues ont crée des paysages charmants.

D'autres décliirurcs plus prolondes se sont aussi pro duites dans le sens de la longueur des chaînons,amcuaot en contact les terrains les plus divers. De là la di

versité des paysages, des prés verts au miiieii des bois, des champs fertiles au milieu des roches dénudées.

La configuration du massif de Retord telle que nous venons de l'esquisser est surtout l'œuvre des forces in térieures, mais elle dépend aussi, dans une certaine me sure, des forces extérieures : actiou des eaux, de l'at mosphère, de l'homme (déboisement), de la nature du terrain.

En effet, les agents extérieurs produisent des effets différents, selon qu'ils s'exercent sur des terrains meu

bles ou des terrains plus ou moins résistants.

Quand une roche est tendre et homogène,ils agisssent d'une manière uniforme et le sol prend des formes ma melonnées. Si elle est résistante elle présente ordinaire ment des fentes agrandies par les agents d'érosion. Le Jura étant composé d'alternances de marnes et de

calcaires, cette opposition se manifeste à citaque pas, surtout dans le sens vertical. •N. Ai ,,;

Le profil d'une montagne, où ces assise.s allernenl,

dessine une ligne brisée formée de parties verticales et 2


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de parties plus ou moins inclinées. Les premières cor respondent aux calcaires, les autres aux marnes. Cette constitution pélrograpliiquc détermine la diffé rence frappante qui existe entre la végétation des ter rains calcaires et celle des terrains siliceux. Mais la

nature et la puissance de la végétation dépendent de l'al titude et de la configuration du sol.

C'est ainsi qu'à Retord en raison des alternatives de marnes et de calcaires, et la disposition des plateaux, les

champs et les prairies occupent la place principale, et qu'en raison de l'inclinaison au midi, cette région pré sente à la Manche un aspect plus riant que celui du mollard de Don situé en face, tandis qu'au nord vers La-

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tenant toujours en dissolution une certaine quantité d'a cide carbonique usent cl décomposent les calcaires, for mant des cavités aux contours irréguliers qui peuvent s'effondrer.

Cette action dissolvante s'o.xerce aussi sur les mar nes qui sont sujettes â se dissoudre facilement. Les assise.s marneuses en disparaissant, cnlrainent avec elles

les roclies qui leur sont superposées, cl si les effondre ments ont lieu là où le sol est marneux, les marnes sont

entraînées petit à petit, et il reste ces espèces d'ciilonnoirs plus ou moins profonds qu'on rencontre si souvent et de préférence dans la partie supérieure du massif.

En même temps queces phénomènes se produisent dans

leyriat, la Guaz, les sapins apparaissent en belles forêts

l'intérieur du sol, l'acide carbonique de l'atmosphère

même à l'allilude de i.ooo mètres. Il est aussi nécessaire d'insister sur les cassures nom

par mollécule, a tel point qu'on rencontre en montagne

breuses qui découpent Retord dans tous les sens;grâce à ces nombreuses fissures, l'eau pénètre facilement dans le sol, où elle forme de véritables rivières souterraines.

C'est celle disposition qui explique l'absence de ruis seaux, la rareté des sources dans tout le massif, et la

nécessité d'y suppléer par des citernes aliiiiealées par l'eau des toits.

Les quelques sources qu'on y rencontre viennent en grande partie de l'eau superficielle. Elles sourdent prin cipalement dans les terrains oxfordiens et n'ont pas de débit constant.

C'est aussi la cause de certains accidents de terrain,

produits par des effondrements, En effet, les canaux

souterrains s'agrandissent de plus en plus sous l'action,

des eaux qui agissent mécaniquement et chimiquement comme elles le font à la surface du sol. Ces eaux con-

agit sur les calcaires de la surface et la détruit mollécule

des terrains primitivement calcaires qui ne contiennent presque plus de chaux.

Les allernalivcs de sécheresse et d'humidité, de gel et de dégel interviennent à leur tour et occasionnent ces

débris qui s accumulent aux pieds des escarpements cal caires.

11 faut aussi signaler les effets du parcours trop inten sif et du déboisement qui privent les coteaux de leur armature naturelle et le.s livrent sans défense au ruissel

lement et aux agents almosphériques. Toutes ces actions qui tendent à effacer les saillies et combler les dépressions du sol, se sont manifestées de

puis les derniers soulèvements du Jura. Sa configuration actuelle doit donc dilFércr de celle qu'il avait jadis, com me elle différera un jour de celle qu'elle a aujourd'hui.' « On peut, en etl'el, prévoir, dit M. Vézian, que dans un


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avenir certain, «nais très éloigné, ce massif finira par être

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Par suite de deux grands incendies qui détruisirent la

nivelé. On pourrait donc prévoir le moment oii non seu

presque totalité du Grand-Abergeraent:(celui du.6 août

lement le Jura aura disparu, mais où l'aspect du pays et la nature du sol seront complètement changés. » (i)

1707 anéantissait l'église et 62 maisons, celui du 5 mars

1758, l'église, la cure et 26 maisons), les habitants de ce

village se retirèrent dans leurs chalets de montagne avec III

Histoire de Retord

L'histoire de celte région ne remonte pas loin : Avant le xviii® siècle on n'en trouve que de rares mentions(2). L'attention ne fut appelée sur ce pay.s, et en particu lier sur la partie la plus élevée, que vers le milieu du xvin* siècle, époque où des efforts furent faits pour des

servir religieusement les formes éloignées. Il semble que la Manche fut peuplée seulement après

la partie haute qui possédait déjà, au xviii® siècle, des fermes nombreuses, dans tous les cas plus nombreuses qu'actuellement. Il faut donc étudier séparément la Manche et Retord

proprement dit. La Manche

. La Manche, comme je l'ai dit, constitue à peu près les

2/3 du massif. Elle était primitivement peu peuplée et l'on n'y rencontrait guère que des chalets ou fenils ser vant à emmagasiner le foin qu'on transportait au Valromey en hiver, et à abriter le bétail envoyé en esti vage.

(i) Véïiao, cilé par M. Jaquemin.

(a) Coasulter Philipoa, diclionuoiro lopographique de l'Ain,

leur bétail et la plupart y demeurèrent définitivement.

C'est de cette façon qu'on explique en partie la densité actuelle de la population sur cette région. Il faut aussi tenir compte de l'altitude moindre, de l'inclinaison au Midi qui permet des produits, agricoles nombreux, de la multiplicité des voies de communi cation.

On y remarque moins la déforestation mais, eu revan che, le parcours y est trop intensif.

Cette partie du Massif a pris uii développement consi dérable pendant le xix® siècle. Grâce au.x chemins éta

blis, l'aisance y règne généralement; quelques fermes sont aménagées et dirigées d'une laçou remarquable. La dépopulation s'y fait moins remarquer, parce que ses combes élagées, véritables parcs naturels, dépendant d une même commune, le Graod-Abergemeut, présentent un lacis de chemins encore trop peu nombreux qui per mettent 1 accès du pays et le transport des produits. Quand on voit les résultats obtenus dans la Manche

par l'établissement des voies de communication, on est surpris du retard voulu pour coraplélcr le réseau du chemin reiianl. les diverses parties du Massif, et l'on dé

plore l'individualisme aucestral des montagnards, qui voient d'abord leur intérêt, celui de leur ferme, de leur commune, celui de leur canton, avant de songer à l'inté rêt général.

Pour n'en citer qu'un exemple,je signalerai une com-


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raune (il est inutile de la nommer) qui a établi jusqu'à

général ; qu'il me suffise de rappeler que le pâturage n'y est pas exclusif comme à Retord, qu'elle est plus fertile

sa limite extrême un chemin. Ce chemin traverse le pays du Sud au Nord, et a apporté l'aisance. Actuellement il se relie à un autre chemin qui traverse le Massif de l'Ouest à l'Est. Il suffirait de le continuer au Nord pen

et qu'on peut y cultiver le blé.

Circonscription de Retord

dant,5 à 6 kilomètres pour rejoindre une grande routé,

qui communique facilement avec le chef-lieu d'arrondis

Avant de faire l'histoire de cette circonscription reli

sement. Or la commune riche, sur laquelle cette prolon

gieuse si intéressante, il est, je crois, nécessaire de si

gation est située, qui devrait fournir un contingent de

gnaler l'absence absolue de chapelle on d'église à Retord avant la fin du xvii® siècle cl l'impossibilité pour St-Fran-

12 ooo francs seulement pour parfaire l'établissement du dit chemin, depuis i5ans refuse son concour.s parce

çois de Sale.s : i" d'être allé à Retord ; 2° d'avoir fondé

que la nouvelle voie ne dessert que sa prairie, passerait

celle paroisse comme le signalent à tort M. Phllipon et

au village au lieu d'aboutir à un hameau, et servirait plu

M. Guigue (1). Comme le dit c.xpressémenl l'abbé Rame), curé du Pc-

tôt à la commune voisine: ab uno discc omnes.

Si j'insiste sur ce point, c'est que des démarches nom breuses ont été faites et que toujours la réalisation du

projet est ajournée pour une raison analogue. Nous espérons cependant que les montagnards les plus intéressés dans la question comprendront enfin leurs in térêts véritables, feront trêve à leur particularisme et se

lanceront dans l'exécution de projets seuls capables de ramener la prospérité,dans le pays.

En résumé la Manche n'a pas d'histoire. Elle dépend adminislrativcmenl du Grand cl du Pelil-Abergemcnl dont elle suit le développement. Dans sa partie élevée,

pour le culte, elle dépendait officieusement de la cir conscription religieuse de Retord, plus rapprochée, mais n'en fai.sait pas partie. On trouve cependant, en 1894, des démarches en vue du rattachement officiel de la parlie haute à l'église de Retord.

Aussi, au point de vue géologique, économique, cultural, sera-t-£lle,iludiée en même temps que le massif

lil^Abergement dans son manuscrit contresigné par l'abbè Berne, curé de Relord (2), St-François de Sales, lors de sa visite pastorale dans la partie française de son

. diocèse en i6o5 (3), débuta à Corbonod, puis visita la Michallle, le Haut-Bugey, Brénod, Haiiteville, et par le Col de la Rochette descendit au Grand-Abergemenl le 3 novembre i6o5, visitait le jour suivant Hotonnes (4) où il coucha dans la maison Favre, et rentrait dans sa rési dence sans monter à Relord.

(1) Dicltonnnirc topogrnphique du dcpartomenl de l'Ain, 1875, Guigue, PhilipoD, dictionnaire lopographiquc do l'Ain, 1911. (2) Voir à ce sujet Journal dit l'Ain, juillet i89i. (Z) Vie de Si-François de Sales par son neveu, p. 4i/i, 2 édil., Vivez.

(/|) Le lit dans lc(|ucl il coucha à Hotonnes est encore possédé par les descendants de la famille Fnvre. Assez bien conservé dans sa partic inférieure, il est privé du dnis <]ui le siirmonlail, el ilont on voil les colonnes coupées.


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' On a ensuite tous les titres qui parlent de Bonifax 21 février 1674Du reste il suffit de consulter les dates : St-François

« dans son lit de maladie corporelle » fondait(1) un re venu perpétuel pour l'enlretien du prêtre qui ferait ac tuelle résidence en la dite montagne de Relord, pourvu que les divers habitants contribuassent de leur côté pour

de Sales mourût en 1622 et fut béatifié en i665 par le

la construction d'une église paroissiale et d'une maison

pape Alexandre VII. Dans ces conditions il fut naturel

prcsbytèrale. »

comme premier curé de Retord et l'acte de fondation le

de choisir pour patron de la nouvelle église, en 1674, un

Le 4 avril 1674, Claude Bonifax, prêtre originaire de

évèque récemment béatifié qui avait eu Retord dans sa

Billiat et non titulaire de cette cure, fils du notaire de

juridiction. (( Ce n'est qu'en 1670, c'est-à-dire 65 ans après ce pas sage du saint dans le Valromey, qu'une personne riche et pieuse, Denize Blanc, veuve de Roland Durochaix de • la Solivaz, montagne du Grand-Abergement, se faisant l'écho des plaintes des habitants qui ne pouvaient que difficilement, pendant les hivers, se rendre aux offices de leurs paroisses, à cause de la grande abondance des

cette localité, parent du chanoine Goujon, faisait une requête à l'évêque, prince de Genève, pour demander une lettre d'institution « de la dite église à bâtir dans le lieu de Relord et à ériger sous le vocable qu'il plaira a Y. G.

neiges, prit l'initiative de la création d'une paroisse dans

navant tous offices paroissiaux en leur faveur dans

les hauts pâturages.

l'église paroissiale de Billiat en tant qu'il plaira à V. G.

< Secondée par M. Michel Goujon, chanoine de la ca thédrale et procureur fiscal de.l'évôché de Genève à qui

et au dit sieur curé d'icelle de le lui permettre, en at

elle avait fait part de son projet, elle s'engagea par con

tagne. »

trat reçu par M® Bonifax, notaire à Billial, le 16 mai 1670 (litre copié du 4 février 1674). en faveur du dit

fiscal : 1° consentir l'homologation du contrat de fonda

pour, en vertu, jouir des fruits et revenus portés dans la dite fondation ».

« Il offre d'aller administrer les Saints-Sacrements aux

habitants de la haute montagne de Retord et faire doré

tendant que lu dite église soit construite dans la mon Le môme jour, 4 «vrii 1674, conclusions du procureur

Michel Goujon, à doter l'église que l'autorité diocésaine

tion et faire exécuter les volontés de feu le chanoine

consentirait à laisser bâtir.

Goujon en érigeant la fondation en titre du curé sous le

« Le chanoine Goujon, ancien curé de Rhilly, en Sa voie, prieuré-alors sous la domination des religieux de Nantua et qui avait intérêt à voir réaliser les vœux do

cette population si chrétienne, se mit aussitôt à l'œu vre.

« De ses propres deniers et avec les subsides fournis

par les habitants. Goujon, par acte du 21 février 1674 et

(1) Annessy, maison de S. Goujon, présents Adrien Doncieiix, prévét> ohanoino do In calhédrolc, curé de In Ville, M. Louis Dépoulier et M. Hilnire Longy, bourgeois du dit Annessy, qui ont signé avec le dit fondateur et moi, not.iire royal et ducal, signé Bertol, notaire. I..es personnes qui désireraient voir le texte complet de ces litres,

peuvent les lire dans Ic.s articles documentés publiés par Ignotus dima le buHetia dé la Société Gorini, juillet 1912 cl suivants. 3


— 18 —

vocable qu'il plaira à V. G. de dotiner; 2" avoir égard à la capacité et idonété d'au suppliant, de lui donner les

— 19 -

et quanta citias; et en attendant que les constructions

facilités demandées avec l'agrcment, toutefois, du curé

soient faites, nous avons permis et permettons au dit sieur Bonifax d'exercer les saintes fonctions pastorales

de Billiat; 3" d'envoyer une commission sous la prési dence de l'archiprôtre du lieu avec participation des prê

aux habitants de la montagne de Relord, dans l'é glise paroissiale de Billiat, du consentement toutefois

tres intéressés pour régler la juridiction spirituelle et les intérêts temporels de la succession ; V' ratifier les con

se servir des sacrements d'eucharistie et d'extrême onc

clusions sous la condition de faire le presbytère et l'iia-

tion de la dite église pour les porter aux malades du dit

biter dans l'année.

lieu en cas de besoin. »

du révérend sieur de la Peysse, curé du dit lieu, et de

Le même jour, 4uvril 1674, •leaii d'Aranlhoti d'Allex,

« Concernant le règlement du dit lieu proposé pour

évôque et prince de Genève, rendait l'acte suivant:

les constructions de la dite église, cimetière et maison presbylérale et de la limite de la juridiction spirituelle

« Avons authorisé, liomologué et approuvé ainsi que par

les présentes nous authorisons, homologuons et approu vons le sus-dit contrat de fondation selon la forme et te

du dit sieur curé de Relord, nous avons commis et com mettons le révérend sieur arcliiprêlre pour, en présence

neur. A qu'elle lin avons dit cl ordonné qu'il sera enre gistré dans notre greffe pour future mémoire. Nous

curés voisins û ce appelés et en présence du sieur Rol

avons érigé Ut fondation au litre de c,nre et paroisse sous le vocable de St-Fran^ois de Sales, évèque et

des sieurs curés de Billiat et de Ville et autres intéressés

land Goujon, frère du dit sieur chanoine Goujon, fonda

prince de Genève, laquelle sera de collation libre et dé

teur, régler les choses susdites ainsi que de droit et de raison pour être le tout envoyé dans notre greffe, à la di

sormais conforme en cas de vacance, selon les lois du

ligence du dit sieur Bonifax, et ce, enregistré pour fu

concours observées dans le diocèse, cl ordonnons que

ture mémoire et le tout, confonnément aux conclusio.Ts

les lettres d'institution de la dite cure et paroisse à fon

du dit sieur, notre procureur fiscal épiscopal et selon la

der dans le lieu de la montagne de Relord seraient expé

pieuse inteiilioa du dit sieur fondateur et pour le repos

diées au susdit sieur Bonifax comme ayant été par nous et les sieurs examinateurs synodaux dûment examiné,

tenu et jugé capable pour posséder et desservir la dite

de l'âme duquel, nous chargeons expressément, tant le sieur Bonifax que les révérends sieurs, ses successeurs a perpétuité dans la cure, de prier dans leur sainte office

cure à la charge et condition que, tant lui que les habi

de la messe. »

tants du dit lieu, feront cl apporteront toute la diligence

Ainsi fait et prononcé au dit sieur procureur fiscal,

possible et travailleront incessamment pour la construc

épiscopal et au dit sieur Bonifax dans notre palais épis

tion de la dite église paroissiale cl maison presbyté-

copal le dit jour, quatrième avril 1674 (»).

rale, en sorte que le curé puisse y rendre les devoirs

Signé : Jean, évêque de Genève.

paroissiaux et habiter dans ladite maison dans l'année (1) Les requêtes, décrets, conclusions,ordonnances, contrats et îns-


1 I

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- 20 -

De la fondation, 1674, à la première vishc épiscopale' où fut consacrée l'église de Retord, neuf années se sont écoulées.

Il a donc fallu consacrer neuf années à la construction

de l'église et de la cure de Retord. Le 3 octobre i683, illustrissime et révérendissime

Jean d'Arcnllion d'Allex, par la gritce de Dieu et du

Saint-Siège, évèque et prince de Genève, procéda à la visite de l'église de Retord. Dans l'extrait du registre du grelfc de l'évdclié de Ge

nève, on trouve les rapports de cette visite, qui rappel lent les actes précédents, les revenus de la cure et dit ex

cernant le dit déparlement, mon dit seigneur a deschargé les susdits curés des soins et des obligations qu'ils avaient cooccnianl radminislralion cl autres devoirs pastoraux par regard des dits habitants des dites maisons, et en a

chargé en même temps le révérend sieur Bonifax,curé, et ses successeurs dans le dit bénéfice de Retord des soins

des dits habitants peudant le temps qu'ils demeureront dans les dites maisons, auxquels il sera obligé d'admi nistrer tous les sacrements avec les droits ci-dessus spé cifiés, à quoi tous les dits curés ont consenti. » Nous croyons que l'exlrail de la visite de i683 délivré

parle greffier de l'évccbé de Genève en lyig, porte, k

pressément que l'église a été « sacrée par mon dit sei

tort, à six le nombre de.s feux primiliveincnt desservis

gneur dans sa visite ».

par la cure de Retord avant la consécration. Le copiste

On y lit aussi dans l'exposé des revenus: « Ily a dans la dite paroisse six feux de chacun desquels le dit curé

perçoit un quart de blé froment, mesure de Billlat pour la prémice », mais quelques pages plus loin on lit : « El attendu que le sieur curé d'Injoux s'est départi des maisons et granges qu'il avait sur la montagne qui sont

a dû écrire six pour di.\, car eu ajoutant les feux an nexés par monseigneur D'arenllion, on arrive au cliitfrc de 23 accepté géHéralemenl.

En résumé la circonscription de Rélord a été formée par monseigneur D'arciilhon et se composait de 23 feux dépendant de 5 communes.

les trois de M. de Richemont et celles de M. l'esbu Col-

liex, son frère, et que le sieur curé de Ville, de celle de

M. de Bougne, de sieur Bonlfax et de celle de Joseph Grel et le sieur curé des Abergemenls de la Vézéronce

Canton de Brbnod:

Grand-A bergement

2 Les Solives

et des deux Solives, le Mai-cet à la Veuve Veruay et de la grange de M. de Bougne, et que le révérend sieur dé Rolland, curé moderne de Billlat a ratifié ce que le dit

3 Les Solives

4 Pernier 5 Munet Perret

révérend de la Peysse, son prédécesseur, avait fait contitutions ci-devanl, ont été fidèlement e.xLraits et après due collatiou scellée du sceau de l'évèché de Genève et expédiés par le soussigné

greffier de i'évûclié (]uoique d'autre main éerits. — Annessy, i4 fé vrier 1757.

Signé: Jean, dvâquc de Genève.

1 La Vézcronce

6 La Cuaz

7 Marais d'Amont Holonncs

8 Le Grand-Tumel

9 Berrod


— 23 —

— 22 -

Canton de Chatillon DE Mighaille: Ville

10 Le Chateiet

11 Pré Neyret 12 La Platièrc

13 La Platière

14 Combe Caillat Billiat

15 Pré-Devant.

16 Le Planet

17 Relord 18 Le Mollard

19 Les Capettes

Injoux

du petit nombre de familles qui les composent ». Il n'est pas étonnant pour ceux qui connaissent les intempéries de la région, de voir disparaître si vite un bâtiment d'habitation.

L'évèque, reconnaissant l'exactitude des observations et prévoyant que le curé ne pourra suffire à" sa subsis tance, concluait < que les dits habitants ne sauraient fournir aux choses nécessaires à leur église pour la célé bration des divins offices et la conslriiclion du presby tère sans l'assistance de quelques secours ». « Pour cet elfcl, mon dit .seigneur exhorte et convie

cstroilement les propriétaires des métairies qui sont éta

30 La Tumet

blies à la dite paroisse, et dont les doniestique.s se pré

2! LeTumel

valent des dits offices divins, de contribuer de leur quote-

22 Le Charnay

part pour les susdites réparations et l'habitation du dit

28 Labauche

curé, afin de soutenir un ouvrage si saintement com

L'église consacrée, pourvue d'un revenu suffisant et d'un curé, la paroisse de Retord put subsister cl rendre les services attendus.

Cependant, 17 ans après, lors de la deuxième visite

épiscopale (i) faite par monseigneur Michel Gabriel de Rossillon de Bernex, évêque et prince de Genève, on voit

mencé et si utile pour le salut des âmes des dits habi tants, lesquels, sans l'eslablissement du dit curé, seraient

privés de tout secours spirituel, attendu qu'ils habitent au sommet de montagnes inaccessibles en hiver et éloi

gnées de tout commerce et de deux heures de chemin, dans la belle saison, des autres églises. »

Ciirêx de Retord jusr/iùï la Révolution

« que le curé Claude Orset, les paroissiens et habitants

du dit lieu de Retord ont représenté à mon dit sei

Bonifax, 1674-1696. Claude Orset, 1696-1748.

gneur qu'il n'y a point de presbytère au dit lieu, qu'il manque dans l'église un ostensoir, un daix et plusieurs

Jean Girod (1766).

ornements et vases sacrés, à quoi les dits habitants sont

Boulllet.

hors d'état de fournir, tant à cause de leur misère que

De 1700:1 1766, c'csl-â-dirc pendant l'intervalle entre

la deuxième cl la troisième visite épiscopale, l'exercice (1) Extrait dea actes de visites du greffe de l'évôchc de Genève,

déclaré par le greffier du dit évêché. — Annessy, icr avril 1749.

du culte se fit sans grand iiicidenl.

•'

»•


— 25 — •

— 24 —

Dans le procès-verbal de la Irolsièmc visite, faite le i8 juin 1766 par Jean-Pierre de Biord, évêque et prince de Genève et abbé de Chézery, on voit que ce dernier ne pouvant se rendre lui-môine à Retord, se fit remplacer par le Révérend Michel Conseil, son vicaire général. Le curé du moment était Jean Girod et la paroisse se " composait de 20 feux, 80 communiants et 160 âmes. Comme il n'y est fait mention que des réparations néces saires aux chapelles, et à la fourniture d'ornements verts, violets et noirs, li la nécessité de recouvrir le

.chœur, d'agrandir et clore le cimetière, réparer toute l'église et la tribune, on peut conclure que le presbytère

absenta la visite de 1700, a été reconstruit, qu'en som me la paroisse de Retord, par suite de donations, était

enfin parvenue à se constituer définitivement et à acqué

grande vénération, non seulement en Savoie, mais dans tous les pays d'alentour qui dépendaient du diocèse d'Annecy. »

« Après sa mort, il continua à être invoqué pour la préservation du bétail, et une relique appelée la clef de Sl-Guerin, opéra plus d'une guérison merveilleuse. » « Qu'était ce que cette clef? »

« Oniginc: Elle date des premières années qui suivi rent la mort du saint, et n'a d'autre coramencemeiU que celui du culte des reliques du bienheureux. »

« Matière: Ce sont- les crochets ou les deux clous qui liaient l'une à l'autre les extrémités du cilice que le saint avait reçu du pape Calixe II, et qu'il portait sur son corps, d'où il fut détaché après sa mort.

« Nom: La dénomination de clef provient de ce que

rir un revenu suffisant pour l'entretien du desservant et

ces clous ou crochets lermaient ou ouvraient le cilice,

la bonne administration du culte.

ou de l'étui en forme de clef où ils étaient et sont encore

Dans cette troisième visite, on trouve la note suivante:

« Mon dit seigneur a visité la chapelle sous le vocable de St-Guériii, sans recteur et sans revenus ; une autre chapelle en laquelle s'exerce la confrérie du rosaire. »

Voici les renseignements que je dois à l'obligeance de M. l'abbé Bal, curé du Poizat :

« St-Guérin, né à Ponl-à-Mousson, entre 1060 et

ioG5, religieux de l'abbaye de Molcsme en Champagne, fonde l'abbaye d'Aulps en Savoie, coopère avec son ami

renfermés.

« On appliquait celle clef sur les animaux en faisant celle invocatiou : Que la clef de St-Guerin te touche et que Dieu te guérisse ou le bénisse. »

« Cette clef est possédée par la paroisse de St-Jeand'Aulps. Le curé la porte lui-même au dehors lorsqu'elle est demandée. »

« La légende raconte que St-Guerin serait venu dans

Amédée III de Savoie à la fondation de l'abbaye royale

nos montagnes. Ceci n'est pas exact. En temps d'épizoo-

d'Haulecombe, l'organisa et la gouverna pendant quel que temps. Evèque de Sioii, en Valais, en 1187, meurt à

tie, on eut recours à l'intercession du saint, et deux re ligieux apportèrent la clef qui arrêta le fléau. D'oit ce médaillon qu'on peut voir au bas de l'autel de StrFran çois de Sales au Poizat : une vache entre deux moines

Aulps en i liJS ou.i i^g. >

« Il jouissait d'une grande réputation de sainteté, pré servait les troupeaux des maladies, cl était pour cela en

dont l'un lui applique une clef sur le front. > 4


— 26 -

— 27 -

1790, qui ont déclaré ces propriétés nationales et sont

(( La fôtc de ce saint se fait le 28 du inois d'août(i). » A la Révolution, tous les biens ecclésiastiques de la

situées sur la commune de Billiat. »

paroisse de Retord furent confisqués en vertu du décret

Le 8 octobre 1796, Marinet revendait ce lot au curé

de l'assemblée nationale du 3 novembre 1790 et mis en

Bouillet, retiré au Combat, commune de Montange pour

vente conformément à l'ordonnance du directoire du dé

la somme de 1000 francs, payable dans 12 ans et en at^

partement, en date du 3o novembre.

tendant passible d'une rente à 5 0/0 (i).

Le 26 mai lygr, la ferme de Beyvau, à Holonnes, dé pendant de la cure de Retord, était adjugée à deux habi tants d'Hotonnes, François Perret et Humbert Berne, pour la somme de io.5oo francs (Archives de l'Ain). On n'a pas trouvé d'autres renseignements sur la vente

La vente eut lieu le 18 mars 1791 et se termina par

l'adjudication à M. Frédéric-Ballliazar Prost, iiomrae de loi, moyennant le prix de 6o5o francs. Ce dernier par le même acte, déclare céder son lieu et place à M. André Bouiliel, prêtre desservant Relord. Celte vente porte seulement sur les prés et terres si tués autour de l'église.

des biens de l'église.

D'où l'on peut conclure que le culte fut interrompu â partir de l'a liquidation des biens ecclésiastiques, c'est-àdire en 179^' "isis que le curé Bouillet, quoique retiré au Combat, essayait de se rendre acquéreur du presby

Le même jour on adjugeai! le pré dit pré Neyret, dé

pendant de la cure de Retord à Jean-Baptiste Vuaillat pour 600 francs, puis trois prés, à Retord, dépandanl de la chapelle, à François Chevalier pour i34G francs. Le i4 fructidor au IV, 011 adjugeait, à André Marinet,

tère et des terrains environnants.

Pour l'église et le cimetière on trouve seulement l'in dication qu'en 1828, les habitants de Retord continuaient

notaire à Ballon, hameau de Lancrans, pour 600 francs, « les bâtiments du ci-devant presbytère de Retord, la place qui est devant, un jardin, de la gcrinature d'une quarte de grains de chanvre et un pré donné pour le

à les entretenir. La note en question donne l'état des

réparations à l'église, à la sacristie, au clocher et au pa villon de devant et la liste des habitants qui y contri buèrent soit par leur travail, soit par des dons en na ture. On y trouve aussi la note des fournitures pour l'entretien de l'église et la note des frais occasionnés par le voyage de Lyon a fin d'achat (q).

demi arpent de la contenance d'environ une seylive, le tout conligu et situé dans la commune de Billial, confiné par les terres de Claude-André Douillet, provenant du ci-devant presbytère de Relord de toutes parts ».

« Les dits objets appartiennent à la République com me provenant du ci-devant Clergé, et, eu vertu des lois des 2 novembre 1789, 17 mars, 26 juillet et 3 novembre

(1) Marinet remet et Irnnsporte au dit Douillet au même titre et

conditions que la nalion lui a remis et vendu le presbytère et i/a ar pent et dépendances sans rien n'y réserver (A. seing privé du 8 octo

(i) Pour plus de'délails, consulter lu vie de Sl-Guérin par le cha noine Ruffin ; et la vie de Sl-Gucrin par i'a])l)é Gauthier (i8g6).

bre 1795).

(a)Archives de la chapelle de Retord. Notes manuscrites.

■.SA


— 28 — — 29 —

L'atlacliemenl des habitants de Retord pour leur cha

par l'évèque (1) furent rejetées. Pendant ce temps, les

pelle est donc manifeste et il ne faut pas s'étonner si dès 1820, ils essayèrent d'y rétablir le culte.

approvisionnements faits se détérioraient.

Ne pouvant construire un presbytère près de l'église ancienne et les anciens bâtiments étant trop petits et en

C'est ainsi qu'on trouve des traces de démarches dans

ce but, auprès des députés, du gouvernement, de l'auto

mauvais état, on se décida à changer l'emplacement des édifices religieux.

rité ecclésiastique.

En 1826, Monseigneur Devie se rendit à Retord pour

Dans ce but, le curé, sur les ordres de l'évèché fit ras sembler les habitants en 1842 afin de délibérer sur le

examiner par lui-même la situation.

En 1889, le projet présenté par ce prélat fut mis en

choix d'un nouvel emplacement.

exécution.

A la réunion, la discussion porta sur deux emplace

Les habitants fondèrent pour une période de trois ans

ments ; la Piatière et la Vézeronce.

un revenu annuel de 35o francs destiné au curé au

La Piatière avait l'avanlage de ue pas trop changer le

moyen de souscriptions faites d'après convention du

lieu habituel des réunions religieuses, de rester à proxi

I" août i84o et s'engagèrent à fournir au desservant un

mité des inalériaux approvisionnés, de recevoir la con cession gratuite de tout le terrain nécessah-e et une sub

logement.provisoire pendant le temps nécessaire à la construction de la cure (i).

vention de 1200 francs.

L'ancienne paroisse de Retord fut reconnue par l'évê-

La Vézcronce offrait également l'avantage de la gra tuité du terrain (a) et une subvention de 12b francs par

que à titre de vicariat et un desservant y fut envoyé le 6 octobre i84o.

le propriétaire M" Reydellet, avoué à Nantua ; H se

M. l'abbé Julliard Ht le service paroissial dans l'an cienne cbapelle, et logea provisoirement i\ la Piatière

trouve au centre de toutes les fermes intéressées, près d'une source, et présentait dans un point un peu abrité,

jusqu'en r843, année ou fut terminée la cure actuelle.

l'endroit le plus favorable aux intérêts et aux commodi tés de toute la population.

Les habitants de Retord ne songèrent plus qu'à acti ver la construction de l'église. A cet eifet, ils firent des

La Vézcronce fut choisie et immédiatement on se mit

approvisionnements, construisirent un four à chaux, ar

au travail. La cure fut terminée, comme nous l'avons

rachèrent environ la moitié des pierres nécessaires qu'ils voiturèrent et le tout fut entassé près de lu vieille église

vu, en 1843 et occupée par le curé.

Entre temps, la paroisse de Retord reconstituée par

'en attendant la décision du propriétaire du terrain où ils devaient construire.

Mais les conditions de M. Crochet jugées inacceptables

(1) Monseigneur Dovie i-cvicnl encore à Retord en i84o.

I

(1) La cjire porte en effet la date de i8/|3.

(2) M"' Reydellet donne le Icrrain par acte du q juin >843. Celte

dame née Anlhcimeltc Bonifiix, de Billiat, était de la famille qui donna le ilrentier cure de Rctoi-a.

j.

v/lLit.-ij''.;:.

i


— 30 —

- 31 -

Mgr Devic, fut. après avis favorables des communes

lelagcs et travaux manuels qu'il ne cessa qu'après l'aclièvemenl de l'église et de la cure ; il dut même plusieurs fois payer le montant des souscriptions qui ne purent

intéressées, érigée en succursale par ordonnance royale du 26 février 1846.

Les habitants pour faire face aux frais considérables

qu'allaient nécessiter des travaux aussi importants éta

blirent entre eux une liste de souscription qui produisit 4.000 francs.

Mais celte somme, quoique forte relativement à la si

être recouvrées pour une raison ou pour une autre. A force de sacrifices et de persévérance Retord vil

enfin l'achèvement de son église et de sa cure. Le 22

février 1862, Mgr Chalandon, coadjuleur de Mgr Devie, consacra la nouvelle église, « au milieu d'un grand con

tuation des montagnards ne représentait qu'une faible partie du capital nécessaire à la mise en adjudication du

cours de prêtres et de fidèles et donna la confirmation »,

projet. Pour y arriver, on eut recours à la générosité du gouvernement, qui en mai 1849 accorda à Retord un

La paroisse de Retord, reconstituée par Mgr Devie, comprenait t8 granges ou fermes, isolées à 1.200 mètres

secours de 4.8oo francs déposé dans la caisse du rece veur municipal du Grand-Abergemenl. On fit alors établir des plans et un devis des travaux

d'altitude en moyenne. Ces fermes appartennaient: 7 au Grand-Abbcrgemeul, i à Holonncs, i à Injoux, 5 à

par M. Cornély, architecte à Nanlua.

Le montant s'élevait à 8.256 fr. 91, déduction faite

des transports et autres objets mis 4 la charge des habi tants de Relord qui s'y étaient obligés. Le montant total s'élevait à 12.127 fr. 98, les honoraires de l'architecte devant être payés par la fabrique.

L'adjudication fut donnée à la sous-préfecture de Nan-

dit le manuscrit de M. l'abbé Ramel.

Billial, 4 à Villes et formaient une population de i5o habitants cuviron.

Lors de la constitution de la circonscription religieuse de Retord en i683 on signale 23 feux.

Actuellement ou trouve dans la circonscription reli

gieuse de Retord ; Fermes détruites:

i" Tiimcl (Le Grand)

tua, le 16 juin 1849 et le sieur Mathieu François, maî tre maçon à ChâtillOn-de-Miciiaille, fut déclaré adjudica taire des travaux avec un rabais de 17 0/0 ce qui fit

40 Le Mollard.

descendre le prix primitif à 6.848 fr. 28.

5° Labauchc.

Il est bon de rappeler, en dehors de la générosité des habitants de Retord, la part considérable prise par M. Jean-Joseph Favre,propriétaire du Châtelet, qui s'occupa de toutes les démarches nécessaires, ne négligea ni son temps ni ses deniers. II souscrivit à lui seul pour l'édifi cation une somme de 2.000 francs, non compris les at-

2° Le Plaiiel. 3® Cômbe Caillai.

Fermes habitées l'été seulement : I® La Vézeronce.

2® Les Solives (une ferme). 3® Pernier.

4® Berrod. .0® Le Chillelcl. 6° La Platière.

'VW..,'.


1 — §2 — 7° Retord. 8' Le Tumet.

9° Le Tumel.

Restent habitées:g fermes.

Sur les 21 qui formaient la circonscription religieuse dé Retord on comptait;

En 1766 : 20 feux, 88 communiants, population, i5o. En 1842 : 18 fermes, population, i5o. En 1912 : i4 fermes, population estimée, lao. Actuellement on trouve, en comparaison avec le xviii' siècle, dans la circonscription religieuse : 5 fermes rui nées et 9 abandonnées l'hiver et occupées seulement

pendant les fenaisons ; il ne reste que 9 fermes ha bitées.

L'église actuelle delà Vézeronce de style roman, bâtie sur le territoire du Grand-Abergemenl, a 16 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur ; elle se trouve à 2 ki

lomètres environ au couchant de l'ancienne église à 1.230 mètres d'altitude.

La cure comprend, outre les logements affectés au desservant, deux chambres communes dont l'une con tient un four pour les besoins du curé. Toutes deux servent aux habitants comme lieu de retire et aux en

fants comme salle de classe et de catéchisme,(i)

— 3à

Les principaux habitants furent convoqués à la cure du Grand-Abergeraent lors de la tournée épiscopale pour la confirmation. L'évôquc leur fit espérer une solution fa vorable.

Puis vint la séparation de l'Eglise et de l'Etal. Un premier inventaire ne put avoir lieu le 12 mars

1906, à cause d'un vice de forme et... d'un rempart dé neige.

Un second inventaire, avec accompagnement de gen darmes, serrurier et d'un guide, se fit le 21 novembre de la même année sans incident.

Le culte n'en continua pas moins jusqu'en octobre

1909, c'est-à-dire jusqu'au départ du dernier curé, l'abbé Favre. Tant qu'il y eut un curé à Retord les offices

étaient suivis par une assistance nombreuse : c'était un spectacle curieux et Intéressant de voir le dimanche vers 10 heures, affluer de tous les côtés, les montagnards dé sireux de suivre les offices cl témoigner leur attachement

à leur église.

Depuis la construction de la nouvelle église à la Vé zeronce jusqu'à la cessation du culte, il y a eu 5 curés à Relord.

MM. Julliard, i84o-i853. Berne, iSBS-iSgS.

Depuis la consécration de son église, Retord a été

Gros,

1893-1899.

visité par Mgr de Langalerie en tournée pastorale, le 10 mai 1860, par Mgr Luçoii, le 19 mai 1890, et en 1897.

Alric,

1899-1901.

Favre,

1904-1909.

En 1894, les habitants de Retord, demandèrent à l'é-

vêque de Belley d'autoriser l'adjonction à la paroisse de

Retord de quelques fermes de la Manche et de Cuvery. (1) Voir la photographie de téte.

* y***"'

'k.


— 34 —

IV

Histoire économique du Pays de Retord

L'histoire économique de la région de Retord est très intéressante et très utile à étudier en raison des indica tions à en tirer pour l'avenir.

Avant de l'entreprendre, il est bon, à mon avis, de

jeter un coup d œil sur l'Histoire générale économique et montrer les particularités observées dans ce pays peu étudié.

Le grand fait qui domine dans l'Europe entière au xix" siècle, cest le développement du régime capitali.sle ou comme le disent les allemands du régime de l'entre prise.

Uliclii: J. SloonET.

Le Chatelet - 1.200'"

A l'époque précapitalisle, c'est-^ire à la fin du xviii® siècle, du haut en bas de l'échelle sociale chacun n'a

qu un but, acquérir ce qui lui est néces.saire pour mener une existence conforme aux usages de sa classe ; la ferme est un centre indépendant autonome.

Dans ces conditions, la tendance générale se résume k protéger les situations acquises contre les empié tements des voisins trop avides ou trop entreprenants (maîtrises, jurandes).

Dès la fin du xvni« siècle à côté de cet idéal de ta subsistance, se substitue peu à peu celui de la libre en treprise qui s'accentue après la révolution.

Létat renonce à diriger, à protéger la vie économi

que de la nation ; il déchaîne l'esprit d'entreprise en travé jusque-là par l'organi.sation féodale et corporative. Bientôt utilisant les progrès merveilleux de la science, i.licUè FoiiSEoi.

MaS-CuRTY - 1.125""

' -g


— 35

la libre enlreprisc bouleverse el Iransforme avec une ra pidité inouïe les conditions de la nation entière. On construit des roules, des chemins de fer, l'indus

trie se développe, l'agriculture se perfectionne. Il se forme une accumulation de capitaux, puis la spéculation

ne reste pas confinée dans une petite fraction du public, elle envahit les couches profondes. C'est alors qu'on voit l'éclosion des établissements de crédit, des industries minières et textiles, des transports, etc.. el se vérifier la loi de la concentration du capital, en vertu de laquelle l'entreprise moderne tend à accu muler les capitaux en masses toujours plus considéra bles, à accroître sans cesse les dimensions des usines, des fabriques, à y rassembler des années toujours crois santes de travailleurs, à produire une quantité énorme de marchandises.

En même temps que l'industrie prenait cet essor, elle attirait dans les villes et les usines les habitants des

campagnes au détriment de l'agriculture, à tel point, qu'on a calculé qu'en i83o4/5 de la population étaient adonnés à l'agriculture, vers 1870, seulement 3/5, en

1882 2/5 et moins encore à l'heure actuelle, tandis que l'industrie qui vers i843 comprenait 26 0/0 delà popu lation ouvrière, en compte aujourd'hui 5o 0/0.

Pour l'agriculture, les effets de l'entreprisé sont moins

frappants. Celle-ci s'est à peine, au moins extérieure ment, modifiée pendant le siècle dernier, mais comme

la production a plutôt augmenté malgré l'exode des campagnes, il faut admettre que, grâce aux perfectionne ments techniques la production a augmenté.

Tandis que dans l'industrie le capital se concentre, le même phénomène ne se produit pas dans l'agriculture

... .


— 36 —

— 37 —

el celle-ci ne se spécialise pas. L'esprit nouveau s'est cependant manifesté par la prépondérance de l'entreprise

à la terre. Or, tout cela a changé. Maintenant la famillé

individuelle : le paysan libéré des entraves féodales cl

place de l'instinct de solidarité, les frères désavanta gés, au lieu de rester sur la terre familiale, vont chercher

corporatives est devenu individualiste.

Cette individualité a été un bienfait pour le paysan

paysanne se désagrège ; un calcul d'intérêt prend la

fortune dans l'industrie ou la ville. Le paysan proprié

actif et intelligent; elle lui a permis de s'affranchir de la

taire devient un entrepreneur qui cherche à exploiter le

routine, de devenir un petit entrepreneur. L'essor de l'agriculture pendant le xixe siècle, l'accroissement ra pide de la populalioiu prouvent que la liquidation de la propriété féodale a été une cause de progrès pour une

plus possible ses ouvriers, tandis que les domestiques

partie au moins de la classe paysanne. Mais pour d'autres, elle a été un désastre, Certains

petits tenanciers onl'élé du jour au lendemain, exposés

s'efForçent d'obtenir les meilleures conditions possibles. C'est ainsi que s'est développé l'esprit d'entreprise dans l'agriculture, mais tandis que le spéculateur in dustriel a vu surtout à la fin du xix® siècle ses art'airés

prospérer, l'agriculture depuis 3o ans lutte contre une crise redoutable.

aux effets les plus rigoureux de la loi de la concurrence.

Comment cette crise est-elle venue?

D'autres, quoique insensibles au cours du blé, jmisqu'ils

Dans les trois premiers quarts du xix' siècle, l'agri

récoltaient seulement pour leur subsistance, ont été at teints dès qu'ils ont eu besoin d'argent, el ce besoin s'est rapidement montré en raison des besoins nouveaux. De nombreux paysans ruinés ou tombés au-dessous de leurs

culture a été florissante. Mais en ce moment la concur

affaires se sont trouvés réduits soit à émigrer. soit à se diriger vers les usines et la ville, où ils sont ailés grossir

baisse correspondante des fermages, du prix de la terre,

l'armée toujours croissante du prolétariat ouvrier.

l'émigration des campagnes.

De plus, l'individualisation de la propriété a eu une

rence des pays neufs, la facilité des transports, l'accrois sement de la consommation el des besoins se fait sentir.

Une ère de baisse commence qui s'accompagne d'une

entraînant l'endettement des propriétés foncières et

Le mal s'accrut bientôt parce ce que le vide se faisait dans les campagnes, la population industrielle et urbaine

influence profonde sur les travailleurs ruraux qui ont été soumis par l'emploi des machines et d'une technique

augmentait de plus en plus et que les mesures prises

plus perfectionnée à des alternatives de labeur exténuant

contre l'exode des paysans avaient un effet opposé un

et de chômage forcé.

but officiel.

De même sur la mentalité du paysan. Il existait au-

Ainsi on laissait les ouvriers, par des grèves répétées

, trefois, un lien entre la famille et le bien qu'elle cultivait

imposer l'augmentation des salaires, la diminution des

de père en fils, les valets el servantes étaient traités non en mercenaires mais comme membres de la famille, et participaient dans une certaine mesure à cette dévotion

heures de travail, créant ainsi une disproportion énorme entre les salaires de la campagne cl ceux de la ville.

• Si au moins, par l'école, on avait fait connaître les dif-


— 38 —

ficullés de la vie urbaine el combattu les sentiments

d'égoïsme naturels à l'enfance ; mais on renonçait môme à enseigner la prévoyance, bien plus, on voulait impo ser à l'ouvrier une retraite obligatoire, consacrant ainsi son imprévoyance.

Si au moins on avait montré à l'ouvrier que les avan

tages de la vie urbaine (distractions, secours multiples contre la maladie, la gône, etc.), sont compensés par la cherté des denrées et des logis^ mais, méconnaissant que ces inconvénients sont un des modes de la défense de

l'organisme social contre la répartition de plus en plus défectueuse de la population, on s'ingénie à diminuer le prix des denrées alimentaires et des loyers. Car l'eflet le

plus important de l'abaissement du prix du pain et du loyer,de la réclame et de la campagne des maisons à bon marché, sera un redoublement d'émigration delà campa

ClkllP UE LA HVSSIÈIIE,

Fenil, près la Grange Jean-Jacques (Pré Legon)

gne vers la ville el l'usine.

On pourrait, en effet, symboliser cette campagne par l'affichage dans chaque village de cette réclame : « al

lez à l'usine, à la ville, pour être logés et nourris à

bon marché. » Les députés ruraux agiraient sagement en réfléchissant aux maisons vides chez eux et les ou

vriers à la concurrence de la cohue des nouveaux arri vants.

En résumé depuis plus d'un siècle la vie est devenne plus

active, plus confortable : La sphère des besoins et des moyens de la satisfaire s'est singulièrement agrandie. La morale qui se lie intimement à la situation économique s'en est ressentie. Au lieu d'être ascétique, elle est de venue conquérante et stimulante, mais surtout indivi

dualiste : il n'est plus permis de rester dans la routine ancestrale, il faut s'adapter à la vie nouvelle, sous peine d'être broyé. Olli'lii' m: i.j, lli'eBikiiE.

pENiL, près la Grange Jean-Jacques (Pré Legon)

J


"WSTî

— 39 - ■

On peut médire, vitupérer contre cet élut de clioses; il n'en est pas moins vrai que les Sociétés pas plus que les fleuves ne remontent à leurs sources, qu'il est possi ble de jeter un regard attendri et même 'des fleurs funé raires sur certaines cfioses du passé, mais il est impos

sible de le ressusciter, il faut vivre avec son temps. Voyons comment le pays de Retord s'est comporté économiquement depuis la fin du xvm" siècle. Sous ce

rapport il n'y a pas lieu de faire une différence entre l'ancienne circonscription religieuse et la Manche; la seule distinction portant sur le pâturage e.xclusif dans la première.

Primitivement, le pays sans voies de communication, était peu peuplé ; les quelques fermes qu'on y rencon trait étaient situées sur l'emplacement de la circonscrip tion religieuse. Le reste de la région était occupé par des fenils (i) où l'on emmagasinait le foin qu'on descendait en traî neaux pendant l'hiver (2) et où logeait le bétail qu'on amenait en estivage. On n'a commencé à construire des Fermes dans le

massif de Relord, en dehors de la circonscription reli gieuse qu'à partir de 1800. Elevées dans un pays désert, où le pâturage était la

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ressource principale, où on a besoin de larges surfaces

pour le parcours des bêtes, les fermes s'adaptèrentaux conr :m ' • • '»■

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{1) On en remarque encore quelques-uns dans les environs delà roule nouvelle près de la croix Jcan-J.*icques.

(2) Il n'y a pas longtemps, dans le rpilieu du siècle dernier la plaine de Cuvery conlcnait plus de 4o de ces fenils qui lui donnait

l'aspect d'un village, Ce n'est qu'au commcnceinenl {lu

<{u'oD coustruisit les deux premières fermes de celte plaine.

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siècle


— 40 -

(lilionsdupays: isolëmenl, concentralloii des locaux pour les habitants cl les bdtes, adjonction de tout ce qui

VAT

» ,

est nécessaire pour former un centre agricole et se suffire.

Eloignés de tous centres et sans chemins, les habi tants, vivaient au début du xrx® siècle, séparés du reste

du pays, se nourrissant des produits inaigres du sol et du troupeau, fabriquant même les tissus de leurs vête

ments, si bien que la ferme constituait un centre qui se suffisait. C'est li\ l'origine du caractère spécial aux montagnards : l'individualisme qui s'est depuis accentué et se perpétue de nos jours.

Après la féodalité et l'empire, délivrés des entraves féodales et corporatives, les habitants, travaillant dans

un pays relativement neuf, connurent la prospérité; les fermes se multiplièrent, s'aggrandirenl peu à peu et fini

Vieille Ferme av Chenet-d'ex-uait

rent par absorber la presque totalité des prés et sols apappartenant aux propriétaires de la Michaille et du Val-

romey. C'est alors que les habitants de la plaine, éblouis par le rendement d'un sol neuf, mettaient leur gloriole à posséder une ferme en montagne.

Cette prosp.lrité dura pendant le premier tiers du .xix®

siècle, mais alors la création de prés artificiels, les pro grès de l'agriculture en plaine firent baisser les récoltes

du massif; en même temps, les montagnards perdant leur simplicité connurent les avantages du progrès et les recherchèrent, visitant les foires, pratiquant le ma quignonnage avec ses dangers,améliorèrent leur vie rusti

que, ne tissèrent plus de toile mais ne s'adaptèrent pas à la vie nouvelle.

Les conséquences se firent vite sentir ; la gêne écono mique se manifesta. Pour y remédier on commença à C)jrh«} FoiuiEOT.

Vieille Ferme al Chenet-d'en-bas


^

' 'if.

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I•

— 41 —

fabriquer des fromages sous rinitialion des habitants des Bouchoux qui étaient venus s'inslalier dans le pays com me fermiers ou fabricants.

Celte tentative fut sans succès, peut-être par suite

du manque de débouchés, mais surtout à cause de Tindividualisme ancestral et FindifFérence des indigènes

qui ne voulaient pas se plier aux exigences de la fabri cation corporative.

Vers i848, une partie des fermes étaient inhabitées. C'est vers cette époque que plusieurs familles, toujours des Bouchoux (.lura), ayant des parents et des devan

ciers dans le pays vinrent s'installer dans le massif de

Retord, principalement dans k Manche, cl se livrèrent à la fabrication du fromage bleu, qui pouvant se prati

quer dans les fermes isolées ne gênait en rien l'esprit individualiste.

En même temps des marchands de bois dont les noms sont bien connus achetaient une partie des fermes de la Manche, faisaient couper les forêts de sapins et reven daient le sol dénudé aux fermiers nouveaux qui devin

rent ainsi propriétaires et restèrent dans le pays. D'autres opéraient sur les bois de fayards, les trans formaient en charbon de bois,, déboisaient. Les habitants en profitaient pour agrandir leurs pâturages. Le seul produit local important se vendant bien, la

prospérité reparut dans le pays. Les terrains se vendi rent mieux, cl les habitants de la plaine revinrent ache ter des fermes en montagne, mais le résultat déplorable tut la déforcslation et l'extension du pâturage. La restau ration du culte à laVezeroncc fournissant uniieu de réu

nion, contribua à la prospérité. Cet état dura jusqu'au environs de i885, époque où, commença ou plutôt s'ac-


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ceiitiia une nouvelle pdriode de malaise avec loules ses conséquences.

On peut l'attribuer, au point de vue général, à la li

berté du commerce, à la facilité des transports et consé cutivement à l'afflux des produits des pays neufs. Mais

les causes qui nous paraissent les plus importantes sont I individualisme ancestral qui subordonne l'intérêt géné ral à 1 intérêt privé, la routine invétérée en matière cul-

tnralc, et, par suite, l'insuffisance de la production, le manque de chemins pour atteindre les marchés, le man

que d'écoles pour l'instruction des enfants, et l'émigra tion qui sévit et continue à sévir. Quelques mots sur ces causes locales.

i" L individualisme & certainement du bon en rendant

— 43 —

20 La routine de la culture et l'insuffisance de la

production. — Actuellement il faut produire beaucoup et à bon marché; le temps u'esl plus où le pays neuf

(commencement du xix« siècle) le déboisement (milieu

du siècle) permettaient un pâturage intensif sans travail. Actuellement II faut produire et travailler la terre pour

lui faire rendre. Or le montagnard est habitué de père en

fils à couper l'herbe qui veut bien pousser, mais ne fait rien pour accroitre la productiou. On le surprend beau coup, quand, à ses doléances sur la pénurie et la mau vaise qualité du fourrage, on lui dit qu'en somme, il n'a que ce qu'il mérite. Eu réalité, on est même étonné que la terre rapporte

encore quelque chose, car elle n'est jamais fumée, jamais cassée, à peine étaupée. Dans la prairie de Kelord, j'ai

I homme responsable, plus actif, plus audacicu.v, mais à condition qu'il s'adapte au milieu et s'accompagne d'un

eu l'occasion de faire avec la bêche forestière, des trous

progrès dans les mœurs. Or, si les besoins du conforta

pour plantations. En enlevant avec peine le bouchon de

ble,la soif des jouissances ont augmenté,si les conditions de la vie ont changé, le montagnard n'a pas modifié sa manière d'agir et de penser, et de jour en Jour il se trouve mal placé pour la lutte pour la vie(i).

une tranche de 10 à i5 centimètres composée par un lacis de racines analogue à celui qu'on trouve en Bresse dans les bols où l'on pratique l'exploitation du rosat.

(1) Ainsi fa période de prospérité du début du xix* siècle .a été mar quée par rmilisalion commerciale du lait, qui a commencé ii se faire dans la ferme, mais n'a progresse f(uo vers i83o, à cause de l'indivi

dualisme. l,u prospérité est revenue quand la fabricalion du fromage

terre, je m'aperçus que la couche végétale consistait en

Bien plus, ayant fait défoncer un morceau de pré pour créer une pépinière d'attente, je remarquais que le soussol était parsemé d'amas de tubercules de jaimelles ou ra cines diverses qui laissaient peu de place pour la végé tation utile.

bleu s'est répandue, mais n'a pris de l'extension que lorsqu'on a créé les fromageries corporatives.

Des années ont été nccess.iires pour arriver a ce résultat. lAindivi-

dualisme ne s'y est résigné que vers i88o, d'abord en acceptant le prêt du lait d'une ferme voisine pour compléter la production jourualicre puis en fondant les premières fruilicrcs corporatives à l'i'édevant vers iSSfj. La Manche ne suivit l'exemple qu'en 1895. Depuis, l'in».

Uillalion de nombreuses fruitières a ramené un peu d'aisance, portant

un coup à l'individualisme ancestral en montr.-uil .nux montagnards ce au'ils pourraient la coopération. demiéL années, l'espritobtenir ancienpar paraît reprendre le Cependant, dessus. Lescesfruitières

coopératives disparaissent et sont remplacées par des fruitières ou 1 on achète le lait-

itJLi


— 44 — — 45 —

Dans ces conditions, peu(-on être bien étonné de la

stérilité relative des prairies de la haute montagne et

vers lePoizalfutcommencé en i88i avec des subventions

ne pas déplorer la routine culturale du pays de Retord ? D autant mieux que dans certaines fermes, mieux et plus intelligemment dirigées, les résultats du travail sont

des habitants. Le premier tronçon allait jusqu'à la Man

remarqués et remarquables.

3° Le manque de voies de. communication. — Habi tués à vivre dans des fermes isolées et formant des cen tres agricoles complets, les habitants de Retord vécurent

pendant longtemps sans grands besoins. Ils se conten taient de sentes et de sentiers primitifs pendant l'été, et allaient, en hiver, en ligne droite à leur destination en

che. Le deuxième tronçon de la Manche, à Bérentin,

fait aux frais du Grand-Abergement fui donné en adju dication en 1892. Le troisième, de Bérentin au Poizat,

attend toujours sa réalisation pour les raisons Indiquées plus haut. Le chemin traversant le Massif de Relord de l'ouest à

l'est et le faisant communiquer avec la Mlchaille ne s'ins

talla ([u'après des démarches répétées. En plus de l'indi vidualisme local, il avait contre lui le génie militaire qui

utilisant des raquettes.

donnait comme prétexte que le dit chemin était compris

Ils ne sentirent le besoin de routes véritables que lors qu'ils durent, pour vivre, e.xporter leurs produits, mais

dans la zone frontière. Une conférence entre les services

alors l'individualisme intervint pour enrayer tous les pro jets avec d'autant plus de force, que le chemin intéres sait cinq communes dilférentes, et que chacun pensait seulement à son intérêt personnel.

Il fellut attendre jusqu'à la fin du siècle dernier pour voir établir quelques chemins, mais'avec quelles difficul tés, quelles complications! Un chemin qui compléterait

le réseau commencé du midi au nord est en projet de puis 20 ans, et l'individualisme local empêche toujours sa réalisation.

_ Deux communes se touchant, ayant un intérêt évident

intéressés eut lieu en 1887. Ala suite, le 20 janvieri888, le ministre de la guerre informa le directeur du génie à

Besançon de l'Impossibilité de construire un chemin re liant le Valromey à la vallée du Rhône. Confirmation de la décision précédente en janvier 1894- Nouvelle pétition des habitants en 1896. En 1907, grâce à la ténacité du

député Chanal et de plusieurs habitants, les propriétai res intéressés à la création du chemin fondèrent un syn

dical agricole et décidèrent la création d'un chemin agricole. lis réussirent; l'adjudication des travaux fut donnée

en 1908 et le chemin était achevé le 9 novembre

a communiquer avec un centre industriel voisin, ont pré

1909; l'inauguration en fut faite par M. Ruau, mi

féré faife chacune un chemin qui n'est guère entretenu, au heu d'en construire un seul qu'on aurait pu élahlir

nistre de l'agriculture, en même temps que celle du pont

mieux et à moins de trais^ et entretenir plus facile ment.

Le chemin d'intérêt commun du Drand-Abergement

des Pierres du Tramway de Chézery.

C'est pour cette raison que le dit chemin est appelé par les étrangers le chemin Ruau, tandis que les Monta gnards lui donnent un autre nom en rapport avec l'indi vidualisme local.

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— 47 -

Je ne fais qu'allusion aux différenU petits chemins s»condaires reliant entre elles les diverses parties du Mas sif. Ils se sont bien multipliés dans la Manche pendant ces dernières années, et quoique rudimenlaires rendent de grands services. Mais ils sont complètement absents dans la partie supérieure, c'est-à-dire dans l'ancienne

Actuellement, il y a quatre boîtes aux lettres dans le Massif: à la Vézeronce, sur Roche, au Charnay, au Get,

circonscription religieuse: Là n'existent que des pistes, des chemins vagues, et chacun passe un peu comme il veut, et comme il peut. Parmi les moyens de communication, il faut aussi

mentionner les postes, téléphones et télégraphes qui prennent de plus en plus d'importance.

Jusqu'en 1880 le service postal n'existait qu'à l'état rudimentaire dans le raassif'de Relord. Un facteur fai sait la distribution des lettres dans toute la vallée de la

Michaille et la montagne du côté nord du Massif. Un

autre desservait le Grand, le Petit—Abergemenl et Hotonnes avec les hameaux qui en dépendent. Les lettres destinées aux habitants n'étaient remises

que le dimanche à ceux qui descendaient, et les remet

taient aux destinataires quand ils les rencontraient, quel quefois le facteur les déposait dans les fruitières où les intéressés les prenaient. En 1880, après plusieurs pétitions et envois répétés de lettres recommandées dont la remise entravait le service

des villages, on nomma deux facteurs spéciaux, un pour la montagne et le versant de la Michaille et un pour celui de Brénod. Celui de la Michaille avait une boîte au Get;

celui de Brénod n'en avait pas. Après la pétition du 26 décembre iSgS, on plaça une

boîte à la Vézeronce où se trouve l'église et une autre sur Roche, en 1894.

desservies par des facteurs venant du Grand-Abergement Jalinard, Billial et Chatillon.

Depuis, deux lignes téléphoniques ont été établies, la première après l'inauguration Ruau en rgio, reliant Chiîlillon à Cuvéry par Ocliiaz, la seconde en 1912 - per met la communication de la ferme Janel à la Manche par le Grand-Abergement.

4° Le mamjue d'écoles a plus d'importance qu'il ne semble à première vue. Le montagnard tient à l'instruc tion, et désire que ses enfants soient instruits. En l'ab

sence d'école rapprochée, il est obligé de se séparer de ses enfants et de tes envoyer à grands frais en Michaille ou dans le Valromey, à moins qu'il ne se décide à pren dre un instituteur à domicile. Dans ce cas, il est d'usage

que les voisins profitent de l'occasion pour envoyer leurs enfants dans la ferme. Tel est le cas d'une ferme impor tante de la Manche.

Jadis les curés de Relord, au moins dans le xix« siè

cle, avaient l'habitude de faire la classe à la cure, et de commencer l'iustruction, en môme temps qu'ils ensei

gnaient le catéchisme. Maintenant les habitants du haut plateau n'ont plus que la ressource de mettre eu pension leurs enfants ou de prendre un maître à domicile.

Cependant on a essayé plusieurs fois d'établir des éco les dans le Massif, mais là encore l'individualisme a,jus

qu'à présent, empêché la réalisation de ce projet. En novembre 1881, le Conseil municipal du Grand-

Abergement prit l'initiative d'établir une école à la Véze ronce, près de l'église. Eu février i883, il volait, à cette intention, une subvention de 100 mètres cubes de sapins.


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Eu 1892,sur lu demande des liabiUinls, l'inspecteur pri

communication rudimentaires, confinés chez eux pendant

maire monta pour rechercher un local provisoire et choisit comme emplacement définitif un petit bâtiment

de longs mois par les frimas, lés habitants de ces hautes , régions sont,forcément devenus individualistes; habitués à ne compter que sur eux, ils en sont arrivés à être

isolé au Midi de la Platière : un bail de deux ans fut con senti en attendant la construction; un instituteur fut

désigné mais ne prit jamais possession de sou poste. Le Grand-Abergement demanda alors la création de

deux écoles, une pour la basse montagne, aux Vuires, et l'autre à la Manche pour la haute montagne avec une

routiniers.

Quand, vers le xix« siècle, l'aisance est venue, ils ont connu et apprécié les avantages de la vie nouvelle; mais en modifiant leur manière de vivre, ils ne se sont pas

sant de la Michaille.

adoptés aux exigences de, la vie moderne, de la concur rence générale qui demande une production toujours plus intensive. Ils ont vu leurs besoins augmenter, ce qui

En janvier iSgS, a5 propriétaires de la région, i4 sur le Grand-Abergement, i sur Hotonnes, 4 sur Villes,

était autrefois le superflu devenir le nécessaire, mais .le moyen de les satisfaire n'ont pas suivi la même progres

4 sur Billiat, 2 sur Ochias, envoyèrent au préfet de l'Ain

sion.

école annexe pour la partie de Retord située sur le ver

une pétition à l'effet d'obtenir une école.

En mars de la même année, la préfecture invitait les maires d'Hotonnes et du Graiid-Abefgement à s'entendre sur l'emplacement de cette école.

Sur l'insistance du Grand-Abergement, l'emplacement fut placé dans la Combe de la Manche.

Depuis, rien n'a été décidé, rien u'a été fait et tout

Ils ont essayé de réagir par l'augmentation du pâtu

rage (déboisemeul), par l'industrie laitière qui, primiti vement localisée dans la ferme sous forme de fromages ordinaires, puis de bleu, est devenue, peu après, corporative.

Mais ils sont restés individualistes et routinier dans la

pratique culturale, malgré tous les essais tentés(i).

demeure, actuellement, pour les écoles de Retord, en

l'état ancien, qui entraîne des dépenses pour les parents et porte les fermiers de la région à quitter le pays pour

aller faire instruire leurs enfants dans la plaine. Ainsi si l'on réfléchit aux conditions dans lesquelles se trouvaient les anciens habitants de Retord, on com

prend comment, s'est formée leur mentalité. Eparpillés sur les vastes surfaces nécessaires pour le pâturage,, vi vant dans de véritables centres agricoles isolés, placés

sur le territoire de plusieurs communes dépendant ellesmêmes de deux cantons, ayant seulement des voies de

(i) A ce sujet, il faut signaler la leuiativc toute récente du comice agricole de Nnnlua pour établir A la Vczeronce une sUalion d'alpage. Tout en félicitant les ])roniotcurs de cet essai de propagande par le

fait on peut craindre, (juc dans les coiidilinns aclueUes, le résultat ne

réponde pas aux espérances. Pour réussir, à notre avis, il aurait fallu aménager d'avance les pâturages, leur rendre leur fertilité, il aurait fallc: changer la mentalité des montagnards et leur montrer que la lerrc à Retord comme en plaine, produit en raison du travail. Un

essai! d'ailleurs, a déjà été tente, en petit il est vrai, pas loin de la Vc zeronce et n'a pas réussi.

Ces lignes étaient écrites lors(|uc j'ai ou l'occasion de revoir en août cl septembre le troupeau en estivage à la Vézeronce, je dois à la


— 50 -

Dsns la question économique de Retord, il faut aussi

tenir compte de la constitution spéciale de la propriété. La généralité des fermes est assez bien limitée, mais on trouve des parcelles dont les sapins appartiennent à un

propriétaire, et les fayards à un autre ; d'autres parcelles sont grevées du droit de pâturage en faveur d'un tiers.

Dans le premier cas, il y a bien des chances pour qu'au bout des ans les fayards ou les sapins aient disparu. Dans le second, il est impassible d'avoir un boisement sérieux.

D'autres fois encore des voisins ont été autorisés par tolérance à se desservir par une propriété, à condition •de tolérer le pâturage et le passage chez eux. Au bout

des années, les voisins s'imaginent avoir un droit, trans

forment la tolérance en servitude, d'où l'origine de pro cès multiples, bien favorisés d'ailleurs par la mentalité locale et les légistes.

Si l'on ajoute que les habitants de Retord sont fonciè rement religieux (i), hospitaliers pour les amis, réservés

pour les étrangers, impressionnables, méfiants pour tout le monde, poussés, sous l'influence de l'isolement, vcrilé, reconnaître que le résultat n'a pas répondu n mes craintes, qu'en somme,il a été assez bon et qu'on peut être presque assuré d'une réussite complète r.innée procliaine, si l'on prend les précautions in diquées.

Signalons aussi le fait que, depuis quelques années, les rruitiores corporatives disparaissent et sont remplacées par des fruitières où l'on

achète le lait. Les montagnards ont, ainsi, bien diminué leur travail, leur responsabilité, mais ils ne voient pas qu'ils se désintéressent de la fabrication des fromages et de la vieille réputation de Retord. L'in dividualisme a tué la solidarité.

(i) Il suffit (J avoir assisté ti l'office du dimanche quand le culte était pratiqué à la Vézeronce pour le reconnaître.

— 51 —

à la superstition, à la croyance à la sorcellerie, aux re venants, aux sorts (i).

Si l'on ajoute que la majorité des habitants sont tenan

ciers et non propriétaires des ferme.s qu'ils habitent et,

par conséquent, plutôt disposés à profiter le plus possible de leur passage pour agrandir le pâturage au détriment des bois et des prés-bois, qu'ils ont très peu d'eau pour les besoins hygiéniques, que les frimas les forcent à se tenir dans une pièce mal éclairée, mal aérée, servant à tous, les usages domestiques, cl où ils passent les longs mois de l'hiver, sans industrie et presque sans travail, sans propreté méticuleuse.

Que l'alcoolisme présente, à Retord, le double carac tère d'être général et modéré {tout le monde fume, hom mes et enfants buvant un peu trop de vin et d'eau de vie de bouilleurs de crû), qu'au point de vue hygiénique, l'alimentation est plutôt rudimentaire et fortement con-

dimentée, que le vêtement est suffisant mais la propreté

corporelle insuffisante, que le taudis n'y existe guère,les logements étant généralement vastes mais mal tenus, on (i) D.H1S la vie de Si-François de Sales par son neveu, on trouve, h l'occasion de la visite pastorale de ce prélat, en i0o5, dans le haut

Vnlromey: « Les habitants clnient miscrnbleraent tourmentés du dia ble comme aussi leur superstiliou était iololcrablc. »

(-)n trouve aussi dans le mumiscril du menuisier du C.rand-Abergc-

mcnt, CiauJc-.A.nloinc Jîcllod : ■< Fn 1777. l»: JO"'" Toussaint, on fut obligé do dire la messe à 7 heures du matin, et l'on filla poursuite .lu loup'^garou parloulc lu montagne; j'y étais moi-même avec les autres avec des fusils. » (Manuscrit de l'abbé Rame!). Je couaais un propriétaire de Retord qui sait sa cave ù l'abri du

cambriolage, depuis qu'il a répandu le bruit .pie sa cave avait des re-

venants. Des ouvriers même ue veulent y entrer de jour qu'accompagnés par le propriétaire.

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~ 52 —

-53-

a les éléments suffisants pour se rendre compte de la mentalité des habitants de Relord et juger de leur ca ractère.

Aussi ne faut-il pas s'étonner si^ surtout depuis quel ques années, l'émigration a pris des proportions consi

dérables dans ce pays si beau pendant trois mois de l'année, si le prix de la terre, des fermages a baissé for tement, et si pour beaucoup de propriétaires c'est un luxe, actuellement, d'avoir un fermier(i).

Est-ce à dire que le pays de Retord est perdu au point de vue économique ? Quelque déshérité qu'il soit, nous ne le pensons pas, si les habitants, tout en gardant leur caractère individualiste, tempèrent leur mentalité par es idées de solidarité et de coopération, si surtout ils arrivent à sillonner le pays par un réseau de routes, ci,

aissant leur routine invétérée, se mettent au travail, pas

toral dans la partie élevée, pastoral et cultural dans les parties basses, s'ils savent s'adapter à la situation ac

tuelle, et si enfin l'Etat continue à les encourager.

La prospérité peut revenir en Relord,car, Ju luomcnl où l'ouvrier de campagne trouvera chea lui, et autour de

lui des -avantages approchant de ceux que lui présente la ville, l'usine et la ville n'auront plus d'attraits pour lui.

D'un autre côté, quand l'industrie sera parvenue à sa

limite do production, on verra s'établir un certain équi libre, et elle cessera d'absorber les bras.

Ce phénomène se produira un jour, dès que les in dustriels seront arrivés entre eux à une aussi grande

concurrence que celle qui existe entre cultivateurs.

L'augmentation du nombre des ouvriers industriels, c'est-à-dire des consommateurs, fera d'ailleurs renché

rir les produits agricoles, tandis que les machines per fectionnées diminueront le nombre des ouvriers agricoles

qui pourront être mieux rémunérés. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS

(i) J m hien surpris, la première fois que j'ai émis cette proposition qui, au moins pour une grande partie du massif, mais surtout dans la partie élevée, est vraie.

Voici, en effet, un calcul facile à faire : Le fermier donne 5qo fr. P'^priétaire a les impùl.s et assurances à payer, le liois

On désigne sous le nom de Retord, tout le massif mon

tagneux de l'Ain, compris entre le Valromey, la Michaille, la cassure de Bellegarde à Nantua et les monts

1 ournir au feimier, les réparations à solder, puis il lui faut supporter

du Haul-Bugey.

le sabotage produit par le pâturage.

Ce massif se compose de deux parties bien distinctes: Za Manche pour les deux tiers et la haute montagne ou

5oo francs.

Dépensas

Iinpét et assurance. . .

226 fr.

CliaufTagc du fermier . . . 200 ' Réparations annuelles . . . 200

Sabotage par pâturage . . 225 ' Total

85o fr.

Retorrf proprement dit, pour l'autre tiers. La première partie située à une altitude moindre (1000

à iioo mètres) est fortement inclinée au couchant, légè

rement en pente au midi et fortement au nord ; elle est cultivée et fertile.


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— 55 —

La seconde, placée au somincl du jnassif, a été la pre mière habitée, et formait, dès 1674, une circonscription

rapprochées dans la partie basse, présentent le caractère spécial de renfermer sous un même toit et les bêtes et les

religieuse constituée par 21 fermes renfermant 28 feux, avec une église sous le vocable de St-François de Sales, une cure et un cimetière primiliveinent bâtis près de la ferme de Retord qui a donné son nom à tout le massif; puis, depuis le milieu du xix° siècle, reconstruits à la

habitants, d'être orientées au midi et de constituer des

Vézeronce, point plus central.

centres agricoles complets. Comme le pays est à peu près dépourvu de sources, les habitants ont dû construire des citernes pour leurs besoins et ceux du bétail. Ils se servent aussi dès botasses ou gouillats aménagés par les premiers indigènes.

Fondée en 1674 par le chanoine Goujon et occupée d'abord par le curé Bonifax, originaire deBilIiat, l'église

.iusqu'à la fin du siècle dernier, les voies de commu nication étaient peu nombreuses et rudimentaires. Ce

primitive reçut trois visites pastorales, et l'église actuelle

n'est qu'en 1882 que fut établie la route de la Manche,

trois aussi.

prolongée par le chemin Ruau (du nom du ministre qui

Le culte, interrompu à le Révolution, fut rétabli en

i84o et cessa de nouveau- plusieurs années après les dé

l'a inaugurée). On a aussi, depuis, commencé un réseau de voies secondaires reliant quelques parties isolées; mais

crets de séparation en 1909.

les vallées supérieures, qui forment l'ancienne circons

Au point de vue géologique, le massif de Retord pré sente la constitution jurassique bien connue, qui est très

cription religieuse, n'ont toujours que des sentes et des chemins rudimentaires, et même parfois rien.

accentuée dans la Manche.

Les postes, téléphones et télégraphes ont aussi été tout

Il ne représente pas un plateau vrai, mais un vaste

récemment établis. Quatre boîtes postales existent actuel

plan incliné de l'est à l'ouest offrant une série de combes

lement et desservent les côtés ouest et est, mais ne com

orientées du nord au midi et placées comme des gra

muniquent pas entre eux.

dins gigantesques, pour arriver au sommet, où les vallées s'élargissent, puis s'abaissent rapidement du côté du"

Le pays est superbe en été, avec ses combes dessi nées naturellement en parcs, avec ses fleurs (arnica); mais l'hiver vient vite cl la neige n'a souvent pas disparu

Rhône.

Ces combes, très pittoresques, présentent elles-mêmes une inclinaison douce au midi, très forte au nord; dis

en mai dans le haut du massif.

La population n'a jamais été nombreuse à Retord. La partie haute a été cependant la première habitée; c'est elle qui a formé la circonscription religieuse, tandis que

position qui explique, avec l'altitude, la différence de vé gétation spéciale à celte région.

L'ancienne circonscription religieuse de Retord pro

la Manche contenait seulement des fenils où on emmaga sinait le foin et on remisait le bétail en estivage.

prement dit, est surtout pastorale.

Les fermes du pays, construites conformément aux

Relord se dépeuple d'année en année et, actuellement,

rigueurs du climat, espacées dans la haute région, plus

il renferme plus de fermes détruites ou occupées seule-

IKf,.


— sè - 57 —

ment l'été, que de fermes habitées toute l'année. La dé

cadence y est complète au point de vue de la population, de la culture et du rendement.

La Manche qui, jusqu'au xviii'siècle, ne possédait que desfenils, est apluellement assez prospère, grâce à ses roules, sa moindre altitude et son exposition au Midi. La population s'y est portée â la suite des grands incen dies du Grand-Abergemenl, au xvmc siècle, cl des dé boisements du siècle derrfier.

La partie haute seule, présente une histoire intéres

sante. Placée sur les extrémités territoriales de cinq communes, elle a été érigée en circonscription religieuse en 1674 avec une église, un presbytère et un cimetière

placés près de la ferme" de Retord. Le culte, après plus d'un siècle, y fut interrompu de la période révolution naire jusqu'au milieu du siècle dernier. C'est alors qu'a près des pourparlers, des démarches multiples on rebâtit l'église, le presbytère et le cimetière à la Vézeronce, et le' culte s'y pratiqua jusqu'en 1909,

L'histoire économique de la Région est des plus inté ressante. Les premiers montagnards habitèrent dans les vallées supérieures des fermes isolées, formant des cen

tres agricoles complets où sans grands besoins, ils se suffisaient et vivaient chichement des maigres produits locaux.

Après la Révolution, Retord et la Manche connurent

iiorations de l'agriculture en plaine, l'augmentation des besoins et la routine amenèrent une crise économique.

On essaya d'y remédier par l'utilisation mieux enten

due du lait, grâce à l'arrivée des Jurassiens. Mais la- ten tative fut sans succès.

Vers i848, bien des fermes étaient inhabitées. C'est

alors que des Jurassiens revinrent et apprirent aux indi gènes à fabriquer le fromage bleu; des marchands de bois exploitèrent en grand les sapinières et les bois de fayards.

Le fromage bleii se vendant bien, à cause de la boqne

réputation de leur fabrication, les montagnards agran dissent leur pâturage dans les bois coupés, la prospérité revient partout et dure jusqu'aux environs de i885 pour faire place à une période de malaise avec toutes ses con séquences.

Cette crise peut être attribuée, à notre avis, surtout à des causes locales: l'individualisme auceslral des monta

gnards, la routine culturale, le manque de voies de com munication, et l'absence d'écoles.

Depuis, le malaise continue, atténué par l'établisse ment de quelques routes, de laiteries d'abord corporati ves maintenant plutôt commerciales où l'on achète le lait, la vente plus rénumérative des fromages profitant de l'ancienne réputation de Retord. Malheureusement il n'est

qu'atténué, provoquant l'abandon des fermes de la partie

une période de prospérité qu'on peut attribuer à l'exploi

élevée, tandis que les indigènes conservent leur mentalité

tation jd'un pays neuf, à la disparition des entraves

individualiste et leur routine invétérée.

féodales et corporatives, et à la vente plus facile des pro

Arrivés â la fin de notre étude, il nous sera bien per mis comme intéressés cl amis de la région, de formuler

duits locaux. Elle dura jusque vers i885. A ce moment, la création des prés artificiels, les amé-

quelques vœux et exprimer des espérances que nous vou drions voir réaliser dans l'intérêt de tous.


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Nous voudrions que les moulagnards, tout en gardanl leur caractère individualiste, s'adaptent à la vie nouvelle,

voulons pas dire qu'il faut changer la culture locale,

ne restent plus dans la routine et, disons le mot franche ment, travaillent.

Ainsi, au lieu de se cantonner dans un particularisme étroit, qu'ils le tempèrent par l'esprit de solidarité et la

coopération. Si, au lieu de songer uniquement à leur

intérêt personnel, ils avaient pensé à l'intérêt général, il y a longtemps que le pays serait sillonné de routes, et pourvu d'écoles qui retiendraient la jeunesse. Si au lieu de se désintéresser de la fabrication des fro mages en vendant leur lait à des fruitières, ils avaient

poursuivi l'exploitation des fruitières coopératives, ils

auraient dû', sans doute,travailler davantage, se plier aux exigences de la coopération et réprimer la méfiance ancestrale, mais, en revanche, ils auraient entretenu, amé

lioré même la fabrication, la réputation des fromages de Retord et créé ainsi une marque commerciale, tandis qu actuellement (je n'en veux pas chercher les causes), pour manger à Retord du fromage passable, il faut l'y porter.

Puisque nous venons de parler de coopération, n'est-il pas regrettable que la région de Retord n'ait pas encore de coopératives de consommation et de vente ? Les habi

tants diminueraient les frais si élevés des transports, ils seraient mieux et à meilleurs prix servis, mais ce résul tat n'est po.ssible que par la modification de la mentalité

faire venir, par exemple, du blé à Retord et des ananas dans la Manche.

Nous voulons dire que le pâturage, seul possible dans les hautes régions, le pâturage et la culture dans la

Manche, doivent être améliorés pratiquement, qu'il faut abandonner la culture actuelle des prés de Retord, c'est-

à-dire le laisser faire qui consiste seulement à étauper

quelque peu et à faucher ce qui veut bien pousser, et résolument se mettre au travail, faire des améliora-

lions pastorales, si prônées cl si productives, réduire le

pâturage pour améliorer le reste ; dans tous les cas ne pas surcharger le parcours ; il est triste, en effet, de voir si souvent fayards et sapins broutés et tondus par des bêles affamées.

Il faut que le montagnard «achc qu'actuellement il est nécessaire de faire rendre à la terre le maximum, et que

pour y arriver il faut travailler non pendant doux mois et demi, mais toute l'année. Pourquoi n'imilerail-il pas

les jurassiens qui, pendant les longs mois d'hiver, savent soigner leurs bêles, et travailler les pierres ou le bois?(i) Car, somme toute, c'est un problème pour beaucoup de savoir comment les habitants des Hauts plateaux peu

vent occuper les longues journées d hiver.

Il y aurait aussi à former des vœux pour ramélioralicn (0 J'ai appris lout l'éccmmcat qu'on avait iiislnllé un .atelier de lupidaircrie t. Holonnes poui- occuper les montagnards et leur appren

individualiste et méfiante des indigènes. Nous formons un autre vœu ; c'est que les habitants de Retord abandonnent leur routine et, disons le mot fran

dre à travailler A domicile pendant les longs mois d'hiver.

chement, qu'ils travaillent.

diriger leur apprentissage.

Entendons-nous bien sur le mol routine. Nous ne

Curieuse coiucidencc, ce sont encore les jurassiens qui sont venus

On ne i>eul qu'applaudir à l'essai que tente M. Favre, maire d'Hotonnes, et lui souhaiter complète réussite.


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de Ja tenue des locaux qui laissent souvent à désirer et

expérience et à supporter bien des déboires dit l'ait des

surtout la création dans la partie haute d'une commune(i)

bûtes, des gens, du climat, des frimas. Dans la Manche, on ne sera pas limité au pâturage, la

qui permettrait de grouper les fermes dans un intérêt commun, et faciliterait l'établissement des chemins,

d écoles, et beaucoup d'autres améliorations (mutuelle-

bétail, caisse rurale de placements et de prêts, coopéra tives d'achat et de ventes). Mais nous n'en finirions pas : bornons-nous au né cessaire.

'

Pour les propriétaires, nous souhaitons qu'ils s'occu pent un peu de leurs propriétés, les surveillent, et con

naissent mieux la possibilité de leurs terrains. C'est pour eux une nécessité.

Dans une grande partie dû massif, les propriétés, à moins d'être boisées, sont un luxe et il faut être riche pour y avoir un fermier.

Ainsi, croyons-nous, dans la partie supérieure de Retord, c'est-à-dire dans l'ancienne circonscription reli gieuse, il est préférable de réduire le pâturage quitte à améliorer les terrains passables et reboiser les parties mauvaises.

Dans ce dernier cas, souvent il suffira d'interdire le

pâturage pour voir le bois repousser, mais souvent aussi, on sera obligé d'aider la nature, et alors qu'on ne se

fasse pas d'illusions. Le propriétaire qui entreprendra le reboisementdolts'attendre à faire des essais, à payer son (i) En 1880 on tenta de former cette commune ; mais In tentative échoua à cause de l'indifFérence et du parlicufarismc des intéresses,

qui ne se rendaient pas compte que cet unité d'intérêt serait le point de départ d'un grand changement dans la mentalité, et les habitudes des montagnards.

culture des céréales viendra au secours du montagnard,

mais là encore il faut qu'il quitte la routine culturale et s'adapte aux temps nouveaux. Voilà bien des vœux : nous voudrions qu'ils soient

exaucés, mais nous ne nous faisons pas d'illusion ; des années s'écouleront avant qu'ils soient accomplis, car 11

faut longtemps pour changer la mentalité d'un pays Nous tenons cependant à les exprimer, car nous sommes montagnards et nous aimons notre pays. Docteur Passbrat. Reydellet.


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□et ilUTEii;.

CARTE DE RETORD

(Oirconscription. roligiauscï ot la Manch.®) au 80.00(1"

Umilea de ta Circonscription religieuse. Chemin Ruau de la Manette à Vouvrsy,

fD'îijiri-a ta Carie d'Elal-Major au 50.000')


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