JULIEN
AR~NE
I'Arr'ière e Boufique de
Madame DUBOIS Mœurs
d' Hier
« d'Aujourd'hui
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Illustrations de Magdeleine DAUJAT
ARÈNE Il\lPRIl\tERtE
19 31 NANTUA (AIN)
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ÉDITIONS
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CHAPITRE P R EMIE R
D es d angers de la chasse et nouvelle version de la mort de Jean-Marie Dubois
- Monsieur Pick, vous avez bien fait de ne pas aller à la chasse. La chasse. voyez-vous, c'est une exercice bien dangereuse. Sans la chasse, p'r'étre bien que mon défunt serait encore de ce. monde. .:- Je ne croyais pas que Jean-Marie avait été victime d'un accident de chasse? - ' Oui et non, non et oui. C'est-à dire que c'est la chasse qui l'a précipité. ' , _ Expliquez-vous. Rosalie. - Voilà. Figurez vous que le mois de mai qu'il avait cinquante-et-cinq ans, Jean-Marie qui travaillait à côté de moi à une paire de brodequins, il, se met à dire comme ça : « C'est drôle, ça tourne comme si j'étais sur les chevaux de bois» . Et à peine qu'il a dit ça qu'y se lève, qu'y tourne comme un virolet, qui devient rouge comme une tomate et qui ~om~e sur le planc~er. . . . , Moi Je cne au secours, Je lUI Jette de 1 eau sur la figu~e, je le déboutonne et je le ~ais avaler d'eau de méhsse bouonne pour les évanouillements.
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a~lrez faim et ne .boirez que quand v ous .aurez soif. ] entends qu e, d esormai s m ad ame D ub OIS, ne v ous fasse que d~s petits pl ats, q u 'elle m ette de . l' eau dans v ot re b~:)Utellle et qu e vous oubliez le ch emin du ca bar et. SUIvez m es conseils et vous n 'aurez plus b esoin d e mo i. « E t puis, au lieu d e r est er touj ou rs enfermé chez v ous ou a u cabaret, sor tez faites d e l' exerc ice en plein air, d épe nse z ce qu e vo us absor be z fouettez votre sang. faites en,t.r~r de. l~air d ans vos pou'mons ». ,( Mal S. Je SCIe et j e fends mon bois, » que r épond J ean ·Mane. « Si op pe~t dir e, que je le retorque! On r en tre, par aI1:s, t rOIS VOItures d e bois, et il me t six mois pou r les scier .Ies fen~re et les m on t er au gr enier , il invite tous les passants a ven ir lui donner la main ; on boit la goutte et le caJ é, on fait les dix heures et les quatre heures, ~n finit au cabaret , et le b ois, ame né au printe ~ps , n .est pas rentré au grenier quand t ombe la premi ere n eige », « Mais je vais à la p êch e », que dit enc ore Dubois. II. La pêche, r épercute le m édecin, ce n 'est pas urr ex ercice assez violent. Cela vous fait t ravailler le cerveau, mais pas assez les bras e t les jambes. Si en core , quand vous all ez pêch er, vo us vous contentiez de p re n dre, au d épart une tasse de caf é. Mais vo us emport ez d eux litres d e vin et une go ur de d'eau-de -vie, et vous. buvez comme un trou. en attendant que le p oisson veuille bien m ordre à l'h a meçon. Tenez, la chasse va. s'ouvnr. Prenez un permis : couchez vous tôt et levezvous de bonne heure. C011) ('7 1 (' ~ - I-nrnps ; all ez sous les bois; fatiguez vous et r appor t pz . ;\ madame Dubois du gibier plume oh poil. Vous vous (; 11 trouverez bien ». Et voilà comment, monsieur Pick, D ubois devint: chasseur ponr suivre les conseils de son médecin .
Pendant ce temps, la veuve Pied ell e va chercher le méd ecin qui vie nt et qui d~t comme ça : . « Quéqu'vous avez DubOIS? Y faut v ous SOIgner , mon garçon. On va ~omlJlencer p ar vous z'y m ettr e des sangsues sous l'oreille et du p apier de mout.arde au pied. Dema in , purgation g~n~rale ; après - ~emam, purgation générale ; dans trOIS Jours, purgation gé~éra~e. Et puis la diète, la diète. Su rtou t , ni via n de, rn v m , Du lait encore du lait. Allez vous coucher ; ça n e sera rien. L~ di ète, vous entendez bien, ou j e n e r éponds pas de vous J) . • Quand Jean.Marie qui n ' était plus év an ou ille, ~l a entendu ça, il s' est mis à pleurer et à pleurer et à dire : « Je vo is bien que je suis foutu Il . Mais ça a été bien plusse pire quand on lui a appliqué des sanquesuces qui l~i su çaient le sauque des v~ine~ et quand on lm a fait avaler une purgation qUI IUl rin çait les boyaux. Il criait comme ça : « J e m' écoule. je sens bien que je vais m' écouler! », Enfin il s'est endormi. . ~ais ça a .ét~ bien ~utre chose quand, le lende~ain Il s est r éveill é en disant qu'il avait faim et soif et quand je lui ai apporté du lait : « J'aimerais mieux mourir que d' av~~r çc;. .Je suis pas un veau p our t éter une vache ! ' : q~ Il c:lal~ c~mme un chien perdu.. . . Voyan~ qu y s obstinait, Je retourne au médecm qUl VIent VOIr mon def~.mt et qui lui dit comme ça: . « Soyez donc ral~o~abl~ pour une fois d ans v ot r e VIe. SI vou s avez et e et SI vous êt es encore malade c'est que vous avez tro p bu. Buvez du lait m aintenant et nous verro~s .plus tard le régime à su iv re Il . Enfi?- Dubois ~l promet d'être raisonnable et, au bout de huit JOurs, Il p eut se lever et d emande encore à manger de viande et à boire du vin ( Si le médecin , il y permet », que je lui dis comme ça . . Le méd~cin y reAvient et y réfiectionne : « .DubOIS, vous et es sauve, mais si vous recommencez Il pourra vous en cuire. Vou s allez vous observer, m 'ent endez-vous. Vous ne mangerez que quand vous
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*. * * étais-je, monsieur Pick ?
Où en A l'instant, madame Dubois, où, pour ob éir à son docteur et pour r établir sa santé compromise, votre
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époux J ~an-Marie Dubois s'était mué en n emrod, d e cor donmer .qu'il ét a it . - MercI, j 'y suis et je contin u e.. _ . Bon, mon df~funt prend un permis et n é t t oille s on f u sil ~epQmpi~r, qui ét ait à pierre, ~t qu'il avait fait m et: tr~ a capsule, et, la dimanche SUIvante, Il m et se s d~l mI-bo~tes, sa casquette ri oreill ettes et son g a rnier qtl l portait ~Ouvent dedans des souliers pour les pratiqu~S~ et .l e voila parti. en passant p a r les rues p otrr se faIr VOIr au monde. Ah '. on peut dire qu'il a ét é p ar les Ia.ngues, ~ cause de la Jalouseté de s ceusses qui ne pouvaienj pas aller a la chasse. . - Ah' que faisait cui la l à; on dirait des g ens qtl 1 ont de quoi. Dubois se refuse ri en, y se m et rien d e côté. En tout cas, c'est pas sa femm<=: qui l'en empêche, elle est enc ore plus dispensi ère que lu.1. . , - Ah' que fesait un autre, on :,o~t bien que ça n a pas de petit; s' il avait d es petits, Il irart pas à la chasse dépens er son argent, en p ermis, e ? poudre, en plorob~, sans compter le reste. Çui-làla qUI n'a pas de petits, Il n'a pas besoin d'économiser. Qui a en fa n t a misère. Et puis d'autres choses encore qui ont ét é dites sur mon homme et sur moi et que mes voisines, qui 1~5 avaient entendues. sont venues -m e répéter pour que Je connaisse mon monde. . t"., Enfin -la journée se passe e~ , quand c'est la nuit, Dubois revient av ec son garmer plein de champignonS et un plumet soigné. J'ai su d epui:, qu'il avait bu U? litre dans ch aque grange où il ava~t pas~é, ça fesaIt vingt litres. Comprenez-vous, mon~Ieur PIck? - Parfaitement madame DubOIS. - Bon. Vo ilà 'Dubois qui veut m e raconter sa chasse ; qu'il avait, vu .d es. oas eaux, qu'il aVCl;~t t~~é dessus, qu'il leur z avait ~IS des plumes et ,.q u ils s f?t aient quand m ême en voles. Que voyant qu Il pouval~ pas tuer d'oaseaux, il avait, pour les remplacer, remplI son garnier de champig~ons. ' . - Mais tu sais pas s Ils sont bons, que Je lUI dis Comme ça . .
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- Ne crains rien, qu 'il m e rép on d , on les fera t âter a u loca t aire du troisièm e et , s' il en . cr ève, on n 'en mangera pas. , D Moi je m e m ets à ri re à ca use qu e ce. sacre LIb ois avait tou jours des id ées qu 'on s' en t enait les cot es . . . . ' quand il les cxpl.iqua it . C' est bon. La chm anch e sUlvante, D ubOIS ret om ne a la chasse. J e lui a vais bien r com mand é de ne pas tro~ boire' que c'ét ait pas la peine de quitter le pa,ys p OUl aller ~e griser ailleurs ; que s'il continuait , j'y dir ai s a u d oct eur. - N 'a pas peur, R osali e, qu 'il m e répo nd, on se tiendra bien . . . N 'empêche que, quand il ren t ra de gran?'n Ult, l! ne p eut m e di re où il avait chassé et où il avait achete un ch evret , qu'il avait clan s son garn ier. . , Le len demain, je le sermonne encore plu~se.; 11 ~eve la main qu 'il ne boira plus de trop quand il Ira a la ch asse, . . La dimanche suivan te , voilà qu 'il pa rt encore et Il emp ort e un.li tre de vin, d ans une courge, pour. ,ne pa.s aller b oir e dans les gra nges. C' est bo n , le voilà pa~t1. Le soir a rrive, point de Dubois; la nuit a rrive, p oin t de Dubois.. et je m'imagine qu'il s' est tué ave,c , son fu sil à capsu les ou bien, qu'ayant bu, il est tomb é par les r ocher s. d Alors , je rri'abade pa r la ville pour d~~1ander e ses nouvelles, et la première personne que J int erroge, elle m e r ép ond comme ça : - D ub ois, m ais il est p ar ici, au P on t-d'Arcole où il chante com m e un roi p ét érèt. Vous dUSSIez ?-ller le ch er ch er, si v ous voul ez qu'il n'aille pas plu s loin . ., . Alors, moi , je vais au P ont-d 'Arcole e.t , qt: and ) a~' ri ve devant la po rte, j 'entends J ean -Mane qUI ch antait sa chanso n . h
J 'ai cent écu s da n s u unt bo ërsoù , Ils SOI zt pou r m IL .lf. lr ù!- A 'nt, [n e,
n fau t vous dire, Monsieur P ick, que ce. n' es.t q.ue quand J ean-Marie a ét é mo rt que j'ai. appns l 'hl~t01re de cette ch anson. Avant de m e marr er, mon d efunt
dit
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« C' est m oi. Mai s c'est dur comm~ le ~i~bl,e ,et ça se cache co m m e d es t aupes dans les .sapins. J a l ~lre quatre fois sur les grosses ct n euf foi s ~ur la p etite. Ça n e fait ri . a v a faire un fameux CIve t , et les ceusses al . n en : ç t dc a ns la rue quand tu 1es f er as cuire, . il s ql1l Pda ssertonune bonne prise d 'odeur, Allons, b ois un pren ro n , . verre de p équade et on s en va )1. • • • M . . t -ïn qc e p our n e pas le contrarter, et Je fims 0,1, Je lner Il s ' étai t cramponné à mon bras qu'il - - la fatlgue . dP ar ' t1 ernmene ' était de la c h as se, sans compt er ue isa r ,9c ' avalé de vin et d' aliqueur. ce qUI l av a l t . 1 1 Mon sieur Pick, du t emps d ont Je us ~a~ e e v eau était à dix-huit so us la Iivre, les e~tes t 10uz~~fou3' l a douzaine , le v in à sep t sous le .~ ~ e 1 a n~o 1~ a d eux sous le p etit ve rre. On chant~ lL ans es a .ellers • 1 t ait d ans les cabarets. es gensses 1 s ne et "o~ clan a l se charcuter les uns les autres. C'était parlaient p as d e
avait ~.u un.e bonne a~ie qui s 'appelait Marie -Anto in c;tte et q~ ~l ~UI avait fait cette chanso n e t qu 'il avait e c o nom.lse cmq cents fr ancs pour se m arier avec, e t q v:e Mane-Antom ette, qui ét a it volatile, ell e e n avait p n s un autre, qu'on avait mis u n b o u que t de sau l e à Dt.:bOIS qUI s' est m is dans le v in d e puis c e mome nt e t qui ~ 'a.~~~iée p ar d ésespoir et à caus e de m o n bien. Mais J a l Jamai s su ça d u viv ant d e m on m a r i , sans qUOI.., - Sans qu oi, m a d ame Dub oi s ? - Vous s' êtes trop cu r ieux , m onsi eur Pick.
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- Où en ét a is-je, m onsi eur P ick ? . -:- Au moment m êm e, m adame Dubois, o ù vous arrivi ez à la p orte de l' auber ge d u P ont-d'Arcole quand feu vot r e . ép ou x , J ean-M arie Dubois, ch antait une chanson de sa composition, - Merci, j 'y su is. j'entre don d ans le c âfé et j 'int erloque les ceusses q ui étaient là et qui riaient, c omm.e des poissons dans l' eau ; en en ten d a n t charrt er le cc boërson de Marie- Antoine », • cc Vous dussiez bien a voir d 'h onte, que j e l eur s ' y dIS comme ça, d 'êtr e à b oire quand t out le monde ils sont cou ch és ; si les gendarmes ils fesaient leur service, vo,us aur iez tous un b on procès-verbaux. Tant qu'à tOI, J ean- \:Jari e, 'si tu n e t e rentres pas m édiatement, c'es t .à m oi que tu a u r as à faire », Mais voilà m on homme qui vient v ers moi. qui v eut me rem br asser et qui m e oit comme ç a : . cc .Si je su is p a s r ent r é plus tôt d ans le domicile c?n]~ g abl e, c' est qu e j 'ai voulu montrer a u monde, qui dIsait qu e je t u erais r ien a v ec mon fusil d e p ompier, ça q.ue j'ai rapporté d e la chass e et que tu v as y voir aUSSI, R osalie », Et voilà J ean -Marie qui se r etourne et qui me montre son ga mier où il y avait troi s écu reu ils, une grosse e t une petit e, « Qu'en dis-tu ? » qui me fait. ce C'est t' y t oi, qui les a tu ées, au moins? »,
le bon t~mps'd me Dubois, c'é t ait le bon t emps. - OUl m a a . 'é t it d t _ C'e~t bon. Le lend~mam~ éqtU~t cde al on ' un . , . , J ean-Mane, qUI al ans son l 1t e t lundi, Je. dIS. a es écuretiilles coucher à cô té de lui : . q UI a v art mIS s ·S tu v as gar de r 1a maison, a, cau se « pour une f a 1 ui faut que je sorte )J.. . ' q « 0'u vas- tu d on?») . , qUl m e faut . l 1 d er « J e v ais v oir chez ces ~ames PllourJ eur .( efm.an 1 t fait un cive t d écure Ul e. e sais aire es c?mmedn °l ·n re m ais j'ai j amais fait cuire d es écu è CIvets 'il eT 1 vent ,en ds tu vas rester l a' d ans t on Iit 1 ou, r eui es. u ' . 'U bien mieux, tu vas t e .1eve~ pour ~ravadl ~r )J.. d l « TravaiUer un lundi, qUl me r epon , JamaIs, e a . ' . porte m alheur pour le r este d e la semame )J. VIe ' c1lez 1~ ve~ve Pile d qm. C"estça b on. J e sors et . Je va.is une ch atte et Je lm d emande : m an de comme r es t gou . d' ecureu , ille ?. II Sav ez-vOus faire le CIvet (~ Entrez-d on , qu'elle m e r épond, vous prendrez bien quéque chose ? « " . « N on, que je lui r éponds, J' al p a s !e t emps. )J « Seulement un p etit verre de , caSSIS. » '. « Rien qu'un petit v er re, mais sur le pouce, sans
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s'assire; parce que, vous savez, quand on a le dos sur une chaise, on sait plus s'en aller. » On ent re, ,on. trinq';le, , e~ marne :t=:ied me donne sa recette par écrit que Je 1 al conservee. Et tenez monsieur Pick, lisez-la vous m êm e: ' « Prenez .votre ou :vaux .écureuilles ; enlevez-leur z-y Il la pau. Y en a qUIles VIdent pas pour qu elles ai ent ]) l'odeur du ~bier, mais c' est pas fam eux. Coup ez» , les-y ~n petIt~ morceaux, Mett~z-les-y dans une Il rarmltf av~ .eurg-e, ~lgnons" VIn, po âvre, échail)} lotes, c ?USt etgldra e e ottres z hauts goûts; laissez» es-y quire ou oucemen, et quand sait t t ' )} lier la sausse avec de farine et du sanque Id ou hqUI, . » sofe votre r esp ect. » . e cac on, Je r emercie la veuve Pied de sa rècett . y vais chez marne Trippe, la charcutièr e et Je m 'e.n pOur .a Voir 'du sanque de cochon, sauf votre respe sauce. c , pOur lIer la Quand je sors avec mon sanque' , que j'ai pas de' clous de girafie et ,/ e tm en souviens Lantern~, l'e~picière, et j'en acÎlète. en re chez mame Alors Je m en retourne et je passe promenaient des messieurs de la ;ur la pl~ce où se paraient à commencer à travailler aute qUI s'appré_ soleil. ' en se ch ~uffant au Vous dussiez .penser, monsieur P' k . de. il savait qu~ Jean-Marie avaif\'~l tout le monallions man&"er des écureuils, d'abordue et que nous homme avait promené ses bêtes d parce que mon et ens~ite parce que la veuve Pied a~s t o.u~, les. cafés mande la re?ett~, .la ~har~utière à ' a. q~l J avais dedu sanque, 1 esp ici ère a qUI j'avais q~l J, avalS acheté girafie, ils y avaient dit à tout le ac et e des clous de aurais fait tambourner que ça mon~e, et que 'j'y connu. aUraIt été pas si Aussi ces m essieurs de la haute . à travailler en se chau fiant au 's iU~1 c?mmençaient quent en me disant : 0 el , Ils m 'interlo_ cc Et ces écureuils, madame Dubo' . . 1S ( Il Et mm,.Je 1eur z "y repond: .
« Elles se portent bien, m essieurs, faites-en de m êm e. C'est bon je me rentre, je fais le dîner et je vois J ean-Marie qui s'ha?ille .en dimanche. « Où vas-tu, qu e Je lm dis? ». u Je vas I1l:e pron~~n er pour m e donner de l'appétit po ur ce SOIr H , 9. u Il me répond . Il C'est bon. Mais tâche de ne pas t'ivrogner et de .r ent rer à sept heures. Passées sept heures, y a plus d' écureuils: c' est le chat qui les aura mangés, aussi vrai qu e je m'app~,lle :aosalie Dubois. Il . cc C'est bon, qu Il re~ond en voyant que je ne badinais pas, on ne boira pas et on sera là il. sept heures, »
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* *Pick ? Où en ét ais-je, monsieur - Exactement, madame Dubois. au moment où pour .vous laisser. cuisi~er h votre aise, Jean-Mari~ Dubois, votre man allait faire un p etit tour en ville, Merci, j'y suis. . Bon, je me mets à appréparer mon dîner. Je fais une soupe au fromage de gruère, une fricass ée de z'harieots, mon civet d' écureuils et un ventre de veau farci avec de chair ~ .saucisse et des z'hauts goûts. - Vous vous traitiez bien, madame Dubois. - Dans le temps, monsieur Pick c'était pas cher comme au jour d'aujourd'hui et puis' on avait de quoi; mais, comme dIt mamezelle Ladoucette, ça a changé de gueule. ' Enfin, j:~p~ré~are tout et je regarde mon vieux horloge. C était Jus~ement sept heures. ce Bon, que je me dis comme ç~, S'Il n~ rentre pas, aussi vrai que je m'appelle Rosalie DubOIS et que je suis la fille de ma mère, j'y donne tout le dîner à mon chat ». Et cep en.dant ça. sentait bon, ça sentait bon; l'odeur du civet allal~ jusque dans la ru e; j'entendais des' gensses qUI re~lfiaient et, par la gloriette, j'en voyais d 'autres qUI étendaient leurs mouchoirs pour y mettre de l'odeur du civet d'écureuils, comme si c'était de la pâte-à-chouli. .
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Alors j'entends un grand bruit dans le coll idor, a u ~rapp~ à la p.orte, rouvre le luqnet, et q u'est-ce .q~~ Je VOIS? D evinez VOIr un p eu ce que je vois rno n sie Pick ? r • - J e donne m a langue a u chat, m a d ame Dubo~s, - Je vois ent re r Dubois et puis, a p rès DU~OlS~ Alexa?-dre Navet, après Ale~andre N a vet , Jean~Plerr é Dubuisson : apres J ean-LoUIs Dubuisson LOUIS jas Dupalin; après L,o uis-José Dupalin le gra'nd Luis DU~ merdançon; apr ès Dumerdançon, le gros Pierr e L~ fouillouze, puis J ean Bassinet, Jules Dupallet, FrançOIS Nanzé, Philippe Lagouille, cœtera, caetera. J ean Marie avait invité tout le cabaret à rn anger ses écu reuils . ' Mo~ je deviens toute rouge d'honte. J'attra p e IllOn DubOIS dans un coin, et j e lu i dis co m me ça en le g r af finant : J « T u ~s fou . C?Ù veux-tu qu e je mette tout le monde et que Je leur z y donne à m an ger ? II « On se ser rer a , qu'y m e r épond , et tu a llongeras l e S plats. » . Alors je deviens furibonde J e p r en d s u n pochon d'eau chaude dans la m ermite et je le fou s d a n s la SOUpe au fromage; je prends un autre pochon d 'ea u chaUde dans la m ermite et j e le f ous dans la fric assée de z'haricots; je prends deux litres de vin et les y foUS dans le civet d 'écureuils, et je fous au x poissons encore deu x pochons d' eau chaude et d ans le plat d e v entre de veau pour faire plus d e sauce .. Pendant ce t emps, J ean Marie, ét a it d escendu à l~ ~av.e et , ,avec Jules Dupalin et Philippe Lagouille, ,~1 ét ait alle ch ercher un casset de vin d e Vieillard qu Il plaça sur deux chaises à côté d e lui en disant: « Comme ça, on n 'aura p as b esoin d e d es cendre à la cave ». E t il t ourna le robinet.
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Ma vieille amie en était là de son r écit quand le clairon et le tam b our donnèrent l'alarme. Rosalie s 'é-
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tait préci pitée hors de sa chambre ?ans la ~ue ~ù le n ant . A~ r et ra it é du troisième l' av ait précédee e? c: feu ! Le tumulte était grand. U ne fumée ep a lsse ~ortait de la ch em in ée de la v euve P ied . Il ?-e fallait pas compter, au mo ins pour la soirée, aVO Ir lé7 SUl,te des aventur es du civet d 'écu reu ils de feu DubOIS, d autan t qu 'on pa rlait d' appeler les pompier~ ,et 9-u:o~ ~ ay~ r ait certainement pour t oute la sOlr~e a etel~ r et ' feu dans la che m inée d e la veu ve PIed et surt ou a comment er l' év én ement. .......... .. .. . .. .. .. . . . R ien n' est r éj ouissant comme un feu d e cheminée.. . quand il se d éclare chez le v oisin.
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_ Où en étais-Jo e, monsieur Pick' ? , mmença lit 1e _ Au m omen t, madame DubOIS, ~ u co fe stin que votre m a ri offrait à ses a m IS: , . .' ' 1 t ' d're que . ]e n. y SUlS lipas _ M erci ] 'y SUlS, c es -a- l , u bien à cau se d e cette grancle l11cendle q~l1 a eu e.t P' d A l l I Y c n aval ' d an s la ch eminée de la veuve le, . . 1 . l , '1 d e la suif, il Y en avait ! An jour d au]our d hUl'd ~s ~~ moneurs n e ram one nt plus comme au temp s e trefois. ., li r Ies _ P a ssez sur le feu de chenll,uee,. g issez su ri ramoneurs et continuez v ot re r éCIt, Je v ou s en pIe, m adame Dubois. . . _ J'y suis monsieur Pick. On était dont tous à table. L es 3: m Is d e DubOIS m angeaient comme d es ogres et buvaIent c?mme d es trou s. Dubois, lui, n e mangeait pas, huvait plus et parlait p arlait, n e s'interrompant que pour aller au casset 'de vin, pour tourner le r obine t , . pour a p p or ter les p ot s su r la table et p our les r emplIr d e nouveau. Il r a contait, pour la v ingtième fois, sa cha sse a u x . écu reuils , et il disait comme ça : ( L a plus gros,s e a vou lu m e sauter des~us . ~es b êt es-là, quand c est bless é, c 'est plus m auvais qu un chat enragé . Elle fai sait des sauts d e d eu x m ètres
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D u bois » . . 1 madam e . les laissa j ean-IVlane ; a a r evoy ance , . J ean-MarIe E t , p our la, pr~mlère . ïois. partir, sans qu'Ils aien t pns le caf J ean-Marle, m e dit Quan d ils furent dans la rue, comme ça : d éc u r en t'1S ?. » 1" « Où as -t u mis les p e,:ux es êle », que je Ul rel.( Elles sèchent darnier le po . aller me ponds. . " fait; je valS , . « Donne les z'y mal, qu 11 m e m es est om a q ues. J al coucher et je les m ettrais su r froid et je m e sens' tout ch ose », , et il va se couC'est b on ; je lui donne les peaux, . cher et moi de même. n_:Marie n e bC?ugealt L e lendemain je m e lève, J ear de la v eIll e. J e pas et je p ense " qu l'1, cuve son vrrn é arer une soup e .à descends faire maIl: m enageetap1aFoupeestprete.Je l'ognon pour le déJ euner. Quan~ u'il vienne manger r emonte pour dire à ~ean , :M~~fs ~ers le lit, pour. le et que ça le fera du blen:.Je e blanc ,comme neige m réveiller et, je trouve mot; h.om or t 1. •• et froid comme glace', Il et~lt rn n sle . ur Pick, la. be~le . d ej éia raconte. nte mo " e v ou s avalS jaus al Je vo ' a falte', malS]:Marie Duboi enterrement qu ,on lUl OIS es t mais dit comment il ét ait mort. .leaI\ dit d 'aller à la mort p arce que le m édecin lUI a va~l a bu en cor e plus 1 chasse ; parce qu '11 a an t 'a 1,a chasse nt tué des écureUl'1s, il u que d'habitude; ,p ar ce 9- aya,'l a attrapé la pauvre a fait la noce, SI tellement qu 1 pléxie. . bien dangereuse, Ah! la chasse est une exerCIce monsieur Pick!
d 'haut : ell e voulait m'arracher un œ il . J e l'ai t iré cinq cou ps d e fu sil q ui on t t o u s p o rt é. A la fin , quand elle s ' éla nça it p our m ' étrangler je l' ai tu é e nette comme t orcb ette ». L es a u t res écoutaient Duboi s , en b u v a n t e n m a ngeant ; m ais v oil à-t-y p a s que P aul L a fouillo u z e se m et à rire q uand m on hom m e dit que l' é cureuil v o u la it lui sa uter d essus p our l' étrangl er. Et v oilà Dubois qui se lè v e , qui d ev ien t blanc c omm e n eige, et qui d it comm e ça : - Tu sa is, L afouillouze , s i t u ris en co re , j e vais cherch er m on fu sil et je t e t ir e d essu s , co m m e j' ai t iré Sur l' écureuil et j e n e t e m a n querai p a s plu s s e. , L es autres n e savaient p a s si D ubois p la is a n tait co.mme d 'h abitude; m ais m oi, qui le c o n naissa is mieu x et q u i sa vais qu' il n' était p a s com m o d e qua nd il av ait bu, je dis comme ça: ' « L afouillouze n ' a pas voulu s e moqu er : tu c o m p r en d s t ouj ours les ch oses de tra v ers )J . « Mais ou i, q ue fait L afou illou ze, j ' ai p a s ri d e:: c e que tu d isais; j 'ai r i p a rce que t u a s tué l ' écureuIl )J. ". C' ~st b on, q u e r épercute n u b ois en s 'asseyan t ; m ais Sl , t OI ou u n a u t re , ils dis ent q u e j e n ' ai p a s t u e ~es écu reu ils q u 'on m a n ge m ain t e n a n t , aussi v rai que ]e m'appell e J ean-Marie Dubois, j e leur z ' y ca sse l a gu eule a v ec cette b out èille », . E t , il t enait une b outeille p a r le g a let et il la brandissajt p a r en l'air. L es a u t r es a v ait le n ez dans leur a ssiette ; t ant qu 'à moi j e tremblais c omme une feuille. ' Vous d u ss ie z comp r endr e , m onsi eur P rc lc, que le dmer .ne. fut p a s g a i. J ea n Dupalet vou lu t ch a~ter le « P etit Ju p on d' écarla t e )J et « Le vin qui r éveIlle le s m orts », m ais D ubois n e les la issa pas fai r e . « C' est a ssez ch ant é p o u r au jourd 'hu i, qu'il dit c orn: m e ça . Vous avez p l us en v ie d e s e m oquer d e moi que de ch anter v os b êtises )J . AI~rsse, ils se levèrent tous en disant: « SI c'est a in si qu' ainsi , on s'en va; on 'r ev ien d r a quand tu se r a s de m eilleure h u m eu r . A la r ev oyance,
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CHAPITRE II
La courge de Jean . r-,·la ric Dubo is
_ Monsieur Pick, ne me r etardez pas; il faut qu e je m 'ensauvé du côté de~on ja.rdin, que j 'ai pas pu faire à cause du t emps qu y a fait. _ Mais je ne vous r eti en s pas~ madam~e Dubois. _ Vou s dit es comme ça, mais vous et es t ellem ent séductanteur que, quand je suis t 'avec vous, je p eu x pas me r entrer. . C'est toujours comme ça ~ qUél;~d Je. vo~s r encontre: j 'oublie m a soup e su r le poele, J oublIe d aller. chercher mon lait, j 'oublie d 'aller commander ~a V1an?,~ et , vous dussiez bi en vous r appeler , un~ fois que j ' étais avec vous, j'ai oublié d 'aller m e conf sser pour P~9u~s. et qui m 'a fallu y aller pour la; C~sI?1odo, q~e ce n : t aIt pas mon habitude. Où en etals-J~, ~onsleu~ P~ck? ' _ A vo t re jardin, m adame DubOl.S, a votr~ Jardu;. _ Merci, j 'y suis . Y fau~ vo u? dire, m on sren- Pick, qu'on s' y est tous mis à cultI,:er, a cause qu e les denrees elles coûtent les y eux de la t ete ch ez le.s marchands, et que ceux-là là sont bien heureux qUI peuvez:tt avoir chez eux des combustibles t els .que salade, oseille, épinards, pommes de t erre, sarslfis, OIgnons, poireaux, choux, ravogn aux , et cœt éra. , . Et pui s y va t 'y avoir enc ore qu e9,ue chose d'extraordinaire, à ce que m'a dit le retraité du troisième. Y .
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p araît q ue le gouvernem ent de la R epublique il va donner de l' a rgen t à la Comi ce pour qu'elle en donne au x ceusses et celles qu i ont les plus beaux combustibles et les m eilleurs z .' hauts-go ùts. , Qu el honneu r p our moi, m onsieur Pi ck, si je m 'entends t appeler p ar m on nom par monsieur le sous -pr éfet , sur la pl a ce d 'Armes, - à cause que le champ de foire Il est p our les bêt es: cc Madame Rosalie Dubois pour ses écha illottes, un diplôm e d 'honneur, une m édaille de bron ze et cinq ue fr ancs. » Qu el honneur, monsieur Pick, quel honneur! Ah ! m on défunt n 'aura pas eu autant de ch ance aVec sa courge que moi avec mes échaillot tes. y faut vous dire que J ean -Mari e avait sem é une COurge qui ét a it venue auss i grosse qu'un t onneau e~ que, n'ay ant poin t d 'enfan t , il la soignait comme SI c' ét ait la sienne; que t ous les vo isins y z' étaient jalou~ et venaien t v oir cette phénomène, que M. le maire, qUI s'y connaissait , il ét a it venu la voir aussi, et il avait dit: . « J'ai bi en vu des allégu mes dans l 'administration, J' en a i jamais vu un auss i beau. » . Enfin J ean-Marie ét ait fier de sa courge et , quand il r entrait pompette du câf é, il dis ait comme ·ça : cc "X ~' emb êt ent tous ave c leurs p etits, y en a pas un qUI aIt pu faire une courge comme ça. » , Vous dussiez p ens er, m onsi eur Pick, que ~es chos,es avaient été repetées et que ça avait fait ~es Jalouset es, tant et si bi en qu'un matin qu'y va VOIr sa courge y voit qu'on a écrit dessus... Devinez-voir ça qu'on avait écrit sur la courge de mon mari, monsieur Pick? . - J e donne ma langue au chat, madél;me, D~bOlS. - Eh bi en monsieur Pick on avait écrit sur la COurge de mon' mari: « Jean-l1if~rie Dubois est... » - P as possible, m adame Dubois! . ., - C'est comme je vous y dis, monsieur PICk. V:Olla ~on homme qui est .furi eux, qui va tau gar de, qUI,va t aux gendarmes, qUI va t 'au Juge de paIX, qu~ v a ~ au prOCureur pour savoir les ceusses ou les celles qUI avalent écrit des pro~os ~alo mni ateurs et indécents.sur sa cou~ge. On n 'a jamais rren trouvé, et c'est mon Idée que c est
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ça qui l'a fai~ partir .si t ôtvà cau se qu'yri'avait pas pu digérer cette insultation puisque, quand il a testamenté, il a écr it comme ça : « J e laiss e tout mon bien à ma femme Rosalie, qui » d evra donner ISO francs à çui-là là ou à celle-là là qui » dira à la Justice le nom du criminel qui m 'a insulté » dans la p ersonne de ma courge. )) - Vous n 'avez jamais ri en trouvé, madame ' Dubois. - Jamais ri en, monsieur Pick, et pis j'y aurais pas pu faire savoir à mon défunt qui est auprès du Père Eternel... - Qui le garde .en bon. repos~ madame Dubois . - Merci pour lUI, mons~eur PICk.
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L es visions de Jean-Marie Dubois,
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Vous du . " , fait d e ' SS.lez p enser, monsieur Pick, qu 'on n a pas uoi ;J Trevelllon cette année. Et avec qui? Et avec qb nd o'-;t coûte les yeux de la t ête, et il faudrait être a a ~>I~ne du bon Dieu pour faire la fête quand on a d es vâlSlUS r éfugiés qui ont eu les Allemands chez eusses. qurn on a une voisine dont le fils a été tué à la guerre. . out ce qu'on p eut faire c 'est d e parler du t emps d es au!refois , qu and on avait d e tout et de tout à bon marche, du vin, de viande, des alegumes et du lapin; quand nos hommes ils prenaient des ' oiseaux avec des f1è~hes ou quand ils rapportaient des pleins paniers de poIssons qu'ils avaient pris dans des nasses « oubliées à grand fond ». Tenez, il faut que je vous raconte une histoire de ::Noël, à l'époque où j 'avais encore mon défunt. que le bon Dieu garde en bon repos, madame DubOIs. - Merci pour lui, monsieur Pick. Don, cette année-là, à l'avant-veille de Noël. j'avais dit à mon homme: « J ean-Marie, tu vas t'aller au marché. Tu achèteras quéque chose de bon, comme une lièvre par e x em p le . y nous faut r egaler nos cousins d 'Oyonnax. N 'arregarde pas à la d épense. On a de quoi », . Voilà J ean-Marie qui quitte son tablier et qui va t'au
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marché. Je l'attends à midi, pour dîner~ y n e vi ent pas. Je l'attends à quatre heures, pour gouter, y n e v~ent pas; je l'attends à sept heures pour la sou pe; y n e VIent pas t'encore. Enfin, il se r entre sur le coup de minuit, gri s comme la b ourrique à Colas, et traînant p ar les pattes une grosse li èvre. . Et il avait si t ellem ent bu qu 'il voulait que ça soye un chat, le chat du retraité du troisième. . . Moi , je le laissais dire, pensant que, quand Il aurait cuvé sa v endange, il reconnaîtrait bi en so n er r eur . Le lendemain, don c' était la veille de Noël, mon homme se réveill e et je lui fai s de soupe à l'ognon pour le dissiper le mal de t êt e. Quand je le vois d'aplomb, je lui dis comme ça : « Tu' ét a is pas mal pompette, cette nuit, pour prendre UIi lièvre pour un chat ». « Une li èvre, qu 'il m e r épond, où as-tu vu que j 'aie t 'apporté une lièvre? C'est un chat que j'ai t'acheté le chat du r etraité que j'ai bien .reconnu la couleur d~ son poil, et que j'ai payé huit francs à un homme qui l'avait tué ». . « Huit francs, un chat! que je crie; mais ton ivrognerie d 'hier t 'a pas passé! Arregarde don, t êtu! » Et je vais ch ercher la li èvre dans la garde à manger et je la mets sous les yeux de mon homme, qui passe sa main sur son front et qui replique comme ça : « C'est drôle, j'avais cru t'acheter le chat du retraité ». Puis y va à son ouvrage, et moi je vais faire le civet pour qu'on n'aie plus qu'à le rechauffer au réveillon. La journée se passe.. J~an-Marie ét ait taciturne. On. voyait que ça le travaillait, y ne chantait pas, comme à son habitude, la chanson qu'il avait composée pour moi t oute seule : J'ai cent vécus, dans mon boërson, y sont tous pour ma Rosalie. Les cousins d 'Oyonnax arrivent sur le coup de cinq heures. Y avait Lafraize, sa femme Thérèse et sa fille qui s'ap pelait Rosalie, à cause qu e j'étais sa marraine. C'est bon. On mange la soupe, et pendant qu'on va 1
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, t "a 1a m esse avec ces da m es, J ean-Marie et le cousin
c àfé jouer,aux cartes ct m anger un . y vo nt au L a f.ra( ize < . ,' . our se donner de 1 âp p et it . ram equin p .t l la m esse on v a cherc he r n os hommes Qt:a~d Ja n sO~vI~rie qui a~ait remis d u r ai sin sur la au ~afe~ .ean ~ore 'lus gr is que la veille , C'es~, bon. J e cuvee , etaltl~n avec ~inq couvè cles dessu,s et J appo~e m ets la Jt~en ser s aux le ' et . cou sines et au cou . sm et , quand . Je. CIV . donnel. a' mon homme.' y m e dit com me ça . . t'en ve ux r • " e 1 ma nger ai p as », « Grand m eCl , J ..1 1";> ~ " - donc plus le levre . » « Iu .n a uln e , e m ais pas le chat, Surtout que j 'ai ' un e e l::ievreui était coureur comme so n mmAtTe « J a ., conn u çUl:la-1 à , qb ~ sur ses pattes en t ombant du haut et qui serait r et om e ,
du Ful~t ». f que je r étorque. D em ande z'y voir « lVfal~ tu es ~u~usines si c'est du ch at ou du lièvre au COUSIn et aux ~ t ;> , 0' t mamtenan . ». . qu y m~ll1ben d lièvre et du bon lièvre de montagne. « Mai s c' ~st, u ~core un p eu, cousine Dubois, » qu'ils D onnez-mol z en e . . t t s les troisses. " ' , r epliquen ,o uen redonne, et J ean-Mane se d écide a en J e leur ,z y x, li e qui n e m ange que de sauce en fesant manger, c est -a c Ir . des mouilletteJs. ers lm r ôt i de veau , d es briz ôlos à la S . . C' es t bon.. e nfitures du fromage, des poires a u vin, viande et aux c~n boit le c âf é. On chante des ch ansons cœtera, cœt era, se coucher au moment où le coq de la d N '1 t on va .. . _ e oe.e '1 chantait la p Ique du JOUI, " , . . v euve PI ed 1 foi monsieur Pick, je vous dirai l 111st01re Une autlre OISv'e Pied et J' e vai s vous finir m on affa ire . q d , quand J.,ent en d1S ' J M' u co mde , ét aaveu . t'endormie lS , . t ' ean.-. iarie J. e rn e dans son lit et qUl sc m e a souspirej-, . qui se ~etotu ;> » que je lui dem ande comm e ça. « Est-ce « Qu aS-é ueÙlon n e p asse p a s? F aut-y aller ch erc h er que ton r v . • de l'arquibuss e ? » Et il me r épond en disant comme ç~. . , miaou ' J" ai mangé du chat; Je SU.IS t enragé ! » . « MIaou" . 'Il e l e COUSIn e t l es cou'1 iait si fort que ça . r evel Et 1 cn , . , l' vierin smes q uent , en chemise, VOIr ça qUI . se passe. On
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20 veut r éveiller J ean-Ma ri e , on le seco u e , et p lu s o n le ' secoue, plus il cr ie : « Miao ,:, m iao u . J'ai m an gé du chat ; j e su is t 'en ra?:c ', )1 « J e SaIS ce qu 'il a, dit le co u sin L afraize : c 'c s t 1 Id e e qui le trav aille. Y faut lui fai r e b oir e d e l' a r m o n ia q u e dan s de l'eau », . On fait boire de l'arm oni a q u e à J ean-Ma ri e , et quand 11 est soulagé, le cous in L afra iz e lu i dit com m e ç a : « Tu vas dormir tran quille, m aint enan t qu e tu n'as p lus de chat sur l'est oma c », Et J ean-Marie s'endormit tra nquillement et il fall~t le réveiller à midi , po ur le dîner d e N oël. Seu lemen t Je ne serv is pas le r este du civet t ant j'a v ais p eur que ça reprenne à mon homme. . ;> Que pensez-v ou s de m on hi stoire , m onsi eur PIC~~ . _ J e pense, m adame D ubois , q u 'ell e est d igl!e d; un cert ain H offmann, que n e manquait p a s d 'imagmatlO n, quoiqu e all em and.
CH A PIT R E IV
Q u a n d :\Iad am e D u boi s se n v a-t ' c ri c o rn m is si o n
_ :Monsieur P ick, j e n 'ai pas le t emp s d e v ous écou t er ; l'a n gelus est so n né et m on dîner .-:î_~---' n ' e st pas sur le feu. _ Madam e D u bois , vous n ' êtes p a s si p r es sé e à l 'or dinair e. P ersonne n e vous atten d ' et si v ot re d îner es t en r etard, seu le v ous en . ' ., . . p âtirez. _ J'y sa is bien, m.on sl eur P ic k , J y S<;l.lS bien ; m ais, q u and j e m ange pas a ;non h eu r e, Je SUIS t ou t e ch ose , j 'a i les est omaq ues b arr es, et y m e faut prendre d'ar q u ebuse p our m e d ébarrass er. - Ça n e m 'explique p a s v otre r etard , m a d ame D ubois. _ Ah ! m on si eur Pick, vous n e savez p a s ce que c 'est ,, . q u e d e faire d es .c Olr:mi ss~ons. . T enez ce m a t111, ]e SUIS p artie q u e c éta.it p a s huit h eures l;our acheter un p ané à mon canari. Qu' es t -ce q u e j e trouve. c~lez l~ rr:archand ? l?- v euve Pie.d, qui m e d emande SI ]e v ar s 'hien. J e Iui r epond s que ]e vais bien et que j'espère qu 'elle en es t d e m ême. V oilâ -t-y p a s que m ame Dup ot en t re d ans le m a g asin pour ach et er trois sous d e sala de et q u'elle dit comme ça :
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« Vous avez de chance d'avoir l .i santé; moi j'ai passé la nuit près de mon petit qui éta it bien m alade li . « E st-ce qu'il avait la grippe? ll, que dem ande la veu ve Pied. « Non, il avait trop mangé de grattons. Ce p etit-là pour d es grattons, y ferait p endre pèr e et m èr e. D' abord qu'.i~ a un sou cl' économie, il va acheter des grattons . Y<;l1l3:- t- y pas que, lundi, y rencont~e un mon sieur qui lm d it comme ça : « Veux-tu m e faire une commission ~ L.a cluse ? », C( J e veux bien: que répon d mon petit qui etait pas en classe , rapport a la grIp pe ». « Eh bi en va m 'y faire la commission, et je t e paier ai au r et our :l. « Mon p etit, y va faire la com m ission , y r evi ent au bout d'une heure, à cause qUI court comme une zèbre et le mons ieur il lui donne un billet de cinque fr ancs ' ni pl usse ni m oins. . ' « Devin ez-voir ce. que mon petit y fait de ses argents? y va acheter po ur cin qu e francs de gratton s et il y mang t ou t! du t emps 9.u~ son père ét~it, à l'atélier et que .e fesais des commissions, comme a 1 heure d 'auj OUI"d'l J. '1 " bl lUI . . .« A ,~ uand Je reviens, 1. ~taIt . anc, ~o m m e un mort ui VIen t de trep asser. MO I, J ~ croI~ qu a la grippe. J e fui m ets un fer chaud aux p ieds: Je lm m ets sur la t eAt 1 " ; Je. 1UI' ,l~nets ~ur le vent re ed es ie b 0r:- net cl e coton d e so~ per~ assiettes chaudes ; et Je lUI fa is d infusion de bo h et de carmom ille . rrac e « Qu an d son pèr e est rentré, il ét ait en t re la vi .t 1 . boirec d 'le e a mor t , e t c ' es t que qu an d onl Ul' a eu fait buse qu 'o.n a bi en v u qui n'ava it pas la grippe . arque« J e d IS pas ça pour vous, marne Dubois . 1 'ont pas d ' en f ants, save nt p as ça' mais ' est es ceuss es qUI. non . rien qu'on que c es . ce , ce m on d e. ça vous fa rt que ]a VIe ' . m e serve avant v ous, ra p por t a mo n petit qui est to ut s 1 d son li t ? II • . cu ans « F esez do n c, que je lui réponds, si on sait p a s . , , . 1 t t · ça que c est d a VOIr ( es pc 1 s, on sait ça que c'est d'avoir d es m al ades ». C'est b on, on sert marne Dupo t et vo ila' 1 . · " . Oh 1 D' . '. a v eu ve P led qUI cn e. « . J?on leu, mal qui suis v enue t ' achet er une boîte de sardines pour un soldat qui s' en r etourne
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et qu i m 'attend en buvant un verre. Lai ssez-moi passer avant vous , marne Dubois li. « Si c' est po ur un soldat , qu e je lui r éponds, c'est vo tre d ro it li. On sert la veuve Pi ed , qui se fait rabattre un sou sur la boîte, rapport qu e c' était un e commission, ct moi je d is com me ça : «' C'est bien à mo n tour ». « On va vous servir, qu e fait la marchande; mais lai ssez-moi aller mettre mon bouli sur le feu , à cause 'que' vo us savez le bouli c'est dur ou c'est t endre et on n 'est p as dans la viande pour savoir si c'est du bœu ou de vache », « F ai tes donc, qu e je lui dis: je garderai le magasin . , , . p enda nt ce te mps l) . • J e gardais le magasm quand voilà-t-y pas qu arn ve m arn e Quinzon ce, qUI d it comme ça : « Où est la m archande ? » « Ell e m et son houli, qu e je lui réponds; donnez-vous la pein e de ,~ous assire ; elle vous servira quand elle r eviendra ». Marne Quinzonc e s'assit et el le .me dit ~o~me ça « Savez-vous ce qui s' est passe, .1;Ier au SOIr . » . • « Comment voulez-vo us qu e J y sache , que Je lm r éponds; je sors pas de chez nous; on me dit ri en; je .sais rien ». • « Eh bi en, vous avez de' chance ; ~i vous sa vez ç~ .qui · s' est passé, '\lOUS auriez p as pu d~rnl1r ? e toute la nuit », « Dites-zy moi; ( en, brûle d'llllp~tIence ». « Figurez-vous qUI z ont vol é ch ez marne Lapeau », « P as possible? » " , « C' est comm e je vous z y dit, Quand elle est rentree chez eusses, elle a tro~vé son garde-rob e.,ouver~; y z'y ont tout pris, trente-crnque francs en p~eces d. arp ent, mille francs en pi èces de. 20 francs~ Y n ont ~aI;~e que des billets de dix et de vmgt sous, a cause qUI z ét aient trop sales. Y z'ont fouillé partout, dan~ le lit: dans. le vieu x horloge, dan s les casseroles ; m ai s y z ont ri en trouv é. « Les gendarmes Y sont all és avec la J ustice'. On sa it
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bien qui c'est qui a fait le coup, mais on n e veut rien dire. . fai . « Y en a qui dis ent que c' est bien ait; ~ue SI m an?e Lapeau n' était pas toujours par dehors, SI elle r estait, comme nous, touj ours chez eusses, ça ne lui sera i p a s arrivé ». Quand marne Lapeau a eu fini son hi stoire, la marchande revient et dit qu'elle avait ent endu ça qu 'on disait, à cause qu'on ente nd tout du fond de son m agasin et mieu x qu'on voit par un e gloriette, les c cu ss~s qui pass en t dans l a rue; et madam e Quinzonce m e di t comme ça : « Ça ne vous fait rien qu'on me serve avant vous, à cause que mon homme il va revenir de l'atéli er, et quand le dîner il n'est pas pr êt il fait un vacarme d e tous les diables ». « Ser vez, madame, qu e je dis; j' aime pas à fai r e d es brouilles dans les ménages, comm e y en a tant ». La m arch an de, elle sert marne Quinzonce, et elle me dit comme ça : « Attendez-moi un peu; je vais écume r mon bouli et . je v ou s servirai ap rès. « Faites-donc ll , qu e je lui réponds. Elle va écumer so~ bouli et elle m 'appelle et m e d it: « Venez voir sentir; on dirait qu e ça sent le brûle; j'ai peur qu e le feu soye par la cheminée ». « Mai s je s.ens ri en ll , qu e je réponds. « AlleZ-VOIr dans la rue, si y a de fum ée su r la ch emin ée et si ça sen t la suif », Je v ais. voir ~an~ la rue, et je vois ri en; je r entre dans le m agasm et )e dIS : « Y a rien; vous pouvez me servir sans crainte JJ . « Que vous faut-y ? » que demande la m archande. « Un pan~, pour mon ca~ari ll , qu e je r éponds. « Un pane, vous voulez nre! y a t'un mois qu'on en a plus ; que 9-ua~d y e~ aura, y seront à vingt sou s, rapport aux lmpots. et a la. difficulté des transports ». E n entendant ça, J ~ me SUISt'en all ée, et j' ai t 'entendu sonner l' angelus, et Je vou s ai rencontré et m on dîner n' est p as sur le feu. '
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pas . P' 1- vous av ez de c1lance d 'avoir c Ah ! m onsieur l ~"', 1
à faire de commlss lOn .
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CH APIT R E V
U n N ouvel- An d 'autrefois
- Madame Dubois" on vous la so ha it b it h eureuse. . li al e onne e , - Et moi pareillement, monsieur P ' k . d e plus!eur:s autres~ et le paradi s à la fi~ d' acco~pagnee - lVle~cI , Rosalie , m erci, et m ainte e tVOS Jours. - Main t enan t, on v a s'offr ir qué nan ... - Vous avez enc ore d es r éserves ;lque chose d e bon. - N on et oui, oui est non. C'est 'à dire ., . ' . sécher d es prunes au fo ur et que ça a fa't d qu e] al fait Que ces pruneaux je les y ai mi s da , l es pr~nea;lx. . l' ' it ' ns d eau -d e-VIe qu un Pdarthl~u l~r y m atvat, appotrtee du bon pays d ans un sac e c àt a ig ne s, e qu ay an p as de SUcre J" . f it d . avec de la saccafa r ine , que ça ne Vaut pasall ad~ ble SIrOp . boi e la e malS que ça se lél;lsse oire quand m eme quand on n'a as autre ch ose a ~e m ettre su r les est om aqu es. p - Allons trmquer, m a d ame Dubois. - Allons trinquer~ monsieur Pick. Ah ! ce n'est plus le t em p s d es au t re fois, le t em p s d es ét re n nes, le ' t emps d es chanso? s, le t emps d es bonbons et d es p apillottes, et , quand Je pe.I?se qu e t ousIes m ~rch allcl s y n ' ont p u vendre leu rs bij pux, lelJTs. ,Jou ets ct leurs bonbons " cause d e la p au vreté qu 'a I àif, la guerre à tout le m l ct . p eu x p a s m e re t erur d ' on e e ' Je e pl eur er . - R etenez-vous, Rosali e, r eten ez-vous Vou s allez mouiller vos pruneaux et vot r e ea u- cie-vie: A
- Ah! monsieu r Pick, qu and je rep en se a u nouv~ a n du temps des au t refois, je suis toute chose: Qua~ j'étais couch ée à côt é de J can-l\Iarie qui étaI t de a Conseil, et que j 'entendai s les t ambours qui tam bo ur. nai ent en bas de la ville, je m e disa is com me ça : _ Les 'voilà qui a rrive n t , et ça va t 'êt re bi ento t pOUl nous. ' . 1 Et alors : Plan, pla n", pla nplanplan, qu e fesal,e nt es t ambOurs" et les clairons qui sonnaien t ~o.mme po~r l.~ F ête à DIeu, et le plus VIeux t ambounmer qUI dlsal tout haut: . « On souhaite la bonne a nnée à rnôssieur J ean-Mane Dubois, conseillère municipal , à m èdème son ép ouse a insi qu'à tou t e sa famille », Et plan, pl~ n, pla nplanplan. E t j 'ét alS bien conte n te qu and m êm e, surt out .qua nd je p ensa is que marne P ied, que son -mari y n ' était plus d e la con seil, elle n 'avait pas son « pl an, 'plan , pl anpl.anpl an » et les sou haits ~es pompiers et d es agents d e VIlle.
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C'était le bon temps. Seulement l' annonce du plus vi euX p0J'!lpier, ça fesait toujours une di scutation avec J ean-Mane q~l1 me disait comm e ça : _ Tu as t entendu, Rosali e? _ Oui , 9.ue je lui r épondai s. , - E h bien, Il ?- dit qu 'il souhaitait la bonne a n nee à monSIeur DubOIS, à madame Dubois et à toute leur famille. Ou la pre,nds-t u , t a famille? Est-ce mon chat? Est-ce t on canari ? - C:est p as m,.a faute, à moi, si on n 'a pas d e p et it . - C est peut-etre la mi en ~ , C<e t éra , c.œt éra, qU'<:n se dis~it des choses qui n'~rre ga rd.ent ~a~sonne . Ma lS comm e c' était le Jour d e ~ An, la dlSCll l~ ~lO/l cll.c 0niss ll it vi te. On se rembrassaIt et e me f1 Jsalt CO Illl nc a ' J ea n-Man ç , , -ega rd e ' Ar r . ' VO l(' sous la cheminée si le P ère De n is y a m IS qu eque chose dans t es souliers,
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Et moi je me levais t 'en chemise, sauf le respect que je vous clois,, ~t j 'allais yoir sou~ la cheminée, da ns mes souliers qu e J y aVaIS mIS pour l amusement . Et je t rouvais t oujours des parp illot tes, des caramels, des figues, des fois un e robe, ' des fois un e b ague , d~s fois un chapeau , Mais ça qui ne ma nquait j arn ai~ c'ét aI t ün pet it J ésus, nu comme un verre de t erre qUI tom b e du fiarmament . E t qu and je montrais ce pet it J ésus à m on hom m e, y me disait: - C'est pour te donner l'i dée d 'en av oir un comme ça, Rosali e. , E t j'ét ais t 'honteuse de ne pas avoir de pet it. Les nouvel an ne sont plus les mêmes, m onsieur P ick. J ean-Marie est mort , to us ses amis sont m orts, et SI j'avais eu u n pet it, san s dout e qui ne se serait pas tem - . busqué, sans doute qui sera it allé se battre av ec les au tres et que p't être bien, lui aUssi comme t ant d 'autres, . qu 'il sera it mo rt pour la France. ' Voyez-vou~, mOn~Ie?r Pick, c'est p 'têtre bi en ~our ne pas les VOIr p a r t ir a la guerr e qu e les fem mes n ont plus de pet its maintenant.
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- Monsieur Pick, encore un pruneau. - J'<;tccep te, mad ame D~bois, à. condit ion que v ous me parliez ~ncore, des premIers jours de l' an d 'antan. - Oh ! ~ est vite dIt ., On passait la journée à. ~ller les u ns, ch ez les au tres, a Se rembrasser à se Ierliciter, à.s'offn r ~es b~n?o~s et des gouttes, surt~ut des gout~e~: y ense a:V~l.lt, ét a it u n peu breloche, déjà av a nt midi . On disai tqUI comme ça : « Go~tez vo~r un peu de mon cassisse. « GO:,1tez vo~r un peu de ma mélisse. . « G01;tez vo:r un peu de ma verve ine. « . Ga n tez .vo~r u n peu. de, mon genièvre », E t on gou~aIt, on go~taIt, on goùtait . Du reste, chacu n n 'en ét ait p as, du SIen à cause qu' on s'offra it r éciproquablement et a chacun son tou r ,
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. ' P' 1- vo us me CIO . irez_ si vous E h bien!, .monslCu~' , , l' te' qu e si les gensses, s dISenIC ver . , b"onne voulez, maI~ Je vou, 1'1 . d 'aujourd'hui , offrai ent .a qui cus'abomm en~ d~s calfqUl~~urs, ça serait po ur s'emp oicha n son t am . . ~ 'proquablement . ê . son- nerMad 1 CCl OIS, v ous exagérez peu t-• tr e. ame Du boi
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• CHA P ITRE V I
Xla d a me Dubois est encore malade
- J e suis été bien ma lad e, monsieur Pick. - E t vous ne m'en av ez pas av erti ' mad ame Dubo is? - C'est que ça m'a pris t out d 'un coup, sans crier gare, et j' ai év u le moment qu 'on allait me donner le dern ier sacrement . -Diable ! -C'est comme je vous z'y.dit. . On était avec ces dam es à lire le feuilleton du Progrès de L yon que ça me prend un fnsson depu is les agac ins jusq u 'a u cotévet. . ' " _ Qu'avez-vous donc, qu e me fait la mere Qum querne , vou s êt es t out e blanc~e ? , . , . . _ J e sa is pas, qu e Je lUI reponds : Je grevole, Je crois qu e j'ai le ma l cie la mort , - Vous dussiez vous couch er, qu e répercute la veuve Piecl. Vous avez le mal qu i cour t et qu.i s'appelle la grippe espagnole. Faut vou s coucher, qu e le vous dis, et prendre qu èque chose de cna ud, Et voilà ces dam~s qui m~ déshabillent et qui me mettent dans mon lIt! et qUI me. couv~e n t avec mon aigledon et avec m~s l ~ pes, et qUI m.e lient de flanelle autour du cou et qUI m ento urent la t ete avec un tricot, et qui font chauffer un fer pour le placer contre mes. pi eds.
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- J!aintenant , que dit la veuve Pied, y faut prendre qu èqu e chose de chaud. - C'est ça, que redit la mère Quinquerne , y faut fa ire un brûl ot à marne Dubois. Elles vont chercher de vieille eau-de-vie qu 'elles y mettent le feu au sucre qui était dedans et, quand ça a bien brûl é, elles m'en font boire un grand verre. Voilàt-y pas qu e je me sens tout e baigne de sueur et que je me met s à battre la campagne. ~ J e voyais des Pru ss!ens qui e~t.raient d.ans ma ma.iso.n et qu e c'était le retraité du troisième qUI les condui sa it en chantant YIn ternationaic et qui leur disait comme Ça : « Ah! ah! ah! je vais vous montrerl'endroit où la vieille cache ses écus ; y en a pas comme moi pour connaître les bons coins ». Moi je voulais me lever pour défendre mon argent , pour prendre le man che à balai pOur leur z'y en donner un coup sur la tê te, ma is je pouvais pas remuer. . .. , Ça dura comme ça t out~ la 1:U1t. Le matin, le I~ endo~s et , qua nd je me réveille, J'ét.als t?ute l?rne~te, le S~VatS pas ail j'étais, y me semblait qu on m ava it donn e des coups de garachon ou de pli o~ par tout le c.orps. Alors la ' veuve Pied elle vient près du Iit et elle me dit comme ça : « Comment ça, va ? vou lez-vo~ s prendre , quèque chose? un peu cie c âf é avec un peu d eau-de-vie gedans ? faut-y aller vous, c!lercher un e sœur ou une mfirmière de la nouvelle h ôpital ? » . . " « J e prendrai un peu de câfé », q~e le lUI re,?on~ s . La veuve Pied fait du câfé; elle m en don ne a barre et dit comme ça : . ' . . « Se sentez-vous mieux? SI vous se sentez pas mieux c'est qu e vous avez quèque chose sur la conscience; faut- v aller cherche r le c~ré ?". « On a le temps ", qu e le lUI re~onds . ' . Voilà-t-y pas que la . l?orte s ouvre e~ que l e VOIS ent rer le ret ra ité du troisi ème avec son air a deux airs et qu e si y tombai t du clocher y retom~erait sur ses pattes et qu i me dit comm e ça avec sa VOIX dou ce: « Cette pauvre madame Dub ?is ! Ça ne va .donc pas. On a donc la grippe espagnole. C est une maladie tern ble,
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cr ire fidèlem ent vos dernières v olon t és. » Alors, monsieur Pick, la co!ère m ~ prend. J e ne se ns p lus .m,on m al. J e sau te d u Iit. )~ Jette à la figure du r et rait é mon p ot de cham bre o u il y avait d edans du liquid e et du solide, j 'en cr êp e m a savate sur la t ête de la .veuve !?ied , et, com me .la m ère QU,in q uerne n e .p ou vait p a s s ensau ve r assez vite r apport a ses r h u mat isses j e p re nds le m anch e à balai et je lui y fou s a u moins vingt co ups par dessu s tout le cor ps. - F ûtes-vous , m adame Dubois, plus malade à la suite d e cette sc ène d ésastreuse? - Non m onsieur Pick, la colère m 'avait guérite de la grippe espagno le . - Madame Dubois, j 'indiquerai votre remède à mes amis.
mais t ou t le monde n' en meurt pas. Il es t bon ce p e n dan t de prendr e des précau tions. On ne sa it p a s ce qu i p eu ~ arriver , et on est plus tranquille q u and on sait à qUI on laisser a son bi en », Moi j ~ r épondais ri~n; je fermai s les y eu x ; j e fes a~s celle q':1 n e com prenait pas, m ai s je voyais o ù il voula it en ve n Ir. , « J e sais ~ien, dit encore le retra ité, q u e vou s avez d es neveu x, m ais des neveu x c'est pa s des en fa n t s . Y n ' ont pas to u jours été gentils avec vou s. J ean-Ma rie , il es t ~oureur comme un lapin; Pi erre, il passe so n t emps à )o,:er aux cartes, ~t .Franço~s boit son co u p . C' est pas la p em e que votre hentage soit dépensé avec les fill es avec les cartes, avec le vin. Et puis v os n eveux so n t soid a ts, et ~ ' y a plus maintenant q?e les déput és et les sénateu~s qUI peuvent, SI ça leur plaît, rest er à l'ab r i d es m auv ais coups. Vous sere z bien av an cée si v ous d onnez vos biens et ;,o~re arge nt à des gen~ qui so n t à p eu près con dam nes a m ort. « Ta!1dis que yous ave~ près de v ous d es g ens q,:i vous aiment, qUI V?,:S sOIgneront bi en, qui n e d élapideront pas vo~:e hentage, qui vou s feront un en ter rem ent de pr emi ère class e avec les trois cloches qui ne r egarderont pas à la dépense pour vous donner 'un beau tombeau où seront inscrits dessus vos 'n om et. prénoms, votre âge, ce que vous av ez fait de bien dans votre vie, et cœt era. Et on vous mettra des couronnes et on vous portera des fleurs pour la Toussaint et pour la SainteRosalie. » . (~ J e n e vous comprends pas bien », que je fais d 'une VOlX m ourante. « J e ve ux dir e, qu e répercute le retraité' du troisième que n 'ay ant pas d'héritiers direets votre devoir est d~ penser à vos locataires et de t ester'en leur faveur. » . « Le r etraité a raison », qu e disent la veuve Pied et la m ère Quinquerne. E t vo ilà le retraité qui approche la table du lit, qui trempe. la :plum~ dan s l' encritoire; qui tire une feuille de papIer timbre de sa poche et qui dit comme ça : « Vous pouvez parl er , madame Dubois ; je vais trans-
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CH AP ITRE VII
Confiture d e guer re
- Madam e Dubois pa r où a v iez -vouspassé, l' au tre lundi ? ' - Monsieur Pick. .. - Vous rougiss ez, madame Duboi s' au- ~" r~ez-vous Pél:r hasard, à la fin d e vot re ' car,. .nère, ~ommls un e action malhonnête ? - MonsIeur Pick ce n' est pas moi. - Ah! voilà bien un t:; réponse jésuitique et féminine. On vous prend sur le fait , flagrante delicto et vous vous écri ez aV,ec l'accent .ai gu d',une chatte qu"on échau de: « Ça n est pas moi 1 ça n est pas moi! II - C'est pas un flagrante delicto monsieur Pick c'est des confitures. ' , - Comment, des confitures; vous avez fait des confitures, au moment o~ t?ut ,le monde m anque de sucre, où, quand on vous mvita a pr endre une tasse de café on vous dit: « Vous apporterez bien votre sucre, si vou~ n'aimez pas la saccharine ? II - Ce n 'est pas ~oi, monsieur Pick, c'est la mère Quinqueme, qUIa fa~t .de confitures de groseilles, à cause qu'elle a , une proVISIOn de Sucre, comme toutes ces dames, comme la veuve Pied, comme marne LecœurQuibat , comme !llame Qui~z?nces, et cœt éra et cœt éra . Oh! elles ont fait des provision, dans le bon moment, en sucre, en rnacaroru, en castonade, en farine, en pétrole, en pruneau x, en figues, et cœtéra et cœt éra. E t il faut les entend~e quand elle ' z'y disent, pour tromper le monde qUI sont 'si malin : « Ah l mon
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Dieu ! qu' est -ce qu:on va devenir? On va mourir .de faim . On n'a plus ri en sur les estomaques. Le b?n DIeu ferait mieux de nous prend re que de nous faire tant endure r et de nous brûler les estomaques avecque des châtagnes 'sauvages et d'autres ingrédiant s qu i z'y mettent dedans le pain au jour d 'aujour d 'hui ». Ah! Y fau t ent endre qu and marne Lecœur-Quiba elle crie comme une belette qui a la queue pri se da ns une glori ette : «( Pour qu i aye de farin e dans le pain, y fau drait d 'abord qu'on n'en n'y mette ! II
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Où en ét ais-je, monsieur Pick ? _ _ Au x confitures, madame DubOIS, aux confitures. . . - Merci, j' y suis., Yoilà-t-y pas que, .1 aut re JOur, Je rencontre.l a m è~e Quinquern e qui I1?e dit comme ça : ~( You~ dUSSIez ven!r m e donner la mam pour serre r le linge, a cause qu e Je vais fa ire de confitures de .gros~ill; »: ' . « Vous pla isantez, qU,e Je lm rephque, y a peint de Sucre d 'abord ; t ant qu aux, groseIlles les bet es les ont tout es mangées ». , « Vo us voulez rire, qu 'elle recommence : c ~st p~s le Sucr e qui manque, quan d -on a prIS ses pre~autIOns; tant qu 'aux groseilles, c'est pas chez nous qu elles ont .p oussées ll . . ' I f ' . « Ah ! vous m 'en direz t ant ; SI vous es aites venir des pays ét rangers ». " " ., . « Oui et non , non et OUI. C est-a-dl~e gu e J en avais voulu achet er par ici, .mais qu e ç~ co ûta it le: yeux ~e la t ête et qu e j'en .aval~ pas a.chet.e :par rapport a u 'prIX exor bitant et que Je m en plaign aIS a une dam e qUI a sa bouonne qui est du bo~ pays » : , • _ « Oue vous êt es sl mpl~ , qu elle me dit comme ça; d emand~z z'en voir à Poncin et vous verrez que vous en aurez à bon compte ». _ (( A qui faut-y écrire ? » qu e je demande. _ « N 'écrivez pas au frère de ma bonne, qu'elle me répond, parce,.qu'il est mo~ilis~ ; n 'écri,:"ez pa~ à son - p ère parce qu Il est mort ; n écrivez pas a sa mere parA
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_. 3, ce qu' elle n e sa it p as lire l' écriture; écr ive z à so n vo is in qui lui z'y ex plique ra ça que vo us vo u lez . » Et j'ai fait comme la dame elle m 'y a d it e t j 'ai e u d es groseill es à quinze sous le kil o et je v a is faire cI e confitures et je vous invite à v enir les faire c t à m an g er la crasse avec ces 'd a mes. Alors, monsieur Pick, je me su is lai ssée faire d'auta n t plusse que depuis quinze jours j'ét ais resserré e e t qu e, quand J.e m ange d e .crasse d e con fit ure d e g ro seill es, ça va m IeUX, y m e semble qu e j'ai vingt li vres d e m oins sur les estomaques. Où en ét a is-je , m onsieur Pick ?
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- Aux confitures de gro seilles, madame Duboi s . -'- Merci, j 'y suis. Quand j'arrive ch~z la mère Quinquerne, je trouve toutes ces dames qui cassaient du sucre.. . - Sur le dos du v oisin, madame Dubois? - Non , monsieur Pick, sur la table. Elles avaient, d evant elle~ , u~. &ro~ pain ent ouré d'un papier bleu, et comme Je f élicitais la mère Quinquerne d' avoir si t ellement du sucre, elle m e r épliqua qu 'ell e a t 'encore quatre gros pams comme ça et que ces dames elles en ont toutes autant. . , « Mais, qu~ je leu~ dis comme ça, pourquoi que vous etes SI enragees apres les bons et que vous gemillez en r ép étant que vous pouvez pas tant seulement sucrer votre tasse ? » -;.Que vous êtes simJ?le, qu' elle me r épond, c' est pour empeche r le onde , qUI sont SI m échant d e crier après les ceusses qUI ont des provisions ' Alors, on a fait des confitures'; on a fait les quatre heures avec une t~anche de saucisson, du b eurre frais , du fromage de gruere e~ la crass.e d es groseilles. Et qu 'on a ?u c?~c~m ~Cl: bouteüle d.e. vin que c' est mon oo usin q~l, a .ete a eu en . conc~lbon che z le frère d'un propri étaire 9-Ul a u~e v~g? ~ a Artemare qui l'a v endu et qu~ ça fait ~m vm delecleux m ai s qu i faudrait pas e n boire deux litres sans eau , parce que ça vous monterait à la t éte . ,
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O ù en étais-je, mon sieur Pick ? - Au x confit ures, madame D u bo is, a ux con fitur es . , ,- . E h ~i e n , qu ~n d on. a eu fini les quatr e h eu r es, c éta it nuit. J e m en r evien s , ch ez n ou s. J'entre dans m on collido r, et p endant qu e je metta is m a cl é dan s la se rru re, j 'entend is u ne v oix q ui d it : - Ça sent la co n fit ure d e gros eilles p a r là !
*** P ic k ? - ail en éta is-je, m on sieur - Au 'm om ent , ma d ame Dubois, o ù v ous m ettiez la cl é d a ns la ser rure p our r en trer dans v otre dom icile , o ù u n e v oix my stérieu se vou s cria it à l 'oreill e : « Ça sen t la co n fit u re p a r ici! n '- Me rc i, j 'y suis. F au t v ou s avou er, monsieu r P ic k , que cette v oi x m e fit fr émir, que je devin ? tou t e bai gne de su eur, que, si je m'éta is p a s r et in t e au lu quet d a la p orte je p erdais . m es co n naiss ances . E nfi n , j e m e r en tre, je massupe co n tre la t a bl e, j e fais d éga Ja t cr les a ssiettes et je tombe évanouil lée clans le fa u t euil. Ouan d je suis pl us év a n ou illé e, je m e d is co mme ça : « ~R osali e , ga rde ça qu e t u as t 'entendu p ou r t oi seu le. Si y a un mal heur par en l 'air , les a u tres y z 'y sau ront assez t ôt. Va t e couc h er et t âch e d e d ormir ». Ma is le so m m eil n e venait p as. J e, m e r etou rn a i d a ns m on lit com me u n chat qui a des puces . Quand j 'ét ais téveill éc . j 'en t en d a is toujour~ ce~ te fant ô ~ne . qui n~e p arla it cla ns le collid or; quand Je rn end or mais , Je voyais d es gendar m es qui m ~ m ettai ent en pr,i~on d~ns 11n chaudron pl ein d e con fit ur es et que ça m ét ouffa it . Le lendem ain, j'ét ai s t oute lomette; j'a vais p oint d 'appet it , et j 'ai pu mang:er qu 'un . b e s~Ult c~e dans ~lu vin sucr é. L 'ap rè's -lendcm.am, ç8: all ~l ~ n~leu x . L e. m ~tl11 , j e m a n g e Ill o n café a,lI Ia.it, e t , ~l n! lch , Je m e J a IS t u ne omelet t e d e d eux œu ffes, un p etit rI Z d e v eau a la casse r ôle, une sala de et un m or ceau cl~ gruè re . ] 'a v Qis p ri s mon c âf é a v ec la n nssolette qu and q u èqu 'un t a p e à ma porte: « Entrez! » que je d is.
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On ent re , qu'est-ce qu e je vois? Dé v iriez v oir ç a que je vois, monsieur Pick, vou s qu i êt es t ' UIl m a lin ? - J e donne m a langue a u cha t , m ada m e Dl1 b o ~ s . - Eh -bien , ça que je vois entrer , c ' éta it le comm ISsair e de po lice, Ça me ret ourne d 'a b ord les sanq u s, ~ cause q u'on a b eau êt re ainno cent comme l' en fa n t q U I vient de n aît re, on a t ouj our s peur d' êt re m is en prison . J :ai mên:c t 'ent endu d ire ~uc les presid ents, .les j ug es d est r uct ion et les greffiers Ils sont pa s à leu r a ise quan d les genda rm es ils ntr.cn t cl~e;~ eusses in cog noi t o, pa rc ~ que vous savez, monsieur Pick, y a b ien d u m on d e q UI ont ,du caca à sa chem ise et qu 'on n 'y sa it p a s . l'vra i,. j e d ev ien s ro ug e com me une écrivisse cu it e d' ém osslOn et je d is comme ça au commissa ire : . - Do nnez-vou s donc la peine d e vous assir e . ,Le comm issaire il s'assit, il t ire d e sa p oche u n canepm et un un gr ayon , et il me de mande comm e ça : - Vous. s'appelez bien R osalie, ve uv e Dub ois , fille de J ean-Pierre Cousu et de Mariette D csla ch er ? » - Oui, monsieur le com missaire. --: F eu Du bois, vot re époux , s'appelait b ien J ean Man e ? - Oui, m onsieur le commissa ire. - Vous n 'avez pas d 'en fa nt ? - J'ai r:r ll. en av oir u n, monsieer le comm issaire . mais le bo n Dieu me l' a pr is .avan t que je I'aye con n u ». , P cn<;1ant que l~ C?mmlSSaIre inscr iv a it sur son c a n ep:n .ça que 'Je lm repondais, je r éflectionnais et j e m e di sais comme ça : ~ R osalie, tu vas voir ça que tu vas voir. T u a s t 'ét é vendue comme notre Sauveur par J u d a s r a n nort a u x confitures cl~ la. l!1ère Quinquerne. C' est le r~traité du troisième qui a f~l.lt le coup on bien t 'en core la. Quin zoIlce et la Lapine e q~ l s~nt bavardes comme d es p ies b orgnes. E t le com mlssmre 11 v~u t. sClvoir si j' ai d es p r ovisions d e suc re , de cast onade, de, m f:'la.~ sc " d e r égu él isse. cl; .ch oeclat , de maca.rom. et d au tres d enrées agncoles . I'icnst oi bien Ro salie. tIens-toi bien ». Alors le commissaire il repren d comme ça :
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(( Jurez, en levant la m ain droit e, d e dire tou t e la vér it é, r ien qu e la v ér it é. « J'y j ure, q ue je r épon ds, sur la t ête d e mon d éfunt qu e Di eu gar de en b~:m r epos. . . " . « C' est bi en, que fai t le com m issa ire, et Je SUIS certain q u e vo us allez m e r en seigner en t oute sincér ité. cc Vous co n naiss ez sans d oute v os v oisin es et vos a m ies? « Oui et n on, non et oui, m on sieur le commissaire de p oli ce. , . . . {( Vo us co n na iss ez leur situ a t ion d e for tune et leur v ie in time? « Pou r ça , m on sieur le co m mi~sair~ , il faut s 'ex p liq uer. Vous d ussiez savoir que le m onde Ils se trompent souv ent . Y a des sain t es N!t ouche.s, qu'on leu!' d onnerait le bon D ieu sa ns confeSSIOn, qUI en fo n t . v oir d e toutes couleu r s à leurs m aris, comm e y en a d 'autI:es, .homn:es ou femmes, qui on t le~ do igts crochu s et qUI cnent VIte a u v oleur pour pas qu on les app elle fil<;>us. ( T ant qu'à l'argent, c 'est plusse pire e?co ~·e . Tout ça q u i r eluit n'est pas d 'or, d ans ~a b ourgeOls~t e comme ailleurs. C' est p as les ce us ses qm (;mt d es I~l1l e et des cents qui s 'en vantent. Au contr aire, y p r e:h; n t t~?- j ours misère; y di sent que la &uerre les a ,~ulI1es , 9-u ils p erdent sur leurs b énéfice~, qm Y a plus ,d 1l1:p otheques que d e t uiles su r leurs maIson s,. cœt era, cre~ eI a . « J e sa is cela, madame Dubois, q.ue r ephqu; le commiss aire, je sais cela, et mO?~Ie~I, le co~troleur , d.es contributions indirectes est édifi é a ce~ eg a r cl. Ma~s, nous p erdons un t emps précieux. .E~ un mot, connaissez-vous m a dame J osète Plumedoie . . . « Oui et n on, non et oui, monsieur le commissaIre: « Pourriez-vous m e dire si e~e a de la fortune ; :,a l~ gUerre l' a épr ou v ée d ans ses biens ou dans sa fa~11l1,le . « Pourquoi que vous m e d emandez ça, m on sieur le cor .irnissaire ? . , ( Parce que madame J osète PlumedOle d emande l él:llo cation sous prét exte que so n n eveu, S(;>ll. seul soutien, a été mobilisé pour soigner , .d a ns. le Ml(h~ les c~ evaux et les mulets m alades ; - et Je suis charge de .fa ir e une
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enq?ête à ce suje t et d e sa voir s i la s it u a ti o n d e la dam ~ Jo~et~ Plumedoie lui d onne droi t à ce tra it em e n t qU I. doit etre exclusivement r éser v é comme v ou s le s a v e z aux fe~mes n écessit euses? ' Monsieur Pick qu and j'ent en d is ça je fu s d éba rra ée cornm~ SIon . . sou lagee " d'un la v e m en t q u. e Je . m ', avait retenaIS depuis trois j ours. Ce n ' ét ait d o n c p a s p o u r le ~~cre et pour les confi t ures d e la m ère Q u inql1er n ? que . comnnssan- était venu chez n ous . Seu lem ent , Je m e dIS comm e ça: « R osali e, m êle-t oi d e ça qui t 'arreg ard.e; ne.va pas te mettre en brouille avec m a d ame P lu m e d o l e, qui .ne t'a pas fait m ai s qui p ou rrait t e Ia i r e du Inal » , Et Je repliquai com m e ça : . « Monsieur le commissai r e j e p eux r ien v o u s z ' y d ire , Avec mad ' am e Plumedoie on se co n n a ît e t o n se ca n n a IAt pas . y en a qui di sent qu'ell e es t riche, d ' autres q .u' elle est pauvre. On croit, d es fois qui a, d es c hose s qUI s ont ft des chos es qui ne son t p as. L a fortun e, c' est -com me es dam es de la haute que vous v oyez p a sser p ar la rue et que vous du ssiez cro ir e qu 'ell es son t m aigres connne des cents de clous' eh bi en elles sont n aturalibuss e e t sauf le resp ect qu~ je vou~ doi s, plu ~ g r asses que ~es poules de Bresse, des dindes d e B ell ey, o u d es p etits cochons du Dauphiné. . « C'est tout ce que vous avez à d éclarer, Inadame DubOlS? « Non et oui, monsieur le commissaire. « Je vous remercie pour vos précieux renseignements. madame Dubois. • II Y a pas de quoi, monsieur le commissaire ».
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CH APITRE V III
Mndn m c D u b oi s no us p arl e d e s h omm e s
- Qu el t emps, madame Dubois, quel t emps! Il faut yraiment avoir le c~ iabl e a u corp s ou un suprême plaisir a v otre conversa tion p our affr on ter la bise noire et v enir frapper à v otre porte. - Entrez, m onsieur Pick, ent rez. L e poêle, que j'ai r empli d ' écoins et d e sc iu re, r onfle comme l' argile d e l ' église p our la g ran d 'm esse de la Sain t -Mic hel. Ap p r ochez-vous du feu et dites m oi ce qu 'y a d e nouv eau par la ville? - Si vous comptez sur moi pour vous renseigner, vous t ombez m al, R osalie. J e n e so rs guère d e m on pigeonnier, et il faut les' cris d es en fa n t s qui se b attent à coups de boules d e n eige ou le p assage d e la compagnie d es Am.ériccins en armes pour m e faire m ettre le n ez à la fenêtre. D e b eaux hommes, ces Am éricains, monsieur Pick, d e très b eaux hommes. - Vous vous y connaissez, Rosalie? - Monsieur Pick, mon oncle Ugène, çu i-Ià là qui m'a fait son h éritière d e onze mille fr ancs, disait souv e.nt : « C'est les vieux hommes. qui se con nais sen t le mIeux. en bons vins et c'es t les vieilles femmes qui s e connaissent le mieux en b eaux hommes H . Et mon oncle
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Ugèn e, que D ieu le garde en bo n r ep os ava it r ai son en p arl an t comme ça. ' Il eu t encore . con hé it rai son, votre oncl e, en v o u s d o nna u t '" en age, . 1aissez-mo . m - 'tOu i ' m on sieur P ick . ";Iv1 '1ars r" [1I1 Ir ct v o u s e re a rquerez après. . J e vous disa is dont q les A m ér i hom mes qui our " u~ es m er icai ns c 'est d es b eaux ou clans les P . lale.nt t ous ent rer d a n s les g en da r mes CUIraSSIer s ' seul , t ' ' chose qui m e t araude. ' cm en " y z ont q ue que - Qu oi ,clone, m adame D u bo is ;> - Monsieur P ick les A , . .' cle moustache sous le . m encams y leur m an q u e n t hommes qui sont ' bn~bz et de b arbe a u m en t on . L es . , Iit , et la v euve Pied qlm, ar , es ne m' on t j' a m a is r re n Cl a eu trois défu nt s Ul s y. conn aît aussi, r a ppo r t qu' elle S just esse qu' elle aim~ m~~~ comp~e~' Ies a u t r es, d it a vec - Et vous partagez c~~n ~ h,er!sso n qu 'u~e pomme . - D e toute l' âme d t e opm~on, R osalie ? e m es entraa ill . P IC ' 1c. ures, m onsieur Savez-vous p ourquo i ., . de B::ess~, qui était ]rt~h~as vault: m arier u n h o m n;.e engra issa it et aux cha on~ rapp ort ~ux poules qu I ~ n 'av ait p as de barbe. p qu Il fesait ? ·A c a u se qll1 ~avez-vous p ou rquoi "ai . . qUI ét ait sur les t ab atlèresP,\S v0':llu m a r rer un h omme qu 'il. n'avait p a s de ma us tac ' hae Samt-Claude? A c ause . AUSSI quand j'ai vu J ean- M' , s~s. favoris, avec sa mo ust J: ane . a~·ec sa barb e, avec d ai l, mon cœur y m'a dit ' a~e c~ree avec une goss e t e faut ». . « osah e, voilà çu i-l à là qui Et j'ai pris J ean-Marie. ' Voillez-vous, monsieur Pick çais, sans d ir e du mal d . A' Y ~ .en cor e q u e les FranC'est bien sûr que si ]" e' te~ fimenca ins, au co ntr air e. . . , aIS Ile et aVOIr un F ranç ais , je prend raIS . t "un Aqu ,e .j e .p euye pas , qu e quand on n'a pas d' éch t m errcam, a c ause ses. Ma is tous les ceusses a outs, on.mange d es a rrou snègr es, E ssequim aux ChI' qu : sont imbarbes, t els que ., , " , n a IS et cret ' l' A ] al, ] en vo udrais pas devant D ~ era, a age que E t puis une fem me qui leu et d ev ant les h omm es . ur a un homme q u i n ' est pas
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i m ~ar b e , elle sait tou s les no u vea ux. Qua'nd son hom me y VIent d e se fa ire ra ser , y lu i d it t ou t ça q u'il a appris ch ez le b arbi er , y se n t bon , la p ommade, la p atachou li , la pou d re d e riz, le savon au musqu e , et ça fait b on le .' l'embra sser. - On d irait que v o us y êt es en core , Rosali e? - Monsieur P ick , v ou s qui êtes v ieux, se rap p elez v ou s p a s a v ec pl a isir et volupet é les bons p lats qui v ous on t agou r m a n dé, à l'ép oque? - J 'a v oue , madam e Dubois, q u e le sou ven ir d e v os ép ogries , d e v os bugnes , d e v os t a r t es à la crèm e et de vos co nfi t u res d e p runes m e laisse r êveur. . - Eh bien m oi , m onsi eur P ick, c 'est le sou v em r d e, la pommad~, de la p a tachouli et d u m u sque q ui m e raj eu n it . - A h ! Rosa lie, H.osalie!
. . , Et de s femm es
- Ma d ame Dubois vous n 'êt es pas au m a r ché ? -Monsi eur Pick, j e' n e vais p lus au m arch é, d.'abor d à cause q u i n 'y a ri en ou à peu près, ensu ~t e encor e que ça qui a ça coûte les y eux d e la t ête, en su rt e en core que pour avoir d eux so u s d e m eilleur march é, on p er d u~e h eure ou d eux à d iscu t er, du t emps q u 'on p ourrart gagn er d ix ou vingt sous en rest an t ch ez n ous .. Et p uis, m onsi eur Pick, c' est la mode mamtenan t que c 'es t les h ommes q ui font le m a rch é. - Pas possib le ? . . ' , - C' est t out comm e j e v ous z'y Shs, n:ons~eur P lck : C es t les hommes qu i font le m arch e ; qUI gou t ent, qUI t âten t, q ui discutent, qui m arch an d ent les œ u ffes, les co u rges, les chatagnes, les fro magee. le beu~Te, les pommes et autres d en r ées agricoles et m angeatorres. . V ous les voyez r even ir chez eu sses ?,vec d es l?amers ~t d es filoch es, . qu 'autr ef ois i.ls auraient eu d honte, etan t du ses qu e m a sculin, de faire l'ouvrage des fe~mes . y en a q ui disent q u e c 'est la faute à la R ép.ubllque ; d 'au tres q u i disent q u e le s h ommes p arlant l~OIllS longt emp s que les femmes, y a avan tage qua nd il s sont ap
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'm a r ch é. Y en a d' autres qui d isent , m ai s je n e sa is p a s si je v eu x vous r épercuter ça . - R épercutez , m adame D ubois, r ép er cut ez et co m p tez sur m a discrét ion. -Oh 1pour ça , je vous connais, et j'aurais bien v oulu que vous soyez curé p our all er m e confess er v ers vous. Où en étais-je, monsieur Pick ? - A ce que vous .h ésit iez à m e confi er, madame Dubois. - Merci, j 'y suis. D on, y en a qui di sent que les hommes y vont au m arch é à caus e qui ont sen t u que leurs femmes leur fesaient le t our. - Ouel tour, madame Dubois? - Eh m on Dieu, y a p as de m al à ça. L es d ames, n' est-ce p a s, elle s n 'ont p as t ouj ours ça qui leur faut pour fair e leurs p etites emplettes r esp ectives. pour faire les p etites quatre h eures a~ec leurs ,ami es. Si elles attendaient que leurs hommes Ils leur z y donnent de l'argent p ou r sardines, sau cisson , anc1: ois , fromages, ' chocolat v in s et aliq ueurs, elles attendraient longtem p s. Alorsse, elle s s'en allaient au m arch é et quand elles r ev enaient elle s fesaient à leu rs h om mes d es compt es arâbles . L~s p om m es d e .terr~, elles valai~nt vingt sou s la livre le b eurre y vala.it huit fr ancs la livre, les eu ffes idem un chou trente sous, un poireau id em, t ant et si bien 'qu' elles r endai ent pa s ~e mo nn a ie sur la luizette que leur homm e ~eu:. z'y ava it donné et qu'ell es di sai ent encor e qu' ell es s y étaient .de leur p och e. Voil à-t-y p a s qu 'un~ foi s, un homme qui avait un panari et qui trava~aIt .r;>~s ra pport à ça, y va se .p r om en er su r le march e et y mt aux gen sses de la montagne qui v endaient d es alé~m e s et autres denrées agricol es et man gea torr es : _ On p eu t d ire que. vous s'ê tes de ru d es filou s de v en dre vingt so u s la Iivre d e truffes, trente so u s un chou ou p oireau , cœt era, cœt er a . _ Où av ez-vous p échez ça ? que font les gensses de la montagne. . , . - C'est ma fem m e qm m y a d it , que r épond l' homme.
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_ E h-bien, vo t re femme elle s' est foutue de vous et elle vou s a ti ré un pied de cochon . . . , Alorsse l' homme, il est revenu chez lUI e~ 11 a commer:ce par fich er un e dist r ibution à sa femme .conJ ug~le ; ensuit e , il est allé d ire à les a ut res ça qu' il avait appris. C'est depuis ce t emps qu e les hommes y font le marche.
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les dames de la Haute .qui font les fièr es quand elles so nt dans une automob Ile. Voy ez- v ou s, m onsieur P ick, y ~e faut pas ~éter plus haut que so n nez et les ceusses q UI v~nt ~n voIture, sont des mêm es q u e les ceu sses q u i ,:ont a p Ied , et quoy sont tous des fr ères, co m m e d it 1 E vangile selon saint Luc. - Diabl~, vous cit ez m aint en ant les P ères de l'E li 1 Mes com pliments, Rosalie ' mais continue" 1g Ise . laît ' Z , S 1 vous pal. - Bon , on p a ssa à Sa int -Ma r tin , à IVlaill at , à L a B alme et on d escend sur Cerdon ' et mon cOUSln . d'isait . au con d ucteur d e serrer les fr eins et m al' j e s . l erraIS es ... . m a d ame DubOIS. . - O UI, - E n fin on p assa p ar Neuville où l'on v it d A h ' , fenêtres 0' 1P es ent a' 1a l Igne p ar leure gensses qUI. p ee , aeu xont' o ~'1' on Valit 1e tramway de. St-~ean-le-Vi d 'A In et le chemin de fer du P . L. M., a Priay , a Villette ' G ' vrieux, à Mollon où on a mis t'un pont Sur un 'ha c" ieux, cretéra cset camp d e pommes d e t erre, a' J:Mexrm ér . , L " 1 1 f . , r a et en.fin .o n.arnve .a y on ou 1 y a a orre que c ' est CO~lUe qUI dirait la foire des gades a Nantua, mais avec plUsse d e m ond e d edans. - Mon sieu r Pick, c' est plu s b eau che z mon cousin Pierre-Marie qu'à la Sou s-Préfecture. y a des tapis y a des lustre:, y a . des ustensiels de toutes sortes. D an~ le sal o~ y a t un plana, .et comme ma cousine elle sait p a s en Jou er a vec ses d oigts, elle tourne une m écanique et ça fait de la musique com me une personne n aturelle D ans le salon .y a t'a us si de~ est at ue s et des potrain, comme dans la salle d e la Conseil de la mairie de Nant ua. COUSIn : . Je d eman dee a mon cousi « Qu 'est-ce que. < est que ~ui-la là qui a t 'une cuirasse comme un ca rab in ier , une echarpe comme un premi communiant et un b âton com me un ch ef de musique ";el r « Ça, que m e r ép ond Pierre-Marie c'est un mal' st » ., ' re d e ~amp . C' es t mon arner e-grand-papa du t emps d e LOUIS XV. » {( Farceur, que j e dis. Et ce vieux évêque qui a t' grand chapea u sur la t éte et un grand saton à la main. est -ce que c 'est saint Amand? » n, à
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« Ça , c'est mon grand-oncle, l'évêque in partibus de Cha n d ern agor. » . « Et cette dame q UI a de la fa rin e dans les ch eveux, du rouge sur les joues. et sur les lèvr es et qui montre ses est~maq u es co m me SI elle voulait donner à t éter à un p etit en fa nt ? )) « Ça , c 'est m a bisa ïeu le qui a p arti cip é à la conspiration de Cellamare . )) {( Dis do nque, P ierre-Mar ie; t u oublies que je suis pas t'encor e dans la seconde enfance. » « J e n e vous manque p as de r esp ect, cousine Rosalie, et p our vous et p our m es am is je suis descendant des Dubois. Mais, p our les autres, j 'ai une autre origine. Ces p ortraits so nt ceux de mes a ïeux. Comment voulezvou s qu 'on m arch ande avec un monsieur dont le grandoncle ét a it évê que, le grand-grand-papa maistre de camp et l'arrièr e-grand 'm èr e ennem ie du R égent. « Tout-à-l'heure, je vais vous montrer mon cabinet d e tra v ail. Vous y ve rrez m a bibliothèque. Il y a là des livres anciens que je n 'ouvrirai jamais, que je ne lirai jamais. Ils sont couverts de parchemin ou reliés en p eau de truie. Ils ont des ner vures et des blasons, des d édicaces sur la gar de. Ils m 'ont coûté ch er , fort cher, p eut-êt r e plus que les portraits fabriqués sur commande p ar d es rapin s de Montmartre. Eh bien, ces livres, ces incunables, ces m anuces, ces aId es, ces J ehan de Tourne m 'ont donn é une très grande considération auprès des marchands d e fromages, de cochons, de moutons, de peaux, de bois, de cuirs, de riz, de vermicelle qui ont fait a ve c moi fortune au cours de cette gu erre. Ma bibliothèque inspire la confi ance, comme mes portraits inspirent le r espect, comme le piano de ma femme inspire l'admiration. « Et maintenant, cou sine, allons dîner et, après dîner, je vous m ènerai au théâtre. » .
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Ah! monsieur Pick, si vous aviez vu ce dîner, si vous
avi~z g?ùté à ces plats 1 Y avait même un ramequin.
Et Je dIS comme ça à mon cousin:
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« Tu es fou de t e m ettre dans les d épen s , au prix que c' est le fromag e 1 » « Cou sine, que m e r ép ond P ierr e-Marie , . n e v ous inquiétez p as du prix du gruyère et du gex. Coupez votre pain et trempez-le dans la sauce sa n s auc u n r emords. J'a ch èt e moi-m êm e et je r evends av c un certain b én éfice le produit des . fru itières. » « Ah ! que je r ép ercute, si t u fais a u ssi dan s les fr omages, n 'en parlon s plus et a llons-y gaîment », Après le ra~equi~, on. m ange un p oi sson plat co~m e une punaise, qui serait p eut-être aussi b on q u e les ec h a t o u t s . s'il ét ait pas sa lé ; on m ange des artichau ts da~s d es p etites casseroles; on mange un p oulet q l~ ' Y avaIt d<:~ .t ruffes dedans que ça ne v aut p a s les m orilles; on b or t du blanc et du r ouge, du rouge et du blanc , et o n ~ange de confit ures, et des poires" et des p ommes , et valla q ue la bo,;onne elle. ent re et d it com me ça : « L au to mo bile de madame est prête. » « Cousine, que r épercut e Pierr e-M arie, voulez-v OUs . all er au théâtre ou à la foire? II « J e suis venue pour v oir la foire que j e r éponds, allons à.la foire. On ve rra l' espectacÎe un a u t re c ou p. Le dev oir av ant t out. »' . Et on part ave c le cousin et la cousine. E t l' autom?bile y nous attendait devant les b araques, et mon cous~n y m e montrait un tas de ch oses et de machines que Je n 'y comprenais pas grand'chose si bien qu'au bout . d'une,heur~ j'ai dit comm e ça : ' . « J en al t'assez; si on se r entrait, Pierre-~ane ? » « Comm~ vous voudrez, cousine; mais que dites-vous des merv.eilles de notre exposition ? II . « ~IS, mon cousin, que j'aurais voulu voir ça que Je n y al p as vu. II « Quo i don c ? » « Une m achine à faire pousser le blé et les pommes ? e t erre,'une m achine à r elever les ruines, une machine a cons oler ceux qui pleurent: une machine à r essusciter les quinze cent mille Français qui sont tombés pour la Fran ce m ais aussi pour la plus grande fortune d es profiteurs et des m ercantis.
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- lHonsieu r P ick, on p eut d ire q ue j 'ai v u de la haute à L y on , chez mon co usin Pierre-Mari e. y a t-un so i; qu 'il avait invi t é, à ~oup e r, pour ~1 e ~a ire honneur, d es amis q u i comm e lUI, se sont enric his dans la n égôce pend~nt Îa guerre. Et, quand ces amis et l~urs dam e~ . ils sont tous là , voi là m on cOt~si n qui di t com m e ça : « J e vo us présen t e m a co us me R osalie D u bo is, qui écr it dans les j ournaux ». Moi j e devien s rouge d'honte en enten dant ça, et voilà-t-y pas qui m e f~li~itent .t ous d 'être littératrice , .., et q u 'y en a un g ros 9,UI d it en n g.olant : « Ah ! a h! vous fa ttes dans les Journaux ; moi, Je fai s dans les engra is, et r~ , m e rapporte , p eut-être plusse.. II « C' es t q ue c' est pt et re p as la m em e cho se ", que Je .' .' r ép ond s. y fa ut vo us d ire , mons l eu~ Plck~ que ce gros Il a'vart t 'une ép ingle à sa cravate q~l1 valait d?-ns .les cin q n~ille francs, r apport au d iamant! a ce qU,e m a d it m a cousm~ . E t que ce diaman t l'av ait ac hete :pour sa bor;I?-e ~mle qui h abitait ent re Ly on ~t M<;rseIll.e , ,q~e c et c:I t la v eu v e d'un capitaine mann qUI avait e~e ma~ge p a:: une b al eine, comme Jonas.; que 9,uand Il av~l.l~ porte ce diamant à cet te veuv~ , Il 1 avait pa~ trouve a ~au~e qu' ell e était p artie en StllSSe avec un. d iplomate S~~dO IS et le n égo ciant, il a fait m onter ce marnant en ep m gle pour sécher ses Iarrnes ., ' . ;> Où en ét a is-je, monSIeur ~lck . . _ A u dîner de votre cous m, m adame Dubois. . - Merci, j 'y su is. .L . Dont, on fait un dîner à t?Ul c~sser et , quand le .dess ert il est m angé, mon COU.Slll Y: .dIt comme ça :, . « Je v ous invite taus à ve m r .vo n une grande oper a, c'est moi qui paie ; on a de qUOI. » . . . , Et voilà que la bouonne de mo n COUSI11 elle VIent dire pour m e fair e honneur : . , « L'automobile de m adame DubOIS, elle est ap p reparée. II • On monte dans les automobiles et on a rn ve au théâtre. Mon cousin paie et on se m et en pl~ce. , . . i.,.. Un grand maigre, qui avaIt un baton a la m am, fait.
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marcher les musiciens , les violons, les g lo r iett,c s, l<:s viornes, le tambour, et y avait une trombonne qUI fesalt plus de bruit que les autres. . Bon, voilà le rideau qui se lève, et qu'on volt des gensses avec d es ca squ es comme d es pompiers à la r evue du Quatorze . D'autres hommes arrivent qui ch antent en m ême t emps que la musique, que ç a fes ait un tracassindu diable et qu'on n e les com p renait pas ._ « Qu' est-ce qu'ils disent? ». que je d emande a mon cousin. .« Ils, ne disent rien, que m e r épond Pierre-Marie, ils chantent. » L es pompiers sortent avec les autres, qui avaient des robes blanches. Alors vient un jeune homme ~~t une jeune personne qui chantent tantôt l'un, tanto l'autre, d es fois ensemble . « Ecoutez, cousine, que me fait Pierre-Marie, c'est le grand duo du premier acte. « Mais j 'y comprends rien. » li Ni moi non plus, mais il paraît que c' est très beau. » « Mais je n'entends que d es UttUU, et d es iiii, et des 0000, et des aaaa . Alors une dame qui était à côté de moi, elle me dit comme ça: « Madame, si vous voulez savoir ce que veulent dire les chanteurs, il faut faire comme moi acheter un livret, et e~core aurez-vous bien d es diffi~ult és à suivre la musique, avec la r,age que les compositeurs ont de ré~éter les syllabes et d a~~o?ger .les mots. Ecoutez plut ôt. J) En ce moment t ICI, l~ Jeune homme y chantait: Je SUlS i-i-i-i Amoureux d'une escl a v e . ' « Je vous .re.mercle.', ». que je dis comme ça à la dame, ga,rdez :votre Iivret ; J al pas m es lunettes et j e v eux pas rn esquinter les y eux après m' être allongé les oreilles pour, e~tendre des absurdités. S'en allons-nous, Pierre.Mar ie i » l « Att~ndez, ma cous~n~, que répond Pierre-Marie, e premier acte est t ermme et vous allez voir le second avec le ballet )J.
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L e ballet ? J) Oui, un ballet avec d es danseu ses. » « A ttend ons )J, que je r ép on ds. C'est bon, la second e acte commence. On v oit en t rer le jeune homme qu 'on avait d éjà .v u , et , comme 1<1; musique n e fai sait p as trop de bru it , on l'entend qUI cha n t e : Après la lutte, à mes gu errier s ., J e veux off r ir une fêt e. On voit revenir les p ompIer s d e la prermere acte et , après les p ompier s, ,~es d em ois elles qu.' ell~s av~ient d es p etits jupon s et qu a part ça on a~rart dr~ qu elle s . ét a ien t nues com m e v er. Alors la musique fart tral ala, tralala, et les d em ois elles se m ettent à sauter et à tourn er com m e d es fiardes, d es t OUl'pres r on fiantes et d es « «
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virolets. Pour ça, m on sieur Pick, <: Il es d ansai.en t. biien e t eIl es étaien t bien bâties : b elles Jambes, beau::;.: ~stoma ques, t é, t' , Ça fesai t une grande d ifferenc e av ec cre er a , cre era . ' c e't a ient m a rgres . com me c1es m ane 1l es . . , 1 t eu ses qUI 1,esb clan a a 1a l.. E. t' cam m e j e' fesal s cett e reflexion a m on cou . P ierre' 1\" " " 1 n e l'e'p ond comm e" ça : sm 1 1. 1 " pr'opriét alrcs de theatre sont comme , " Marie, « CaUSlne, es . 1 ' b '1 m ettent tOUjours es morceaux glas 1 ; IS . ' fil l es OUC1ers . " , 1 d allture' et Ils laissent les faux- 1 e t s e t c 1l ()ISrS a a evs " t " , et les côtelettes d errière le camp ~1l. :J Enfin le b all et est fini . J'en avalS t assez. On s en va . cleillancle comme ça, quand nous e t mon COUSl11 m e ' avons rentré ch ez .nous : t t de votre so irée ? » . êt _'TOUS con en e . ., . . « Co~lsme, e ~s , t oui Pi erre-Mane. Ma is dIS VOIr « OUI et non, n on ,e ' eUe les dames qui en tren t , un . p eu com m ent .qu on app fond ou sur les côtés du qUI sor ten t et qUI resten~ a u . n mot ;> u . » theatre e t qUI. ne d'rsen t JamaIS c es figurantes », « On 1es appelle d our la soir ée ? » -t b' ' les paye " « E . corn ien qu on . ,ancs p tro is fr ancs cinqu ante, « Cm quan te SOUS, troIS b ; la Iivre J t, 1 id Il se lou en a . J se1on _ «u r .p Ol s ; e ~s ue je r éponds, y n e r evien« E h bien, COUSlll, q antes à Nantua. Ou and dront pas che rc her des figu r ~ '
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b ien on leu r z' y d les dames que je ~~~erc:it d ix e t v ing t f ranc s ,. j a m a is parler p enda nt t . n ais ciles pou rra ie n t r es t e r s a n s d' essayer elles en ro~s . h eures d' h o rl oge , c t ricn que sera ient m a la d es . »
CH AP IT RE X
E lections et E conomies
:Mada m e Dubois s' ex prima en ces t ermes énergiques : _ Monsieur Pick, on ne v~:)llS .a p as vu, ces t emps d ernier s. Il fall ait venir me VOIr. SI vous fu ssiez m al a de je vous aurais guéri , si vo us fu~siez trist e je vous aurai~ fait ri re avec m es histo ires, SI vo us fus siez em b êt é je v ous a urais distrayé. . On s'est enc ore bi en amusé, ces dernièr es veillées rappor t aux élect ions. On a discuté t out com me si d ames elle s avaient eu le droit de vot er. Mamezelle Lapinee ét ait pour .les sorcialistes qui v eulent le bonheur du gen re humam. L a mèr~ Quin que rn e disai~ coIl1;me c,:a. qu'elle. av a it en t en du dire que c' ét ait le rOI LouI s-PhilIppe qUI avait le mieux gou verné la France, qu'~l ~'avait jam ai s voul u faire la guer re, et que s'il r essuscItaIt, elle vo t erait pour lui . Mo~, j ' étais p our les soldats , r apport que j'ai eu et q u e J en su is fière t ro IS nev eux soldats combattants. T ant qu 'à la v eu ve pied , elle dit qu 'elle ne vo tera it que 'p ou r les b eaux hommes, des hommes qui ont de , b arb e et des m ou staches, et des poin gs solides pour a ire .resp ecter la France.
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Voyez-vous, monsieur Pick, l a v e uve P ied est im p erp étueuse. L e mariage, c 'es t comme le fruit d éfe~du . Quan~ les dames en on t go ûté, malgr é q u 'c li cs SOICnt des fois a t trapées , ell es v eulent e n r ct ût cr c nco rc , s?-ns d~ute pour voir si à la fin elles auront un b o n n,!m e~o. C est com m e l~ v euve P ied , elle e n a d éjà c n te r re troi s, et elle voudrait bien en avoir un qua.t r i èm e. . Oh! m on Dieu, ni<?i qui a vais p r om is d c n e pas dIl'C du mal des autres, SI les électio ns ét a ien t b o u on n e s . - L e suffrage universel vous d onnc l ' abs olution p ar ma bouche. Mais continuez R osalie à m e parl e r d e .v os v eillées élec torales . ' , . - Oh: ! m on sieur Pick, on n e s 'occupe p a s q u e d' élections ; on p arle autant du prix du b oud in qu c d e l~ c~nsel1~umclpal; du prix d es eu ffes qu e d e l a con seIl d arrond~sseme.nt; du prix d es truffes que d es sénateu r s et d es d éputés. ç~ qu'on fait à la veill ée c' est surtout d es économ ies. D abord: comme on est sept, et qu 'on v eille ch~cune ch ez n ous a tourde robe, c' est si x fois qu' on n e fait pas de feu, et au prix que c'est le b oi s ça compte. Et on met c?acu~ son fer à repasser Sur le' poêl e d e celle-là où on v eille e.L on le rempor te ch ez nous p our s e ch a u ffer dans son lit. - Et vous ne pren ez rien vous ne v ous r éconfortez Pdas avec qu elque cordial, au ~ours d e la veillée ? r éponez, Rosalie. - d~tons.ieur Pick,. on prend pas d e cordial, comme vous l es, on se pale un tout p etit potet . -1 S:omdmelnt uJ?-llP~tet ! au prix où S01).t et la fuschi ne e t e JUS e a t,rel c r ' ---: Oui, m~n~ieur Pick, un potet mais un potet économique. VOICI comme nt on f it .' Celle-là là ch ez qu i 0 n v ei'11e pale al. .un v erre d e VIn . qu ,on met un morceau de Sucre dedans Ch d es 11 ' . acune e c d aIne s , e e a aPJ?orte un morceau de pain qu 'on a fait griller Sur le Roel e , et ch acune à son tour d e robe, on trempe son pam dans le verre de vin . " l '1 a l Jm~ a ~~C I Y ~ P us. - Bravo, madame Dubois, c'est b ien imaginé. Vous
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appliquez a u p otet le système du ram~quin dans leq? el c hacu n d es co nvives trempe sa m ou illett e. Et qUI a t ro uvé ce m oy en aussi éco nom iq ue qu 'ingénieux d e satisfa ire sep t d ames et de~noise11es ? - C' est m oi m onsi eur PI Ck. _ Rosalie, 'laissez-moi vo us embrasser. yous ~tes di gne d e figurer à côté de D enis P apm, .qm a .mv ent; la . a, vapeu r , et des d ep ' t.it és qUI ont m vente le m armite sc rut in d e li ste avec la proportIOnnelle. A
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CHAP ITRE X I
Comm e on se m ari ai t a u t emps d e M adam e O uLJois
- D e mon t emps, monsi eur P ic k, on en t en dait c han ter dans les ateliers . L es h ommes n ' étaient p a s d es m achines qui doivent d onner t ant d e m ouvements à l' h eure. On se m oquait les uns des au t res, sans m échanceté, et comm e le v in coû tait six sous le litre, on fesait l es q uatre heur es et les dix h eures. Quan d c' était la dimanche, l'ouverrier m ang eait un polaton qui coûtait dans les trente et trent e- cinq sous. Allez -y voir m ainten ant. Chacun a imait son m étier. Le m énuisier il savait faire un lit et un garde-robe ; l'horloger i} sa:rait fa~re u? p endule et un bo~ horlog e; le cordonnier 11 savart faire un p aire d e so u lIer s d e la p ointe au t al on. Quan d le m énuisier il av a it fait un m euble dans d e bonnes con~itions , .s ans l 'avoir cop ié su r un autre, quand le co~donmer avait ~aIt un b on paire d e souliers , il passaIt com;p~gno,n d app~entI qu 'il ét a it et , en appren ant son m étier, 1 appre nti avait a p pris à r ire et à chant er. Savez-vo us, monsieur Pick, ce que J ean-Marie a
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fait pour m e m arier? Non, vous n 'y savez p a s ? E h bien je v a is vous y d ire. On s 'é t a it promis le mariage, quand j 'a v ais eu quinze ans . Quan d on a llait d anser, sur le Mont pou r P entecôte, à Port pour la Magd elein e, J ean-Ma r ie n e dansait q u'avec m oi , et mo i je dansa is qu'avec J ean-Marie. Il m 'a v ait donné so n potra it q u ' un compagno n lui avait- fait avec u n crayon sur u n morceau d 'écoin. J e l 'a v ais cach é dans mon p la card, et vo il â-t-y pas 9. u e m a m ère le .trouve, une fois qu' elle rangeait, mon lIl: ge p ou r la .1e~sIve. Ma m ère elle va t ro uver mon pere et elle lm d it co m me ça : ., . , l' l ' _ D évin e vo ir u n p eu ça que J a l trouv e d ans e in ge d e R osa li e? _ Une p uce, que r épond m on p ère, qui se m oquait t ouj ours . ' _ C' est pas u n e p uce, q ue réperc~te m a mère, ~'est le potrait orth entique d e .Jea n -Mane Dubo~s l?emdu su r u n m or ceau d 'écoin. TI ens, a rregarde VOIr SI tu le r econ n ais pas ? . ' " , ' . Mon p ère il a rregard e et rI d it com me ça a ,m a me~e . _ C' est bon, je m e charge de t out , n e t e m ele de rien, j e v errai J ean-Marie . . ' ' , Voilà q u e la d imanche sUlv~n~e, n~on p ere va a.u caf: du P ont d'A rcole où J ean-Ma n e Jou a it un ramequin aux
cinq cents.
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_ O ua n d t u a u r as fin i ta p artie, tu sortlr~s avec mal , j 'ai qu éque chose à t e commu n iqu er , que dit co m me ça mon p ère à m on a mou re ux. " r ean-Marie finit sa p artie et so r t avec. m on .pere qu~ .' . nl0r'ceau d' écom et qUI lUI m ontr e son potrait sur un lui d emande : . - T e r econnais-tu? - J e me recon nais que fait J ean-Ma n e. 1 c, . l ' ? E t e p our e b on _ A lo rs tu fr équ entes Rosa le. s -c motif? . ' _ C' est pour le bon m otif qu e fait en co re D ubOIS. - Connais-tu t on ét a t ?, ' , on~ulter mon - J e p ourrais v ous r~pondr e d e c cttez d 'aller p atron à c;e sujet ; mais, SI vo us m e perm
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ch ez vous, je v ous m ontrer ai que je con nais m on m éti er. _ Viens d em ain lund i, qu e r é p er c u t e m on p è r e , et tu nous m on t r era s s i tu sa is fair e d e l a b ell e o u v rage .
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Le len d em ain, qu'on ét a it à p r endre ·le cflfé , voi~à qu'on t ape à la p orte et q u'on voit e n t re r J ea n- M ane portant dans une mai n u n bouq u et d e m eug u ets e t d e ca rcaillats, d a ns l' autre un p aire d e b ottin es d e dam <:s. Moi, j'étais rouge comme un écr ev isse et J ean-l\'1ane, il ét a it blanc comme la n ei g e d u Pré l ' E p aul e et t out baigne d e sueur, rapport à l'em otion. Enfin, JeaI~ Marie crache par t erre po ur s ' écl a irc ir la voix et di t comm e ça : - P ermettez-mo i d e vous offrir ce p etit bouquet et ce p aire d e b ottin es d e clam es et que j e l' ai fait à l 'int ention d e m adem oi sell e R osalie qui m'a ouver t le rob in et d u cœur. Moi je savais pas si je deva is accep t er le b ouqu et et les bottines, m ais ma m ère me d it comm e ça : - Fais p a s la bête; p r end s ça qu'on t 'o ffre . Moi je prends le b ouqu et et le paire d e b ottin es et m on p èr e r éper cut e : - Tu p eu.x re~b~as ser J ean-Marie p our sa p eine p endant que je v ais tir er un litr e. E t moi j' ai r embrassé J ean-Marie et j 'ai r embrassé m on p èr e ~t j 'ai m~s on bo uqeut su r la table, p endant qu~ ma m er e exam mait les b ottines et d isait comme ça : ( C est du fin , c'est du fin ». Et puis j'ai t'essay é lès bottines qu ' elles m ' allaient comm e un gan t : . - Comment as-t u pu faire cette b elle ou v rage sans Ptr.endr~ mesure ? qu e deman da m on p ère a p rès a v o ir n nque. - J e] vfa is v o.u s z'y. dir e, qu e fait Dubo is . J 'avais vu un ga rde- orest ier q ' les sap ins de Cha r v ey ron '1"1 . " . Ul. cul»ut a cel , et )e ~ ét a is dit comm e ça . « J e~n- Mar re, t .u n ' es pas p lu s . b ête que le garde ; p OUrraIs-tu p as faire, pour les p ie ds d e Rosal ie , ce q u e le
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ga rde fa it p our les pied s des sapins, c'est-à-d ire les m esurer à l 'œ il ? » Et u n jou r que j 'ai ren con t r é R osalie qui r even ait du lait et q ue la bezo ule levai t son cotillon, j 'ai vu ses p ied s et je m e suis d it comme ça : «·É lle d oit avo ir t r entesept d e pointure ». et j'a i fai t un paire d e bo ttines, et les voi là . - T u es t'u n m al in , qu e di t mon p èr e; j e t e donne m a fille, m ais t u m e feras un bon p aire de brodequins. - Et à m oi, q ue r ép er cu t e ma m èr e, tu m e feras un bon p aire d e pantoufles un p eu larges, à cause d e mes agaçi ns. On est t ombé d'a ccord, on s'est m arié et ... Où en . étais -je, monsi eu r Pick ? - A vo t re premièr e nuit d e no ce, madame DubOIS. - H élas! monsieur Pick, je n'y suis plus.
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CH APITR E XII
Un ram equin e h e z M ad am e D ub ois
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Monsieur Pick, y a plus moyen de rien cacher aux gensscs . J~mai~ il y eu t tant d e rt _ ~. mouchards et tant d'ecormfl.eurs. Vous poui , t;o vez pas lâcher un v ent que tout le monde \ d . ils le savent. . _ Où voulez-vous en v enir, Rosalie? - J e vais vous y dire, monsieur Pick : Se figurez-vous que le jeudi de l'autre semaine, on était avec ces dames eton parlait d e la misère du temps d'aujourd'uui ; qu'on n 'avait pas ta?-t se~lemerit fait la mardi grasse et que le Carnaval Il avaIt passé sans qu'on mange une trâtre à la gomme ou une ép og n e à la crasse. cc Ecoutez voir, que fait la v euve Pied, c'est dimanche l~ mi-carême, qu'on va t'entrer ensuite dans les aspéntés de la p énitence. Malgré qu'on soye pas riche comme le.s automobilistes, on p eut bien se payer quèque chose. SI ça ~,;-'on mangeait un ramequin ? » « C est ça, que dirent ensemble toutes ces dames, d'une c?mmune accord, mangeons un ramequin. » « MOl, que fait la m ère Quinquerne, je fourni s le bleu. »
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'M oi , le griè re, qu 'ajoute m arne Ouinzonce.
Mo~, le vin bl anc, que di t la ve u';e P ied .
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, « MOI , le p ain, la moutarde et les z' hau ts cyoû t s que 0 ' r ep ercu t e m amezelle Lapinee. )) IC l\I<;> i, que je termine, le fo urnis la lo cal, le feu, les uste,nsl ell es, cou teaux, verres , casse rôles , fourch ettes, . çœt era , çœ t éra . B on. C' est en tend u . La dimanch e suiva n te s ur le coup ? e cinq heures, ces d ames a rrive n t chacu~e avec son SIen, e t on com mence le ramequin, que c'était m alh eureusement pl ein d e ge nsses qui se rentraient et qui di sai ent com me ça : cc Ça sen t le r amequin; ça doit être ch ez d es ri ches pour se p ay er d es p lats si ch ers à l 'h eure d 'aujourd'hui. » ~ t les voilà qui v on t renifler sous les portes, par les collidors, d ans les bassinets, e t en fin en voilà un qui dit : cc C' est che z la m ère Duboi~ qu 'y font un ramequin. 1) Et dep u is p ar en bas de la VIlle, en passant par entremi les ~glises jusqu 'aux em~el~ages de l'ancienne gendarrneri c et d e la nouvelle h ôpital, on en tenda it dire: cc C' est chez la m ère Dubois .qu'y font Un ramequin. » D ?-ns mon collid or c' était pl em d~ g:en~ses qui v enaient sentir la bonne odeur. y en a qUI tirait leur mouchoir pour que l'odeur elle en t re ded ans comme de l'eau de . Cologne. Y en avait d 'autres qui reniflaient sur le trou de la serrure. Enfin, y en a un qui n'y ti ent plus et qui tape à la porte en disant comme ça : ' cc Peut-on en t re r ? )) cc Y a qu équ'un, que je r éponds, mais vous pouvez entrer tout d e m ême. » Alors l'homme il r épercute : . ,. • cc Je passais devant votre porte et Je rn al rappelé que Je vo?s avais pas vue depuis longtem~s et qu'on savait pas SI vous ét iez malade, marne DubOIS. cc Je vous r emercie bi en, que je dis; je me porte assez bien si c 'étaient pas m es agacins et ma dent de l'œil qui me lancent. » cc Alorsse, que fait encore l'homme, vous s'êtes en bonne disposition avec ces dames; vous se payez un ramequiri ? »
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Comme vous v oyez e t c om me v o us se ntez . » « J e sens bien, mais y m e sem b le q u 'y m anque q u éque cho se. II « P eut-on dire! que crie la veuve P ied ; y a t o ut ça qu'y faut p ar d edans. II « Oui et non, non e t oui. J e v ous a ssure q u 'à l' ode u r . . y m anque quéque chose. ll « Go ûtez-y v oir )l , que je fais en lm t end ant le cuiller plein d e sa uce . « P as comme ça, qu'il r eprend; on p eut savo ir s i le ramequin es t bon que si on ~ait p as la trempette et si y a un v erre d e vin pour 'y fa.ire de~cendre » , ; Bon, je lui donne un morceau ~e p am . Il fait la trempette. J e lui v erse un v erre d e v m . Il le b o it, e t il s ' e n va en disant que le ramequin est bon, m ais qui fau t iy mettre un p eu plus d e ~outarde. . Un moment après, c est un autre qUI e n t re pour m 'emprunter mon hache, et qui goûte a u ramequin e t qui dit qui y manque dt; vin blanc. . Un moment après, c est un a,;tre qm m e rapporte m~n ch a t qu'il a trou,: é dans l~ n.ette <;les grands Prés, qUI goû te au r ameqUIn et qUI di t q UI Y m anque du poivre. . Un moment après, c'est un a u t r e qui me dit qu'il r evient du cimetière et qu'il m 'avertit qu'une pierre tombée du pré Monod a cassé le carcaillat qui es t sur la tombe d e mon d éfunt. J e paie encore une trempette à çu i-là là, mais je ferme la porte en disant que les autres, qui sont dans le collidor, y p euvent t ambourner jusqu'au g énéral, et que je leur z'y ouvrirait plus. ~~n., on m ange ça qui ét a it res!é du ramequin qUI etait très bon, et on se r epend d en a VOIr donné' « Ah 1 que fait, m arne Quinzonce, ça qui m e tarabuste I.e plus ; c'est qui vont se moquer, c'est qui vont all~r dire p ar toute la ville qui ont m angé notre rameqlum et bu notre v in sans le p ayer. D emain, on sera par es langues. » « Ça ~'est sûr, que r ép ercutent les autres », Eh bien, que je fais, c' est pas d e nous qu'on rira; «
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~'cst d 'eu sses. J e veux leu r z'y faire u ne fa rce 'ils a e la p~l'teron t pas au Paradis où no tre mère :Év;~lle mange la p omme avec un serpe nt .
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1 - . Mada me D ubois, il y a comm e u ne émeut e dans a VIlle. On se bo uscule sur les t rottoirs: des <Yens ont a~1ndonn~ la p êche à la cuill èr e, la lecture des toum aux : e ~oble jeu de la m à~ille à qua tre sa ns p arler et ~~iS tr icher, pour .all~r v0!I' s~r .l ~s 'portes de certaines " . sons, des in scriptions qu e Je n a i pu lire, p arce que J ar p erdu m es lunettes. - C' es t pas une émeu te, rnonsi êur Pick c'est ma f a rce. . ' - Votre fa rce R osalie? - Oui, ma fa rce vengeatoire. Vous du ssiez vous r app eler que j'en avais gros sur les est omaques contre ,es genss es qui étaient venus l~anger notre ramequin a , ce~d am ~s et à n~oi , ~u e c'est SI cher au jour daujourd hui, : t Je ru' étais dit comme ça, dan s l'intérieur de lUol-m em e : 1 « Ah ! vous se moquez, eh bien, je vais vous montrer a lune à midi », , E t je vais trouver .mon locataire du troisième qui Y en a p as un de comme ça pour faire les lettres à ~nonyme et pour imiter les écritures, que ça lui avait lUem e causé des embête ments par la justic e et je lui commande d es in scriptions que je suis t 'allée coller su~ la porte des ceusses qui avaient manger le rameqUIn . 'd Y avait Sur une : « Çui-Ia là qui a mangé le ramequin ; m adame veuve Rosalie Dubois, il ne pourra bientôt P u s p ayer ses dûs », , . y av~it sur une au t re: « Çu i-la .là qui a mangé le .~ame quIn de m adame veuve Ro salie Dubois il aura ea u t endre d es nas ses et des lign es, il ne pre~dra rien d u tout ». Y .av?,it sur une au t re: « Çui-l~ là qui .a ' mangé le rar,nequlll de madame veuve Rosalie DubOIS, il a beau v eIller sa femme, il est bien sûr de son affaire »,
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y avait sur une autre: cc Çui-la là q u i a m a n g é l e r amequin d e madame v euve Rosalie Dubois , il rnourra cette année ». Vous comprenez, monsi eur Pick, si les g en s s e s ils ont ri en lisant ces inscriptions sur les portes, e t s i ça a f ait une émeu te comme je vous y disais tout à l'heure . _ Mais les p ersonnes à qui vous en voulez, celles qui ont lu les afiiches placardées sur leurs porte s, ont d û
CHAPITRE XIII
rire ssi ? monsi eur Pick, eusses ; Y zen s o n t d éjà _ auEusses tout lornets: ç u i-Ia là qui doit mourir d ans l ' ann ée, il est d éjà tout p âle et va aller t estamenter c hez l e notaire et l' autre, qui va se m éfier d e sa femme, .. . Il s e gratte
La g r an de p iti é d es vieilles re n t iè re s
d éjà le front.
V,os y eux sont rouges! mad?-me Dubois ? C est la b ezoule, monsi eur Pick. Mais le v ent du nord ne souffle pas aui d'Irui parierais que vous avez pl euré. c Jour lUI Eh bien oui, je m 'en cache pas j'ai pleure' , u e J. e reviens . ' e 0.' ' a caus c1e c l lez 1a m er ~ Ul n que r ne . q - Est-ell e malade, es t-elle morte, la mère Q . querne ? ume e est malade, - Non, ell e n'est pas morte, et SI· Il ce n'est pas d'une indigestion. - Expliquez-vous, Rosalie. - Voilà, monsieur Pick . ~Jaut d'abord vo~s dire quej e m'étais fait des truffes arrrees pour mon dîner. Au Jour d 'aujourd'hui c'est encore les pommes de terr.!' l'1 11 Î sont moins c hères ue s ap s autre ; onles mange bein ées, en taillons en soupeq en ' cre t er ' a , cret era, ' , e t on s'' amuse avec f rrcassee , en p uree, ces dames à faire comme ce chasseur dont vous nous avez conté l'histoire. . . - . Il Y a .bientôt cinquante ans que je conte tant ~lstOlres (ue Je !1 e m e !es rappelle plt~s, Rosalie. ~ . Ah. monsieur Pick, vous dUSSIez 'se souvenir de ce fameux chasseur nommé Tirato, qui rapportait et je
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toujours quèque chose.à sa femm e, dans le gran~l, ca.rnier dont le filet lui battaIt les mollets . U n jo ur, c étai t un p anouillon, une autre fois, c'étaien t d es noisettes, u ne autre fois c'était du cresson de fontaine cast éra, cast éraE t il dis~it comme ça à sa femme lu i donnant le , , . , panouillon : , . « Fais rôtir ce pédn x. On le mangera, ce SOIr, apres la soupe. N' oubh e pas de mettre des choux autour, pour qu'ils aient le"goût (I ll g ibier . II • ' E t la [erl1m~ a Tirato elle Iaisait r ôtir le p al ouillon avec d es choux autour et elle et son h omme y croyaIent manger du pe~drix . , . Quand c' étaI~nt, des nOIsettes que Tirat o appo~taIt , il disait .qu~ c:etalent , ?e~ alouettes; quand c ' éta It, d u cresso n , Il di sait que c éta it du canard sa u v a ge, cre t era,
com me un écrevisse cuite et elle me dit comme ça : - J e fini ssa is de dî ner. _ y a longtemps que v ous avez dû com;:: encer, que je lui réponds comme ça ; ça ne sent dé j à plus l 'od eur d u rôti . Y fau t p as me pr~n~~·e. pO,ur, une au t re et m e co nter des baliv ernes. :MOI, J ai dî ne avec des tru ffes a r riées; v ous, vous avez dî né avec ,du pain et de l'eau. y a pa s d' hon te à av ouer ça . On n est p as des c c u s s c s qui on t gagné à la gue rre. . Voilâ-t-y pas queta m èr e Q u i n~lll e rnc sc me,t à pleu rer et à me dire q u Tl Tu i reste J~ls tC de . q ll üJ m a.n~er u ne liv re de p ain par j ou r , e ~ qu e~? , ét a i t trop v ieille pour t ravailler , qu 'elle éta It a mOlb~ aveugle et que, p ou r un peu , com me elle ne veut pas aller par les p ortes, elle se jetterait pa r la fenêt re. . , JA t s pas ral ' sonnab lcs cle v ous faire t ant - V ous n e e c ~ de m auv aise san que , que je lui r éponds comme ça . Et qu 'av ez-v ou s clonc fai t de vo s écon~nlles , que pendant quarante a ns v ous avez mis de côte sou par sou p our n e pas êt re à la charité publiq ue? _ Y m'on t dit qu' il fallai t prê~er mes SO~IS aux Russes, qu e c 'étaient nos amis' qui allaIent empeche_r les. Alle-, m ands de rav ager. Alors moi, j' ai cru le ,m ~nde qUI s~nt l ' t 1 -ieill es femmes qUI n ont su f a ire p us sava~ que es v . , . êt re dans leur que t ra v ai ller toute leur VIe p OUl ne pas ~ ,. , . J al d onne a e-c ava nc e a'1 a ch ar ge de la commune . ' . o , . a ier et Je VIS avec ce qu e Je mo~ a rg en t co~tre du pp , , t- ' -dire avec trente n 'al p a s donne aux Russes, c es a 1-1 de ain et sous ' par jour , so it v ing t sous pour un ,,1 a p dix sous p our la lo cation de ma chambr~ . .. Al ors mor. quan d J,,a'l en t endu ça , Je me SUIS dmIS . " ' ne en me dem an a n t it d à pleurer av ec la m èr e Qumquer ' . si c'était bien juste que la guerre, qUI .a f,al gagnl er f ~s " qUI a permIS' a t t ous 1es ri.ml'U'ia r d s a' d es Fran çais, . d d ' pouilla r s e r emplir leu rs poe1les pendan. 'Ilque f a m a l. cle fal'm les VIel es em mes son b r ûl a l't , f asse crever aveugles. , ;> Qu 'en p ensez- vous monsien r Pick . 1 " _ Moi, madam e Dubois, je pense que ce lt11 q,tll a diit : « 11' Ma Ille ur aux vamcus . ' t bougremen raison, », aval c
cr:
cœt éra. Ces dames et moi, nous faisons comme ce Tir a to et on donne le nom de vea u, de mo u ton, de co chon, cœ t éra, ~ux p<nnmes de terre qu 'on a main tenant pour toute substance. L'imagina!ion es! une belle cho;se, m a d ame I?uboi s'. MalS reve~o~; a ~éI; mere QUlllquerne, je v ous pne. _ Merc i, ] y SUIS. . Dont, j'av3;is fait des tr?ffes arri ées , qui y ! a~p.~t d edans plu s d eau qu~ de lait et qu' elles étaie n t pretes à onze heures et demie : « Bon, que i.e me ~is ~omme ça, ie 'eu x bien dîn~r d'él;vaH:e ,au Jour d aUJ ourd~hui, ~t, .pquand j'~~rals fini, J irai . p~endre la mère Quinquerne pour faire un tour de soleil )J. ' . q uand j' ai fi:r:~ mon dîner et qu an d "ai r el avé Jl!~s p.ss~ettes ,e t bJ.ah e ma c? ambre, je ' v a iJ voir la mr~e g~mquerne et , po~r.Ju~ ~aire une farce, j 'entre s~~; fr;apper dan~ sa tro~sl~me . etag~ . Qu 'est-ce que je V~)1~ • Devmez VOIr ur: peu ce que je vois, monsieur PICl{ ? - J~ ne. dev~ne :p~s, . Jt1~da,me Diibois, . - Efi, bl~H' )e ,lVOIS la , mer~ Qùi~querne p.ey a,n t . sa table 9u f y ~yaI~ d~ssus: pour tout potage, un morceaU de p'pn. ,~t HFe ~arc~fe d eau . . ' E n me voyant ent rer iricoiHüto, elle d evient rouge 1 -:-
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Rosalie, à condition que vous ne m'y retiendrez pas longtemps. - Allons -y , monsieur Pick..,
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y faut vous dire qu e qu and Joseph est mort j'avais
CHAPITRE XIV
Mada me 0 U b OIS . a p .er du s on chat
- Laissez-ma' it . . ', . pas lelt em d I;rI e p a sser, monsieur Pick, J al dans ia ;u~s m arrêter. E t puis j'aime pas causer nifleuses u: a un tas d' écornifleurs e t cl' écorcollidors qui v~ 1 s~nt dernier les volets ou clans les port au' retraité u~ ecou~~nt pour aller faire leur r'a.plaissez-moi m' en aUu troIsIème. Non, que je vous dis, er . . . . - Je ne vous reti bIen savoir quand ~ns p as, R osalie , m ais j e vou d rais pourquoi vous êtes~~me pourquoi vous ê tes esso u fflée , comme une écrevi e OU1:lffée, pourquoi vous ê tes rouge dents, pourqu oi v~se CUIte, pourquoi vous grincez deS - Si vous savie us serr~z les poings. monsieur P ick. C'e~t ce qUI m 'arrive vous ne ririez pas, - Votre chat ~apport à mon chat. - C'est pas du m ai s Il est mort!. p arl e, de çui-l à là dé~unt, c:e st du vivant que j e vouS _ Expliquez-voJ~I fdevaIt rempl~cer .T oseph. - Pas dans la , emme Dubois. y en a trop long ~uâ.~ monsieur Pick, pas dans la rue. et vous saurez ta ta ir e ... Venez quand Iuoi chez noUS u. - J e veux bi en vous suivre d n a s va t re d e.n l e Ur e '
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juré d e ne p as reprendre de chat dans la m ai son. L es ccusses qui n 'ont pa s de chat ne conna isse nt pas leur bonheur. Qu and on en a, on ne p eut p as dormir tranquille. Un jour, ça v ous prend un morceau de viande, un a u t re jour ça fait pipi dans les cendres ou caca d ans le buffet. Ça vol e chez les voisins, ça èour t par d essus les toits; ça miaule pour en trer , ça mi aule pour sor t ir ; ça vous graffine sans savoir pourquoi et ça v ou s vie nt faire ses petits sur votre lit. E t puis, conn ue il n 'y a plu s qu e les chats qui ne paient p a s d 'impôt, ils vont leur z'y en m ettre un, aujourd'hui ou dem ain. Ma is ap rès av oir r éfléchi, j 'ai pensé qu'il faudrait en r eprendre un à cause qu e, voyez-vous, monsieur Pick, une maison sa ns cha t, c' est comme une nation sans gendarmes. Sans les cha ts, les rat s v ous manger aient tout crus; sans les gendan.nes, les ",oleurs ils z'y prendraient le bi en du monde qUI ont de l argent et du mobélier. Mais y avait pas moyen de trouver chez nous une b ête qui a urait fait mon affaire. C'est pas qu e les chats m anquent p ar ici. Oh! mon Dieu , non. Mais c' es t faux, c'est m échant c' est vol eur et ça ne prend qu e les rats qui veulent se' laisser prendre. Alorss e j'ai t' écrit à mon cousin ,de Belley pour qui m'en envoie t'un parce que. dans son pays, ils ont une bonne espèce. C'est sérieux , ça ne fait pas d e bruit, ça ne crie pas sur les toits et ça rate con11ne pas un. . Bon, mon cousin il me r épond qu'il m 'en envoie un en colis postable, par le chemin de fer, avec d'eau et de viande, pour qu'il ne p érit pa s de. soif et de faim p endant le voyage, et il dit encore que Je le réclame à la gare. Moi, je vais à la gare et je demande s' il n'y a p as de
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. , J. 'y r etourne chat à mon a dresse. J'y vais le lend e.ma m te le jour après et, au bout de quinze Jo.u r s , .et <;le tre~e voya ges, comme le chat il n'est p a s a r rivé, Je d I ~ cc~)}n n a.u ch ef de la gare que je vais aller m e p laIn r e e Justice. . « Attend~z, qu~ fait le che f, je v~is' faire u n e e n q uête . ~ Le ch ef, Il a fait une en quête et il apprend q u e l e c h ,; est bien p arti de B elley, qu'on l'a vu à Culoz, q~l'on l a entendu miaul er à B ellagarde et qu 'il a ét é mIS d ans le train pour Nant ua. Le ch ef il demande à ses hommes : ? (C Ave~-vous vu un ch at dans les trains de Bellegarde. « Non » qu' ils r épondent tous ensem b le . . Alors le chef il r éfléchit et dit : « Il fa u t q u'on a .it v o lé cette b ête dans le t rajet pour en faire un civ et. » . Et il demande en core à ses hommes : « Avez-vous vu des chasseurs dans les trains de Bellegarde. » « Souvent, monsieur le chef, bien souvent. » (~ ~'est ça , l~ chat a été pris, vendu et m ang é pour un.lievr~. J e n a l pl~s qu' à vous le payer:MadafI.le Dubois, faItes v ot re reclamation et faites votre pnx » , « M'avez-vous p a s dit, monsieur le chef , q ue l e chat a été vendu p our un lièvre ' eh bien vous m e le p a îrez au prix du li èvre, soit dix f~ancs la livre. L e chat p e s ait six livres, c' est soixant e francs que vous me deve z . » « Mais vous êtes folle! » . « Pas du tout. Je v èux m es s~ixante francs et des dommages-intérêts, à cause que, p endant que j'avais . pas le chat que vous m'avez perdu les r ats m'ont rongé deux mouchais de poche, mon bO~Iiet d e d entelle, mon fichu de soie et deux livres de gruère. Ça vous coûtera ch aud . » Alors le chef d~ gare m 'a mise à la porte . - Qu'allez-vous faire, m adame Dubois? . - Mon sieur Pick, je vais aller chez l'huissier, jIra.i ensuite chez le juge de p aix, che z le procureur.: j Tra.i en just ice, à l' appel, à la cassation et il faudra bien qu'on rue donne les soixante francs de' mon chat et le s trois cents quinze fr ancs de dommages-intérêts .
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Ils v erront bien de q uel boi s je m e chauffe. . , - Calm ez-vous, R osal ie, ,calme~-vous . N ' t es l'l ' en monsieu r P ick, ne m e dites rien, d .l e Ille l , . • 1 t . CrOIraI ' . que c'es t vo us qUI avez m ange mon c la . ou Je
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CH APITRE XV
M ad a m e D ~bo is f alit d es co nfide n c e s
- Que vois-j e! Rosali d Rosalie avec ses fri s tt e a ns ses p lus b eaux atours. caraco d e soie puce R~s ~s, dson b onn e t t uyaut é , s o n Quel bon v en t v oU:s am~ e a ns mon humble demeure ! e, - . Ce n' est p a s un v ee:: m adc:-me Dub ois? m erciement pour la fr itu t'd~onsleur Pick , c'est un r eenvoy~e, la dimanche r~ ~chatouts que v ous .m 'av ez vos VIeux amis. Vous n'ê~rlllère. Vous n 'oublIez pas _ _Votre d éfunt? Qu' es p as comme mon d éfunt. co~mun avec la demi_dest-c~ que v otre d éfunt a d e pris à la ligne et que ouzame d e cyp rin s que j 'ai a pres ' 1es aVOIr . frits . dans sans ' ddo u t e v ous avez m anges, _ Ecoutez , monsieur ~ b eurre fondu? seuls ensemble. P ersonne Plck, nous sommes s euls à que je m e d égonfle. y a ~~ peut nous .e n t e n d r e . y faut e~tomaques que je v eux v e chose qUI m e p èse sur les SI vous aviez t' été au sé 0.u s .d lre pour me soulager. a~riez fait un bon curé mmalre, c'est sûr que vous dIscr étion e t pour l' absolutko ur la c~:mfession, pour la dans le tulliau de l'or ·U n. J e VaIS donc v ou s parler r eprésentant du P ère Et~r;' cor!1me si v ous é t iez un pour racheter le p éché ° . ~l qUI es t mort su r l a croix ngmal du ge n r e humain.
75 - Parl ez, fem m e Dubois. _ . Monsi eu r Pick, y faut vous dire que j ' a i p as touj ours cu les d ix félicit és avec mon d éfunt, surtout qu and il es t d even u vi eux. Si vous sav iez, si vous sav iez ce qu 'il m 'a fa it à l'âge d e cinquan te ans e t p lusse. - Dubois v ous a t romp ée? _ Vous avez c1éviné; oui, mo ns ieur P ick, Dub ois m ' a t r om p ée, e t dans les grand es largeu rs . _ Expliquez-vous, parlez en tout e sincéri t é, une o r eille indulgente vous écou te , ép ouse m alheu reuse. _ y fau t v ou s dire q u 'à l' épo que Dubois q ui "ét a it u n bon garç on, q ui m e fa isait ja m ais de reproch es ou d e m écha ncetés , à p a rt qua nd il ava it bu du v in blanc, q u e ça ne lu i v alait r ien p our les nerfs, ils était d evenu h arg neux com me u n c hi en qui a d es puces ; que p ou r un o u i ou pour u n non , il me d isait d e g ros mots, qu ' il dis ait q u e je t enai s m al m on m énag e, que je pa ssa is mon t emp s à b a v a rder ch ez les v oisins, que j 'av ais p as t a n t à fa ire la fièr e à caus e que j 'avais a pporté en dot u n e m aison e t d ix mille et t rois cents fr ancs, qu e j ' ava is j a m a is pu avoir d e petit, qu'il a urait m ieu x fait d e m arier sa cous ine Ca t her ine qui ét a it plus jolie que m a l, cœ t éra, cœt éra . Moi , je r épond ai s ri en , en p en s.a nt que ça lui p asser ait, q u e c ' ét a it l' âge critiquable qUl le t ourm en ta it. _ C' est une l)a D"e d e Balzac, que vous m e r écitezo , l a , m a d a m e Dubois. _ Qu 'est-ce qu e c' ét ait que ce Balzac, m onsieu r Pick, ét a it -il sur les peignes ou d ans I'espiceri e ? _ Non, Rosalie, c'é tait un gros monsieur qui écr iv ait d e b elles choses dans de gros volumes, o ù il ou bliait d e m ettre des v irgules et de fai re des ali n éas. _ J e ne compr end s pas, monsieur Pick. _ . Vous n ' a v ez pas b esoin de comp re n dre, R osalie. Contll1u ez, s'il v ou s plait . " Bon, les m éch ancetés duren t cm q ou six m ois et v o ilà q u e Dubois ne r entre plus à la Iarrnet u re des c âf és , qu 'il r est e toute la journée d ehors, qu 'il se lève a vant q ue le diab le ait m is sa culotte et que je ne le v ois à la maison que p our le manger .
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ça~( y a qu éque ch ose là-dessous », qu e je m e clis c o m m.e
Quinz e J'ours après , nouveau 'changemen t. Vol1. a. -t-y ~ as que mon P avai t fa it homme 1 y revi.en t de chez le p erru q u ie r qu 'il qu 'il av ait fait c~~f~:es~ bar~e et couper ses chev eu x e t ses sourci s qui ét ai t blancs sur sa mous t a che e t s u r men ancs a T • t' t 1 . vlOlette que c'était bo mi , \ ec ça q m sen a r a B a ommable (C on , que je dis comme . , chose là-dessous II ça, y a ~ enco re qu èque ' , . . C'est pas tout. 'Voilà-t-y a mon ho mme h abillé d . s qu un SOIr Je VOIS e n t r e r la t ête avec des bott~ neu , av~c u n chap eau melon s u r , ' Ines ver nies . 1 m a in et qu e ça m' a t Il . ' ayec u n e ca n n e a a qu e j'allai m' évanoui~ eme nt em ot lOn née q u e j'ai c r u 1 TU as don fai t uner.b éritace > « . , comme ça, qu and j'ai repris ~e . qu e, Je lm d ema nde «. Ça t 'arregarde pas ,on s~nbment. » droit d 'avoir des habille' qUIt me r ep ond . J' ai bien le ,'1: ' , men s comm . 1\,..l OI, Je ne dis plus rien et . e ces m ess ieu rs », queque chose là-dessous. Je pense encore qu'y a v a it Une autre fois, vo ilà mon D ' un gr os bouquet jaune à s UbOIS qui a r rive ave c un sold a t du pape. . on p ala t ot qu'on a u rait dit . Mais ce qui , ,. Ul m a est omaqu' , qu Il f~ait que je lui appré e, c est q':land y m' a dit . d ' C( Mais tu es fou qu e je ~are un bain de pieds. 1re ; tu en as seulement p-Is ux IPas m' em p êcher de lui ' 1 «d Ça,ne t' arrega rde pas1 ' un'1 e ma'1S d er mer». e y r ült d' êt re propre au m'oq:u 1 me r épond, j'ai bien ft ' ms » . au v ous dire, m onsieu " :poque, qu e c'était moi ui r P1ck , qu 'avant cette ~lSalt toujours à Dub ois' ::rvi .au t~mps des ch aleurs, C~nc t e baigner au Palln ais va d onc t e b aigner, v a apel, au Pré Ri canet. ., au grand b ai gnoir, a u Pré
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- Il Db ' n ' y a n.en de nouveau d ' b U OIS; la belle Gabrielle n d ' a~s 1 his toire , m a d ame e lsalt p as a u t re chose au on ro i Henri IV. P 't " t . P . e re bi en , monsieur P' k eu . Vous n 'avez encore . IC. Mais a ttendez un . n en entendu . Figurez-vous .
77 q u 'u n m at in q ue j'en t re a u li eu d' a isa n ce, q u i es t a u f o n d d u ja r d in, je vois u n r oul ea u d e p apier p endu co ntre la p or t e e t q u i y a vait écr i t d ssus : cc P apier h y gién ique . U sa ge ex ter ne. N e p a s d ifférer J) . « Bon , q u e je m e d is comme ça, il y a t 'enco re què que ch ose là- d essou s )J . Mo nsi eu r P ick, vous d ussiez com p ren d re que le ' m ond e q u i son t s i m éch a n t, qu and ils ont v u Dubois s' hab ill er com m e un m onsieu r d e la ville, il ont dit comme moi: cc Y a qu èque ch os e là-dessous ». y en a eu un qui a. d it que Dubois avait fait un h érit a g e ; y en a un au t re qui a dit que Dubois allait faire b anqueroute ; y en a un a u tre qui a d it que Dubois avait ,t r ouvé plus. de t~'ente .cen t~ fr a ncs d a ns I' cmpeig n e cl un brodeq um qu on lm av art d on n é à r essem eler. Mais ce tte gftle de m ame Lat apette ell e a d éc ouver t l e pot-a u x-ros es . V ous p ouv ez pas t rouv er une écor n ifl euse p areill e, monsieur P ick. E lle sait t ou t ça qui se p a ssey ar la v ille, et elle a bien v~ te su g,u e D ubois, m algr é s es cm q uan t e a n s e t plusse, il allait en t r ouv er une autre. Vou s d ussiez compren dre que d' abord qu 'elle sait q u èque chose, tont le monde il y con naît. Et v o ilà ces d ames qui a r r iven t ch èz moi p our me r éconsoler. y en a une qui dit: cc Ma pauv r e Rosalie )J . Une a u tre' qui g ém ille : cc J'aurais jamais cru ça d e Dubois, et à son â ge encore, avec une fille qui n'est pas m aj euse )J ; une autr e qui dit: « J'aimerais mieu x a v oir un cqu p de couteau d ans les est om a que s que d'être adultérée ,c om m e vous )J, cart éra, cret éra. -, Moi,. je fe~ais la cell e qui compren?-it pas; m ais j e me r éfieetlOnnaIS : C( Attendez un p eu, Je m e revengerai )J. Enfin, c 'est bon. Voilà Dubois qui se m et à pêcher d e plusse :en pluss e. J e sais p a s si .c'est l'air du lac, mais y d evenait; ~naigre ~ àmme un éc.om, Y partait à minuit ~ t. y r.ev~naIt à huit heures. du mat.in, sans jamais m 'appor~er d e poisson, y di sait comme ça que c'est la l evee d~ ~?leI1 que ça m ord le. pluss e et saris en gren er . Enfin, ) attendais t ou j ours pour m e r ev enger. à
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-78 Un après-midi, y m e dit com me ça _ Tu sais, Rosalie, je v ai s p a rtir ce s o ir p c:>u r l e l~c de Silan. Faudra p as m 'attendre, j'y passerai la nuit, pour êt re à la Pouillère, à la p iq u e du jour, qu.and J e poisson y mord le plusse . J e r eviendrai que d emaIn S OIr. J e vais aller ch ercher du son ch ez le boulang e r e t d u sanques aux abattoirs pour engre ner. . Bon, il va cher ch er du sanque e t du s on, e t C:l uancl Il est revenu il va s'habiller avec ses b eaux h abIts, Y se met de la 'cosmétique à la moustache et d e l a p âte-àchouli sur son mouchoir, - lui qui n e m ettait .q u e d <:;s gades pour aller p êcher, si t ellement qu'on 11.11 voyaIt sa p eau par les trous de son pantalon. . Mais, pendant qu'il ét ait à s'habiller e n mO SSleu , j'avais pris ses li gn es dans son p anier e t j'y avais c o u ré les hameçons. Et puis : « Bonsoir Rosalie; au r eVOIr, Dubois ». Et le voilà p arti pour la p êche. ". ~a dimanche suivante, que c'était le lendemain, Y revient à l'heure de la. soupe, que c' était une soupe aux poareaux av ec d~: halls e.t des zauts goûts d edans. . . - Ah! te voila, que Je lui dis comme ça, on voit bien gue tu as p ass é la nuit sur les cailloux d e la pouillère, tu .es tout blanc comme un drap ' d e mort. As-tu pris du poisson , au moins? ,- , J'~i pas eu de ch ance, qu'il répond , ça n'a pas b eche, a cause que la matinière a soufflé tout le jour. . C'est p 't'être mi eux que tu n'as pas de bouonnes
Iignes P -.,~es :ig~es sont assez bouonnes puisque je te dis
qu e] -
al peche tout le jour. ' En es-tu bien sûr ? Pourquoi que tu m,e demandes ça? ' . A cCl;use que ~u es t un menteur, un hypocrIte, uh Jud~s qm vend.~alt notre Seigneur pour un plat de lentilles que MOIse a mangé avant d e monter au ciel SUr une échelle ;. Arr~~ard~-voir, grand lâ che! Et av.ant .qu Il m,al~ reto.rquée, je sors les ligne~ de so~ panier , Je les déplie et Je lui montre qu' elles n ont pomt d 'hameçons. cc Les hameçons, que je lui dis t'encore, c'est moi qui
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les a i p ris, y so n t là , dans mes estomaques; Viens les prendre, sé d u c t a n teu r J .Alors D uo.ois, y p~ rd la .tê te ; il ne sait plus ça qu'il fait e t y finit p ar dire qui faut pas se fier aux appa~·enc es,. ce qu 'est p as à ca us e qui n 'y a plus d 'hameçons a s es .1I&nes que ça prouve quèque chose. :Mo~, Je l'arregard e en pitié et je lui di s comme ça ; cc ç es t bon . .Mange ta soupe et va t e coucher. Tu as _ b esoin d e dormir p our t e reposer et pour éven ter de n~>uvell es m enteries. N 'ai e pas p eur, je veux pas de ~lsput e, je v eux p as faire un escandale, je veux pas etr.e 1?ar les .langues, je ne ve ux pas faire rire ces dames qm v.ierid r a.ien t gémiller sur mon sort par devant et qui se foutrai ent d e m oi p ar derrière. . . Et ça é té finit com me ça , monsieur Pi ck. Depuis ce Jour, le J ean-Marie Dubois est resté J ean-Marie Dubois et Rosalie D estoits est restée Ro sali e Destoits. Le monde, y n'ont jamai s ri en su d e ça qui c'était passé. Dubois est mort trois ans ap rès. P'têtre bien qu'il avait pris froid en p êchant, à son âge. Mais à son lit de mort, il m 'a d emandé p ardon, et je l'ai pardonné, monsieur Pick, je l 'ai pardonné. . Espérons, m adame Dubois, qu e le P ère Eternel sera aussi indulgent que vous, au moment où sonneront . les trompettes du Jugement gén éral. .
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CH APIT R E X VI
. . . Et de sa ison
- Monsieûr Pick , ça ne v a . s uis toute chose. Mes J'ambes' fi èll pas bien. J e . - vu ' age en t et J' , is bien pour f.aire le tour de la ville Èt e f i en s u s in'arrêtalent, pour savoir de m~s quand ces daJ11~r sav ô ir des leiirs, je leur di sais cam nouvelles ou. P Oz_J11 oi -q u e Je SUIS comme le Juif E me ça : « Lalss.e s bien quand je suis ar rê te - rrant et que je SUIS p a Al ». ors , c' était à qui m e don . . ' èdes pour mon m al. La v euve P' d .n eraIt d es r eJ11 d ' r, ge e t .d'exp ér ien ce, elle me d~~ , qUI-est une femJ11e a - Vous dussiez vous ' stomaques . Quand les est SOIgne r , rapport à vo~ e ne m arche. y vous faut arnaques n e vont p as, rIen. que les gens qui n'o~anger d~ salade ? e d~nts d e l1~~t des pisserùits Vous ' pas d lllstructlOn Ils appe~ de moutarde' des zhY,m et t ez avec d e l'ail, du pOIvre, voleurs et v~us z' c aill ot t es, d u vinaig re d es qua t!e , sont se;rés rv 1 l~ :n an ge7" e l , si vos est om a q u e s ~s , ..a es c esserre ' a v o ir rnaIigé. - 1 et Vou s s e p o rte z b- re n , a !JreS é
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C'cèst bQOll:
je quitte la v euve Pied et je tombe sur umquerna j Ça ne v a donc pas , qu 'll ' C O ITlI TlC ça C' e s t e e m e dIt
a m re
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le sa nqu e, c'es t le sanque . Y fau t v ous d ép urer. Y en a q u i von t au m éd~ cin ;. moi! p~s .. Qua nd je sens que ie sanque m e t r a vaille, Je fais p IpI da ns u n v er re et j'y a v a le tout chaud . C'est pa s fam eux , m a is ça. fait d u bien. L e len d ema in , y vous semble que v ous avez vi ngt a ns d e m oins. ., - Merci, qu e je dis à la m ère Qu inq uerne, mais J en u sera i p a s . J'avai s pas fait dix pas qu 'on m 'appelle au bord d'un collidor . C' était m am'zelle Ouinzonce qui me d~~t : - V ou s ave z p a s bonne figure, m ame Dubois. Ça va donc p a s . J e p arie q ue v ous se soignez p as. Y faut prendre g ard e à l'humidi t é. C'est l 'humidi t é qui est cause d e t ous les m al s . Y a un tas de gens qui se lav ent, qui se b a ignent et qui se doutent p as seulem ent du mal qui se font . L 'eau en t re dans la p eau, dans les nerfs, dans les v eines et dans le sanque, et v ous s' êt es p erdu. Ainsi moi, je m e lav e j amai s et j 'att~nds .q~i fa sse.?h.audyour changer de chemise. La derruere fois que J al prIS mi b ain d e p ieds, j 'a i cr u qu e j'allai s trépasser. M éfiez-vous de l 'eau, m arne Dubois, m éfiez-vous de l'eau. , J'en ,av ais assez cie t ou t es ces con sultations, monsieur Pick. J e rri'ensauv e et j'allais ch ez nous ; m ai s v oilà -t -y pas que je r enc ontre mon locataire d u troisièm e , qui, 1 suivant son h abitude, écorniflait sur la porte. , - Vous se r entrez, m adame Dubois, qu'il me dit , Gom me ça . Vou s av ez p as bonne mine. .D es gens ses que j'ai r encontrés m'ont dit : « Ah! la m ère Dubois a dù être, ou va .têt r e m al ade. Ça l'a donné, Elle veu t pas tarder à a ller . r ejoindre son mari, qu'elle aime tant depuis q u 'il es t mort. » , ' , _ Que voulez-vous, que je rép onds au loc ataire, on es t ç1 'âgc ; on a fai t SQn tem ps : Y faut faire de place a u x a u tres . . - On a toujours le temps de s'en aller , q Ut? rép ercu te ~e locataire. Si vous se soignez, vous pouvez vivre encore longtemp s et en t er re r ie~ .ceusse~ qui veillen t v ot re h ér ita ge . C' est les rhu matisscs qU.I vous tourment en t , sans que vous s'en douté. pourquOI que v ous se met tez 1
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p as d es crapauds sur les pieds pour qu 'ils vous pome pent le mal; pourquoi que vous a u r iez p as un bO~l C quvous rnet.trez coucher dans votre cha.rnbre , e t qUI prendrait toute la m auvaise a ir qui vous donne d e s maladie s. - Merci, que je d is a u r etraité, m a.is j'us erai pas de vos crapaud s e t · d e votre bouc . J e v ais Ill e r entrer, boire une in~usion d e tilleul sa n s su cr e , r apport a u p rix. - Que dItes-vous d e tous ces médecins monsieur Pick ? ' - J e dis, madame Dubois , que .votre histoire m e rappelle , un~ anecdo~e que y emprunte à Laurent Joub er t , -rn éd eci n du rOI H enri III, a n ecd o te d evant vous prouver que les donneurs de conseils e t l es Illéclecins d 'occa sion ont fait parler d'eux de tout temps. J e copie t extuellement. « On dit que le duc d e F errare, Alphons e cl'Este époux d e Mme Lu~r:èc<=: Borgi~ , mit un jour, a u propo~ familier, d e q ~el met~er il y avai t le .plu s gran d nombre d e g ens. L 'un r éponda.it d e cor.donmer~, 1 autre .d~ coutu_ r ie rs , un autre d e .charpentIers, qUI d e Ill annlers, qui d e c11Ïcan eu rs , qUI d e . l aboureurs. , Gormelle, fameux bou ffon , dit qu'il y ava.it plus d e me~ecms que. d e tous autr es , e t gagea co n t r e le d uc s on m a.Itre - qUI r e j etait cela très loin qu 'il le prouverait dans les vingt_ quatre h eures . . « L e lend emain m atin, G<?nnelle sort d e son logis avec un g rand bonnet d e .nUIt et un couvre chef qui lui b andait le m enton, pUI S un c h a pea u p ar d essus e t ' u n m anteau hauss é sur le s ép a u le s . « En cet éq u ip ag e , il prend la route du palais d e s on E x cellence p ar la rue d es Anges. L e premier quil contre 1UI. d em a n d e ce qu ' 1·1 a . Il r épond que c'est r e ndou leu r enra gée d e d ents . une « Eh! mon ami, dit l'autre, j e sais la m eilleure r ecette du monde c on t re ce mal-là. « Et il la lui a p p ren d . « Gonnelle , faisant s emblant d' écrire la recette it le nom d e l ' h om m e sur s es t ablettes. ' _en . .« A quelqu.es .p.a s d e là, i~ en trouve d eux ou trois qui l UI font pareille mterrogahon, e t chacun l u i donne un
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remè ~le ;. il éc r it leu rs n oms com me celui du premier. .. E t a insi pour suivan t son chem in bellement le long d e cette r u e, il ne rencontre p ersonne qui ne lui enseigne quel qu e r ece tte ép rouvée. Il écrivit le nom de tous. . « P arvenu q u ' il fut à la cour du p ala is, au tre gens du Iieu qui, après a v oir en te ndu sa plainte, lui donnent force r emèd es, t ous les meilleurs du monde. Il les r em erci e e t écr i t leurs nom s. « Q u a nd il en t ra en la cham bre du du c ; , ,« -.- E h ! m on p a uvr e Gon nelle, qu 'as -tu d onc ? s een a le p r in ce . « L a s, m onseigneur, mal de dents, le plus cr uel qui fu t j amais. . « A lors le d uc : « E h b ien, mon a m i, je sais une chose qui va faire p a ss er incon tinen t t a douleur ; fa is ceci et cela, et tu s era s bientôt g uéri. « A lors Gonnelle, jetant bas sa coiffure et tout son attirail ; « Ah ! cer t es, vous a ussi monseign eur, vous êt es m édecin! Voici m es t a bl ettes ail vous verrez combien j'en a i trouvé pour v enir d e mon logis au vôtre. Il y en a près d e d eux ce n t s, et je n 'ai suivi qu 'une rue. J e ga ge d 'e n r encontrer d eux mille s i je veu x faire le tour de la ville . T rouvez-moi a u tan t de gen s d'autre méti er. . « L 'historiette pourrait êt re datée d'hier comme Il y a d eux ou trois cents a ns, et dem ain comme d 'il Y a quarante si ècles, dit Eugène Muller. »
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CHAPITRE XVII
Nouvelles fredaines de Jean-Marie Dubois
Monsieur Pic~" ~e me parlez pas de ces gensses qui crient après l'hlve~. .On vpit bien qu'ils n'ont pas vécu à l'époque des,wapêls ~rOlds e~ des g~~nC!-es néiges, quand les lacs restaient geles depuis la foire d ès Gàcies jusqu'à Pâques, quand il fallait six paires de. bœufs pour traîner l'herse à travers la neige, quand là bezouie f ësait des g~ndères~h~u tes c0n:-II!e des maisons, quand le dam gelait les betes et les gens. , Mada~e Dubo~~, la ~escripti?i:J. pittoresque qùe . vous me ~aItes des J:lvers d autrefOl~ me, donne le frission et, SI VOUS continuez sur c~ ton, Je vais m'enrhumer du cerveau ou gober une fluxion de poitrine. Mais à l'époque, pour ~mployer, votre expression favorite vous deviez m,ounr d'ennui quand ,la neige vous bloquait dans vos n;alsons, .quand le, froid menaçait de geler les gens assez hardis pour affronter des températures du pôle. . .. , Pas du tout~ monsieur Pick, pas du tout. On s'amusait ~uand men:e, On fesair des glissoires partout. On se luart sur les cotes, depUIs la Tour jusqu'au bas de la Pierre, le long du chemin du Château et par la
- 85 rue de l'ancien cemiti ère. C'est justem ent là où JeanMarie a eu son accident . J e ne connaissais pas, madame Dubois, l'accident de feu v otre ma ri. - Met ez-vous à v otre aise ; je vais fourrer deux éclappes da ns le p oêle et je vou s raconterai comment c'es t a rriv é. . . C' était en mil hu it cent soixante-quat re. Il y avait deu x a ns qu'on était ma~'i é av<:c .Jean-~rarie. Ça fesait un froid abomina ble. J at te ndais toujours pour m e coucher que mon homme soit r~ntré du cab aret, t ant j 'av ai s peur de geler dans I?on 1l~. ., . . . Dans ce t emps-là, mons~eur PI~k , J allna~~ a re st~r seul e. J e pleurais bien qu equ e fois q~Iand J. a~~e~da~s J ean-Marie jusqu'à ~1I1e heure du m atin, mal s.J a im ais p a s, qua nd bi en , aVOIr des gen~s~s a~ tour de.mOI. Quand j'ai été veuve, ça a cha nge. J al fait connmssa nce. avec ces dames p our se r éconsoler ensem~le . On oub~I e ~es ch agrins p arce qu 'on Cl; t ouj ours qu equ e c~ose. a dire Sur soi ou sur le proch aI~l , Quand on a plus n en a l'a con: t er on in vente. E t PUIS, vous savez, les femmes, a pm:t ir de qu ara nte ans, à mesure qu 'elles prenne~t ;rne année de plus sur la t êt e, elles prennent un centim ètre de p lus au bout de la lan gue. , . _ Madame Dubois, vous exagerez toujours. _ C'est a insi qu 'ainsi, .n:?nsi~ur Pi~k, j.e di~ la v érité, toute la v érité, comme SI J étalS, en JustIce, a lever.la m ain devant notre seig? eur .~ésu ~-C hnst, mort en crOIX. Où en ét ais-je monsieur Pick . _ Au mom~nt, Rosalie, où yous. me parliez. des absences p rolongées de votre man, qUI,vous ser~alt de cruchon pendant les nuits du rude hIver de 1 an de grâce mil huit cent soixante-quatre. . , ' . . - Merci, j'y suis. La dimanch e des Rois, monsreur Pick, il fesait un froid du di able. Dubois, qui ét~i~ ~eveIl;u du ca~ar~t reste couch é jusqu'à midi. A mI~I, il .qUItt~ son ~It, Il m ange la soupe à l'ognon, qu~ Je lUI fesais touJ .ours . quand il avait bu la veille, et ,Il ~e lève pour sort ir. , « Où vas-tu dont? que Je lUI dIS comme ça ; tu es a
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p eine rentré que tu me quittes. On 'd ir a it que j e t e fais d 'honte. Le toit de la m aison ne v eut pas t e tomber s u r le dos . Tu a imes mieux aller boteiller que r ester avec ta femme . Quand je t'ai pris, j 'ai fait une jolie em p le t te ! II « C'est bon, qu'il r épond, on se d is p u ter a demain. Aujourd'hui, j 'ai autre chose à fa.ir e ». « Tu travailles dont le dimanche, m aintenant comme ton voisin le ferblantier, qui t ape comme un diable sur ses ca sseroles, le dimanche, et qui n e fich e rien le reste d e la sername ? II « Ça n e t'arregarde pas ."Je v ais cher cher ma lue e t je f.ous mon.~an~p. rai parié un ramequin, avec Jos é L alirne que J arriVeraI avant lui a u bûcher Toinard en d égalattant en J ue d epuis Planche-Barrat, en passa n t par la D ardamere », « Mais tu es fou! que je crie. N e vas-t u p as m aintenant à ton âge, t'amuser comme u n en fa n t ? On s e Inoque d éjà asse;- de ~es éven~.i on~ et tu es par les langues », « Je m en fous , » qu il r epond. Ir ~ajs d on t c~ q u e t u v el: x, que je r e pli qu e. Si m alh eur t 'a rrIv e, t ant pire p ou r tOI. Ca sse-toi une jambe assom m e- t oi. J e pourrai toujours t e remplacer . N e' r eviens pas, s i t u v eux . J e t rouver ai toujours quéqu 'u n p ou r tir er les Rois avec l'ép og ne aux cru ches que j'ai faite pou r ce soir », J ean-Ma rie était gourmand c omme une chatte. Quand je lui a i parlé d e I' épogne a ux cruches , il r enifle e t il d it comme ça : « C' est bon, je m e r entrerai de bonne h eure », Et il mon t e au g renier, et i~ descen d avec, SUI' sa t ête la lue ferr ée d on t I~ s.e serva!~ qu and .il était à l'école: J.e m e m ets en, fen êt re, d ernere les vItres, qui ét a ien t . SI t ellem ent ge~e~~ que Je dus gratter la glace pour faire un galet p a r ou J a rrega rdaI s dans la rue. Ça b ezoulait. Il tombait quelques flocons de n eige que le v ent fesait voltiger. L es dam es d e la h aute qui alla ient en v is i te avaient des p eaux de b êtes Sur le dos e t leurs m aris qui les suivaie n t n~avajent pas l'a ir d e s'am u ser. Et, p ar la cô t e, je v oy.aIs comme d es points noirs qui montaient e t d escendaient sur la n eige. C'étaient les gamins
qui.
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c lu a icnt ct qUI. avaient, sans do ute m on fou de
. fr . 1 J e revi ns vers le poêle m a ri a v ec eusse s . l\'f d _ Ce t cs pc c t a cle me Iesait 100 C. " e t Je m e mis . ;a pleurer comme une I a e qur. ronfla it -
l ein e. . ' dé ii uand j'en tendis A tro is heures, la mut tombait ~J a ,. q + AL .t . . l ' e J e v ais a la . . cnc t rc C JC un grand b ru it dans a I.U. . ur cn t en cr iant et v oi s u ne b a nd e de ga mms qUI co tr sur le brancard qu a tre h ommes qu i en portent un au l e d es m or ts. .d c'ét ait [eanE t l 'hommc qui éta it sur le brancard, c • Mari e! ore au jour d'auMo ns ieur P ick, je m? deman de e~c pa _ évanouillée jour dh ui, com ment Je ne me SUjIS n:n~ sur le branquand iai v u entrer chez nous un'dlOlcomm e un morca rd , bla nc com me un mort et rai e ceau de b ois. . d de aux ceusses qui « Est-il m ort? ». qu e Je eman < . le portaien t . . nble qu 'il ne s'e st « N on q u' ils r ép ond ent. Ça sel lue dans le .a ucu ' ne bl essure en srautant . les fait c ' avec t At sa les br ,as et
bi ef du Merdan çon .. Il remu.e tlad' e ~ir froid da ns les jambes; seulem.~nt,. Il s~. Pdhl1~ av~~ quéque chose de es t omaqu es et Il dit qu il a l cass é à l 'intér ieur ». . . d t d' ne voi x mourante : Alors v?ilà J ~an-l\far~e qUI ~s bren malade. J e suis « Rosalie, soi gne-moi. J e su Le froid me gagne. . de la cannelle d éjà tout gelé sur les estomaques. . . 1 fi 1 . : 1 avec du sucre, FaIS-mOl C !aU el' ÜU \ '11 c • sur les estomaques et d es clous de giraphe. l\I~ts-mf~uds Frictionne-moi des couv êcles de man11l~e b~~~_~i~< des~us. Ah ! je suis avec d e la flanelle et d eau .c ' 1 vais J e te demande • mala d e, R osa Jl.e. J e sen s qu e Je m. elt'aic fait. Tu me feras bi en pardon de tout le ma~ qt~~ cl~ss e. Tu fera s j~uer faire UI~ en terreme.nt eD: pl emIe~re honorair e. Tu d~ras la m u sique dont Je SUIS mem t de venir fair e pet er aux pompiers, dOl;1t je suis srgen Tu feras marcher les des c.oups de fu~J1 sur ma o:~e'dont je suis membre, orgues. ru avertiras la Conse:. nt et si le maire y pour qu' elle vi enne à mon entelleme ,
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r épercu t e le m éd ecin. D ésh abillez-moi ce bougre-là; je v ais l' auscu lter' », « Mais il v a p rendre froid, que je fai s, il grevôl~ d éjà , et quand il sera nu , il va geler J> . « Vous, que fa it le médecin, foutez-n~us la p aix .et a llez vo ir à la cuisine s'il res te de la fanne pour faire d es m atefa im s )J . Alors je m e m ets dans un coin en ple~rant, et les ceusses q ui l' a v ai ent rame né mon homme, Ils c~mme!1 cent p ar le d ésh abiller. Ils lui d 'ôtent ses souhe~'s, Il~ lui d 'ô ten t ses cane çons, ils lui d'ôtent sa veste, Ils. lUI d 'ôtent son bzilet ,: mai s quand ils lui ont d 'ôté son gilet ,. qu 'est-ce qu'ils vo ient? Il s vo ient !fn gros glaçon qUI était en t ré en t re le gilet et la chemIse de I?on honll~e qu and il ét a it tombé avec sa lue dans le bi ef. Et v ous dussi ez comprend re, monsieur . ~ick, qu~ t ant plus on le frictionn a it , t ant plus on le .rech~uffaIt, t ant plus le gl a çon fond ait, t a n t plus il avait froid. « C' est b on , que dit le doc.te ur Mala mort, qu and il voit ça; toi, je t e retrouveraI J) . • Et il sor t en encrêpant la po rte, et Il va r aconter l'histoire du glaçon aux . ceus~es qui l'attendaient au caf é du Purgatoire, p our Jouer a la bou;-re, et une h~ure après toute la ville était au courant de 1 avent ure , mieux que s i on l' av ait fait tamb9urne r . . . . Monsieur Pick , je suis re~t ée trOIS ?lOIS sans sor t ir de chez nous tant j'ava is d honte. PUIS tout le monde oublia cette' his toire comme beau coup d 'au tres, tout le monde sauf le do cteur Malamort qui, quinze ans après, lor~qu 'il v int v oir mon. défunt qu e j'avais trouvé, un m atin sans vi e d ans son lit, me demanda: « Est-ce qu 'il a encore un glaçon. sur la poitrine? II « Non, do cteur, qu e je lui répondIS, ce n'est p as une farce », Et, quand il eu t constaté qu e J ean-Marie était mort de la p eau' pl exi e, il me dit encore. : « J e vo us demande pardon: ~~~s, vou~ s~vez, av~? ce bougre là, je n'ai jamaIS su s Il fall ait rrre ou sil fallait pl eurer ».
veu.t . faire un discours à mon intention, ça m e fera . plaisir, Tu avertira s aussi la Saint-M ichel la SaintCrépin, la Saint-Eloi et l a B ienfes a n t e, do rrt j e suis membre hon ora ir e, p our qu 'ell es v ien n ent à m on e n t er - remen r avec les b a nnières. Tu ave;t iras aussi le sous -p r éfet, les j u g es, les p o n t' e~-cha!fssees et le contrôleu r , e t tu leur zy d iras que s ils VIennent av ec leurs robes, leurs h abi t s ferr és e t leurs s~bre~ ça m e fera bien plai sir J> . « TaI~-tOI, que j e lui r épond ais, t ais-toi, tu n 'e s p a s encore a Combe-J a m bais et on es t a llé chercher le ' docteur Mal amort J> . 1 En, a t ten d an t le m é.decin, je fe~ais boire d u v i n br ûant a mon homme, Je le m ettais 's u r les est omaq ues des couv êcles bien chau ds, je le frictionnais avec l ' eaude-VIe, ce qui ne l 'empêcha it p a s d e crier comm e un posséd é: « J e suis foutu, je suis foutu! T ant plus tu m e r éfhauffes, t ant plus je grevôl e. L e froid m e gagne d éjà. e ;yentre et les cuiss es. Ah! mon Dieu, 'm on Dieu! qu il faut s'en voir pour mourir. ,~n?n, le docteur Malamort arrive avec sa p ipe. Il ~ et aIt pas de bonne humeur. Il était en tra in d e jouer ~la bourre au café -du Purga toire, quand io n lui avait .~ de venir v oir J ean-Marie Dubois qui étai t à l a d erUlere. . « Est-ce bien sérieu x? qu'il avait demandé. J e connais ce loustic là, il a trop bu ou il v eut faire une fa rce. S 'il Veut me faire une sale blague, il lui en cuira JJ . b « C.e n' est pas une plaisanterie, qu' on lui r épond. ~OIS a ,y oulu se luer. Il est tomb é dans le Merdançonq 'ut qu il a quelque chose d e cassé d ans le v entre et u Va mourir. Venez vite, docteur, v enez vite! JJ d Le docteur Malamort entre. Il arregarde mon homme ans le bl anc de l 'œil et il lui dit comme ça : « Qu'as-tu? que sens -t u ? que fais-tu? Alors Dubois lui r épond: fr <t. J e sens que je m'en v ai s d ans l 'autre monde. Le oI~lme gagne. J e n 'en a i pas en core pour d eu x h eures. JJ. <t a encore la voix bien claire pour un mourant, que-
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- V ous n e l' av ez pas connue, monsieu r P ic k , à caus e qu e, dans ce t emps, vo us ét iez à lim iter le t erritoire de ?'C . e n ,B u gey e t que v ou' avez pas sé trois ,a I?S et tro is Jou r s a remett re les bo rnes à leu r plac e ou Ils ne son t probablement p lus, à l'heure d'aujourd' hu i. Marne Lapint e, c 'éta it do nt la veuve d'un ho m m e m ort p ompier à P a ri . On lu i avait donné une p ension ; elle a v a it v e ndu le d éb it qu 'elle t enait et elle ét a it v enue v ivre r n t ièr c ch z nou s. E llo sa v a it tout. E lle nou s racontai t t ou tes les hi stoires d e Paris . E lle no us d isait ça qu 'on fesait autrefois ch ez l 'emp ereur , m ain t ena n t ch ez le pr éside nt de la R ép u bliqu e. E lle a v a i t ét é par les théâtres et à la morgu e. E ll e a v a i t v u la r evue d u quatorze Juillet et l' en t.err~ m en t de V ictor Hugo. E lle I}OUS disa it t ou tes ces 11lst~)l l'es, e t c 'était aussi a m usant de l' entendre que de Iire le j ou r n al ou l' alm a na ch. On 'se d isp u t a it qu éque foi s avec elle, à cause .q~ 'e~e n 'aim ait pas le v in , Elle d isa it qu e le vin la re~rOlCl1ssa~t l 'es t om a c, m ême q uand il éta it chaud et qu 'Il y.avalt d ed a n s du sucr e, d e la canelle et d u clou de girafle. Elle n~ p rena it que des a lique urs reconstitl!antes,co:nme elle disa it , t elles que cozb nac " bi tter CUIra sse-a 1 eau , herbesainte, gen ièv re, c œt éra , cretéra. B on, voilà qu 'arriv e l' épidémi e de l'influenza . cc J e cr?-~ns rien, que d isait ça m arn e Lapinte. ~~ ~u~ ~es ~lllrcrobes a vec çà que j e b ois, et depUIS 1 epldemle, Je double la close », Mais v as t e faire fiche! Un soir, la tremblerale ~a prend; elle nous fait dire d'aller la v oir et, qu.and o~ 1 a vue, elle gemille et dit qu'il faut vite faire venir le m ede cm, p a rce qu'ell e se n t que le mal de la m~rt la .pr,end. .Bon, la v euve Pied v a che rcher le m édec1l1 qUl vlent~ qui le fait tirer la langu e, qui lui · tâ~e .le pouce, qUI I' a u r es ecu l t e p ar les est oma ques et qUI dit : . cc C' est la grippe. Gardez le lit. Buvez des h~aJ?es chaudes. N e prenez p a s froid. lin ca~het de, qU1l11l1e avant d e vous endorm ir. J e revi endrai dem ain », cc Mon si eu r le docteur , qu e je dis comm e ça: f a~ t'.ent endu dire que le rhum il était bon pour cettc epldemle. »
CHAPITRE X VIII
O ù II e s t d émontré qu 'il faut ê t r e prudent a v ec 1es r c m .èd cs
- Monsieur Pick, se sen tez-v ous malade? ---:: J e, m e porte bien, madam e Dubois et J e~pere qu e vous ê t es vous-même e~ p arfaite santé ? Oui et non, n on e t oui, m onsieur Pick ; seulemen t on p ar~e t,~nt d e ce tte a ffreuse g rippe , qui s'ap pelait aurtefois lmfluenza, que j ' ai p eur d e l'a ttra p er Tous l~s s o irs, on v:eille av~c ces d ames e t on s~ d o n ne d e,s r eme<;les. ~a m ere Qumquerne . d it qu 'il faut se fa ire d es InfU SIOns d e bourrach e e t d e til '1' 1 · d d't "1 f ' . cel , a v euve P le 1 qu 1 a u t se graisser le n ez avec du suif de cochon, sauf votre r espect· m anlez elle Q . d' '~UInzonce it "1 f qu 1 aut se m ettre du . coton avec cl les oreilles. Mais tout ça n' empêche u c~~phre d ans grippe, si le moment est v enu. pas attraper la Ah! monsieur Pick, c'est pour cett t ibl 1 d' f . re e er r r l e ma qu "1 1 a ut 'ec ou t el', qu 'il faut SUIv ' 1a .le v '11 J' . , ~ ce que e m ec e crn ous cons ei e. en sais queque chose J ' . .' ID L ' t ' I l ' .' al "vu mourrr ame a p ln e , qu e e aurait pu VI ' vre t t 1 ' " Jusqu a cen a n s e p u sse, SIon avait fait ça que le docteur avait écr it . ét ait J e n e m e rappe~e pas du tout Rosalie quelle e a it cette d ame L apirrte ? ' ,
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cc Un peu d e rhum, s i v ous voulez, q u' il r ép er c u te; une p eti t e' cu illerée dans u n e tass e d e t h é )J . E t il s 'en va . Mo i, j ' éta is b ie n cont ent e, parce q u e j e m ' étais d it comme ça : cc R osalie, s i on d o n ne d es tisanes à cette darne L ap in te, qui n ' en a pas l ' h a b i t u d e , sûr q u' elle e n tou rnera l'œil )J . 1 C' est bon. On s 'en va avec ces d eux d ames c hez l'espici er p ou r a ch e t er d u r hum, e t l ' espicie r n 'en. a point, p arce qu'il a tout v endu, r apport à I' épid.émieOn v a ch ez l e m arch and d ' aliq u eurs e t il nous drt qu'il n 'en a plus, rap p or t à l' épidémie. On va d ans un d ébit, e t ils nous d isent qu'ils n ' en ont plu s que pour l eur u sa ge p er sonnel e t p articulier, rapport à l ' épidémie . . « Q u 'all ons-n ous faire? )J qu'on se d emande e n t re nous, avec ces dam es . « y fau t r emplacer le r hum par d ' eau-de-vie, que . dit l a v eu v e P ied ; j'en a i d e Bolozon, qui a tro is a ns d e tonneau e t cinq a n s d e bouteille. C' est doux e t c ' est fort . C' est a ussi bon p our l es yeux q u e pour les est om aques. Ça v ous r éveillerait un mort », C' est bon, on p or te l a bouteille d' eau -d e-v ie à m arne L apinte , q ui grevolait toujours dans s on lit. On l ' a f ait Une infu sion d e th é, on le m et ded ans moitié d'eau-dev ie; on la fait boire et on lui d it comme ça : {( T enez-vous bien a u ch aud , n e r emuez pas trop. e t , si v ous se sentez soif buvez d e la tisane qui es t su r votre table d e nuit-: rna.is m ettez -y un doigt d 'eau-devie pour que ça ' votis donne p a s au cœu r . A d emain, mama Lap in te )J . « A d emain, qu' elle r épond )J . L e lendemain, monsieur Pick, quand on est a llé l a voir, ell e ét a it morte . Diable ! C'est c om me je v ou s zy d i t . On n'y comprenait. . ~len. L e m édecin qu'on était a ll é r a ppeler, il a rrive e t Il dit : cc Mais qu 'est-ce que vous a v ez donné à la m alade? )J .
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{( Monsieu r le docteur, qu 'on r épo? d , on lui a fait prendre d 'eau-d e-v ie, à ca use qu 'on n a p as p u trouv er d u rhum ; voyez, la bouteille est encore sur la table 'd e nuit. cl y , L e d octe ur p rend la bouteille et arregar e. ny. avait p lus rien d a ns le li tre. , Monsi eu r P ick v oilà ce que c'est que de nel'pasd~cou1 m au leu deau t er le m éd ecin Si, on ava i. t clonne d li rnu . ' . l it t êt re encore _e cet d e-VIC à mame Lapinte, el e serai p ' el monde . Fau t toujours resp ecter les ordonna nces e sou s pas r emplacer un l aveme n t pal· une purgation, t> p eine d e mort. . '1 ' - Madame Dubois, je profiterai de vos consei s, a l'occa sion. ' ê
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CHAPITRE XIX
M a dam e Duboi s, ange d e r éconciliati on
Monsieu r Pick . t "ere ln. té - L ', je rev ie ns d e v oyage . J e SUIS
ee . es ceusses qUI son t tout le t emps p a 1 h . de f I t bil r es c errnns , e: , p ar .e au om o es, p ar les voitures y son t bien a pla.indre SI son t comme moi D ' abo d ' ., . 1 . d ' que l e pie d,ans t ces v ésicules . ' p an, v a il'a l'es yeu xl qUI m eJ atournent 1Sies iétai oma c qUI m e r emonte t 1 tre ou f ' 'A ,e e v en re q UI m e d es ce n d .,. f J ~ a IS or<:ee d et re mecanicie n p ar les chemins de el', J en auraI~ p a s pour six mois . - P our qu oi voyagez -vous si m adame Dubois, les voyage~ v ous fatiguent à ce ' point? . -.- C es t UIl;e affalr~ , ~e famille, m onsi eur Pick. J e v ais vo.us la. d~re" car, J a i jama is eu rien d e caché pour vous: Je SUIS ete à Lyon. - A Lyon? - Oui, à Ly~:m pour chercher la femme de mon ~~veu J~an-Mane, qui s'en est a llée rapport à une Isputa~lOn qu' elle a eue avec son ha'mme - DI able! . - Oui, et J ean-Marie en es t em b êté , ,. es t par les langues et que tout 1 e e a ca~Ise qu i.!m échant, ils dis en t que F anch ett e mo~de: qUI son t SI rapport à l'i ncomparite d'h e a qu:tte so n ,h om me umeur, cœtéra , cœt éra.
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« T an te, que me fa it J ean-l\Iarie, v ous faut aller la ch erch er e t la ramener. \ ous lui direz q ue je la p ardonne ça là la qu 'elle m 'a fa it et qu 'elle fass e de m êm e v is-à -vis d e m oi . » . «. Ma is qu 'est-ce que Fanchette t' a fait ? que je lui dIS comme ça . C'est une bonne fille, p as gourmande, pas coureuse, p a s b avarde. E Uè te fait de bonne soupe, que v eux-tu d e mi eux ? » « J e voudra is , qu 'eUe ne soit pas p ège comme elle es t. II ( Ell~ es t p ège ? l) , . . . . « Oui, comme cette femme de l'histoire sa m te qUI, p our ne pas le lâ cher, av a it suivi son homme jusqu'au fin fond des enfers . E lle est touj ours à me soigner : « Tu es t au t m ouillé de chaud, y fau t te changer ; tu es tout gelé .cle, froi d , y faut te mettre un tricot; t u as les pieds m ouill és, y faut t e mettre des sabots; t u fumes trop, tu v a s te brûler les est omaques ; ne va p as au café, tu sa is que ça t e vau t ri en, cœt éra, cœt éra . » « Et puis comme je suis p orté sur mon v ent re, elle m 'a ppell e tou jours, m on gro s, ~evant le monde qui so n t si m éch a nt. « Mon gros p ar Cl , mon gr os par là » si bien qu 'ell e est p ar les langu es qui ne l'app ellent plus que ~Ia~ame Mongroe. femme Cramp~n »: . , « SI ~Ien qu 'un jo ur la !l1ou tard e .m a .m?nt e, ~u nez et que Je lui a i d it qu e SI ~lle contmuaIt a m appeler « mon gr os », je la divo rc eraIs. . " ( Alors elle s' est fâch ée auSSI. Elle m a dit des gr os mot~, .et , lundi soir , quand j.e suis .revenu du café, je ne 1 a l plus trouvée. Elle étaIt partie pour Lyon, ch ez sa cousine, qui tient une espicerie. « Voyez-vous, tante Rosalie, il vous faut me la ram ener. » ,~ ~o!~ j 'ai p as pu refuser; J :ai I?onté dans le wag~n ou J a i t ete m alade comme a 1 artIcle de la mort, et Je suis été v oir F auchette. Elle m' a bien reçue ; elle m'a l'embrassée; elle m 'a fait fai re de bons dîners ; elle m 'a montée à Fourvières : elle m 'a men ée au cirnemar t ograp~le ; m ais, quand je l 'ai parlé de rentrer ch ez nous, b ermque.
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« Si vous v oulez qu'on ne soye p as brouillées, ne m e p arlez pas de ça, t ant e Rosalie, qu 'elle m e dit en pleu r ant.. Y m' e~' a tn;>p dit;'y ~'en a. t.rop fait. Qu'il plaide en divorsat ion, S I ça lUI fa it plaisir, et qu'il en mar ie une autre, ça m 'est égal, » cœt ér a , cœt éra . Quand j'ai eu vu qu'elle restait dans l'obstination je m 'en suis revenue, et j'ai dit à J ean-Marie que pou; le moment ici, y avait rien à faire. ' - Et croy ez-vous, madame Dubois que vot re nièce Fan~hette r éintégr era le domicile de v~tre neveu J eanMane? - J'en suis, sûr.e, monsieur Pick, parce que, malgré tout ce que m a dit Fauchette, le temps la dure.
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CHAPITRE XX
N ouvelles confi dences
_ Monsieur Pick, septante avait destruit le Carnaval, et la grande guerre qu'on a travers ée l' a ente rré à tout j amai s. C'est fini des masques, des bals , des m atefaims, des briz ôles, des bugnes et des gaufres . Les ceus ses qui, au jour d'al.ljourd'hui, pensent à dan ser, à chanter, à fricoter, c' est des criminels. . .- Vous vous amusiez donc beaucoup, Rosalie, quand vous étiez jeune, en temps de. Carn aval ? . - Oui et non, non et OUI, monsieur PICk. Quand j'étais fille, ça allait encore. On ~e masquait en Bressanne, en b ergère, en sorci~re, e~ pierrette, en arlequine; mais, une fois mariée, fini de n re. _ Cependant Dubois n' était pas un mari jaloux et n'engendrait pas la m élancolie? - Oui et non, non et oui ; En bonne vérité, il était -com m e les autres; une fois mariés, ils ne sont contents que quand ils. sont pas avec leurs femmes. Ils les promènent un p eu la dimanche pour montrer au monde, qui sont si m échants, qu 'ils sont pas brouillés; mais après la promenade, bonsoir, Rosalie, tu m e reve~ -q u e demain matin. Vous exagérez toujours, madame Dubois. - J'exagère rien, monsieur Pick, et je dis toute la
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vérité. Ainsi, pour vous z'y montrer je v ais vous dire ce que Jean-Marie m'a fait un carnaval, puis la mer-credi des cendres, qu e j'ai cru en mourir d'honte. La mardi grasse ça se passe bien. J'avais fait une poule au ~IZ qu e le bon Dieu n'en mange p as d e pareille au paradis terrestre où notre grand'rnère Eve elle a ét é séductantée par un serpent. On dîne bien' on boit un bon couP.; on si~o~e le café jusqu'à quatre h eures et Jean-Man.e me dit c0l!lme ça : « Tu SaI~ pas Rosalie, je vais aller au café faire une partie de cmq-cents ; à sept heures, je m e rentrerai; on m3;ngera le reste de la poule et je t'emmènerai au bal VOIr danser les masques J). Moi que j'étais encore jeune et fiâble, je lui r éponds comme ça: « Ça va bi en, je t 'attendrai JJ. Ah! j'ai pu .l'attendre .longte mps, monsieur Pick! Sept h eures, huit ,heures, dIX ~eure~, minuit ; une h eure, deux heur~s,. trois h eures, cmq, SIX h eures du matin av ec le 'petit J,our, et pas de Dubois, pas de J ean-Marie. J e m en V~l.1S de chez nous en pleurant comme la cascade du Palin quand elle a de l' eau, et je vais, chez la v euve P ied p our qu 'elle me réconsole, p arce qu'elle s' en est bien évue ave c ses quatre défunts, l'un il était joueur l'autre il ét ait couratier, l' autre il était ivrogne et l'autr~ il était fain éant comme un n'hibou, qu e c'est un oiseau qui dort pendant tout le jour et qui ne fait que chanter la déprofondisse pendant la nuit. Où en étais-je, monsieur Pïcl{? . - A v ot re entretien avec la v euve Pied, madame Dubois. - Merci, j'y suis. La veuve Pied me r écon sole. Elle me dit comme ça que les hommes ils ne valent pas les quatre fers d'Un chien, que, s'y en a un bon comme J ésus-Christ on le met en croix ~ trente-trois ans, qu'y faut pas s'afflic, tionner de ça qui font. . « Mais, que je l'interloque en pl eurant com me. la fontaine ~e la Boucherie, si il est parti avec une autre! » « Eh bi en, gue r épercute la veuve Pied, qu'est-ce gue
ça fait? Les hommes c'est volatile, m ais ça r evient toujou rs a u nid com me les tartavaux. Qu and ça a t 'assez d e la cu isine d'auberge, ça a ime m ieux la soupe au x chou x d e sa femme. Ne vo us faites p as de m auvais sanque; quand vou s se serez rendue mal ade, ça ri 'avan- . cen t de ri en . F a isez com me j'ai fai t. F aites des p etit es qu a tre h eu res avec v os voisines. Mangez bon et buvez frais, en ' a ttend a n t qu e v otre h omme revi enne, et il r eviend ra, j'en suis mo ra lem en t et cons écu t ivemen t ce rtain , comme disait P aul Lafouillouze, qui était un p hiloso p h e. » Ma is ça q ue disa it la v euve Pied ne me r éconsolait p a s, et je m 'en vais chez nous en lui di sant: 1« J e m e ren tre: je v a is v oir si J ean-M'arie il est r ev enu . » . Ah! oui, q u 'il était reven u , monsieur Pick, et enc ore qu 'il a v ait mi s la ch a mbre dans un état si t ellement affreux q u 'on aurait dit que les zhulans y avaien t p a ssé. E t j'étais là en d ésolation devant cet te esp eetacle qu and j 'entends les gamins crier dans la rue : « Qu i n'y es p as ! qui n 'y es pas ! )1. J e sors de ma ~ham?re, Je va~s au bord du collid or et qu'est -ce que Je VOlS ! J e VOlS q u atre m asques qui porta ient sur u n brancard le carnav al, qui était à cheval sur u n tonn e.a u. ~t ce carnaval c' était Dubois, mon h omme qui avai t m IS ma r obe d e noce, av ec mon voile blanc, avec sur sa t ête ma couron ne d e fleur d'oranger. . . J'ai cru que j 'allai s m 'év anouiller. C' ét aI t. p lClll. de monde de ga mins et de dames par la rue, qUI v enaien t , 'l êché d de prendre d es cendres p Ol: r rachet~r : .es , p ec l es u carnaval, et j'entendais les gCll S S C'~; q m Glsment comm e ça : ' . « Ce sacré Du bois; il n'y en a pas de comme lUI, pour se d éguiser avec la robe de .noce de sa fem me JI. - Et puis, m ad ame Dubois? , - Et puis, monsieur Pick, Du.bo~s est r~nt!'~ da~s ' l a nuit d' après. J e ne lui ai ri en dit, Je n e lm al J,amals rien r eproch é, ni ma robe . couverte de boue, ni mon voile d échiré, ni ma couronne frip ée seul em ent ...
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- 100Seulemen . ? · . t ' ma d ame DubOIS J e 1U1 al pardo rl m éch ant, mais je 1 !1n~ . eva~t le mond e, qui sont si moi-même. UI al jamais pardonné p ar d edans - Et maintenant Dubois? . que J ean-Marie es t m ort, m ada me - Maintenant m . , onsieu- Pick, c' est a in si qu'ainsi.
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- Mons ieur Pick , v ous dussiez, comme moi, en te ndre d es gensses qu i chantent par les rues, depuis la cr ép uscule jusqu 'à la pique du jour. ''Ma d al:1c Dubois, je p artage avec vous ce pl a isir. L es Fran çais sont gals c omme Ies Portu gai s et com me certaines tribus sa uv ages du centre de l'Afri que, don t m e parlait un jou r un explorateur, - je cr ois bien que c' était feu Marcel Monnier. - Et qu 'est-ce qu'il v ous racontait, cet exp lorat eur , . m onsi eur Pick ? - Il m e disait , m adame Dubois, qu e les sa~vages en question ont une drôle de façon pour mamfest er leur joie et leu r douleur. Il s dansen t t oujours et à tout propos ; ils dansen t quand ils payent le pain :ring t s~us .Ie k ilog, et le vin quarante sous le litre, la VIande SIXfrancs la Iivre, Il s d ansent qu and les conducteurs d:e ca~avane se me~tent en grève et s' opposent au raV:1taillement des tribus, et ils dansent encore quand, ap re s un e g U ClTC , un ou deux millions des leurs son t' rest és JU qr t s d a m, la IJ p :)!! s s c . - Voi là d e drôles de gens, m Oll :iic ti i: pi è k ; e ,l Ie u r-s femmes cornrncu t t' est-ce qu 'elles s'habIllent ? ] ai YU,
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sur une im age, qu'elles se mettaien t a u b as des est omaques des ni attes de joncs, comme il en pousse a u bord du lac. - Tout cela dépend des tribus, Rosali e. Certaines d ames des bords des grands lacs s'habillent, com me vous le disiez tout à l'heure, avec des cein t ures d e roseaux. D 'autres, plus économes, et d on t les m aris ou les protecteurs refusent d 'acquitter la petite note d e la grande cout un ère, se conten ten t d 'un collier de coquilles êle noi x de cocos; d'autres enc ore , qui appartiennen~ à la p,euplad~ la plus spirituelle de l'Afr ique, pour fair e des econorrues et soulager les b ud gets national et fami lial, qu'u ne longue guerr e a considérableme n t éb r éc hé s , ont raccourci leurs jupes et a baissé leurs corsag es, mi s sur leurs t êtes des p etits chap ea ux ornés de plumes d e grue ou d'autnlche, et par d écence, monté jusqu'à m i-jamb e d es bottines en peau de crocodile. - Voil à du monde qui sont bi en originaux, monsieur Pick. C'est-y qui z'ont un bon gouverneme n t ? - Un fameu x go uvernement , Rosal ie. Ils n'ont ni roi ni empere ur. Et leurs gouvernants: les sidis, comme ils les ap pellen t, ne sont p as nommes par le su ffrage univers el, quelquefois v olage , qu elquefois victime de t ractations que la m orale repousse, mais que le succès abs out. Les sidis de certaines t ribus du centre de l'Afrique sont nommés à la suit e d'un concours. - Ce d oit- êt re cu rieux, monsieu r Pick ? - Tr ès curieu x, madame Dubois. Les ' ca ndidat s qui solliciten t une plac~ à la g~'ande Kasbah, -:-la grande Kasbah est , pour cer taines tnbus du centre de l'Afrique, ce que le Luxembourg et le Palais-Bourbon sont p our la France, - in vitent les électeurs par des affiches placardées sut t ous les palmiers des oasis d u t erritoire, à venir tel jour, à t elle heure, les en tendre sur la grande place de la tribu" Là, ch aque candidat prononce u n grand discours dans lequel il ex~lique comment il ent end ; fai re le bonheur d e' ses concIt oyens. E t savez-v ous, Rosalie, ceux qui sont nommés sidis ?
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J e ne devine pas, monsieur Pick; je donne ma
langue haub .chatR · osali e les candidats d e cer taines tribus ' a, gouverner le len" - E de l'Afrique qui sont appel es du celntre t ceux qui parlent le plus longtemps, sans peup e son • , ête r et sans cracher. , . ' s a~ C'est-y bien vrai, ce que vous contez-la, monsieur
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n'y suis pas allé v oir, madame DubOIS. JI:ais on nous 3; pas ,dit , si, c~ez ces sauvages, les m es 'elles pourra.ierrt et re candidates ? fem On ne me l'a pas dit; m ais pourquoi cette ques" ? rion Rosa1le • . ~ C'est qu e, monsieU! Pick, si les femmes éta~en~ did ates da ns les Afn ques, les h ommes po urrmen t ~:nfouiller. Ce serait, pas ;us~es qui pourraient parler le plus longtemps sans s arreter et sans cracher, ça -serait les femmes. IC
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« Quand on a de l' esprit et de la bo nne hum eur comm e vous: qu'elle répercute, O~l ~ ' es.t d éplacée null e p art. C'est ente ndu ; à mercred i, a cm q heures ; je comp te sur v ous, ch ère madame D ubois », Celte da.m c s 'e n va et moi j reste dans m s ré flec t ions
ct je me clis comm ça: . '«
CHAPITRE XXII
Que :ras-tu .faire, Ro sali e? t e v oilà le d ernier en tre
deux chaIses. SI t u y vas, tu fer as pa rler sur ton com p te par le monde gui son t si m échan t ; si tu n'y vas pas,
t u vas te b rouill er ave~ cette d ame, qu 'est si honnête. p our quoi qu 'on ne te laisse pas t ranquille avec t on chat et monsieur Pick-Nick, les d~ux seul es bêtes qui t 'aiment dan s ce bas monde et qUI tu esp ères bi en retrouver d an s l' au tre Qua nd j'<l;i fi n~ mes r éflections, je fai s m a soupe, je la I? a~ge et Je :raIS me ~oucl:e r et je m'en d ors. A peine je SUI S t endormie, que Je VOl S en sonac m a m ère qui m'arrega rd e, de l' aut re côt é du lit. b - "Mais c'est l'histoire d'Athalie, que vous me co nt ezlà madame Du bois? '- Ce n'est pas une histoire, c'est la v érité pure m onsieur Pick. Et d' abord qu 'est-ce 'que c'est que cett~ Athalie? c' est-y une femme. ho nnête? _ Ce fut, madam e DubOIS, une princ esse qui avait d es cauchemars, probablem ent parce , qu 'elle digérait m al. . ., . D . . ~ J'vIercI, J y ~UlS . ,onc, Je :~IS ma m ère en songe, qui m 'arregar dmt de l aut re cot e du lit et qui m e dit comme ça: . . , . . « R appelle-t OI ce qu e Je t a i conseill é avan t m a mort: Rosalie, ne pète.pas plu s h~ut. q~,e t~n nez )J. Alors qu and Je me r.ével ll ~I . ] ét als t out e b aigne de chaud et de su eur,. et Je ~'aI p~s fermé l'œil jusqu'au m atin, parce qu e Je voyais toujours n~~ m ère, .que le bon Dieu garde .en bo~ r.epo s, et qu e] en te ndais tou.ours sa voix qUI me disait : J « Ro salie ne pète pas plus haut qu e ton nez ». Le'lendemain, quand j'ai été sort ie de m on lit, j'ai pris la r ésolution d'écouter la voix de m a m ère. Mais vous savez, monsieur Pick, les femmes c'est volag e )J .
M adame Dubois dans le mond e
, -: Ma?a~e pubois VOUS êtes en gra nd e toilette, et ~e jourd h UI n est cependant p as un dimanche ni un Jour carillo nné ? :- Ne m 'en parlez pas monsieur Pick. J'en suis moi:n~~e .t ~ut; est omaquée . J e r eviens de la h aute; j'ai ete lllVl.tee a.~er prendre le thé ave c les d ames d es gros de la ville; J Y S~llS été, m ais on ne m'y r eprendra plus. - C?ntez-mOl cela, R osali e. ., -.- .Bler; volontIers, monsieur Pick. Vous save z que J al rr en a vous r efu ser. Et cep endant, c' est vous qui êt es la cause de t out m on m alheur. - Moi? - Oui, vous! L'autre jour, j'ét ais, ch ez nous, à chercher les. puces d e mon chat, quand on frappe à la porte. Je di s d 'entrer; on entre, et qu'est-ce que je vois ? Je vois madame de la Ristourne, la femme à l'argent d e change, qui m e dit comme ça qu'elle vient me faire visite pour m'inviter à boire du thé chez elle, la m écredi suivante, à cinq heures. «( C'est sans façon, qu'elle me dit comme ça; nous causerons; nous passerons un bon moment )J . « Mais, que je lui fais, j'ai pas l' h abitude de la .grand" monde.
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com m e des pap~ons.' et , quand j' ai eu mangé mon café au lait , je m e SUIS ~:ht comme ça : ,. « Voyons, Rosali e, c'est entendu que tu n Iras p as chez cette dame, m ai s, si tu y allais, qu'est-ce que tu t e m ettrais bien sur le dos ? as -tu seulem ent d es afiaires pour te faire h onne ur ? Voy ons v oir », . Alors, je v ais à mon garde -r obe; etje sors ma robe de no ce, en soie noire av ec des p etit s p OIS ro ses et blancs; mon ca raco avec sa garniture de de nt elle, :non b onnet avec ses trois rangs de t uyaux et m es bottines v er nies que c' était DU~)Qis qui m e les avait fait, quand on s' ét ait promis le manage. . . ' . J'en ét a is là de m on insp ect ion , guc: nd v oila la veuve Pied, qui entre .sans .frapper, et qUI di t, en v oyant l'estallation de m es h abits : Il Que fa ites-v ous donc, madame Dubois ? est-c'e que vous allez ~ la ~oc,e ? » cc Non, que J e lUI r ep ond s; seuleme nt, j'avais p eur que les bêtes se m ettent dans mes habits; quand les habits ,reste nt t rop longtemps dans les pl acards, les b êtes s y m ettent. Y fa~t, de t emps en t emp s, leur z' fair e prendre la bonne arr )J . y « y ous avez rai son, qu e dit la veuve Pied ; m ais v ous dus.slez mettr~ ?ans vos p!aca,rds du camphre et des feuilles de noilliers : ça d étruit les bêt es dans l' œuf Tant qu 'à moi, c'est ce qu e je fais )J . • , Alors on parle ?e choses et d'au tres, et la veuve Pied s e~ va, m ai s ne s en va pas loin, E lle ent re ch ez la m ère Qumquerne, elle ent re chez mam ezelle Quinzonce, elle en tre chez m~me ~~oque, elle entre chez m arne Lalouze, et ,elle leur d it qu il s~ passe qu èqu e chose d 'extraordinarre c~lez nous,q~e, Je s~~s mon linge sous prétesque ~e le faire pren,dr~ l aIr: 9? il y a surement quèque chose la-d essou s, que c est pt etre pour un m ariage p ' têtre ' pou; une ,en~erreme~,t, p 't:être pour un baptêm~, cœt éra, cœte~a" SI bi en que) aurais donné trente sous à l' argent ~e vill~ , pou~ y, t~mbourner qu e ça aurait été p as pis et qu e J a~rals. et e .pél;~ plus par les lan gu es. . Toute l a pres: mld i et après la soupe , ces dames VIennent t aper a ma porte pour avoir des nouvelles ,
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m ai s, berniqt;e! j 'av 3:is enlevé la tergette, et elles s'en v ont p ar la vI}!e, en disant, les u nes q ue je perds la t ête, les autres qu Il m e faut vendre m es habits à l'encan parc~ que je ne p eu x p as pay er m es dûs, les a u t res que je fa is m es .mall~s pour aller ch ez m on neveu Luis -José, p arce qu e Je suis trop. m al v ue par ici, cœtéra, czet éra. P endant ce tem ps, Je so r tais d u t ir oir du milieu de mon ga rd e-ro be, ~~es. bouc1es d' oreilles en corail mon t ées sur a rgen t,. qu~ c était le cadeau que m on cou si n d'Afr iqu e m 'avai t fait p;)Ur mon m ariage ; la cr oix et la chaîne d'or de ~a grand m ère e~ m a bagu e de fiançailles. Ah J SI ces dames avaien t v u ça , elle s en auraient rac0Il:té de be~,es e~ de b,on nes et elles a ur a ien t d it q ue cer tamement J avais vo l.e t out cet a rgen t . ç Pick , e t 1a rn ecr ' e d'r, . a se passait , 1 d ' le m ardi , ' monsieur , comme SI e iable III avait poussée, je m 'ha b illai de m es plu s beaux effets, avec t ous m es ornem t all er , m algré ce que m a m ère m 'avait dit en s, p our , p ren ct re 1e th e' c1lez m arn e de la Ristourne, la femme en songe, de , l' argent de 'change, - Où en ét ais-je, m ons ieur Pick ? - Au moment, m adame Dubois où v ous vous re nd iez à l'invitation de m adame de la Ristourne, l' épouse de l' agent de change. _ Merci, j 'y su is , Quand je sU,i~ ét é chez c~tte ~él;r.?e, on :'Lur ait dit que le fe.u, le ch olera et ~a p etite v enale avalen t p assé par la VIlle. 011: ne voya it pers onn~ da ns la rue, ni Sur les tréttoirs, m , su!' les cad~ttes, rn sur les pompons. Tous les gens~es etaIent , dernier ,les vol~ts, dernier les portes d es Collidors, dermer le~ vitres pe in te s en blanc, qu'on fait un galet dans la p einture pour VOIr les ceusses qui ' passent dehors, sans qu e les ceu sses qui passent dehors vo yent les c~usses qui sont dedans. ,Oui, t?US les gensses m 'arregardal ent passer en sournois et a l'incoO"noito comme si j ' ét ai s t 'une p h énomène vivante, qu 'on ~ontr~ pour deu x sous, dans les lunettes. de la Saint-Michel. S~ je ne v OYaI? p as les gen?ses, Je le~ ~nte ndais. Il y avart cette vermine de locataire du troisi ème qui chantait:
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T on bonnet t ' allait mieux, S ~zette~ T on bonnet t' allait mieux, 'bien mieux. Il y avait le p etit de~nier. de n: am e Pilorge , - çui..là l a qui m a r aud e mon J arch~ , ql.~1 m et le~ , casserole s a la q u eu e d e m on c~lat e t q~ll fini ra sur l échafau d , -. qui chanta it sur y an- d u clan-on d es pompiers qu and Il va t ' à l a p rocesslOn : V 'là l a m ère D ub ois qui passe E n m a nteau, E n chapeau , Av ec d e b ien b eaux h abit s. On n e sait p a s, m es am is, Qui q ui les a pris, Qui qui les a p r is. Vous d ussiez comprendre, m on si eur P ick, qu e le monde sachan t que je sor t a is m on linge de mon garderobe, il ét a it allé d em a nder p a rtout p our sav oir où j 'allais , et que c'est chez l' épi cier, che z le boulanger et chez le bouch er qu'une bouonne, qu'on interl oquait , l eur z'y a appris qu e j ' étais t'invit ée à .p rendr e le thé, l a m éc r edi su ivan t e, à cinq heures, chez m arne de la Ristourne . E nfin, j'arrive chez ce tte dame ; je t ire la p atte de chat qui est au b out d u cordon d e la so nnette; on ou v re la porte d u collidor , et c' était just ement l a bouonne qui m ' a v ait écorniflée, qui m e d em and e avec une air de v ipère qui a av alé un crapau d p ar la queu e. « Qui faut-il a n noncer , m a d ame? » (( Far ceuse, que je lui fais, vous m e con naisse z bien. Enfin, si ça p eut v ous faire pl a isir, dites qu e je suis Rosalie L apointe , femm e J ean-Ma ri e Dubois ». Et l a v oilà qui ouv re la p orte du salon ct qui dit en faisant r onfler les r : (( M éd ëm e R rrosalie L apoint e, fem me j 'ean-Marrrie
Dubo ë ». y fa ut vous dire, m onsi eur Pick, que cette bouonne ét a it t 'h a billée en sou tane. - E n sou tane, mad ame Dub ois? - Oui, m onsieur Pick, en sou tane ou, si vous aimez mieux, en grecque, comme mon d éfunt chant a it :
Ah! v iens clans m a t ertane, J eune Gr ecque, à l' œil n oir, Tu seras m a sou ta ne, Tu seras mon espoir. Vous v oyez bien , mons.ieu; P i<?k" que la bouonne de "l' agen t d e change elle ét a it t h abill ~e en soutan~ ; p arce " 1 faut v ous d ire q ue M. de la Ristourn e a fait b eauqu 1p d( 'estations ava . nt cl"arrrver c1lez nous. Il a e't'e a, ~Ï~ntélimar, à Maubeug~, à Lille, en Flandre, à Rou~n, d ans la Bouche-du-Rhone N orm a ndie, à Marseille, ent clans " . d a ns un nouv eau les Afriques. 0",uan d il arr rvait e y s il fesait habiller sa bouonne clans un nouveau cosfam~ t antôt en normande, t antôt en bretonne, t antôt e~ b~urguign0!1n~, t a.ntôt en a u vergna t e, en m ême t emps qu'il faisait t eindre les cheveux d e sa femme d 'une autre couleur, et qu'il fesa it lui-même de nouv elles connaissances ~ qui il di sait co~me ça : (( Vous avez du troisse du ce nt . Mais vous s' êtes fou. L'argent est ronde; il faut qu' elle roule ou qu'elle rapport e plusse que ça. T enez, voilà de bonnes v aleu rs , d es valeurs sûres, des valeurs d e tout r epos qui vous rapport eront le huit, le dix et p eut-être le quinze pour ce n t uand on aura p ercé le canal d 'Estramadouros pour q éné t re r pl,-:s facilement dans les mines d e cuivre de la Vïrginie Onentale. ." Et il montrait a~ monde, qUI son t SI fiable, d~ "?eau;x iers OÙ il Y avait une femme sans chemise qUI Jouait ~a1a trompette, qui avait un piecl sur unè roue et l'autre e l'air et qui laissait tomber d'une corne qu' elle t enait ~nla main des écu s aussi se~rés que la grêle quand ell e .v e par le trou de B orthian. arn . Il paraît que quan d l'1 vendait al. un d e ses ~aplers, qm. oûtait cinq cents francs, monsleu: de la RIstourne e~ c it deux cent cinquante pour lm tout seul. Quand Il avalit bl'en vendu ses papIers . d ans un pays, il fai aisai.t avalme Pierre L eblond quan d il avait . assez v endu de com onguent dans une endr oit ; il changeait d e domicile, son si son onguent il n 'avait pas guéri, il n' entendait c~ les plainte~ d es .coupables. A~ez-vous compr is tapologie, moosieur PICl<:? Les papiers de monsieur J.
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le rôti ou la daub e dans la salle à m anger et fait le ~our de la t able en p r ésentant le pl~ t à chacu n d es co nv ives ~i passe dans la fumé~ d u r~t.l ~m de la d a\lbe,.un,m or ~eau de pain ra ssis. C est délic ie u x et m oins mdlges~e ue la vi ande. Nou,s .man ~e ons , c ep e n~ ant, une , p artIe len dem ain, le trois ièrne Jour nous faI sons, les le~ull~s avec le J'us et , avec le r este on fa it un h àchis gI'as au c que nous savourons le quatnièm e, A l1 ! les t em ps s on t du rs! » " , , 'Mais les pnx des VIvres ne sont rien cOlu pa.res a u -ix des vêtem ents, que gé m ille u ne t r oi si ème. P our m oi, pl l;letS des pi èces à t ous les effets d e m on m ari . L ' au tre ~ e I f en la r ep assant, je m ' aperçois que le giron d' u ne lch Otemi , se de mon m ani avai rrvait ':ln gran cl t rou a"l d ' en l'Olt OÙ le clos perd son n om., l\:Ia!s ~l aman es t une ,fem me , telligente, - mon man, lui-m ême, le r ec onna ît. E lle ln ' troUve d ans un tiiroir un m~)I-c e au c1" e t a fi e cense q UI. fai sait exact em ent ~on, affa lI'~ co m m e d im ension . La cou leur seule m e g ênait , m ai s m aman m ' ay ant fait r em arquer qu'aucun ét range r d~ l'un ou l' autre se x e n 'était admis à ,cont empler le gIr o,r; de mon maI~i, je pOl1v~is sans cr amte m ettre ce tte p iece sur I' endroit en questIOn ». , Moi qu e cont inue la da m e d u commerçant en gros, , ' ,'u« tilise tous les VIeux c11aI?eaux d,c mon m an' P ?,u r e? e des p antoufles et , 1 au t re Jour , comme J aVaIS airdu les t alons de m es bottines en allant a u marché, :pe~es ai r emplacés p ar les deux tours d 'un jeu d ' échecs Je dép areiIle' ) 1 . , • . _ Mai s vous exagerez, l"?-ac1ame DubOIS, ces d ames de la haute, comme vous dites, n e vous ont pas conté de s hi stoires semblables .l " . _ C'est ains i qu' ainsi , monsieur Pick. Vous dussle~ , que d 'abord après la gu erre, les genss es qUI saVoIr ' rrt d u ' t gagné de s cents et cl es ml'Il'IOns ils f esaie avalen , b êtes riour av oi 'fi . m ais comme Ils sont p as e es pOUl aVOIr ga gn e fla a,' -gen t , p endant que les au t res l'1s crevaien ierrt cle ' on t cllange' d e maniere " . Ils de l al et de , malheur Ils mIS re '. ue Ta comme ça ., « Ah1 Lo . que auv res Ils disent fon t 1eS Pus a fait· du t or t! » parce qu 'ils ont peur d "aVa IT gu erre no .
de la Ristourne et l'onguent de Pier re Leblond , c' ét ait kif-kif bourriquot, comme disait m on cousin J eanPierre qui av ait .battu contre Abd-el-Kader . - Oui , oui, madame Du bois, Mais au lieu de m e parler du thé de madame de.la Ri stourne, v ou s m 'entretenez des op érations finan cières de son ép oux . N ous n' en finirons plu s. Au fait, Rosalie, au fait. - Où en étai s-j e, mon sieur Pick? - Au moment, madame Dubois où suivant les règles protocolaires et de là civilité pu érile et honnê~e , vous vous présentiez da ns les salons de Mm e de la R Istourne, la femme de l'agent de change, , - Merci, j' y suis. J'entre; je fais une ge nou flexIO ~ devant les dames de la haute qui étaient dans le salon : et voilà ,m arne, de la Ri stourne qui m e p rend p ar la m ain, qm m e fait ass ire à côté d' elle et qui me dit comme ça ' : , ' , Il Qu e c est aimabla à vous d' être v enue! Cette che re madame Dubois, qui a fait une toilette éblo uissante pour une r éunion san s façon où ch acune de ces dames a apporté son ouvrage pour faire quelqu~ chose d'utile, pour ne pas reste r inoccupée. C'est qu'Il faut m aintenant que to ut le monde trav aille pour p ouv oir vivre honnêt em ent. Ah ! la guerre nous a t out es bien épr ou. v ées! JJ « Chez moi, qu e fait la dame du juge, nous n 'ach etons plus qu 'u ne d o,-:z~i~e d' œ,ufs ~ar quinzain~ , Les jours maigres, ma cUlsimere, !al t cuire un œuf a la coque; je m ets cet œuf au milI~u de la, t able et, tour à tour, pour déjeu ner , mon ma~I et m al et m es trois enfan t s, nous t rempons une mouillette dans cet œuf en laissant à la cuisinière le blanc at t aché à la coquille JJ. « Vous ne du ssiez pas av oir d' indigest ion JJ, que je r em arque. « Chez moi, continue la dame de la fabrique de.v elours, on achète du veau ou du bœuf deux foi s p ar semaine, du bœuf de préférence qui est moins ch er que le veau et qui p ermet d'avoir du bouillon. Quant au m outon et à la volaille, nous laissons cela aux no uveaux riches. Lorsque le veau ou le bœuf est cuit , la cuisinière apporte
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t alon, s'ente nd, qu ant à l'autre, bernique! Ouand j 'ai di t ça, voilà toutes ces dames qui s'évano~illent ; les u nes devie nnent rouge~ comme un écrevisse ' les autres elles se cachent les œils dans leur mou.choir '· les aut res, elles se mettent sou s le nez des p etits flaco~s où il y avait d u sel dedan s ; les autres elles se contiennent comme si elles avaient p eur de laisser échappe r un vent, - et moi je me fais comme ça e~ moi-m ême: « Ro sali e, y paraît qu e tu as dit une b êtise », _ Où en étais-je , monsieur P ick? _ Au moment, madame Dubois, où une de vos r éflexions sur le fond d 'un pantalon a fait se v oiler la face des dames de l' aristocratie, de la finance, de l'industrie et du commerc e r éunies dan s le sa lon de Mme de la R isto urne, épouse de l' ag ent de change. ~ Merci, j 'y suis. Quand l'émo tion est finie, ces dames se mettent à travailler, sans dire m ot. On aurait dit que je leur z'y avait donné le petite v ériole sur la langu e. Moi, je fais ~omI?e . elle et je reste dans m es r éflexions, et je travaIlle SI bi en que le fond du pantalon est recousu et que je le m ontre à Mme de la Ri stourne, en lui disan t : « C'est pas plu s malin qu e ça ;. l'ouvrage est faite )~. « Cette chè re madame. DubOIS, qu'elle r ép ercu te, c'est un ange; elle travaille com me une fée. Allons, m esd ames, lais sez vot re ouvrage, nous allons prendre le th é. » La b ouo nne arrive avec une cafetière qu 'il y avait du thé etun petit pot qu'.ü y avait du lait ded ans. Marne de la Ri stourne, elle v enait après la bouonne ; elle mettait le thé dans les t asses et elle les offrait à ces dames en leur dis ant comme ça : « Un peu de craèm e ? » . , , Quand c' est mon t our, Je r eponds a Mme de la Ristourne : f it . . ., . . « Si ça ne vous esa i n en , J aIm eraIS mi eu x , dans le thé, un peu de ni ôle que de .lait; Le thé c'est déjà fadasse ; si vous y mettez du lait, c est bon p our v ous .d onner la foire, et par ces t emps de carnicule, on sait
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fortune devant les hommes ~v:~~d~~e~~~rÎcl~ee ~~m;~; devant le P~re Eternel, ~u~nd la trompette de J éricho annoncera le J ug~m~n~ genéIal. _ Vous exagérez toujours, ma;dame u OIS. ul _ J' exagère ri en, monsieur Plck, .et c: tte , ~r~~t ~ de locat aire du troisièm~, t?lÜ vermmeu~ q~sses q ui cependant raison qu and Il dit q~e su~ cen ge nonante mobIles, il Y e~ a Passent sur la route en, auto irai t enc?re p ed ib us comme qui, sa ns la guerre, s en Irai [ambis comm e vous et vous et mo l. t t _ Le locataire du troisième n'a peut-être p as . or mad ame Dubois mais vou s m'obligeriez en le lal~san à ses r eêflexi exions saugre nues a, l' egar d de ces m eSSIeurs t t et de ces dam es de l' automobili sme et en m e co~ a y l a suite de vos aventures dans le salon de Mme e a Ristourne, la femm e de l'agent de ch ange. - Merci, j'y suis, monsieur Pick. Alors marne de la Ristourne dit comme ça « Vous savez, mesdames, qu 'il a été co nv:en u que, d ans nos réunions nous travaillerions, ce q UI n e nous empêchera it pas cie caus er. Commençons do~c? Av ezvous apporté votre ouvrage, madame DuboIs . » « J e ne sav ais pas, que je lui réponds comm~ ça, que vous m 'aviez t'invitée pour travailler, m ais s'il en e~t ainsi qu'ainsi, donnez-y moi ce qu e vous voudr~~, .et Je t âch erai d'y fair e pour le mieux à cause que J a l pas oublié mes.lunettes ». ' . « Ce1a.Yn!lbe bien, qu e r épercute m ame d e la RIStourne ; J al Justement un fond à rem ettre à un p antalon de mon mari et je vais vous le confi er ». . ,., ~t cet te dam e m'apporte un pantalon qui ét a it ~eJa use sur les genoux et qui av ait deux trous à la pomte des deux;,misphères; avec le pantalon, elle n:'apporte une empiece de drap, du fil et un dé, et elle dit comme ça : « Voyons un p~u, chère madame, de quelle façon vous allez vous en tirer », « J e suis pas t 'été élevée pour êt re t ailleuse, que je r éponds, m ais je sais qu and même manier l' aiguille et boucher les trous de votre homme , _ les deux du pan-
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bien quand elle commence, m ais on n e sa it pas qua nd elle finit », Voilà-t-y pas, quand j ' ai d it ça, q u e .c es d a m es recommencent leurs grima ces, qu 'elles s c m etten t . leurs mouchoirs sur les œils, qu'ell es tou ssen t c om m e SI el~e s avaient un chat au gosier , et q u e j 'en t e n d s Marne P In gouin, la femme du juge, qui se p en che v ers Mam e Can~rd : l~ femme du négocia nt en esp ic er ie en gros, e t qm lm dit comm e ça : « C'est vraime~t intolérable; je n e c ompre nds p a s q u ~ Madame de la RIstourne nous a m èn e d es p ersonnes qui ne sont pas de notre m onde », , Et Marn e Canard ne r ép on d s pas, m ai s el~c lev e. les y eu x au ciel comme J ésu s en croix, avec un aU',de d Ire. : ( Avalons ce calice, et qu e la sain t e volonte du SeIgneu r soit fait e ». ~t voi là M. de la Ristourne q ui rentre dan s le ~al on , qu~ salue toutes ces dames av ec un air à d eux a irs et . qUI s'approche de moi en di sant: (( Ah ! v oilà cette chère m adame Duboi s! com m en t allez-v ous, m adame Dub ois ? « Madame Dub ois, r ép ercu t e la m aîtresse d e l a m aison, m adam e Dubois n' est pas con t en t e . J e lu i présente de la cr aè m e, et elle préférer ait u n p eu d e li q u eu r », . (( M~is, j' ai un excellent rhum d ans m on cab in et , et Je ser ai heureux de lui en offrir » ( Ne vous se dérangez pas pour m oi,» que je fais . Mai s il .ne :n'écoute pas; il so rt, e t il revien~. av ec une b~utel11e ~ gros. ven t re, q u' il y av ait de~s,-:s L'image une negr~ ,qUI te~aIt un b etterav e et qui d isait c om me ça : ( Voila la meilleu re canne à su cre ». M. de l~ Ris.tourne .m 'offre un v erre d e r h u m, ~1.a~s un verre ~I petIt,. qu e j'ai eu p eu de l 'avaler avec 1 aliqu eur qUI y ava it ded an s. « Une p et it e r ép ét ition «, qu e fait M . d e l.a ~i s tourne . ( J am aIS deux sa ns t ro is et l' ainsi s a lt -Il a v ec la sa inte Trinité ». que je réper~ute en plaisant erie. E t ces dames elles recommencent leurs g r imaces, comme si je disais des choses indécentes .
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1\'1. de la Rist ou r ne riait en m e. donnan t le p etit v erre n u m éro qu a tre , et il d isa it : ( Cette ch ère m a d ame D ubois n' engendr e p a s la m élancolie. E lle a le m ot pou r rire en toute occa sion. J e comprends la vo~ue qu ' ?b~i enne~t ces. r écits, mis au jour p ar un m onsi eur q UI SIg ne Pick NICk. ( Oh! celu i-là, fait Mm e D uvinaigre, la femme du co nseiller municip al, il finira m al. On n e com p rend s p as 'q u 'il n 'ai t p a s encore ét é t r a du it d ev a n t le tribu nal c orrec t ion nel. C' est, d ans ses a r t icles co m m e su r le p on t d' Avignon : t ou t le m ond e. y pa~se e ~ t out le m ~mde y d anse en r OI.1d . Il ne re~p e ct e n ~n ; Dl les elu s d u su ffr a ge universel , q UI est la VOIX d e D Ieu, vox populi, vox dei; n i les gens r ich es, qui p a ient leurs im p ôt s, et sous cr iv en t aux em p r u n t s, q u an d on fait appel à leu r pat riot isme. Il jal ouse t ou t es n os céléb.rités, e t il n 'a p a s eu un m ot de regret qu a nd Ca rp en t ier, n otre ch a mpio n n a t ional a été b attu par u n Am ér icain . Alors , m oi je sens la co lère qui m e m onte d es est om a qu es à la t êt e, et je m e lèv e pour ne p a s avoir d e d is p utation s. « Mai s où allez-v ou s donc ? n, q u e m e d emande Marne d e la R istour ne. ( J e m'en y v ais, m a d ame qu e je r ép onds, à cause qu e je v eu x p a s .en t end re a b la gu cr m on si eu r Pick N ick, qui est m on a m i ~). ' . Mam e d e la RI stourne m e Iait r a ssire et ces d a m es elles d isen t , t outes ensem ble , et d 'u n co m m u n a ccord , qu 'elles n 'ont p as ,:oulu m e f àch er; q;Je mons ieu r P ick Nick est u n h onn ête h omme, q UI n a qu e le t or t d e gagner sa v ie en écr iv a n t des f.ll t ili t ~s , au li eu q u e d e sp éculer, com me tous les ~: o n n d ( s g.:'ns, Sur les p â t es ali m enta ires et sur les p etit C O C L Ol~ :) . _ Où en étais-je, monsi eur P ic k ? _ Au moment, m adame Dubois, où vous défen d iez votre vieil a m i con t re les a~taques d es d ames r éu n ies d ans le salon d e M. de la Rlst?Urne. _ Merci, j 'y su is . On en était d on Sur la disputation, qu ancl~l a .bou onne ouv re ~.a po r t e et a nn once co m m e ça : « Mossleur Oscar L abrise, homme de lettres )J.
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E t qu'on voit ent rer u n hom me q u i ava it un e gra nde rigu~ngote et de gr ands ch ev eux e t que ce s d ames elles se disent en tre elles ' « Le ',: oilà , c' est n~tre p oète ! » . ~t qu elles font des y eux m ou ran t s co m m e u n ~apI!l q~ll. mange du tnolet ou comm e un p et it ch a t q UI fait pIpI d.a ns le~ cendres . Vous du ss iez co n naît re ce t h omme, monsieur P Ick ?
~. P~rb~eu, mad am e Dub ois, s i je c on na is Oscar Labrise . C est un de mes ami s. Il p ond des v ers com m e une poule des ?=u,fs et , qu and il a pond u, il cr ie COC O rIC O, pour app laudir a sa pondai son. C' es t u n d esce nd?,~ t des t roubadoin-, et des trouvères. Il p a ie d e sa p oesI~ les petits ve,r~es et les repas qu ' on lu i offre . Seulem e n t , pou~ ses po esies comme po ur les en te rrem en t s, il a d es services de trOIS classes. E n troisième classe, il compose des cha nsons à boire, deu x ou trOIS couplets au plus. . , , En sec? nde class e, c'est une ro m a nce , s ' il es t invit é a un manage ~ u ~ e berceuse pour u n baptême, u n e él ég ie pour des funeraI11es. . En prem ière classe, à l'issue cl'un d îner p la n t u r eu x , il sert un mo nologue qui pro cure a u x conviv es ce tte somnol~nce, fille ,d'une digest ion p arfois la b o r ieus e Eh bi en, mo nsIe.ur P,ick, c'est just ement un momeau l<;>gue que ce ?1onsleur Il a dit à ces d a m es qu and monSIeur de la Rlstou~'ne lui eût r épercuté com me ça : « Ce ch er Labnse, mesd am es v a n ous d ire quelque . , chose d~ !lOUVeaU ~t de sa compo~ition », ~t VOIla ce Lab.nse qui se campe con t re la chemmee qUI I?asse une m~m dans ses ch ev eu x , qui lè.ve L'autre a? CIel, comme 1 estat ue de monsieur B audm, et qUI dit comme ça : LJ\ SU PPLIQUE DES MOINEAUX M ONO L OGU E
Nous, pi er rots et moineaux des pla t ea ux d u Jura Présentons humblement cet t e p auvre su p p liq ue Au digne président, au premi er m agi strat Qui gouverne, à Paris, si bien la R épublique.
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Ci t oy en s em plum és, n ou s som m es les moin eaux Qu i jamai s a u x hum aI~s n 'on t cherc hé de q~ erelles , Oui ni chent sou s les t oits, trottent sur les cr enea u x , Ab rit en t leurs a m ou rs d a ns les trous d es poutrell es; N ou s som m es les moineaux a u x gestes ca r es sa n ts Qui, sur les g ra nds ch em ins, .arrêt en t les. p a ssants Pour r éclamer un p eu d e p ain o u d e bnoch e ; Et p our faire plaisir, parfois, à qu elque mioche Nous nous lai ssons gaiement ch oir dans le t r ébuchet. Humains, quand le Printemps agit e son a rchet Vous saluez bi en b a s la rapide hirond ell e, Ou'on rega rde p artout comme un oiseau fid èle, Comme un por t e-b on? eur v ér it ab le, - et p ourtant L 'hirondelle vous quitte a u sou ffle d e l 'autan, Tandi s que le m oineau, près d e vos m aisonnées, R este l' h ôte a ssidu d u bord d es ch em in ées Et sait, sans m urm u rer, a ttend re le r edoux. Ah! m on s ieur Millera nd , de grâ ce écou tez-n ou s ! Que sou ffle le Zép hir ou q u e b rille le givre, Il fa ut, a u m oin ea u fra~c , qu elque chose pour vivre , Ouel q ues m iettes de p am, le soir, et , le m a t in, Oue1q ues grains éch ap pés du fond d 'un picotin Qu elque a v oine p,arf ois, plus ou moins ?igér~e, D ans le ... do s d une v a ch e ayan t la d iarrh ée , Ma is sur t ou t ce qu 'on trouve aux cr ottins d es chevau x . Monsieur le P r ésid en t , h éla s ! d es t emps nouveaux, Les t emps de la chim ie et de l 'automobile, Mal gré notre sa ng-fr.oid nou s ~ait ,t our?er la bile Et jeter, d ans les airs, ces cris d esob h ge a n t s : « Voici v enir l' auto, tueur d e p a uv r es gens « L 'auto q ui v ou s écr a se ou v ous p ren d à la gorge « Sans laisser, en p assant, t om b er q u elq u es g rain s [d 'orge. » L es chars ont disparu, di sp a ru les chev a u x Qui donnaient à manger d e l 'avoine a ux oiseaux!
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Sauvez-no us , Pre'~:>I' d e n t q u .u n b o n d ' t b li ' ec re 0 Ig e T ous les chauffeu rs d' ' t au a q UI son t pris de v e rtige, A manger a d ' Sur leur pa~sa e~art de l' avoin~ ou d es b lés . B énir ont en g alors les m omeau x rass e m b lés m.a ?lgl ea n t , v otre m agi s t ra t u re Q ui sait' a ux • 01 51 ons p Et fa it substi t re curer l a p 'âture L a cr ott e des ~~r, ~our les p etits m o inea u x , au leurs au crot t in d es chevau x.
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. - Qu e dites-vo us d * * , . . es vers d Osca r L abr ise, monSIeur P ick ? , -:- J e dis, m adame Db ' , · . ete m oin s longs et u. OlS, qu e, SI ces v e rs a vale n t ma ms nombreu x , m ade m o is ell e Cr oche a urait pu I en , j e vo us en p rie es mettre en .m u~ i q u e . Ma is fin iss onsla Ristourne hist 3;vec votre histo ire d u tl ré d e Mme d e long ue. ' a ire que d 'aucuns tr ou vent un p e u -
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Merci, j 'y su is.
Quand Oscar Lab r ise
fi ' , ' d ames, .- qu i se voihien a 10 1 d~ r éci t er ses v:ers, . c~s des plai sa nteri og l ' t les deu x fa ce s q u and Je (lISaIs en - ituil volent t i en d isant qu'il fa. lla . fai dl essus e tI c r e m b rass :Mlle Croche lui m ou :~I a ire une es t a t uc , t andis que '" a l Su r la t ête une c ou r o n ne d e ca rcaillats. . Alors M. d e hl. Ristou Labr ise devan t la ch , ~n; Il.se m ot à la pla ce d' O scar emlI1 de papiers et il dit c p.e, Il sor t d e sa poche un t as IV'" d omme ra . cc l res a mes, après 1 . " . la p ro se, après f'agr é eb[ev; l?- r éalit é, a près la poésie por t és au ciel Sur l'ail~ de 1 II tIle. Labri~? :lOUS a ,t r a n svou s S'.1r la m isère des e. sn mus e, e t J a l pleur e avec t u re du fait de l'aut~~~~~i~ o rsea u x , privé~ .de nourrid ames, c t veuillez; p rê t 1 ISIne. . Soy ons se r ieu x , rnesje v a is vo us exp osèr. cr u ne or eille a ttent ive à ce qu e (( Vous save z que le cha b . savez que no" m ines on t ' t \ O,Il est ,cher , t r cs c h er; v ou s nos en nemis et que 1 e e dev~stees p ar les Allem a n d s, vo ulu nous v oir ac e es An gla IS, nos a m is , n 'ont p a s d e M. Ll oy d GeorgeUpe~t lfa hu r . Que la sai n t e v olo n té SO I a it e ,
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cc E n p rése nce d e la p énurie d e char b on d es h ommes ·s ér ieu x on t songé à u tiliser les forces du R h ôn e à former un.l a c d e G énissiat à E ssertoux, à fa ire d e Bellegard e, qUI va p er dre la douan e, un grand p or t com m ercial. « Mais ce proj et d emandait b eaucoup d e t emps et b eaucoup d ' a rgen t . « Nous ét ions d a nsTa plus cruell e d es p erplexit és, qu a n d un h omme intelligent, un esp r i t g énial, est v e n u offr ir à la Soci ét é fin a n ci ère don t j ~ su is l'humble r ep r és e n t a n t , un p rojet qm p er m ettr a a la France d 'avoir à bon com p te la lumière et l 'énergie et d e se p a sser d es charb ons d e la Rhur et d es cha r b on s anglais. « Il s 'a g it tout s im p le men t d'utiliser les cou r a n t s d' air d es tunnels p ou r obtenir une force consid érab le _ fo r ce su r la quell e les circulaires que j 'aurai l 'Ii ormetrr d e vou s r em ettre tou t à l 'heure, v ous donneront d e p r écieux r enseig nement s. cc Osca r Lab risc a l'éloquence d es m ots; moi , j'a i l' éloq u ence d es chif-fres. « Savez-v ous, mesdames, combien l 'u t ilisa t ion d es cou rant s d'air d es t u nnels donnera d e H . P . dan s le s eu l a rrondissem en t d e Nan t ua ? « 2 5 . 0 0 0 chev aux ! I O .OOO L e courant d'air du tu nnel du Cr édo, I. OOO L e courant d'air d u t unnel d e Ch â tillon, I .OOO L e cou rant d 'a ir d u t u n nel d e 13; Crotte, 2 .000 L e cou ran t d 'air du tunnel de Sila n , L e cou r a n t d'air du tunnel d es Grands-RoI OO chers (pour m émoire), L e coura n t d'air d es tunnels d e B erthian et 1 0.000
-d e Bolozon. 2 .000 L e cou ran t d 'air du tunnel d e Roucouze , d'air du tunnel de Ceyzériat, 1. 000 L e courant . Au total: 2 5 . 000 2 5 . 0 0 0 chevau-,:" q~ll ne m angeront p a s d ' avoine e t qui ne de~ro n t rien a p ers~nr~e. cc L e p nx du H. P. va di minuer d e m oitié. cc T ou t es les industri es accou rron t d ans notre r egion fortunée où l'on a ura la force et la lumière, sans se 1
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soucier des séche resses, des inondations, d es coups d e foudre et d es avers es de neige. d 'a ir« La Société po ur l'utilisation d es co u ran ts , S des ~onctionnera incessamment. Les , ~C ~l~~s et lestunn~ls obllfTa tlOns sont à l Trn p r-c es io n. L e s unes c, au tres son t1:> su rmon tées d< 'une belle gravure d ue a, l' 1Hus-A tre dessinat eur Pierre Afcu ct représ en te Eole d écl w Inant les ve n ts à la p orte d 'un sout er rain . . ' « Les actions, SUr lesquelles j 'ai m a p et ite c om nuss io n, sont de 500 francs payables en sousc riv a n t . . « Qui de vous, mesdames refusera la fortun e ? qUI , de vous ou de vos époux refusera d e prendre d es t i' t r es de la Soci ét é pour l'utilisation d es courants d ' air des tunnels! -« Et cela vous rapportera le 32 % ». . Ayant ainsi parlé, M. de la Ri stourne a t ten dait une réponse, m ais ces dame~ ne r épondai ent p a s. Au contraire, l'une. demandait Son ch apeau, l'autre s on manteau, celle-Cl Son parapluie, celle-là son ombrell e. Elles s'en allaient vers la porte, comme si elles avaien t cramt de s'enrhumer dans les cour an ts d'air d es t unnels. Alors monsieur de la R ist ourne me dit comme ça : « C'est à d ésesp érer de l'avenir de la F r ance ; et vous, madame Dubois, ne ferez -vous ri en pour l'a v enir d e la France? » (i Moi, que je r épond s, je n' ai plu s le sou . Cependa~t vous du ssiez reprendre mes ac t ions russes ou m es obligations -turques et autrichiennes et l 'on p ou rrait s 'e nt endre. Au.t ren;ent, b.erniqu e ! Le percep teur m e taI'au~e pour me s Imp ots qui sont triplés et je n 'ai pas e~c ol e pay é à m on boulan ger le pain qui est à 24 sous le kilo ll _
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CHA PIT RE ,XXIII
U n Lun di d e Pâqu es
. ' . uand on est vi eux, on ne fait - Mon sieur PI.ck, q C' ét it b on au temps des a ut re plus la lundi de P aques. es adire et j'en ai d'honte que ' d t Y faut vou . P ' ues en pleme gu erre. foi s, Cep en a n , j'ai fait la lundi de aq'ble' madame Dubois ? - Ce n 'est p as pOSSI , '" di t monsieur Pick, en je vous Z J ' , t - C'est comm~ d s circonstances et er nua? es, P leine guer re , m ars avec te 'te' du t roisième q UI est . , p our parler com me le re TaI C
t a u)' ours p ar le -
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tribun~1. iens de lire le comp te -re ndu , d ' o.u ç;t ,'J e'reVIedes 'blés, et j 'ai besoin
Co ntez-moi.
d e la Chambre et 1 A~~a: Vous avez la parole, Rosalie. -blier ces vilaines ~ffall e :là-t -y pas que, po ur la v en- Mon sieur, Pick, Valtrer chez nous Mme J oset~e dredi ' sainte, l'Je l ' VOIS ' en ' t' a' Lyon . E t qu 'elle m e dit Ducoin, celle- a a qUI a e e C
comme ça S"maginez qu e je monte, ce « J e suis toute chose. \ je vois qu e j 'ai plus de matin, dans mon gremer fe id et qu e le boi s coûte les fait sciure, et qu "1 1 al en core rOI d ils disent comme ça qu 'ils y eux d e la t ête. Les m~rcha~a~~ier ; qu e, si on en veu t , n 'ont p as le t emps d en c ds sacs et une charre tte », on vi enne en chercher avec e
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t . Oh '! qu e je lui fais , on es t 1age" a 1a mem e InSIcyne e11 Je C;OIS qu e la veuve Pied et la mèr e Quinque~ne' e es n le n ont pas non plus , On pourra it s 'entend re: All ons es causer. C'est a n t rouve la v euve Pied q UI. it 1bon, on part " ~~:~iln a~~~Uts a, son c~at et qu i dit qu 'elle est de la elle di t qU'eÜe ~~~e Qumqu ern e, qui mettait sa sou pe, Le lend emain "t' ,et on se ren t re chacu n chez nou s. toute la journé~ ~ec~It don c la sa medi sa int e, on p a sse et on en a trouvé L eJ~her un e charrette et des sacs , le lundi on s'e . b e irnan ch c, on va-t -à la m esse et fesait u~e bise q~i arque pour les Ney ro lles, que ça ' vous fesait serrer les - Am , mad am e Dubois, ... ' , - Vous dussiez comprend ' '. nou s voyant passer 1 l e, I?onsleu~' P lck, qu ~n ét aient sur leurs po' te mon de qUI sont SI m échant, Ils , , disaient com me ça r es ou en, fen êt re, e t qu "11s n ous " ' pour savoir : cc 0 U S en allez-vous ). » . Et nous, pour se ma ça : quer, on leur r épond a it co mme A
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« On va, à Bellagarde priser. )) , pour achete r d u t abaque à
On va à Pl ag nes ' Clerc l h er des choux . )) Cret éra, cœtcc éra. Mais on a su qu i a des . sous à des gam ins po ur gensses qUI ont donné des où on s' en alla it. nou s ecorn ifler et p our savoir Bon, on a rrive aux Ne roll comme ça : y es, et le scieur, il n ou s dit cc Vous du ssiez avoir cha d E un verre n. u . ntrez donc trinquer
On ent re ; on t rinque' on ' . ' remplit les sacs, et on dit comme ça : cc , C'est bien t ôt pour rent ' .. ' Clair ? E t puis on fera le . rer. SIon allait VOIr sa.irrt qu'on a dans la copette )).s qu atre heu res avec l 'a rgent y faut vo us dire, monsieur Pi ' " au x cinq cents toute l'hive ' ck , qu on av a i t Joué qu 'on avait sept francs ci r, a d:ux ,sous la p artie, et nq sou s a dep enser.
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B on, o n va v oir sa int Clair, et on va dans un câfé et
~!1 fa it les petites quatre heures. Le vin ét ait b on, si
Ien, que la m ère Quinquerne, elle ét ait r ou ge comme ';ln .ecre v iss e et qu 'elle se m et à racont er quand elle ét a it t om b ée a m oure us e; et com ment elle avait fa it une farce à son ho mme, cœ t éra, cœt éra. J e clis com m e ça : « S'en a llons-nous. La grande a ir nous fera du bien. Et p u is il n ou s fa u t encore charger les sacs sur la charr ette et s'en retourner à Nant ua , qu e ça n'est pas près. Bon, on a r ri v e ch ez le scieur, qui nous d onne la m ain pour charger les sacs et q ui nous d it comm e ça : cc Qua nd on a b ien t ravaillé, il faut boire un c ou p . Que eliriez-vous d 'u n petit verre de ni ôle? » . Moi je voulais p as ent re r ; m ai s les au t res, elles m e dI sp u t en t , et elles m 'a pp ellent lâch eu se. Le sc ieur p aye la goutte et puis u ne au t re, et pu is ~ne, a u t re . Les a u t res t rinquaient , trinqu aient . Mo i, J' étais dans l'indi gna ti on et je leur z'y dit co m m e ça : (C Vous n 'av ez pas d 'hont e ; on ne ren t rer a p as avan t l a n uit s i ça co ntinue. S' il n 'y avait p as les sciures à ch a rrier, je m 'en irai s t ou t e seule et je vous planterais là. Alors o n va à la charrette, et voil à-t-y p a s que la I~ère Quinquerne, au li eu de p ou sser avec n ou s, elle ~lt qu 'elle ne p eut plu s m a rch er rapport à ses rhumat is ses ; a lo rs on la m et sur les sacs, et pour qu'elle tombe pas, on lui m et des cordes au t our des est om a ques. Et n ous v oilà p arties. C' était lourd' à la mont ée du cemit ière, on ét a it toutes mouillée~ de chaud. Et voilà-t-y p as que, quand on arrive devant la nouvelle h ôpital, qu'il y avait les bles sés qui r evenaient pour la sou pe, la m ère Quinquerne elle se m et à crier : « Vive la France! vivent les soldat s ! à b as 'les Boches! L es soldat s y se tordaient comme des éch a t ou t s dans le filo chon, et , quand on a rriv e dans la rue N euve et d~?s la. rue du Collège, j 'étais t oute b eigne d 'honte e t d ~motIon en en tend a nt la m ère Quinquerne qui zhurla.it :
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Encore un p etit pot de vin Pour nous r emettre tous en train J 'avais b eau lu~ dire p~:mr faire finir l' esca'ndale : « Voul.ez-v~ms bI~n se taire ; vous faites rire le monde » r elle con t m u alt t ou jour s . Enfin, on arrive chez elle ; la d écharge avec ses sac s et on se r entre. V,ne .heure après, tout le monde savait ce tte histoire ' ~n. était pa~ les la ngu es, et les gamins ch antai ent su; 1 air du Cla21 de la lun e: C' est la m èr e Quinquerne Qui av ait son plumet Qui, malgré sa lanterne . !rou:rait 'pas son luqu e/ (*) MO.!!,sIeu:: PI ?k , je suis restée une sem aine ch ez nous ~ant ) aVaIS d honte ; t ant qu'à ' la m ère Ouinquerne ' Je I'ai p a s p arlé de p uis ce t escandale .
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M ad am e Dubois e n a ' lt om obile
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(*) L uquet pour l oqu et (voir le p etit Larouss e Bugeysien) .
CH :-\P IT RE XXI V
_ Monsieur Pick, je suis hét é en aut om ob ile et on n e m 'y reprendra pas. - ? - Oui, en au t om ob ile . _ J e vous écou te, Rosalie. Parlez po sém ent com me si vous ét iez devant le Christ qu 'on a enlevé du Tribunal et jurez d e dire la vé r ité, t oute la vé rité, com me si v ous faisiez une profession de foi électorale. - Je le jure, monsieur Pick. - Très bien. Commencez. _ Dimanche dernier, que j'étais à faire, pour mon d éjeuner, une fricassée de truffes en l'honneur de la fête d; J eanne .d 'Ar c, j'entends, da10s la rue, une t~ompette d au t om ob ile qui fes ait un potIn de .tous les diables. Je me m ets en fen être et je vois, devant chez nous, une b ell e voiture qui luisait au soleil comme mon pot à beurre fondu quand je lui fais prendre l' air sur le t rettoir. Qu'est-ce que je vois dans cette automobile ? Mon propre n eveu J ean-Marie, çui-là là qui est à Lyon dans l'espic;erie, avec sa femme que je connais pas, mais que cl?It être elle, p uisq u' ils m 'ont invitée à la noc e où Je S UlS p as é té rapport à m es agac ins ct à mes rhumatisses.
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Où en étais-j e, monsieur Pick ? - Au moment, madame Dubois, où v ous déc ouvrez , devant ~otre porte, .une automobil e, et, dans cette a u tom obile , un monsieur que v ous re connai ssez po ur v ot re neveu, ave c son ép ouse, probablem en t - Mer ci, j'y suis. . . « Bonjour, ma tante,. » qu e fait J ean -Marie. « Monte dont, » qu e Je lui rép ond s. . « C'est vo us qu' il faut descendre. On est ve nu vo us prend.re pour v ous mener 1?romener où vo us v oudrez li . , « SI tu ne montes p as, Je n e descends pas, li q ue je repercute. C'est bon, il monte. .Je le r embrasse et il me fa it r embrasser sa femme, qUI s'appelle Ug énie et que ' êt it biien la si .P' c e al a Sienne, a cause que, monsieur ick il p arait 'est t ' l f ' ' que c ,e~ pa~ oUJ ou::s eur emme a eusses qu e ces automobil ist es Ils emmenent en b allade. Alors je leur di s comme ça : «. Assey~z~v ous dont. on va déj eu~er. Ça aurait ét é m eill eur, SI Je v ous avais attendu . Mals on m anger a à s a faim, quand bien li . « Vous vo ulez ri r e, qu e fait J ean- Marie. On vous em mène et on mange à l'auberge li . « Mais tu as dont fait fortune ? Tu sa is, j 'a im e pas ça », (~ N 'a.>;ez p,as, peur ; l'autom ob ile .est à mon patron , qUI me 1 a pret ee p our venir vo us VOIr et qu i m'a d ' 'fi 'ti onne un e gra~I ca lOn .p ou,r ~ue Je :'~us paie à déjeuner. Vous savez bI~n que Je n a l ga/?n e a la gu erre qu 'une balle de po itr in e . Allons VI't e dans la Jambe et un e flUXIOn . ' , ma tant e, parto ns li . . C'est b on, je me lai sse faire . J e me met s en dirn l i d escen d s d l ' '1 anc le e t Je . l ans' .a rue ou 1 y ava it , au t ou- d e l ' au t 0mobile, tous es VOIS111S avec la veuve Pied ' av ec 1a m el ' ,e , . Q~111quern e, . ~:vec mam ezells ,Qu111zonces, avec le lo catal~'e ?U, rrorsieme qUI ri can ai t comme un e serpen t et qUI di sa it a ux autres to ut bas : « Il s vo nt bi en les Duboi~ ! Où est-ce qu'ils .on t :volé t out ça ? li ' C ~st bon, Jean-~I~ne far.t aller la trompette de l'automobile et nous voilà partis par la ville. Moi je disais
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b onj~ur à t ou s les ceusses qu'on rencontrait, parce que, m on si eur Pick, je n 'ai jamais voulu p ét er plus haut que mon nez et je n e suis pas de ceusses qui pensent qu'y z.' ont changé d e pea u quand y z'ont changé de robe et changé d e cervelle quand y z' on t changé de ch apeau. C'est pas le p oil qui fa it le lap in. Et c'est pas parce que Rosali e Dubois se promè ne en au tomobile que ce n 'est plus Dubois R osali e. Avez-vous compris l'ap ologe, mon sieur Pi ck ? - J 'ai co mp r is. Vous pouvez continuer , m adame Duboi s. - C' est b on. Une fois qu'on est sorti de la ville, vo ilà l'autom obile qu i part comme le diable. « P as si v ite, q ue je fesa is à J ean-Marie, pas si v ite ; tu vas écraser un e p oule , tu v as me faire r emon ter mon café au lait ». Mai s lui ri ait comme un b ossu qu'on a foutu droit, et il all ait plu s v ite encore . . On passait par les v illa ges, où les vacl:e~ s'ensau; al ent en dr essant la queu e, où les po ulets erraient en .s env olant, o ù on n e voyait plus de chien, à cau se que le~ a u tomob iles ils les ont t ous massacrés comme le rOI H érode il a massa cr é les petit s chréti ens, le jour de la Sai!1t -Barthélem y . . , . . E t on r en contrai t des tas d'au t omobIl es qUI passa,le~t av ec un e v itesse vraitigineuse, et Ugénie me d isait comme ça : « Vou s savez pas, ma tante, que, san? la gu erre, sur cen t individus qui ont des automob~les, il y en aurait nonante qui marcheraient encore pedibus c'II1n [auibis pour all er dîn er sur l'herbe. li C' est bon . On arrive devant une belle auberg e. On m et l'automobile sous la remis e. On entre dans la salle à manger où il y avait beaucoup de gensses. On se m~t autour d' une petite table où une bouonne apporte trOIS couvécl es. . .Je v eu x pas vous dire ce qu'on a mang é, m??sleur Plck . J e su is pas des ceusses qui vont dire ce qu Ils ont avalé aux autres qui n 'ont dans les estomaques 9. ue des truffes ar i ées ou de la soupe aux grues; ce qu e) e p eux vous dire, c' est qu 'i l y avait du pou let , un e tat~e au::: épinards et des œ ufs à la n eige et que J ean-Mane, qUI
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n 'est pas pour rien le neveu de son oncle, buvait comme un trou, . b . Prends garde, qu 'on lui disait avec Ugénie , tu OlS trop . Tu'.yas être~~ patafioule, et tu nous m ettras dans un fossé », . Mais il nous répondait en r iant : . , . (1 Ça n e craint rien. Quand le vin est tiré, Il faut le boire. Qu and, par hasard, on a bu un bo? cOl~p, on est heureux. On a env ie de chanter. Or: crOl~ qu Il y a un bon Dieu et de braves gens. On croit qu on a gagné la gu erre et que les Alle~an~s vont payer. On croit qu'on est président de la République.i. ~t on ne pense pas que le lendemain, pour gagner sa VIe, Il faudra recommencer le turbin. Enfin, on prend le café et le pousse-café et on repart. Si vous aviez vu cette descente, monsieur Pick. J eanMarie chantait comme un ros signol et m enait la m achine si v ite que le vent a emporté le qui volet de"mon bonnet. On arrive au .tournant d'un chem in et, patatras, nous voilà tous trOIS dans un fossé où il y avait de l'eau que ça nous a empêchés d' être blessés. Qn se sort de là tout trempes, J ean-Marie, que ça avait dégr~s~, ~a cherch~r deux bœufs pour tirer la voiture qu~ ét ait tO'":te disseloqu ée et qui a fallu que les b œufs Ils le ramenent chez nous tout doucement av ec nous ded ans, ce qui fesait rire les uns et dire aux a~tres :.«A1l: l,en ;oi~à qui se sont foutus par terre. C'est bien f~It, SI II~ étaient comme nous et qu'ils ri'ayent pas d automobile, ça leur serait pas arrivé cœtéra cœtéra ll . ' , Et ~e ~oir, quand )'ai ~té ~,an~ mon, lit et que je repensais a tout ça-la qUI m etait arrivé dedans cette journée, je me disais comme ça : « Tu vois Rosalie, ce qui arrive aux orgueilleux et aux fierpets. y se croyent au-dessus du monde et voilàt-y pas que le bon Di eu les punit en les m ettant dans un foss é, Tant haut le matin, tant b as le soir. Y en a qui ne chanter~nt pas q~and les trompettes de Jéricl-;o sonneront l h eure du Jugement gén éral dans la vallee des larmes JJ, ' .
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CHAPITRE XX V
'O ù il es t d émontré, p ar M adam e Du b ois , que la p êche, c omme la chass c , e ngc n dre tous Ics v ices .
- Monsieu r Pick, c'est d em ain la p êche. Avez-vous odro nné v otre bate8;u? " , g _ Madame Du b ois, Je n al rn b a rque ni go dron, langage spécial co m m e vous di tes d ans votre " , ' et je ne ~ Ile suivant l'usage antique pratIque p ar les diletten t i p ec , '1 ' e d ans les nasses, les pam~rs et es filets d es artistes ;~ des prafessionn~ls. Pal~ ailleurs, on ~, p a r aît-il jeté d s le lac des p oissons etrangers, et Je craindrais, si ie j: êchais enc ore de t rouver, au b out ,de ma ligne, un J oi~son d essal é, a~ pI:opre et a u figure, ,de ,ceu x qu'on ~et confire d ans l huile. Madame DubOI S, Je ne p êche plus. , . P' 1 _ Vous avez .r arson , monsIeur , IC c, p arce que la ~ 1 c' est là m ère .de tous les VIces. pee l e, , R l' ? Vous pl aisantez, osa le : , _ J e ne pl aisante 'p'a~, monsI~ur PICk. ~e sa~s ce que , ' J'e sais ce que J ai vu et t en te ndu , Je sais ce que Je sai s, .' . dl t " ~ dis, - et Je dIS qu etsi mOI!;t e l';~t n avapIt p as pêché J'e la ligne et autre I?en , :;tu leu ( e r~ au urgatoire a àex p ier ' . ses fautes " Il serait ill au ' P aradI s avec les a nge s , l es a pa~ t res et les di x m e VIerges.
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- Allons, R osalie, vous all ez enc ore faire vos jér émiades à l'endroit de feu v ot re ép oux , le do n Juan des cordonnier s de la r égion. _ Mais vous ne connaissez pas l'histoire du godron, monsieur Pick ? J e vais vous la conter, ça m e soulagera parce que, voyez-vous, m al gr é quarante-et-cinq an~ passés, j'en ai t 'encore gros sur les est omaques. - Contez, Ro sali e, contez. Nous avons une heure avant que tinte l' angelu s au clocher qu e M. R egimbald entrepreneur et représentant du peuple, enta Sur les assises du vi eux beffroi romain détruit par un in cendie. - Monsieur Pick, tant que c' ét ait pas la p êch e, je pouvais encore ~enir J ean-Marie. La p êche, c' était pour lui comme le prmtemps pour les chats et pour les petits oiseaux . La p êch e, c'ét ait un yrétesque p our sor t ir et p our ne rentrer que le lendemam. Et qu and je lui disais: « Mai s tu ne p êches pas la nuit ? »; « Non , qu 'il r épondait comme ça , la nuit, je ne pêche pas, je god r onne », Et il pren ait son pot de godron, et il s' en allait en chantant la Nanette d' E challon. En 1869, ça n 'en finissait plus. J e ne le voyais jamais ch ez nou s. Quand j'allais le chercher au cabare t, on m e r ép ondait qu 'il v enait seuleme nt de sor t ir, et je n' osais p as int erroger les voisins . Le m onde ils sont si m éch ants qu'ils auraient été contents de me vo ir dans la pein e et quand on parle de ses chagrins à un qu elqu 'un ou une .quelqu'une, c'.e~t cor;nme ,quan.d on pète dans la vestibule de la mame : c est z un nen en com me nça nt et ça fait ensuite un bruit du diable: Un jour, je me dis comme ça : Rosalie il faut que finisse; iJ y a un? aig~1Ïlle sous la ro che: et je v a is ~~ bord du lac} ct JC VOIS que le bateau de mon horm ét aa irtt pas go clro rinc' c tt q u "11 m ' avait . fait des m cnntce, 1'1. n ' e à
n es.
Alo rs je revi~ns c,h ez !10us; je prends le pot de godron qu e J ean-Mane n avait pas emp orté ce jour-là' j r etourne au b ateau et je le godronne moi-m êm e, à Üre~ la-rigole. Le l endema~n , J ean-Marie r entre à. la pi qu e du jour. Il se c ouche, Il s endor t , et , quand Il est endorm i, je
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v ai s visiter ses hab its et je v ois qu 'il a du godron au fon d de sa culotte. « Bon, qu e je me. di~ comme ça; t u as t ro uvé le p antalon m âle, allon s VOIr SI tu t rou veras le p an t al on fum elle, et nettoyer les coch onneries de m ôssieu Dubois », l e v ai s à la bu anderi e ; je lave le god ron du fond de mon ho~me : t j; l'é.tendais à l' ét endoir du pré Lan gard, qu and Je .VOIS t a~TIve~, avec yn p antalon sur le bras, une demOIselle qUI avait un air à deux airs , qu e c' était donc la fille de. la s~ ur du mari de la ve uve P ied. J e m'approch e et Je V ~I S, qu; le pantalon de ce tt~ demoiselle Il avait encore a l en dr oit des deux mi sphères, des m a~'que s de godr on, parce qu e, vo yez-vous, monsieur Pick, le god ron sur le pantalon de femme c'est comme: le noir, chez les nègres, ça ne part j amai~, et il fau dral~ leur z e nl ev~r la. peau p our qu'ils soyent bl ancs. J e m ~pproc h e et Je dIS comme ça : « Bo njour mamezelle. Vous se portez bien . Vous faites pt' être la. le~s~ve . pour l a m êm e ob jet. Moi, c'est pour du godron qUI était au fon d de m on homme' v ous c'est sans doute p our la même sa loperie ? » , , ous vo ulez dire ? » que m e « l e ne sa~ s pas ça .qu e fait cette creat ure qUI devient rou ge comme un n 'hom ard. « E h bien, je vais vous ex pliquer la chose : Le pan talon de mon homme, et, votre ,pant al on, à v ous, ils son t tous deusses marqu es a la meme end roit des deux mi sphères. parce qu e vo us s ' ê ~;s a?sis to us deusses sur la banquette du ? ateat~ que J av ai s god ro nn é mo i-m êm e, en per sonne, Ill er SOIr. . . « Et pour qu e mon ex plicat ion elle vous ent re bi en dans le fond du cotévct , voilà r r- que je vous offre 1 » E l j e lui envoie ~' lI l1 e g ii1e, s i li li, i1~l:l ; t qu e le s chn~es qu i lavai ent la ICS? IVC. da ns la Doye,'près des Salignons, elles ont cru qu e c ét ait un ro cher qUI tomba it de I'Arba·léte. . II d . Alors cette dem oise ~ ev ien t autan t blanch e qu'elle ét a it rouge avant et qu elle me dit comm e ça : « J e ne ré~er~ute pas, p ~rce que vous n 'en valez pas la pein e; m ais Je vous traîn erai devant les tribunaux ,
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et vous v errez bien ce qui vo us arrivera. » « En tout cas, que je lui r éponds, vous n 'aurez pas ce tte pièce à la conviction. » Et je lui p:end,s son pantalon, et je m'en sauve par les T erreaux, Je m en file par un collid or, et j'arriv e chez nous p endant qu e ce tte demoise lle b êlait, com me une ch èvre qui a p erdu son cabri : « Mon pantalon! mon p antalon! »
b a nc, puisque vous êtes salopés tous deu sses à la m ême endr oit », . « C'est ce qui bu t pr ouver, que fait Dubois d'un ton qu'aurait di t qu 'il pa rlait da ns une ar rosoir sans eal: . J~ « Ça sera p rouv é, qu e je lui r étorque, p arce qu e .J'al giflé ta bonne amie 9.ui v~ l;l'a ppeler ~evant le~ tnb~l naux et que ça va t etre d r ôle quand Je m ettrais, sous le ne~ des ju ges, la pi' ce à la co nvict ion », « Quelle p ièce ? que fait Dubois. « Et, pardi, t on pantalon et le pan t al on de t a par t iculière, qui sont t ous deux m arqu és de godr on .a u x deux misphèr es. Il en est assez resté pour que le Jug e voye bien que ce n 'est p as d e ,confit ure d e gros e~llé s; « Tu ne feras p as ça , qu e r ep ercute J ea n-Man e. « j'y ferai, qu e je r étorque, aussi v rai que je su is la fille de m a m ère. J e t 'ai jamai s ri en dit, j'ai t ou t a valé ju squ'au jO';lr ~ ' auj ourd 'hui ; j'ai J'occasi on de m e rev an ger et Je m en sers . Ah ! com me on va rr re quan d je mettrai les pi èces à la convict ion sons le nez d u juge a uparav ant d e la m ontrer au public comme des drapeaux. D 'abord , ça ser a plein d e m on de, p ar le tribu nal. J e me c h arg e d e fa ire ta mbou rn er l' accident par toute la ville. On viend ra om me ft l'esp cct acle au t ribunal ; jamais on aura tu nt ri. « '1'11 Il ' feras pas ça, qu e r épercute en core Du bois . « Et qui m 'en empê liera, si vous plaît ? que je dem an de. Alors Dub ois, il se met à bredouiller; à dire des b êtises com me les hom mes 9ui sont clans leur tort, et il fin it p ar dem ander ce qu'il fa llai t fa ire p ou r que je ne fasse p as de l'oscandal _. . . (( Ce ql11 fau t ra ire, que JC lui ré ponds , il faut aller cherc her ta particulièr e; t u l'amen ras là , clans cette chambre, devan t le portrait l:e mon pèr e ct do rna m èr e que le bon Dieu ga~-d e en b œl 1 ( p os . Vous se m ettrez à genOUX de:ra.nt moi, et tous deus ses par sns em ble et les m ai ns join tes, vous me demander ez pard on d e ça q ue vous avez fa it )!. « C'est ton de rnier mot? que dit J ean-Mane. « C'est mon dernier mot. J)
_ Où en ét ais-je, monsieur Pick ? - Au .:nomen t , m~,dame Dubois, où, pours~1Îvie par les inv ec tiv es de la m ece de madame veuve P Ied, vous v eniez chercher u n refuge dans votre logis. - Merci, j'y su is . Donc, je m e r entre; je m'assis dans mon fauteuil pour m e d ésésouffler; j' e~tends m arch er au premier; j 'entends m~m homme Q';l1 ,de~c end par l.es , escalie rs et que je le VOIS ent rer , qu Il était to ut h abill é, m ai s qu'il . n' av ait p as de pant alo n. « Rosalie, qu 'il m e dit com me ça, est-ce -que c'est toi qui m'a p ri s ronon, pantalo~ ? » . . . .. « Oui, que Je r eponcls, c es \ .m Ol ~lue Je, l a l p ri s p our l'em p or ter laver , rappor t qU.II était plein de godron . E L que j' ai profllé d e l ' o c~ aslO~ po ur . faire la lessi ve à u n p a n talon cle femm e, qUl ava l t a ussi du gor/ l'On à son postér ieur. Pt ' êtrc bi en qu e t~1 le c O l1 m~ i s ? " « J e sais pas ça que tu veux dire, que fait J ea n- Marie » • « E h bi en , I?oi, qu e je fai s, je ~ais . ce que je dis. J ~ dIS que tu.es t \ln sa ns cœ ur e t un sa ns n~m. J e S a.I S que t';l as moins d hon~.e que m on cha t ~Ul J quand je le ch pute, rap port qu 11 a couru sur les toi ts ave c les chat tes, il va. se cach er sous le poêle. J e sais que quand t . , c "t't ' u m' a man:c ~ aI P?ur aVOIr ,mes sous , tu t' es mis à co urat er a d ro it e ct . a gauc he , a gauch~ et à droite, J e sai s que tu m e (lI.s aIS .que t u godronnais ton b ateau et ce n 'était pas vrai , pmsque c' e.st moi qui l' ai godronné, moi-même, et que tu as rempli de godron. ton pantalon p endant ql,le l a nièc~ du tr?i~ième homme d e la v euve Pied elle s en m ettait aUSSI a la pl a ce d es d eu x misphères . « Vous s'êtes do nc assis tous deusses sur le' m ême
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« C' est bon, j'y r éfléchirai. Donne-moi d'abord mon p an t alon e t çui la là d e cette d emoiselle. « P a s d e ça, Lisette. J e vous les y rendra i quand je vous aurai p ardonné. Si tu veux sortir, va m et t re ton p anta lon du dimanche. C' est bon , Dubois v a m ettre son pantalo n du d im anch e, e t il s 'e n va et moi je fai s m on dîner. L' après-midi se p asse, et je ne vois p er sonn e. y a bi en d e ces d ames qu i v ienne n t t a per à la p or te , m ai s je m' éta is fermée à cl é et je les ouvr e p as. A n euf h eures, com me c' était grand nuit, on tape à la porte et J ean-Marie dit: « Ouvre donc, c'es t moi », J 'ouvre et je v ois en t rer d 'abord mon homme et puis sa p articulièr e qui b ai ssait les y eux com me notre m ère Eve a p r ès le p éché mortel. Pour lors, ils se m ettent à genou x , les m ains jointes, et ils di sen t to us deuss es ens emble : (C R osalie, on vans d emande bi en pardon, on n 'y r etourn era p lus . » Cl R elev ez-v ous, que je leur fais; je vous p a rdon ne ' v oilà v os p ant al0;ts ; a is fichez-m oi le ca mp et que j ~ v ous r evoy e plus ja m a is », « T u p our rais bien n ous rembr~sser, pour montr er qu e t u n e n ous en v eux p as, que fait t 'e nco re Dubois » J e les r emb rasse ~ an s les mordre ; j 'o uvre la porte et je les pousse tons de usses d a ns le collidor, et j'encrèpe la port e su r eusses . Et ils s' en vont. I-:e lendem a!n, q ue c'é ta it, un m écrec1i, J ean-Ma ri e ~evler:t sans dIre. mo~ et , p C,n u an t p resque tout un an, Il se tI e ~t t~a~qUllle , Il m e nL :ôe prom ener , ccetér a ; mais va t e fa ir e ne ne, quand ça arri ve la p eche, Il recom m ence à go à r onncr, e t ~~ va m êm e pêcher ~ans le lac de Gen ève ... - Avec la 11le~e de ~a v euve PIed, m ad a m e Dubois? - Non, m on sieur P ick , ave c une créa t.ure qui mont rait, d a ns une lant erne m agi q ue, les a mours d e Dumollard. J e vous a v a is bi en dit en co m m ençan t , m onsieur P ick que la p êche à la ligne c'est la m ère de tous les vices:
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CH APITRE XX VI
M ada me Dubois e t « ces d am es » au cinématographe
A M onsieu« PICK-NICK, H ôtel de la P éninsule,
à X .-en-Btt gey (France). Mons ieur, J e vous envoie deu ~ mots de lettre en r~p (:mse à ;rot re d .. re que j' al lue a ces d ames et que J a l d onn ee au . :~~~kétaire de l' A beille du ~ttgey pour qu'il en fasse p 'nse'ration dans son numero. une o 1 a t ' ét é b ien cont en t d e savorr. que v ous gagnez n oup d 'argent, , . moi t sur . t ou t qui vous a i .touj ours b eauc d éfendu et qui disai s ouj ours a~x gensses qUI se moquai ent . t 1 t " , cc Vous savez . p~s ta~ s~u emer: a qUI. vous a vez a Iai Mon sieur Pick, Il a plus d estruction dans so~ rlin-I lin qui vous tous ensem ble d ans votre cotév et », g Icn~g t bon n'en parlons plus. J e leur z'y ai coupé le iffl es t et ils , n'ont p lus us pi pIpe ma t . SI Oe lire votre lettre, voilà que la j' ai eu fini de uand ,~ e Pied dit com me ça .. . veuve' t quand m êm e une mjustrce que des gensses .. d a ns 1e monde et que 1es . (C . est toutes les plaisirs ils aler:ls traînent toute leur v ie, sans avo ir un moment a u tres 1
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de satisfaction . Ainsi qu'ains i v oilà les vacanc es qui passen t . Toutes les gensses ils se promènent ; ils ne fo n t rien du soir au m atin ; leurs appointements, elles courent qu and m ême ; ceu x-la-là, ils vont soig ner leurs es t o. m aqu es à Vich y , ceux-là-la ils vo nt so igner leu rs r hum at isses à Aisqu e. Ils vont par les th éâ tres et p ar les casi no s. Nous, on est t ouj ours là à attend re la m ort et le jugem ent gé néral des trompettes de J érich o », . -: Si on ne v as pas ?-u théâ tre, on p eut aller à la cirn ématogr aph s, qu e fait mamezelle Quinzo nc e. - Ah ! que r épercute la v euve P ied , c'est p as h onn êt e d e d épens~r son argen t à ça qu e c'est comme une lant erne m agique. - Vous dus siez av oir bi en (l'honte de dir e u ne chose pareille, qu e fait m arn ezelle Quinzonce. On voit bi en 9-ue v ous parlez s~n~ savoir et , p our vot re es t ruc tian, Je v~ms dirai la , dI~ference qu 'il y a en t re la lanterne magIqu e et la clrnem~t09raphe ; la lanterne m agique, ça ne boug~ p~s; la clrnematogI"aphe, ça bouge. Avezv ou s com pn s 1 apolog e ? . L a ve uve, P ied veu t repliq uer, m ai s on la ,laisse p as dire et on s ent end pour aller t ou s ensem ble a la cir n é_ matographe, po ur sa v oir qui a rai son des deusses. - Au paravant, qu e je fais, il fa udra it sav oir ça qu 'on jou e. - J 'ira i voir, qu e r épond mame zell e Quinzo nce et j e vais vou s y di re à la minute. y a justem e nt 1 ' c p tion , . J e vai s la lire e une a[fi ~ 1le sur 1e mur c1c 1a p r cc t . r eviens. Je Bon, m amezelle Quinzonce s' en va ' elle p asse 1 'cl 11 l ' . , par e coil l or pou~- a el' p us vite et p our p as être interp ell é sur le t rettoir, p ar le m on de qui veul ent t out savoi t ne n.en pay~r, ~ t, eIle revl"én t . bient ôt en disant aIr e - D em ain, dimanohs, on Jou e à la cirném atographe
VIERGE ET NOURRICE Grand Roman cinématographique et anatomique en quatre actes et trente épisodes par
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J ean-Baptiste L AFIOLE membr e de l'Académie des sciences phy sz'qucs et naturelles
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- Ça doit êt re bi en. b eau que ~ait la ~ ère 9 u.inquer ne, m ais 'e voudrais savoir ça ,q u e c es t qu une ep Is? de. - JUne ép isode, q u e r eP'?r;d ma~ez~lle Qumzo~lce, , t d es cr imes t els q ue sacnleges, p ec h es mortels, v ols, c es in a t s incendies, . ' , elù evemen t s d e f em m es m a n . ees assass filles c , • ddi t i d ' f mineuses, so us trac tio n ou a 1 IOn en a n t s de ou b a s âge, co n treban de, c?-1om m.e, ca; t er ' a ,. cre t er ' a. en - Moi j'y :raIS, qu ~ fait m arne Ladou ille. - Moi aUSSI, que d isen t les a utr es. E t l 'on d éci de qu 'on ira tous à la cir ném a t ogr a p h e ct qu ' on m e ttra ch acu,n cin q sous pour ach e t~r d es p a stilles à la m enthe qu on m a ngera d a ns les en t r a ctes. Le lendemain soir , on s'habill e en d imanch e e t o~ entre d a ns la salle où il y av a it un for t n ogr a p h e qUI j ouait u n a ir de musiqu ~ , q u e ça. r essembla i;t à ]' aj s« bon tabac dans ma tabatière, m ais q u e ça s app~laIt 1,: Danse m acabre, à ce que n ous a d it un mUSICIen qUI . j oue de la trombone à la musiqu e municip a ble. Quand le fo r t n ?grap he il a fin i d e j ou~~" , on éte~nt la lumière et on VOlt upe, gr an de. lune q~ I~ y . avc; It ~u m ilieu u ne d a m e h abill ée d e noir et q UI d isait, d a pres I' c xpl icat io n . '. ~" ? - S1l1S-Je ou n e s Uls-~e pas m er e .... , \ D oute c r ucl ! E ni g m e inso nd a ble 1 T r a giq u e I11YSt C:I:C. ' . ble perp l éxit é l Oui mettra un p eu de lumière Ab om m a . , 1 Q . ? . , ? d a n s l' obscu n t e d e m on lex~~ff~lce . u~ . ~Ul'd .qU\. Al ors, qu and la d arn e la 1 ee ~ n n Oll c t e IbSal I Af a la nt com me SI ell e avai t eu l-a r em ero e, en ·l~~te;yop. as 'q u'arrive une fa ntôme q u i av a it un man Val a ' . . 1 fi t eau rouge su r le dos et une v isagere n orr e sur a 19ur e . . et q u i lui d it co m me, ça _ Tu m 'a s appele , m e V,OICI. , _ Oui es-t u ? qu' ell e lm d; mande en 1 a rrega rdant fis u eiîIent en t re les q uatre z y eux. . . . .~ J e suis, q u 'il r ép ond, le bar on }2m v oUIq UI, capit aine de la b and e des vau t our s a rgen t es. O'.J
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- Monsieur Pick, p endant l'entr'acte on a m angé des p astilles à la m enthe, et voilà que ça r ecommence et qu'on v oit inscrit ça sur l'affiche : VIERGE ET NOURRICE D euxièm e épisode L e Défilé du Rio-Secco Alors on voit un pays plein s de rocher s et de sapins, avec un bief qu'on se croirait dans le Vi eux Valai s de Meyriat. On voit des hommes qui ont des grands m anteaux, de grands chapeaux, des fu sils et des sabres et qu'il y en a un qui commande à ces hommes et 'qui leur z'y dit comme on en voit l' esplication sur la toile quand on p eut plus comprendre sans ça : « Tout est -il prêt, m essieurs? II « Voui, capitaine, II qu'ils r épondent. Et y montrent un endr oit , au milieu de la route, où y z'ont cr eusé un trou qu'il s ont cach é avec de la mousse et des branches . Le capitaine y leur dit qu'y v a passer un jeune seigneur qui porte, dans la poch e intérieure de son manteau un ch èque sur la B anque de l'Orénoque et du P érou-Inféri eur, un chè que de trois millions sept cent cinquante deux mille francs. Que m êm e le capitaine il a le toupet de dire que c'est p arce que les t emps sont durs qu'il faut se contenter de cette faible som m e. Alors voilà qu'y se cachent derrière les ro ch ers, les uns dans le bief, les au t res darnier les a rbres et le chef ' esplique à son y eu tenant P épino et à son sargent Canino qu e quand il poussera son cri de r alliem ent : « D élic es et orgues! », les ~rigands dev: ont se précipiter Sur le voyag eur et traval~~r com me Ils sav en t le fai re. C'est b on . Les Valla tous cac hés là , E t on voit arriver une auto~ob~le. à fond de t rain, malgré la mère Quinqu erne qui cr iait : « N'y allez pas ! N' y allez p as ! Ça v a vous a rri ver m al heu r! » Mais je t'en fiche. L'auto m arch e qu and m ême et vient d égringoler d,:-ns le fossé ct mame Ladouille criait : « Ah ! m on DIeu ! Ah! m on Di eu! II parce qu'on avait tous cru que le voyageur, qui était de dans, il
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é t ait écr abouillé. P as du tout, monsieur Pick, pas du tout. Quand les brigands sortis de l.e~r e:n!=,uscad e arrivent pour prendre. le ~o'yageur, vo~la ~Ul-Ia-Ia qui sort de son t rou et qUl a 1 a ir de leur z y dl:e : « N ~)US allons bien nous 'amuser », Alors y se met a leur tirer d essu s des coups de pistolet qu'il en m et par terre une dizaine qui to~b~nt c? mmc des morts naturels. Alors le capüame dit : « Laisscz-moi faire! » Et le voilà qui s'élance sur le voyageur; m ais quand il lui arrive dessus il crie : . . « A bas les armes! Que personne ne tire. Ce voyageur est sacré! Je le connais. » « Vous avez donc peur ? II que fait le v oy ageur. « Oui Rodolphe, qu e fait le capitaine, j'ai pe ur de te blcsser », « Et po urquo i, s' il vo us pl aît? II « Parce qu e, Rodolphe, parce que... je suis ton p ère n, « En êtes-vous bien sûr? demande le vo yageur. Qui vous a dit qu e j' étais votre f?ls ? II , • « La voix du sa nque , que fait le per e; mais allons sous m a t ente, je t' expliquerai ce my~tère . Et vous, m es ca marades, rentrez ,dans v os qua~tlers. . « Mais le chèque, le che que ! ll, que cnent les bngands. « Le vo ici ». fait le vo yageur. « Garde-le, mon enfa nt , p our jouer au p oker ou à la m anille. J e vais en donne~' un autre à mes ~ oI?pagno ns ui n 'auront pas à se plaindre de leur capitaine », q Et il donne aux brigan~s un autre ch~que de q.uat re millions, ct les brigands ~ en .v ont en cnant : « VIv e le capitaine 1 ll , et le cap ltal ~e , 11 emmè ne son fils sous sa " . t ente, com me il y.avait, ;ht: Ca, monsieur Pick, c éta it la deuxiè me eplsode . . . Vous allez voi r le s a u t res , c l ça vou s fera I r érn ir d'horreur et d' épouvar:t.~ . . ' Troisième épisode En tre terre et ciel 'on avait ju ste eu le te mps de se passer oilà qu B on. V tille à la menthe po ur se remettre que V Ol'l'a 1a une p as , . troisième épIsode qUl commence .
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O n voit le capitaine d es brigands, - qu e c ' était d on t le b a ron Quivouiqu i de l a prem ière acte, - a vec on fils q u i m a ngeaien t la soupe ensem b le , et qu e le c a p it aine y dit comme ça : « Rodolphe, nous n e so m mes p a s en sû r et é dans ce li eu où l es murs ont d es oreill es, o ù chaqu e a r b re ca ch e un espio n, chaq ue rocher un d étective. Nous a ll on s , p artir a u p lus v ite, aller t r ou v er la sain te femme q ui t e servit de m èr e et qui, peut-être, pou rra n ou s don ner la clé d u mystère d e t a n ai ssance. E s-tu prêt, R od olp h e? » « Oui, m on p èr e ». « Très bien. Qu'on amène m on a r éop la nc ». Alors, m on sieur Pick, on voit sortir d e l a t e n t e le b aron Qu ivouiqu i avec so n fils R od olp h e , o n les voit monter en a r éoplane et s' envoler p ar en l' air. O n les v?it navigu er dans les nu ages et s 'arrê t er à trois mille kilomèt res de la t er re vers u n b all on cap t if , q ui se r t d 'aub erge que c 'est écr it su r la porte .
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La clame elle p as se sa main su r son front , et elle d it comme ça : . . At « J e m 'en souviens. C'est v ous, mon sieur, qUI e es v enu me v oir, il y a d ix ans; c' es t vous, Rod~lphe, l 'enfant que j'ai nourri et qui m 'a quitté, qu and Il eu t u in ze a ns, p our courir le~ a\:entur~s . Venez m 'embrasser ft od olp h e, e t je. vous offrirai ensu ite une mod este c ollat ioAl n. ors la dam e et le 'Jeune 1iomme il s se r em b rass~n t , et c 'était si touch ant qu e toutes ces d ames .ple:uraIent e t qu e l a. m èr e Quinquer ne demande à sortir, a c ause d e l ' émotIOn. . ,.. . ., . ' Ça, monsieur Pick , c était la fin d e la .t r OlsIem e ep Isocle. _ :Monsieur Pick , apr ès q u' on s 'est rem is en écou tan t le fo rt nogra p he q ui jouait une air lang oureuse, voilà qu 'on com m ence la quatrième ép is ode, qU,e c' est do nt co m m e qui dirait la qu atrième a cte qui s:app elait :
HOTEL DE L A NUÉE
Vingt-quatre an s auparavant On voi t une cham b re où il y a t 'une dam e qui dort d ans son li t d 'un sommeil, surn aturel, que c' es t ~<;)l1 t , en plusse jeune, la m ême qu on a vue d ans les p rermer cs ép isodes . " it Vo ilà-t-y p a s qu 'une porte s ouv.re ,et qu on VOl entrer un h omme et' une fem.me:: qUI s a ppr ochen t du lit d e la dam e, et l'homme q1?-I dI~ com me ça : ( P a ssez-m oi le co~se t allaitatoire ». (( L e v oi ci , m on seIg:.. », « Sil ence! » qu 'il fait. , . . Et endan t qu 'elle so,-:le,:,e l a dam~ d ans son lIt, il la fisque au t our de la poitrine une ce m t ure d e caoutech ou que. . 1'1 ., « P a ssez-moi l' enfant ": que r ep er;.ute .10m me qu on lui v oy ai t que la p arole a cause qu Il av ait un m a sque su r la figure. . Le v oici , m on seign ... », :: Sile nc e ! » que s' écr ie ~ voi:;. b asse l' h omme .m~sq~é; Et elle le donne u n p e t it qu il m et dans le lit a co te
Station d'altit ude Lo ge à p ied ct à che v a l (L a n ot e est à la hauteur de la situation ) B on. L e b aron et son fils s' arrêtent; ils d ema nden t un v erre de cognac pour leur es t om à q ue e t d ix litres ~ ' e.ssence p ou r leur a r éoplane, et ils r eparten t p ar en 1 air.
. Qu and y sont sur P aris, 'on les v oit d escendre d esce?dre sur le t oit d' u ne m ai son et s' en filer p a r la chemI~ée. En bas, il y a t'une cham bre av ec une dame qUI ~ o~t dans un fa 1?-t eu il , et , quand ce tte dam e elle es t r év eill ee par le b ruit, elle v oit d eux hommes couver ts d e suife et leur z'y dit com m e ça : «( Ang~s ou d émons, :Iu} êt es v ou s, v ous qui d escend ez d u CIel par la ch em in ée du num éro I 3 3 d e l 'a v enu e d 'Auteuil ? » « Nous som mes un p ère q ui acc ompagne son fils et un fils qui voudrait bien savoir où trou v er sa mère », que r épond le b aron-capi t ai ne Quiv ou iq u i.
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de la dame. II met dan s la bouch e du petit un robinet qu i était à la ceinture aIlaitat oire et qu e ce pet it se met à t éter comme vou s et moi. Alors la femme elle s'en va av ec l' homme masqu é qui dit comme ça : « Et mainten an t le plus di fficile est fait. H er mine de Saintes-Clefs tu n'es plus le lys de la vallée, ct la postérité, qui ne percera jamais les secre ts diplomatiques, ne te connaîtra que sous le double vo cable de VIERGE et NOURRICE! Quand l'homme masqué il a invectivé, y s'en v a av ec la femm e, et la da me qui dormait elle se rév eille et dit comme ça : <~ Où s~Jis-j e ? Quel est cet appareil qui ét rein t ma poit rine Immacul ée : quel est cet enfant qui geint à mon côté, dans ma couc he virginale ? » Et elle voi t un papier épinglé à son b ois de lit où ' c'était écri t comme ça : « Ne cherche pas à savo ir ce que tu ne sa uras jam ais. » Ily v:a de ta. vie et de t on ho nneur. Cet enfa nt est à » toi, .blen à . toi, r.ien qu 'à t oi. I! !l'a past.:il ne d oit pas » avo ir d,; I;ere..Silence et dlscr~tlOn , v oil à la devise de » cel~e qUi 1 a mis au monde, qui ne le canna it pas et ne » doit pa~ le conna ît re. Her mine de Saintes-Clefs » accomp~1t ton œuvre. La récompense de t on d évou e~ » m~nt n est pas de ce mon de. Tu trouver as du bo n » lait. de vache pur et sans mélange, v érifié cha que 1" matin par herr pro,fessor ~[~lUter!" an au numéro 23 " de Bovin g strass . C est ce lait qUi remplira I'ap "1 » allait at oire S. G. D. G. qu e nous t 'avons confié APad~el . leu » pour I' ét er rn' té », Alor s la dame elle s'écrie : « Eh bien, moi, je veux t out savoir. J e plongerai dans l'abîme où j'ira i ch erch er la clé de cette énigme infern ale et je percerai ce mystère avec la pointe ' de mon po ignard espagn ol ! n Ça, mo nsieur Pick, c'est la fin de la quatri ème épisode. Cinqui ème ép isode L e père, la mère et l'en/ant 1
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Monsieur Pick, après qu e le .fort nographe il a joué la bar ceuse de Jocely~, on VOI~ le baron Quivouiqui, la dame et son fils qu i man geaient des écrevisses du cive t de lièvre et du vin qu i coûtait au moins tr~nte cinq fran cs la bouteille. E t qua nd on arrive au câf é, le jeune homm e di t com me ça : " Mad ame, au nom du ciel et de ce qu e vous avez de plus sacré sur la, t~rre, donnez-m,?i qu elqu es éclai rcissements sur les t enebres de ma naissan ce. Alors.l:: dam e elle lui ~aconte ~a qu'on a vu à la quatrième ~plsod7' et e~e dit en. fimssant comme ça : " J'al ja ma is pu.rl.en sa; Olr de plusse, j'ai fait ta rnboum er partou.t ; 1 al I;ay e des gensses que c'est leur .métie.r de sa~Ol r ce qUi, sc pa sse chez les autres: j'ai pronus un e recompense .a çu i-la-là .9 u.I dirait qu éque c!lOse rapport à mon histo ire, et J a l ri en appris, rien, ri cn l » « ~h bien, moi, ma~ ame, qu e fait le baron Quivo uiqu i, Je vais vou s.y di re. Pretez-m oi, l'une et l'autre, un e oreille attentive. « 11 y a vingt -qu atre ans, en 18.., un des princes les plus puissants d ~ l'Eur ?pe, éprouv~ le besoin de voyager. L' abu s ~u .plano lUI avait donne un commencement de neurastheme et les . docteurs consultés lui avaien t ord onn é de faire le t our du mon de et de s'arrêt er dans les esta tions pour se remettre du mal de la mer. '" Ce pri.nce ,-,vait I~issé ~ans son pa!ais sa jeun e femm e, qUI ava it p:'omls ~Ie 1attendre fidelement et en t ou te sincérité . Mais au heu de rest er six mois ou un a n en voyage, le pri~ce resta dix ans chez les E sq uimauds, chez les Indiens, chez les Clllnois, chez les Afri cai ns, un peu parto.ut, et sa femm e devint t riste comme un e porte de pnson. . " Il y avait alors à la cour, un Jeune seigneur noble, ri che et beau. Il essay'.' de consoler .la princesse, et le résultat de Ja consolat IOn fut la nai ssan ce d' un petit gar çon . . . " Le jeun e selg n~ ur noble, ri che et beau , c'ét ait moi. " L 'enfant, c'ét ai t vou s, R odolph e.
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La jeune fille chaste et pure à qui on c on fia l 'enfant, la créature infortunée qui dut en d osser la faute d 'une autre, c 'est vous, m a d ame, vierge et nourrice, v ierge et martyre ! » (( Ciel! que crie la dam e, quell e ét r a n ge r év élation! Ce fut moi, la fille d' h on neur , que l'on comblait de cares ses et de ca deaux, que l'on choisit p our t erminer ce t te aven t ure, pour ser vi r de p ar av ent ct d e paratonnerre! » (( E coutez , m adame, que r ép ercute le jeune homme, je n e connais p as m a m ère; je n e v eux pas connaître la femme, si h aut plac ée qu'ell e soit, qui m' a confié à une ét r an gèr e. J e n 'ai qu'une m èr e, c 'est vous! n « Rodolphe , m on fils! n, que fa it la d ame. Al ors y se r embrasserrt , et tout ,le, mon de y pleur a it, et la m er e Qumquerne a encore ete fo rcée de sor t ir à cause d e l' émotion, et la v euv e Pied elle cr iait: « J e p eux pas y croire 1. Ça m ' ét ou ffe 1 Ça m ' étouffe! Si j e n e peu.x pas .ple u \er , Je v ais tomb.er évanouill ée .. . » Ça , m onsieur Pick, c es t l a fin d e la cinqu iè m e ép is ode. - ~I onsieur Pick, .qua!ld érr~o tion. ell e es~ p a ss ée, on VOlt le b aron QUIVO~l1qUI qUI se lev e, qUI m et sa m ain sur son cœur et qUI d it com me ça : « Madame, je suis la cause involont aire de votre in for t u n e. L e m al q u e j' ai causé, je su is p r êt à le r éparer Ma d a m e, voulez -vous être m on ép ouse d evan t Dieu et d ev ant l es h ommes . Vo u s au rez le droit d ' a p pele r Rodol h e m on fù~ et .m ê:ne ~on b eau-fils, et vou s serez p o n n e Q L1lVOUlq Ul, m a ît resse san s co n teste de la 1a . b a.l' ut é et ~ d es mmes . d e T u m 'l ' as d'rt, t Janos? » pnn~pa t ez, nia m ère , que fait. R od olphe, a ccep tez et « ccep 'bler ez d e joie; m anez-vous, m a m èr e allaivou~ ? le com mon p èr e m,un éro deux , ct je serai votre tatau e, davec . ~ lous l es d e u ss es ». 'honne ur a garço?t que fai t la cl ame en rega rdant p ar en (~ J ~,ccep et' IJu isq n e[{odolphe , ça v ou s f ait tan t l 'ar r ; J accep e ' _ d e plaisir )~e r embra ssent tous les troisses, et ça fait Alors y ~ otion s i t ellem en t q ue l a v euve P ied a ~ncorel Uitlenlep~ d e s~rtir et que la m ère Quinquerne a Ju ste e e «
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pleuré d ans le cornet, si~tellement que toutes les pastilles à la m enthe ont f?ndu. , . .. . Ça, monsieur Pick, c est la fin de la SIX1eme ép isod e, SEPTIÈME ÉPISODE
L es N oces tragiques Mon sieur Pick, voilà le fort nographe qui se met à .ou er, à ce que m 'a dit la trom~one qui arregardait .à J st é de nous, une m arche nuptiable, Alorsse on VOlt co palais comme qui dirait la sous-préfecture de Nantua. ~ voyait quatre ch evaux blancs attelés à une voiture t dans cette voiture, le b aron Quivouiqui en habit de e ~ce la dame H ermine de Saintes-Clefs et le fils RoâolpÎle. y av a it pl ein de monde p ar la rue, comme pour une en t er rem ent de premièr e catégorie, quand les femmes elles laissent brûler le f~icot p our voir les gensses qui pl eurent et les ceu sses qUI ne pl eurent pas. Alors le b aron Quivouiqui il dit com me ça aux coch ers : « E t maintenant, à la m airie et à la cath édrale pour r égulariser la situ~tion! .ll Et les coche rs Ils allaient taper sur leurs chevaux u and un homme, lu~_bill~ de rouge et qui avait une q. ag' ère su r la figure, Il cn e comme ça : VIS Au nom d e la 101. , arreAt ez 1. ») E t y d on ne un p apier à la dame H ermine d e SaintesClefs qui gemille.: . . Ciel! en cr oirai-je m es y eux! » E t elle mont~e a~ ~aron guivou,i9-u~ et à son fils Rodolphe le papi er o.u Il y a:r mt ça d ec~lt : . (1 Tu ,p eux te maner, mais tu ne .d01~ pas te marrer EN' BLANC. To~t ce ;lue tu pourrais dire, tout ce gue t u p ourras faire n empeche~a q~e tu es VIerge et !l0ur~Ice. Ivlari e- loi en r~uge , mane-tOI. en bleu, m~ne-toi en . c m ari e-tOI en v er t , m ais ne t e m ane p a s E N ~f~NC. S i lu en fre ins cet ordre, les su pplice s les p l u s ffroyables vous attelldc~lt, tOI et les t~cns . . {( SIgné : L a 1\-1 at-n. qH'~ parle », e E h bi en! que s' écrie la d ame, cela ne ser a pas. J'ai « sO'lffert assez su pp or té de revers, d e m ensonges assez 1
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e t d' ignominies.· Ma p atience est à b out . Cet t e 10 . be bl a n.ch e, ~e VOIle b l a nc, ce tte cein t u r e blanche b l ancs , cette poudre d e riz qu i blanchit ' t.ei n t , ce~te bl a n che fleur d' oranger que le v en t d u m a tin fai t se courb er sur m on front v irginal, j e garde tou t ce bl anc q u e Je p eu x porter fière men t », « Ma~ame, q u e r épercu t e le l?a r on Q u ivou iqui, v ou s c:,v~z raIso ,? Vou.s a vez l~ Ch'OI t p our pro t ester, m oi, l ,al le d~Olt pour y ou s d e~en dre. A m oi, les seig ne urs z h ongrOIs! A mo i les brigands d es A b r u zzes e t 1 p irates d e T err a,-Bia nca! A m oi , à moi, m es Vautours a r g en t es! » ' Alors. on v oit a~river d es cav ali ers, d es brig a n d s avec d es 1 fu s •Ils, t d es a ré . oplan es . d es a utom ob iles e t d es g a z a sp t1YXIa n e.s qUI se ~ne.ttent .a u t ou r d e la v oi t u r e e n c~lant : « Y1v e le c.apIta me ! ;r Iv e l,e , b aron Q uiv ou iqui ! VIv e le p UIss , a n t seIg l neu 'I l" r d e fu m l as d it ' .J a n os . .1 v.'Iv e sa fu t u r e ep ouse a \ lerge et N ou rrice ! v iv e leur fils
so~lIers
mC~~
fidèl~~
R o d olp h e l
»
Mai"~ :,oilà-t-y pas qu ' arriVcI~ t aussi des solda ts ave
d es offi CIer s , d cs, can<;ms, des l1ulnu llcuses q ui les t ircnt d essu s e n leu r z Y c rIa n t : « ~~enclez-vou s ! n Les a u t r es y n e sc r end e n t p a s . Ça fesa It une g rande b ataille . L es hom m es t ombaient COl:nme, d<;s m ou ~h cs su r u n e p o it r n ie d e v ea u , a u m ors d aout , apres une or a ge . L e b a r on Quivouiqui il es t t u é" le ;I1s Rodolphe .il es~ tu é, t ou s leu r s ge nsses y son t tu es . E t les sol~lats Ils cn e n t : V ictoir e! et ils p renn e n t la dam e . H erm.me d e Sa int esClefs e t ils l' e m m èn en t par le s p rI sons . . Ça, monsieur P ic k , c 'est la fin de la sep ti èm e ép isode.
HUITIÈME É PISODE L' A potltéose
Monsieur P ick, ça représen tai t la p~ace d e T u m'l ' a s dit, J a nos, en n ' Nongr ie . C' étai t ple~n d e n~0!1de .qu i . criait: Viv e l ' em p ere u r ! a v ec des musIqueS qUl jou aien r
llait se. la Il]1.1yarsei avai a u m ilieu d e la p la ce u n t a s d e bois sec avec d es écoins qu'on avait m is d u p étrole d essu S p ou r que ça brûle m ieux e t p lus v i t e et , su r ce t a s d e b ois ,
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on v oyait at tach ~c .à u ne croix la d am e " Sa in t es-Clefs, h a l)lllcC" av ec u ne gra nde _ bHelln.lI1e d e av ai t des os d e m orts d ess us, ses ch ev 10, C, n~m'e qui . ' 1 s et ça fos it eu x ét a ie n t cl ~ n.oues sur ses cpau e c sa i t a n t p itié . cti rait des la rmes d es e~to~11< ques. Et il . q~le, ça v ous t êt e _une _av ala it Justice ~ur sa d . enseigne qUI dIS<ll t : « Lai ssez- p,; sser u 101 ». T out à co up on v oit a. rriv er , une p r o cess -- ion ' . de ' q U? c'étaient des capucll1S, qUI t en aient des . ' 'CfCl: r es q Ul ch antaIent la mc_ : : ~ d es morts. Et le 1 f cierges e t c!ns il .s'ap p r oche b,uch er et il y m et ca p u cicrze en d Isa n t : « v ICIge et n' ourn ce Il rou t ez. 1a a \ ec'lson b ' Alors les fla nun. esfr commenc nt à g II" 11el' - la u cre . » é ' fem me q ue ça fesa lt renllr ct q ue m a m ezell ' pau v r e ell e dit to u t ha u t : e QUlI1zonces « L aissez-m oi m 'e n all er ; "je v eu x p a " Et qu e la m ère Quinqu crl1e elle "' c '' crnS e\ t OIr ra ça, » « Au feu ! y fau t pa~ la lai sser br ûl er . cr ie r : p ompes! » , amenez les Si• t ell ment q ue le m on t reur de lac cir ' a t orr 1' 1 , . 11n em Il r éplique : 0 ap le , « Attende z dont la fin av a n t do zucul b ele ttes qui ont la queu e c~)Upée 'J . b 1 el' comme d es Et on voit d es a nges qUI c1csc e: nd en t 1 qui d ét achen t la dam~ ct qui I 'em rn .. CtU fierm a m en t, . .0 ' 1 t .c nent avec . p rès .d u bon . ieu it ne : an que le for t n ogra p h... eu · ss es 't l ' , pe u n a ir qu e ça CIsaI . o ~ . ~ JOUaI Anges pl/rs, an ges radieux po rtez mon , âuic d"t;S cie, ux 1 ' . ail sein , T ou t le monde p l eUlal t. La mere 0 Ulnquer . . 1" so n chapelet; m a m ezclle \.l liin w Ilrcs ";.-é étai n.e UIS~llt . suis t ou te b ai gne »,, et la \" (1 ! \ ' ,-, I 'i u"' qpll1 . ' c n ~'l\"l , (~ J en t eu le t em ps d e sort Ir, n e sembla it 1 )'1 ' .. ~ . ' 1" .' a son a ise" c 1 p a s MonSIeur PICJ.::, v ous c u ssiez bien écr ire . pour la cirnématograph~. E n l' attend a n t Il ~. un. r om a n d évouée serva n t e et a m ie . ' Je SUIS v ot re
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ROSALIE ,
femm e D UB OIS .
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CHAPITRE XXVII .
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- J e vais v ou s y ~:;pli 9-uer. , -d iri à che rche r . . I 'au t re d imanc he J ét a is dans mon p l . ~ c t. , • 1 VOlS a r nver d es dou cettes p our fa ir e ~ne s a.l~de , quanc ~e. la d ame d u R ecev eu r qUI m e dit com me ç . ' li . « Bonj ou r, m a d ame D u b OIS, comment .a ez-v ous, s ' m adame Dubois ? Il fau t que vous m e r en dr ez un servi ce , m ?-dame ~ubois ? .n . t l 'a étit « L' arr est fraîch e mais on a les m ains secs e .pp t es t b onne qu e je lui r ép on ds. J'ai le v en t r e h ?re e . an t . Ou , le vô t re es t aUSSI. sa t IS ' f a iss j'esp èr e que ,... est -ce qu'il y a p ou r votre service? » . a « Figu r ez-v ou s qu'elle co n t inue, q ue m on m,~n c été heureux à cha sse d'où il a rapport é un hevr~ ; . . n ,a'l p as nous d evons le m anger en CIvet, et Je c un . brin de t hym dans m a cuis ine, t a nd is qu e vous en avez d es qu antités' d ans v otre ja rdin n, , . . « Vous avez bien tort d e vous gêner, que Je. lm fars. P renez t out ça qui v ous faudra, et encore plus SI ça v ous d it. Bon , a in si qu'ai nsi elle prend so n t h ym et elle s 'e n va pour s'e n aller et elle r evien t pou r m e dire : « J\'1adamc D ubo is, vous ne sav ez p as ce qu e vous d evri ez faire ? » « J'en ignore », que je lui fais. , .t e
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Ma d arn e D uboi s d in e encore d a ns le mon d e
- J e sui s v enu , dimanch e d ernier, frapper à v otre porte, ~t p er sor:ne ::e ~' a r épondu, m adame Dubois? - C est que Je n ét ais p as chez nous, monsieur Piek .J' étais t'allée m anger d ans la hau te. . - ? - Oui , dans la hau~e, chez mon locataire du premier , que c' es t d : s g e n s qUI .on~ d es ;~n t~ et d es mille, qui payent lem censse le JOUi d e 1 cc h ca n ce , et qui s o n t p a s ficrs p our d eu x s o us . .
V OUS ,avez l~l rec.onna1ss~nce de l'estom ac, Rosalie. . : Mon sleu.r P lck , Je ne ,SUIS p as comm~ n?tre grand' m er e Eve, qUI en a voulu ~ la serpent qUI lUI avait fait m anger une p omme. J e SUIS p as desceu sses qui di sent « morceau avalé n' a plus d e goût ». et je dis pas de m ai d es gensses ch~z qui j'?-i pri~ ma nourriture, comme ceu x-l a là qu,~ J~ ~onnaIs, qUI se moquent d es ceuSSes qui les on t t invit és. - Vous êtes, Rosalie, une fem~e incomparable m ais tout ce que vou: ve~ez .d ~ m e, dll~e ne m ' expliqu~ pas com men t vou~ futes 1l1VI.tee~ a dîn er chez M. le R eceveur, le locatai re du premier etage d e votre im meuble.
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E h b ie n , v o u s d e vrie z v e ni r rn n n g c r l e c rv c
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n ous, CC soir, sa ns fa ço n, en voisin », « Vous n 'y pensez p a s ll , que je r ép ercute. d îner « J'y pens e t ellement que si v ou s ne v enez p as Id ce soir, avec nous, n ous som mes brouillés. C'est enten u, t devant je n' a.ccepte aucune excuse )1. Et elle s'en v a p ar le p etit collido r , en p a ssau le cabinet. ' flexions : m es . . t t Je . m e m e ts dans M .1 0 1, Je m e l'en re e c t r eoi là. dans R osalie , que je m e disa is comm,e~a" ,.e v T e voilà d e jolis draps. P ense un peu ~L ce l1Ul t aU lve' haut e la il~ obligée d e fa ire d e la toilette et d a,ller . d~S q~lan~l que c' est d es gens qui ch angent d ass re , edents p ou r on t rira ngé du poisson, et qui ont d es c~I e-ts N' va s'enlev er ça là qui leur reste dans les c11l~0 . La p as, R osali e, n 'y v a p as. R este ce qu e u as .
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fille de t a mère n'a pas été élev ée pour a ller dan s le gra nd m on d e. Et q uand j' avais ainsi réflection né u ne a u tre c h ose m e d isa it : ' - R osalie, v ,: z'y. Si t u n 'y v a p a s ça t e bro.uill era avec t on loca tai re qui te p ay e s i h ien . Et plllS u ne fem~,c en vaut une autre, Tu n 'cs p a s t om b ée ?,vec la d erni èr e quart. T u sais ce qu i fa u t fa ire ct tu ti end r as t a langue au chaud pour ne p as fa ire r ire le mon d e q UI sont si m éch an t. Enfin, j 'ét ais,dan s l~ père P lex e, q u a nd j e v o is e n t re r chez no~s la mere q Ulllqu ern e, la v euve P ied e t m arneselle Q~lllzonce , qu i me d isen t com m e ça : « Qu avez-v ous do nc ? Vous s 'ê t es t ou t e c h ose . S' êt es-vous e nrhUl~ée ? y paraît q ue ça cour t , à c<:use de l?- bezoule qui sou ffle dep uis q ui n ze j ours. Vo us .dUSSIez vous coucher au chaud , après av o ir bu u n v erre de rhum ?-vec u n pen de lait dedans '». e ,su;s pas mala c1 :-, que je rép on d s, je sui" seu le me n t cc em b êté e a ca us,e qu e Je sais pas quelle r obe j e v eux m e mettre sur le (. 0:; n, . « C'est ~as ~es robes qui v ou s m a nqu en t, q u 'ell es d isent. Ma is ou allez-vous donc q u 'il v o us faut une robe du dimanch e? » cc ~e rl;l'~ r: p arl ez pas. Voilà-t_y F:1S que mon l oc a t aire d u, pl emlcl l~ _~ onne u n gr?-nd dîner ; où il y a u r a le SO; IS-p r éfet , le p r es id en t d u tn bunal J" " , ectel 'r d es for ets, l' " :1 P , , lT."p , i ng enie ur ( cs onts t ct CJ-::t1.:ssées a vec le u r s d ames, et .que cette fern m« elle m 'a t' invi t ée et qn e s a d a n!,e, qur .est Ven\le m: cherche~ d u thym, m 'a ( ~i t qu e s i J y alla is pas, I.S 111 . donnera Ient 1. " l ~ Il' t e », ) .' est CU I C Cf . (c.Ah . C 12 :0 • a utre C ~) Os e , 'i ,'elles fon t e n se p in çan t les l èv res , q û on auraIt dit (ks p oules q u i p o u v aient pas p onclr~~ leur el~ ffe ; on était v enu avec \ "O U S m a nger des. ch.5.targnes bnsoléu ; et 1'0:11" b oire du v in b ou rru , mars 5 1 vo us allez dans la ha u t<: . on c om p r nd que vous Se c omprome tt~z pas aVec c c: nauvres felllme s c orn rne 1 nous. Au rcvo~r~ madame Du bois ' on v ous souhait e un e bon ne a~p etI~ et on espère que,' d emain , v ou s n 'aurez pas besom cl un lavement p our se d éb arra sser les
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b oya ux d es b onnes choses que vous a ll ez m ang er e t qui s o n t p as f a it es p ou r ln. ... bou ch e de t out l~ m ond e. » Et ell es s' en vo nt e n c n cr ép a.n t la p or t e , SI t ell em en t elles avaie n t d e la j alous ct é.iet m oi j e s,or s d e mon p l<l;car d m a r obe d e n oc e à fleurs, c elle la la que mon c~ efu nt avait m is , une f ois p o ur fa ire B ?,cchu s, la m a r di-gra s , e t q u e j e l' ai pard o n n é q u'à son Iit d e m ort.
- Où e n ét a is-j e , m onsi eur P i.c k ? , . A u mome nt m a d ame DubOIS, o u v ous v ous d ispos iez à vous l'encir e a u d în er q u e vous offrait l'opulent locataire d u premier é t a g e d e votr e immeuble. . - M erci , j ' y s u is. J e m ets m a r obe à fleurs, ma t a.illo d e soie m es fri se ttes e t mon b o nnet d e d en t ell es ; j e f erm e m a ' p or t e e t j e m onte a u pre m ier , qu e c ' ét a it donr sep t h e ures . J e s o n n e e t c 'es t A dèle , l a bouonne, qUI ln' o u v re l a p orte en m e d is a n t c om m e ça : cc On a tte n dait p lus qu e vous, m a d ame Dubois ». C' est bon. J e m e r e n tre d ans l a sall e à m ang er e t 0.11 m e m et à cô t é d e m on l oc ataire. Y ava i t en c or e trOIS d e s es a m is , qui ava ie nt é té avec lui à l a c h a sse a u li èvre, e t m a l o catrice , qui ét a it e n face cie m oi . B on, o n 's er t l a so u p e , que c' é tai t d e la sou p e aux gr~~s, e t on a p p or t e le cive t , e t qu équ 'un y d it : cc A h ! valla l e fameux lièvr e! » . Et ils s e m ettent tous à rire c om m e s i on les avait chatouillés s ous l es doigts d e pied. « Pourquoi que vous riez, m essieurs? )J, que d emande ma locatrice. . Ils n e pipent p a s mot, m ais mon loca t aire il r épond pour e usses : . « IIna ginez-vous m adame Dubois, -que .ces Inessle~~s qui sont d es c h a.sseurs intrépides,. d es t ireurs adro i s qui m ettent toujours cians l e mill.~ , .n e v~ulent 'p a~ admettre que j'ai tu é un li èvre, un Lièvr e qu Ils a valen ,. . as m a nqué tous les trois », L es autres s e fa' ch cn t y disent gu Ils a valen t .p " qu'ils lui a vaie n" t fa.i t du p al, "1 ,q u "1 manqu e; I s J'ava a v ient ue p erc é le ~ oreilles, qu 'ils l'aVal el~t ble s ~~ la p a~~e, q ça l'avait p as em pêché d e counr, cœ t ér a , cœt ér a .
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(( Messieurs, messieurs, que fait m a locatrice ; mangez. le civ et et vous disc u terez a près », C' est b on . O n m a nge e t mon locataire m e d emand e: - Com m ent le t ro uvez-v ous ? - Supéri eur, que je r épond s. Et le loca ta ire il r épercu te : - J e n' en tire jamais de m auvais. Et les a utres ils ri ent encore plus fort. Quand on a m angé le lièvre, on apporte d es z'haricots dans une casserole en cuivre. - Com~ent les trouvez-vous? que m e demande ma locatnce. - Supé~ieu~', qu e je fai s. C'est y d e votre jardin ? - ~u jardin qu e vous nous louez, oui, madame DubOIS. - Ah ! je ;:ois! c'est là ousque j' av ais d es soi ssons quan~ vo~s s et es venue me louer. Vous avez bi en fait. Le~ z han~ots ça donne plus et ça ne s'arr ose pas, et p'UIS l~s sOIss~ns ça v ous gonfle, ça vous gonfle. Quand J en ~l m~nge , y m e semble que je suis t'en b allon et que Je VaIS monter par dans les airs. C'est b on. C?n empo rte les z'haricots et on a pp or t e un oâz eau r ôti , Sur des tranch es d e p ain grillé. . C'; st m <;t chasse, qu e fait m a locatrice, et j'ai tu é cette. bete, hi er, d ans le carnier d 'un braconnier - C'est u?e jolie. no t e? qu e je demande. . - Vous.! avez dit, madame Dubois, que r épercute:n:'-0n locatair e, et V?US allez prendre cette ail e et m e dire SI vous la trouvez a vo tre goût - E lle est SU~ér~eure, que j'e fais. , On. mang~. la joli e note, et on app orte un e grosse ecrevi sse qu Ils appellent tin e l t qu 'on d . angous re, eVr alt . bi en en y mettre d ans le lac de Nantua. On en mange, et ma locat rice me d emande : - Comment la trouvez_v ,. . ous - Superi eure, que Je fais On ap p or te du fr?mag e, des bescuits, d es confitures . ' d es pouommes~ céetera, cœtéra. Et ma locatrics m e demandait toujours, par politesse : «Commen t trouvez-vous ci, comment trouvez-v ous ça ?
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Et moi je r épondai s, p our la faire plaisir : - C'est su pér ieur. . . , . Il faut v ous d ir e, m on sieur P ) ck~ 'l u ap res ch,~ q~e plat on buvait u n vin d ifférent; céta i t du bla nc, c et ait du ro se, c 'était d u ja u ne, c' était du rouge, ,ct quand ?11 apporta d u cham pagne, je ne pus m'emp êcher d e rire subrep ticemen t . . ;> - Pourquoi ri ez-v ou s, m a d ame DubOI S. que me d emand a m a locatrice. - . J ' ose p a s vous y di r e, que je fai s. - Dites quand m ême, qu' elle ~'ép ercute; nous sommes avec des chasseurs, et ces m essieurs n ou s en con te r ont bien d 'au tres, après le café. . - Eh b ien m ad ame, la bou te ille d e cham pagne m e fait p enser à la v euv e Pied qui dit com m e ça , sauf votre resp ect: « Toutes les fo is qu e j'entends p éter une bouteille d e limon ad e, j'ai envie d' en faire a';ltan t », Alo rs ils se m ettent tous à rire, et je d ev iens t ou te rouge d' ém ot ion et je m e di s com m e ça en moi-m ême: « Rosalie tu as dit une b êtise. Méfie-toi. C' est le vm qui t e trav'aille. N e v as p a s lâcher quelque ch ose d e pire. C'est bon. On appor te le café dans d e grandes t asses et des aliqueu rs dans d es p etits v erres . Moi , je m e m éfie et je n e prends qu'mie p etite goutte d'aliqueur. ' - Vous ne t r ouvez p a s bon mon a rmagnac ? que m e demande mon loca t a ir e. . - Supérieur, que je fais, m ais je n'en ai ~as f~ute. . Ces m essieurs n' éta ient p as com me moi. Ils sirotaient, Ils sir otaien t en fumant d e gros cigares, et ils p a r'Iaierrt d e la chass e rien oue d e la chasse. On en tend a it p arfois un qui cr iait ': pa~! pan! en m ettant sa serviet te en joue; on e n voyait un autre qui se m ettait à pl at v entre pour montrer com men t il fesait pour appr~cher ~ans êt re vu des canards sauvages; un a u t re qUI fesaIt le cri d e l a chouette pour appeler les gr ives.. , Ma loca t r ice ri ait, et moi aussi, par pohtes~ e, a cause que je n'entendais ni n e compren ais plus bi en ça que l es ch a sseurs racontaient. Et je m e disais comme ça :
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R osali e, m éfie-t oi. Si tu ne t e p inces pa s la fesse, t u vas. t 'endor mi r, et ça ne sera p a s poli . Mais je t 'en fiche ! J erne trouva is si bien cl ans le fa u teuil où on m ' av a it est allée , il fesait si c haud , que je n'en ten dais plus les histoires des ch asseu rs que com me un b ourdonnement et que je . v oy a is plus q ue com m e dans u n songe ma loca t rice qu i sour ia it en m ' a rrega r d ant. Enfin, je m e pinçai la fesse gauch e si t ellemen t que je me r év eillai , qu e je m e lev ai de m on fau teu il, que je fis m a r év ére nce à ces m essieur s et à m a loca t r ice qui m e ' dema nda en m e r econduisan t su r le palier : Comment a vez-v ous t r ouvé m on dîner m ad ame Dubois? . , - Sup érieur, que je r épondis en prena n t la rampe.' Monsieur Pick, le lendem ain ces dam es sont ven ues m e v oir d e bonne heu r e, avec leur air à deux airs, p our m e d emander : . _ Av ez-vous bi en din é ch ez ces gensses de la haut e ? Ont- y d u b eau l.in%~? ~~~-y d es b~aux meubles ? Av ez-vous bi en dig ér é ? S etes-v Ol~s Iai t ';Ine soupe à I'o znon ? E st-ce que v otre loca t rice avait une belle , ' a. r obb e cœt er a , cœ t er E t moi je leur z'y a i, r épondu : . , _ J ' ai fait u n bo n dî ner . NIa loca t n ce et ses mvités ont été t r ès gen tils p our une bo nne vieille fem me comme moi qui n ' a p oin~ d' i?~ ucatio n . Ma is c,e qui rri'a fai t pl aisir, c' est que j e r~ al p as e nte nd u (lire d u m al des voisin s et du p ro chain . Ça m 'a cha ngée d'avec v ous. A la revo y ance, m esd am es!
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Les va ca nces (10 M a d a m e D ub ois
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Maùa m e Dubois , a vez-vous p as sé de b onnes ? Av ez-v ou s p ro fité du « po nt » qui, pendant t r OIS JOurs a permis a u x cit ad ins de p arcourir m ontagnes et vallons , q uelques-u ns en ra p porta n t des coups d e soleil a ttrapés dans les a p rès -m id is t orrid es des 13 et 14 aoû r , d 'autres des rhumes r ésultan t d es d ouch es ab ondan tes et m ultipliées q ue le 15 aoù t leu r a octr oyées gén éreu sem ent et à b on comp te . . ,lV~o n sieur Pick, j 'ai p as hété à la cam pagne , parce que] al eu du monde che z n ous . Du m onde ? - Ou i, m on nev eu qui est arrivé d ans son automobile avec Sa femme, av ec son a ssocié et la femm e de son ass ocié. . Moi j'ét a is d a ns m a cu isin e, en att endan t le lai ti er p o~r m.e faire une so up e à l'œuf, q uand voilà -t-y pas qu au h eu d e la trom p ette d u la iti er j'en tends, d eva nt ch~z nou s , la trom pette d' une aut omo b ile et d es gensses qm en t rent d ans m on collidor et qu i encrêp ent ma porte en d isant: « T ante R osalie, c 'est n ous! », Et ils m e l'embrassent et m oi je leur z'y di t va~al~ ces
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Vo us s'êtes des p ertub a t eurs pour v enir me v? ir sans m 'avertir, si t ellem en t qu e je n'ai ri en d'appr~pare. » « On a tout ce qu 'il faut p our m anger ; n e se derangez pas », qu'y m e répon dent. . ' E t il s déb all ent sur la t abl e des p aquets qu'il y ava~t dedans un sau ciss on avec de -l'argent autour, .u n p etit pot b run qu'il y avait de l'argent de ss us, un poul et froid qu'il y avait des truffes ded ans et u n écreVIsse . , long comme m on bras. (( Vous s'êtes mis en dép en ses, que je leu r ~lls; c es t au m oins un n 'h om ard que vous apportez la ? » . . « C' est p as un n' h om ard , tan te Rosalie , q ue r epllque mon n ev eu , c'est sa fu m elle, c'est une langou stre ». ( Qu e n ous al lons arroser avec ces t rois boutei1l~s ? e rouge, que vous m ettrez a n ch au d so us la chemlll ee , avec ces trois b outeilles de blanc q ue vous m ettr ez a u frais sous le r ob in et », qu e r éplique l'associé. « Mais vous s' êt es fou s d'avoir ach eté tout ça, q ue je r éponds ; on n 'a p as gagné à la guerre, m ai s on peu t . ' associ é encore appitancer ses parents »' « Lai ssez donc la t ante q ue fait encor~ l a sso . ' c • ' n ou s av ons voulu, céléb rer , ch ez vans 1a.S a m t e- Marie patronne de n os dames. E les n 'ont p~s encor e d e pe~~ts enfa nts J ésus m ai s elles trav aillent bien pour en aV,o n ». , 1a l)01At ~ a' l 'en cre « Ça q ue je r étorque, c' est dan.s ." Moi qui vous p arle, je croyais touJour~ avoir un 'petIt. J e le disais à m on défunt qu i en p arlaIt par la ':llle et . d ' 't ' t out le m onde qu avant . it 1 . p ar les cabarets, qUl I SaI a . . . ar on et qUI r entrai e SOIr ave c peu Il aurait un gr<?S g Cf' A la fin je ne di sais un plumet d 'un m etre d h auteur. , r' d 1 plus r ien à mon hom me à cause qu a u leu. e payer a femme sage il n e faisait que payer des litres ch ez le m arch an d de v in ». C' est b on , q uand j'a i fin i m on h istoire, ces d 3;mes m 'a id ent ;1 m ettre les couv èclc s , et qu an d les couvcc1es son t mis, je vais à la cu isine. ' « OÜ allez-vous) ma tante ? qu'ils font tous ensemble, o o rn rn c d 'accord . « J e vais vous fa ir e un pla t, qu e je réponds. J e v eux «
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p as q ue vous soill iez d u vôt re et que Je soye pas du mienn e. . E t je leur x'y fait une .omel~tt~ ave c les mOl:1l1es que m 'av a it apport ées la m ere P it ois , d e la P etite-Ab ergemen t. l ' b C' est bon, on m a nge m on om ele1;.!-e, on )OIt u ne . ou t eill e d e m on vin de mé tyes de ::,ont hOn!1aX, qui e~t f ameux . Et m on nev eu, il 'ouv re le couv ecle cl:l pet~t p ot brun , qu i ava it de la graisse dessu s et de 1 h àchis d essou s. « Go ût ez-moi ça , t an t e R osa li e ». q u e fa it m on n ev eu en m e donnant de ça qu 'y av a it dans l ~ pot . , ,. Moi je go û t e et je d is qu e c'était aUSSI bon et pt êt r e m eilleur q ue du fro m age de coch on . . Alors l 'a ssocié il débou ch e une b ou t eil le d e ro u ge , qui était sur la ch em iné e, et il m 'en v erse en m e di sant comme ça : , ( Goû t ez-moi ça , t ante R osalie. E t à vot re san té .et a la san t é d e la Vierge Marie et d e t ou t es les Marles p assées, présen tes et à v enir. Mo i, je goûte et je r ép onds, pour leur z'y fa ire ho nneur : « C' est m eilleur que du B olozon. » Al.ors m on n ev eu d écou p e le p oulet, q u e c 'ét a it une volaille, et il m 'en d onne un blanc avec de pet it s morceaux n oirs qui étai ent par deda ns. « C'est-y de s m orilles ? », que je de man de . . « C'est des t ruffes », que m e r épond l 'a ssocié. « D es truffes , qu e je r éplique, vous v oule z dire des pommes de terre ? « Pas d es p ommes de t erre, m adame Duboi s, m ai s de? t ruffes n oi r es q u i se sèment toutes seules , que l'on fai t trou v er. p a r d es coch ons. . « Eh bien, que je fai s, si les co chons r endent les truffes à leurs proprillétaires, c'est qu'ils n e le so n t pas t an t q ue ça . ( Ma Lan l e , di t m o n nev eu , je reconnais d ans votre rema.rque le b on sens de la. famj lle Dubo is, v e u ill e z. maintenant m e fa ire p a s s er la . boutei lle numéro deux pour Iaire glisser les truffes et cou ler l e p ou le t. Et je p asse à m on n ev eu la b outeill e numéro deux.
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J e vous interromps, m adame Dubois, ca r je v oudrais savo ir ce que fai sai ent m adam e votre n ièce et l'épouse .de l'associé pen dant que v ou s éch angiez avec ces me~: lCurs des propos gastl~onomiques , philosoph iq ues et v aries ? -:-- Mon sieur Pick, elles mangeai en t. Il y a des gen sses qUI cro y ent qu~ l e~ felm~es m anl?ent, moins qu e les ho mmes. Des fois, c est vrai ; des Ioi s. c est faux comme J u das qui a trahi notre Seigneur, quand il a été cr ucifié à J érusalem , pour le Vendredi -Saint. Savez-v ou s pourq~o i l~s grenouilles sont plu s grosses qu e les crapa uds ? c est a ca use que les greno uilles m angent plusse que les. crapa uds . P our les femmes, c'est la m êm e chose. E nSUIte etan t pl ~lS grosses, elles on t plus de place po ur mettre plus de pi ta nce. .Les hommes n' on t p as des est omaques aUSSI grandes et Ils r:e peuven t pas m anger autant . Vou ~ ne P?uvez pas fa ir e en tre r un e feuillette dan s un e mac onna~sc et un sac de pomm es d e t erre dan s un double-décalItre, en b on ne vérité ! Pour la bo isson, je ne d is pas. Le liquide ti ent moins de p la ce que le solid e et les ho:nmes p el~ve l~t en avaler plus que les fem m es. Ce. que Je yo us d IS la, I~on si eur Pick, est en t re no us et Il faud rait pas . p ublIer clans les journ a ux. . Savez-v ou s encore pourquoi les fem mes elles mangent plus que les h ommes ? C' est à cau se de leur cors et dilat atoi re. Les hom mes , n 'est-ce pas , ils on t des h retelles que ça leu r serre les estomaques, el d es b ou cles ;\ leurs pan talons qu e ça leur serre le v entrl': Y a l' a s ù dire mon bel il/Dl.I illTI VC un moment ?u le. Il ~m m c ne p euv ent pl us 1 ren a va ler, p arce CJ U ]I S feraient pé te r le u r s b r ete ll e s e l la b o u cl e d e Ic u rs jiL1.11 l a l o n s l ' ' u.ri cl r' s l f que ~S en1l!1e.'i , sans parier de leur Gll1:tc Îté na t llre ll et préparatoire, cllcs ont des corsets qui se rétr écl· s5. Ct . L ' l b esoins ' , d es fois po ur serrer . en o u s ' c' 1arglsseIJ S U I va n l es leur est om a que, quand elle en on t trop, des fois p , I' e'1arglr . ett pour cc:cl l e~ qu ' eIl es n ' en ont p as assez.OUI Av ec ce co rs et elastique, les fem m es elles peuven t m a ng er plusse et pl~s l?ngtem ps qu e les hom mes. Avez-vous co mpris l apologe, monsieu r P ick?
- Parfai tem en t, Rosalie. Main tenan , ,'ou s po uvez con ti n uer v ot re récit. - Où en étais-je ? monsi eur P ick. . - . A la la ngouste, m adame D ubois, la lan gouste! Oh ! m onsieur P ick, on n 'a pas app orté ce t te écrev isse t ou t de su ite , ~t ca use qu e la fem me de l' associé m 'a dem an d é d' huil e c t des œu ffe s po ur fai re une m ay on naise. On a m a ngé J'h om ard , qu i éta it fa meux , je dois z'y di re, m ai s gu i av a it donné soif, si tellement , gue sitô t v idées, sitôt bue la b outeill e numéro trois, qu e mo n n eveu avait dé bo uc hée. ~ Quel éta i t ce vi n, m adame Dubois ? - Mon n ev eu m'a dit g ue c 'éta it d u b ourgogne, et, C01;:l11e mon nev eu est un honnête garçon, je su is sûre 'pl Il ne m'a pas trompée. a ü en ét a is-j e , monsieur P ick ? de~ Au. mom cn ~ , H.osalie , où votre neveu vo us v er sait ux dOIg t s cie v in cie Bourgogne . - Merci, j 'y suis. 9~lallcl 01: a fini de ~na nger l 'homard, je clis com me ça . ( ~ e vars v ou s scrv rr du de ssert H, et je les r apporte fn assl ct.tc d e fra ises et un as siette de fram boises, que a 1dcmo~sclIe Ca r?linc, c1'.Aprcm OJ.1t , e!1e n~'avait fa it cac ea u , a ca usa cl un service gue Je lm aVaIS rendu. (~ Oh ! des framboi ses et des fraises d e la m on tagne! ~u elle s sentent b onncs l ma.,ta n te, « il faut q ue je vo us lf e~llhrassc ! », que cn e mil m ece, « Et m oi zauss i ! ». q ue a r t la clam e de l'associé.
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] .LIe , car, J : U IlIC uu eux Tons x'y dire qu de VOllS z'y ~~~ll l ~~U ~l1~nSielll·. , ~~ick , c.cs dames el!es avaient bu , ' : y a n t. s o i} , <.\11 V I Il V ie u x, c l: r t o n I I C v ous m et en ,:,d-fech oll c o r t um, le v in v ieux . C e n )c:1l: co~nm? les. h omm~s qui ~ lC peuvent pa s se v o it' l e n t ui c d h abi tud e cl o rc lin ai r o , CI uancl ils s o t rt par le~ banq~lets et q u'ils ont bi en b u à la sa nté de la R epub,lI g ue, Ils se t u Loillent; ils se se rrent les mains, ils s .?':t:pel~ent ( che r a m i H, cœt éra, cœ t ér a . E t, s' il y a à co.te d eus~es, à table, des femmes qu' ils ai m er ai ent mieux aVOIr un n 'hérisso n qu 'elles dans leu r lit, ils s 'en
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rap prochent, ils les versent à b oire; ils leur z' y donnent les bOJ;"ls ~orceaux et ils leur z. 'y di sent d e joli s mots d a ns 1 oreille : et les dames elles so n t t au t es con t entes ' elles pincent leurs lèvres comme s i elles suç a ien t u~ morceau de réguelisse de bois ; elles font d es yeu x m ouran~s comm~ des cha ttes qu i font p ip i dans les ce nd res, cœt éra, casté ra. La faute à qui, monsieur P ick ? La fa ute a u vi n v ieux . C'est bo~ qu and on est pour m anger les fraises e t les framboises, mon neveu dit co m me ça : Il Maintenant, on va ti rer les b oîtes en l'honneur de la Sainte Mari e », Et il prend un e des bouteilles qui r estai ent sur la cheminée. cc Voilà du champagne n ] q u ' il me di t encore. « En es-t u b ien sûr ? » que je lui fais. « Vous voyez bi en que le n om est su r la b outeille », qu 'il rép ercute. Cl .ça. ne prouve r ien, q ue je r ed is. J e m e m éfie d es escn ptlOns com me d es m ouch a r d s. Les écri teaux n e prouvent r ien . Une fois, un homme d e Mér ig nat m' av ait v~nd,: ~ne bo ute ille qua y avait d essus écr it « Eau -deVIe vI~Ille . de dix ans », et q ue c'était d 'eau d e vie d édou1;lee de l'an d'avan t et qu' il n'y avait p a s mollien de 1 a~lumer quand on v oulait fa ire u n brûlot. « C est comme les escr ip t io ns qu'on v oit sur les t ombes des cemi t ières. · On lit : Ci-git un bon p ère, un bal}- fils, un bon époux, un b on citoill ien su r une pierre qUI y c: souv ~nt dessous une canaille qui a b a n d on nait des p etits, qUI battait so n p ère e t sa m ère, qui fesait es .to~rs a sa femme et qui v olait ses v ois ins », Les escr ip t ions, voyez-v ous , c'est d es a ttrapes e t pas a u t re chose, comme les affiches à l'él ector ale. B « Ma tante, qu e fa it m on neveu, vous t ournez à l'aigre. uv~ ,:n peu de vin d e Champagne, d ans lequel nén t re pas e JUS de pomme et de bicarbonate , e t vos idées et vos p aroles seront plus ga' C'est bon' . les », , on tnnque et on r etrinque e t l'associé dit comme ça : ' cc Maintenant, on va chanter cha cun la sienne »,
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Pas moi, que je fais, je suis trop vieill e »,
« Vous, comme les au t res, qu'ils r épercutent tous
,ensem b le comme d 'accord. « Eh bien! commencez, et je verrai si je m'en rappellerai d'une ». Bon. L es hommes commen cent. Mon neveu, il dit une chanson que ça p arlait de Barbe-Bleu e, l'associé il chante une chanson t errible que ça fesait trembler les assiettes. Ma nièce chante une cha ns on sur les p etits parpillons qui s 'envolent dans le Ciel bleu sur l'aile des anges et la darne de l'associé elle charite une chanson Sur un navire qui s' en allait par la m et orageuse. Alors ils disent : C( A votre tour, tante Rosalie », , Et moi je leur z'y ch ante la chanson d e Gros-Jean, Clue mon d éfunt m 'a vait appris et qui dit comme ça au refrain, qu'on ch a n te tous ensemble comme d'accord: Va, Gros-Jean, roule ta bosse, Le crin-crin Nous m et en train F aut bien rire un jour de noce On n'rit p lus le lendemain. Pen~d~nt qu'on buvait, q~'on chan tait qu'on disait des .b etIses, les h eures passaient et voilà qu'on entend sonner minuit à mon 'vieux horloge. - y faut s 'en aller se coucher, que je dis comme ça ' vous dussiez en avoir besoin ? ' d' Mais il~. ne v eulent plus m'écouter; au contraire, ils Isent .qu üs veulent monter sur les Balmettes, pour voir l e soleil se lever. deMoi, je les l?-iss~ partir; mais quand je v eux me lever Sur ma chaise, je me cramponne au dossier en disant cornrn r, ça : ' « Dis don, Rosalie, est-ce que tu serais patafiouler par exemple ? n ' , ~a m e p asse: je v ais dans ma chambre m e coucher, ~aIS .quand )~ v eux souffler le chandelier, impossible; ) avais le t.ull.iau d e la gargoulette b hé' IC C' . . es,t b ~m , que je me d'IS encore, tu ouc l'éteindras quand tu te r eveilleras ».
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B o n, j e m'endors; m ai s, quand je suis endormie, il m'y sem b le que je su is d a ns le b ateau de la m er orag euse , qu'avait chantée la d ame d e l' as socié; je monte, j e d escends avec les v agues. E ns u ite i m 'y semble que j e s u is d ev enu un pet it p arpillon bl eu qu'avait chanté m a nièce, et q ue vous étiez, vous , monsieur Pick, aussi un petit . parp illon et que n ous montions tous deux au ciel , su r l 'aile d es anges, en nous rembrassant. Q uand je m e r év eilla i, m onsi eur Pick , il m 'y semblait que j'a v a.is u n e cl och e à lé!; pl a ce de la t ête, et que, qu and jérerriuais. on m e donnait un grand coup de b âton sur le cotév et. E t puis, je m 'aperçus que je m'étai s couchée avec mes bas et q ue je n 'avai s p~s enlevé m es frisettes. Si vous aviez été là, vous m 'auriez vu rougir d'honte monsieur Pick. ' Enfin , je m e lève. Je m e m ets en fen être et je vois que l 'a.u tornob ile d e mon n eveu n' é.tai~ plus là et qu'il pleuv ait à sci aux, com me v ach e qUI J.:nsse. Ah! j'ai été bi en malade toute la Journée, monsieur Pick. T antôt c ' ét ai ~nt les t;uff~s, t antôt c'était l;homard, qui m e tour m entaI ent. J avais fermé m a porte à clé p our que ces dame~ n e ~~ vo:>;ent pas dans. cet état. T a i bien bu d eux litres d infusion de camomille; et le soir, j e m e suis resso~venue q~e mon défun~, quand il avait trop pinté la v eille, prenait, le lendemain, en guise d e remède, unesoupe à l'ognon. J'en ai fait une de SOUpe et ça m'a soulagée. L e lendemain, le facteur m 'a ap p ortée une lettre de mon n eveu. Il m e disait com me ça qu'ils n 'avaient pas vu le s oleil sur les Balmettes, qu'ils av a ient été pris par . l a pluie, qu' ils ~'étaien~ mis à la choute dans le t rou d e Grand-Fontaine, qu en tre deu x averses ils étaient redescendus ch,~z no~s, qu'ils ét aient ent rés dans ma cham"?re ~t . ~u Ils m a~alent trouvée dans mon' lit, les y eux a morti é ouvert s, n ant je n e sais à quoi et ch antant: Gros-J ean , v a, roule ta bosse, L e crin-crin Nous met en t rain Faut bien r ire t~;l jour de noce On n 'rit plus le lendem ain.
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Et mon neveu disait, en finiss ant sa lettre A l'année prochaine, ma t ante ; nous reviendrons célébrer avec v ous la fête de Sainte-Marie ». Oui, qu 'ils y r evi ennent, les gu eux, et je les fiche à la porte, auss i bi en que je su is une honnête femme, monsi eu r Picl\:. - Vous n e ferez p as cela , Rosali e, vous avez trop bon cœur. - Ah ! monsieur P ick, si j 'avai s eu bon cœur, m écredi dernier, j 'aurais p as ét é si longtemps malade que je l'ai été. Il
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eusses une puce grosse ou petite: Jusqu'à mon mir~!1 qui n 'a p as de puces, et le bon DIe;~ sait cependant s Il court partout s'il entre partout. sil maraude p art0t:t morceau de lar d ou une aile de volaille, et s'Il devrait ramener avec lui de la vermin e de partout. . - Laissez v ot re chat à ses lar cins, m adame Dubois, et dites-moi plutôt d'ail vous vient cette haine contre les puces. . . . - Ah! monsieur Pick, c'est toute une histoire, et, si je la raconté, il faut que je dise du mal de mon défunt, et ça m'ennuie. -: Parl ez quand m ême, Rosalie. L es ab~ents o~t toujours tort 'et les morts sont réduits au sil enc e ; Ils . ne p e~vent pas v enir de l'autre monde pour se défendre dans ,cel].+i-ci, et c'est vraisemblablem ent pour cela que A~~ee a prétendu qu'un âne v ivant vaut mieux qu'un empereur mort. - J3on , je commence. Dubois, qui est au ciel me par~onnera comme je l'ai pardonné. aborq, je vous r ép ète que J ean -Marie, mon défunt, ~t~l.1t le'pl~s coura t ier du monde. J'avais b eau le disputer, Il continuait toujours, que c' était une escan dale et q~e le m onçle, qui sont si m échant, il disait m ême que les ~ames qu'il fréqu entait elles lui donnaient à lui de 1 argent de leurs hommes? elles, que s'il ne fesait pas œuvre de ses d ix doigts, c'est parce qu' il vivait sur le Q9s de P ierre ou de J érôm e, - que ça me fesait bouillir le sanque dans les veines. , Et quand je ~e reprochais sa conduite abominable, il r~J.?011dait qu e c'ét ait pas v rai, que j'écoutais les m auvarses langues, que j'avais pas de preuves, cœtéra, cœtéra. Je vous ai dit, monsieur Pick, que j'aimais p as les p~ces et q ue je les combattais à la m or t. J e mettais de 1' ~psectrici ge partout, et quand, u n jour, Dubois m annonça qu'il allait partir au bon pay? pOlIr pre,nqr.e 11~ e commande 4~ brodequins et de souliers ferrés, I~ navait pas non plus une puce ni dans sa Ch~~lse , 1~1 dans sa culotte, Iii d an s son habit veste. ~on , voilà Dubois · p~rti ur." samedi, en ~'an).1o~çant qu Il ne r eviendr ait que la mercredi ~;uiv?-n~e . Et I~ est
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CHAPITRE XXVIII
Une histoi re de puce s
_ Mons ieur Pick, vous dussiez v enir vous ass eoir sur le t rettoir, devant ch ez nous, pour prendre la frais du soir . _ Vou s m e p ermettrez, m adame Dubois, de ne p as a ccepter votre invitation. Un séj.our,. de",: a~t . votr~ immeuble, ne m e sourit guèr e, et. Je tiens a évit er , a l' heure de l'An gelu s, le ser in qUI v ous enrh.ume, les p erruch es qui jacassent toutes ensemble , au p omt qu'on n e sait plus à qui répondre, et les puces, échap pées des jupons de vos voisines, qui viendrai ent troubler mon sommeil et ch evaucher , jusqu'à l' aurore, toutes les p arties de mon individu. - Monsieur Pick, vous pouvez venir chez nou s. Il n 'y a pas plus de puces que dans mon œ il. Les puces! je les abom ine si t ellem ent que j'ai dit à ces dames : « Vous m e ferez t ouj ours pl ai sir en v en an t v eiller ou faire la causette chez nous, m ais n 'apportez p as de puces ou on est brouillé », Ces dames ont com pr is l'ap ologie. Elles se sont mis sur leurs av antages des ingrédi ents t els que in sectricide, mort-aux-rats, feuilles de noilliers, si t ellem en t que vous p ouv ez les ossecult er , vous ne trouverez p as sur
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resté qu inze jours par dehors, m onsi eur P ic k ! ~ar de~ors, c'es t pas le m ot, c' est par la ville q u 'il faut dIr~, pUisqu e ,ces dames son t venues m e d én on cer p artout ou Il p~~aIt son t emps concubina ire et pas loin d e son . domIcIle conjugane, . E t quand il est r entré quand il m 'a ex pl iq ué com ment Il' . , re n ava~t pas trouvé ses pratiques p our p rend re ~es.u de souli ers, qu and il m 'a co n té une de ses lustoIres comme les hommes ils savent en fabri quer pour leurs · ~emmes mnocentes et fiables J'e l 'attrape p ar le bras, 1 .~ l' emme' ne ,da~ s ma cham b' re p our qu',ïl r;'y ,alit pas d,escand?-le, J,e 1 enlève son h abit veste, Je 1 enle ve son gIlet et Je lUI dis comme ça . 0' . ' d « u as-tu pris les puces qu e tu n'avais pas quan tu ,es parti, dis z'y voir un peu? dis z 'y voir, g:and traltre, que Judas, à côté de toi n'était que de la petIte... chose. « J e' les ai ramassées en ch emin », qu'il me répond. • « T~ es t-~n traîh:e et un imp osteur! que je répercute. Je vais t,e dire, mor, d'où qu'elles viennent,' ces puces. i.ell~-la l~, qUI est Sur ton estomaque, elle VIent de c~lez eUOUIse' Pilod ; celle-la là , qui est sous le col de ta chemIse~ e VIent.de ch ez la Georgette Dufoin; cette grosse, qUI monte le long de ton bras, elle a t 'été enfantée par cette dame Fourneau, qui ferait mieux de garder ses filles qUe de détourner les hommes de leurs devoirs conjugals ! hl « Qui t'a d~t ça ? » que fait Dubois qui devient plus .anc que neige. , f « .Je sais tout », que je réplique. Que dirais-tu si j'en aesals autant que' toi? A vous autres, tout est permis; leux ~emmes, tout est, défen du. Un ' hon:m~, qui co~t guilledou comme tOI, est u n lapin qUI n a pas frOId :~: yeux; un e femme qui danse deux fois avec le m ême, p ,est par les langues, et on la traite comme madame ~l[:~h,ar qui voulait séductanter Josèphe. . fait ol1a-~-~ p~ J ean-Marie qui se m et à gen ou x , qUI celui-la qUI pleure comme Marie-Magdeleine sur le roch er de Charix ,et qUI. m e demande de le pardonner, en lt~me~t?-nt qui ne recommencerait plus. Je 1 al pardonné, Monsieur Pick.
Votre mari a-t-il r ecommencé? madame Dubois? - Oui et non, non et oui , È t puis ça qui m e soulage, e.' est que je l'ai toujours pardonné de son vivant et à son Iit de mort, parce que, voy ez-vous, y en avait pas deux co~me lui pour faire rire le monde. On voulait le battre, et Il nous racontait une histoire que, si on ne s 'était pas retenu, on en aurait fait pipi dans sa chemise. -.- .Ce qui prouve, madame Dubois, qu'une femme q~l nt ,et qu'un guerrier qui a la foire sont toujours desarmes.
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la p êche, j e m e couche, je m'endors et quand je me réveille a v ec le grand jour, mon h omme' n 'était pas rentré. , Me voilà toute baigne d e sueur; j e crois que JeanMarie s'est noilli é et je m'appr éparc à aller v oir , vers le la c, ce qu'il est d ev enu, quand arriv ent Lafraise avec Rose Tiatia. « Qu'avez-vous donc, qu'ils m e font comme ça, vous av~z l 'air toute chose; vous se faites sûrement du mau, Va IS sanque . « Cl; bien d e quoi, que j e r éponds, Jean-Marie est partI, luer au soir, à six h eures, pour aller v ou s p êcher de~ écrevisse s, et il n ' est p as r entré . J e crains qu'il lui sort malheur arriv é. L « ~e vous se tourmentez pas d 'avance, que fait afralse, je v ais aller v oir a v ec vous. l( Mais mon dîner ? (l ,L a Rose vous le fera, en n ous attendant. C es t b on, on p art les d euss es. On v a a u bord du la c, et q u and on a rriv e sou s un sau le, a u pré Chapel, on trouv e l e s b alte s , l e ch a p a n, le g ilet et la blouse d e mon. h om m e, qu'il y avai t d essus un p apier avec' ce tte escn p tIon : « Je v ais me destruire. y a longtemps que je mange « des chambers, c'est bien à leur ' t our de m e m anger. «( Pardonne-moi , Rosalie et console-toi, tu en trouveras « u n autre qui vaudra mieux que moi. • « T on homme qui va descendre au la c et monter au
CH APITRE XXIX
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Souvenirs de la Saint-Michel
- Ah 1vous pouvez bien p arlez d e la Saint-Michel, m?nsieur Pick J moi, je m e resouviel'l:~ d e .cell~-la là de mi l huit c e n t soix a n te -de ux, q u e J a.va i s v l~ g t-de u?, ans ct qu'il y avait dix-neuf m ois que j 'av al s m a ri é J ean-Marie Dubois, et que j'en ai encore la tremblerole- Je vous écout e Rosalie. - Voilà-t-y pas que, la v eille d e la fête, mon homme me dit comme ça : « Tu sais que j'ai invité le cousin Lafraise, ~'OyonnaJ' pour demain dimanche. Il viendra avec sa nièce, Rose Tiatia. Tu achèteras un poulet, tu achèteras d~s .per: OI J irai c~ettes, tu feras une trâtre aux pommes et pecher des écrevisses. Il n e faut pas que Lafraise sorte de chez nous avec la soif et avec la faim. Quand on va ch ~z eusses, à Oyonnax, y mettent t out par les éc uelles, et Je veux pas être en r este avec eusses . Bon, je v ais au marché. J'achète un poulet à un homme de Bolozon, des p erchettes à un p êcheur de Port et de la fr aise de veau pour mettre sur les cerceaux de mon homme ' qui part, le soir, pour aller p êcher ,d es écrevisses dans le lac, au Pré Ricanet et au Pré Chape!. Comme m on homme se rentrait d'habitude tard de
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Il Jean-Marie. ' II Quand je lis cette escription, je m 'évanouille et Lafraise me r evient en me jetant d'eau sur la tête et en mettant une pierre plate dans le dos. Puis il me dit com m e ça: ' Il Ça n'avance à rien de r ester là. y faut se rentrer, pour' aller trouver I'agent de ville qui pren~r~ un bateau et son crochet et qui r epêchera Jean-Mane ». Et il me prend sous le bras et il m' emmène à la majrie, où on voit I'agent de ville qui venait d e faire péter
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- A p rès trente ans, monsieur Pick, les femmes font -semblant de pardonner e t d e croire , pour se v enger, chacune à sa façon.
les boîtes sur le pr é Potaret, et qui dit comme ça, quand on lUI a expliqué la chose : ~ Vou.s dussiez comprendre que ce n'est pas pour la S~mt-IvIlchel que je vais m'amuser à p êcher des n oilliés. ~l votre homme est dans le lac, y a pas de danger qu'il s en sauve , on le retrouvera bien dem ain », A~ors Lafraise il me r eprend par le bras et il ~e f,am~ne ch~z nous; mais les gensses, qui savaient déjà 1 accident, ils disaient : « Ah! la pauvre femme! (( Quel malheur! (( ~h! c'est un bon débarras pour elle! (( SIon pouvait dire ce qu'on sait sur lui, cœtéra. cretéra. . Et Lafraise me disait : (( Ne les écoutez pas. Rentrons vite pour manger ' quéque chose . (( Je me sens pas en appétit, que je répondais. cc y faut pas vous laisser ail er, qu'il r epliquait. Vous avez déjà assez de douleur dans la t ête, sans vous en mettre dans l'estomaqué », Enfin, on arrive chez nous; on traverse le collidor; La!raise pousse la porte de mon arrière boutique et je "VOlS ... Je vois, monsieur Pick, que la table était mise, qu'il y avait dessus, les poissons, le poulet, la tâtre, u? grand saladier d'écrevisses, et mon homme . qui fesait boire un verre de vin blanc à Rose Tiatia, qu'il tenait SUr ses genoux. .Le sanque me monte ,à la t ête, j' avais ni la force ~e c~ler, ni de tuer quelq u un et puis, com me J ean-Man e ri ait , comme Lafraise r iai t, comme Rose Tiatia ri ait, je rne mis ri re au ssi. Au dessert quand J ean -Mar ie eut son plumet , il m e demanda pa;don; et bien qu'il ne m 'ait pas dit où il avait passé la nuit et où il avait pris les écrevisses, je l'ai pardonné de sa farce, - parce que, voyez-vous, monsieur Pick, jusqu'à. trente ans, les femmes croyent à toutes les histoires et pardonnent toutes les fautes de leurs maris. - Mais, après trente ans, madame Dubois? à
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u n a utre ; on dit d u rn al d es v ivan t s et on d ét erre lès morts, On trinque à sa santé et la veuve Pi~d. n?ü~ chante , p our iio us amuser, là ch a nson d è la Bique a
J ean B ertrand. . . Quand ça arr iv e a u onz ième co uplet, voilà que m ame-
CH APITRE X XX
Une mauvaise farce du retraité du troisième
- Où allez-vous, mad3.me Dubois? - Chez le procureur, monsieur Pick chez le procure?r. Je ve~x savoir si on a le droit, en' R épublique, de faire souffrir des cIt olliènes qui n'ont jamais fait d e mal au gouvernement. ~ - De qui d.onc ave z-vous à vous plaindre? - Du retraité du troisième monsieur Pick: d e ce méchant animal qui court de la cave a u grenier, qui se cach e partout pour tout savoir et pour tout raconter. - Que vous a-t-il fait encore? - Une canaillerie, monsieur Pick, une canaillerie. Mais donnez-vous don la peine de vous assir e et je vais vous r aconter tout ça-la là qu'il a fait, du temps que ma soupe aux grues barbouille sur mon poêle. - Je vous écout e, Rosalie, commencez. - y faut vous d ire, m onsieur Pick, qu'en a u t om ne o~ a l'habitude d e manger les ch âtaignes et de boire du vin bourru. C'est t antôt chez l'une, t antôt chez l'autre. L'autre dimanche, c'était chez nous. Bon. On met rissoler les châtaigne s sur le poêle, on met le vin bourru sur la t able, et en attendant, on se raconte des histoires, on marie çui-la là, on en enterre
zel1e Qùinzonces dit co mme ça : - Pourriez-v oiis p as, m anie Pied, atten dre un moment p our finir votre hi stoire? - P ourquoi ? q ue d em anda la veuve Pie~l. .. ,. -' - A cause q u e le v in b ourru m e trav aille et qu il faut que je sort e. -'- Faites v ite, r eplique la v euvè; ou plutôt je m'en v ai s av ec v ous pour le m ême m ot if. ~ C' est bon , elles s'e n vont toutes de us ses .a ICI; p~r~e pour s 'ensauv er; m ais voilà q u'elles n e p~üvent pas sortir p arce q u ' ori avait t iré la p éèlette de l. a'!tre. c~té. Oh! m on Dieu; que je souff re, que cr iait m ame. : zelle Qu inz onces. -' -' Que je s ouff re, que i'é~ercutai~ la veuve PI~d. . Et v oila-t-y p as que le '~1l1 b ourru no~s ~ravaill~ toutes, que n ous voul ons so r t ir tou tes et qu Il n y a pas m ollien d e s' en alle r. . - R etenez:.v ous; pren ez p atience; que je leu r fars ; je v ais appele r les voisins; ils v ien dr on t tirer la p éclet,te q ue ça d oi t être cet écornifleur de r et r aité q ui l'a poussee, et n ous pou rrons alle r nous soulager. . . Alors je m e m ets à la fenêtre et j 'appelle mes voisms : - L uis! José! Ugèn e! P as mot, p ersonne ne rép on d . Voyant ça la v euve P ie d dit : - ' Ah! ils n e disent rien; eh bien, moi je v ais les faire bouger..·. E t elle se m et en fenêtre et elle crie oorrirrie vs i oh l'av ait fouettée avec d es éronces : - Au fe u ! Au fe u ! Et, p ar toute la ville, on en tend bientôt crier : . . . -'- Au feu! a u feu 1. .. Ch ez q ui L . P ar en b as d e la VIlle, p ar damier l' église, aux Salignon s... Ça sent le bùcle, cœté r a, cœ téra, . Puis on t ambou rne, on son ne le t oquessin à l'églIs e
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et les trompettes musiquent l'air de l'incendie, et l.'on entend les pompes avec les boilliaux et les pompIers qui ont le casque sur le cot évet pour se garer de la chute des poutres et des tuiles. . Et voilà tout le monde qui vient chez nous e!l disant : « Ce n'est qu'une petite incendie; on ne voit pas de flammes; c'est pt' être la suif qui brille dans la cheminée ». N'empêche que les pompes se mettent à jic1er .~ t ~ arroser la maison, pendant que toutes ces dames. jqui étaient en fen être, criaient : _ Mais cuverez-nous don ; on n'y tient plus; .ce n'est pas le feu, c'est le vin bourru qui nous , travaille, . Enfin des fins, on s'esseplique, et on VIent nous d élivrer. Ce n'était que temps. . . ' " Mais écoutez ce qui m'arrive, monsIeu~ Pick, et sil n'y a pas de quoi tour~er les sanques a une pauvre vieille femme comme moi. . ' Le lendemain de la fausse incendie. Je VaI.s au procureur pour dénoncer le r'efr'ai t é .. mon locataI~e du troisième, et voilà le procureur qUI m~ répond , . _ Nous prendrons des informatlqns,Afemme DubOIS; mais avant de commencer cette enquete, nou? avons à en faire une autre qui vous concerne... -Pournez-vous me dire qui, dans votre maison, et sans motif, a crié au feu alertant les pompiers, la gendarmerie, toute la popula:tion, j~tant la terreur sI ans , une cité p.aisible où, pour ailer VOIr l,e feu, des n:enageres ont laissé briller leur fricot et errer leurs petits au berceau. Je l'ai rétorqué en lui disant: - C'est moi que j'ai crié; parce qu'on devait sortir parce q~'on nous av~it renfermées, parce que personn~ ne venait nous ouvnr - Ma~s, madame Dubois, ,q u' il réplique, on ne doit donner 1 alarme, dans yne VIlle, qu'en cas de besoin. - Juste~~nt ~ que Je f~is, justement, monsieur le procureur, c et ai t le cas, c était le cas.
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CHAPITRE XXXI
La névralgie de Madame Dubois
a -, Madame Dubois, je vous trouve rajeunie. Chaque nnee, vous avez un printemps de plus. TaIsez-vous, séductanteur persuasif. Si vous ~ aVIe~, v.ue, il y a un an, quand j'ai eu ma névralgique, que J, ar été malade si tellement qu'on m'a crue morte. - C est extraordinaire. - E~ c'est comme ça . . DepUIS quéque temps, j'étais toute chose; j'avais es Aélancements d~ns I.e cotéve~, s~r le cr êtet, par toute t ête; et q,-:and J était couchee, Je ne dormais pas. Je evenais maIgre comme un n'hareng. Ces dames me disaient: ( Il fau.t vous se soigner. Vous dépérissez, Rosalie; vtous se fai tes ~u mauvais sanque. li faut vous sustenter e vous dIstraIre », La ,mère'AQuinquerne. <;lisait comme ça .: . « C est 1 age de la crrtique. Je sais ce que c'est: j'y al passé ». La veuve Pied disait: ( Il faut vous se remarier » « Merci bien, que je répondais; je suis pas un barbe bleue comme vous; j'ai t'eu z'un échantillon d'homme
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que Dieu garde en bon r epos, qui m' a d ég oûtée de la marchandise JJ. • . , Enfin d es fin s, je su is hété chez l e m édecin, q~l ~ fait tirer la langue, q u i m ' a t â t é le p ouce et q UI ,m a ~ht : « C' est une n évralgique que v ous avez; ce .il .est rien : une maladie de jeuness e qu'un p eu d e qUlI1lI1e vous enl èvera )J . . . « Merci pour la jeunesse, que je l~i réponds: m alS Je prendrai d e la quinine p our v ous faire p lalSlr . JJ. t Et je prends d e hi. quinine que ça m e I esait a~~an d' effet qu'un p et d e l apin sur u n e planche d e b ois : ça m e bourdonnait p a r les oreilles, et vo ilà tout. En~n: j'étais si tellemen t malade q ue je r etournai a u m édeclU .. « J e d eviens foll e que je lui dis; je d eviens folle comme , . D n ez Daniel qui fut crucifié d ans la fosse a ux li on s. on . m oi z.'un m édicament qui m e fer ait a u m oins d ormIr JJ. Et le m édecin m e dit d' aller chercher chez l e pharmacien d es pilules d e ch oléra. ' ' . de (i D e choléra , madame Dubois; v ous v oulez dn e chloral! JJ « Si v ous voulez ; je tiens pas a u mot )J , cie ..P??,jé :V,a~s ch,~ z l e. ph.ermaci~n . J e l e de~lan~e lices pilules qu on ID a vait drt et qUI m e d onne en rn esp quant : . nt , « Il faut v ous se m éfier. Une pilul e ou d eusses av a de vous .co:u~h er , plu~se, ce serait d e I' em p oisou l" Bon, Je m en r etourne dont chez nous; Jerne co u c : e et je prends tin e pilule, et ça rie m' endort p as l a riévra!~ gique qui .me tr ~vàille l a t ête qui m e sonna it comme une marmite qu on tape d essus avec un m arteau . : ~ e repre~ds u~e autre pilule ; ç,a h e m e f ai t ~nc<?r e n en. Alors je d eviens co m me enrag' ée et je m e dIS comme ça : « I~ fau t e h fii1Î~ : ta~t p ir e si jenmeurs. Mi eux v aut moun~, que souffnr comme je l e fais JJ. .• , ~t ] attrap e la b oîte et j 'avale t outes l es pilules qUI étaient ~edans , qu'il y en avait a u moins vingt. . , Al ors ~l m e semble, ~ue j,e p a r s p our l' autre :n.:0nÇl.e; Je ~e se~s .p lus ma. nevralglque et je m ' endors SI t ellem ent que Je dormais encore l e l endemain, à d ix heures,
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quand 1 t er 111 a Veuve Pied en t re dans ma ch ambre pour apporLa On pot de lait. les Ye v :uv e Pied s 'approch e d e mon lit ; elle me voit cailla ux fermés, bl anche com me n eige, r aide comm e un « A..~ et eUe se m et à ge miller : laiSSé l ! 1l10n Di eu! m on Di eu! m adame Dubois s'est
. '. Et ~lrl0uI:ir, JJ•
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sIè111e l ' e cr iait SI tellemen t que mon r etraité du troipartout e.ntend , et le voilà parti p ar la v ille pour crier , « La . . , .. S est Su' n: èr e DubOIS s est SUICIdé e ! La m ère Dubois Et lCldée!)J . par l~ab~~s caf~s, par les b oulangeries, par les esp icer ies, (c La ,Ichenes, les genss es disaient com me ça : d Et le~re Dubois s' est suicidée )J. ans leu r °l~onnes elles allai ent r év eill er leurs p atrons C0111l'h s lis "1 d . , ··.e tou s 1 ou 1 s orrnaient Jusqu'à onze h eures Con11l1e ça . es gen sses d e la haute, et elles leur disaient « \T . , ous n SU;;idée » e SaVez pas ? Y a m arn e Dubois qui s'est
.c..t l
'
.
vilaine~ rl11~mde alSon
mort.
qui sont si m éch ant v cherc hait des . t poussée ' .Jà me donner la s qUI. m ,av a len
d'
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Il faut -- Le I l vous ire, monsieur Pick, que le cholera.:. _ S' C1 oral, m adame Dubois. m'avai~ vous Y0;ùez. Il faut vous dire que le chloral
Loth u ,estupefiee et que j'étais comme la femme de j e n e d;rI f~t changée en est a t ue de sel. J e dOl~ais et Et j e s ~a.ls pas. J e n e pouvais pas bouger , et voila tout. du de e~. ,aIS la soupe à l'oignon que fesait m a loca t a ire disait ~xleme, et j'entendais la m ère Quinquerne qui
y ra' p as d e r ennssron ' . . , elle y a . Y a p lus u ncc c us ou' qu a m ettre Si uClfix et d e l'eau b énite sur sa table d e nuit », l11a langue avait pu bo uger je lui aurais crié: {( ç'a n ' , M . . est p as vrai! vous s' êtes qu'une imposteuse ! J) is Ef Je n e pouvais p as p ip er mot. 1 toutes ces d ames arriv aient dans ma chambre, en P eu r a n t et en gemillant; elles ouvraient lUes placards
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pour me faire belle ave~ ~es habits du dim?-r:ch~ et elles découvraient ma provlslOn de goutte, qUI etait sur le dernier rayon de mon garde-robe. .., . «( Je n'y peux pas tenir, que fait la. veuve PIed; Jal trop d'émossion ; il faut que Je m e fortifie », Et .elIe prend un pet~t verr~ d e goutte; ~t les autr~s a !JlOlt, qui avaient aussi de 1 émos~lOn,. rapport a finissent la bouteille. Et moi, qUI les entendais, Je me disais comme ça : ,, . « Si elles ont encore de 1 em ossion , toute ma goutte va y passer », , . Enfin, quand elles ont assez trinqué, la m ere Qumquerne dit comme ça : . , « Maintenant qu'on est mieux, Il faut penser a cette pauvre Rosalie et dire un chapelet pour le salut de son âme ». . d « Elle n'en a pas besoin, que réplique la veu~e PIe ; elle n'a jamais fait de mal ,à p ersonne ~ el! e r;e,s est I?as remariée, et son âme est déjà au Paradis, a cote du Pere Eternel », « Croyez-vous », que répercute cette p<?ison de demoiselle Ouinzonces, avec son air à deux airs, « J'en suis moralement sûre », que fait la veuve Pied. « Ah! si on pouvait tout dire », que répercute marnezelle Quinzonces, . « Que diriez-vous" que fait la veuvePied; prenez garde, les morts vous entendent », . «. ] ~ ~ir3;i, répliq';le cet~e langue de vipère, qu<: ma:rr:~ :OUbOlS etait une sainte ~Itouche, qui en a fait, plr~ qu a . p.endre aV~ll,t ~e s~ mar;er et qu'on n'a jamais bien s~ SI S(;)il man, était defunte de la peau pléxie ou si elle lm avait donne le boccon pour s'en débarrasser. ,« Est-ce 9-u 'elle n'aurait pas dû avoir d'honte de fr~quente~, a son. âge, ce Piek Nick, qui ne vaut pas mieux qu elle, qUI t:e fait que se moquer d e tout et de tousses, d?-ns ~on Journal qu'on devrait traîner tous les s~me~hs SOIT devél;nt les tribunaux, pour raconter des histoires qm font rire le monde qui sont si méchant ». Et les autres .dam es, après m amezell e Quinzonces, racontent, sur mon compte, des histoires à faire dresser
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les cheveux sur le casque d 'un pompier. P ensez un p eu , m on si eur Pick, ce que je souffrais en entendant tout ça sans pouvoir repliquer. .j'VIa is voilà-t-y p as qu 'à ce moment ici le docteur l\1'âlamort en t re co m me un lion furi eux d ans ma chambre, qu'il b ou scul e ces d ames, qui com men ça ien t le chapelet et qu 'il s'approch e de mon lit en disant: « Ce n ' est pas p ossible; on n e m eurt p as d 'une n évralgie; qu' est-ce qui lui est bien arrivé? » Il m e tâte le pouls; il m e m et sa grande barbe sur les est om a gues, et il dit encore comme ça : « MaI~ elle n'est pas morte, elle dort ». Et,PUlS il voit, sur ma table d e nuit, la boîte où ét a ien t les pIlules de cho léra.. . - ~e chlor al, n .osalie. .vide ~?tUS voulez , les pilules de chloral, et, la voyant , ,1 l, en core comme ça : « ] y SUIS' ell la ' ill ' ~ a ava1'e toutes les pilules, Nous allons reve er et lUI ap p re dr "1 ût e deess' intoxi. quer et d < , n le ce qu 1 en coute d ' E l e n e pas SUIvre ex actem en t les ordres du mée~cf~' t: i ! vous autres, du café t r ès fort et très chaud, IlC 10nnez madame Dubois à tour de bras N'ayez pas peur d'entam l ' , mant R'evllelill 1 er a peau de cette b elle au bois dordormir A ez- a, et surtout, ne la laissez pas se ren. ons, ouste! » Bon, les voilà tout; f ' . jusqu'à la mè O' es a m e . rotter, a m e tnpoter, ., UIn q uer n e qUI a pris mon petit balai d "eronces, quer~Je . .n't 'Il , . . e 01 e mon fourneau et qUI me tape avec sur 1es mispht . '1 ' et que je dis: er es, SI te lement que je me réveille
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Avez-vous fini de m e chat ou iller II E t tautes ces d ' t par ensem' ble ' am es erren « M a d arne D b ' , ' , ] , u o~s est r essuscItée p lus vite que notre seigneur esu s-Ch n st », ~t le r etraité du troisième, qui aurait bien voulu me VOIr enterrer ,couraIit déi eja par la ville , en criant <aussi'. « L am' Db" , ere u OIS, qUI s' était suicidée vient de ressusciter. ', ~ Et "y a pas ,dee mO,rtalil tée Sur les mauvaises b etes », voilà, monsieur Pick, comme on revient de l'autre monde; comment on apprend, quand on est mort, le «
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. t d e . vous », mal q ue les genses p en sa icn rarcl é r a n cu ne a, vos - E t vous n' av ez p a s RosalIe , g < - . 'ell es v ous . bonnes amies d e t outes l es c o uleuv rcs q u avai ent fai t avale r ? d' t t t h au t a utour d e - P ourquoi ? E lles ~nt Ot~té ~n ~uivant mo~ mon lit ce qu'elles a ur a ien t m arm o n s l' eu r P ick, o n dltt . '. Parce que, vOY ez-v cerc ueil ~, OUS" n10 0a i t V 1S osé d iIl e t fou. t ou t hau t d es m orts ce qU Ia n n. a uI <ts se<fâ c h ent par 015 I1 . an t s, parc e q u e . cs bas des VIv . v rv at leur sou lI. er a u ... et fich ent, à ceux qui les c~ l t1 qu en , - Oui, m adam e Dub oi s,
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CH APITRE XXXI
D es souvenirs t r ag i -c o rni quus
Etes-vous allée vorr l e cirque Pinder, m adame Dubois? Non, monsieur Pick, je n 'y suis p as été. J' étais toute c~os.e, r apport au printemps. Tantôt j e suis go~fle, ta~tôt J' al d es viartiges. J'ai consulté l a v euve PIed, qUI se connaît en m édicaments, ayant été bouonne, d ans le t.ernps, chez un vétérinaire. Elle m'a fait prendre d e camomille avec la p etite santoret et d es z'hâchis de dents de lion et de chicorée, que ça :n'a fait aller comme le j et d'eau du champ de foire , mal~ q?e ça .ne m'a pas guérie. Airisi qU'aInsi, pour tout vous dire, j'ai si tellement vu de~ comédies dans m a vie, que ça ne me dit plus rien ~t q"'!'ü f~udra, si j e v ais a u P aradis, que l e p ère Eter:r:el il n Imagine quèque chose d e bien rigolo, p our m e f a.ire rire enco re, p a r c e qu' en vieillissant, l e rir e fait com m.e l'estomaque, il d evient dur à l a d étente. Et c e qui m' a d égoûtée du cir q ue, c 'est ce qui rneat arrivé l a d ernière fois que je suis é té à c et esp ec tac1e . Contez-moi ce qui vous est arrivé, rna.darne Dubois? Eh bien, voilà!
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- Y,av <l;it un cirque sur la place , d ev ant ~ ' église. Que .c étalent donc d es gensses q u i a llaie n t fa Ire leur con:éd le, le lendemain à la fête d e Saint-Cla u de, et qu 'ils s'étai ent d ép êchés d e m on t er leu r b outique, si tell~ment qu' elle n' était pas so lide. . ,e es~ bon. On entre. C' était l a m ère Q u in q uer ne .qUI ID a:valt entraînée. E lle a b eau êt re d 'â ge , elle aIme touj ours les comédies et elle a u rait le d m'ni er' d ans l'eau qu'~lle r egardera it e~core la lanterne m a g ique. C est b01~. On commence. L a musique fa it t arata, et une dam e ar r ive sur un chev al t ourne devan t le monde, et elle saute par-dessus d es t a pis : elle passe d ans d es cerceaux couverts d e papier, elle fait l'arbre fourchu et le casse-mollet sur son ch eval qui avait la rnort a UX d~nts, et tout le monde il criait b r avo e t il tap~lt, d~s pIeds. ~t des m ains, si t ell ement que l' arbre qUI ~talt au milieu de la cirque, tombe avec la toile d e la boutIque sur tous les espectateurs. . Tout lemo~de crie, et le patron du cirque il s'éc.ne : « Ne vous s effr ay ez pas; on va chercher de la lumIère; on rendra l 'argent à la porte ». Je t 'en fiche; les quinquets ét a ie n t éteints et la porte avec la caisse étaient tomb ées sous la toile, que l~s c~usses qui étaient dessous ils soulevaient qu'on aurait dit la mer imperpétueuse, comme on la voit sur le tableau de Saint-Jérôme, qui est estallé dans l'église de Nantua. ~nfin. p as moillien de sortir, et voilà-t-y pas la mère Qumquerne qui se m et à gueuler: « Au f cu ! au feu! », que ça fait peur à tout l e monde et que je lui dis comme ça: •« Mais taisez-vous donc; y a pas de feu, vous voyez bien que ça n e sent p as le brûle », Enfin, chacun s'ostine à sor t ir d e là , m oi la première. ~tl ~omme ) e, P ?uv ai s p fI-? ~Hçr en. ~yg.n L r aV I art à une errl~r~ q Ul .e t~lt d ev a n t.) c v :1;is , en errièr c . comme un 'Cf ev lSSC qui 5 ensa uv e d un vipere. Enfin, je p eu x passer mes pieds sous la toile puis apr~s~ m es jambes, mes cuisses et toutes mes avantages ; mats Je serais restée là longt emps si quéqu'un ne m'avait
p~s ·t ir é e par les jambes' et ce è' . . 'bien que c'était v o u s mo~sieur P' ~ qu yn, - . Je crOIS plainte de François D échet : IC, - C rantait la com-
C'est Carrod qui la tire La tire par en bas : La tire et la retire ' Si bien qu.'il l' en tira Et tant il l' a tirëe ' Qu 'il l'en a retirée.
C'ét . alt-yy vous ' . -dra.is bien s .qUl. me t Inez, monsieur Piok : je vouaVOIr parce que ç , . ' quence, surtout si' .a n aurait pas de conséque vous n'avez . vous me donnez parole d'honneur o . raen vu. -.-. UI, Rosalie c'est . . f m8;ls Je vous assur' . mO,I 9-~I us votre terre-neuve; nurt ?oire; parce e que Je n al nen. vu parce qu'il faisait elle s était voüë lque la lune avait fait comme vous ee a .f a c e . ...
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CHAPITRE XXXII
Comment la vi eille pompe à incendie f ut caus e d u ma r iage d e Madam e Dubois
. k - Monsieur PIC ,1' In' y a p lus de grande incendie maintenant. l' ? - Pourquoi cette r éflexion, Rosa le . . ui a _ Parce que ça me r appelle mon. mariage qus été causé par une incendie, comme Je vars va Y expliquer: . ' f ' Moi [e Voïlà -t-t'y pas qu'une. nuit .0n.. cne au eu. me lève, je m 'habille et Je V~llS a la porte. « Où vas-tu? , que me fait ma mère. «Au feu » que j e lui r éponds. . « C' est a~ ta place; laisse fa.ire les. :pompIers », Moi je fais du semblant d'obéI~, maI~ Je sors quand même par la porte du jardin et. Je va.ls au f eu. Parce que, voyez-vous, monsieur Pick; le~ garçons c'est comme des veau x ; on les m ène ou Ion veut avec un peu de foin devant le muse::au ou avec un~ corde au cou, tandis que les filles ,c ~st comme le_ chèvres; ça n e dit j~.ais n<;>n ; ç~,a 1 alr~ doux et tran quille, mais ça ne fait J~aIS . qu a sa t ete. Où en étais-je, monsieur Pick ?
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Au moment, madame Dubois, où malgré la d éfense maternelle , v ou s alliez combattre un incendie. Merci, j 'y su is . J'arrive v ers la m aison qui brûlait. et j e me m ets à la chaîne d es siaux vides à c ôt é d e la pompe . Devinez-voir çe qu'y avait sur la pompe, monsieur Pick? Je donne ma langue a u chat, madame Dubois? - Et bien, il y avait sur la pompe justement Jean-Marie qui t enait la lance , parce qu'Il ét a it se:gent d e pompiers. Y ava it longtemps qu'il m e fesalt de l'œil, mais moi je f esais celle qui n e voit pas. A l ' époqu e, les pompiers ét a ie n t d es f arceurs qui s 'amusaient souv ent à tourner la lance du côté des c eusses qui ét a ien t à la chaîn e et d e leur s 'y en v oyer de l'~au sur la figure ou d ans le dos. Et y avait pas molhen d e se f â ch er parce que c' était l'habitude et que tout le monde riait av ec le pompier. T out-à-coup, voilà-t-y p as que J ean-Marie il tourne la lance et m 'envoie un e jiclée d ans le d os p endant que j'étais baissée pour r amasser un sciau. Me v oil à toute b eigne. -.- y faut vous e n aller, que disent les celles qui étalen t a vec moi à la ch aîne. y fait froid, vous s'ête~ :r;ouillée , vons a~lez a ttr a p per du mal Jl. « SI J en m eurs, que Je réponds, ça sera la faute de c~ grand lâche, qui est là-haut sur la pompe et qui nt .comme un poisson qui tombe dans l' eau après aVOIr pass é d ans la maille d e la filoche », Enfin, l'incendie est finie. Je me r entre. Ma mère me m et ph~s bas que terre et, j e:: _m e couche quand j e commence a grevoler rapport a 1 eau qui avait gel é en collan~ ~a chemise sur la p eay . Quand j e suis dans mon ht, Je, cl aque d~s dents e t Je deviens rouge si t ellement qu on envoie chercher le m édecin qui dit; « C'est une influxion d e poitrine il faut lui mettre une vessie-cataire », ' Bon, on m et l'emplâtre et ' je r este d eux jours entre la vie et la mort, et quand j e m e r eviens, qu 'est-ce
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. près de mon . ce que je VOlS que je vois? Devinez-voir lit, monsieur Pick ? . ' donne ma langue au - Pour la seconde fois, Je chat madame Dubois. M . qui était entre ~ Eh bien, je vois Jean.-l ar~rde en bon repos, mon père et ma mère, que Dieu g et qui me disait cOJ?me ça.: . ie ctoyais pas vous « Pardonnez-moi, Rosalie : ] mettre à mal». . Pi k et ils sont sorJe l'ai pardonné, mons.leur l~t;e et c'est Je,antis avec mon père pour bOIre. un arce quand c est Marie qui a payé, ~omme de Juste~e~t lui' qui paye et le garçon qui a envie de la ?lIe, c. de se débarass er que, quand c'est l~ p~re qmàa ~n.vle au garçon. de sa fille, c'est lm qui offre oire
CHAPITRE XXXIII
Histoire de Dio zé qui , au retour de la Foire des (;ades, mélangea fâcheusement dans son panier quelques produits pharmaceutiques.
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Monsieur Pick, j'ai lu l'histoire de la Joséphine et du Diozé, quand ils revenaient de la foire des Gades, et j'ai bien ri, à cause que c'était en patois. - Vous connaissez donc le patois? Oui, monsieur Pick. - Je vous en ' félicite, madame Dubois; parce que, si un homme qui parle deux langues vaut deux hommes, une femme qui parle deux langues vaut quarante-six femmes. - Seulement, monsieur Pick, vous ne connaissez pas la fin de l'histoire. - Non, madame Dubois. - Eh bien, je vais vous le dire, d'autant qu'on a le temps devant nous, que c'est. aujourd'hui dimanche, qu'il neige sur l'hauteur et que, chez nous, ça pleut comme une vache qui pisse. - Je vous écoute, Rosalie. . . . - Il faut d'abord vous explIquer que je connars bien le Diozé, rapport que c'est lui qui m'apporte du beurre, des œuffes et des moriguelles, ,su iv a n t la saison. Et que,
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. t n n eau , ce se r a tit un ' il si il ne buv ait pas comme un a d d u b eur r e q u . brave homme. J am a is il ne .m'a ~en ~ffes q u' il y avaIt y avait un caillou ou du serai, ou es ce des pous sins ded ans. d' h ui t jours , pou r Qu' il est d on venu, y ~. eu s~me 1 ied s et so~ p an: m' ap porter des ceuffes, 9-? Il a:r a lt le~ 1a n eige , SI telle t alon m ouilles parce qu Il ayalt ga ffe . e lui a i payé un m ent qu'il m 'a fait d e la peme et q ue ] litre avec du sauc isson et du froma~l~' t y pas qu'il se Qua nd il eut bu d eu x ver res, v a l a - d e la b al eine et met à rire comme J on as dans le ven tre qu e je lui dem ande comm~ ça.: . 'ainsi Diozé. .. - P ourquoi que v ous n ez ?-InSI qu , ma fe m me qUI - C'est, qu'il rép~md, .que l e pen~e r::- êcher d e bOIre m'a fait avaler une InfUSIOn p our .m e P et v ou s voyez l' effet que ça m e fait. . uil avale d 'un Et il se v ers e un gran d v er re de v rn q omme d ans seul coup et qu i descend dans son estomac, c re pl u s fort . se m e t a" nr.e enco une gouffre sa ns fond, et Il .. . . . . et m oi je r rais aUSSI, r ien que d e 1e VOIr . . rue.r êtez-v Ou s , - Arrêtez-v ou s, Diozé, que je lUI faIS, ar ou je fais pipi dans I?-a cJ;1.eI;:lÎse. . Bon il s'arrête et j e lm r ep ercute : . a is v ou s - R acontez-moi plutôt v otre histoire et ]e v ti e que p ay er un p etit v erre. Et ]. e vais lui chercher un p etit v erre de ge~ mn l' du aIS, qu "1 1 y a de d ans d e 1 ar coo 1 u, de c'est m m. qui. 1e fai p oivr e r oug e, de la m enthe, de la cannell e, du c a girafe et de l 'estragon. Bon , il b oit son verre et il m e dit : . is - C'est p as p our vo us flatter, m adame DU~ OlS , ma j' ai jamais bu qu èque chose d'aussi fort . J' e~ a l la l arme à l' œil, et , po ur qu e j'aie la larme à l' ceil, Il faut que ça soye du t or d-b oyau carabiné . - Vous m e flattez, Diozé ? , . - No n, mada~e Dubois, je v ou s dis toute la v enté, et je v ai s vous finir m on histoir e. . « Il faut v;>us dire <;lue depuis le r etour, de la foire . J oséphine m e~ voulais, E lle allait dire a; tqut ~s, l ~s commères que Je buvais mon bien et que 51 ell e s ét a it,
.p a s m é fié e, j e l 'aur ais fait empoisonner l e p et it en m êl ant a u ch em. in contrat d u b ocon pour l e r en a r d. « E nfin d es fins, ell e va g ém ill e r .ch ez la m ère Th ~)lTI as, qui est un p e u sourc ière e t q u i h a b ite a u b out d u VIllage, à côté d u c emitière . Q ue vous s ' êtes b ête, q ue lui fai~ la m èr e Thomas, il f aut l e g u ér ir vot re mar i d e sa buv~l.lson.. , -. - J e n e d emand e pas m ieux , qu ell e lUI r epercute; m ais c o rnrrie rr t ? « A lors l a m è re Thomas l u i mont re un j ournal q UI avai t écr it d essus : « L 'ivrognerie g u érie en h~1Ît ) Ol:~·s . E nvoy ez onze fr anc s à P e rterman, pha rrn a c ien a E m sen lcefe l , can ton d e Vau d (Suis se), et vous r ecevr ez le r emèd e avec u n e notic e e x p l ic a t iv e H. • • " B o~ , q.u e f a.it ma femme; p.rêtez-mo~ le }ourn~l~ J e n a urar SOIn e t Je VOUS l e r endrai, q uand Je m en serai s ervie. . « Voilà l a J oséphine qui r evient ch ez n ous et qui n e m a r r o nne p l us après m o i . « L a g irouette a tourné, q u e j e m e dis comme ça; ce n ' est pas l a b ez oule, c'est la m a tini ère q u i souffl e JJ . « L e l en d ema in , COITIlne j 'ava is laissé m es sabots à l' écurie parce qu' ils étaien t p leins d e n e ig e, j ' entre s ans b ruit dans l a c u isine e t j e vois ma femme q ui cach e v ite un pap ier d ans son t ablier, e t , c omme il y avait encore, SUI' la t able , l e por te-pl u me e t l ' encri toir e , j e soupçon ne qu'elle é tai t en tra in d ' écrire des ch oses qu' elle n e v ou lait p as que j e v o y e; m ais je n 'en fa is pas du semblant. « Il fa u t vous dir e q ue J os éphin e a vai t une cachet te où .elle m e t t a it son arg ent. C' é tai t d ans u n po t à beurre qUI se t r o uve e n -dessus du t onnea u a u v inaigre, entre l ' horlo g e e t l a c h em inée . Q u' est -ce q ue j e vois le soir ~ ême , ~'est q ue l e P?t a'~ai t ~té ,dérangé, à preuve qu'il n y av~ut p lus d e 'toile d a r a ignee d es sus.E t j e m e d em andaIs: « Q ue d iable est -ce qu 'elle mitonne; elle écrit d es l ettres à l a s o urd ine ; ell e prend d e l 'argen t d a ns son p ot. M éfia-t é, D ioz é, m éfia-t é! JJ « Et, depuis ce j our, elle n e se t enait p lus t r anquille;
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elle all ait, elle venait; elle so rtait d e chez nous et allait au devant du facteur. cc Moi , je n e di sai s touj ours pas m ot, m ai s je m e m éfiais . (( Enfin des fins, elle r entre un jour, en ch antant comme si la poul e ava it pondu u n œ u ffe d'or. « J e n e di s rien encore, m ai s j e m e m éfiai s, je m e m éfiai s, et je m e m éfiais en cor e pl us quand, m a femme qui, depuis la foire, n e m e donnait plus à boire q ue d e l'eau de la citerne, ap p ort e sur la t able, avec ma sou pe, une bouteill e de vin. Bon, je m ange m a soup e et, quand j 'ai m ang é, Joséphine m e d it: « Bois un coup, Diozé, tu es assez jeûné du vin; bois un coup pour faire d escendre les favioles qui son t d ans la soupe. II .- Qu and ma femme m e dit d e b oire du vin p our faIre. descendre les faviolles, je m e méfiais encore plus; aUSSI, au li en d'aval er m on v erre d'un seul coup, comme c' es~ m<;>n h abitude, je n' en pris qu'une p etite gorg ée: et, a p eine fut-elle ~ans mon gosier, que je m e r enversaI sur m a ch aise en crrant : , ~( Ah ! mon D ieu, ;non Dieu, qu'est-ce que j'ai bie? la. L,e vent re m e br ûle, ma t ête tourne je su is em p oisonne! II ' di « Ce n 'est rien, que f a it Josép hine tu as un ét ourlsse~ent; couch e-t oi sur ton lit ; j ~ t e mettrai des couv ecles ch auds de m armite sur le v entre et ça te p ass er a )J . ' e ' aJI"r m e couchebet je m e m ets à. lever les J' ambes, à battre l .empoison " . " avec m " es ,ras et"a cr ier : « J e SUIS né 1 Je SUIS emp OIsonne 1 J e s ' . . . 1 0 ' aille me ch erch' ,ens . que JC v ais !ll0unr. ", LI on er le m ed ecm pour me SOIgner et le curé pour me con f esser ». « Mais Dioz é que fait J • him e, tu sais . bieri osep ien que l e . h eurcs d'ICI, " " et que m eêdeci ecm "es t a' l a' v ille ,a t rOIS le curé e~t par t i en Bresse, p our voir sa m ère qui est à la d erm èr e )J . Di, eu ' m on. D leu, ' . err' ai" encore; ce , « Oh .1 mon . que Je n est pas le medecm que Je r egrette; c 'est le curé, parce à
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que j'en ai gros sur la conscience. Je vais aller tout droit en enfer, c'est sûr )J . (( Ecoute, Diozé, que fait Joséphine, j 'ai èn t en d u dire qu'on p eut se confesser à son p r ochain . Confess e-toi à moi, et je t e donn er ai l'absolution », « Crois-tu que ça sera aus si bon? » (( On p eut to ujours essay er ». c.c Alors, prends une chaise; approche-toi du lit et je vais soulager m a conscience », La J osep hine pr end une chaise, s 'approche du lit, r écite un pater et dit: . « Commen cez, m on en fant )J. « M~>n père, que je lui réponds, je m 'accuse d'avo~r commIs.?e.a ucoup de p éch és, des p etits et des gros~ mais comme J ai p eur de n 'avoir p as le t emps de v ous dire les petits, je. vais commencer p ar les gros ». cc Continuez, mon enfant » cc Mon p èr e, je m 'ac cuse d 'avoir ét é un faux témoin dans ~es ~ff~~r~s de b ?rnage et devant monsieur le juge de p aix ou J al m enti, après avoir lev é la main, pour gagner un e p ièce de cent sous ». . cc Con t inu ez, m on enfant l ) . . (( Mon père, j e m 'ac cuse d 'avoir coup é des bois sur le voisin ". « Continuez, 11'lOn enfan t », (( Mon p ère, je m'accuse d 'avoir vendu au boucher une bête m al ade, que j'ai fait saigner au moment où elle all ait crever ». « Continuez, mon enfant », ce Mon p èr e, je m'accuse d'avoir, quand j e n'avais plus le sou pour aller a u cabare t , pris l 'argent que ma femm e cachait dans son pot à b eurre, en t re l'horloge et le tonneau du vinai gre », ce Con tinuez, mon enfa nt ». ce Mon p ère, je ~ 'acc.us~ de ~' être, p.as touj~urs re~tré ch ez nous, quand J allais a la ville ou Je passais la SOIrée à l'auberge des Trois-Moineaux , où il y a d es servant es qui chantent, qui dansent, qui sentent la cerise qui ont des bas blancs et d es j arretières roses JJ. '
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(~ Si vous avez fa it ça m on enfant q ue r ép ond J oséphme, vous ir ez en enf~r n ' « Après v ous, m on p ère 'q ue j e r éplique », « Et p ourquoi, s' il vou~ p laît ? » ~( J!arce. que v ous avez voul u m 'empoi sonner, p~rcee q .e Je vais m e traîner jusque chez le gar de ch am pet r faire ma d éclaration » « Mais tu es fou! n ' « J e n e suis p as fo u . Tu a s v oulu m 'empoisonner », « Et av ec quoi ? » • « Av ec ce tte b outeille qui es t sur l a t abl e. L aisse-mal m e lev er et all er trouv er le garde », « Tu n e feras p a s cela Diozé! » • « J e le fer ai.à oins qu~, pour m ontrer que tu ~l'avaiS es bas m auvaise intention co ntre m oi , tu n e n11lSS la out~il,le qui est sur la table ». nVoila Joséphine qui se met à pleurer. Mais quand eue VOlt que je v ai s sortir elle a peur. E lle va à la tabl e, ~ e ,:,erse dans le v erre du vin qu' ell e avale en f aisant -: [Sn mace. E lle en b oit deux elle en b oit trois, elle en .Olt quatre v erres, et q uan d 'je vois qu'il n e r este pluS n et e ne(~ 8ans la boute~Ue~ je lui clis : fe est bon, Josephme. J e v ois que tu es une hon dommte et q~e tu n' as pas v oulu m a mort. Couche-toi et rs >J. ranquills ;' J' e me sens m .ieux et . . main Je " SCIaI g u érrii de-.
d~
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vaEt Dioz é se met à rire et m " . . 1!s ~lez aussi, monsieur Pick ol.Je na~s comme lui et cette histoire, si les , nront comme vous et mol. . msereriez dans le
fo~~on~
've~J: f.~ne. qu~
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La pauv re Jo • 1 " ' . " .. 'U ' m ais c c n 'était sep 'n ne na pa.s p1.l s c l~nll t ranq u- e5 la nuit à all d pas le souci q ui l' a gitaIt. E lle a p aS e t au p ot de de ch am b re au boêclet et du boêd
c1~am;~~t
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Et savez-vou . ' é de cette histoire ~ m~dame Dubois, ce qUI. est arriv . _ J ' ' e dIt Diozé ? e n en sais . _ E h bie '1 n en , que je r éponds. e est arnvé · que, connue c ' es! ma f e1u1ll: qUI. a .bu le n,l r emèd m e faire avaler ,e contre l'ivrognerie, qu ell e voulaIt un v erre de vin c est elle qu i n e p eut p a s seulement voir ' mal au cœur, en sorte que, uan d iJe r entre ,usans f a :,olr q seul. ne euillette, c'est moi qui la bois tout
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CHA P IT R E X X X IV
U ne Hi sto ire d e Ca r na va l
. , t lus le t emp s d e car n aval - Monsieur P lck! ce .n es Jan n e p eut pas, a vec l e des a utrefois . J e sais bien q le vin à trente sous le pain à trente sous le kilo, a~~ à l' époque: . litr e faire d es b anqu ets ~om 1 e j e m e s u rs dit com m e ! . qu , a in . si, . l ' a u t r e d lm anc l , AInSI ça . . " 1 f pas ou blii e l' les bons u sages . Du 1 « Rosalie, l a u.[ eais un poulet pour a t em p s d es a u trefois. tu m aI l g f< is Çu i la là qui suit t e a . m ardi-gr asse, fai a IS ~o mme a u' ri l les retrouve au I::J al 'ex em ple d e ses p eres et m er es, r adis ». "-!l a n d d e p oulets, d e c 1 "' E t je m ' en y v ru. s c,1l.~ z' . le rri" a.r • e le c1 ernam e (CS n ou v olailles et aut res amphibies et ) i t p a s l 'occa si on d 'ull l " ' l s i i l n a.u i a i c: • Velles d e sa s u .u e c .. . , à l a In annll e . . p oulet, p as cher , P? u r m etü'fl a m on affa ire et Il me L e m ar ch a nd r epond qu montre un poulet. . . . 'est p as printanier; il a les « Mais q ue j e lm fa is , Il n .1 d os ». ' z' harpions et d es p Ol'1s b l 8;~ cs SUI ~ e... a n d . L e poulet es t J
- Ça n e fa is r ien, (~U Il;ne l<:~res d e viande. Rien b on; il vous fera a u m oins lail] l Du reste, j e vous le n' est t romp eur comme l a vola e. laisser ai à bon m arch é. II
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( Com b ien? ) (c Ving t et trois francs p ' . . • « Ma is v ous s' êtes fou ; po ur VIng t et tro is truncs, on aura it eu u ne p ou larde g .a sse de Bres se n . . . ' « Au t refo is, Madam e Du bois . q uand les h etcs etal.en t g rasses; m a is ça a c ha ngé ; ma in tenant ce so nt les b êtes q ui so nt m a ig res et les gensses qu i son t gra sse s ». Enfin des fins, j e m e fuis rabat r e q uaran te sous et j e r amèn e m on p oulet chez nou s, en le cach a n t sou s m an tabl ier à cause du m on d e q u i sont si j al oux, à ca use d e m on m ou ch ard de retrait é du t ro isi ème, qu i p a sse Son t em ps ~L écornifler , ~L écou te r cl rrilT~ les p ort~s, à r egar der par le trou d es ser ru r s , pour v oir e t savorr ce qu 'on fa it ou ce q u' on cu it chez le vois in . Si b ien qu' il n 'y a pas b esoi n d'y fa ir e p u b lier , e t qu e, si ce m ou ch ard m 'av a it v ue à di x heu res d u mat in , ;l midi toute la v ill e aurait su q ue j'alla is fa ire ripaille avec un p oulet ù. la ~ m arm it e. - Qu 'en tendeZ-Va llS par u n po ul et à la mannite, m a dam e Du bois? - Mon sieur Pick, c 'est pas le v ér it ab le n om ; le poulet co mme je l' ap p r ép a re ça s 'a p p elle d'un n om q u i m~ fa it m onter le r ouge à la figure , ça s'app elle « à la clllp ola t a ». U n poulet à la chi p olata , cctai: le plat le m eilleur qu 'on ait p u offrir à ses am is . Encvr e fallait-il savoir le cu isiner sa ns av oir d' hon te . J' ose vou s d ire , m on s ieu r P ick q ue , q uan d H osalie Dubois avait fait u n poulet à ~a chipolat~, les gc nsses q ui en ava ient mang é s' en, ~uçalen t les d Oig t s e ll core q u inz e j o u rs ;l) >J-;;s . C e t:-ll t JXIS tout de le f~lirc Iricas cr à moitié, de le c o u p c r- C il u io r c cu u x , d e le IIl CHI c da n s la ll1anlli le a V ec du h on v in , des og nons, de~; h:lils c-t c1l 'S z ' hau t s-goù t s , il falla it savoir l e m omen t j us t e de lier la sauce a vec d u sa ng d e coc h on , sa uf v otr e r esp ect , - que c 'é ta it a ussi bon q u'u n civ e t d e li èvre et, mon co usin d 'O y onn ax, qui s'y con n aît , d it que c 'est presque a ussi b on qu 'un civ et cl' écureu il. P our en finir avec m on poulet, j e l 'ai mis en chipola t.a , à la m armite, et j e l 'ai m angé t oute seule. A utrefOIS,
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j'aurai s eu d 'h onte d e m ang er un po ule t sans inviter qué qu'un , m ai s à l'h eu re d 'auj ourd 'hui, com me o.n ~e connaît plus les ri ch es d 'avec les p a uv r es e t on a t,OU)OUI s peur de se t romper et d 'o ffr ir à d es g ensses p lus z huppés que v ou s, rapport à la g ucl:re. Si t ellement que j 'ai fait durer mon poulet ~e l.a m ar d i-grasse a u d iman ch e d es b r andons.. T ous les JOUIS j 'y a jo utais q uéque chose pour le re ve~llr, une fo~s un h ail une a u t re fo is, une p incée d e poiv r e r ou ge t une autre fois , un v erre d e v in v ieux, e ~ le d erni er J ?~ur, que c' était dont le dim anche, un. p et;t. v erre d e m ole. E t voilà m on poule t fin i ; mais Je n a l p as commen~é mon hi st oire de car naval. Ce sera p our le prochall1 coup, m on sieur Pick. - Madame Dub oi s, je co mpte s ur v ous.
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. ,' - Mons ieur Pick, pour* l' *autr e m.ardl-grass e, J.avalS t'invité la veuve Pied, la m ère Q u m q u erne et m arnezelle Quinzonce s à v en ir m anger, chez n ou s, une d aube aux r a cines jaunes. On a bien dîné. Après le café , on a bu une gou tte d 'eau-de-vie, que l a v euve Pied avait ap p or tée, pour n e p as rest e~' en r este. C'est une ali q ue u r qui es t faite a vec d es nolliaux d e prunes; c'est r econstituant, si t ell ement qu'après pl,?si eurs . r ép étitions, .on s'est senti joy euses et q';le la m er e Quinquern«, qUI ne sentait plus ses rhumatlsses, se m et à di r e : (( Si qu'on allait fa ire un tour », Et nous voilà par t ies toutes les quatre par la ville, en se t en ant par le bras. . Quan d on arriv e dev ant la rue Borgnat, on voit d es J~,!n~s g.ensses qui fesaient sauter Mardi Gras , qu e c était b~en amusant m ai s que ça n e v al ait p as quand on p or tait Bacch us sur un tonneau, comme à l' époque, quand les m as.ques et tout le m onde chan tait : A dieu ; pauvre Carnaval T u ~as bientôt nous quitt er; T u t en vas .et tu nous quitt es, T u nous quitt es et tu t'en vas.
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Il fallai t en ten dr e mon d éfunt , que Dieu garde en bon r epos , q uan d il ch a n t a it cet a ir ; il fesait t rem bler les assiettes e t les vitres . C' est b on. On va p lus loin e t, q uan d on a rrive p ar en b as d e la ville, q u 'est- ce q u' on v oit ! " On. voit qu'ils avaient sabat t u les tilleullcs , q u e J avais Vu p la nter. On voit qu'ils ava ient enl ev é le jet d ' cau qui fesait une si b ell e effe t, quand il y av ait d e l' eau et d es poissons rouges p ar d edans. '! en a qui ont dit que c' étai ent ces p oissons rouges qUI ?' ~t~ient ensa uv és et qui ont fait rougir l ' eau du lac. Mar s Je n' en cr ois rien. L e m onde ils so nt si fiable ct si b êt e. O~ va en<?or e plus loin, et q u' es t-ce q u 'o n voit ! D es o~vners qu~ ? émoli ssai ent l 'oct roi , que c' ét~it d.on le p ~s ?ea~ b ahmen t d e tou te la ville et que l architecte Ul 1 ayalt fa it , il l'av a it cop ié sur une m ai son qu e les re~s Ils appelle n t le P et-ton-nom. C es t b on. On r ep art par la ville, et , quand on arriv e d ev ant un c àf é, v oil à la m èr e Ouinquerne qui di t com me
c.
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~:
Vou s s'êtes mis dans l es dûs, marne Dubois avec sa daube, la v euve P ied avec sa ni ôle. C'est à mon tour. J e v e,; x payer qu~que ch ose. C' est pas tous les jours que c es t la MardI-Grass e. C?n entre d ans le c âfé , et le g arçon nous d emande polimem, en p arlant par r espect: (( Que faut-Il servir à ce s d ames? II (( Qu' avez-vous d e b on? que fait la m èr e Quinquerne II . (( D e .la prunell e, du cassis, du bitter, du r atafia, du «
piperrnmr
»,
« Du pipermint, est -ce bon? II « C' est fam eux; on n 'en se r t qu'à ce s m essieurs d e
la h aute )l , que fait le garçon. « Apportez- en quatre v erres ». . L e garçon apporte les quatre v erre s, m ai s ils étai ent SI t ellement p etits qu 'on avai t p eur de les avaler av ec la liqueur. . « On en a que le goût, qu è dit la m ère Qumquerne,
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donnez z.' en une redo ublè:re », , Le garçon, il nous en v erse u ne red ou b lè re , et la mer e Quinq uernc r épercu t e . . (( J ama is d eux sans t rois en l' h on neur de la Sa mte Trini té », ' ~~t on boit encore d u p ipc r rn in t , la mè re Q u i nq u~r ne pa~ e et on sort du c âfé, a uss i roug es qu e d es écrevisses CUlt es. Et la m ère Qu inquern e d it encore : « Si q u 'on Iesait le tour d u lac en cha n tan t d es chan sons d es a utrefoi s ; p 'tètre bi en q u' on v erra it m en er le b e r u à L aclu se ou à P or t ». « Vous s 'ê te s folle, que r épliq u e la v eu v e Pied , par le fr?ld qu'il fait, on p our rait. prendre d u . m al. All ons plu t ot fa ire co m m e t out le m ond e et VOIr la p om p e aut om ob ile », C'est b on. On r em on te la ru e N ati onal e, sans se t enir p ar .le ,bras, p arce qu'on aurai t p r is t rop d e place. E t Je d IS a ces d ames : « March ons su r le t rc ttoir. C Il s 'en v a les u nes après les au t r es , e n s~ l<.:n a r: t p ar la j up e, et on en t re d a n s une gra nd e r cnn se, o ù II Y a vait d e d a n s Ia pom p e a u t omobi le. « Qu'e n dites-vous? » q ne d em and e u n m on si eu r q ui se trouvai t p ar à côté. « C'est . u ne b elle instrumen t , q ue je réponds . Es t -ce que ça gicle bien lia ut ». « Ça po urJ:a it ét eiI}-clre le feu dans la b oule d u cl ocher, ue rc po.ncl l e .mOI1 SlCUr, et si vous étiez d eva n t le j et, l vans fic~:eraIt les guatre fers en L'ai r ». « Peu n !mp o:-te, SI c'es t en hiv er q ue J'c r épl ique à cause Clue J'al te . " . ' <" HlJours u n caJ1èçon en 11lver r app ort a U f - . 1 1< .IO le. - .t pu]!::' VOliS sa vez, si jamais je su is co nsti pée, Je ne vo us• l em anclcJ""u. 1 pas c.1.c me foutre u n l aveIl1cn t av ec cet lTlstrnmcn t-lù.. '
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CH A P IT R E XXX V
L es més a ve n t u res d 'li n a v a r e
- Je .vous croyais morte, Rosalie, c a r , si je ne me tromp e, ~l y a tantôt d eux mois que j e n 'ai e u l'honneur et le p laisir d e vous r encontrer. - . Mon~ie ur Pick , c ' e s t q u e j e n' é t a is pas ici . J ' étais
j
en vlrelégla tur e chez m on cousin d e Collia rd . -
E n v ill ég ia t u re, Rosalie ? . - E~ pourquoi pas. L es dames de la h aute y vont bien et Je SUIS du sexe comme elles , e t en c or e que j e sais pas c?mme celle-la là que je connais m ais que je v eux p~s dlye s0J.1 ~om pour ne pas faire d es histoires, qui a dIt, qu elle .et aIt p artie a ux b ains de m er , et q u'elle s'est 8;llee se baIgner dans le Suran, une fois qu'il y avait de l eau, et . qu' elle jetait, d ans le trou où elie barbottait, une d emI-livre de sel, pour s e faire a ccroire q u'elle était dans la m er de la grande océan. - M ais les distractions, Rosalie, les dis tr a ctions? L a villégiature n e consiste pas s eulement d ans une trem pette plus ou moins prolong ée a u milieu d'une eau plus ou rnoiris salée; il faut encore d es p laisir s pour t uer le t emp s que l'on n e passe pas d ans l 'ca u . . . - L es plaisirs ne m anquaient p as, Monsie u r P ick . On s 'est amusé à foiner; et puis on s 'es t am u sé à prendre
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. , l Trézo n; et puis, des grenouilles dans l O:g~ et dan~ e amusé à nailler. quand s'est venu les v eill ees, on s .est d s distractions - Ce sont là, mad~e l:s distractions physiques; m ais en quor consistai intellectuelles? . - On lisait l'almanach et l' A be~~le. ? - Vous ne deviez pas vo~s embJter ~s avez raconté - Non. Mais ce q~'on a quan . v~eu1 et qui, po~r l'histoire de ce monsieur qUi couchaIt UX draps d e 1I~ , faire des économies, pour n e pas u~er IId ~ent qu'il avait était allé coucher avec sa femme, SI e e isère que quand eu des petits, que c'est encore P~",!s a. ml la fièvre aphteuse se met dans. 1,ecu~Ie;t extraordinaire. - Vous avez trouvé cela épic é et 0 e voyez, plus - Pas tant. J'ai vu, tel que vous rn fort que ça. . ? - Vous exagérez, RosalIe,' . " a i vu plu s fort - J e vous d is , en bonne v ?rIté, qu e J v ous di re son que ça ch ez un homme, que ~ e v.eux pa s n om , p our n e p a s f a ir e d e s lnstoi r es. - Contez-m oi l'affaire. as vous' - C' est bien facile. Ce monsieur s'appelait Josèphe. Je veut JP l Iscadire son autre nom. Il était plus avare que e?~ ur riôtre, qui a vendu notre seigneur Jésus-ChrIS po le' trente-deux deniers. Il avait marié une femm~ qu~ 't jour qu'elle avait fait ce coup-là, elle aurait mreux ai de se couper les deux jambes et de se casser les d eux bras. f it Je peux pas vous dire tout ça qu'il lui .en. esai " rapport à l'inconomie, parce que si je vous disais tout, il y en aurait trop long et je pourrais pas mettre ~a soupe avant sept heures. Je v eux seulement vous dire la dernière qu'il a fait et que ça aurait dû le mener au bagne. S'imaginez-vous, qu'une fois au commencement d'octobre, huit jours après la Saint-Michel, notre homm~ entend passer, dans la rue, les râcle-à-fourneaux qUi venaient ramoner les cheminées. Justement, il avait des cheminées à ramoner, et il
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appelle le patron d es r âcl e-à-Iourneaux et il lui demande ce qu'il lui prendrait pour r amoner ch ez eusses.. . « C'est cinque francs p ar che m inée ll , que lui dit le patron. , « 'Ma is vous s' êtes fou, que fait l'homme, cinq ue francs c est la r ente de cent francs au cinq ue du ce n t », , « Si vous trouvez que c' est trop ch er, je vais ail1eur~, repercute le patron; quand vous aurez foutu le feu a votre cambuse, vous s' en r ep entirez », Et Voilà le patron parti avec les p etits r âcle-à:-fourneau?,-, et voila l'homme qui se m et en col èr e, qUi tape du 1?Ied et qui cr ie com me un cochon qu'on saigne pour aV?Ilr du' bOUdin , t ell ement que sa femme l' entend et qu e le « Q ,VIent lui diI'e .. . u avez-vous donc J oséphe? est-ce que votre agacI~ vous fait toujou~'s souffrir? II " qu 1'1 r épon d ~ 1e' f(( C est pas mon agacm ; c' es t 1e rac a- oU~neaux qui lue dema~de cinq fr ancs p our ramoner u ne c lemi~ éc, et com me il y en a six d ans la m ai son, ra me fenut t r ente francs à. p ayer. ail diab le v eu t-il q ue Je prenne Lrente fr ancs par le Le m p s q ui c o u rt que t ou t coute les y eux de la t'~t ? AlI"" e e . . 1. SI ] étalS pas si gros, j'aurais pas b esoin de lui pour ramoner m es cheminées ». l( Voulez-vous que j'essaie Joséphe? « Vous, Amélie ? II ' , (1. ?ui, !Don ami, Comme depuis notre mariage, je n al J?-mms man~é à ma faim, je suis aussi maigre que vous~tes gras et J'entrerai facilement dans la cheminée », « .o~s s' êtes un ange, qu'il lui fait. Entrez d ans la chemInee comme Jonas dans le v entre de la baleine, et vous allez gagner vos cinque francs », La dame entre d ans la cheminée, m ais ne peut pas monter, et Son homme lui criait: « Appuie-toi Sur les deux misphères et cramponne-toi Sur les pieds », Mais la dame ne pouvait toujours pas mo~ter., Et l'homme se d emandait comment les racle-a-fourneaux fesaient pour grimper dans les chem inées, que ça
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d ev a it êt re u n secret du métie r. Vo ilà t -y pas qu' u n e Id ée lui vient tout à cou p : « Amélie , q u 'i l d it com m e ça, sortez de la ch eminée ». L a d ame sort de la cheminée, e t l ' homme lui d it en cor e: , « J e sai s bi en pourq uo i vo us p ouv ez pas g rimper ; c est q ue vo us s 'êtes blanch e et q u e les r àclc-à-I ourn eaux sont noi rs. « Et vous croyez que si j ' éta is n oi re ? » « J e cr ois que si vous é t iez noire v ous senez d éjà su r le t oit , t out en haut d e la ch eminée ». c~ Q u 'à ce la n e tien n e m on a m i », r ép erc u t e la dame, qm pren d d e la suiffe e t qui s 'en barbouill e la t ête et les mains , q u'on a urait dit un e v éritable r àcle-à-fo ur n eaux. Et la v oil à q u i se r entr e d a ns la c hem inée, t a ndis q ue Son homme lui d it : cc Prends la r â c1ette, a p p ui e-t oi sur les d eux m isphères et cramponne-toi s ur les p ieds », :t:t la voilà qui grimpe et q u i v a j u squ' a u-d essu s d u tulh au, q ue c'était don le t ulliau du p oêle qui était d ans la ~h ambre: Mais voil â-t-y pas que, quand elle es t là, la dam e CrIe : , « Ah ! m~n Dieu, mon D ieu ! je b r ûle : le feu s'est m is a ma chemise, au seco urs ! » et C' é~af t d~s étincelles q u i étaient venues par le tulliau qui I' av aien t m.ls le feu . E t elle est morte b rûl ée, sans qu e son homme a it p u la tirer d e la chem inée. Y a fal lu q u e le s m a ç~ns d'ernol issen ' t la ch eminée pou r la so rtir. E t quand le Juge de pai t . com men t , . arrrvë . .a IX es I' aCC!id en t etaIt 1'1 v enu pou . r savoir . . Ion te f ' .10mme lm a d it q u e, depu is g m~s ~a em m e avait des idées n oires qu 'elle é t a it " ' n eura strem , lque. ' q u 'ell c se p 1a lgnaIt t ou J. ours d e n e pas manger a sa fai m et q u 1b de se d t ' ' e p ro oa lcm en t elle a v a i. t d "écid é Et le e.~ r~ I ~e en .se . brûla~1t d an s la ch eminée . ça. ~ J g e pai x Il a fait un p ro cès -verb a ux co m m e
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CH.:\ P IT R E XX XV I
l .cs d is t ra c tions d 'hi ver de Mm e Du bo,s e t d e ses a m ies
~Tme Dubois, q u elles sont vos occ upations p endant les v eIllées d éjà Iona ues d e l' hi v er qUI commenc ent ? - .Monsieur Pick ,bautrefois, on jou a it aux lot?s; e t qua n d on avait de l 'arzent suffisante, on se payaIt d es p etit es q uatre h eures ~ sa r d in es, saucisson s, fromage de cochon, ch âtaignes, vi n blanc, cœtéra, cretera. - Et maintenan t , m adame D ubois? - Ma intenan t m onsieur P ick , on s' amuse a ux devi nettes. ' - Aux d evinet t es? - Oui. S' imaginez-vous que la mère Qui119l~erne a un p etit-fils , q u i est p ar Paris, d?-l1s les m é~al1;Clel1S d u ~h emm de . fe r , et q u' il lu i on voie , q u and Il 1 a lu , u n Journ al qu i fa it u n co ncours. . ' , Il y a, d ans ce journal un e histoir e t ernble q UI s appell.e I'E lect r ocut é ou le Mor t Vivant . C'est un homm e q UI , après en a vo ir fa it de to u tes les couleurs, il se ~ait tuer en se m ettant le fil d u t élégrap he da ns le::s or~llles. On croit qu' il est mort . Pas du t ou t. Il n'avaI~ faI.t q u e d u semblant. Et qu and il est enterré, il ressuscite ; Il so.rt d e son cercueil, et ni v u ni connu , je t' embrOUIlle, Il recommen ce à faire t outes les abom in ations, que ça vou s
Parce l que voyez-vous , mon SIeu ' r P iIC'1;:, 1a po l'ice c ' es t cfm!ue es aveugle~ : ils ne t r ou vent les trous de leurs g ormettes qua n d Ils y veulent bi en.
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o, t Il m a ri e sa fille: en fait d r esser les cheveux ,s,:r .la t\ ~i d evient sénateu r il tue so n grand-p ère pour 1 h ~nter e 1 ' le lac de Ge nève. ea u sur . . . . d et ministre et capitaine e var~:, " duetantée a utrefor5, Mai s il y a t'une femme q u oIl ~ ~~end q ue le moment qui se do ute du co up, e t q UI na, propice pour le faire fo utre, a? g~~eres . C' est l à où on en es t d e 1 hi stoire- . ver t il ne m et . ~omme u n SInge , par ce l 5 les lettr es Ma is le journal , m alin p as t ou s les mots, d<?nt Il remplac~ t q uand on l es a p oin t s, des mots qu' ri f~ut t : ouv er ilfe d ix m ille francS , trouvés, on gagne ce n t mlll ~ , VIngt rn tre en or. une automob ile et un e chaine de m on 1 pou r gagne~ . Vou s dussi ez co m p ren d:e Sion. c 11.erc la le m a gination, 51 tant d' argent. Ça nous fait t r av ailler c , une m ère · d e Il e en a a ttrape t ellement que la v euv e P le a . « 51. vou 5 ningite, et que le m édecin lui a dit co m me ç v os sacréS continuez à se t ourment er la ce rvelle avec feuilletons, je r ép o?ds pl us ,de rie!l ». 1VI mezel1~ Qu iné Ce n ' est p as facI1~, :nons~eUI: P rck. 1 . a et n e ~ ~ pa~s zonees a achet é un d ic t iormaire a un en can'l IlloItlé dd que quinze sous, p arce qu'il y m anque. ~es Illots , e feuilles. On cherche l e m ot par- dessus, t èr a, cretera. trois lettres, d e si x l ettres, de v ing t lettres, c re d onner un Ven ez d on c chez n ou s, ce soir, p our nou~ autre, et coup de m ain. V ou s n 'êtes pas plus b ête qu un si on gagne, on sera reconnai ssant. <L
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............... ... . m eme, , . et j e d onnais L e SOIr Ji' eétai ais ch ez M me DubOIS, m on avis sur le m ot à trouver. Voici quel était le chap it re en question : E lle La com tesse de Fol-Email r entre d an s lei .... .. ittait ~épo~a sur sa t abl e ~ t ?ilette le ...: .. q UI. ne a q~ur les j am ais, et ap rès avoir Jeté un coup d œil ·.. ··..I' v aient amulettes suspendues à la .... .., am ulettes q U;l, a . préser v ée des accidents consécu tifs à la premler;·..... · ·~t elle se jeta dans un ..... ... q u i lui t endait les r as, est le s' écr ia d' une v oix sourde et bi en timbr ée: - La v engeance est femme; la v engeance
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pla isir d es di eux . T r emble , p erfide Polydore , ton h eure va son ner ! . . E t, ce dis ant , l a com tesse de F ol-En:ail t .lra. d e son s a.c à m ain une p~t i t flac OI~ porta~ t c~tte m :,cnpbon : (~ Porson d e s Borgia. po u r 1 u s a g e inter n e. N e n u s er qu a v ec l a plus g ran de », . E n ce m oment m ême , l a p or te du ....... s'ouvr it s ans br ui t : un h omme m a s qu é se pré cip ite dan s l' a pparte m ent; il saisit à l a gorge la com tesse q u i, à d emi étouffé~, l aisse échapper l e précie~x flaco n . ~'est c~ que voulait l e b andit. Mais était-ce bre n u n bandrt ? q UI s e n e mpar a e t l'intr oduisit e n tre l es dents serrées d e l a com tesse, e n v ers a le con ten u t ou t e n t ie r dans sa gorge. La corn t es se n e put pas pousser un cri . E lle r e tomba , com m e une m a s s e d ans s on .... . ... ; elle était m orte . PolYdor~ l a r e g a rda longuement, puis , com me s i ell e avait pu l' entendre, m urrn ura ces mot s biz arres : « Ah ! a h ! m a d ame, v ous voul iez vous venger . Allez d emander justice à Satan . Vous é t iez l e seul obstacle ~ m es .. .. .... , j e vous fais dis p a r aît r e . T o ut va bien. A moi, l es h onneurs l a richesse; à m oi l e vaisseau « L e P érou n, c hargé d e li~gots d ' or; à m oi le m inistère d e l ' I ntérieur et l e portefeuille d es Fina n c es! M ais, c om me il fin issai t ces p arol e s , un homme e n t ra d ans l' a ppartement. C'étai t l e préfet d e p olic e e n per sonne , qui lui mit un pistolet s o u s l a gorg e, e t lui dit: Monsieur, a u nom de l a loi, j e v ou s arrête. Ne r ésistez p as. J' ai a vec moi quinz e hommes . .. . ... , qui vous f eraient u n rn arrv a.is p arti, si vou s essa y iez l a moindre résistan ce. P olydo r e sen t i t q u ' il é tait l e p l u s faible ; il t endit s es pouc es a u , qu e l e préfet d e p olice lui p assa , e t s e l aiss a c o n d u ire d ans l a rue , o ù un pan ier à salade ..... . l' attendait. Il m onta sans h ésiter d a n s l e v éhicule ; l e p r éf et d e polic e p r is pla ce à s es côtés e t d 'une v oix r esp ectueuse lui d it ces m ots: « Savez-vou s , m onse igneur, que v:o~s v o us por tez b i en, p o u r un h omme électr ocu té le 2 JUIll Ig I2 e t ........ l e 4 du m ême m ois.
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L e prisonn ier s' da ns un im m en se écla t de :·ire. _ Vous doutez, mo nseign eur? dema nd a le prefet. - J e doute, répo ndit Polydore . P iqu é au vi f, le préfet descend it le volet et do nn a cet ordre au coche r. - Au Père-Lacha ise et au galop ! Une demi-heur e après, l'éq uip age s'arrê t a it d ev~~t la loge d u con cierge. Le préfet ses no ms .et q l:ah t es et dem anda qu 'on le con duisit, lui, son priso n nier et . sa su ite au Là, les urnes funéraires étaient r an gées, en b on or dre , sur des ray ons. Le p réfet s'arrêta d ev a nt l'une d 'elles et la montrant du do igt. - Lisez, m ons eign eur , di t-il. Et Polydore, stupéfai t , lut ceci Marquisi o A lberto di Passa fiore, brusciato, quarto gennaro, anno I 86] . R equiescat t Après av oir entendu la lecture du chap itre IV, 3 c part ie du gr and r oman l' E lectrocut ë ou le M ort V ivant. Il s' agissa it m aint enant de « t r ouver les mots n. Ces d ames, peut -êtr e pour êt re plu s lu cides, av aien t p er ché des lunettes sur leur nez. T out al~a p our le r~ieu x, au su jet du prem ier paragr aph e qUI fut rec onstitu é ainsi, à l'u nanimité d es voix : « La com t esse de Fo l-Email ent re d an s le cab ine t. E ll.e d~p~se s ~r la table à t oilette, le « ri golo » qui n e la qu~ttaIt jam ais , après avoir jet é u n coup d 'œ il « a t to ndri » sur ~es am ulettes su sp endues à la « psyché », am u~ettes qUI .I:av alCnt préserv ée des accidents conséc u t ifs a la pre mlCre . Ici, il y eut un mo me nt d'arrêt . Conv ulsi on ? hasarda la v euv e Pi ed . - Conc~p ti<?n ? fit la mèr e Quinque rne. - P rost it ut ion P s'écria m ad emoiselle Quinz once qui n 'en r ate jam ais un e. ' - Mesdames , vous vo us t rompez , il s'ag it de la première dentition . On me donna raison et l'on cont in ua.
« E t ce d isa n t la comtesse d e F ol-E m ail t ir a d e son sac à m ai n un p et it flaco n por tant cette inscr ip tion « P oi son d es B orgia ». N'en user qu 'av ec la plus gran de
P récaut ion, d it ~rrn c Dubois . - Admiration, fit la v euv e Pied. -:- Di scr ét ion, a jo u ta la m èr e Qu inquerne, qui avait d evi n é Juste. Ma is où la di scus si on fut v ive, c'est q u a n d on fu t arriv é à ce passage : . « Sav ez-v ou s , m on seigneur, qu e vous vous p ortez b ien pou r un homme élec trocu t é le 4 ja nv ier 1 91 2 et - E nterré ! d it m a dame D ubois . - Adoré? fit la v euv e P ied. - Assassin é ? s'é cr ia en core mademoiselle Qu inzon ee. J e d us ÏI;~erv~ni~ et d it à ce s dames q u' en t en a n t co m p t e de 1 inscrip tr on d e son u r n e funérair e, le mar qu is Albert d e Passafiore avai t été « inc in éré ». ., ,Ol~ m e d on1!-a raiso n .. Ces d am es d éclarèr ent q ue ] étais «,un malin n; q u e SI, elles gagnaient « a u co nc our s d e,s cle:'lI~ettes », le grand prix d e cen t mille franc s, elle s m ,offnraIen t une m on tre en or, avec sa chaîne en m ême m étal , Confus d e cett e a ttent io n , je m e r et ir ai avec un a ±:freux m al d; t ête, et craignan t d 'av oir , comn~e la v euve PIed , at~ra.pe, . une « m ère ningi t e n, en cherchant les mot s! Ia iss és en bl a nc d ans le feuillet on d ' u n gra n d quotr ch en.
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CHAP ITRE XXXVII
. P ourquoi 1\1 ademoiselle QUlOzonc es es t restée fi [le
'est ne s - Monsieur Pick, si m am ezelle Quinzo nce pas mariée, c'est la fau te au Car ême. - ? . . n de cette - Oui, et je vais vous donner l' esph cat lO hist oire. . ven u cheZ; Voilà-t-y pas que dans ce t emps-là . étaIt. dans les nous un jeune homme qui était fonctIOnnaIre finan ces. , s'aflltY C'était just ement dans le Carnaval et qu and n sait, sait bi en, comme au t emps des aut refois. On a do llS , on se masqu. ait avec des visagë res :, on fesait des branfFli:t!l' ~ te ~ "on man geaIt des bugnes, des bri zôles et des m a . qtJ. I qu e c'était un vrai sardanapal. Vous dussiez comprendre que le jeune h om me, qtJ.e était dans les F inances, il s'amusait autant ~t plus{a ir e les autr:s. Y en av ait pas un de comme lm p ourm "1leS l des g~hpettes. Toutes les filles. et ~o,:tes . les. fem ie tJ.?' vo ulai ent danser avec lui ; m ai s lu~ l~ <;t~maIt étaIt danser avec m amezelle Quinzonce qm, a 1 epoque' .t d es grasse comme un petit cochon de m er , qu 'elle aval 'il s c~l,ev~ux bl ond s et frisés et des ye ux l;::ou~·ants. E t 1~ le s et3;lent SI bien conve nus qu'ils s etaient p ro m m anage.
« A P â ques, qu'il lui avait dit com me ça, j e s erai plus sur mumérair e et j e r eviendrai v ou s d emander à votre p ère » , Bon, c'es t c onven u . L e j eune h omme p art le lundi d es Bugnes e t laisse mam e~~l1 e Q uinz o;lc~ chez nous. V ous d u s si ez compr endre qu Ils se so nt eCI? t d es lettr~s du t emp s qu'il n 'y était pas. Mamezelle Q Ulllzon ce avait mis le potrait e n p h otograph ie d e s?n aI~ o ureux sur la cherrrin ée, o ù il é tait h ab illé en Galibar d i, com me pour la d er n ièr e ca lvacade. M ais voilà-t-y pas q u' on étai t en car ême, ~u temps d es a bstinen ces , d es sardines, des truffes arnées, d es pruneaux et d es d ents d e lion, t out ça-là-là qui part d 'un c ôté a ussi tô t q u ' on y a avalé d e l' autre. . M amezelle Q u inzonce, qui v oulait se faire pardonner les p échés du Carnav al, fes ait m ai gre et mangeait d es d ents d e lion à t ous ses d îner s . A u bout d e quinze jours, elle avait m ai g ri d e quinze livres et ell e était forc ée de m ettre du coton sur ses estomaq ues pour r emplacer ce qui n 'y éta it p l us. . Bon, l~ t .errrps passe et m amezelle Quinzonce m aigrit encore, SI 'bieri qu' à P âques, quand le j eune homme vient pour la d emander, il n e la r econnaît p as et lui demande si elle n' a p as été m alade et si ell e n ' aurait pas à des fois le g r a n d v er s olitaire. . E~le ré~).ond q u'elle se port e bien ; m ais lui, il se m éfie, Il d it qu 11 revIen dra plus tard pour voir s i ell e s 'est retap~e . Il p art et il n e r evient pas. Ce Je.une homme n ' aimait p as les femmes m aigres et ça a fraIt le malheur d e m amez elle Quinzonce. fous les goûts sont d ans la n ature, madame Dubois. - Oui; mon~ieur Pick ; la preuve que quand mon d éfunt ~ a m anée et que j ' étais m ai gre com m e un clou, il m : a d it, p our m e com plimen t er , qu'il a imait mieux m aner un l-r:anche à b alai qu'un pot à t abac. . . J ean-Mane, mon d éfunt, n e savait pas dans~r aUSSI bien que le Surmuméraire d e m amezell e QUlllzonce, m ais il savait , mieux que lui, dire d es j olies choses aux femmes . Et c' est ce qui m 'a s éductant ée.
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Faut bù i rire
CHAPITRE XXXVIII
Du malhcureu x voyagc de noces
d c Madame Dubois
je suis t' été en _ Monsieur Pick, du t emps que prison. . u s Rosalie ? - Vous êtes all ée en prisori. t je vais vous la _ Oui. C'est toute une lust01re, e dans le journal raconter. Mais vous ne la mettrez p as r au moins? dites si bien - Oui et non, no n et oui, comme v ous tou'ours de pour n e pas vous compromettre. ~ez J votre chanson, et je la mettrai en mUslqu~. . mariés - Voilà. Il y avait quatre ans que noUS etlOn s f ire avec Jean-Marie et on n 'avait pas eu le t emps de a notre voyage de noce . ....:- Vous n 'aviez p as eu le t emps? Ça ne vous arregarde p as. . Tant et si bien. que toutes ces d arnes se moquale~~ de moi et n;e. fesalent enrager, en m e disant con:m e ç - Se deCIdez-vous Rosalie? quand p artez-voUs Nous on s'en est allé, 'd'abord après le dîner, quand ~es autres ont commencé à chanter la chanson de la CIre à constance :
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Eh g«:i, g~os -J ean , va, roul' ta bosse, L e cnn-cnn nous met en trai1~
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ll n [ou: de noce, On n' rit ,plus le len demain . Marne Lapege di sait : « N ou s , on est all é à Genèv e », L a veuve Pied disait : « Nous , on est allé à L yon ». Marn e L empeigne d isait : . « Nous on est all é à MarseIlle, rapP?rt que m on homme y avait u n cousin , qu i nous a Iait m onter sur un grand b ateau et qui n ous Cl. fait m~n~er une sOUI?e d e poisso ns sauvages qu e ça sentaIt 1 hu ile et le p al?b éni t , que ça vous d on n ait la soif et que ça v ous m ett ait le diable au corps l l . . C' est bon; ce s dames m'en di sent tant que j' en t r ep r ends J ean-Mar ie et que je lui dis que tout le m onde se m oque .de no us, r a p p ort au voyage de n oce qu'on n ' a p as Iait. Alors j ean-Marie d it qu' on part ira quand je v ou drais , p our montrer a ce s d am es et aux autr es q u'on a de qUOI v oy ager et qu' on n 'ar r egar d e pas à u n e lu izette ou deux p ou r se m ettr e en d ép ens. Et on d écide qu'on ir a à Lyon , où on es t allé pour mon m al h eur. C'est bon, on p ar t, et tout le m onde il vie nt voir au bur eau de .la diligence si n ous étions p artis et nous voilà t ' en ch emin de .fer que je n'y avais jamai s. été ~t que ça m e r e~ournalt les estomaqu es, rapport à la VItesse . On arrrve à Ambérieu, où je m ' embête pen dan t une demi-~1eure d~ns le wagon, p endant que J ean-Mari~ v a b oire du vm 'blanc .avec un h om me d e la gare et qUl était de Montréal. .\ Bon. On r epart et on arrive à Sain t -Clair, où l'on prend une omnibus p our arriver à Lyon. Alo rs JeanMarie m e dit : ~d « J' ai plus faim que soif et toi? » ~ :;j cc Moi de m êm e », que je lui r éponds. . . Et on entre dans un r estaur ant que c'était plein de monde et bas de plafond. Un garçon vient no~s dem~: d er si nous voulons m anger à la carte, c'est-à-dire ch oisir ce que nous voulons sur une car t e qu'il nous montre.
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J ean-Ma ri e demand e u n m us ea u d e coc h o n , du poisson, du p oulet et d es asperges . « E t q uel vin? II que d em ande le garç o n . ( Du meilleur! II q ue fait J ean-Ma rie . « N otre Bea u jolais es t r éputé », (( Apportez du Beau jolais » . E t le garço n a pporte d eu x p e ti t es boutei lles. . ( Qu'est-ce q ue c 'es t que ça , que fa i t J ca n-~'1ane ; y a jus te d e quoi s e r in cer l a g . .. la b ou ch e . LaIssez. une d e ces pet ites fiol es à. madame c t apportez-ma l Un li t r e ». Et le garço n appo r te u n li t r e à J ean-M arie qui le goût e , fai t claqu er sa la ng ue en disant : ( fameux , f ameux! », P our t out d ire, m ons ieur P ic k , le d în e r é t a it aussi bon q u e le v in q u e J ean-Mari e buv ait com m e d' eau ~e source en lev an t les y e u x a u ciel, com me s' il .y ava ~t vu v oler des anges et d es hirondell es; e t q u and il avait .fini la b outeille, il dis ait a u garçon : . , « App ortez-z' en voir un a utre, le fr èr e d e ÇU I la la », Et le garço n appor tait une a u t r e bouteille ~ t mon h om m e , qui buv ait comme un trou, était a USSI r ouge qu 'un écr evisse cu ite . Q uan d on a eu fini d e m anger, mon homm e me dit: . « Sor t ons , j'ai besoin d e la g ra n d e a ir , e t nO~lS Ir ons ailleurs p r endre le café. Voilà mon p o r te-mon n a rc : paye les' dûs et donne quarante sous d ' étrennes a u garçon », C'est b on; on p ay e et on sort e t on travel~s e une grand e place où il y av a it d es soldats qui fesaI en t de la musiqu e, des b auonnes q u i donnaient à t éter au.x p etits, une chèv re qui m enait une v o i t ur e q ui y av a rr d es enfan t s d edans, et une ' e s t a t u e qUI avait d ess~s un homme à ch ev al. Et v oil à-t-y p as que J ean-Mane qui est rogne quand il a bu s e met à interpell er cette estatue en lui d isant : « D e~cends don de ton cheval , feignant, et v ien s t'en v oir avec moi en pré L ameine n , Comme bien vous p ensez l'estatue ne pipait p a s mot, et moi je t irais J ean-Marie p ar la manche d e sa veste en lui disant:
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( Ma is, tais-to i d on , t u v as te fa ire r em arq uer », Ain si q u 'a insi on arrive de v a nt un gran d café que ça s 'ap pe lle u ne brasseri e et qu'il y avait b eauco up de monde sur des b anquettes d e b o is , ct on entre e t m on hom m e d it à u ne demoiselle, q ui avai t un tablier blanc : « Appo rtcz v o ir deux t as ses de café av ec de niôle », . Et la demotseüe a pporte deu x t asses de café avec deux p etits p o t.ct s . ( Qu 'e st -cc que c'est Clue ça ? demande mon h omme . C'est-y une drogu e p our se m ettr e sur les dents », , (( C est l'eau-dc-vi e que vous avez d em and ée. )) q u e r eponcl la b ouonne . t ((, bien, répliq ua J eau-Mar ie, ap p or t ez-voir enc ore r~~ \ e ~es p et ites r oq ui lles . On pay era ce q u i faudr a ». les -bo'~ ~uonne al~po rte les roq ui lles, et m on hom m e I , ~ , q uand Il les a b ues, il m e d it comm e ça : ( R O S<l.l I C on a bi c ' bi 1 .,. . d 'en clian t el'. uneu ))ui c n mange , on a ien ru et J a l envie l\.T.ais tais-toi 'cloll e,- o ue Je l Ul' r epl ique . t e (f.au , t u v as e r e l1la rQlH~T' » ~ M " 1 '" e p a ss ;r 1il monte sur la banqu ette et LalS, il cr ieIl: ne Iu ' e'rout
Ell
~! Silence aux pale to ts ! » f out le mon de 1 Ié . . vient ve rs mo n h eu ca e, Il se ret our ne et le p atron Il P 1omms et lui di t com me ça . ' c • ( arc on , m on si eur un beugla nt . ' m ai s ma br ass eri e n'est pas 0
- J c ne sais p1as si v ot re eêt.a blirssem cn t es t u n e b r a sser ie ou un b " cug an t (lue r ét o r q 1 . JC sais que quand " ~ ( " ue m on io rn rn e , rn ar s fa ut q ue J" CIl cl J a i » en d în é et q u e j 'ai b ien b u, il ja n t e u n e. - Vou s ne ch-an t ere z. p as , que fa it . le pat r on d u café . - J e c11anterai. - E h b ien l'Je va rs . cherche r la p oli ce . messi~~;'~~ cherch er le p ape , si vous vo ulez, m ai s ce s , . t clames entcn clront m a chanso n et v erro n t si J' e n ai p as une b ell e organ e, q ue co ntin ue mon h om me .
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M oi , j e lui d i:>a i:-=.
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~rai s
ta is-toi donc, tu
v a s te; I u i r c rc rna r qu c r u, :\Tai s un a.u r .ri t ;l rï dt': pl u t t un rocher q ui dégalate p a r l a p ic r r a.i ll o d e l a c" JI0IlIH' , q u e m on ho mme quand i l a va i t b u cl qu ' i l a v a i t l ' .n v io de chan ter sa chanson ( h.: :; j o u r s d l; g l ()ri :1 et dt; p l u rn c t : ô
.," OIt S
S " II IJ I/ CS
to u s d.c s a n t t s cn scmbtc,
.V 'JU S al i -i u s l l u l/ S d i u crt. i ,
n u /n ul o n sa i t s i Lie n se rllO i si , ,:1Il / q u e la v ic es t a ~ réialde Q u a ,1,1 o n sai t s i b ic il sc chois!' . J) c Lo i rc 101 co u p , c 'est Hn p la is i. .r ·u i m e Eli sc, ju ùn c la bou teille , 'Fou s les d .:u » en (l clI l/ ;;:r n t m on cœur ; ./ 'ui n i c Fi isc 1 ) (( ; ' sa l/cllc h WI I" W ' E ! l a. l. o u t cii!c , q u a n d el le es t p lei ne : .1 ' { ( i; IU' l ilis c 1'(/ r s a bell e l n un cu r , Lo. b ou tci tic c t les a l iqu eu vs ,
Ou a nc1 m o n h orn m c a c u fin i d e ch a n ter, voilà que d cs~ g l' ns d e la h :-a sse l"i e c .i .-u t : « b ravo ! b r avo l » t andis q u e (l' a u t r t~ S c r ir-n t : « a ssez ! a sse z, e nl cv ez-le l » et que le pat r o n il r e vi e::l t ave ~ d ~ux gc ~l(la r me~ , q':le c'étaient d e s se rgc:nt s d e v ille (lU 1 d;~ e.n t Cl J ea n- ùlarie : « Alle~ . o u s t e, t a.iscz v ous , sort ez cl ic: ct allez cuver votre vm a il .I c u r s » . - Pou r q u o i ? q u e fai t mo n h om me. - Pa r c e q u r. VO !l S caus ez <111 sca ndale, ct que, si vous r o u s'p ot c z , o n v a V Oli S c o n.I u i rc ü.l 'austo. - C 'es t h a n , q u e fa i t m o n liommo ; on va s'en aller ; Rosalie p a y e lès c n[(~s , ct d onne quara nt e,sous d'étrenne à la b a llo n n e. O n so r t de: l.. b r ussc ric : 1 :Jr) 1l h omm e me prend sous . l e b r n - . . ]11 ' ; ci i t co rn m e ça . - C 'es t cli-:; !c , jn.i t 'e ncor e pl u s enVIC de chanter d a n s ]a r u c q ile d u ns ln h r:!s 'i<:ric . " M ai s t ais- toi d o n c , q LI e Je dis ; t u vas t c fair e rcmal;Clu er . Et il Y a les de ux s è rg c- :1ls d e ville qui nous ~U1 v e nt e t q n i n' a tt e n d en t q ue le m oment de t e, coffl er. M a i s ça n ' em p êch e p a s m on h omme de commencer S0n No u s so nu u cs tous d es amis ensem ble.
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Alor s les sergents de v ille ils a rrivent, ils se fâ ch ent et dis ent à mon homme : - Assez de plaisant eri e ; suivez-no us.au post e. El ils se m ettent à m archer tous trOIS; mon h omme au milieu , et m oi je suivais p ar damier en pl et~r ant comme la cascade de Pisse Va ch e, qua nd ell e a d e 1 eau . Mais vo ilà -t -il p as qu' en m ar ch ant 'm on hom me se penche à l'oreill e d 'un ser gent et lui dit quèqu~ chose en confidence, et que le serg en t laisse J ean-Mane pour veni r vers moi et m e dir e. - C'est pas tout; il fa ut en finir ; v ous all ez m e suivre au poste. , - Mais pourquoi ? - Parce que, r épon d le serg en t, cet h omme m a dit en v ous m ontran t : « D ébar rassez-moi donc 'd e cette feI?me qui ,m e cramponne d epuis la gar e, qu i s'est fait p ay er a dîn er , qui s' est fait pay er le café . e,t le pousse-caf é et m 'a fait t out le t emps d es p ropOSItI ons déshonnêt es. C'est comm e ça , que r ugit le sergent d e v ille ; c' est vo us, madame qui all ez n ou s suivre a u poste: - C'est ça, qu 'aj oute mon h omme, d épl â trez mal z' en, pendant que je vais épanch er d' eau. Et voilà mon homme qui s' en v a riant com m e un bos su qu' on a foutu droit , t andis que les sergen t s m' emmenaient m oi, innocente com m e l'agneau sans tache, devant M, le com m isr aire d e p olice. Oh! j 'ai p as été d'abord d ev ant le commissaire de police; on m'a t ' enfermée en prison avec des g~nsses de toutes sortes qui avaient des a ir s à deux a irs, et c'est pour ça que je p eu x dire que je suis t ' ét é en prison comm e une cr im inelle que j e n ' étai s pas. Enfin d es fins, on me fait sortir p our m 'e.mmen<:r devant le commissaire qui m'interroge et qUI m e di t comm e ça : « J e vois bi en qu e vo us s'êtes une h on nête femme. Vou s pouv ez s' en all er et cherch er v ot re hom1~1 que VO?S r amènerez dans vo t re pays, à ca~lse que SI r estait pa r Lyon il p ourrait faire des bêtlse~ ». . , ande p as mieu x, que]. e f ais :. maiS , pour - J e ne dem
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Moi , je lui d isa is toujours : « Mais tais-t oi donc, t u vas te fa ir e rem arquer », Mais (:m ac:rait arrêt é plutôt un roch er q ui dégal a te p ar la pi er raill e de la Colonne, que m on h omme quand il av.ait b u et qu:ü avait t'envi e de chanter sa ch anson d es JOur s de glana et de plum et: sommes tous des ami s en sem ble, Nous allons nous d iv erti: Qua nd on sait si bi en. se choi si , Ah l que la vie est agréia ble Qua nd on sait si bien sc chois i D e boire un cau f? , c'est un plaisi, j'aime E lise, j'aim e la bou teille, T ous les deux enfl amm cn t m on cœur' j'aim e E li se par sa belle liu ntcu r r Et ~a b out~ille. quan d elle est ple ine J 'au ne E li se pa r sa belle hu m eu r La bouteille et les aliqueurs . • lVOU S
Quand mo n homn:: a ..~u fini de chanter , v oilà ue des g ens de la b r a sseri e cr rent : « bravo! b ravo 1 II t ql' IS que d , aut res c r .re n t :. « asse z.1 assez, enleve z-le !• » etane q li le p at ron il re vi ent ave c cleu x gendarmes, qu e c'éta. e des sergents d e vill e qui di sent à J ea n- Marie: « AllIe nt . oust e t a Isez vous, sor t ez diICI et alle z cuve r votr ez .' . ' e VIn ai lle u rs ». - Pourquo i ? qu e fai t mon homme. sr:a ndale ' ct que , s'l v ous - P arce que vous caus ez1 du ' , rousp et ez , on va vous. con du m, a l'austo. ' on va n s' a Iler ' - C' . est b on, q ue.f éfai t mon ho mme , e ~osalIe paye les ca es, et do nne quarant e.sous d'étrenn~ a la bouonne. On sort de la b rasseri e: m on homme m e PI'C d " t com me ça. n sous le b ra s ~ . ~ m e (ll - C' est d rl)lc,)' ai t'encore 'pl us envi e de chanter dans la rue q ne (J ans la hras:ocn e. Mais t~is-toi do nc, q ue je dis ; tu vas t e faire r emarquer. Et Il Y a les deu x sergent s de vill e qui nous suivent et q ui n'attendent q ue le moment de t e coffrer Mais ça n' empêche pas mon homme de com me nceI: Son No us sommes tou s des amis ensemble.
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Alors les serg ents de ville ils arriv ent, ils se fâ chent et disent à mon homme : - Assez de plaisant erie ; suiv ez-no us au poste. E l ils se m ettent à m arc her tous trois; m on homme au milieu, et m oi je suivais par damier en pleurant comme la cascade de Pisse Vache, quand elle a de l' eau. Mais voilà-t-il pas qu 'en m archant 'm on homme se penche à l'oreille d 'un sergent et lui dit q u èq ue chose en confidence , et que le serg ent la isse j'ean-Mari e p ou r venir vers moi et m e dire. -C'est pas tout; il fau t en finir ; vo us allez m e SUlv re au post e. - Mais pourquoi ? .- Parce que, répond le se rgent, cet homme m 'a dit en vous m on tran t : « D ébarrassez-in oi do nc 'de cette fer:n m e qui ,me cram ponne d epuis la gare, qui s'est fart payer a dîn er , qui s'est fait pay er le café et le pousse-café et m 'a fait t out le t emps d es p roposit ions déshonnêt es. , - C'es t com m e ça, que rugi t le sergent d e v ille; c est vo us, madame qu i allez nous suivre a u poste. , - C'est ça, qu'aj ou t e m on homme, déplâtre z moi z en , p e~dant que je va is épanch er d ' eau . Et VOIlà mon h omme qui s' en va ri ant com m e u.n b~ssu qu' on a foutu droit, tandis que les sergents m emm enarent m oi, innocente com me I'agn eau sans t ache, devant 1V1, le comm israirs de police . q h! j' ai pas été d 'abord dev a nt le com missaire d e polIce ; on m ' a t'enfermée en prison avec des ge nsses d,e t outes sortes qui av aient des a irs à de ux airs , et c est pour ça que te :!?eu x dire que je suis t 'été en prison comme un e cr im inelle que j e n 'étais pa s. Enfin d es fins, on m e fait sortir pour m'e.mmenc::r devant le commissaire qui m'interro ge et qUI m e dit com me ça : « J e vois bien que v ous s'êtes une honnête fem me. Vou s pouv ez s'en aller et chercher vo tre hom~.e qu e v0,us r amèn er ez dan s vot re pays, à cause que s Il restait par Lyon, il pourrait fa ire des b êtise~ », . - Je ne dem ande pas mieux, qu e je fai s: mais, pour
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emmener mon homme, il faut que je le .trouve, et je ne sais pas où le trouver. J'ai bien en vie de le tarnboumer. - A Lyon, que dit le commissaire, on ne tambourne pas les objets et les personnes perdus, on les annonce dans les journaux. - Alors, je vais faire annoncer Jean-Marie dans les journaux. - Ne vous pressez pas tant; p eut-être que votre homme va regagner son pays, maintenant qu'il vous a mise en sûreté. Allez voir avant de ne rien com mencer, jusqu'à la gare. ' - J'y cours que je fais. Et j'arrive à temps pour empêcher mon homme qui avait son couteau ouvert de couper la ficelle qui monte le .che.min de fer sur la Croix-Rousse, juste à temps pour lm crier : « Mais laisse donc cette ficelle tranquille, tu vas te faire remarquer ».
CH APITRE XXXIX
Un cas d e consci ence
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\ •1.
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_ Madame Dubois, vous av ez votre bonnet de travers? - N e m' en parlez p as, m on sieur Pick, je suis d ans tous m es états . t t - La cause ? - Mon nev eu et m on filleul, qui est au r égimen e qui m ' en fait de toutes. - D e toutes? .. , - Oui et non. C'est-à-dire qui m'a env Ollle l~~l~ lettre que ça m'a laissée dans la p erplexité et que) al dû consulter ces dames. - Ah? . - Oui. Voi ci ce qu'il me disait dans sa lettre, mon neveu J ean-Marie: . « J e m e p orte bien, et j'ai monté en I?rade . J e S':11S occupé chez le capitaine; je fa is ses écn t ures,- Je plOm èn e son petit; je fais la cuisÏ1~e, et ) e. co~p; ,C: tou~~~ les corvées. C'est pas à dire que Je n 'al rien a. afl1 ~, ltn ut . aine . le capit est content cle moi,' par'ce que Je ais 0 av ec ponctualité », . Pick j'ai - Quand j'ai eu lu cette lettre, monSIeur P OI;~tua pensé qu'il y a de bonnes gens partout, et qU~le main à lité était bien honnête d e donner un coup mon neveu.
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Et j'ai demandé à ces dames ce qu' elles pe nsaien t de ce Ponctualité, .et voilà, que la ve~1Vc Pied ~e met .à rire com me un pOISson qu on chatoUIlle, ' et qui me di t comme ça : . - Mais ce Ponctualité c'est pas un homme; qu e vous s'êtes b êt e, c'est la bou onn e. - Vous croyez ? - J'en suis mo ralement sûre. - Ah! mon Dieu, que je fais , il ne manque plus que ça . J:ean-Ma~ie v a en tomber amoure ux d 'abord, et la mar rer ensu rt a - Il faudrai t prendre des renseignem ent s, que replique la veuve Pied; si .c' est un~ honnête fille, qui fa it de J;>onne ~o~pe et qui t ient bi en le m énage, y a point d 'm conveme nt . Une bouonne qui travaille vaut mieux 'pour un homme 9u 'une fem me ri che qui ne fait r ien. P renez des renseignements quand bien , marn e Dubois. - J e vais t'e~ 1?rendre, que je lui r eplique, et j'écris au colonel du r eglm ent de J ean-Marie p our qu'il me donne d es r enseignements SU I' la bouonne du capitaine de mon neveu , avec un ti mb re pour la r éponse , et le colonel il m e r épo nd : cc Le dénommé ou la déno mmée Ponctuali t é, inconnu au r égim en t », Vo.>:.ar~.t que le, colone] ne veut r ien me -dire, j'écris à l'aum om er du regnn enj p,our qu Il me donne des ren, seigne~e.nts sur la nom;n ee ~O.nct~alité, bouon ne ch ez le c.ap~tame Leturc, e~ l aumo me r, Il me répond que le capItame, ~etur,c a t ,un~ bonne qui ne s'appelle pas Pon ctualit é m ais J oseplune Volau ven t. ., ,V<?yant qu~ ~'au~ônier ~e vo ulait p as s'expliq~er, ] ecns au m aj or qui ~e, reponcl qu' il n 'a pas, en ce moment , de~ P?nctualIt es dans l'hôpi t al militaire. E t alors , Je d,ep ense encore un e lettr e et u n t imbr e p our ,~ emander a mon neveu ce que t ou t ça signifie et ce q:U ,Il fa ut p enser du nom m é ou de la nom m ée Ponctu~IIte, et n;o~ neveu me répond que je m e suis mis le dOl~t dans l œJ1, qu e P onct ualit é n 'est p as une bouo nne mais un nom, comm e on pe u t le voir à la let tre P du di ctionnaire.
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Et'l' il tajo ute '~ r, . J'e n 'vJ so n ,ge pa, s ; ,. :oc nscr a. m e m a r, re a n q'l1le a l' .Je s' us is LiICll qll e,, quand on est. Jenne, . SUIS t rop j cu i l u 'en t les drozues sans S~tvOll·. S I.?: on avale, I?lu s ~CI?l11 '1 n o u s cn~)O iSOlln ra; maiS , J é~1 nou s g ncn ra Oh s ç, t our le m a l"rage, a~ l' h eur e dau j o u" rcl h ui. pas du .gou P , a rle ra clc ce t a ccid ent q u a nd J ~ s e r a i « E nfin , onque l ep 'la c1as se vie n t d ouc ement , to ut doulibéré, parce c.c
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cement. . ma chère t ante vou s, em b r a sser je l)OUITal, c Al cc 1ors, . le fa is par cc tte Iet t i e. ri ent com me JC c • , b ver a Cl et filleul affect io n né , cc Votre neveu « J ean-Ma ric D U B O IS .ll . . . " ., nev eu , m onsieur P l<?k; l~ varsperrmssio l ev<?ll. I~Olpl ollr les brandons et Je lui v aEnfin, t 'avoirJe une " cl. ri e Dubo is? fai s d es bugnes. -- Av ec ponc~ua~rtI~' Il:1<~ No n, InonSlCUI IC'-, Je ~~is m a cu isin e toute se ule .
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CHAPITRE XL
\ L es oc cupations de ces d am es
Monsieur Pick, je su is t'en l' P ou r rait -on , m adame. Dubois co er e . ourraI d e votr e irrit ation? ' connaItre les causes -. J e vais vou~ y d ir e, m on si eur Pick . . . ., ,D I~al:che derm er , q u e ça fesait un J ét a is chez nous dans m a c '. t emps a bo m ll1able UIS1l1e av ec ' . " m amezel1e Qumzonces, a. n ou s ch auffer au r ès ct gar dant ça qUI. se passait dans IP a r ue . u poele en arre. - J e vous .interromps, Rosalie Je .v.o us en p ne, com men t , r éfu . ; xph quez un peu , cuisine, vous pouvez voir ce grees a u fo nd de v otre -. Oh ! c'est bi en facil e T9~1 se. p asse dans la rue ;> de ~lx m iroirs, assez hauts' . a~ ml ~, clan s m a cu is in ; cllle~s et les chat s, les chCV~~~lI , qu ~ Il :y rép er cut e le~ mobiles ' t ou' s et ta . . e t les v élocilY\cl ~ cs, lesles VOl tures" les. au c q UI v iennent , de gauch e a' d ' ce usses qui von t et De cette fa con, on est r en se Igne .rOl,te, de droite à gauche . ~ v0.us com p n s, m onsi eur P ick ;> S· ex acq ue t em en t . Avezpns, ven ez chez nous et J' e . l vous n'avez p as corn ' . . v ous y m t . - . J a l co mp ns, m ad am e D '1 . 911 .rerai. con t muer votre r écit qu i . AU J? IS, et vous p ou vez paraît être . t ' t , . - D on , on était avec m am . Il · .m eressan . c eZe e Qumzon ces, à arreA
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Ii . .
garder dans le m ir oir q u and on v oit p a sser le comm is du pâtissier q ui porta it un gâ t ea u qu i a vait b ien u n m ètre cl'h a uteur. _ Oh ! m on D ieu , m on D ieu , q ue fait m amezell e Quinzon ces, a i! le mi t r on v a-t'y b ien avec ce m onument? y doit y avoir quéque par~ un dî! ler par la v ille. _ y fau t q u'on y s,:che , que Je r~plI que é~1ergi que m ent. E nsauvez-vous v It e . par le c?llIdor, .m oI , je vais tirer la t ergette, je passerai par la n ette et Je r ecoup erai le mitron en m' en fùa n t par les gr a n des allées. C' est b on , on p art tou t es le~ deus~es, et j ' arriv e d ans la r ue où je t rou v e la v euve P Ied q UI, sur le b ord d e son colliclor, so n b al ai à la m ain, attenda it qu équun p our fai r e la causette. _ Qu e fesez-v ou s don t là ; v~us n.e savez d ont rien, v ous n 'av ez d on t rien vu ? q ue Je lm deman de comme ça. _ J e n e comprends p as ce que vous voulez dire , que r eplique la v euve Pied. , . _ Où avez-vous dont la t ete ? A q uOl p en sez-vou s ? Vous n 'av ez dont pas v u le mitron du p âtissi er qui s 'en allai t p ar la v ille avec un gâteay d 'un n~ètre d' ha?-t eur ? Y a un gran d d în er p ar la v ille, que Je v ous dIS, et y s'agit cle savoir où et pourquo i c 'est et ça qu'on y v a m an ger. . . ' _ J'y saurai, dit la v euve PIed, quand Je d evra.i me geler les fesses sur le p ara pet d e la Pla ce ou sur les pompons du cham p d e foire. . Et la v oil à q u i p art avec so n b alai et qui va s' embusq uer a u bas de la Pierre p endan t que je co n ti n ue m es recherches. ' . Sur le Pont , je ren con tI:c, so rt~n t d u n collidor , m on locatai re du lroisi èrn e qU I can naIt tou t , qUI sart tou t, que c'est u~ chat ' q u i p asse so~ t em p s à . éc or n i fler e t qui tomber aIt du clo cher sans p el dre un poil d e sa moust ach e. . . _ Sav ez-voUs ce qUI se passe? que Je lui d emande. y doit y avoir quéque p art un grand dîner d ' au moins vingt couvêc~es parc~ que le p âtiss,ier a fait, pour l e d essert, un gateau qUI a un m etre d hauteur.
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- J e :rais aux informations, que r épond le lo cataire; d ès q~~ Je saurai qué que chose, je vous en aver t ir ai . MOI Je pars bien vite, m 'arrêtan t dans tous les magasins, interrogeant les p assant s, r enifla n t d evant les portes pour savoir où il y avait l'odeur d' u n bon dîn er, mais p ersonne .n'av ait rien vu , p ersonn e n e savait rien, pas de b onne , l mitron que d ans mon œ il ' et pas c od plus . de ~ur, m . ~ a sous-préfecture à cause du n ouveau so usprefet, m a la cure à cause de la confirmation ni chez les Ladoucette . " à cause qu'y vont mar i el' l eur 'Gé' ' n Ie a< un co,?-sln qUI a fait fortune dans les d é t t envahis. p ar emen s " J e suis t 'allée ~ers la Croix, je suis t'allé . 1 J. al monté la PIerre J"al' grimpo e v ers a D 'oye ; . t'allée aux Empeliages , en J' . t rem , y 1es g l ises, Je SUlS 'li . suis t 'allée aux Sali , e SUIS t allé Cot Ion, Je . e a' T rousseet je n'ai rien su. gnon, et Je n 'ai rien v u A midi sonnante, on s'est r etrouvé mamezelie Quinzonces, avec la v e sUrp~e Pont avec locataire du troisi ème tous b eignes udve led, avec le· 0 '" e Sueur et saUcés d e p lui on n'aval·t. , .ur e.. n n e sav ait r ien' rIen VU n avait nen sentu. On était malade de ne p a s ' Aon les gensses qui allai ent dîner ensem ble et connaltre, gâteau d 'un m ètre d 'hauteur. m anger un Le lo cataire surtout ét a it furi eux C '1 . com.me, un. singe, il ét ait all é achet~r om~e 1 est m alm papier a biscuit chez le pâtissier et '11o~I d~ux sous d e s'il n 'y avait p as un grand dA ' 1 U.I avaIt demandé· qui n'était pas de bonne h mer par la VIlle, Le pâtissier chauffé son four, lui répo~:n:ur parce qu'i~ avait trop' pas. que ça ne l arregardait é
Cependanr, avait dit le locat . comrrns portant un gros â t aire, on a vu votresavoir ail ,:O,US l'avez envo~é ~au et vous dussiez bien Alors VOIla le pâtissier ui s' comme ça : q emportell'et qui replique - Si vous v enez ici pour éco ïl , ' . à m'emmieller je vous sa rs d e rrn er SI vous contInuez mon . ,
1
soulIer au... derrière.
magasm avec mon.
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Si bien que le locataire a p ayé son papier à biscuits et a été sur le Pont où on l'a trouvé.. . Ça ne fa it rien, mons ieur Pick, on p eut, d ire 9-u' il n 'y a pas de polic e ch ez nous. J e me demande a g.U<?I serven t les gardes et les gendarmes . Ah! on a une Jalle conseil municip able ! C'était p as la p ei ne d 'en changer . C' ét ait comme ça avant et c'est comme ça a p rès. Dire qu'on ne p eu t pas seule ment sav oir où le mitron a p ort é un gâteau d 'un m ètre d 'hauteur. Le p âtissier a p ' têtre envoyé son gâte~u à Ul~ e r éunion de voleurs, de faux-monnay eurs, d assassin s , et personne n 'en sait ri en. . J e r ép er cute q.ue c 'e~t t' hon teu x . Ah! si on n 'était p as la avec ces dames et le loca t aire du troisièm e, on pourrait bien tout faire, dormir, manger, boire, chanter, p éter, sans que p ersonne n 'en sache rien. . . . Et ça ser ait du propre, OUl , ça serait du propre. . Mais nous sommes un p eu là !
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- Vous savez que Lempeigne, malgré ses se p tan te et qu elqu es, est to ujo urs un grand chasseur? - Oui , Et que, com me c hasse~I r, l : m peign e a tou jo urs d u plomb da ns son placard, a cote. d e sa po ud re e t d e Son fusil? - C'est probable . _ E h bi en, quand arrive le m ois d 'avril, m arne Lemp eign e va au placard de son homme, prend u n e cuill er ée ou deux de petits plombs et vous les avale . P uis, quand elle les a avalés, elle saute, elle danse, elle fa it des casse-mo llet et l'arbre fourch u pour r em u er les plom bs qu' elle a par les est om aques intestinaux, et, elle prétend que ça la soulage, et qu 'elle est nette p ar dedan s comme par dehors, et qu'elle s'est purg ée à bon m ar ch é. _ A bon m arché, Rosalie, a u p ri x ail est le plomb ? elle fer ait bi en mi eu x d' avaler de l'eau-de-vie alle m an de ou du sulfate ' de magnésie. _ P as si bêt e, monsieur Pick, p as si b ête, marne Lempeign e est économ e : les drogues, dont v ous me parlez, ne servent qu'une fois , tandis que les plombs de chasse ne sont p as perdus. . _ Est-ce que Mme l em p eign e prendrait une seconde décoction de ces m êmes plombs de ch asse. _ Non , Elle les r eporte dans la boîte de son mari, qui ne se doute de ri en . Et il Y a mieu x. _ C'est difficile, R osal ie. - Il Y a m ieux, monsieur Pi~~ . Toutes les fois qu.e Lempeign e v a à la chasse et ,qu il m et, dan~ son fusil le plomb qui a déjà servi à purger sa femme, Il tue tout ce qu'il veut. - Tout ce qu'il veut ? - Oui. _ Et tout le gibi er qu'il tue sent la bécasse. A
CH APITRE XL I 1
l' 1 1 M édecin e de p r intem p s
- Monsieur Pick, quand on est av ec ces d attendant l'h eure du m ois de Mar ie on par l ea~es , en et su r t out d e sa sant é, p arce que q~and on a .e tout I ' age, on a t ou t es sortes d"infirmit " és et de m alad' rnve SUr. ibli t d " qUI fi vous a ':1 issent , e manier e que, quand le les grand coup arr ~ve, co.mme v,ous n'.avez plus d e sanque ni d e nerfes, c est fait en CInq mInutes Vou s dussiez comprendre que chacun e a sa ' surt out au p r intemps quand il faut . f n Arel:nede , sanques, p our ne p as avoir la ea u se, l a raîchir les purge comme elle l'e t d I P plexl e. Chacune se , f ' n en . Ja v euve Pied e l d m USIOns de douce amère' la m ère Q , pr ne es que des dents d e lion' ~arnezell U1~querne n e mange infu sions d e queu es d e' ce rises ' t e tQuI~zonce avale des gne ... , je sais p as si j'ose vou' s a~ qd~ a m arne Lempei' - D I' t es touJours, Rosalie etz y· ire ' . . lecteurs d e l' A beille. ' Je rougirai pour les
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- Eh, bien , m arne Lernpeign e, elle ne se purge p as, elle se r mce, - Com me une bouteill e? Oui com me une bout eille. - Et d e quell e façon?
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22 i -
vous di re . . souv enirs .q ue cc que Je v iens de ca cher, ce so nt m es _ Ccl' d e: I'histoirc de ma v ic. ~l d OIt êt re int 're-sa . nt ;>. OUI - ECou ' souven t l tez" m ac},a m e .D tl ] ) OI S, YOUS v ou pl a ig nie: ' . t .' , ' . 'b Z Cc 111 b on nes his . ~ n lllS ~S a nce ,L \ el; l ~ v ou s d emande r d e l' A beiU,e. è~oll"e~ q1ll. f?l:t l,CS. (~e1 l ceS .d es 1cctel~rs d e t ranquille nhcz-m ~:)j \. ~s P,LPlCIS, et Je v ou s lai sse rai h erbi er e' . J e cueillera i que lque s fleurs d ans v ot re _ IVÎo t.J e les. pré~ent e rai a n p ub] ic. nSIeu 1)lcl-.. , Je Ile vo .. : jal11a lS . ri. en refusé . "\T0 1'l'a 111es 'Xl r. .. ' u:.' ,U _ IVIe r ,l ' PIeIS,.et ne se moq uez pas trop d e m oi. _ A ] ~I, y .osalle. . J'e111 o~ I.evoyance, mo nsieur P ick, ch iffraiPa~~~~ le : n:an,uscri~ de :MIllC ~u!) ois q~e je d éorthogra p he pel:~b~ el11ent, ca r m a vi eill e a m ie a une r em pl acer le C~pllc leuse e t la mauv ai se habit ude de c1ant d e s s par des ,c, ,sous lesquels elle a soi n cepen. . m ettre d es cé di lles . 1~ lSCZ ce cha' Plitrl e e t excusez 1'au teur e t le traduc teu r .
Le s Mémo ires d e Madame Dubois
I ?-JTR OD U CTION
Il Y a v a it , sous le r ègne d e L?uis-!'hilippe , ro i d es F r anca is , un d éputé q u i s'appelaIt P ethou . Ce d éputé étai t havard ; il in t errompait à t out p ropos les orateurs, au point q u ' u n jour il s'at t ira cette verte algarade du présiden t d e l' a ssem bléc : « Il faut t ou jours q ue M. P ét h ou parle ~). Et l ' on pourra it dire de m ada m c, J~.UbOIS : cc Il faut touj ours q ue cette (~ame parle ou e~l1~e " . , Car ma vieille a m ie con fie au papie r tou t ce qu elle n e p eut pas dire à ses voisin?S, à coml-r:encer p ar la veuve Pied, à finir p a r m ademOIsell e Lapmce. En voici la preuv e : "' . L' autre jour, empor t a n t les premier es ce n ses . d e l~ saison, j 'entrais sans fr apper chez m~(~a~nc DubOIS qUI, au bruit d e la p or te , se leva pour pr~clpJter au fond du tiro ir d e sa t abl e un paquet d e papiers . . . . _ Qu'est -ce que ce la, H.osalic ~ demanda~-J e; voudriezvous cache r à votre vieil a m i vos a nClCn nes lettres
C HA P I Tl~E
P R EMIE R
Ai on prcII/ù r voyage à Genève Vo ilà - t-y pas qu 'une fois m a voisine J eanne-M arie D ésos se arrive chez nous. _ q u' ave z-vous do nc? que je lui di s com m e ç vous etes t oute blanc he, vo us avez la tre m blcrole. Voulez-vous un e goutte pour se rem ettre ? J e ne veux ri en d~ tout, qu'elle rép ond ; je viens vous d emander un se rvice. Si c'est possible, que je lui rép onds, com p tez su r
? . Si ce n 'était pas vous, r épondit la ~laI:;e! je r él?ondrais que ça n e vous a rrega r c1e p a s; rn ar s Jaime mieux
11101.
damou r
"
Eh bi en, voilà : il faut m'accompagner à Genève.
,..
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A Genèv e! en Suisse! p lu s lo in que B cllegardc !l! P ourquoi f aire, J ésus , Ma r ie, J ôs ëp h e ! - P o ur con sulter une som n a m b u le . Une somnambule? Vous s ' ôte fo ll e ! - J e su is pas folle, je s u is malade, et mauvaiserncn t . - Vous dussi ez rire? - J' en a i pas l ' envie. D epuis longtemps, je su is t oute mal ade . J e t ou r ne t ou t e q uan d je suis d eb out. Q u a n d je suis assi se , je :n' endors co m m e une ~oup e: Quan d je suis dans m on Ii t , y m e sembl e que je s u is d ans un b a t eau, je monte, je d escend s et , t out à coup , je cro is tomber d ans un trou san s fo nd et je m e r év eille t oute b ai gn e d e su eu r. La t ê t e m e bourdonne , m.on v entre est gonfle. L' appétit n' est pas bonne. Enfin, je suis hété au m édecin. - Et qu' est-ce qu'il vous a dit? - Il m 'a dit com m e ça que j'avai s I' àn émi e e t qu'il f allait que je b oi v e ~e l 'eau o~ j'a.ur a is .mis d es clous. J'ai bu d e l 'eau clouee et ça ma rr en fait. Je su is h ét é chez un autre m édecin; Çui-l a là, il m'a dit d e faire pipi clans un v~rre e t . d y porter chez le pharmacien p our v oir ce qu y a:r a lt ~e mau:rms dans m es intérieurs. Quand le ph~rmaclC~ lm a e~ dit ~e qu'il avait vu le médecin m'a dit de .b oir e des infusions de queues cie ce r ises, e t ça ne m'a ~ien .fait.. , . Je suis hété chez un autre médecin qm m a dit que j'avais mal au foie et qu'il fallait ne boire e t ne manger que du lait. Ça ne m'a rien fait. J e suis h été chez un autre médecin qui m'a haussecultée par tout le corps et qui m 'a dit que j'avais mal aux nerfes et qu'il me fallait boire de fleur d'oranger et m e faire v erser une grande arrosoir d'eau sur les épaules. ., ça. ne m'avait rien fait, et je me demandais ce que ] allais devenir a,:ec toutes les maladies que j'avais quand la veuve PIed, qui s'y connaît pour soigner les autres, me dit comme ça : « Les médecins ne connaissent rien à votre mal. Si j 'étais de vous, j'irais consulter la somnambule à Genève
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, z et ce qu ' il fa u t fa ire ~l v ot r e q u i d irait ce que vous a\ c z . . , ' ., 'l S v ou s m al n, _ . nnchm' DubOIS , Je \ ic 1 : > Et vo i l~l pourquo I, ', ' , "\ ou s savez que m on l ,'accomp,tgn ir . ., ' CU l' dem ander etc m < • ' tter la bou t i'lUC, et J ~::I r;l1 S l" U. " m ari ne P u t p as qIn " ' en r ou te on de m c\' a no Ul Cl c ' . ule de 1110U11l d si je par t a is se ' . -is itc ~l Bellegar ic . " qua nd je p assera i , l 'ln~~·d ;:1.ln c Dub ois , e t je pé1.Ier~:n les , . Venez av ec n101, fr ai s du .voy age. Hez v ou s mett re d ans les dus . _ :MaIS vuu~ a ,. ' La san t é avan t t ~ut, . . _ Ca ne [aIt 1 1~n . .. _ r efu ser q u e ]e lm r eplIq u e , , r B eIlegar' e1C clan s . n e p eu t r ien \ o us 't. it p ou < On . lendem ain , on pal Ù T' <Et, le 1\1 A b ral1 al11 130m et. . _ . 'F la vo it ure de J: . . d le chemin d e ter , et n ous \ 01 a A B ellegarde, on pren a n' en finissait plus , et que la d" n s la tunnell e q.u e S< . ~anne-}.hr ie g.ell"ul1alt ', ,' -t 10n O' ct q u c c'est n oir ! On D cu q ue c <-, ~ 0 I( Ah l mo n ~ ,,' _ les mlers e» . es t p' t-t ' éh:? deJé1. clan::> ue ' .e lui rétorqu a is; on , l,l~ l~l~t , Cl en \)eI's. avant d e les aV011 ]uoes, « v\ oos. S' etes lfolle les < p as les gensses ( ans . passé c1ey an t le gran d J u ge )~ : . et on n' est pas el;c~I e tu~nelle et n ous v oilà à l.a 1~I1111el ~ E~ n fll1 , .on sor,;t uGcena,e vTe a il on d escend ·et ou l on v, u ' our rnsqu ,1 , ~rot~ver la 50m na111bule~ b elle m aison olt un monSleu r , 't s dans u n No us en t l'on < h ambr e sans f e n~ re. . t us r eçoi t dans une ,~, J' e vais vo ir SI m a dal1l.e p eu no« Ven:'11Cl,. v ous ass ll e, v ous r eceVOIr " 5 laisse dan s la l:uit , si ~ongten"%~ E t il sort ,.et Il ~~fure . E nfin , il r ev ient et 11 n oUS ue noUS aVIonS 1< ~ ~0111l11e ça : . tvre: madame v ou s a ttend », it « Veu illez m e SUl , .' dans u ne cham b r e, a il il Y aV~l fait ent Ie I . , t 1 long d es m u r s . E t il noUS < . ~e s sur la chell1m ee e ~ vait un des b ougies allt:ll"lC h ée sur un canape ; elle a Une dam e étaIt cou~ et ell e n oUs dit -: crai O'llCZ r ien . Ouelle est la b andeau sur les y eux s ne c 0 " ,~ ( A pproch,C z-votl~1e consulter »? personne qUi v eu
J
=~ ..-=-
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- =--
« C' est m oi, m adame • q u i s'approch e.
230 »,
q ue r ép ond la ] ea n ne-I\'Ia ri e
« D onnez-m oi v otre m a in b ule.
)l ,
qu e dit encore la somnam -
La ] eanne-l\hrie lui do n ne la main , et la so m nam b ule lui fa it comme ça : « Vous s 'ête s malad e et v ous v enez p Our qu e je vous dd ise e leoù g uest ér irvo -s.t re m al et pour qu e je v ous d on ne le mo11iel1 « Ou i, madam e ». que fa it la ] ea n ne-lV larie. - Alor s la somnanbul e attend Un grand mom en t , p asse '\3a m ai n Sur so n fr on t co m m e si elle av ait m a l à la t ête et lui r ép ond : . - Madam.e, r ép on d la somna mh ule . v ous avez p luSIeurs malaclIes ; sans vo us en cIout er, v ous souffr ez d es y eu x , d e l'est om ac et de r 'l!um atisll1 cs. - Oh! m on Di e u! q ue cri e la ] ca n nc-}b .r ie, je su is perdue. - R as surez -vo us , rép erc ut e la somna m b ule ; nous vous sa uver ons ct nous vous g uériron s. P our vos ye ux, v ou s vo us r endrez chez u n ocu lis te , cIon t je vous d onner ai l 'adresse, et v ou s ac hèt erez d es lunett es qui vo us p ermett ront d e r ega rd er rlc loin et d e p r ès, sa ns avoir les v ertiges d on t vous v ous pla ignez , P our votr e es t om ac, vans v ou s r end r ez chez un char cu tier , d on t je vo us d on nerai j'adresse , et vous ac h èt erez des saucisses, cIites gcn d a r m es, qu e v ou s m anger ez à r aison cIe cIeux d éjeu ner, d eux à d îner, c t qui fortifier on t vo tr e in tes tin . P ou r les r hu m a tism es, v ou s v ous rendr ez chez u n herb ori ste, don t je vous d on ner a i l 'a cIr esse, et vous achètr~ ;·;-. :~ d ouze p a q ue ts d e t hé d es A lp es. Vo us fer ez avec le t hé, d es in fu si on s , dont vo us p r endrez une tasse, en gu ise d e café, a p rès cha que r epa s. . C'est t ou t . All ez en pai x , ay ez la Io i , c t vo us s er ez !"a uvée. à
- Merc i, madame, q u e fait la l\1ar ic-] can ne ; co mbien est-ce q ue j e vous d oi s ? - Ce sera cinqua n t e fr a ncs , q ue r épond la so m n a m bule.
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les cinq ua rrtes fra ncs, et o n I a Mar ie- Tzan ne d onne lu nettes les sa ncisses et ~e ,-t' l)our aller acheter les 1 a nds ~i on ne n ous fe r a it SOI t x m arc l, cl thé, en dem~nda:l. ~uia do uane d e B~llegar el' m éd in ' ils av aien t r epond u, es l)as p a yer d. Impo~~ a ri squ e r ien , q . ç l( .a ne t en fr anch ise ». 'éta i t p lu s d e cam entsd p assen a fini. les ac1irats , et com me c c . Qua n on, . " 1 f udr a it a t n os a ffa ir es, l a t qeu 7on . a Iai c ml'd l,' je .d is comm - 1\Iam t ena n . . dt bien dîner. . l\'Iari e qui d ev ien . t 1.ou t> z e et q UI l E t v oilà la J ea n ne- c • mbes m e ça : cam d e pas nu'eux' . , J'e m e sens les p Te deman . ' n 'a i plus le so u . . - ie ve ntre ; mm s Je ' e la r emarqu e; s ,.ll1~ a ~z mez.d ansVous s' êtes folle, q ue ou? C'est m oi qUI reg ale . ue je suis v enue sans es . . vous q . sela-ne Allo ns à l' auberge. . u ne r ue et je VOlS une en t> C'est bon. On p asse paI. R E ST AU R ATION. . ' r it d essus . '\. .e dis Entron s. qui aVaItd ~Ct êtr e là où on man~e, ql~et J e , ;est e noire - Ce 01 e homme q UI avai un E t on e~ t r e , et u nnou s demancl e .. et un t ablier bl anc, lent d éj euner? _ Ces dames. v eu - Oui, m ons ieur . A 1 Car t e ? ? . . v ous plmr a . a . 'est que ça . - Ou'est-ce que cous ch oisirez ce qUI fie à vous. "', ' d ' que v " 1 se . - C est -a - rre don c à m a nge! 'bloI Mai ntenant, SI D onnez-nous . cette t a e. . .. - 13I'en asseyez- vous.' ate on vo us l' en vell a . , . t erpre , vous désir ez u n, ? nd ou italien ? Un int erpre ~ . ète anglais, allcma .e lui r épon ds , - Oui " un II1ter b esp~ oin d'un ét ranger, que) - On n a pas . lie un a u t re garo n est d e Nant~~it le garçon; e~ Il a~p~alue en disan t : - Bi en, que c 's noUS et qUI nou ui vient ver d çon , \ i parla catholar o. et je lui d emande: ds du cou p j Je compr;n i de chez nous '. . d Lacluse, - Vous et es, aus.s u 'il r épond; Je suis e _ P a s tout a fait, q
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mais p~s de Laclus.e-lVI~ntréal , d e Lacluse-N a n tua. . - C es t bon, que je fais, on s'ent end r a ' y a de b raves gens partout. Serv ez-nous v ite à manger' I~O S du v entre se t ouch ent . . ' eux p eaux Alors le garçon , Y' nous a p por t e une so upe aux ch oux e t il nous d ernan de enc ore : ' - Ces d ames prendront-elles de la bi ê d blan c ? lere ou u vin Et moi je lui rép on ds : . - On prendra du v in r ouge et d b 'bi ère ça fait pisser et le v in bl u o~ ' p ar ce que la Le garçon se m et : al~c ça Iai t roter. o n VOlt In en qauerr revous en disant . ' êt . -.s'aimez à s'am user Je v . Sees catholarde vous SI' . ais v ou s apporte ' d b ' . . 1 u eau jola is. eu em~nt, .Je vous aver t is qu'il es t d u P alm; Il co ûte cinq francs 1 IPlus ~her q ue le v in fa i a )Outeill e -;:- ç a n e a it rr en , que je lui r etor . . qu il faud ra . lque, on p aiera ce E t p apporte une b outeille de vin ui ' . . et q UI nous a r échauffées si t ellem eni 1 ëtait fa m eux J eanne-Mar ie en a eut bu deux verres ~~ : (~and la cen dre la soupe aux choux, elle m 'a d'tP 1 . a ir e des/ 1e, ]e . m e sens mi.eu x , et il1 comm . e ça .. . - , C' . es t d la Je n a l p l us m es m aladies. me semble que . C' est bon. L e garçon apporte un l avait dessu s un m or ceau d e co chon pat. de ~houx qui de la suiffe, m ai s q ui ét ait bon ua qu; avai t le goût salade et du fromage qui était u~ pn ~lell1e . Plus de la . à la crèm e pour le dessert que " eu . ar t et des choux secon d e b outeille pour les' fa ire Jg~:,ais. commandé u n e on pren d d u caf e,' SI. clair qu'on Issel : . été fait avec d es coq uilles de noise~~~:It dIt qu 'il avait V o us n 'au ri ez p a s un e gou t te l ' . ~ fier ce câf é ? q u e je dem ande au ~I: lllole p our Ior ti .- N ous n 'ayons pas d'alcool çon. . fa it le garçon, a ca use que le tr a ns la maison, que Salut. pa Ion es t d e l'Ar m ée du - Mo i, j'ai été de l'Immac l ' j 'étai s fille, et ca n e m 'emp ' 1 u ce Conception, quand ec le pas de boire la goutte.
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ais s i vous n 'en av ez pas , tant p ir e : o n s' en 1 a ssc ru , qUe je r épercu t . -: Vous pour r icz r cm plac r la n i ôle p a r un l 'li t v el l e de g nti unc , q u fa it le garço n . - C'e s t- y bon ? - Y en a q u i t rou v en t ça fa meu x: . ' , App or t ez-en voir ; c' est pa - t ous les Jours q u o n Vient a la somnamb ule . . . . B on .. Il a pporte d eux p~~ i ts \~eJTcs e t ~I 111? t d edan~ Une ~hq u eu r q ue , q uand ] en ai c u b u , Il ma sel:1 ù le que J'av ais le feu dans le s b oyaux e t q ue ça a v a it le go û t d u ve rn is q ue les mcn u is i rs ils mette n t sur les b oi s de li t pour des tru ir e les p unaises et p ou r les fa ire lu isant s. - Combien q u'on v ou s d oit? que j e d emand e a u garçon . - D eux déjeuners, r a Ira n cs ; d eux b eau jolais, ro fr ancs, deux gentian es, 3 fr ancs. En t out , 23 francs, J e le p a ie et je lui donnc dix sous d 'étr en nes p a r ce qu' il était d e l nntua et on so r t p our 1 r en d re l'air. Mai s voilà -t-y pas que les choux e t la. gen t iane se co m b a t ten t d ans m es in testins et q ue j e d is à la Mar ieJ eanne: - y a p as il ri re , y fa u t q u e j 'y aill e . - Et m oi aus si, qu 'ell e me répond . Et je dem an de à une femm e qui pass a it - Où pourra it-on fa ir e ses a ffa ires, sans vous com mander? . - Là, q u' elle répon d , en montrant une p etite maison , contre le parap et. . ' . On veut ent re r d an s la p e tite m a is on , o ù il Y avait une d ame Cl Il i n ou s di t : - On pai e cl'avance : c 'est trente so us p ax p cr s o l1l~ e. Vous pourrez r este r tant que v ou s serc~ p <1.S so ulage~ . - Trente sous ! q ue je di s à la Mar ie-j'eanne , trois fr~ncs p our n ou s deusse l c 'est. tr~p ch er ; <1.11ons , p l u s loin : on trouv era bien un en d ro it ou ça n e nous co ûte r a rien. Et on va le long de la ri vièr e , que c'est d ont le Rh ôn e, et on descend sur le bord. Et on était en position, quand
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arriye un hom m e qu i était h ab illé en pompier e t qUI av a it une espèce de b a teau Sur la t èt e e t qui d it - , Ou trage à la l~u cl eur; su iv ez- i110i a u po s t e! C est l?on. On su: ~ l~ gendarm e q u i n ou s m ène chez "?-n monsi eur , que c et ait d on le juge qui avait une p ipe a l.a b.ou ch e et un bon net no ir Sur la t êt e . E t le gendarm e lUI dit co m me ça : - Gu ten. Tag , H err Fri eden sri cht er Hier . d . Prau en. welche, ic h am Vi er der R ho l; . . ' sin. ztoe: weil si e ihre Notdur jt gem acht !Iatt en c;' CI gl ~tJen liab e, -:- Vou s av ez entendu ? q ue nou~ c a m pO/Juto - On a enten d u , que je lui r é ) lem a nd? le juge. pas com pri s. On n 'est pas des Ir ponds , m.aIs on n ' a oquOlses 111 des Prussiennes ; on est de Nantua. - T r ès bien , très bien q u'il r ép . u t N antua ; j' y a i port é de ia co ntr eb aer cd e., J e co nn a is , . E< n fi n, on v ous r eproche c n e et In a . ecrevisses. d' .' ng e de s toute décenc e et d 'être allées vous '" so ualVager OIr oublié quem en t a u bord du R hône. Que d iable le S publide n écessit é n 'on t p as été faits p our les chats et n~halets quen t p as dans n ot r e ville de Gen ève. m a n- Si on p eut dire, que je fai s. J e la re tiens p al' l pêch e aux échatouts, v otr e ville de Genè ve ! On vo~~s a t a la so m nam b ule , au .x m al'cl1an dY apporte son b argen . s et au x au ergistes et , q uand ;' ou s ne voulez pas emDo r t t er ce q ue vous y avez mange, on vous dem an de t ' l e. r en e sous p ar t eêt e e t p ar co uvee - N 'aggravez, I?as v otre cr i ~ne , n'Insulte, p as le gouv ernem ent fed er al ,. ql!e r ep liq ue .l ~ Juge. J e v ou s condamne a p ayer so lidair em en t et illi co une am en de de 40 fr ancs. P ay ez, ou l'on v ou s charger a d e fers et l'on vous jettera dans le cacho t d e Bonnivar d , au chât eau de Chillon, bi en en ten d u . Moi je com pr ends q u' il n'y a plus rien à faire; je donne les 40 fr ancs a u juge et je lui dem ande ' une quittance, que j 'ai enc or e dans mon tiroir avec mon cont rat de m ariage. C'est bon. On est libre et on v a se promener dans la ville , puis on es t allé à la gar e pour n e pas man quer le train, parce que les horloges à Genèv e m archent si vite A
q u 'elle ont une h ure d'avance su r le ho rloges d e 11 z nous. Enfi n, on a rr iv e ;t B cl lcgar le e t o n n ous em rn èn da ns une g ra nde salle où il y avai t des d ouani e rs qu i s'amusaient à fa ire d es cr o ix avec d c la cra ie s ur le s pa q ucts qu'ils Icsai cn t mettr e dcvan t e u sses .
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Ouand le do uan ie r il a rr iv e d evant n os paq u ct s , il n ous d emand e COl11.m e ça : Vous n ' av ez. r ien ~l d écl a r e r ? _ R ien , q u ' on fa it. _ Mon trez v oi r , q uand m ême , ce q u 'i l y a d ed a n s . On ouvre les paq u ets , et voi là le do uan ier q u i c r ie : _ F a ut p a s vous gêne r. S' imagin ez -vou s que v o us aUez passcr to u t ça co m me ça ? _ On nous a d it que les m édica m ent s n e p a y a ien t p as de d ro its , et c 'es t les m édicaments q ue n ous a co ns eillés la som namb ule q ue vous a v ez d evan t vo u s . VoiHt le douanier q ui se t ord d e ri r e comme s 'il avait av alé une q ue ue d e grenouille et qui r éper cu t e: _ D es méd icam ents ? D es lunettes , du t h é e t d e s sauc isses ! l'd a is vous s 'êtes fo ll es ! S u ivez-moi chez l ' i n s . p ecteur. A ces mots, on pren d la tremble rolc, la Mane- J can n e et m oi , p arce qu'on n 'av a it p lus le sou pou r p aye r d e; nouvell es am en des et q u'on se v oy ait d éjà r ame n er a la prison d e Nantua en t re .deux gen dar m es. E n.fin , o n suit le d ou anier , y n ous f',11t p as ser p ar, n.n colh.d?r e t y n ou s en t r e d ans une p et.lte chambre ou Il y av a i t un monsi eur qui jouait a u bI1b oq~ e t. . . _ _ Allez-vou s m e foutr e la p aI X, une Io is p OUl toutes, quand je travaille, qu'il c~ie com~ne ça. ' .' . Al ors le douanier lui es plt q ue, et Il se m et a rrre aUSSI en n ou s demandant: _ Alors on v ous a v endu d es lunettes , du thé e t d es saucisses et on vous a dit q u e c'étaien t d es médicaments qui étaient exem p t s d es droi t s d; d ouane? . _ Oui , monsi eur, qu'op lUI r~p ond. ,On v ous a d.1 t la v érité co mme s i on étaIt a u t nbunal a lev er la m arn
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d evan t le tbon ' . 1 t. _ C' b Dieu "q ui. est en c~oi .x d errl' ''I'c. l e p reSlCen est on , c est bon. Alle z-v a lls C . au tre fois, qu an d on vous di ra, à Ge n èv e n , m al~ , un? achet ez ce la , ça ne p aie pas d'i m . · t '; ache tez CCCI, mé fiez-v ou s . m éfiez-vous E t s , . . . . . ans pu...·\lS S a cola d ouane, l d ou etes-vous p-ou r êt r e si fiables? m m a n r er , - On est de Nantua, qu 'on lui r ~ 0 - Ça ne m 'ét on ne p as , qu ' il r ép cr ~t nd . , avez .en cor e un qua r t. d'h eure avant de c: 1 c~lez: VOl~S b us, Je v eux vous o ffr ir u n verre de . b t 1 en d , c l 0 l11111che a~l b uffet. VIn a nc et une b rio. E t il nous mène a u b uffet et il nous et les brioch'les "et il nou s fait r ac onter plare le v in b la ne G en ve , e t 1 rI mt. c omme u n b ossu b ic l OS aVentur ; com m e un p e u plie r d e P radon . ' ie n q u 'il fut t~ ·a Enfin , on est r evenu ch ez n ou . C 1 o it la somnam b ule a si bien r éussi a' l as '~ ret Ie t raitel11 • " qu •c 1le a eu un garço n qu l v "an.e- J ea n ne en t, e cl a gu ell, et que ça a fa it un bon ch arcu'tier e J l'a l é té Sa n~a~~ <:l1c que sa maman avait mang é d es g ' Pl obablernCll t a Ine . enc arm es cl . G P~ rce e enev c. è
C.I-L\PITRE DEUX Connnent
i'ai
jalOl/z' divorcer
J'a,m ai s enc ore trop d 'ho n t e à raco ter . ' arrrve da ns m a t re n tièm e année ' ,~cr ce qUI m 'est ' m<ll S Cam ' , veux.,gar . cl cr ça cla ns ma t êt e e t 'SUI' m es' e ~ t m e Je n e que] etouffe de n 'en p ouvoir parler ,1.' pers;.,a noma q.ue s et . me SOU1ag: r ~n ? m etta n t sl;r le papier. ' . ne, Je v ars Dans les premiers t em ps oc m on m a ,', . pas trop à m e . pla ind re de Jean-.i"rari ;.lJN~·e " J e !~'eus ca ba r et que t r OIS fois par sem a ine ' il 1 n ,a llaIt au ~er t ous les d im an ches; il n e do~nai~eplanseIs~aJtfp~'to mea t o u t es~ les ' d ames et demoiselles ' ses 1"1 ur es CI ' I' l'I ' < l encon traI. t e t
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il m' ap pela it: « Xla pc t ii c R o sa lie, par CI, ma P ct i t . Rosalie, par là ». Mais, la sec ond e a n né . la lun chanc a d e quar ti c r et devin t ja un e 'com m e lin plat d e courg \' q u' on so rt du four du boulanger. . \"o ilà , mo n J ean-:'Ib.ric q u i sc met à sorti r tous le SOI rs e t a ne r cn t r '1' (}U l ma t in p our me elire quil a l assé la n uit ~ 1, èc h e r d es écrev is s e s et à t en dre des nasses et d es so i fli e r s . J'ét ais enco re fiable comme un enfa nt qui v ien t a u m onde et j e croyais t out ce que ~n o n ho m m e éve n t a it pour m'induir e. Ma is la v euve ~") lCd ct la . m èr e Q u in querne se cha rgè re n t d e m e fa ir e a ssavrn r ce q u i se passai t. . , . . ( Ma pauvre p et ~t e , qu elles m e disa ien t comm e ça , c'est p as éton nan t SI vo us avez p a s d e pet it a m-ès bi entôt trois ans de mariage. Vo tre l~o m m e ne p eu t pas ê t r e en m ême temps d a~s v otr e . Iit, su r le la c e t p ar les collidors. Vous dUSSIez saV011' qu e la R ose T a n t ié est all ée sur son ba t eél:u et que, q u a nd elle en est r evenue , tou t le m on de, 9Ul ont des y~ux d e la rynx , ils on t pu voir qu'elle avait du godron a la place d es deu x m isp hèr es; vous du s.si ez a us:,i savoir q ue .mame Duclev aI?-t elle a eu un pe tit que C es t le po r trait de J ean- Mane tout craché, sauf v ot re r esp ect ». Moi je ri ais au nez d e ces clam es p ou r ne ;pa s fair e du semblant ; m ai s, quand je r en trais chez n ous, je pleurais comme la cascade du P alin, quand la n eige fond. Seulement, quand J ean-Marie voulait me l'embrasser e.n m 'appelant ma p eti te Rosalie-R.osala~ je, le ferrnais ma porte au nez et je l 'enVOYaIS VOIr SI se s poules étaien t couché es. Enfin, ça aurait pu durer jusqu'au j?gel:nent g énéral .s 'il n' ét ait pas arrivé une autre abomination.
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Voilà-t-y pas que les écreviss es ,elles '.cli.sp a r <l:issa ie n t des ruisseaux et du lac et que l Administration elle envoie de Paris un médecin de s b êtes pour savoir ce .que les écrevisses avaient attrapé. , Voilà ce m édecin, q ui s'appelait J ér ôme F ix, il fa it
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d eva n t le hon D ieu q u i est en cr oi x d err ière le p ré sid cn t. - C' est bon , c 'est bon. Allex-vous en , mais , une autre fois, q uand on vous di ra, à Ge n èv e , achetez ce ci, ach et ez cela , ça n e paie p a s d 'i m p ô t s à la doua ne, m éfiez-v ou s, m é fiez-valls. Et , sa ns -I"'\l S comm a n d e r , d 'où êtes-vous pour êt re s i fia bles? - On est d e Nantu a, q u ' on lui répond. - Ça ne m 'étonne pa , qu ' il r ép e rcu t e . T enez, vo us avez .encore u n q u a r t. d'h eu re: ava nt d e p r en d re l' om nib u s , Je v eu x vous offr ir u n verre de v in bl anc et une b rioch e au buffet. E t il n.o ns m ène . :1.U b Uffet. ct i l no us p a ie le v in blanc et l~s brIoc~1Cs. e.t Il nous fa rt racont er n os aven t ures à Genev e, et Il rIait, comme un b ossu , b ien q u ' il f u t d r o i t corn rnc un P .u p l i '1' L1e Prado n . E nfin, on es t revenu chez n ou.s , e t" le t ra it 111 t . , ' \ Il de 1a somnamnu l 1c a SI' Jncn r ·l1SSI a la l\iJa r'ie-J ca n nc ' 11 " ' I I ' , . , Colu c. e a guen, qu c e, a eu un garçon , , que J a l été sa( 111a( rralne et que ça a fa it un ,hon ch a,rc ut ier, p ro Lla1>lcmen t parce que sa maman avait m ange d es ge n darm es d e Genèv e.
CHAPITI\.E DEUX
Comment 'l"ai ladli divorcer
J'a urai s encore trop d 'h on te à r aconter ce q ui m 'es t arnv é dans ma tren t ième an née; mai s, com m e j e n e v eu x garde r ça d a ns m a t ête e t s ur m es es t om a q ues et q ue j 'étouffe de n 'en p ouvoir parl er à p er son n e, je vais m e so ulager en y metta nt sur le p a p ier. Dans les premiers t em ps d e mon m a ri age, je n 'eus pas trop à m e plaind re de Jea n-Ma rio. Il n' all ait a u cabare t que trois fois p ar sema ine : il ~n e mena it p :'Olu ener t ous les dimanches; il ne d on nait p a.s ses f n~ l1 r eS à t outes les d am es et d em oiselles qu' il r enc on t rai t et
il m 'a p pelai t : « :'lIa pe t ire R osa lie , par C l , ma pet ire R a . a lic , pa r là n , . . . . Mais, la seconde a nnee , la lune cnangca d e ;Iuartle r et d ev in t ja un e co m mc l ~ n. plat d e co urge q~l on ~o n du four du boul anger. \ o lla , 1I10n J ea n-:'I fan c qUI ~e m et il sort ir to us les soil:s e t a , n~ rc.n~rc r q u . le n~a t lI1 p our me clir qu 'il a pass é la nu it é~ l, ccne r d es ec reVISSCS et à t end re d e: nasses et d es soifli e r s . " j'ét ais enco re fia ble comme un enf a nt CJl.lI '~I e n t a,u m on d e ct j e croY:lis. t ou t ce ~ll e ")~n o n lt o m m~ :ve n t ~lt our m' induir e. l'laIS la v euve ~ icd ct la . m e r e Q~lt n ~ucrnc sc cha rg èren t d e m e fa ir e a ssa voi r Cc q UI sc passa it. ,. ' Il 1· ·,· t cc Ma pauvre p c t i te, qu e cs m e ( 1 ~ (t1 ~ Il . c<;> m ll: e ç?- , l p et it a p rcs l )) CI~to t c' est pas ' tonnan t. s i V O\\l~ atvczlPas ce trois a ns d e man age. ' 0 TC l,Oll1 mC ne p eu t pas -' lr mërn t mps dan votre .!Jt, su r l e lac e t p ar les ~:JIiclors. Vou s dussie z savo n' que l a E ose T antié es t all ée sur son bat e(~l1 e t que , q u a nd elle en es~ r evenue, tout le m onde, glU ont d es y ~ u x de la ryn x , Ils o nt p u voir qu 'elle ava it .du god~-Oil a .l a place d es d eux m ishères ; vous dUS.SICZ au s~1 sa voir que .m ame ])ucleva1~t ~Ile a cu un petit que c es t le por t r a it d e J ea n -Man e t out crach é, sa u f votre respect ». Moi je riais ,a u nez cle, ces chu n.cs pour n e p~s fair e d.u sembla nt ; mais , q uand Je r entra is c hez n ous, Je pl e u rais comme la cascade du P a lin, q uand la n eige fond. S eulem en t , quand j ean-Mar ie v oulait m e l'embra sser e n m 'ap pelan t m a p etite R osalie-Rosala, je le fe rmais ma porte a u n ez et je l' env oy a is voir si ses poules étaient couchées , E nfi n , ça aurait pu d ure r ju sq u 'au jug ement g én éral s'il n ' ét a it pas a rrivé u ne autre a bom inat io n .
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Voi là-t-y p as que les écreviss es elles d isparaissaient des ruissea ux et du la c et q n e l'Administration ell e envoie d e P aris un m édeci n des b êt es pour savoir ce .q ue les écr ev isses avaient attrapé, Voilà ce médecin , qui s'appelait J ér ôm e Fix, il f a it
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t U S les pl}c!lel1rs ils t a n1b ou rin er par la v ill e pour q u e 0 ' tendre une irvienn en t d a n s la maiso n comm u n e e n c o n fér e nce , ra.p,por t a ux ~·cI~evi,sses. ' so n OInnl Une le Quand l es p ech eurs s ont il Id mal t r e le 11 >' l U ' l' ~ . 1e u r d rt ' qu "11 .f a u t l II tte r I cout-Bug n u rriéd ecin ey e tc uq' ils m ena ce de d épeupler les ca.u x du E a q s e con st itu ent en syndicat. . I i j t et chois issen t Bon. L es pêcheu rs se syn cl.lca I S~l is mo n h om pour p r és id ent , qui? } ean-i\'fan e DUI~ ?~ Îu i dit co me . mme Q uand il est nom m é, 1\1. J érôme ' I X
ça _: V ous v ien d r ez me v o ir d a n s ma C 1 a ml b re \ 1'1 ·\0~t e1 , c d e l'E cu, n ous t r av a ill er on s en sem ble et n o us fe ro ns un r a p por t à l'Admi n istr a tion . . Ce rapp or t , je l ' a i t r ouvé d ans l c~ pa p ~ e rs ~e J ean Mar ie et je le récr is ici à cause q u e SI les ec r.eVlsses o n t en core U l~ épidémie ça p ourra tou jours serv ir . J e cop ie sexuell em ent , en m ettan t so us les c d es c~~i1les ~ue le médecin avait oubli ées. C' es t p as la p e ine d être SI savan t et d e ne nas savo ir fo utr e les cédi lles à leur place . L
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Envoyé par le gouve rnement im p ér ial
d a ns le
Hau~ B u~cy p ou r cherche r la ca use d e la disp a r it io n des e~revlsscs qui çont L' h o n n e ur de ce p ays , j 'ai cr u . de:T~ lr commenc er mon en q uête en c onçu l t a n t les mdlg~ne s et , p lu s par t ic uli èrcmen t , le prési den t d u çyndlcat. des p0cheurs, homme d ' une inst ruc tion p eutêt r e ,l:u dlm~ntai re., mais d 'u n e intell igence r em arqu~ble . , « I.ou t d abord, led it Duboi s m' a a ffirm é q ue, SI les ecr evisses ~isparaissai ent , pour une c~use in~o n n u~ , de~ cou~s ~l ea u d e sa région , les éc r eVIsses q m su r vt vaient étaient d e b on n e qualité . , « ~n eff;;t , inv,it é par les sy n d icali stes à m a nger ,d es ecr evi sses él. la cr eme et en h ui sson n ous les a vons tr ouvé es d élicieu ses, sans amertume ' av ec, seulem en t , un arrièr e goût de r evenez -y . ' " . b « f \ pr es aVOIr sav our é les écr eVIsses et u 'a .leur conv al esçance avec un cr u du pay s d énommé P0l1 C1e l1 "..
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n ou s p a rl ~lln e s san ' faço n . a ,,'c L'cet. ai.m, b Ic b isse.I:. ail,:r qui sui t les b ons r e p as . pè che et pisci culture, et ] 111S1,:;t a i a u près d es .o n v iv cs pou r , que. c.l la u n n;e clo,nn at s on av is S Ul' la ca use cle la di spar it ion des ecrev is s e s . « M , Du bois p r it le p rem ie r la parole ct lais sa e n te n d r e que s i les écrevi sses d isparaissaient o u mo ura ie n t d 'u n e m a la d ie i ncoun uc, c 'cs t q 11' elles ma rc haicn t ~l r.e UI O:1S . « A l'a p pu i d e son di r e, le pré sident du sy nd icat Cita s o n cas p articulier et Iit re m arq uer q ue . lorsqu ' il sortait u n peu tard cle l' h lJt c,l P l'tré o : ~ de~ aul~ e r~es d u VieuxS ergen t et d u P ont-cl Arcole. s I11111 arrrv .u t de marche r à r eculo ns , il se fa isait souv e nt des con t us ion s, p e u g r a ves pou r u n 1.1Omme fo.rt , m ais clang:~r~usL's sa n s d o u t e p ou r les écreVIss es, p ct it cs et l ' CU ré s isrn n t cs a u x c h ocs. Il Et le présidcu t du s vnd ic a t .o n c l li t l'Il ces t er m es : - L es écr e\' isses Ile di s'p a r a îtr o n t p lus qua n d o n a u ra trouv é le moyen d e les e mp êch e r d e m archer ~l r eculons . « L ' id ée de J I. Dubo is, toute lu mi ne u se q u 'cllc I ùt , m e paraissait pech e r par la base, q ua nd un a u t re conviv e , nom m é J ean D upo tagcr , se leva c t d'une v o ix fort e a ffirm a cec i : « J e v o us cl is q u e s i les écr ev isses cr ève n t o u disp a r aissen t , c'est q u 'el les o nt la COQI ' E L U CH E ! » « J e d oi s a vouer q u e l' asser t ion d e J ean D u pot a~e r m e par u~ h a sa rd ée : ca r je IÙ l \ ' ;!iS ja m ais e n te n d u dI r e: j e n 'avai s j am ai s r emar q ué q u e les éc rev isses f ussent suj ettes à la co queluchc , la t er r eur d es m amans e t d es p etit s enfan t s. « J e dois avouer qu e ln ftir mat ion d e J eail Dupota~er , au su jet d e la d isp a rit ion d es éc r ev is se s , m e lai ssa p erplex e. . « J e d em andai à cc p êc h e ur s u r quel s faits s e b a smt son opini on, et D upotager r épon di t : « Mo ns ie ur le professeu r . s i com me moi v ous aviez souven t p longé d es éc r evisses v iy antes c1an~ le court-bouillon, v ous aur iez obser v é q u' elles se l11e tta~ent en fu r eur , qu'ell es o uvr a ie nt leurs p inces et c~ress~:lel1t leurs c<;m les . Or , d epuis quel que t emps, ,le s ecr ~vl ss e ~ que je Jette d ans le co ur t- bou illon n e se clebattent plus ,
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elles ont l'air malad e et elles t oussent la m ent ablem en t, comme s i elles a vaie n t la coqueluche . cc _ Vous êt es ce r t a in du fait? « _ :i\'Ion sie u r le profess eur, je jure d evant D ie u et d evant les hommes que je vous dis l a v érité , t oute la vérité. « Je d emandai encor.e : . « _ Quelqu'un p armI vous, m essi eurs du syn d icat connaît-il un remède à cette ét range m aladie ? ' « Il n 'y a qu'un r~mède à .la c~queluche, r épondit le pr~sid~nt, Jean-M~l.ne Du~o~s, c ,est le changement d 'nabitaüon. le changement d arr. C est Ge que l'on fait pour les petits enfants att~in~s de la coqueluche. Ce qui est bon pour les enfants do it êt r e bon pour les écr ev isses « Qu'alors y faire? m'écriai-je. . « .Faire pour les écrev:isses, ce que l'on fait pour le~ petits enfants. Les sortir de leurs lacs et de leurs ruisseaux po~r les transporter ailleurs. « Et qUI se chargera d e ce travail d 'utilité publique sans honneur et san" profit. « Les membres du syndicat, monsieur le professeur l;s m~~bres .du syndicat qui, forts de l'autorisation d~ 1 administration, transporteront les écrevisses du lac de Sil~n. daps le l?-c de. N antu~, l.es ~creviss;s du Borey dan,s 1 O~gmn, les,ec r ev isses d e 1 Oignin dans 1 Anconnant, les ecrevisses d e 1 Anconnant dans le lac Genin, et caetera, et cœtera. « Je remerciai messieurs les membres du syndicat de leur zèle et d e leur d évouement et, en terminant ce rapport, je prie l'administration de joindre ses félicitations aux félicitations que j'ai exprimées de vive voix à messieurs Dubois et Cie. « JÉROME FIX, « professeur de pisciculture, « d'ostréiculture et d'astasciculture »,
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Maintenant que j'ai récrit le mémoire du professeur, je vais continuer l'histoire de mes infortunes.
l es .Jol~.r où Jean-Marie eu t l'autorisation de p êcher , si, 1.lICI ~VIsses atteintes de la co qu eluc he, c'est à peine r ais ~/our SUr sept, il mit le pi ed d ans la m aison. J'au1.1n e vc~ve que ça n'aurait pas été plus pire. l ' A nO" ~cUl J.our qu 'il re ntrait a u momen t o ù l'on sonnait __cc u s, Je lui criai d e l'au tre cô té d e la porte : ils r I~lènes une jolie vi e! Si tu avais d es enfan t s, l11èr°ug Ir al cn t d 'hont e d e leur p èr e d ans le sein d e leur é
T:r
e.
Et '1 .me r épondi t : __ l Pour -r~IS-tOl. Tu ne sais p as ce que tu dis. Je t rav aille mo ' 1 ~ta! et pour le r ep euplement d e la France. C'est qUi] qUI SlllS chargé de faire changer d 'air a ux écrevisses AI~~t ~ a coquel~che . , . un si J esus, Mane, Joseph! on ne pouvait pas trouver repo~.l11enteur que mon d éfunt, que Di eu garde en bon Voir t voir' a- -y pas que ces d ames ne viennent plus me .' que, quand je les r encontrais dans la rue elles fes a Ien ' ' ne t d u sem bl ant de ne pas m e r econnaître pour p as me salue ' . t II t ., . et u' ( . 1.' ~I e e.men que J en avais .le cœur gonfle q u~ JOur Je les int erprèt e en leur disant : pItes-voir, est -ce que j 'ai la p este le choléra et 1a p etIte ' e v oir et que \ rér er iroôl e que vous ne ve nez plus m vous t ournez la t ête p our ne pas m e saluer? -Ma p auvre en f ant, que m e r épond la v euve . Pied II pour . te es toute s, c ' es t pas a. cause de v ous c'est r apport a vo r e hon ' ' rme qu ' on ne peut plus se fréquenter' . en - Qu est -ce qu '1 l a, mon homme? Vous lui vo II1ez rapport t d ans les honneurs et que le : r qu "1 l es g<:m:reulrnement l'a nommé président du svndicat de piSCIC ture et de p êche. J Et. les VOll'a qUI' se mettent toutes à me rire au nez qu~ Je les aurais grafignées si je ne m'étais pas retinte: , t quand elles ont fini de ricaner comme d es oies (u on leur z'y arrache les gros canons de sur le croupion, a veuve Pied répercute : - C'est justement à cause du syndicat de pisciculture et de pêche que l'affaire s'embrouille et qu'on va foutre votre homme en prison.
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~ eplique z -v o~~s , j ~ , v ous y ordon ne p our n e pa m ~ laisser dans l inq ui ét u d e p crrucicuso ! que je leur
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cne. - ' ~h b ien , ma pal~vre p et ite Rosal ie , c 'est préci sé men t. ,~ c a~s e du syndicat q ue vo tre homme a fa uté , « . ~. l~ ag1l1eZ -vous q u'il. était chargé d e prendr e 'les écr ev isses d ans u n en d roit p our les r el tt · 1 autre , à se ule fin ' de les g UéI'I:I' d e 1'" n e l e l e alns un '1" ' oquc u c lC c t 9-lu a u I I~Ut Id e ~al re sa honn0tcm. en t e t en consci c :1 e 1 c al1 es ecrevisses q. U·' 1·l n .avait , pas mangées . ' _v en01 . : ' mon D IeU, q ue JC fais , ' Recons olez -vous q u 'e lle co t' l ' ' es n mue . . _es ecreVIss l " ; rnars ' , pour c ' eét aiit'1'pas gran d ' cnose les tr uites ' ça ~a . Iai t, . c clU V I a l11. <L
arclen~eeiliquez-v ou s en core ; je s uis sur d es charbons - ,E h 'bicn , Jcan-Mar ie et des mcrnJ r . d ' ' ca t , Ils avaie nt été chargés de " _] ) ' \ e son. sy nc!tm om ent d u fr ai, de prencl ' 1 p~c ICI c es tru ites an le s fa ire écl ore et d e rejet~~ l~s ((:t.~fs d~s tru~t~? p our au la c . s mores a la nVlCr e ou « Seul ement , quand ils euren t fa it v e'1 1 ' a u li eu de .I es rejeter dans l 'eau ils les e; es {l'lutes, m a ng ées, ' o n v cnc u es Ou « }[on5ieu r P a ill as son ,. qu i est un malin po' . l ît l 1 ' . ur es Crl111eS . Cl qUI connai . , e 1cac :>' c, ma d i t q u e votre h oi11111e all a it p asse r en Justice: run o, p arce q u e, pou r les écr vi sses, c'était un d ét ourn em en t de m ineu scs ; secu ncl~ p a r ce que p ou r les t ru it es, c 'était u n d éto urnem en t d'obje ts saisis, et d'invitation ù l' av ortemen t ; et q u e si Dub ois n 'a pas la tete coup ée, il se ra cond amné a u bag ne à Toulon o u a ux galères, d e l'autre côté du grJ.n d Gaill ot. J e n 'a i pas p u en enten dre p lus long , J e me su is ensauvée ch ez no us et je m e s u is m is e e n p l eur s en crian t : « Oh ! ma m ère , avec q u i m 'avez-vou s mar iée ! » Pendant huit j ours , j e n e su is sor tie q u e p our a ller cherch er mon d în er et mon lait, ct j'entendais les gen s qui se d isaie nt en t re eusses : - A h ! a h ! la Dub o is n' en m èn e pas large . E lle n e ,
J.
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fa it p a s t ant la fièr e. Ça lap pr cndra ;\ avoir une maison et de l' urge li ~l la cuisse cl' épa rg ne . J c ne voudrais pas êt re cl an s sa peau . En fin , la lundi suiva nte q ue j 'ét a is encore couc h ée , j'entends qll 'o n ~ a p c ~l la porte . Je me m ets en fen être et qu' cst-ce q ue JC \-OIS c1~ ns l ~t rue, ,c1eva n.t c,hcz no us ? Deux rrendar mes ct le b r igadi e r q lll tap ai t a la p or t e . Ona~cl j'entends la v oix d u brigadier , q uand je v ois l es'~gencl(1rm~s cl.c\':lnt citez n?l~ S , je d~gal~lte par les escaliers et J ar ri ve clans le col lido r ct Je d is au x gen c1anlles : _ On 'cst-ce qu 'il y a ]JO U i' v otre SCIT ice ? _ Nous vou lons par ler au n om m é J can-':'larie D u bo is, nu' il 111C rép ond. , . 1 _ Il est clans sa cham h r c, q nc J C cont iu ue : \ -OIlS n 'ave7. qll ';\ 111011f'(,1" p a r les cscnlicrs c l: ~l t a p er f:t la pr em ière }Io de Cjue vo us t rouvere z ». , . }3on . Les g'~ n c1ar!llcs mon t en t , ct q uand Ils arrivcnt devan t la porte de mon ho mm e, le bri gndi er t ape à la p orte ct d i t : , ' _ Au nom de la L OI, Ol1\TeZ-mOl. psrson nc ne pipc' m ot , Alors le br igadicr , il rc r-om mc nce : __ A11 nom de la Lo i, ouv re z-m oi. P er sonne encore ne pipe m o t . . _ T r oiSil:D1 c assom a tion. q ue fait le b r ig adier. A u n om de la Loi , Jean- Mari e D ubois, ouvrez ou il vous en cui r:l. ' J "1 ' " Ators on cntcu d Ia V Ol X (1c e <~n -1I1 :l n e . q UI r epe~'c11 t ~ : _ One m c vo ulez-vous ? Laiss ez-m oi tra nq u ille, Je ''' vaille pour le r epeuplement des lacs et cou rs d' eau . t' 11 mc clérangez pas , ou Il vo us en en tra a VüllS- m c111C, l"e . ire , avec 1"Ar lm uus " tra t ion , , à fa e l v 0 1IS. ,nurcz . . ' , _ One fait es-vous clonc ? q~ lC d CI:1:lnd c l e bri gad ier. _ "" Je COllve des œu fs de truite s, r épond 1110n homm e. _ c.;ans cloute les œ ufs de t ruites que V OliS avez prise s, ttc ;1uit :J, la tro uble, r epliq ue le brigad ier , des tru ites CCL C , - ns l cs auberges . . "ous ,avez m an gecs on v ene1ues cla q ue v • • I f ' . ~ .Mais ap rès en aVOIr p n s es œ u s, r épond m on (L
J.
hom me,
- "
,
.
-
2-1 4 .--
-
- Vous vous explique rez ch ez M. le P roc ureur o ù v ous alle z me suivre. J e sais qu e v ous êt es un loustic et je n ' entends pas q ue vous pla isant iez avec mo i. J ean-Marie co mprit qu 'il ne fa llait pas s 'amuser. Il s'habilla, ouv r it sa p orte au x gendarmes, e t m 'ét ant mise en fenêtrc, je le v is qui s'en a lla it, co mme un cr iminel, du côté de la p r ison. Les fem m es , qui tnicnt
(1 sc ndues dan
la J'Lie 1 0 \11' h;d icr d c v n.n t c l i c z e \l Ss es c l'Ïai e~ l l a u p e n:1u ; d e s g a mins, a u li u (1';111 r ft J' 'colr.'
couraient If >Jld a l'l Jll: s ' les c h iens rr e l ' t' , l ' devant, , les. t:J • , • h U II a l Il ' a a mort , cn fi nc ct~ll l l a c a i.n.s t.ro p l ra. t.io ri d u d (: S !l O ll 11c u L J e m c p e,n srtl s com me ça : - l<.osah e , ça n e peut pas du r er. l li p o r t es le n OI (::un hom.me Cl,Hi l e c <;:>uv r e d 'li an t e et d e b ou e. y tl~ fau t le lai sser ses . cnmcs . ,a . . et rcprendre le n Ol11 c1e t on p è r.e qUI na j a m ais m ont e les gran ds escaliers. Va t sphqu~r a,; lX ? cureu r que tu v eux di v orcer. e Et Je. m h ab ille en dimanch e et je v ai s a u Pl ' . la justice. a a IS d e - Mons ieu r le p rocureur, so u pl a.it , que je d cmande au co ncierge, . - Il es t chez lui, qu'il m e r ép ond. - O ù c'es t chez; lui? que je fais . .- Sa r ési dence es t à Genève ; m ais il Y: a .s on sustitlIt que c 'est la m ~m e ch ose. C' cs.t C? Jl1 ITIC l e v lca :re (Illi y ql.1S fj lJ(; l'a b~ol u tJ on ~1 LlcJ1 q ~ü l~lO_Jl S\l~ lIl" l e C l1 l'~ :
Jutant el C 'es l l a I? O " l e a c o l e , j~ n ll- c z sa ns frnpp rI pnre qn'i) ~ sa mUSlCjtW et Cluo, quand vous La p e ri e z o o r rrrra e l e d i ab l e d ' e n f e r' ? U Hl . n e p élard ch i ;l11 i/1 Z C a o ù t , il ne Y9lJ :1 cn ~C!lqpll.!, P~ .' . _ ".._ ' l ! . · f ·_ . I, e z J C J e "'. • l t it i ' clll ends q ui j oua it du p ian o et qUI C ian a l co m me P l: ; r, saI f'n l, " 1 «() 1 Si' r e,, 1'8 1'8 S I sa I d0 , r e' d o la l fa . -=-- LJ[l E t p u is il cl isa i t c d li n n e !:J(:vrm,p VOUS est U1l gJ'and coupable "
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Que vz'sa le législat eur; C ' est 'H.n bra con n i er redO'l-ttable, Un rrai pirate, 'lm séducteur,' C O1Jtm en t én u mérer les crintes et tes luttes, D 'un lLO J1l 1J1e q u i j u m a i ; '/t e J' cs fJcetct l e.'i l oi s !
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N on ce D u b01:S n'es! pas dit bois 'DoIl 1 on fait les flû tes. En ente ndant ces v er sses. et . le pi ano ql:i fesa~t u~ otin infernal , je m 'év anoUlllal ~ t qu a~d Je r evm.s a p m e s réflexions . , je vi s dev an t m al. m. onsi eur le sris.t i t u .t qui m c fr ottai.t le fron t, avec. ~l u V ll1 ~1.~ r J • t 1 concierge .: t end'lI t u n l)CtI t q l J1 ln c ·
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e e n cl isun l .
' C,. _ Bnv c7, ça, marne DubOI. S, , cs t" r1e 1a v al.VCIJ1 'est bon pour les éva nouillemen t s.. . , C B on , j e b o is, j e r c rn crc ic c:s rnes s reu r's c t Je leu r z y dit que je suis venue p our dl,:or~er. , ' . ' Alors le s us t i t u l il se In c l a l'1r c. e l ,a d i r e q u on n e divorcc pas. comme ça: que DubOIS na. tué p ersonne t qu e le tr ibunal ser a mdulgent pour lUI. , e cc J e sais bi en , qu'i~ ~-épercute, qu.e sa con du ite n'est p as irrépr<?chable. VOICI une ,n ot e qUI le concer ne et que .e ve ux bien v ous com m u m q ue r : J Dubois (J ean-l\Iarie), 36 ans. P aresseux es t un p eu iVI~(ogne et grand coureur de co ti llo ns . A man? é la dot ue lui a apporté sa !emm;. P ass e au ~ ,:b are t le t emps qu'il ne consacre pas a la p eche. ~?n!me ll1~pr?demment qrésident du Syndicat de la S~Clete. de p isciculture et ~e p êch e, a
pro li t é d e ce tte
5lt mIt!On ppqr/ ny~r:; ~C:l
r.o[:ocl·étrril' e\ so livrer }l un b r a c on î:>acgoen !l,:,rfC~?i'ehé . l"dn aitt..: :l _ ' ~I v è /, ci a it t i e s é ci-e V i s s e s i:l 1 vcn ,an lU I
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~~j\- ;:; Qrn q p 1l1,l é çlr-p5 1ft rf~18n ! ( l~ SR.]Çl~ C le5acGOu 11110U..{11,QUJs Vtt'tH lèS n , . . . ,., • C O) ' CZ; reprend le sust rt ut , qu Il n y a i.·lf «
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de u. l je .!VIna gnwü ' ' )J . . . s je u r , q·· ti e .J'e. re.d 'IS. ;. J. e n.. e v" e. u x p... l".q.;'i. I S 111 01 ; l,n o n l eun !!n!!H!!C ft!!! rH!~§~ çlCYllnt }~,§ tnbunaux: car les ~
et voisines se moque.nt d c)a et m e .n1. ~n ~ ro:m t d ,11 qUi li ' a i d e il f a l L: cl mal, qm n ai JamaiS d ' . . sucé s eul~men t une patte es ecreVIsses que m on man dét ournaIt. , ' . . ' _ Vous, m ad am e , repond le s us b t u t , VOl l::> avez 11:: droit cie m ~r9hcr le front h ~u~ et de braver les com, es , car VOICI la note qu e ] a l Sllr vo us : mer , . lS
V?~ S!l
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d Olg l , 1
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rnême, un dima nche, il me lcm ande si je ne v eu x p as m ettre m a rob e de soie pour all er me prom ener a vec l ui . Ça m e fa it pl aisir in t ér ieurem cn t de l' ent end r e parler co mme ca; mais je n 'en fa is p as du semblant e t je lui r ép onds : _ J e t e r em ercie t out de m ême ; mais je n e y eu x pas entendre d ir e par le m on de, q ui so nt si méchant, q uand Ils n ou s verron t se pr om ener par ens em bl e : - T ie n s ti en s, D ubois n e se promène pas auj ourd 'h u i a v ec Ie s ge ndarmes pour aller en ju st ice , il a ch an gé d e r ég im ent . _ Ah! t u m 'en v eux tou jo urs, que cr ie j ean -:Ma r ie; mais je t e forcera i bien à te ré co ncilier a v ec moi. _ Com m en t fera s-t u ? q ue je lu i d em a nde . _ E n m e m ettant d ans les honn eurs . _ P' t -t ' êt rc en te fa isan t enc ore n ommer présiden t d u sy ndicat d e p isciculture ? _ Tu m e m oques a u jourd' h ui, q u'il r épond ; mais tu m e moqu eras pas clans qu elq u es jours, q u and je ser a i d e la. Cons eil m u nicipal. - T oi! de la Cons eil ? _ Oui, m oi! J e suis sur la li st e du m ai r e , et je su is s ûr d 'être n om m é, p arce q u e j'esp èr e bien q u e tou s les ceu sses à q ui j 'ai fait m anger d es t r uit es et des écre v isses du t emps q ue j'étais président de la p isciculture , von t v oter p our m oi. Ah ! ah ! je leur z'y en ai fait m anger des troët es et des cham be r s ! . Et q uan d je se r ai cons eille r m u nicipable, t u n e m ettras plus la t ergette , la p éclett e et le loquet ~ la p or t e ~e t,a cham bre et tu changeras les d raps .du lIt pO~ll: aVOIT l hon neur d e cou ch er avec un cons eille r m U111clp able . C' est b on, v oilà les élec t ion s qui arriv ent, moi, j e n e m 'en m êle p as, rapport que la politigue ça n' aI'~'eg3:rde pas les fem m es qui ferai ent bi en mieux de VOIr 5 1 la sou p e b r ûle et si leurs p etits ils on t du caca à leu r .ch em ise. L e jour de l'escrutin, je m e cach ai s enco re plusse , quand, sur le cou p de sept heures , v oilà qu'on t ape à ma porte. J'ouvre, et je vois ent r er t outes ces d ames: la v euve Pied, la m èr e Quinquerne, m amezell e Qu iu _
« Rosalie D ' . 2 0 ans, e p o u se du s usd i t . H o n n e erson ne t ' u l)OIS, -, a c Iv e ct co u ' . . 1\ , ' ü m m e o n d l. t , la' , P la n g u e b ien )(m d ~ ag(~lls.e cet.é ou d 'u 1 u c , n:taI s est inca p a b le clu n c Il · /Ja n AlI ne mauvaise act io n li . ez e n paix fe J) U 1) Ü. :J S... Votr . . la ((leço n quil m en . '. n1111 e ( ' IJU ti X te ' .. ' , . . ' , a l) ]' s r~u x co mm e <L lIX ) . " .o~s ~ (,VI. nd.ra, tend r e et aJ1l0 U - . VIVr Cz, 1 eurcu x t 1 l em ~ el s jour s cl ' vo t r e u nio n . \ o u s En entend a;ü e ,,:OUS a ur z .h ea u co up l' e nfan ts )1 . _ D es c f ça, Je ne me SUIS pas l' t inte c t j 'a i r i é : fichu d 'en n ~lI1ts l d es nfa.nts ! j ca n-Alarie n' es t 1 ' L5 . pour aVOll' . .uc 'her 1 is tnll. t ec s, m a is fa' u n . .Il est . .1ro n p01l 1. .Lcco rr e un p e t it a sa fe mme , b ernique ! Q
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24C i •
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CHAPITH.E I II
Coui nien t je [us conseill ère
e 'f ut con,dam n ,. é ~l t r .oiIS ccn t s f· , J ean-.i\Ta . l ril l ancs d amene e . n ut ile d e d ir e q u Il n 'av a It a les p ay er , et qu e , s'i l n'avait p a s p ay é , onP(~iL\~ ~ou p ? u r en, prl son . .Je n'ai p a s voulu q ue le p èr e d es e m e t tre q u on aUfél~ t p u a voir soi t in is en p rison et · j 'all(~nffnt.s c1?er, ce qui m e r es tait à la Ca iss e de l'Epargne, ~r~~ dIS a ] ea n- l\fa r ie : je --=-. ~'~!~lllS, voilà t ou t ce q Ui : t u m 'a s la issé. Va pay er le IJ l ( U · :-' •. e ur , e.t n 'en parl o ns p lus . \" T "" v ou a J ean-Marie q ui s e m e t à pleurer c t à dire en vou]a n t m e r em brasser : l-l-l:-o~~li e , H.~sali c, p a l:do J.lI1c-moi ; j e ne te f erai pl S QaffIo n t et j e vais t ra\'a lller p our t e r em bour s er ,~ .uand tu ser as rc p~nti, je v err ai cc que j 'aurai a ~l re , en a t t en d a n t, à b a s les pattes ! ~ ~2t b on, J ean-Marie tient sa prom esse p endant un mois: p endan t un mois , il ne r etourne pas au cabaret et
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zonee, cœtera, cœtera. qui m e sa u t en t d essus e t q u i m e rembrassent en enant : -1 Ro~aIie, Rosali e, J ean-Marie est n omm é le premier sur acl liste . Qu el , l)o~1l eur.1 que1 h onneur ! qu e vou aV~oi e., ch a~ce .d aVOIr un p areil h omme! , J a:r ms bien envie d e les envoyer à 1:1. zo u ille parce u e Je m e rappelais ce qu' ell es avai ent f'ai t et d it ~u?,nd es gen darmes avaient em m ené Jean-l\'!a~ie' m ais ] al p as v oulu que ç d 't . c , d'e u d .. a s0'ye l et Je leur z'y ai offert e nOIX avec de 1 arquebuse d edans est bon. E lles s 'en vont J'a .' Cl ' un v entre de veau farci a u' fo Cppl el~ar~ a soupe .a v ec seule, parce que mon h om m ur, m ais Je m ange toute avec un~plume(' électoral . E t eil n e r~ntre qu'à minuit porte en disant. ' avaIt b eau tap er à la
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.R~salie , Rosalie, je suis de la C . ui d . onseil j ne l'entendait pas. q ormait, qUI ronflait et qui C'est bon. L.e t em p s passe. J ean-Marie . encore plus r aisonnabts et ne sort ai t u étaIt d ev enu e il y avai t séance dans la Conseil ce qui r . e~t soirs Où foi . , ' rr vaj souv t ' t rOIS OlS par sername, a cause qu'il fallait T en
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Mais j e fai sais celle
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le budget de la commune e t qu'il était d e la com~l.lb!"er des r éparations publiques. ISSIOn Mêm e , lte soir du 3 I décembre, j e l~'lvofis ~rendre SOn c h ape?,u e son man t eau, a cause qu l esair un froid de chien. - Tu sors encore ce soir que c 'est le dernier jour de l'année? que je lui fais . - Il faut que j'aille à la mairie, qu 'il m~ répond, rapport à cette sacrée équilibre du budget, qUI ne veut pas se tenir debout. . C'est bon. Quand c'est onze heures, je me rentre dans ma chambre et j 'essayais d e m'endormir en disant mon chapelet, quand minuit sonne et quand j'entends les tambo~rs et les clairons des pompiers qui fesaient de la musique et un qui criait comme ça : .O n souhé.Lite la bonne année à monsieur Jean-Marie DubOIS, conseiller municipal, à madame son épouse et à tous leurs enfants présents ou à v enir.
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j'ai jam ai s été o rgl1 ~il1el1se, et I:otre P ère q ui eS,t a ux b ien m ai s q ua nd Ol en cet te a n n o nce m c Cl eux 1C sait c U , . ' • " 1 l' fit rouge de pla isir. J e m ~ levai , Je .ch al~g: ~,1 , crr n p s . ' du lit et qu an d J oa n-Mar ie r en tra , J~ 1Ul c~ iru .. _ Tu p eux ren trer dans m a c h a m ~l e p <?~ll, m e ~ O U,lt<ll t er la bonne al1I~ée ?o!l1 l1: e ~es pom?lers: J al ~l: ange le~ draps du li t et Je n a l nus a la por te, III la t ergctt e , III la péclettc, ni le loquet. .
C:
* ** Oh! com me le monde ils son t changeantes. Sitô t q ue f onseillère, t ou t le m onde m e sal ua d a n s la rue , Jet e usour c fa ire enrager ces d ames, d es foi . OlS Je rn '1la b lill a~s , ai manche sur sema~ne , et , quan d on m e d ema n d ait en . , d s ' où j'all ais. ]e r epo n a I . " , . . _ J e vais che rcher m on man , q lll est a la m airre our équilibrer le budget. p ça les fesai t jaunir de jal ousi e ; mais j'ét a is bien ont ente parce que ça m e vengeait des avani es qu'elles c 'avaie~t faites quand mon homme était allé en prison uche des écrevisses et à l ' a ccou ch erIIlpp a ort à la coquel . m ent des t r uites. .
CHAPITRE IV A il temps des ceri ses
On s' était don réconcili és avec Je~n-Marie qui était devenu plu~ honnêt~ .et moins soiffeur d epuis qu'il 't it conseIller rnunicipabl e. e ai ' _ Que vous avez de c1lance, que m e d isaient ces dam e; J ean-Marie ~st d~~enu un vra~ ph énom ène, On croyait que VOliS aviez tir é un mauvais miméro quand
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250 -
" Bi Il . es mar ico . 3len s u r qu e vo us a ez fabr iq uer
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unN P~ti. t, ~ ~ ' h eu r? 0
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0 \ Je r rai s, m~l.lS ~ e n e p rp a is 'pas mo t . . d it ~lla u n samed I SOIr J ea n -Ma n e q UI r en t re ct q UI me
T ud ep eux qUI-:-est BI t 'a p p rép a r' c r p, ou. r d" m a in . .l 'a i un clé a n t r ama sser d es0 Ozo n et, qUI rn a i nvit é avec to i p o u r a lle r cerises - Ivl ais c' t l ' 1:> 1 . . l ' , le JO t emozon p s , , qu e Je ur Ia is . J e p ou r r a i p as m a rch er est outam, cl - IP eu n 'im p or te, q u 'il répe rcu t e, J 'a i loué u n cheval lez e p èr e Va d Ca Ia i t ' c des ce " c l' on , . • !, qu on pourra rap por ter [~ses SUI' la v oiture, lu t e fer as bell e P " l ' pOUr h ur e p la isir a u x ceus ses qui , . \.OSe1. le , leur z ' y porter as a ussi de vi a nde )Ol1r n ous ont ' 1I1vl . tés ' l' u n e pa~ les mettre da ns les d ûs, 1 fa Ir e CUIr e, p our b - , J~ vais ac h eter u ne r ou ell e e t Un . .' , ?Uehn , et on leur z'y portera enco , . e . Icassee d e cI u ch es q ue j 'a i m ise a u fou r , qUe j ~ e: ~ ne epogne a u x " C'est b on , L e lendem ain, que c'étai~ es~nds" J en tends p éter u n fou et da ns la rue, deva n~ ~llnal1che , J e me m ets en fen être et je vo is Une ' :onl't c l ez n OlIS. • "Il y a v ait mon homme d ed a ns q UI• cn , a it : v « Du re ' '. R osalie, Ca rabi v a p re ndre ,la ,m or t a u x clen~rec le-to i, IHoi , je m e d ép êcha is, m~Is.J e m'en VOy a is bien m 'habiller à ca use qu e c' étai t la premièr e fois e Pou r , Une , cr in " oline coml~le 1es d a' rnes de la' hIlle m etta IS aut je ~nfin, je suis t'hab illé e et Je d esce,nds d ans la ru e o~ Il y ava u du monde autour de la VOlt urc pour n ou s Voir p artir e t qui disai t co mm e ça : Ah ! Ah ! vo ilà votre femme Dubois~ voyez voir conm:e e~le e~t bel1~ J). Et Dubois: quand Il a rr egarde m a cr m olIr:e, Il r ephque ; {{ Ah ! tu es j oli e! On di r a it le ballon d u p ere T oll é q u i va s'envole r p a r en l 'air JJ, ~t les g enss es é ta ien t jaloux: Enfin , je m ont e d ans la v oiture, que la cr in olin e t enait t oute la b anquette et que l110n hom me di sa it comme ça ; ({ Tu m'é touffes les jambes JJ. , Puis il fa it p ét er son fouet e t il cr ie, comme les postillons; {( Allume ! Allume! » e t n ous voilà partis s ur la. ' C
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vi tess e v inr t ig in cnse q u ,on a u r a it d it . ' ; T'c -t h ian ; ~ C)us v o il à ~l La luse . p u is ~l :\lll'leU, p m _ a" ~ , ~ uste~ c n fi n , o n d es cend 2J. Pol ~~on, C}11~ l e m onde ~Ol t~~ \éa n t m c n t de la m esse e t q u Il v <LV:l1 t a ve eu sse s , c (lu i cr i : .( Vo il à m on si eu r Dub ois ; v ou s s' ëres v enu ~1.\ C ' l "ec u n. e H , . V Ot ï C d a m e . J v a i. s m ene r vo tre hev al .,l, ... est ,Don , mo n homme l escc n cl (l \ -oit , . ure : ...t moi ,t j 'e n " C:I X fai re a~ltant '. mais qu~ 'était cl:,fhcJle ~l '~r&O~e a la cn nol lll e qU I t an t a l se l vait p a r d e, cu lt , t : 1 t 1ev al. t. par e1e r r u.r " c , I11C 1> . 1'O UO'I"S S:11S (1'1101rte n 1)C11Sa n .t . pas c u <.l\.. pan . t. a lo n comm e 1'1 y• a d es dd a m es' q u e S I. J', avais a u t e m p s d e la car n ic ulc , ça a u rait fa it l'il' le m on e q UI n o us ar regard a it . En û n , j e s u is d es ce ndu e e t mon homme m e donn~ l e b ra s po tn - t ran~rscr le ' "il1a g e , q ue t ou t le l1:onde J n ou s s a l u a it e t q uo n lui r ép on d ait polim en t. a cau se qu ' l'1 n ' y a que les d in d ons qui sont fie rs e t oui q ll se " ' rap c, pellent pas qu i z 'on t' été d a.ns u n œ u f e t qU? le ur m e re les a p ondus e t cou vés 0111me t oute: les cr ea t ures que l e b,on D ie u a c ré ées d ep u is le péch é ori g inal; " ç est h on , on a rr ive clans la m a ison a u c1ea n t , qt~~ J:>~l cl: .p;i.n e ent r er ~1 ca use q u e m a crin oline, n e pou ;' a l 1 ,1 5 P,ISse r par la p o rte , c t , q u and on es t cn~ lé, le cl éa n t ~\ n ous mo n tre Sa femm e e t s es p e t it s qu e Je rembrasse l ue m on ~11ari il l eur z'y d on n e à chacu n u n gl'O S s,?u ~~~, ', A lo rs JC d o nn e la rou elle la. fri ca ssée d e bo~dl,l1 epog nc aux cr u c hes à l a f~mme d u cléant qm di t ça : « ? o us pas d 'a p p or t er d' O n n est p a s r ichn , m a is on v ous aui a it fa it ~l.l <ln~l bien ». . , h .osah e , q u e fa it m on homme, d on n e la m alr;t a ce tte brav e dame p OUl' fai r e le d îner , d u t em p s, q u on v a a ll er faire Un tour d a ns l e pays avec mO~l cl~ant. L e t our dan s le pay s n 'en finissait p as, SI ~el er; en t que, quand ça a été Une h eure du soir, la da:re t U c e~nt a cl!t : rr J e v a is voir ce qu 'ils fo uten t p en a n que es p etIts pleur e nt la faim ». , t' ie rn . ,Bon , elle part . Mo i je veill!? la mannal~: ~ s~ntirei~ . d eau d ed ans les p lats qu an d j' ça com men roul e', avr -- un un e zè b re'.
~h~~~e
1::'1' .
l1'avi~z
be~oil1
.q ~lelq~e
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br~~é. Alo~s voilà .l.es hom mes qu i r en t r ent , qu' on voya it q u Ils aval ent d éjà b u du v in bl a nc t d e la n iôl e , s i 't t 1 t ellement q ue m on hom m e n e v ou lait p a s . e d l ' qui ls a vai .o qt UIt r i cr e, e a com m u ne d epUIS m a ir . • < c n 1 In que ensemble et q u " Ils avalent parlé d es affa n. . p ables . « a n es murnc i- Vous s 'ê tes m a ire , que m on h omme 1 " ,'. '. comme ça, et v ou s d u ss iez sav o ir 'e u e ' 1I1 <tv,u t d i t li?re du .budget. ~ans ';ln p etit puyi co~~<;~ ~ue, Iéq u ic est f a cile à t ernr , m ar s dans u n e ville ' .h ez v ou s, à ét abli r et voilà plus d'un an qu'on ~ec ~?t le di able nous, pour cette sac r ée équ ilibre que ,.{SP':"te ch ez pas des coupes de sapins et des c~n tim' s 1 I~ :y aVait on pourrait porter le b az ar de la. cam es a ddItr on n els de l' égli se pour le vend re à l'enca mUne SUI' la plac~ Enfin, mon m ari a quitté le m ~. . VIté . à prend r e 1e caf chez eusses p a Ir e , qui 1 l' a m our municipables, et il es t r ev enu' et p a;ler d es affaires on qu "1 l y avalit un p oi.sson de la, rl'vl'e ' a ddme' , e t biteri dîne' . re e l' A.' , un barbiau, comm e les ceusses de la . " - in , que c' est Prés, mais bien plus gros. nVlcr e des Grands_ Ainsi qu 'ains~ on dîne et, quand on a fi i d mon homme dit comme ça : n e m anger, - Du temps que v ous all ez ramass je vais aller b oire la tasse av ec le mai;e el' ~es, c~rises, pour avoir des conseils Sur les affaires ~l ~ ~ mvité - Ne bois pas trop, que je lui r éponds umclpables. tu ~onduis et que tu pour;~is nous renve~:e~~p ort que C est bon. On v a a u.x censiers, Mais que ,:'est le dia pour ramasser les cen ses que la femme du cl éa t t ble . 1'1 s Je . t.a ien ' t d ~ms ~ o n panier. ' n me 'em_ se s Par en fin , ça p etits b ête t ell ement qu e Je fais comme eusses et que ie ' gnmpe " dans l es al' b l'es, e t Je ramassais de s cerises qua d . vois un catelet qui était au bout de l'arbre' Je ~ Je plus haut pour l'attraper quand la brancile gnmpe ' 1el', que ]' raurais pu m e t casse' et me VOl'1'a a, dégrmgo , " 't ' t' t ' uer SI Je d' n avais pas e e r e m e par ma cn n oline au m'l' ' lIeu une f,ourche, qu.e Ji' eétaIs. ~omme Françoise D échet e d a son b~ussmJ au milieu .d u rocher de Malbrondf n ue Je cne au secours, mais la femme du cIéant m~ dit é
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?\ e saa itez p as co mm e ça. Vans s 'êt es b ien e nc r och êc . I.es hom me s v ont v enir ponr V O lI S . d épe nd re. Et elle envo ie cl ercll.er so n homme, ,qUI a rri v e ~vec Je a n - ~ rar i e, ave c le n~ a l1:e ?t :l"\'ec d es ec ~:cl l es ,. et J ent en dai s un hom m e q UI disai t a l.me d ~l.n ol~ ell e . _ Glle/ti ez vi , D iennette, c'inin 10 [iinbes de la dam e de la u'La i sont ben ton /el . . . Enfin des fins , la b ran lie q UI. m e r et ena it c ~sse e~ '1;" (lue je t ombe sur l ea n-Ma n e , et sur le mrure q UI val c " l' 1 e tta icu t des échelles co ntre 1 arbre pou r m e e epen c r e , ln .. 1. t e t q u e je ~ e s r enverse eI.l t ~mu a n t sur e uss e~ C,' q u "1 1 s étaient pri S sous m a cr ino line com m e des 1 a les d a ns une ra tière . " C' est bon . Qnal: cl on a fin i p ar s e d esentr :rp el> mon 1 I n 111e et le m rur e de B olozo n , on es t ail e Jai r e les laia t r e heures, et on est m on t eé en cn Va v oiture ero l ur e po ou r vev r ev enir q l ' nons. 0 n a v ai.t .m ls . c1e r rrere .. 1a \' o lt~lr ' . e l es ~ '1l<? ttes chez d e cer ises et le b ot eillon , ct , d ans le cai sson , SIX 11 t r es d e ni ôle , que c 'é t ait d on de la b ouon nc, qu i avait a u m oins d ix ans. J e ;:lI~ - :\I a r i e avait l ~m p é, si ~ ~~ll em ~nt qu' il se rrait la m écaIll q u e a u x mo nt ées e t q u Il alla it a u pas au x d escen tes, m ai s le chev al n e s' en a percev a it pas par c~ q u~~ pou r lui don ne~' du co urage , m ~ll ho:n~ll e 1 aV~l.l t fCUL m a nger deu x p icotons dans ua s ia u ou Il y avait d eux li t r es d e vin . E nfi n , on mo n t e la m on t ag ne et on d escend d e l' autre côté et q u e j 'av ai s p r is les b r id es , parce q u e m on h omme s' ét a it endo rm i d u sommeil d e l'innocen ce. A N urie u x , il s'est r év eillé et il a voulu cond u ire. - D o rs d onc, q ue je lui fai s ; j 'a i bi en m en éla voitu r e p ar les m a uvais chem ins et je p eux bien la m ener p ar les b on s. J ear~-Marie se rendort, et n ous voilà r ep artis. Qu a n d on. a r nve Sur la place d e L acluse, j'aperçois un hom me q UI so rt d 'u n café et q u i m e cr ie : « Arrêt ez , m ame D u bois a rrêtez ! » J' arrét e et j e v ois l'hom:me q ui m 'av ai t cr iée? que c 'était donc J ean-Pierre, le m enuisier, q ui me d~ t : « Vo us avez de la place , vous m 'emmèn erez b ien ».
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.v cc plai si r, q ue je lu i fai s » L t Il monte d a ns la v oi t u -r , .t il : 1c e l nt (l' land 11)1)n h om m e lu i di t : «; '
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J ea n -:\fa r ie , je t e joue- Un l i t r . Quand on est en r o u te ' Jo, lL; .e a ux cinq -ccn t s ». lC Alorss e , vous rev (;nez, ' d( ,e<l~n - I ~c rre 111 ' dema n d e : ( U n peu je l ' II' . ' 1 .1(,lo z,o!1 ? li . ' ~ lepn n c s 1) C( Vous du ssi ez, r appor n, '1' « Oui e t non , non et OUI?rli ( ca u -d e- v ic n E:> n tout cas ' méfi,-.z vo us' » - ,« 1 ou r qu o i? Il . vul P arc.e . q u e, q~and .je suis a" . " . e gal d i èri d e l octro i (lui C ' l, ~ t i POUl I .acl lis e J ru V ou s savez que 1 USalt av Cc, Un (l e garel c-vau x a Il r o'it-r'.-u m. . a' P rce que J ea n 'Mar i l ' a d . , en veut · 1 q uan d il a d it -." c . énoncé a u c a. v tre lo mme , l' ab r eu v oir le d u ~leu cl'aU r p êcl°n~ 1e I Ilmuni ci pabl' , les b êtes q~l' o ng ~r ~-y a~lx ferait b iel1 .d es ar r ousscs ü amene a 1- 1 mIeux l êr if son t- mala~ cs 'e t q u e ca o ' l , )?l.I ch eric ,. cie ven le~' « Dep UIS ce tcm ' 1 oUr[ a l t el11p o " q u JI y e n a Cl 11I h om m e , . H.osalïe. lS 'r.~e ~<.~rcle_vau~S~l1ner 1 l1:onde ». comm e tout le mond~ rn eton nerai n veut a rotre ~ 'oü l'o n r a p p or t e génér~~~~~ous étie:t~~lé~u.~, sachant II ne vo us a it d énoncé par av. n t d e n iôle e t' d ,a. Bolozo n, v ous , Icosa lie . . anCl: a u d roit_réueaY-de-vic , cc Ça d em ande réfle ct ions qu e ' " 111. Méfieza j ust em en t six bo utei lle s cÎe nid~ ~~ponds, parce ' fai r e , Jean -Pi erre, quoi fair e ! un s le caiSSon q(t~ O l ~ b' . ~UO I " C( JC vous (IJ rai ien , qu' JI me r é) d . , .d c m ettre l ...~s b ou te illes sou s le p ont d u Palin , e t (Ileonv enu' 1 1 d em a in en les cachant dans un p a n ie r , es c 1c rch c r . 1 .. c • sous des 1)0 d e t erre ou (Les poaraux ; mais r a n e " ml11Cs . ., ' t ' Il' ' J . s l: 111 a pas l' CU ,, ' Jour q u e J c a ls al e a .cynuat e t c , " . c ~ ssi, Un et caché d 'e a u -de-vie, q uand J' ~ Sl J~le J avalS r a p p o rt é t cl P 1" ' ll5 Ven u ]r S OlJ ~ 1C pon. li . a ln, va tc fai re f . t ' a Cllerc 'Jicr vo~ec . y a d es g cnss es q u i ont des O l~ le~ on 1 ~1 • l 'a vait q,U1. v oy en t d a ns la n u i t , com m e 1! ,eUX d e larynx, et (.s c:how;ttes e t les z h iboux Il . l( Q uo i fa ire , J ean -Pi erre ' . . c: J . , (i H OI fa ire. ") (~ ~ C Je r ép c rc u t aaiIS. 0...' 1 ., ea n-,\[ane n e d ormait p ~s , p t etre, com ]11r. cc
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c 'e t un mal in . qu 'il tr uvcrai t u n mo llie n po u r fai re l e tou r :l lhommc de l' o ctroi l' . cc Q u 'est- 'e q ue " O U S v ou lez :l Jean-"!.lari c ? que fa it m on 1 omm ~ qu i :e r év c ill« n e n tendant Son n om . Al o 'sse , on lui explique l' a ffai re , et J ea n-:\ raric il s e m e t à rire comm e un p o isson dans L'cau . « Que Y OU S s ' ; t<'s bètl' s q u 'i l fa it com me ça. Y :t Une ca ch e tt e <jm' ja ma is cet nui mal nv mettra lc ci l o u le d oig t , t qu' on va lui passer cl v a u t ct q u'il n 'y v ' rra q u e du bl eu . On v a a t tacl c r les b out eilles de n i ôl ' sou s la crinoli ne d e Rosalie, qui peu t bi en les te n ir p uisq u' elle a t enu lin maire ct lin co ns eille r m u nic ip a b lc . . Jus tem e n t rean-Pierrc a vait de ficelle d a ns sa poch e, et on m'attach a les six li t res d e n i ôlc sous m a cri nol ine, e t on part c t on arrive d ev a n t l'oct ro i, que le garde-vau. ' il était El avec so n ( 'il de la rv nx : cc Hal te l' oc tr oi! Il qu'il f::I.it com m e \·a. O n arrête la voit ur e . C( VOli S n 'a v ez r ien :t .l écla r c r ", qu'i l r éperc ute . C( On a d es cerises e t un b ot cillon de ' illq li tres , q u e fa i t mon homme ; si ça doit payer, j e p a y rai ) 1 . « "\ ons n 'auriez pas dcau-dc-vic . p a r hasard? Il qu 'i l d em a n d e encore . Vans po uvez voir n , r é vond mon mari. E t. o n d escen d de v oiture, et. le gardc-van x , il fou ille part ou t ; il n e trouve rien, et il n ous di t enfi n d es fin s : « Vo us pouv ez s' en a ller », ( C' est pas d om m age r ép e rc u t e ' J ca n -Ma ric . E t on ren tre che z n ou s , en rian t comme d es b oss us qu 'on a fo utu ~lroit s, ct on a fa it un brûl ot ~l t out c<I:ss cr. Le lendem am, t ou t le mond e par la VIlle sava i t ce qui s' ~t ai t p assé, e ~ l ~s . d ames \' enaiel;t m e v o ir p ou r me fa ire racon t er 1 a ll.ure ct p ou r go u ter l 'eau-d e-vie d e Bolozo n . Ma is le plus fort c'est q ue le mai re d e B olozon , q u i ét a it resté ét ou ffé so us m a cr inoli ne , q ue J ean- P ie rre, qui a v a it a tt ach é les b ou te illes d 'eau - de-v i ~ so u s m a crinolin e ét a ien t d evenus a mo ureu x d e m oi e t q u' ils m'env oy ai en t d es lettres im p cr p ét u euses , qu e j 'y ai ja m a is rép on du et q ue mon h omme n 'en a ja m.a is r ien ù
(1
)J ,
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25G -
su parce q ue , s' il y a vait s u , il les a u rait m a acr és t ouS deusses. Les hommes, c'est d es drâ l s d 'an ima l ; ils fon t le~ cen t di x neu f cou ps , e t on n 'a p as le droi t d e se fù.ch e ~·, et si les fem mes elles a rrega rclen t se ule me n t un a u tr e quadr upède, leurs hom m es ils se fâch ent e t v eulent leS assassiner.
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Comn~e disai~ . J?na?
à la baleine q u i l'a v a it a valé
y n y a qu InjUstI ce d ans ce bas mond .
CH APITRE V I n ] ean -Marie est adjoint
t. . e Je d evt.ens m ère
Mon homme vient d' être au m aire, et tout le monde nommé deuxième adjoint dans la r ue. Ça a été mis dans~e ~aluc q uand je passe grand e honneur p our la famiU:.s JOurnaux et c'es t une C'est surtou t parce que mon homme _. oncle Gr égoire qu'on l'a nomm é adj OÏI~.h t·Ité de Son n'aiment pas les pauvres, et .quand ils ont s es gensses qUe dln On . n.c1l e, on l"a m IS au pinacle. UOua homme ét ait '- n ilUn quelqu 'un n ,a pas l e. sou, c 'est es m-: un lm J" r écile ; quand a le sac c 'est un malin . . Enfin, Jean-lV~arie avait la b:oisièm e pl ace à la m airie, et ça lui donnait bea~co.up d occupation, à ca use des inspections, de.s .commIsSIOns, des réparations, de l' entretien des b atIments comn~unaux, cœtera, cœtera. Des fois m ême , quand le maIre était parti, c'était lui qui signait les pr?cès~verb~l des gendarmes, et d es fois encore, c' était lUI qUI Iesair les ~ariages. Oh ~ ça ne I? e ~on~aIt ,pas de ~a~ouseté, à cause que le maire ne. ~aIS,SaI.t faI!e a son adjOInt que les mariages que la marree était laide comme Un pou à la renverse.
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T an t q u'à lui , il g~Hdai t les joli es po~u' la b c;mn e 1;>ouc h e, à cause q ue la 101 veut q ue les marres qUI m a n ent les filles ou les femm es ils les n~mb r a ssent; e t elles leur z 'y d onnen t en échang e une boite (~e dragett~s. , Bon, v oilà q ue mon h om~:e , Il est force cl appren d re le code et de se mettre 1 echarpe a uto u r du v entre. Ça allait cn~ore bi en ; I:~ais ce 9 ui a ._été le. plus d ifficile , de CIre cons tance. c'est q uand Il a fallu, fa n .e un 1disco urs . Vo ilà -t-y pas q,u un J ~u r e mai re entre chez nous et d it com me ça. a D ~Ib o I S :. . , . « J ean-Mari e.. Je sUl~ fo rce d e par,tIr, et c ~st. t OI q':li 'l'era la Jlùlette T n nque. Elle n est p as jolie ; m ais In al n e son pe' l n e' 25 fr a n cs re t es n.e ll e, com me 1'1 a non ~om~ospice des vi~illards, il fa u d ra q u e t u leur zy fasse a l di scou rs de c~ r e ~ ons t a nce )J . . •• 1.11 E t il s' en v a et I1 la;sse.Jean-~Ian e qUI cn e : « En voilà bien une a utre. J e n y t ien drai p as <::~ec. t ou tes ce s histoir es.. ~ls vo nt m e ~onne,r la m el:e , N ingit e. ! a nt qu' au c ode, J en t r,ouverm yn a 1<1: m airre, pour l appren d re, " n qu'au di scours, Je ne sais pas où le trouver. Qu'en t t l' ) li s-tu Rosa le : » C Ou e t u es, b ête, que je lui fai s. Va-t-en d on à l a sous.éf~ture, au sec ré tairia t , o ù le secrétaire , q u i est un Il n1e in t elli gent qui fait m archer l ' arrondissement ~~~nd le sous -p ré fet n 'y est pas, te dira ce qui faut dire ». ({ Tu as r aison, R osalie ». q ue r épond mon homme qui v a à la ,~ous-préfecture ?ù le se~ré t air,e il. l~lÎ dit: . ({ Vous s etes em b a rrasse, monsieur l adj oint , mais je vais vous donner un .livre où vous .t r ou v er ez tout ce que vous v?udrez , un livre que monsreur le sous-préfet consulte lm-même et que nous con fion s volontiers aux magistrats municipaux et autres p ersonnages d 'importance ». Et il va chercher un livre, et il l 'ouvre , et il lit : ({ Table d es matières. Discours pour distributions de prix, fêtes nationales, fêtes patronales, fêtes mutualistes; discours pour comices ag ricoles et fêtes sportives; discours pour r éception d'un préfet, d'un député, d'un (.L
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'r e]11ellt r sénateur, d 'un ministre; d iscours p our en t el bapt êmes et, . m~r iage~ _ » . . . urs p Gur « Bon, qu il dit , voilà notr e affa ire . L e dI SCO o ns ie u r maria ge es t à la p a ge 33 3. Emportez. le li v r? , ]1: prenez Dubois ; étudiez, le (~iscours type qu' il con tl elÜ '15 ferez ce qUI vous plaît: a jo u t ez ou r etranch ez ct vot II d e un laïus dig ne d e D émosth èn e , d e Cicér on 0 Mir ab eau n , . 1 liv r e Mon homme r evient ch ez n ou s et il m e don n e e d es di scours , en m e d isan t : '- Tu devrais m e copier le d isc ours p our les m ariages et je le li r ai. l ' it - N on p as , n on p as , que]. e l UI' r épon d s . 011 , cu rai que ta t ête n 'a pas fourni. Tu vas a p pren d re le dI scours par ~œur et rt u leur z'y env erra ça, en lev ant les .b r a s au ciel ou en r oulant tes y eu x comm e si t u aValS la colique. . J e an-~Iarie ,v oi~ .que j'ai raiso n , et il m e d it en cor e . - F als-mal r éciter. ~t il se .met d eb out d evant m oi, que j' étais sur une ch aise, et J.e commence : « Iv~onsieur, Madam e , Dafols c~ J~m~ sol ennel , Je sUls heur eux, cœtera, c œtera»). E t Ü répétait , comme u n p etit à l' école et il finit par savoir le discours p ar cœu r. ' , Enfin, le jour arriv e d' all er instrumenter à la mair ie. Je .m et s à J e~n-1\'1ar i e u n e chem ise ~l anch e, son pantalon noir , so n h abIt-veste que ça le serrait com me un n'hareng et q u e ça fesai~ réellem en t y!! b el homme ... L e voilà p a r ti p our la m arrie. C'était d on à tom bée de nuit, si t ellement q::e J ean~Marie dît aux agents : « F ait es-y d e la .lumler e ?u Je pourrai jama~s lire le Code faire le m anage et dire le dISCOurS d e clre-Cons_ tanc~. Bon, on all u me les d eux lampe~ mr:nici~,:bles, que c ' était d on du ch istr,e, et J~an-Mane dIt qu ~l n 'y voit pas encor e asse~ et Il envoie ac~e ter deux Clerges chez l' épici er, qu; l~s age~t~ en t enai ent cha:u n U!!. et que m on homme était a u m ilieu, com me le cure a u milIeu d e d eux en fant s d e ch œ ur. Bon voilà la n oce qui s'am ène . J ean-Marie fait allumer les ci e;ges , se m et l' écharpe, et lit. le Code, et il voulait
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d ir e le d iscours d e ci re-const~nce , m ais , v a t e faire ne ,s' en SOUVIent ' p as et qdu' ill d it:' fou t r e , \' 01'1'a qu ''1 l .« r ~l\'ais a p pré pare un b eau d l~ C 0:Ub ,e a cir e; m ais Je v ai s v ou s en m a is je l'ai. oublié con st a. nce, " que Je \' aIS eve n t er e t que \ . ous TIl ' en . Il a ut r e envovei u < d irez' de s nouv elles.. . ~Ions i enr et 'l\Iadame, . « 1 ie IS d e v ou s lire le Code , p ou r vous fair e assa u J e VI .1 ien s sacr és d u manage. . , \TOUS s' êtes u nis par les liens sacres VOIr .quet CI lire quc v ou s avez ' ro I '1 . tt le 11 a a pel e. ça«vyeu en a qUl. v oudraIen ' t v ou s cl ecou écou iraa ageerr.v ]1\ -r 0 1. ~as , . . IX pas v ous ch anter la ch a nson d e mon am i le et Je v eu: ca pit aine : " e Faut bien l'Ire lin 1°111' d.e noce, On n'rit plus le len dema in , '. . irn e m ieux v ous d ir e com me cet h om m e qui J ' 't « t ru.esté qu aran te ans au b agne : « C·es t pas t oujours eagréable al , l ' 1 b , mais on a q uanl m eme q u e ques on s m o. , . , , m en t s ll . (( A vez des cn rants, po u r d efendr e les p ropületes d es r oprÜlét aircs ; pour (~éf enclr e les gros sous d es ceu ~se s p ui en on t et p ou r fair e gagner des ce nts et d es milles ~ux fournisseurs cle la guerre. , , . . « E t m aintenant, all ez en p aIX; Je p r ier ai pou r v ous. « Am'sa vos bin ». Le d iscours que mon h om m e avait p rononcé en m ariant Juliette Trinque avec Joseph L at rap pe fut bien t ôt con n u et tirqu ité clans toute la v ill e. ,( Ce sac r é D ub ois , disa it- on , co n n a ît tou t et sait t out . Il p arle m ieux et m oins lo ngue men t q u e le m ai r e , qu'il p ourrai t b ien r emplacer au x p r ochain es élec tions, cœt era. cœt era », Moi , j'ét ai s t ou t e fièr e et t oute thon teu se de ces histoires que ces d ames' v enaient me répéter. Mais v oil à-t-y pas que, la samed i suivan t e, à tombée d e nuit, la v eu v e Pied en t re chez nous comme une ou ragan et m e d emande com me ça : (( Av ez-vous lu l'A beill e? )) « Non , que je lui r ép onds; j' ai bien a u t r e ch ose à
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. qu "a décpenser mon te mps et mon a nrcnt a, l'1r e de f aire
bêt ises H. b . l f , « ].~ h bi,cn,. qu'cllc répercute, lisez l' A beill e d' au J~'~G d ~u] ourdlllll et vous ne p erd r 'z pas vot re tcmps P~tée qu o.n y par:e..de vo.t~e homm e. J e vou s l'ai appO.1 s i pOUI ~ous . Iaire plaISIr ; vou s me la rembol1rscr c :-, -s. V(:lU~ \ oulez la ~ar~er p our la mettre dan s v os p3.p l C 1 LI~~z~la. et vo us m e.n donnerez des nouvelles », l OI, Je pr ends le Journal ct je lis: T
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« M onsi e u r le p r ocureur impér ial sa it -il q ue l 'o r a t eur, à l a rn a riqu c et e n quest io n , s ' est subst itué a u p r être
e t s ' est 1110qu é o u v e r t em ent d e la reli g ion , quand il a di t a u x n ou v eau x ép ou x : « Allez-c u paix, je prierai pou r vous? n « l\'1 o nsie u r l e pro c ureur impér ial sa it -il q ue l e n omm é Dubois (jean-M a r ie) . p ou r l ' a p p el er p ar ses noms no a nt pas se s e rv ir d e n otre b elle e t p r é noms , langue fr ança is e , s i clair e e t s i p u d ibon d e , a don n é, en p atoi s, l e co n se il a ux ép ou x d e n e pas s'em bêter ? «A -m ' sa vo s biai ». a-t-il di t , et ! je m e g arderai bien d e t r aduire et d e COn1l11 e n te r ces paroles. « Il faut q ue 1\'1. l e pro cur eur d e la R épublique, il f aut que l e public fr ançais , qui v eu t ê tre r esp ecté com m e a u .te;np s d e Boileau, sach e nt q u e l e m agistrat munici p al, q~ll S ~st m oqué du mariage et qui a conseillé aux ép ou x d ~~ol.r d es e n fan ts p our d éf endre les int érêts d es prop;leta~resA e t d es cap it al istes, que ce m agistrat municipal i l ?- lUl-meme p a s d 'enfants e t m et e n pratique cet a b oll1mable. pré~ epte : « Fais ce que je clis , mais n e f ais pas c e que Je faIS » . ~l .faut q';1e les h ommes, q u i professent de semblables ?pmlOllS SOIen t punis; il faut que la morale soit v engée; Il fau~ montrer que la loi est fait e pour tout le monde et qu ~lle frappe les humbles comme les puissants. « Signé : X. » uan d ., . J al eu lu cette article d énonciateur, j 'ai voulu m evanouùler; mais la v euve Pied m 'a réconfortée . en me mettant du vinaigre Sur le front et en me fesant boire un peu d'arquebusse sans eau. En ce 1110ment ici, v o ilà mon homme qui rentre. -.-.9t;'as-tu don? qu'il me fait, en me voyant à rno it ié ev a n ou illée. . - Lis voir, que je lui réponds en lui tendant le journal. Il lit <:t il d evient rouge si tellement que le sa?que lui s?rtmt par les yeux de la t ête, et il veut sortfr en encrepant la porte. Où vas-tu don? que je lui fais. Je vais chercher mon tranchet qu'il répond, pour
~~RRESPOND~NCE
Notre Imnarh ahté e " . ' nIe t l'r · '. n mabere lIttérair e mUSIC' C d PtO1 Iquel, .nous obhge à rr;produire la n o t~ su ivan t e : on nous aiSSOns toute la .. , , te q ue sa sit uat ion d responsablh te a son a~1 t11~ garder l' anonyme. e SOUs-offICIer d' acad émi e oblIge Voici cette lettre qu'on 1 • . J1 d e nos Juvénals Hau tS-Bu le ~au r <Ll t attribuer 1'11 « Monsieur le Dir~~~~~n<; : . « Au moment où le ou r, . louables efforts pour a g vernement Impérial fa it d e pecter les lois saintes du~~~~r le P?Uple frança is à r esde familles nombr euses o ~ ItpC , ou 1 On pr ime les m èreS et par la parole, les nouv'eau x éon e~~age , par la plume d' enfants nécessaires à la défenrco~x l~ proc~'éer beaucouP un énergumène ' à qui la sottise ~) a Pft~Ie , un h om rn cpost e délicat d' adj oint au maire ~~ul a Ire a con fié le prononcer un discours qui raille Îes unl~~~I~e vi ent d e qui , sape pa r ~a b~se une i~lsti,tution vénéra~fItlln~s e ~ creee par le Pere ete rnel lm-meme, quand il u e. qUI fut à Eve et E ve à Adam , à qui il fit cette sage reco~t Acldam. . " 2, et ne vous inquiét -urnan ation : . cresci'te mu lt-·2''pl' .2camm ez pas du pai ement des mois de nourrice », « Monsieur le procureur impéri al sa it-il qu'on a os é compar er, en mame, devant une nombreuse assistance coram popu~o , les nouveaux mariés au x hannetons ui ont un fil a la patte? q « Monsieur le pr ocur eur imp érial sa it -il qu'o ' compar er le mat;iage au bagne où l'on a à peine q~e~q~~~ bons moments. à
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saig ner n ' -. . ' ComIn c u n co . ' " a VOIr pas cl .' . c rion , ç l1l -la la q UI m'acc use de _ E L e . pet! ts. dr COU Le VOi r Clue je 1 . (• . le e qUe c 'est un i ~l p" ost eur Ul , ', .115, ~ u po u r rai s lu i r éponc n JUs . tIce. . . Cd o m l1l atClIr e t q ue t u p c ' _m ener P UX Ou rq uo i ? qu' il fa it P arce cl ", c. ' - R . ue , g I and bet c t u " . . _ P aossah e ,. tu m e m o q ~ es :> ' as aVo ir un p et it . l vra ] . . ueVan t I L e te d IS la v é t '. " . et q Ue 1 e ~otI'ai t d e m on p èr .r : c . ct ) e n l èv e la m a in Tu p e B on D ie u ga rd e e n b gUI s t Su r la ch em inée ,. eu x alle r t . On r epos qu 11 t e fa r ouv er I11o nsi e u ' P i ' • . n 'es pas f se une r éponse a u' 1 , Ic k-N Ick e t lu i d ire cent femp us mulet que le fJTaJodu l n ;;~l p o u r d ire q ue t u es e t d e ux m ill . e '"p etnit 1'0 1 SaIoman q U I. a eu A l Ors vmoü: comm e Un c;. m on hom me qUI' e' t sal.. t ' 1 , ec r . ~ ~ause de l ' émevI ~se qu i dev ient J a p ara v en t r OU<l'e allIe et qui la rS~lOn et: q ui p rend 1) a ne comm e n e i cy~ a~ .t~urne r en Cha n ta v~ uve P ied p a/)l~ Î a a-la , lrala -l ant : a
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J' su i s papa . ' Eu besoi n d:'l.pPas Et [e n '
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Il va à 1.
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. erson n our ça e, cave , ~ t il en r~m on t
:'111 blanc et it Il dégal a t te nous fa It t r in q uer <LVe e une bou t eille par les es calie rs en h c la VeUVe .p ' d e c a nta n t t oujours led et T ral a-la , irata-l a s~lis pa pa,' Et Je n 'a; pas Eu besoin de personne Et il cï ia 't P our ça. ' L 1 encore ' . es ceUSses . 'd ' . je leur z ' T . ' qUI m ue n t que ' ;, ce n est pas Vl'a l,' Vous d}ussca iezsse la g w'- u:C;. all ait t 'être a com p re nd re que d 'a v . . qu 'il alla le ~ . pa m on ho mme fut co t orr ap pn s qU'il tout le mond~r~ p ar to~~e la. ville, e ~ en.~, ~I telle men t Ouand '1 n leur z y dIsa nt l q u Il 1 em b rassai t '" 1 se r entra le soir p a ~ nOUvell e. , r mIracle il n 'avait pas
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son p lu m et. Il m e racont a t ou t ce q u 'il avait fait et q u 'il avait vu :.'II. P ick-Nick q ui lui av a it d it d e r ien I'insulta ti on d e 1'.-l beille. r épon dre - Vo yez-vous, ] ean-:.'I farie , q u 'il lui avait d it com m e ça , il fa u t pa fa ire attention a u x le t tres à l' anony m e. L es ceusse s q ui les fo nt , ils on t t ouj ours d u caca à leur ch emise, e t c'est po ur ça q u ' ils cachen t leur nom; ils cherc h en t les p ou x par la paille, et q~Iand 01.1 leur r él?ond pas m ot , ça les em b ête plusse. L aissez d ir e et laissez faire, J ea n-Mar ie, et conten te z-v ous d ' être papa. - Monsi eur Pick a r aison , que je r éplique. Laisse l' insulta t eur dans sa crotte, et m ange t a soupe. Tu a s . d û b oire d es b ou teilles au jour d 'aujourd 'hui. - Moi, que fa it ] ean-lvfarie, j'ai pas fou t u les pieds au ca baret. Tu n 'as p as été a u cabar et ? - N on . Et je n 'y r etou r nerai plus. - Tu m e moques. - J e t e moque p as. Quand on va avoir un pe.ti~, il faut d onner la bonne exemple, et m ettre p our.lUI a l?cai sse d 'ép argne, l'argent qu'on d ép en se à b oire et a s e r endre m al ade le lendemain. Moi je p ensais en m oi-m êm e : « v oilà encore J eanMarie qui v eut faire une farce Mais p as du t out. Il ne v a plus a u cabaret; il met de l' eau d ans so n v in et un jour qu'il fesait chaud , à cause d e la carnicule, je le vois boire un gra nd v err e d 'eau sans n 'en n 'y m ettre ri en avec, ni vin ni tord boyau, D 'autres femmes, qui sont si b êtes, elles a u raien t ét é bien content es. Moi p as. ] e cr oyais que J ean -l\tIar ie devenait malade. Il ne sortait presque plus. Ouand je le di sais d 'aller à la pêch e, il r épondai t qu'il . a~ait bien autre chose à ,~aire ; .que l ~s pêch eurs ét a ien t d es Iaignéants et qu Il avait m eilleur com pte d 'acheter du p oisson. E t puis il ne m angeait plus d e v iande , il n e v oulait plus q~e de , ~a sal<l;de verte avec beauco~p ~e vin~igr~. Il disaIt qu Il avait mal au cœur et qu Il ét ou r d issa it .com me s'il était sur des chevaux de bois. Je lui disais: Tu es fou. Va donc à la p êche; va donc faire ta à
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partie d e quilles ou d e cinq-cent s e t b o ir e to n lit r comme autrefois. _ - J e p eu x 'p a~ ~t je v eux pas, qu 'il r ép ond ai t rappor t au petit Ugene. r Qu~l petit .Ugène .? jlu.e j e lui d emandai s . Mals le p etit q u e Je VaIS avoir ' q ue ce sera r . çon , et .qu 'il s ' app.e11 er a U gene, · ' e so n gra..ndln comm - ga èr IJ e lUI d emandai s : pere. - Es-tu sûr que . ce sera un garçon ;> Et Il me r épondait : . J'en suis moralement s ür , li n'y avait plus rien à dire ni à fa' , . Enfin J ean-Marie se soignait et cm e Ire. qu ~ attend r e. Jours, il amenait la femme sage et l :,oIgn aIt . T ous les - E st-ce que ce se ra pour d u~ dem and ai t Enfin, un jour elle lui r épond emal11 ? - Ça ne veut pas tarder. - C'est bon, qu'il fait. Et il va se coucher. . Mon p etit arrive au monde que ' , . bien bâti, comme son p ère, et qui me cdetaIt .un gar ça"n la figure. onnalt d'air parLa femm e sage le porte à Jean-MarI'e . l . ' b . l . c , qUI UI d' - .C est on; Je e c~nnaIs, c'est moi tout i t .: Et Il se' r ecouche, en disant qu'il avait bi e crache. Moi je m e lève bi entôt. On fait le baptême n sOUf'f;rt. justement M. Pick-Nick qui est p arrain et quJe c est Trinque qui est marraine. Au dîner mon h a osette boit que de l'eau, et, au dessert il dit qu 'il ornms ne et il va se coucher. ' 1 se sent mal C'est bon, je suis bientôt rétablie' plus et le petit Ugène, il avait de quoi 'man grass~ qu'avant que la femme sage disait : ger, SI tellement
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Madame Dubois elle peut nourrir u . veaux avec. n petIt et deux Mais Jean-M~:ie ~:allait pas mieux. ' ' . . A la fin ça m inquiète et Je fais vent l lui fait tirer la langue, le t âte p artout r te J;edecm qUI' - Je n 'y comprends rien; Jean-Ma~ 1 ben fin : ne a on cœur
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et bon estomaque ; si ça ne vous fai t ri en , j'a m ènera i av ec m oi un confrère . Le confrère il vient et il d it a ussi qu'il ne comprend r ien à m on homm e; il amè ne un troisièm e m édecin q ui dit aussi qu'i l n 'y comprend ri en non pl us m a is que c'e st grave, t rès gr ave. . Et ils s'enfermen t to us troisse clans une cham b r e et ils discuten t longtem ps, et quand i.1 s on t di scu t é ils m e donnen t un papier qu e c'ét ait écri t dessus com me ça, par le pre mier m édecin : . . . _ La maladie de Jean-iHane Dubois provient sans dout e d 'un changeme n t de vie. Après avoir p assé son temps à pêcher , à jouer aux ca r tes et aux quilles, il s'est enfermé chez lui. Le siège de la m al adie est dans le cerveau. E n t ous cas , c'est grave. Le deuxième médecin , il écrit comme ça : - La m aladie de J ean-l'Tari e Dubois 'p rov ien t sans doute d 'un changeme nt d 'alimentation. Après s' être nourri de poisson , cl ' écrevi~ses , de v iande rôtie, a près av oir bu outre m esure du v m et de l'alcool. il s'est mis à manger du pain et des légumes et à boire de l' eau claire. Le siège de sa m aladie est d ans le cerve au . En tout cas, c'est grave, très grave. Le troisième .m éde cin , il éc~it comme ça : - L~ maladIe .de Jean-I\'~ane Dubois provient sans do?te d une contll1en~e subite et inusitée. Ap rès avoir ét e un cOUf,eur de cotillon d éterminé, il est r esté abso l~me~t fidele au foye~ conjugal, et ce changement d habItud,e a compromis sa santé. En tout cas, c'est gr ave, tres grave. . Enfin ~ Jean-Marie. ne sOl:t ait pas de son lit, et quand Il voulait marche~', Il fallait le tenir par sous les bras. T~ut le m~nde qUI s'y connaisse disait qu'il ne s'en tirerait pas, SI t ellem ent que la veuve Pied vient me voir un jour et m e dit comme ça : Rosalie, votre homme est bien m al ade : j'a ime autant vous z'y dire que de vous z'y cacher. Il Y a, à l'hôtel de l'Ew Suisse, un n 'hongrois, que c'est un fameux m édecin, que vous dussiez le faire v enir. - Allez le chercher, que je lui dis.
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"E lle s' enl va et elle r evi en t avec I'Ii o rurr o i qu i a r reg ar de m on 10m me ~ prise de tabac ' pa r t ou t 1e corp . A p r ès, iLpr nd u ne comm e ça : ,il m et d es lune t t es Su r son n ez e t il d it sa fu~Iet ho~me es t malade d es suite s d e. co ic he le à f ai n e: es t grave, grav e, t . a ire , III a espér er . res g rave . Il n'y a ri en
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CH APITR E I V
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Je sui» veuve san s en / ant Le méd ecin hong ro is avait . , t ' raISon . J . ea n-i\Iar ie n e s ~s pas r eleve des suites de m es Plck a raconté dans le jou rnal comI~~~ches . Monsie ur est m ort.et la belle enterrement qu 'il a t mon hom m e m encerai pas à y écr ire, à ca use q ue ::e. J e n e reC OI11_ d e chagrin. s: me ferait trop Et voilà -t -y p as qu'un an après la m ort d le. p.etit Ug èn e att~appe u ne m ère-ningit~ e son ,père, reJomd~e J ean-Mane au paradis. et qu Il v a Je SUIS r est.ée lon g temps sans m e recons . ~3:mtenant, Je pleure quand je vais Iole! et, encor e ti ère. es VOIr au cemiso rtais plus d e chez nous et éta~t bonne, j'engraissais, j 'engrais~~~~l11e. In?n ap pét it maire, qUI venait souvent Ille v . , SI bIen que le oir me d' . · d even e~ l:l aJestueu se, madame D~b ' IsaIt: cc Vous Ah! Il n y avait p as que le ..: OIS )1. "t ' meur e p our v" . S ~ Ier .. ce ait J ean-Pierre, le r et . . , el1lr me r econPiedagneau, le com mis des 1 1 ~l t e d es douanes; l'ancien m aître d'hôt el' Lad ly p ot heques; Coquemar, soi eries er vingt autres, agnette, le fabricant de Et ces d ames m e dis aient co mme ça
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_ Ah! marn e D ub ois ; l 'argen t a b.on odeur. Ils v ien nen t to us pa r là pour vou s r . l1l<,trier, Ils a rr egarden! votre m aison, v otre terre de la C r 01 x - C l ~ al o n , v o tre pre de Br ion, votre bois de Chamoise e t les luisctt es c~u: vous avez à la Cais. e d 'épargn e ou q ue vo us avez pretees a u cinq du cen t. . ' _ Laisse7.-les fair e e t laissez-les dire, q u e Je leur r épondai s. J e co nn~is les h omme~ m IeUX ~ue vous et c'est pas eusses q UI me feront VOI r le tom. _ Les ho mmes, c'est com me les ch asseurs. L es ch a sseurs ils on t d es chiens, que c' es t pas t ant pour la chasse que po ur passer leur m auvais ~ hum.e t~r. . . Qua nd un chasseur a manq ue un $"IbIer , Il ~ nv.01 e un co up de pi ed .clan s. le cul de s~n c hie n en lm d isan t : « Ti ens imbéCIle, ti ens maladro it », U n homme , quand il a fait un e bêt ise ou q uand il a cassé une as siette, il insulte sa femme ct la t rait e pl us b as que t erre. Le t roisièm e mar i de la veuv e Pied, qui ét ait t ai lle ur, quand il se piq uait le doigt avec une aiguille, il envoyait une gifle à sa femm e. . ., J e connais les hommes, q ue Je v ous dIS, et Je suis plu s m aline qu'e usses tous ensem ble . Ces dam es r iaient et on b uvait la goutte. Mons ieur Pick v enait aussi m e voir, et ce n ' ét ait pas pour m on bien et mon argen t; c' était pour m e r endre service . S' imaginez -vous qu 'à p ei ne mon homme mort, v oilà de s t as de not es qui s'amè nen t ch ez nous: - Doit Monsieur J ean-Mari e D ubois, d ouze litr es de vin, un plat d 'écr evi sses et un rôti d e p etits oiseaux . - Do it Monsieur J ean-Mari e D ubo is , s ix litr es d e ni ôle. _ Doit -Monsicur J ean-Marie Duboi s, un b ateau e t un bon p aire de rames. _ Doit Mon si eur J ean-Mari e Dubois , un paire d e p antal on s de da!11e avec d e l~ clentell.e au b out. _ D oit Monsieur J ean-Mane DubOIS, une b ague d e . d ame avec une perle au miliet~ . _ Doit Monsieur J ean-Mane DubOIS, un chapea u de d ame avec une plume d'autruche d essus.
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Cœtéra, cœt ér a . . « T e vc;>ifà ,dans de j0l.i s drap s n, qu j e m e d isaIS, quand ~ 011a~t y pas monsieur Pick qui r entre ch e z nous et que Je lm raconte ce qui se p a ss e . - Attendez voir u n peu, [uil m e fait. Et il c he r che d a n s la po~te-feuille d e J ea n -Ma ri e t il trouv e les fa ctures a C9.mttées d es voleurs qu i v oulaient se faire paye r d eux foi s par u n e pauvre veuve inno cent e et fiabl e . - <- ?fous allons r.I re, q u e fait e nc ore rnoris ieu r P ick. Et Il pre~d son b a ton et les qu itta n ces e t il v a t rouve r _. d leur l es voleurs inscrupuleux et leur z 'y m et l cac.a, .~our 1.es f ar"r e rougrr d 'h ont e. e n ez ans 10.101 j 'avais raconté l'histoire à ces d am . . " SI' . il n ' y avait pas b es. a InSI SI. t e11emen t que l e SOIr l 'q u ba ln _, rier par la ville, que l' auber iste esoin c e tam ~~r et le marchand d e bateaux getc ' l,e I?archan d d e l;"llole - Vous dussiez les traî . ~ étaie n t d es canaIlles . comme ça. m er en Ju stIce, qu'on m e disait
Mais moi j'ai p as voulu, et je les a i la iss és d a n s leur déshonneur. Le monde qui sont si -m éch an t s . . ' ., avait di t que mon homme m 'avait laissé des d us, et cett h i t ' 1 . a appris l a v érité et qu'ils ont .ét é fOI'Cées ~I S orre eU,lt r e déf t ' . Cie reconnal e un , m eme quand Il était .' e la q u e mon . 'C 1 dt ' aUSSI gr is qu bournque a 0 as , ne per al Jamais la t êt t uil se faisait donner d es reçus de ce qu'il aVa~t e d~ ~1sé en pour les dames et d p . Il g od a ill es. et en cadeaux l . emOlse es, qui allaient avec UI se promener en bateau, à pied ou en voiture. Et puis voilà-t-y pas. que mon ?ncle ~Iarie-Antoine me fait appeler chez lUI par la mere Qumquerne, qui était son garde-malade. Ça m'é~OI~ne, p arce: que ~on o~cle .,Marie-Antoine était brouillé avec ~Ol dep~ls que J avais marié JeanMa:ie l?U?OIS et qu Il vo~aIt, p~s d e ce mariage parce qu'il disait q~e Jean-Mane ét ait une gouape qui ne mettrait jam.als un sou de côté et qu'il mang~rait son bien et le rruenne au cabaret ou avec les femmes. ' Mais je vais qu~nd m~rne chez mon oncle, qui était bien malade et qUI me dit comme ça :
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- R03ali . je . u is Ioi tu . V us s'irnaO'inez des h a ses lui n e s on t p ; l~, q u e j e l u i répliqu c; v us a ye z u n h n n c .u r. - .le sai: ce q u je di s ·t t~ qu " je ~ e ll ~ . Itl'i l l'l~p~ r c u t e . J' a i c u tor t le m e In-ou illc r a v cc t o i , l~ \ }s ah p ar ce q u e tl~ as mar ié D uboi s . E n fln . il e s t mo r t , mrus c qui est fait st fa it. _"cn p arlo ns p lus . T u is \11.a se u l ~ p ar n t e et t u 'c ras mo n liér it i" re . « Oh ! t on oncl e n' a pas fa it o mmc t on 1I0111 m(' . Il a d pe n. ct j 'ai m is d e cô té . Pre n d s cc t t ~ le tt re : d le est plus lourde que tu 1> cro is . Q uan d j e sera i mo rt t :l la porteras à. Gen èv e , à la b anque Iui Uaume T e ll , .o u l 'on t e donne ra , cont re u n r eçu, les c inqu a nt e ll11 11e f ran ce que j ' ai écon om isés et q u e je n 'ai p as plac -~ :3 e n France, pour que tu n 'aies p a s pay er d e .l r o i t s d ~ .S ~l C cessio n e.t 'pour n e p as être éco rni flé p a r les VOISins q u i l11'éplal eIlt p our m e v o ir t ouch er m e s int érêts e t 1l.leS coupons. « Ne perd pas cette lettr e, R osali e ; em b rasse-m o i e t r a p pelle-t oi ,qu e j ~ v eu~ qu',un e nterrem e n t d e t r<?isième classe et q u on 111 em men e la-ba s san s t arubour ni tro rnpette », . J e remb rassai mon oncl e e n p leurant. Il n'aval~ j a nl a is été, ?ie.n tendl:e pou r moi , .n! ais il a vait p.e ns~ à n1.oi et s et ai t r efuse t ous les pla rsi rs pou r l'n e Iai.sser une for tu~l e. . . . . . " l\'I ais lm n e pleur ai t p as ~t Il m e disait . _ Chacu n son tour; l e mien va v enir. U n e t ro lSleme classe, R osalî.e, une troisi èm e cl asse, sans les cloch es, tu entends bi en,
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CHAPITRE IX Je suis hëriii ère
Après l'enterrement de mon oncle IVl a r ie-A n t o in e , toutes c,e s d~l.lnes sont ven~es me r econsoler; et, 9uan~ . ell es J11 avalent r ernbras s ée, elles m e demanda ient .
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B eauc oup, R osalie . _ Eh bien ! a corrrp a g nez-rno i , C'est moi qui ferai l e s fr ai s d u v o y a g e , b ien en ten d u. A qui v-oulez-vous q u e j e rn e fie , s i ce n ' e st à v ous. _ ' Rosa lie, ça ne me di t pas g raridchose, cette h i s toir e -là . J e n ' ai j a m a is fic h u l e p ie d d ans l es b anques e t j e ser a is e nt repr is . 'P as tan t q u e m o i, monsi e u r Pick , pas tant que rnoi. Alle z, laisse z-vou s t e n ter e t r endez s ervice à une p auvre f crnrn e comme moi. C ' est e nten d u , q u' il r é pond apr ès avoir r éfléchi. Allez à l a mair ie; d em a nde z les pap ier s n écessaires; nous partirons l.u nd ~ m a tin. .. ' . La l urr d i su n-~nte, .on ~t.aI ~ d a~~s l a voi ture pour B ell egard e. M o ns ie u r P ic lc s éta i t f a.i t b eau. Il avait son habit v e ste e t s o n g ilet ram a ges qu 'il appela i t son g rand Théo. On p r e n d l e chem i n d e fe r à B ellegarde; on a rriv e à G enè v e e t on v a à l a b anqu e Guilla urne T ell. Là , monsieur Pick , il r a cont e m o n h is t o ir e , il montre m es papiers et la l ettre d e m on o ncle M a rie-Antoine. L ' employé, qui noUS a r r ega r cla.it par une p etit e gloriette, il va parler à un v ieu x m onsieu r qui é t a it p lu s loin, qui vient vers noUS e t qui nous f ait en t r e r d ans un bureau e t qui me demande: _ Voulez-vous , madame, r etirer votre argent, c'està-dire les c in q uan te m ille fr ancs que votre p arent reconnaît vous d ev oir d 'après la lettre que vous m'avez remise? Moi, je savais pas trop que répondre, et Je demande à monsieur Pick. Oue f aut-il faire? Ce que vous voudrez, Rosalie; mais votre argent est en sûreté ici, e t vous aur ez toujours le temps de le r etirer, si vous en avez besoin. _ Ma.darne pourrait toujours prendre U11 à compte? que fait l e vieux monsieur. _ C'est ça que je réponds, dormez-moi dix mille francs. Et le vieux monsieur il ouvre un coffre et il m e donnc
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l' . . e ? _ Vo tre oncle vo us a sa ns doute aiss e ~u cqu e ho s . ~ m ettait p as dan les d ép en ses, vou s d uss l t 1 nechse . q u "11 a cie 1 l' fen ch er er dans sa garde-rob' , po ur sur a rg '1
caché. . f . t' sc . Moi je leur r ép ondaI,s et;-el n.l .' Il ' t 1' é l a isse. " ' 1 cle ne m a rr en S es r écon c! 1 1" on on . avec m oi avant de, partir, et ça m e su ffi t. . , Et elles s'en allaien t , en racontan t par t oute la v Ille · _ -Ah ! ah ! la Dubois qui croyait d éjà av oir trouvé la pie au nid, elle n'a pas eu un liard de Marie-Antoine . Ça l'apprendra à fair e tant la fière . E Ue en a déjà assez; comme ça, des écus et des luizettes. , Qu~tn~ ~~es. sont par~ies, je m e m et s en toilette et ~e va;s a l église pour ~lre une prière po ur mon oncle; Je m en file Rar ,la p et~te porte du cloître; je t rav ers e ~a place qu il n y a-:alt p~rsonne pour m 'écornifler et Je m~nt,e ~hez Mor:slcur Plck-Nick , qui ét ait dans son fautell a . Iire un VIeux boquin , - Quel bon vent vou s am ène, Rosali e;J " 1 me demande comm e ça. . qu 1 - C'est pas un vent, monsieur Pick q . . l ' .é ' t hi t ' . , ue Je ui 1 pan cl s, c es une IS oir e qUI m 'amène et SUr la u eUe q Je veux vous consulte r. Et J' e lui explique ce qu e mon oncl e m 'avait di t t je ' . d I e ) l , m avait année pour la banqué lui montre la let t qu '1 Guillaume Tell, a Geneve. . Alors il r est e un moment dans ses r éflexions, puis il me dit: « C'est intéres s.ant. Vo~re parent a fait comme b eaucoup de nos patr~~tes qUI portent .le~r argent à l'étranger, où leurs hénhers. vont le ~ueühr sans avoir rien à donner au fisc. fra,nçals ..~llez a ~e~~ve , Rosalie, a pr ès vous être munIe d un certificat d ongme et d'un extrait de naissance, et v0l!s ~oucherez la forte somme, à m oins que vous ne la laISsIez ~hez .les Suisses. _ Pour ça non, q~e Je. Iais. J e veux aller prendre mes sous; m ais ça Tfl el1l~UIe d'aller t oute seule là-bas. Je ne saurai pas m explI.quer ~t on p ourrait m e voler en route. Ecout ez, monsieur Plck, vous av ez d 'amitié, pour moi?
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dix billet s d e mill e et il m e fait sign r u n r -çu t no u partons avec monsieur Pick, q ue je lu i avais.d it d e m e:tl:e les billet s d a ns sa por tefeuille , parce q LIe J . Ile POU\ a l pas les cacher d a ns m es estomaq ue s . - Où allons-nous main t nan t ? que cl ' m an d e Mon sieur Pick. - Mai s on va dîn er, que je r épond , ct d an une grande h ôtel. On peu t se p a yer .a. . - Si vous v oulez, que fa it 1110n ieu r P ick , e n r ian t: pour une foi s, nous joueron ' a u m illion nair e. . E t il ~'emn;ène d ans u ne gra nd e hôtel, o lt un m onSIeur qUI avait des fav oris blancs e t u ne r ed ingote noire, il nous mène deva n t u ne petite table olt il y av ait juste d eu x couvècl es . ~t on appo rte d es plats , d es s' ha reng::> , d es p etits pOIS, un POlsson , un poulet et on change a it d'ass iette av ec ché7~ue plat. et il y avait a u fond de la chambre, d~s mUClSIens qUi fesaien r de la b elle musique avec d es VlOlo~s, et , d~ls glonx:ettes. Et on va prendre le café dans udn fa e o~ 1 y avait enco.re d es m ucisi ens qu i fesaient e a musique a-yec d es viclons et des glo r inett . Qu and on a p r rs le café avec le gloria, on va ses: . 1:>"ick m e demande: e plonlen er au .b ord d U l ac , e t ~ons~eur - SI VOUS voulez , Rosalie , nous iron s, en a ttend l'heur e d u ret0':lr, fair e .une 'pr~l11enade en b ate ant - J e veux bien, que Je lUI d IS; j'ai jamais ét: u ' ue sur le lac de Nan tu a , et que ça me fera plaisir d'after sur la m er. Alors on traver se un petit pont et on se m et . . bateau qm. e't aiit a USSI. grand qu'une maISon et quiSUI un it . ée , aUSSI. h au t e qu ' une cl aVal une ch emin 1em'm ée d'usin C'est bon, on part, on se m et SUI' u~ banc et on a~'~e.:. garde le pays et on en~encl. d es mUSIcIens qui étaient aussi sur le bateau et q~ll fesaient d e la musique aVec des violons, avec des glormettes et ~vec Une trombon . ne Mai s quand on est un p~l~ loin, quand le bateau commence à s~ ba~al1;cer, voil à mon dîner qui me reproche et que Je dIS a rnonsicn- Pick : - J e m e se ns p as bi en. Est-ce que je vais prendre le mal d e la mer ?
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-=- Ce n' est rien, qu'il fa it en rj :l l ~ t .. c 'c: t l.a fcrr: t. du d éjeuner qui n e v lit pas ra~ ~ ('r. ~ ll l\'C' Z -Il1(l1 et v m:ir ez mi IIX . J e le suis t il m 'emm ène au fond d u b a t ia u ail il y ava it comme lm calé ni! il demande d u rh u m q ue je bois et q u ça me . OlJ1ag" . _ Et on rem onte 1 a l' en ha ut oit on en te n d cn '<: re I ~:-i musiciens qui fcsai cnr de la mu siqu e av ec cks v .1010n ~ . av cc des glon. net tes e t a ve c un e t 10111 . lro u uc'.S~ t t el. lement qllc monsieur Pick il me di t: , - Ils commcncen t ;\ m ' em bêt er , Cl'S b o ug r cs- 1a a v ec leur s sérénades et leurs tra-l a-la. . C'est bon . On revi en! Genève pa r le c hem in d e fer ' et on remonte encore dans le c hem in d e Icr pour revenir à Bellegarde. Qua nd on est dans le tu nn el , vo il à -t -y p as qll e les lampes sont ét cinclues ct qu' il fait noir com me cla ns un four. . - Est-ce qu'il va nous arriver ma lh eur? q ue Je nde :t Monsieur Pick. l' s I cerna Ça ne < ri. squ e Il. : e n , qll ' il me r~I)Ond ' . O n a on bli é , -- 1er la lanterne, voilà tout. cl a~l l1n i je lui dema nde à Monsieu r Pick. . Et ~~?tes vous pas enn uyé av ec m oi . monsieur P IC}.;:? e q u'il fait. Nous av ons bi en d éj eun é, n011,s NT , bl e, nous savo ns ou - ...f on, it une p romenade a grea av ons r al ros sous, nous en av ons touché et s.ans cett e sont. ' ev os g. àt mes mUSIque, q ui va bourdormer ., t oreilles penc:acl e . . je seraIS tres con en . dan t qtlll:z~,Jf~:s~onte~te aussi d ' avoir ~ait 'plaisir à Et .11101. Pick J. .quc Je ie revai r êvais la( nuit que j' étais l encore mu 1l101lSIC~1l ~handelle dans le tunnel et q~le .a. : av ec .lUI , SaI~Sh alit d'entendre ce que je lUI disais a <, l'empec . slque l'oreille. à
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CHAPITRE VIII ] e sui s veuve sans enlan! , \.\1 O
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Le mo nde ils sont si cur ie u x qu 'ils on t vOlll u .5(f' ic~ ' où j'ai été qua nd je suis pa rtie avec ll1 ü!lsiC1Il ll C1- le Toutes ces dam es sont allées che z l ' l~pi cl cr, (. J~l l c~ bouch er .chez le l aiti er , p rendr e des nOllvcllcsi ,d;lr d c ont su que l'on avait pris la d iligence pour Bel c~~\ èv C ' et qu e, de Bellegarde on avait p r is le train po ur G cl et elles vena~ent m~ demander: . f ~i t - Vous s allez bi en , m arn e D uh ois ';) Vous a" c1- 11 \ , ' ; ). Q_ ll ,est-ce qu'Il " y a de nou" e:l. ' une b onne voyage < '\,r e Genève ~ ~vez-vous ap por té du sucre , du café , du p Ol et des épices > cœtera , cœ te ra . Moi je leur répondais: " -:- ~ e ne s~i~ pas ,ce, q;-te VO liS voulez d ire, et CC q llC J al fait et ou Je suis c,te, ça ne vous arrega rde p as. . Voyan t qu e s a ne bechc pas de mon côté elles Oll,t envoyé ,l 'écormfleur chez ,monsieur Pick-Ni ~l(. :Ma i.s Il. a été bI,en re~u . Au p r em ier mot qu 'il a di t, m onsl ctll Pick lm a re pondu. _ Vou s, vous a~l~z me foutr e la paix . P ar malh eur, v01la:~-~ pas qu e je suis obligée d 'all er payer mon. dû ~h ez l,eplcler ct que j ~ lui '1: y ~o r~e un billet de mille flancs a c h ang~r , et qu 'il y avait Justement du monde. dCl:ns la ~ou~lque. J'aurais aus~I bi en fmt, cl y faire t ambourne~' par l~ 'Il Une demI-heure ap r ès, les gensses ils se (lIsaIe n t , VI e. _ Vous ne savez pas.;> 1a D ub ois change des l)1'llets " t d ille fr an cs; elle en a une pleine porte -feuille . C e~ e ml 'elle est a Ilee ' c1lercl rer a" Genève. ore vallS (1.\ 18 15 : ' ce qu 1 1\' 1 .: \ ' ' . ' . 1 1!:,s C bi Iit nu e son one e l alle-j ntoinc lm avaIt a a ie n l '1 d ille et P 't -c' tT e un m illion . , ! cCC tcr . d es CeIlls , es'1' Illb . t F t puis Val a ien un au re affai re . t U n jour, J érôm e, .m on loca tair e du cin ticmc . qui CS ' sur les peignes, en tr e chez nous.
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_ Bon jou r m allle. D ub? is" q u ' il m e dit. _ Bon jou r, q u e Je , Lui r eponds. Est -ce que v ous v ene z pou r paye r . l a . c e n s? . . _ Ah ! q u ' il f al ~ . Je dem ander a~ s p a~ rmeux d e. vou s pay e r , nia is j e n ' a l p a s l e s ou e t j e vars m e m arrer. Vous a llez vou s m a rier e t vous n ' avez p as l e sou, ruais v o u s s ' ête s fo u L - J'y sais bien q u ' il ~' ép ercu t e , pas l e s ou e t p as d e m obitier. M a is vou s d u ssiez c o m p ren d re que ç a n e p eut pas d ur e r c om rne ç a . Y a. dix a n s q u ' o n se fr~9.~en~e avec l a L u is e , e t q u e ça Iai t cause r l e monde. SI J avais un rn ob il .ie r : un lit, une t a b l e et d e u x c haises, o n s erait d éj à a llé à l a rna.ir i e e t à l ' églis e. P ourriez-vou s attendre a u niais pro c h ain l e pa.ie rne rrt de rna l o ca tion , madame Dubois? , O u i , j' a ttend r ai , que j e lui r é ponds , v ous rne d evrez non s eu l eru e rrt d e u x m ois d e l o c a tion, m ais e nco re ça q ue je vais v ous dormer. E t j e lui t end s u n bille t d e mille fr ancs . Marne Dubois, qu'il d isait, v o u s s ' êt es folle; c ' est trop , c ' est trop. Janlais j e p ourrai vous r embourser. Vou s nie r emb ours e r e z à ch â peu , quand v ou s a u r ez l e t.e rrr p a . A ll ez trouv er l a L u ise e t achetez avec elle ce que vou s a urez d u b esoin . Il éta it d éj à à d ég ala t er l es escalier s pour aller r a c o n ter à sa bonne amie ce qui l eur a r riva it . Et les voilà qui vont, ach~te r ce, q1.:i l eur fau t, que ça coû tait moins cher q u a u Jour d a u j ou r d ' h u i . Niais l a Luise a vait l a l angue trop longue. Elle disait à , !01.: t l e n~on~e que j',étais '7n ange ~u bon Dieu .et que c éta.rt rnor qUI l eur z y avart a v ance d'argent, SI tellemerit que tout le monde l e s avait et disait e ncore que j'étais millionnaire. C 'est bon. Voilà encore une a u t re fois que je vois e n t r e r ch ~z nous monsieur J ean-Baptiste, le n ot aire : Bonjour, rna.d arno Dubois, qu'il me dit; vous s'allez bien ? P a~ r~lal, et vous? que je lui r éponds. lV101, Je rrre porte bien, e t je v enais vous d emander, m adanl. e Dubois, si l e s bruits qui courent sont fondés,
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s'il est v r<l;i q ue v~>us avez eu un g ros h érit a g d e v o tre oncle Mar ie-An to ine , et , dans ce cas , s i vous a v z d e capit~ux à pl ac~ r, car j' ai un e bonne, une ex cllen t o ~c aslOn" gararrtie par u n e b e~le p r opriété , t p a: plus d hypotheque que sur m a rn am . . - "Mais je n' ai. p a s d 'argent , monsi eur le n o t ai r ; 11 ne faut p as croire ce q u e le mon d e raconte . - Dans. ce cas, vous exc us er ez m on in di scr éti o . - Oh! 11 Y a pas d: offense , et je voudra is bi en At il. r iche , comme on le dit , e r - C' est bon, c' est b on q ue fa it en r-o. vous n' êtes pas à plaindr~' v ous ccl nco r c le n o tai r e: mille fr ancs, vous prêtez a tlx ens b l angez les b il,l ets d e à fond perdu. Du reste c' e gt t esogne.ux d e 1 a rgent A h e pas de r ester ' à svosv aordr re affaII"e' ce q 111" n e rn ,empec Et il s 'en va. 1 es. Voilà-t-y pas qu'une autre fa" . nous l'adjoint du maire que , IS t Je VOIS entr er ch ez chodonoser, qui est avar~ coml~ees UI~ vie ux Nab ussecomme un renard. un n h ensson et m alin " - Bon~our, madame Dubois. - BO~lour, m~>nsi;ur l'adjoint. - yolla ce qUI l? amène. Vous . , la Croix-Chalon: m oi j'ai Un pëla ra~vez. Un ch amp a - Vous dussiez me vendre votre â lam;ui vous touch e . . - Je garde ce que mon p ère m'a \ : , réponds. alSse que le lui - Je comprends votre sentiment Al l Dubois, si on voulait s'entendre si On "n'1 tt l' t madame . . ' e ai ensemlq nos biens et notre argent, ail pourrait. . e Vous savez que je suis veuf, sans enfa ~lvre heureuv suis pas sans le sou. n , et que j e ne - J'y sais, monsieur l'adjoint·, . ., . aussi que je ne veux pas me " ,] y Sé\IS; mais ]e SaIS . 1 emaner C' t b une f OIS. Chat échaudé craint l' ' es on pour laisser l'amour et le mariage aux j eau chaude . Il faut - N'en parlons plus mad eu n es e~ aux innocents. ' " , a I n e n UbOIS ' arion s plus. J aurais été un bon mari mai . ' n en p conviens pas, vous m 'excus~rezals PUIsque je ne vous - Il n'y a pas d'offense , au con' t raIre. . Une demande
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Il . l1·1.lt -- t uj ours les f 111111"5 : 1 j un s, l11 ana"g 'c rû' " eu t q l ' , . ist 1) u r 1 su r s~ b eaauu:x v u x ) -'r'c [l es qu è . t lu vi ' ill s , c o llll llC 111 l , p a r : q u ' He s nuagm n q ue e n ' e s t )a s p ur 1 u r s gros : u s.. . E t il ) dn v a , it mo i je ri a is n l' n t I;dan~ s.'en ~er. Il v a v a it :t 1'0p qu e un r et rait é l l a 1J.11lmstr~tlOn. qll e - ' é t ai t encan' u n bel h om m , qu'Il ne SOl' tait pas an u n e :l.lln' ~t la ma in , q u 'i l m ettait "on ha.l eau ~ur 1'oreill t qu 'il a v nit t o u jou rs un r eg ningott b ien bro s é . Il :l" a it IL'Ft d em a n l ' en mariage des demo iS Iles t d es v cuv s , mais ça n' avait las b ch . Voilà -t-y p a s q U'Hl.l j ur 1" facte ur m ' app ~I:te . une le ttr e , qu 'il y ' 11 nv a i t qu a t r e p ages, et q Ut:: C ehut ce . Séductanteur qui m e cl m an lait en mariage, qu' il me dis a it que j ' étais 1 icn l lu s jeu n e t pl us belle q ue to utes les d a m es d e la v ill e, que d puis longtemps, .sans q ue ça y paraisse, il é t a it amoureu x d e moi, et qu 'il ne de111andai t q u e 1110n c œ u r e t pas m a fort une, cedera, cû?te r a: , Moi, je m e tordais en li a nt ce s escriptions, e~ J'Y a l r epondu en poste restab le, comme il dem andait . que Veuve j ' ét ais e t q ue je voulais r est er v euv e. L es femmes q u i on t des d o ttes, c'est com me les l1lel ons : ça se sen t d e loin. , A h 1 les demandes en m ariage n e m anquaient pas: 1: ous .ceux q u i ayaie nt une charge à payer,. ceux ,qUI Vo ~aI ent a r ron dir leurs d omaines, ceux qUI voyme~ü v enlr.la b anquerout e , s'ad ressaient à m adame DubOIS. MaIS madame D u bois co n naissait les hommes, étant (l' a~ ge .et d 'expé ri ence, C'est b on pour le s demoiselles d e croir e que les hommes les d emandent à cause de leurs beau x yeu x ou de leurs jolis airs. Si eUes n 'av ai ent p as l e sa c, com me on di t , elles pourrai ent r ester filles jusqu'au jugement général. J e sais bien qu'il y a d es veuves qui ne dem anden t p a s m-ieux que d e faire une seconde ex pér ience , parce q~~'on dit q ue I' amour , d ans le cœu r d 'une dem OIselle, c est une p et ite Iournach e , t andis qu e dans le cœur d'une v euve , c'est une v éritab le in cendie imperpétu eu x . , Ah ~ il Y en ~vait bien un que, si il m ' a'~ait d<:m an?é~, j aurais pas dit non. Au contraire. MaIS çUl-la la il v "
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. l' air . d e se fiich or (1e la p auvre R") o s a l JC ' c oIl1l11C d e avait sa premi èr e che~ui~e .. '. 'ct " : J aVaIS beau lm dire , pour l ui d onncr d c la J,d ou, 1 ~ il Y a un t el ou un t el qui m e d emande il r iu i t co Il1 I1 c un b ossu et il ré l)on dait : « Chois is~ez Ro's -'lic VO il ~ avez ', ' L , co v o us le t emps d e ch ois ir , v otre ,âge e t- votre boursi t p erm ettent d 'a ttendre », . Uncom m ejour, ça : le facteur m'apporte Hn e le ttre q u i di sait cc Ma dame, « J e suis .inventeur d' Un m erveille ux insectici d e , po u r la destructIon d es poux , punai ses et cafa rd s . Il n e 111<; ~nanque .qu e d es fonùs p~)l~r. lancer ce r odui t a p p cle p e q u' u ne af r évolutIOnner le m onde CIVIlisé il l1e . . lu e rn em me p our t em'.r m a maISon et ' s'accu . 1arr 1q u c om p ta b ilité. Voulez-v ou s (~tre cette fem p er... ( e' Ta 1 -vous êt ' ouse l egItnue ' . . ou ez b ai] ep en m ême t ln e 'r le r e mon d f d ;> C . l ' emps q u e eu r e on s . e ser ait am OUr la f .t . m] on loire al une et a g . ( Un mot de r éponse s ' l ' à Ai.x-les -Bains. , 1 v ous plaît, poste r estant e « Casimir T ÉT . J'ai r épondu a u prince grec qu:~~~' gJ:ec ». à m e pl aindre des poux, pUnais~s et caf aldasn. Jamals fjeu n e con ces le r ai s pas mon arge n t a' UJ.1 1·iorn m., q ui Veut Je détruire peti tes b ête~ du , b.on . DlCU. C' est a ins i qu ainsi que t ous les hommes dans le besoin en voul ai ent à m es gros sous et à mon bi en. Mai s je les m oquais touj ours. ~n leur 7,'y r épondant p our leur z'y montrer. qu 'une VIeill e ~Ilatte comme m oi n e Se laisse pas gn gn o tter J?ar de s Jeunes rats comme eusses , q u i on t les d en ts p ointues et un e grosse appétit. E t les années p assai enr, passai ent. J'avai s b eau m e me~tre de la cosmét iq ue sur les che veu x, de p oud.r e ? e n z Sur .m a figur e et du sent bon sur mon mouchOIr, 1] n e fesaIt pas plus d'attention à moi qu'à mon. cl!at . . Quan d je dIS a ~on c h.a t, Je me trompe. Voilà -t-y p a s. qu UJ~c .f~IS ~olyt.e, c'était mon m atou, p artit d e la m~Ison . MOI Je n y faIS pas a tten t ion, parce que les chats c est comme les garçons quand ils v eulent
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. p :lr la 1 1·t , 1il 1 c S::> n t COura t r : m p ; Il l-I ' d ~ rt rr Par la fc n étr . _ '1' II i .; Cj u in zl. . Bon , j 'a v ai s fa it le deuil t1(' mon ch:tl . l~l .:N a it c u Jour , q u 'i l é ta it p ar d\' IH)r~ o u ~1I.r les ; <!I, ~: , v: is qu'il pl in hiver : il Icsait une [roi 1 kr n hl.l' .1' , Je ~'t \ ("nt su r la av~It ' p r i. 1 ' )10 'o.n <I u 11' :0: l' 11:1:-. - . ' 111·... 11s 111 . . ... ~ les l'!l ie n ' dl" Il Ig pour 111 1 I~ m u -r les n :n:ulb l t a utre ' c hasse urs , p ar julou s ct é. , .' lire l' al1l1an:l oh , Un apri. -111 i li q u e j' ét:li~ ch : z nO".I:l ~l . 11" , 1110 11 ' hat V '1' ' V P .I S c n t rc r ;' 1 [ . 1"' 1l..J'... - .N I ... ,1\ , 0 1 a flue J'" SUI' Son ép a u l ' . .. ie vous r a ppo rte - B onj our R o sa l ie , (111 Il m ' fai t. J . vou c h a t. t.i ' 1' ]~t;> q u c JC - Où l' a v "'z-v o us trouve• cc ' 0111"1' 1 · - , . lui cl m an cl . 'f h ier a u Mais da ns la r u , i\ v otre pOl C' " l ' vou laiS pa~ C . 111. t , coIl1l1le JL 1 .? I11 I.n e " Il c t a'l t pl' , -s (1C 11111: . h ospi talis~r .', ~ t"r e. I ev e ille r t oute v o tr ~ m ar son POUl . ' ma Ioi , Il s est 11l a t ou, Je . l ' al. e m m ne. (1a ns 1n on 100'ls b t ou.Hics'. , en d o r m i s ou s le 1) 0 êle , su r m es p~ " oU1")1'cl" c t J" csp cr e , , m on Sie - JC vous r crne r cr.e b ien ' u , r . t" ', perdu e d 'arrs bi en qu e , si j ' a v ai s é té C0111m e .m on. , I; '\~séc à la port.L?' le froid e t la nuit v ous n e mau ri cz p .lS a ·1 ~osaJ ie , q u Il e, . l)as UIl C b e'te Tc v ous a u, rais laissée a, l a 1)01' , .t t-es ' . Ils 11 e r épercutc e n . r ial~ t , p arce q~ 1C ' ·0 d orl11ir sous m on p o êlc e t que vous 11 a u ri ez p as pu vous en , . e t Su r m es p an t o ufles. i. .nun e q UI. a 1 ar r di r c... . Allez clon c patl e r r ais on : I V C C li Il t dl' n e pas comprendr e ce qu 'on v e u - d e en m a ri a g e " c! Clll<l n ~ , -Vo ilà ' qui m'arri v e . en c0.rc; ~l ni te acheté une foreAt q u 'il à cl Un 111archand d e b o is qUi ,1\ a r r . , cctte d emande . p a s payer, e t Jic Illon l e 11e pouvart M . Pick, qui m e di t : Dubois , p r o fitez-en . -.-. Excellente occas io n, ntacl~I~I.C com me le rocher d e Et voil à q ue j e m ets à pkllI .LI , a d e l 'eaU. . la Ma gdel a in e à Ch a rix, qu a n d 11 :) f~it Monsieur Plck. - P ourquoi pleurez-vous ? q ue J·ours. Vous serez - P a rce - q ue v ous s e ' m a.q ll C Z: t'éouun autre e t qu 'on bien avancé, quand j'en auraI m.lrI ne sera plus cunis.
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- PourqUOi ça, R osalie? - Parce que Vou s ne viend r ez fair e l'aCon t e r 111es h isto ires,
. pou r m e lus m vo rr
- J e vous v erra i touj ou rs. . Io isto ir s - ?iIals S I 1110n hOl1lme n 'aime p a s 1 s a eime7. v ous . . '.' n e p a s q ue n - Eh bl , fa it M. l'ic k s i vot r m an n a u . lui vos h is t o ires , il ir a a illeu rs' n o uter d 'au tres q UI plairon t . ri s ? . E•cou t e;", R\.osa )'le , d ites-mOl, SI, n o us 50 m m es a n oui , ln onsi ur Pick . .' . . "d lo eur - Eh bien , r estons anu s , parc e que SI, p a t 11 nou s ét ion s 111ariés ce n e se rait p lu s, la m êm e L es ans ont p assé e t nous ne les a vo ns p a s vu p . , ' ' I SS· 1 j' e SU IS ,OU] C 'Jeu n e 1")'le 1(_N, l' e k , v o us ' t , Oul's , pOUr vous, l êtes t ? uJou r s , Pour m oi, la sé m illa u t e [' osaloc. .. it Du JOUr q u o n ous ser ions 01",·; e t fem m e, 11 y a u ru i d ésillusio n, J e vous v errai s en chem ise avec vos l un e ttes SUI' le n ez, e t a Vec d es sa v a tes a ux pieds; v ous m e r obe de chanl1)r e, avec Un b on net d e nUIt vr aerriez battu en S UI' les o reilles, A d ieu , les r êVes cloré s e t les amours! R estons- en là Rosalie , r es tons-en là , E t Mo nsie u r 'Pick est parti; et j? s uis r estée seul e a v ec ce s p a r ol es et j 'ai encore pleure', ' . . , , Q ue b ête d' a m Ol,llCUS t ,SOIXan te ans, q uec 'est , être C 'est b ête mon D IeU , que c es t be'e ae ,
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Duboi s est e n core malade Madam e
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M adame Dubois nous p ar I e d e s honlmes . ·C H A P IT R E
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34 C H A P IT R E
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C II A P n h . E
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R osali e DU BOIS
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41
IX
dame Dubois, la guerre ternun . é e , fit un v o yage ~Iaisir à Lyon
46
CHAPITRE X
. n s e t économies ElecbO
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55 .
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C IIA !' IT. E xxv
C HA "P IT I~E X I
cl Du bois C omment on s e m ari ait au te m p s d e M a a ille
1
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58
C II A PITI~ E XII
Un r amequin c hez Madam e Dubo is
62
67
74
bis
Un e hi stoire d e puces
CHAPITR E XVII
164 CH APITR E XXIx
S ouvenirs d e la S aint-Michel
168
84
CHAPITRE XVIII
CHAPITR E
Une mau v ai se fa rce d
Où il est d émontré qu'il faut être prudent avec les rem ède s . CHAPITRE XIX
155
C HA P IT R E XX VIII
80
Nouvelles fredain e s de J ean-Marie Dubois
135
C HA P IT RE XX VIII
Les v ac nu ce s d e Madame Duboi s
CH A PIT R E XVI
Et de saison
XX V I
C IIAP ITRE X XY II
70
CHAPITRE XV
Madame Dubois fait d es confidences
129
i\Iadam e Duboi s dîn e e ncore d ans le m ond e
CHAPI T RE XI V
Madame Duboi s a p e r d u s o n chat
C H A !' l1ï~ E
Madam e Duboi s et ( c es d am e s ») a u ci né ma tog r a p hc
C HA P IT RE XIII
La g r a n de piti é d es vie illes r en ti ères
Où il e t d ém ontr é. par Madam c 1 u b ois. q u c la pè ch e . co m mc la c hasse. e ngc n drc to us l cs vic e s
90
xxx
' . , u r etraité du trOIsI ème
172
CHAPITRE XXXI
La n évral gi e de 1\1
1
•
ac a me DubOIS
175
Madam e Duboi s, an g e d e réconciliation CHAPITRE XXXII CH APITRE XX
Comment la vieille 0 • • mariage de 1\1 Pd mp e à mc~ndl e fut cause du a ame DubOIS
CHAPITRE XXI
H'
Nouvelles confidences
Chez les sauvages
101 CHAPITRE XXII
Madame Dubois dans le monde
121
IS orr-e de Dio mélangea ~â 'lhUI, au retour de la Foire des Gades . 'pl c eUse men t d ans Son paruer. quelques' pro d Ults larmaceutiques é
·Les mésaventu
CHAPITRE XXIV
Madame Dubois en automobile
1
1
125
184
CHAPITRE XXXIII
U ne hiIstoire de C
CHAPITRE XXIII
Vn lundi de Pâques
t .
.
•
187
CHAPITRE XXXIV
arnaval CHAPITRE
194
xxxv
res d'Un a var-e "
199
CHAPITRE XXXVI
Les distraction d' .. . s hIver de Madame Dubois et de s es amies
203
C H A P IT It E X XX V II
Pour quoi l\\adame Dubo is e s t r es t é e fill e
20
C HA P ITR E XX X VIII
Du m alheur eu x voyage d e noces d e Mad am e Duboi s
210
C H AP ITR E X XX IX
Un cas d e consc ien ce
2 17 C H AP ITRE XL
Les occupa tions d e ce s d ame s
220
C H A P IT RE X LI
( 1
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Médecine d e p rintemps
LES MÉMOIRES DE MADAM E DUBOIS
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