Ferme de la Baillerie

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La ferme de la Baillerie Genappe – Bousval

Bousval présente un habitat dispersé, héritage de la division du territoire en petites seigneuries. La ferme de la Baillerie a été le siège d’une des six seigneuries du village. Elle se dresse sur un promontoire, face au château de Bousval, et commande toute la zone sud du village.


La ferme de la Baillerie Genappe – Bousval Son histoire La première mention de la ferme date de 1413. Elle appartenait à Gérard de la Baillerie, dit Gérard Maillefer. En 1609, elle fut acquise par Thierry Le Jeune, capitaine des gardes wallonnes de l’armée de l’archiduc Albert d’Autriche. Il participa aux guerres de religion qui, durant la seconde moitié du 16e siècle, opposèrent les Espagnols catholiques aux Hollandais réformés. En 1600, lors de la bataille de Nieuport, dite aussi bataille des Dunes, l’archiduc fut blessé et Thierry le conduisit en lieu sûr, lui sauvant ainsi la vie. Cela lui valut une récompense de 2400 livres qui lui permit d’acquérir la propriété de la Baillerie et de construire la chapelle du Try-au-Chêne, toute proche sur la crête de la vallée de la Dyle et du Ry d’hez. En 1679, la famille Cupis de Camargo devint propriétaire de la ferme par le mariage d’une petite-fille de Thierry Le Jeune. Le comte Philippe Norbert Vander Stegen, seigneur de Bousval, la racheta aux Cupis en 1760. Cette ferme était l’une des plus importantes du village, car elle possédait plus de 100 ha. En 2006, la ferme est mise en vente et nécessite de lourdes interventions d’entretien et de rénovation. Cinq personnes décident de s’associer pour acheter l’ensemble et s’y installer en copropriété. Pour des raisons d’ordre sanitaire et technique, certains bâtiments sont difficilement compatibles avec un usage agricole contemporain. Ferme de Mellemont - Thorembais-les-Béguines Tout en maintenant une exploitation agricole dans les parties les plus propices, les acheteurs demandent de déroger à l’affectation de zone agricole pour implanter cinq logements unifamiliaux dans les autres bâtiments. Le projet d’agriculture mis en place consiste en un élevage de chèvres et une fromagerie artisanale. L’exploitation se veut entièrement écologique et tente de respecter au maximum les équilibres naturels en produisant sur place les éléments nécessaires à l’alimentation des chèvres. Les logements tendent également vers ce principe en étant tous conçus pour être basse énergie.


La ferme de la Baillerie Genappe – Bousval Architecture C’est le logis qui reste l’élément le plus signalétique de la ferme, le reste des ailes ayant été détruit ou fort remanié. Il s’agissait d’une sorte de petit manoir. Dans nos régions, le terme manoir provient du latin menerium, qui apparaît dans les sources dès le début du 14e siècle. Il désigne déjà sans doute une habitation plus aristocratique. Il semble que ce mot recouvre plus qu’une seule bâtisse mais bien un ensemble immobilier plus ou moins vaste qui peut englober tour, cour, grange, vivier, etc. Le tout visant l’autosubsistance. Il remonte probablement au 17e siècle et étage deux niveaux sur une haute cave. Il est couvert par une toiture aiguë typique de cette époque, avec une bâtière débordante sur corbeaux de bois. Depuis que l’homme s’abrite, il souhaite protéger son logement et sa famille par le biais d’un langage imagier qui exprime sa relation avec les puissances surnaturelles ou divines. Différents signes ou symboles investissent alors le décor rural, tant à l’intérieur des bâtisses que dans la maçonnerie ou sur les toitures. La société agricole est restée longtemps gouvernée par un amalgame de croyances où se mêlent la superstition, les mythes païens et la dévotion judéo-chrétienne. Si la plupart de ces rites et talismans sont perdus, quelques signes subsistent ça-et-là ou continuent à être utilisés pour solliciter la bienveillance d’une divinité ou pour simplement formuler un vœu. Le vocabulaire formel de ces « fétiches » devait être très vaste. Comme ils ont disparu pour la plupart, leur sens s’est effiloché avec le Ferme de Mellemont - Thorembais-les-Béguines temps et est aujourd’hui fort hésitant. La ferme de la Baillerie a su en conserver des traces, avec sa girouette et son ornement de faîtage


La ferme de la Baillerie Genappe – Bousval Une girouette est un dispositif, généralement métallique et la plupart du temps installé sur un toit. Elle est constituée d’un élément rotatif monté sur un axe vertical fixe. Si sa fonction est de montrer la provenance du vent et son origine cardinale, c’est aussi et peut-être surtout un objet qui sert à communiquer. Au Moyen Âge, elle est un emblème de pouvoir et un attribut noble mais, avec l’abolition des privilèges, la girouette devient un signe social. En effet, comme le faisaient les étendards des armées et les enseignes des commerçants d’autrefois, ces aiguillons parfois désignés comme des panonceaux sont souvent ponctués d’images – parfois porteuses de symbole ou de charge protectrice – qui renseignent sur la nature de son propriétaire, son métier, son rang, ses goûts ou ses craintes.

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La toiture du logis est épinglée par deux amortissements en pierre figurant une joubarbe. La Jovis Barba – ou barbe de Jupiter (joubarbe) – était autrefois enracinée sur le faîte des toitures en chaume. Elle aurait la faculté d’agir contre la foudre, attribuée à la colère de Jupiter. La disparition de ce matériau fait qu’elle ponctue aujourd’hui plus volontiers, mais de plus en plus rarement, la console saillante qui coiffe les piliers d’entrée d’une propriété. Mathieu Bertrand


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