Les Mots Libres - Portfolio

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Alinéa – Zanichelli – 2008. Adattamento progetto grafico, redazione, impaginazione.

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Crise et renouveau des formes narratives

Les thèmes et les formes de la fiction font l’objet de remises en question radicales et fécondes dans le roman du XXe siècle. La Belle Époque (1900-1914) Malgré le succès du romanfleuve (Jean-Christophe de Romain Rolland, Les Thibault de Roger Martin du Gard, Les Hommes de bonne volonté de Jules Romains…), les romanciers du début du siècle se tournent surtout vers la vie intérieure. Le Grand Meaulnes (1913), récit poétique d’Alain-Fournier, consacre la présence envahissante du Je narratif. Détaché de toute velléité réaliste, il explore le monde du rêve et de l’adolescence, sans doute influencé par l’essor de la psychologie. Sa réflexion sur le but et les moyens de l’art, annonce les romans de Gide et de Proust. Le caractère fermé du roman classique est également mis en discussion par Valéry Larbaud avec A. O Barnabooth, ses œuvres complètes, ses poésies et son journal intime (1913). Sa recherche de nouvelles formes pour le genre narratif le pousse à accorder la primauté sur l’intrigue au point de vue subjectif du narrateur.

L’entre-deux-guerres (1918-1939) Après la Première Guerre mondiale, on assiste à un considérable développement commercial de la littérature. C’est à ce

HENRI MATISSE (1869-1954), La chambre rouge ou Harmonie en rouge, 1908 (Musèe de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg)

moment-là que s’affirment les maisons d’éditions Gallimard et Grasset, que se multiplient les prix littéraires. Cependant, à côté d’une production romanesque surabondante, destinée à un public peu exigeant et uniquement désireux d’oublier les traumatismes du conflit, un romanesque littéraire parvient à se frayer un chemin. Si les romans de Proust, Gide et Céline vont révolutionner le genre romanesque, tout comme le mouvement surréaliste ( pp. 494-495), fortement influencé par les théories de Freud, certains auteurs tels que Colette, Radiguet, Simenon, restent plus fidèles au genre traditionnel. De François Mauriac à Jean-Paul Sartre, de l’humanisme chrétien à l’existentialisme athée, les romanciers des années 1925-

1945 s’interrogent sur la condition de l’homme, les enjeux de la morale et les limites de la liberté. Le roman accueille alors l’expression des idéologies et des philosophies. Qu’il exprime la grandeur de l’action (chez Malraux) ou le non-sens de l’existence (chez Céline), qu’il mette l’accent sur la psychologie individuelle ou sur l’engagement politique, il doit logiquement se redéfinir quand les troubles de l’Histoire rendent la condition humaine plus opaque, plus problématique. Le genre romanesque n’évolue donc pas seulement dans son contenu: c’est l’énigme de l’humain qui conduit Mauriac à affiner le roman d’analyse, Camus et Sartre à subvertir l’intrigue et l’action, minées par l’absurde.

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