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Savoir dire que le plaisir n’était pas au rendez-vous
Elle n’ose pas avouer à son nouveau petit ami que la façon dont il stimule son corps est loin de lui faire marquer des points. Céline Croizé, sexologue, donne les clés pour communiquer malin avec son/sa partenaire de jeux coquins.
La peur de blesser l’autre.
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«Nous sommes ensemble depuis un mois et à chaque fois que nous couchons ensemble c’est la même chose. On s’embrasse, on se caresse un peu, et on passe très vite à la pénétration. Une fois que Romain a joui, le rapport s’arrête…».
Face à cette situation, Paula, 27 ans, est de plus en plus frustrée, voire inquiète.
«S’il ne se rend pas compte que j’ai besoin de plus, que j’ai envie qu’il s’occupe davantage de moi, je ne suis pas sûre que notre histoire va marcher». Son incapacité à dire clairement les choses à son partenaire est compréhensible et plutôt fréquente, nous explique la sexologue
Céline Croizé. Et si, dans son cabinet, elle reçoit davantage de femmes dans ce cas-là, on aurait tort de croire que les hommes ne sont pas concernés par le problème.
«Tout le monde a peur de blesser, détaille-t-elle, parce qu’en face il y a des personnes qui vont être en capacité d’entendre et auront envie de faire évoluer les choses, et d’autres pour qui ça va être douloureux, qui vont avoir une réaction assez vive sur le moment».
La sexualité n’est pas quelque chose d’inné.
Sidonie a 31 ans, elle est célibataire et se retrouve fréquemment face à des partenaires qui ne sont pas très à l’écoute.
Pour autant, elle reste muette. «Je ne leur dis pas parce que je trouve ça hyper gênant et, de manière générale, j’ai du mal à faire des remarques
En parler le plus tôt possible pour ne pas laisser s’installer de mauvaises habitudes DR. leur sexualité. «Dans ces cas-là, ils laissent s’installer des habitudes qui ne vont pas convenir et, sur le long terme, cela peut causer des troubles de la libido, des douleurs, une perte du désir…». Alors, pour éviter les non-dits et multiplier les «oh oui», voici les conseils de notre spécialiste: désagréables aux gens, je suis du genre à encaisser pendant longtemps jusqu’à exploser». Selon elle, leur attitude est révélatrice d’un manque d’éducation: «Je me dis que si à nos âges ils ne sont pas capables de savoir qu’une relation sexuelle ce n’est pas prendre son sexe pour un marteaupiqueur, alors je n’ai même pas envie de leur expliquer ce qu’ils font mal, c’est à eux de se renseigner sur le fait que le porno ce n’est pas la vraie vie. Quand je me retrouve avec quelqu’un comme ça, je m’épargne de la gêne, et j’en conclus juste que je ne le reverrai pas».
Selon Céline Croizé, cette réaction est un peu radicale. «Beaucoup de gens partent du principe que la sexualité est quelque chose d’inné, et notamment qu’un homme qui a des orgasmes saura forcément faire jouir sa partenaire. Mais non, la sexualité se comprend, s’apprend, et se pratique. D’autant plus que l’orgasme masculin a été très étudié alors que l’orgasme féminin reste encore mystérieux. Pour que les deux partenaires prennent du plaisir, il faut avant tout communiquer!»
«Si tu veux, je t’explique ce qui me fait du bien». Communiquer, c’est ce qu’a toujours fait Julie, 30 ans. Dès sa première relation sexuelle, elle a pris l’habitude de systématiquement dire ce qui lui plaisait ou ne lui plaisait pas, qu’elle soit en couple ou dans une relation plus ponctuelle avec un homme. «Je pars du principe que chacun a développé des goûts propres en matière de sexualité mais que certaines bases sont communes à tous, précise la jeune femme. Pour moi, «un bon coup» n’est pas forcément celui qui va avoir le plus d’expérience, mais celui qui va être le plus à l’écoute des réactions du corps de l’autre. Je me rappelle d’un plan d’un soir à qui j’ai sorti: «écoute, je ne sais pas si on t’a déjà dit ça, mais ce n’est pas en écrasant mon clitoris avec trois doigts que ça va marcher. Si tu veux, je t’explique ce qui me fait du bien». Et là, on s’est prêté à un cours... D’abord surpris et je pense, un peu vexé, il a fini par comprendre que ça allait dans les deux sens et qu’il pouvait aussi me dire ce qu’il aimait et comment je devais m’y prendre. Quand je reprends un homme qui n’est visiblement pas à l’écoute, je me dis toujours qu’avec un peu de chance, il aura entendu mes conseils pour la suivante! Plus facile de s’exprimer quand on est en couple? Pas sûr! Comme en témoigne Julie, il n’est pas plus difficile de s’expri- mer avec un.e partenaire d’un soir. «Au contraire, je pense qu’on se confie davantage auprès d’un partenaire envers lequel/laquelle elles ne sont pas engagé. es, commente Céline Croizé, car avec un plan d’un soir, on a moins peur que l’autre le prenne mal». Le problème que la sexologue rencontre fréquemment, ce sont des couples qui n’ont pas eu de conversations dès le début de leur relation à propos de
Comment lui dire que je n’ai pas pris de plaisir: les conseils d’une sexologue. w En parler le plus tôt possible. Pour ne pas laisser s’installer de mauvaises habitudes. w Ne pas simuler pour faire plaisir à son(sa) partenaire. «Si l’autre pense qu’il est en train de bien faire - parce qu’on simule - et qu’ensuite on lui dit qu’on n’a jamais pris de plaisir, ça devient compliqué ! Simuler crée une incompréhension et peut vraiment empêcher la sexualité d’évoluer». w Valoriser ce qu’on aime plutôt que dévaloriser ce qu’on n’aime pas. «Si l’on ne parle que du négatif, notre partenaire risque de se braquer». w Oser dire clairement la façon dont on aime être caressé(e). «Cela nécessite de le savoir, de s’être exploré(e).
Aussi, je conseille souvent d’utiliser les gémissements pour faire passer le message. Qu’on soit un homme ou une femme, je propose de ne rien dire, de ne pas faire de bruit si on est à 2/10 sur l’échelle du plaisir. Mais si l’on est à 6 ou 7, on peut en rajouter un peu - attention, il ne s’agit pas de simuler, mais de se faire entendre. Si votre partenaire entend que ce qu’il/elle fait vous procure des sensations agréables, cela lui donnera envie de continuer dans cette direction». w Poser des questions. w Ne pas rester bloquer sur ces ancien(ne)s partenaires.
«Si l’on a des doutes sur ce qui fonctionne ou pas, on demande: est-ce que tu peux me dire si je m’y prends bien? Quand je fais ça, tu apprécies? Tu préfères quoi?».
«On a parfois tendance à penser que ce qui plaisait à notre ex plaira à la personne avec qui l’on est désormais. Mais il ne faut surtout pas généraliser ! Le fonctionnement d’un homme ou d’une femme n’est pas le fonctionnement de tous les hommes et de toutes les femmes. La compétence la plus précieuse en sexualité, c’est la curiosité! Il ne faut pas hésiter à explorer et réexplorer. Chacun est différent, chacun a des attentes et des souhaits qui lui sont propres».
CHLOÉ THIBAUD n
Elle déteste quand la lampe reste allumée ou lorsqu’il fait jour
Faire l’amour dans l’obscurité ou lumière allumée est une question qui se pose très souvent dans les couples. Interrogez-vous sur vos limites à vous.Commencez par vous demander pourquoi vous préférez vivre votre sexualité dans le noir. Vous sentezvous complexée?
Et si oui, par quoi? Par votre physique, vos seins, vos kilos, certaines zones de votre corps? Avezvous peur de le laisser voir l’excitation qui se lit sur votre visage? Craignezvous son regard sur votre corps? Ou’estce que vous n’aimez pas regarder le sien? Comprenez ses désirs à lui. Pourquoi votre compagnon a-t-il envie de faire l’amour dans la lumière. Qu’est-ce que cela va lui apporter? Il est probable que la réponse sera, tout simplement, qu’il trouve votre corps très beau et désirable et que, pour lui, le regarder sera un plaisir supplémentaire.
LA VUE CHEMIN D’EXCITATION. Faites un pas l’un vers l’autre. Avant de lui répondre directement non et de clore la discussion, essayez de dialoguer… Efforcez-vous de mettre vos désirs et vos peurs respectives à la lumière. Parfois, cela rapproche encore plus que le simple fait de se trouver physiquement nus au grand jour tous les deux!
La vue est un chemin de l’excitation masculine. C’est pour cela qu’un homme a plus souvent envie de lumière, simplement pour que son excitation, et donc son érection, vienne facilement. Chez les femmes, plus auditives, cela passe plus souvent par les mots tendres ou qui disent le désir. Elles ressentent donc moins le besoin de voir leur partenaire lorsqu’elles font l’amour.
Mais vous pouvez trouvez un compromis. Après cet effort de compréhension mutuelle, recherchez des solutions concrètes. Peut-être pourriez-vous porter une chemise de nuit un peu transparente?
Ou bien accepter une lumière très douce, comme celle d’une bougie, plus flatteuse pour la peau?
Ou accepter un peu de lumière dans certaines positions et pas dans d’autres?
Ou pourquoi ne pas commencer par lui bander les yeux? Ou encore bander vos yeux à vous!
En tout cas, souvenez-vous que l’esthétique du corps n’est pas ce qui compte le plus dans la sexualité.
Quand un homme désire une femme, il la voit différemment, avec un œil qui la rend belle, quels que soient ses petits défauts. Et qui n’en a pas? Ce qui est excitant, ce n’est pas la perfection, mais la présence de votre corps, sa sensualité, sa chaleur, sa douceur, son intimité…
CATHERINE SOLANO n