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Les cinq provinces les plus disputées par les candidats à l'élection présidentielle
pourrait appeler «moyennes» au nombre de dix (Kongo Central, 2.148.989 électeurs inscrits ; Kasaï Central, 1.807.616 électeurs inscrits ; Kasaï, 1.768.520 électeurs inscrits ; la Tshopo, 1.507 730 électeurs inscrits ; Sud Ubangi, 1.441.319 électeurs inscrits ; Lomami, 1.421.498 électeurs inscrits ; Haut Lomami, 1.372.269 électeurs inscrits ; Tanganyka, 1.294.874 électeurs inscrits ; Sankuru, 1.267.082 électeurs inscrits ; Lualaba, 1.233.817 électeurs inscrits). Enfin les provinces au faible poids électoral au nombre de neuf (Kwango, 1.226.433 électeurs inscrits ; Maniema, 1.121.375 électeurs inscrits ; Équateur, 1.064.333 électeurs inscrits ; Mongala, 1.021.851 électeurs inscrits ; Haut Uélé, 1.018.208 électeurs inscrits ; Maï Ndombe, 983.920 électeurs inscrits ; Tshuapa, 834.028 électeurs inscrits ; Nord Ubangi, 785.999 électeurs inscrits ; Bas Uélé, 540.169 électeurs inscrits). Politiquement, mieux électoralement, cette typologie pèsera dans les décisions de campagne pour les candidats à la présidentielle dans leurs stratégies. Comme dans la campagne pour la Maison Blanche par exemple aux États-Unis d'Amérique ou, en France, sur le chemin de l’Élysée ou dans d’autres pays, le candidat à une élection présidentielle doit se munir d’une cartographie qui l’aide à prendre des décisions idoines. S’il veut être élu, où ? (dans quels fiefs ira-t-il ou n’ira-t-il pas battre campagne) ; comment ? (avec quels moyens ira-t-il ou n'ira-t-il pas et quel discours tenir ou ne pas tenir) ; et pourquoi? Avec Le Soft International et nulle part ailleurs.
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Sur la présidentielle américaine précisément, il existe en effet une expression consacrée dans le vocabulaire électoral : c'est le Swing State. Une expression qui connaît nombre de synonymes dans le monde: Battleground States (États champ de bataille), Key States (États clé), Purple States (États violet, le violet étant la combinaison du rouge et du bleu, couleurs symbolisant respectivement les partis républicain et démocrate ; en clair, des États qui ne seraient ni bleus et démocrates (Blue States), ni rouges et républicains (Red States) mais un mélange des deux. La langue française trouve à cette expression plusieurs autres appellations : États charnière, États pivot, États indécis, États incertains, États cruciaux, États disputés, États décisifs, États en balance. Voire des périphrases: États où l'issue de la présidentielle se joue ; États dont le vote est déterminant dans la course à la Maison Blanche; États jugés décisifs pour la présidentielle ; États qui sont susceptibles de faire basculer le vote (États bascule). Il s'agit en fait des États très courtisés acquis ni à l'un ni à l'autre des deux grands partis, et dont le vote, dans une lutte serrée, pourrait se révéler décisif.
ÉTATS AU LOURD POIDS ÉLECTORAL. On oppose les Swing States aux États «rouges et bleus», qui votent régulièrement pour les partis républicain ou démocrate. Contrairement à la France par exemple où le vote de chaque électeur compte, le fait aux États-Unis qu'un candidat obtienne 1 million de voix ou 10 millions de voix dans un État qui lui est déjà acquis ne change rien pour lui. Tout ce qui compte, c'est de savoir si l’État est favorable ou défavorable.
Ainsi, les candidats à la Maison Blanche jugent inutile de faire campagne dans les États qui leur sont favorables ou hostiles. Par exemple, les Démocrates font très peu campagne à New York ou en Californie ou dans les États qui votent républicains. Les Républicains font très peu campagne dans les États républicains tels l'Alabama ou le Missouri ou dans les États qui votent démocrate. C'est ici que Républicains et Démocrates ont toutes les chances d'arriver en tête des suffrages exprimés et donc de remporter la totalité de leur collège électoral.
La campagne présidentielle a donc tendance à se concentrer sur les Swing States qui sont souvent la clé de la victoire.
À la présidentielle américaine, chaque État est autorisé à choisir la méthode par laquelle il élit ses grands électeurs qu'il envoie au collège électoral chargé d'élire le président des États-Unis. Selon les États, le nombre de grands électeurs est de 1 pour 188.000 habitants (Wyoming) à 1 pour 670.800 habitants (Californie). À l'exception du Maine et du Ne- braska, les 48 autres États américains ont tous opté pour le système dit du winner-takesall («le vainqueur prend tout»).
Un système qui attribue l'ensemble des grands électeurs de l'État au candidat ayant reçu le plus grand nombre de suffrages. Un candidat n'a donc besoin que d'une majorité relative du « vote populaire » dans un État pour y remporter l'intégralité des grands électeurs.
Ainsi, si le candidat A obtient 45% des voix, le candidat B 40% et les petits candidats C et D le reste, l'ensemble des grands électeurs élus pour cet État sont des grands électeurs du parti du candidat A. Au niveau national, le nombre total de grands électeurs obtenus est plus important que le nombre total de suffrages populaires car ce sont les grands électeurs qui élisent le résident. En 2000, le candidat démocrate battu, Al Gore avait obtenu plus de suffrages populaires que le candidat républicain George W. Bush mais moins de grands électeurs. La campagne d'un candidat tend donc à ignorer les États où il pense arriver en tête facilement dans la mesure où il remportera la totalité des grands électeurs de cet État sans y faire de campagne significative. Tout effort de campagne y est donc inutile. Une logique similaire conduit le candidat à ne pas s'investir dans un État où il est sûr de ne pas arriver en tête. La campagne électorale des candidats a donc tendance à éviter les États où un candidat est sûr d'arriver devant l'autre. Par exemple, un candidat républicain peut s'attendre à remporter facilement le Texas et plusieurs autres États du Sud comme le Mississippi ou la Caroline du Sud, qui possèdent une culture plutôt conservatrice et un historique de vote en faveur des candidats républicains. Les partis n'ont pas d'intérêt à dépenser leurs ressources et leur temps de campagne dans des États qui sont sûrs de voter majoritairement pour un candidat en particulier puisque dans ces États, du fait de ce système de vote, cela ne fera pas gagner ou perdre un grand électeur de plus à aucun des deux candidats. Les partis vont donc concentrer leur campagne sur les quelques États pouvant basculer pour l'un ou l'autre des deux candidats principaux : les swing states. Les effets pernicieux de cette mécanique sont le fait que les trois grands États américains que sont la Californie, le Texas et New York sont quasiment ignorés et que l'enjeu soit plus marqué dans des États marginaux avec des prises de positions fortement localisées. Il faut dire aussi que les Swing States ne sont nullement les petits États mais des États disposant d'un lourd poids électoral. Ceux qui, par leur nombre d'électeurs, sont susceptibles de faire basculer l'élection dans un camp ou dans un autre. La publication par la Commission Électorale Nationale Indépendante des chiffres des opérations d'identification et d'enrôlement des électeurs indique cinq provinces, hormis la ville de Kinshasa, qui doivent être considérées comme des Swing States du point de vue de leur poids électoral et qui pèseront aux scrutins annoncés du 20 décembre 2023 aussi bien à la présidentielle que pour le nombre d'élus nationaux qu'elles apporteront à l'Assemblée nationale. Sur un total de 500 députés nationaux que compte l'Assemblée nationale, il s'agit du
Nord Kivu (3.026.907 électeurs inscrits, 47 députés), du Sud Kivu (2.873.618 électeurs, 32 députés), du Haut Katanga (2.804.173 électeurs, 31 députés), de l'Ituri (2.535.966 électeurs, 28 députés) ex aequo avec le Kwilu (2.511.438 électeurs, 28 députés). Si l'on sait que la ville de Kinshasa est composée d'originaires de plusieurs provinces dont majoritairement de ressortissants de l'espace Grand Bandundu auquel appartient la province du Kwilu, il faudra logiquement monter en poids électoral le Kwilu. Tout comme le poids électoral de la province du Nord Kivu ne pourra être mesurée sans l'enrôlement des électeurs des territoires de Masisi et de Rutshuru présentement occupés par les rebelles du M23.
En dehors de ces cinq provinces, notons dix autres provinces sur les vingt-six que compte le Congo qui pèsent électoralement, viennent peu après et vont peser aux scrutins annoncés du 20 décembre 2023. Il s'agit des provinces du Kongo Central (2.148.989 électeurs inscrits, 24 députés), du Kasaï Central (1.807.616 électeurs, 20 députés), du Kasaï (1.768.520 électeurs, 19 députés), de la Tshopo (1.507 730 électeurs, 17 députés), du Sud Ubangi (1.441.319 électeurs, 16 députés) ex aequo avec le Lomami (1.421.498 électeurs, 16 députés), du Haut Lomami (1.372.269 électeurs, 15 députés), de Tanganyka (1.294.874 électeurs, 14 députés) ex aequo avec le Sankuru (1.267.082 électeurs, 14), du Lualaba (1.233.817 électeurs, 13 députés). Selon les chiffres de la CÉNI, notons les neuf provinces du pays qui pèsent le moins électoralement. En commençant par le haut du pavé, il s'agit des provinces ci-après : Kwango (1.226.433 électeurs inscrits, 13 députés), Maniema (1.121.375 électeurs, 12 dépu- tés), Équateur (1.064.333 électeurs, 12 députés), Mongala (1.021.851 électeurs, 11 députés) ex aequo avec le Haut Uélé (1.018.208 électeurs, 11 députés), Maï Ndombe (983.920 électeurs, 12 députés), Tshuapa (834.028 électeurs, 9 députés) ex aequo avec le Nord Ubangi (785.999 électeurs 9 députés), Bas Uélé (540.169 électeurs, 7 députés).
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