SAGA AFRICA Coupe d’Afrique des Nations
Juin - Juillet 2019
édito 89, comme le nombre impressionnant de joueurs qui participent à la Coupe d’Afrique des Nations édition 2019 et qui sont nés en France. Ils jouent pour l’Algérie, le Maroc et la Tunisie bien évidemment, mais ils défendent aussi les couleurs du Ghana, Madagascar, de la Guinée-Bissau ou de la Mauritanie entre autres. Ils ont vu le jour à Paris, Lyon ou Marseille, mais aussi à Saint-Dié-desVosges, Saint-Brieuc ou Chambray-lèsTours. Ils s’appellent Brahimi, d’Almeida, Ayew, Diaby, Camara ou Khazri. Ils sont les simples héritiers d’une riche et immense double culture. Ils ne crachent pas sur la France mais ne renient pas non plus leurs origines africaines. Ils mettent en lumière la formation hexagonale tout en défendant l’honneur de leurs parents. L’Afrique est le berceau de l’humanité, finalement nous en sommes tous ses enfants. Alors qu’ils soient 89 ou 552, qu’ils soient noirs ou blancs, qu’ils viennent de Dakar ou des Ulis, la seule identité que ces gamins vont défendre, pendant un mois de compétition, c’est celle du football. Et c’est bien la seule qui compte.
SOMMAIRE
6
Futur Big Diatta
9
Très vite, trop vite
16
Génération TURFU
18
Mora, mora
10
On ira tous au Paradou
14 Star Académie 99’
22
Tournois sauvages
26 Babangida, légende virtuelle
"
L’avantage du joueur, je dirais typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Sa Majesté Willy Sagnol
OURS SAGA AFRICA, édité par Les Remplaçants lesremplacants.com // @Les_Remplacants E-mail : elias@lesremplacants.com Tél. 06 71 94 08 56 RÉDACTION & CONCEPTION Elias Toumi & Elias Toumi Un grand merci à Ultimo Diez et Kévin Kalombo pour l’article « CAN des quartiers : Football et diversité » ultimodiez.fr - @Ultimo_Diez - @KevKalombo SYNDICATION Tous droits de reproduction réservés. L’écriture des articles, la recherche des informations et le travail graphique sont le fruit d’un travail bénévole et passionné, si vous avez une question à ce sujet, ou pas d’ailleurs, contactez-nous. CRÉDITS PHOTOS Shutterstock, Festival-Foot-Espoirs, Abidjan.net, AS, Twitter, GentsideSport, Wiwsports, Dakarbuzz, The Sun, RFI Afrique, Le Parisien, Guillaume Georges, Le Progès, RDC JSD, Melting Book, Instagram C’EST POUR LE STYLE Juin x Juillet 2K19. Bonne lecture.
4
Les plus belles coupes d’afrique
5
FUTUR BIG DIATTA
Krépin Diatta est la dernière pépite du football sénégalais. À 20 ans, l’ailier adroit à gauche a le temps de l’insouciance. Débordements et passes décisives, quelque part entre la Norvège et Khalilou Fadiga.
6
PORTRA IT
Premier brancard
U
ne fois la liste des 23 sénégalais qui se rendront à la CAN
BlåHvit de s’envoler ensuite pour Manchester United, et faire
entérinée par Aliou Cissé, les regards des curieux se sont
aujourd’hui les beaux jours de Stoke City en Premier League. À
portés sur un nom : Krépin Diatta. Plus jeune joueur de
l’heure actuelle, ils sont sept sénégalais à évoluer dans les deux
la tanière, du haut de ses 20 ans, il fait encore figure
premières divisions du pays des grands blonds, dont deux grosses
d’inconnu aux yeux du grand public au milieu des Sadio Mané,
promesses : Alioune Ndour, 21 ans qui évolue à Sogndal et Pape
Kalidou Koulibaly, Keita Baldé et autres Idrissa Gueye. Il y a pourtant
Habib Gueye, 20 ans déjà auteur de 17 buts en une saison et demie
fort à parier qu’à la fin de la compétition, Krépin Diatta n’aura plus
sous les couleurs d’Aalesunds. Pour Krépin Diatta, l’histoire
rien d’un jeune anonyme. Formé au Sénégal comme neuf autres de
est allée très vite depuis son arrivée en Norvège. Il y signe le
ses compatriotes, le natif de Ziguinchor, grande ville commerçante
26 février 2017, avant de décoller 24 heures plus tard pour la
au sud du pays, a tapé ses premiers ballons à l’Oslo Football
Zambie où il participe à la Coupe d’Afrique des Nations U20.
Académie. Loin d’être aussi renommée que les autres écoles de
Finaliste malheureux aux côtés de ses compères de la génération
football qui ont fleuri aux quatre coins du pays comme Génération
1999, Ibrahima Niane, aujourd’hui à Metz, et Ousseynou Cavin
Foot, Diambars voire même l’Aspire Academy, l’Oslo FA est un petit
Diagne, qui évolue au Mans, Krépin Diatta aura inscrit 2 buts et
club de quatrième division implanté à Dakar en mission détection et
terminera dans l’équipe type du tournoi. Un peu moins brillant
formation, dont Krépin Diatta est pour l’instant l’unique fleuron.
mais tout aussi formateur, il jouera en Corée du Sud la Coupe du Monde U20, sans inscrire de but, le Sénégal quittant le Mondial
Dakar - Oslo, LA ligne directe
en huitièmes de finale après une défaite face
Pour se lancer dans le grand bain européen du football
au Mexique.
professionnel, Krépin Diatta a choisi la Norvège et le club
En club, au Pays des
de Sarpsborg 08. Aucun lien avec la dénomination de l’Oslo
Fjörds, il connaît une
Football Académie, simple hasard bienheureux, qui permettra
ascension fulgurante.
à son club formateur d’empocher 50 000€ pour ce transfert. Au
Placé principalement
premier abord, c’est une destination froide et surprenante pour
en ailier gauche,
un sénégalais à peine majeur. D’habitude, les lionceaux de la
il enchante
Teranga plutôt doués balle au pied s’envolent pour la France, la
régulièrement les
Belgique voire les puissants clubs nord-africains. Mais quand
5000 spectateurs
on s’y penche de plus près, la voie Dakar-Oslo n’est pas si
du petit Sarpsborg
singulière que ça. Nombreux sont les sénégalais à avoir fourbi
Stadion et boucle son
leurs crampons sur les pelouses du grand nord. Madiou Konaté
exercice 2017 de façon
est l’un de ces pionniers lorsqu’il débarque au Molde FK au milieu
supersonique avec
des années 2000. Un chemin que bien d’autres suivront comme
8 buts et 7 passes
les futurs internationaux Makthar Thioune (Sparta Sarpsborg,
décisives en 27
Molde, Viking Stavanger), Badou Ndiaye (FK Bodø/Glimt), Kara
apparitions toutes
Mbodj et Saliou Ciss (Tromsø IL), Abdoulaye Seck (Hønefoss BK,
compétitions
Sandefjord Fotball) pour ne citer qu’eux. Mais c’est surtout le
confondues. Dans son
passage de Mame Biram Diouf, encore une fois du côté de Molde,
sillage, les bleus et
entre 2007 et 2009 qui aura marqué les esprits. 62 matchs et
blancs de Sarpsborg
29 buts qui permettront à l’attaquant arrivé à 20 ans chez les
terminent à une belle
"
Quand on réussit à s’adapter à cet environnement, on peut réussir partout. Pape Habib Gueye (Aalesunds) à propos du championnat norvégien
7 Diatta center
"
Si je dois choisir un championnat comme prochaine étape, je pense que ce sera la Ligue 1 en premier choix. Krépin Diatta avant finalement de signer au Club Bruges KV
du Club Bruges pendant quatre saisons. Le temps pour lui de s’y tailler une bonne petite réputation « Tout le monde le connait ici. Il suffit juste que tu leur dise que tu es Sénégalais et ils commencent à te parler de Fadiga. Il a fait beaucoup de choses pour le club ». Arrivé au mercato hivernal donc en pleine saison, Krépin Diatta glane 8 matchs dont 6 titularisations et remporte son premier titre, celui de champion de Belgique. Déjà réclamé en équipe nationale par le peuple sénégalais, Aliou Cissé le juge encore trop juste et tendre pour pouvoir l’emmener dans ses bagages en Russie pour la Coupe du Monde. Partie remise. Diatta attaque la saison suivante avec une vraie préparation physique dans les jambes et dans la peau d’un titulaire. Positionné ailier gauche, puis latéral en piston dans un système en 3-52, le jeune sénégalais s’impose petit à petit en championnat et découvre même la petite musique de la Ligue des Champions… avec 6 minutes « Beaux regards » en V.F.
de jeu. Suffisant pour qu’Aliou Cissé convoque enfin le jeune prodige avec les grands Lions de la Teranga en fin février dernier pour l’utime match
3ème place, eux qui n’avaient plus fréquenté le podium du championnat depuis 2012. Enfin, pour terminer en beauté son année, Krépin Diatta récupère logiquement le prix du meilleur espoir de l’Eliteserien. « Je pense que la meilleure chose pour moi est de trouver autre chose que Sarpsborg. J’ai fait une bonne saison ici, j’ai marqué des buts, été crucial et élu meilleur jeune joueur. J’ai réalisé ce dont j’avais besoin ici. S’il y a maintenant une opportunité de rejoindre un nouveau et plus grand club, ce serait vraiment un rêve ». En ces mots, Krépin Diatta signe la fin de son aventure en Norvège. Courtisé en Angleterre, où la presse parle de lui comme... Krispin Diatta, en Russie et en Belgique, il donne clairement sa préférence à notre chère Ligue des Talents. « Si je dois choisir un championnat comme prochaine étape, je pense que ce sera la Ligue 1 en premier choix. Et puis, il peut y avoir d’autres choses plus tard. Je suis la L1 depuis que je suis tout petit. Ce serait vraiment un bon pas en avant pour moi ». Moins d’un an après son arrivée en Europe, il signe finalement pour 2 millions d’euros… au Club Bruges KV.
FAdiga, Cissé et la can
Mais alors pourquoi préférer la Jupiler League quand votre nom est annoncé du côté de Manchester United, de l’Olympique de Marseille, du LOSC ou encore au Bétis de Séville ? Tout sauf un hasard quand on se replonge dans l’historique récent du club bleu et noir. « J’avais d’autres possibilités, mais je me disais que j’étais encore trop jeune pour ces clubs. Puis Khalilou Fadiga a joué un rôle important. Il n’a pas tari d’éloges à propos du Club lorsque l’on s’est retrouvé dans un même avion ». Car oui, avant d’ambiancer le couloir gauche de l’AJ Auxerre et de servir galette sur galette à Djibril Cissé, l’ailier sénégalais aux 40 sélections a fait le bonheur
(sans enjeu) de qualification face à Madagascar et un amical face au Mali. Deux apparitions, dont une titularisation, et une passe décisive plus tard, Aliou Cissé se montre satisfait mais exigeant avec son jeune joueur : « Si Krépin est là, c’est parce qu’il a de la qualité, c’est un jeune très talentueux et il constitue l’avenir de la sélection. C’est bien ce qu’il est en train de faire mais je suis convaincu qu’il peut faire mieux ». De retour en club, son influence est grandissante dans l’équipe d’Ivan Leko, et, malgré quelques petites blessures il termine la saison avec le dixième temps de jeu de l’effectif, deux buts, cinq passes décisives, une place de vice-champion, une citation parmi les meilleurs espoirs du championnat et une nomination au prestigieux mais néanmoins énigmatique Golden Ball. Suffisant pour participer à la Coupe d’Afrique des Nations édition 2019 aux côtés de son idole Sadio Mané ? Après un léger suspense, Aliou Cissé valide définitivement la place du jeune Krépin Diatta en couchant son nom parmi les 22 autres qui iront défendre l’honneur des Lions de la Teranga. En plus de son potentiel indéniable et ses statistiques correctes, Diatta est un profil à part dans le milieu de terrain sénégalais. Il a gagné sa place grâce à ses performances régulières en club et ses deux premières apparitions très convaincantes en équipe nationale. Capable d’évoluer sur l’aile en offensif, en piston et même en milieu relayeur un peu plus axé, son aisance technique, sa vivacité et son 1m73 détonnent au milieu de joueurs aux attributs plus puissants. Offrant une multitude de solutions tactiques à son sélectionneur, sa présence en Égypte pour la CAN est très loin d’être usurpée. Une compétition qui a toujours eu pour habitude de révéler des inconnus et des jeunes talentueux aux yeux de la planète football. Parfaitement couvé au sein d’une sélection où Sadio Mané attire pour l’instant toute la lumière, nul doute que le petit Krépin Diatta va rapidement devenir plus grand, beaucoup plus grand.
8
Génération
TURFU À l’instar de Krépin Diatta, ils sont jeunes, talentueux, prometteurs et ils comptent sur la Coupe d’Afrique des Nations pour se révéler sur la planète football. Petit tour d’horizon des jeunes à suivre de près.
Marc LAMTI
Hichem BOUDAOUI
18 ans, Bayer Leverkusen
19 ans, Paradou AC
À peine majeur, le milieu défensif tunisoallemand est le plus jeune joueur de la compétition. Il ne comptabilise aucune apparition chez les professionnels ce qui n’a pas empêché Alain Giresse de le convoquer. S’il ne devrait jouer que les seconds rôles en Égypte, il n’en reste pas moins l’attraction principale des Aigles de Carthage.
Comparé à Jean Tigana par Djamel Belmadi, le maître à jouer du Paradou est l’une des révélations de la saison en Algérie. Savant mélange de vitesse et de technique, il est doté d’une qualité de passe exceptionnelle. Courtisé par de nombreux clubs européens, il ne devrait pas tarder à faire éclater son talent sur les pelouses du Vieux-Continent...
Amadou DIAWARA
Sekou KOITA
21 ans, Napoli
19 ans, RB Salzburg
Alors qu’il vient de boucler sa 3ème saison sous les couleurs du Napoli, celui qui est arrivé très jeune en Italie aurait pu prétendre à la Squadra Azzura, mais il a choisi la Guinée. Ratisseur-relanceur, il doit encore être poli sous les ordres d’Ancelotti pour donner la pleine mesure de son immense potentiel.
À peine la Coupe du Monde U20 terminée pour les jeunes maliens, éliminés en quarts, que Sekou Koita s’est envolé pour l’Égypte avec les Aigles. Auteur de 3 buts et 3 passes décisives lors du Mondial U20, l’attaquant du Red Bull Salzburg est déjà suivi par le Milan AC. Virevoletant, donnez lui un peu d’espace et vous verrez.
Farouk MIYA
Rodrigue KOSSI
21 ans, HNK Gorica
18 ans, Club Africain
Star en Ouganda depuis son adolescence, international A dès l’âge de 16 ans, celui qui compte près de 50 sélections pour 17 réalisations est une des sensations annoncées de la CAN. Formé au Vipers SC puis passé par le Standard de Liège, il a ensuite roulé sa bosse en Azerbaïdjan, avant de rallier la Croatie et Gorica.
Fan de Toni Kroos, le (très) jeune béninois est un milieu défensif solide et rugueux mais très propre. Pilier chez les U20 des Écureuils, il a rejoint un mastodonte du continent en signant pour le Club Africain de Tunis en septembre dernier. Plus jeune joueur de la liste de Michel Dussuyer, il devrait glaner quelques minutes en Égypte.
Moctar EL HACEN
9
Gelson DALA
22 ans, Real Valladolid
22 ans, Rio Ave
Qualifiée pour la première phase de poules de la CAN de son histoire, la Mauritanie de Corentin Martins pourra compter sur Moctar Sidi El Hacen El Ide pour bien figurer. Premier mauritanien à fouler les pelouses de la Liga, celui qui a été élu Meilleur Joueur du pays alors qu’il n’avait que 17 ans, n’attend que d’exploser aux yeux du grand public.
Formé à l’inévitable club angolais du 1°Agosto, le milieu offensif a rallié ensuite le Sporting Portugal en 2017. Prêté depuis deux saisons à Rio Ave, il sort d’une saison réussie avec 9 buts et 8 passes décisives et arrive à la CAN en pleine confiance. Il sera aux côtés de Geraldo et Bastos, l’un des fers de lance des Palancas Negras.
On ira tous au
PARADOU
A L GéRIE
La vingtaine à peine dépassée, dans un perpétuel mouvement ils font danser leurs adversaires qui s’évertuent à saisir la balle qui virevolte entre leurs pieds. Plus petit budget et plus basse moyenne d’âge, bien installés dans les hauteurs du classement de la première division algérienne, ces gamins représentent fièrement le Paradou AC. Un club totalement à part sur la Terre des Berbères, surtout doté d’une des académies les plus prometteuses du continent.
10
H
icham Boudaoui, Haitem Loucif et Zakaria Naidji.
contexte africain que le clan Guillou débarque à Paradou pour
Ces trois noms ne vous disent certainement rien et
importer sa méthode et l’appliquer aux jeunes algériens.
pourtant il va falloir songer à les retenir. À l’instar
Sous le soleil du nord d’Alger, ils sont plus de 20 000 gamins
de Ramy Bensebaini ou Youcef Atal en leur temps,
d’une dizaine d’années à se presser aux détections organisées
bien que ce dernier n’ait connu qu’un processus de post-
par le Paradou, et rêvent tous d’embrasser le destin de Ramy
formation, le trio Boudaoui (19 ans), Loucif (22 ans), Naidji
Benseibaïni ou de Youcef Atal. Ici, nul passe-droit, ni piston
(24 ans) fait les beaux jours du Paradou Athletic Club. Déjà
et encore moins de pots-de-vin. À la fin du processus, ils ne
sélectionnés chez les grands Fennecs de Djamel Belmadi, en
seront que 8 à 12 joueurs méritants d’être retenus pour intégrer
plus de représenter l’avenir du football algérien, ils incarnent
l’Académie. La méthode Guillou est prête à être infusée et
le fruit d’une politique inédite lancée il y a une dizaine d’années
assimilée.
par les dirigeants du Paradou sur un terrain vierge, sans stade, sans supporters et sans histoire. Rembobinons la cassette.
Pieds nus et sans gardien
Année 1994, alors que l’Algérie est à feu et à sang, se déchirant et perdant ses enfants dans une interminable guerre civile,
Pendant près de cinq ans, sous les yeux de techniciens
un groupe d’amis dans les hauteurs d’Alger se prend la petite
espagnols et portugais, ils vont répéter inlassablement les
idée de fonder un club de football : le Paradou Athletic Club.
mêmes exercices, les mêmes mouvements, le même pressing
Sorti de nulle part, et de façon singulière, le Paradou est un
avec comme unique leitmotiv : le plaisir de jouer. Et en parlant
petit quartier au sein même du quartier cossu d’Hydra au
de jeu, les académiciens opèrent pieds nus, pour mieux sentir
nord-ouest de la capitale. Il suffira seulement de dix saisons
chaque surface du cuir. L’objectif est la maîtrise des petits
pour que le PAC atteigne la première division. Anonyme et
espaces, d’abord en 4 vs 4, puis en 5 vs 5, jusqu’à évoluer
à l’ombre des grands du pays, le club expérimente alors les
toujours pieds nus, en match sur grand terrain. Ces matchs
affres de la relégation en 2007 pour vivoter en seconde division
amicaux, les jeunes du Paradou, dont certains ont encore
jusqu’en 2017, date à laquelle le Paradou frappe à nouveau
l’apparence physique d’enfants, les jouent face à des équipes
aux prestigieuses portes de l’élite. Mais ce qui fait la saveur
professionnelles d’adultes. Sans chaussures, sans gardien de
du Paradou AC, ce n’est ni son début de parcours sinusoïdal,
but. Et le plus étonnant, c’est qu’ils mettent des déculottées
ni son statut de club tout neuf et encore moins le fait que son
à ceux qui se présentent face à eux chaque weekend. Des U17
nom signifie « l’emplacement d’un moulin » en occitan. Non,
aux U21, ils survolent leurs championnats régionaux, avec
le Paradou AC a misé sur l’avenir, et l’avenir est en train de
des joueurs largement surclassés en catégorie d’âge. L’idée
bien lui rendre. En 2007, les fondateurs, Kheireddine Zetchi en
de développer des générations avec des idées de jeu similaires
tête, lancent une académie qui va révolutionner l’institution
porte aujourd’hui ses fruits.
Paradou à tous les étages. Déjà doté d’un petit centre de
En effet, avec le plus petit budget de Ligue 1 et une moyenne
formation, le PAC passe à la vitesse supérieure et s’associe à
d’âge d’à peine 22 ans, l’équipe première vient de boucler la
l’un des personnages les plus influents de l’Afrique du football :
saison 2018/2019 en 3ème position, juste derrière deux monstres
Jean-Marc Guillou.
sacrées : l’USM Alger et la JS Kabylie. Ils sont 18 joueurs sur
Abidjan, le magique système
les 21 de l’effectif à être issus du centre de formation. Une telle réussite, douze ans seulement après le lancement de l’Académie, a ouvert une brèche en Algérie. Le président de la
L’ancien footballeur emblématique d’Angers, international
Fédération de Football Algérienne a pris le sujet à bras le corps,
français au cœur des seventies, est surtout connu pour avoir
lui qui n’est autre que… Kheireddine Zetchi, un des fondateurs
fondé en 1993 une école de football en Côte d’Ivoire, l’académie
historiques du club de Paradou. L’objectif est de créer sur
JMG de Sol Béni. Affiliée au club de l’ASEC Abidjan, la pépinière
le territoire algérien plusieurs autres centres d’excellence
a accouché de plus d’une centaine de gamins devenus
répondant aux critères internationaux et avec les mêmes
professionnels et de quelques sommités comme les frères
principes de jeu. In fine, avec une telle politique de formation,
Yaya et Kolo Touré, Gervinho, Aruna Dindane, Siaka Tiené
l’idée est de nourrir à moyen terme et de façon régulière
ou encore Bakari Koné. Même si l’Afrique avait déjà quelques
l’équipe nationale.
académies plus ou moins performantes réparties sur ses terres
Le travail reste immense, la liste des Fennecs pour la CAN
(impossible de ne pas citer l’École de football des Brasseries du
comporte quelques chiffres édifiants : seulement 9 joueurs
Cameroun qui tourne depuis les années 1980) aucune d’entre-
sur les 23 sélectionnés ont été formés au pays et un seul,
elles n’a eu l’impact aussi puissant que l’académie JMG
Hicham Boudaoui… du Paradou justement, évolue en Algérie.
d’Abidjan. Organisée selon des principes stricts et des idées
De l’autre côté, 14 joueurs ont vu le jour en France. En offrant
particulières, la structure académicienne ivoirienne se révèle
la possibilité aux jeunes locaux d’évoluer dans des centres
rapidement performante pour sortir des joueurs opérationnels
structurés, de développer un talent brut idéniable, la Fédération
au niveau pro, puis en Europe et enfin en équipe nationale.
va tenter de s’offrir un futur avec plus d’Atal, de Bensebaïni
Dans l’équipe de la Côte d’Ivoire vainqueur de la CAN édition
ou Boudaoui, et peut-être bien moins d’Alexandre Oukidja et
2015, ils étaient 7 titulaires à avoir foulé les pelouses de Sol
d’Andy Delort.
Béni dans leur adolescence. Comme un symbole. C’est donc avec cette étiquette d’un formateur hors pair et spécialiste du
11
LÉGENDE Sepp Blatter qui applaudit James Milner, vêtu du maillot de la Tunisie, soulevant un trophée sponsorisé par Audi. Le tout sous les yeux attentifs d’un garde du corps, Morgan Freeman, Pape Diouf et Muriel Hurtis
12
13
Star ACADÉMIE 99’ Ils venaient d’avoir 18 ans, ils étaient anonymes mais ils ont écrasé avec la manière l’un des meilleurs clubs du continent africain. Eux, ce sont les petits Académiciens de l’ASEC Mimosas. En 1998, l’ASEC Mimosas remporte la première Ligue des
Trop rapides, trop motivés, trop de mouvements, les
Champions de la Confédération Africaine de Football de son
Académiciens récitent à merveille les leçons qu’ils ont
histoire face au Dynamos FC de Harare (Zimbabwe). Devenue
longuement appris depuis l’enfance, pieds nus, sous les ordres
grande d’Afrique, l’ASEC se voit logiquement dépouiller de ses
de Jean-Marc Guillou. Cette génération jaune et noire magique
meilleurs éléments : les Tchiressoua Guel, Badra Siby et autres
présente comme têtes de gondole des gamins anonymes destinés
Sié Donald s’envolent pour l’Europe et cèdent ainsi leur place sur
à devenir grands : Kolo Touré (18 ans), Barry Copa (20 ans),
le pré à la première promotion des « Académiciens ». Issus de
Aruna Dindane (19 ans), Didier Zokora (19 ans), Gilles Yapi-
l’Académie MimoSifcom, créée en 1994 par Jean-Marc Guillou,
Yapo (17 ans) ou Siaka Tiéné (17 ans) font partie des coupables
ils posent pour la première fois leurs crampons sur une pelouse
qui ont dansé sur la tête de l’Espérance de Tunis.
professionnelle à 17, 18 ou 19 ans pour les plus anciens d’entre eux.
Ces noms auxquels s’ajoutent quelques mois plus tard des
Appelés à défendre les couleurs des grands de l’ASEC Mimosas
joueurs comme Emmanuel Eboué, Arthur Boka, Yaya Touré,
lors de la Super Coupe d’Afrique face au géant tunisien de
Romaric, Bakari Koné voire Salomon Kalou. Pendant 2 saisons,
l’Espérance de Tunis, les « Académiciens » ne se voient accorder
tout ce beau petit monde marche sur le championnat ivoirien,
aucune chance de gagner par les spécialistes ni même par leurs
puis cède rapidement aux sirènes des championnats européens.
propres supporters, déjà déçus de la tournure du carnage qu’ils
Véritable modèle d’académie en Afrique, la structure d’Abidjan
voient venir. Les tunisois se présentent au grand complet avec
cornaquée par Jean-Marc Guillou a récolté plusieurs fruits de
leurs internationaux expérimentés comme Chokri El-Ouaer,
fierté : hormis le fait que ces enfants ont porté les maillots les
Khaled Badra, Radhi Jaïdi ou encore Sirajeddine Chihi pour ne
plus prestigieux du Vieux-Continent, d’Arsenal à Barcelone,
citer qu’eux.
ils sont 11 Académiciens à participer à la Coupe du Monde 2006
Ce dimanche 7 février 1999, les 20 000 spectateurs du stade
avec la Côte d’Ivoire et ils étaient 7 titulaires lors de la victoire
Houphouët-Boigny d’Abidjan assistent, comme prévu, à une
des Éléphants pour la Coupe d’Afrique des Nations en 2015.
véritable démonstration… mais de la part des très jeunes Mimos
Académie Royale.
qui étrillent l’Espérance (3-1).
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15
De la lumière à l’ombre
IMBULA très vite, trop vite.
En 2015, on se demandait si Giannelli Imbula allait participer à l’Euro 2016 sous le maillot de l’équipe de France ou celui de l’équipe de Belgique. Aujourd’hui, il doit se résoudre à ne pas faire partie de la liste des 23 joueurs qui se rendront en Égypte pour défendre les couleurs de la République Démocratique du Congo pour la CAN. Problème administratif ? Manque de niveau ? Une chose est sûre, la carrière du natif de Vilvorde n’a jamais pris le virage attendu.
Bio express Giannelli IMBULA WANGA Né le 12/9/92 à Vilvorde (BEL) 1m86, gaucher Guingamp, Marseille, Porto, Stoke City, Toulouse, Rayo Vallecano
c
D’une surface à l’autre, la pelouse,
aux couleurs des Dragões, Giannelli Imbula est l’une
pourtant immense du Vélodrome paraît
des hypes du football européen. Le petit monde des
presque trop petite pour ce joueur ciel et
réseaux sociaux, jamais le dernier quand il s’agit
blanc qui arbore le numéro 25 dans son
de s’enflammer, réclame que ce briseur de lignes
dos. Loin de la grâce et la conduite de balle classieuse
rejoigne la liste automnale de Didier Deschamps avant
que l’on peut exiger d’un milieu de terrain, Giannelli
de faire le bonheur d’un autre maillot.
Imbula donne plutôt dans les courses intenses, les folles remontées de balles et les dribbles efficaces.
Le Coq, le Diable et les Léopards
Pour sa deuxième, et dernière saison avec l’Olympique
Il faut dire que le passeport de Giannelli Imbula
de Marseille, le joueur formé à Guingamp explose.
Wanga est édité en trois exemplaires : République
Sous les ordres de l’exigeant Loco Bielsa, il effectue
Démocratique du Congo, pays d’origine de ses
certainement le meilleur exercice de sa carrière,
parents, Belgique son pays natal et France où il est
à 23 ans. Un vrai box to box moderne, une version
arrivé à l’âge de… 15 jours. Ses parents ayant prévu de
beta quelque part entre Abou Diaby, Matuidi, Pogba
déménager sur Argenteuil juste avant sa naissance ont
et Ndombele, il rayonne en phocéen au milieu des
finalement reporté le déplacement des cartons pour
Lemina, Payet et Romao. Imbula termine même la
que maman Imbula puisse accoucher en toute sérénité
saison comme étant le milieu de terrain le plus utilisé
à Vilvorde au nord-est de Bruxelles.
par Marcelo Bielsa, c’est dire. Malgré ce constat
Histoire de compléter le lobby, l’entourage du joueur
enchanté, le mage argentin qui se trompe rarement
lui conseille de multiplier les apparitions dans un
sur le potentiel d’un jeune joueur aurait lâché en
maximum de médias et balance tranquillement des
fin de saison à son président de l’époque Vincent
coups de pression à la FFF. « La balle est dans le camp
Labrune, une funeste, mais prémonitoire punchline
belge, à l’heure actuelle, c’est du 52 pour la France, 48
à son propos : « Je l’ai amené là, il n’ira pas plus loin.
pour la Belgique » déclarait alors son père Willy Ndangi
Il faut le vendre tout de suite, il ne sera jamais meilleur
dans La Dernière Heure. Quand on connait le caractère
qu’il n’a été ». Meilleur, Giannelli Imbula ne l’a
de Deschamps et le petit historique d’Imbula sous le
effectivement plus jamais été, et Vincent Labrune a
maillot des Espoirs, une altercation avec un kiné et
eu le nez creux, et surtout le porte-monnaie qui criait
une mise à l’écart de plus d’un an, on se doutait bien
famine, en cédant son joueur à Porto pour 20 millions
qu’Imbula avait peu de chances d’intégrer les Bleus.
d’euros lors de l’été 2015. Le début de la traversée du
Du côté des Diables Rouges, Marc Wilmots ne se
désert pour le gaucher qui avait été élu meilleur joueur
mouille pas plus « C’est le choix du joueur. Il doit écouter
de Ligue 2 en 2013. Pourtant, au moment d’apposer
ce que lui dicte son cœur et faire ensuite les démarches
sa signature en bas du contrat de cinq saisons siglé
nécessaires pour devenir belge. C’est ça la vérité. 16
Giannelli l’avenir
"Mais il
fallait le voir à l’échauffement, on disposait deux plots distants de dix mètres, mais lui n’en faisait que cinq en courant...
Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que moi, je
Imbula rembobine sa petite cassette et appuie sur
réfléchirai si je dois le convoquer ou pas ». Finalement,
replay. Prêté par Stoke, il débarque dans la Ville Rose
il n’y que les Léopards du Congo qui se sont montrés
pour « recommencer à jouer ». Il jouera, le temps pour
internationalement entreprenants en 2012 puis en
lui de produire quelques étincelles par-ci, par-là, de
2015, pour essuyer deux refus secs de la part du clan
planter une frappe de 35 mètres contre Montpellier
Imbula. La Fédération congolaise décide alors de ne
puis de se voir finalement… écarté par Dupraz pour
plus tenter de l’appeler. Pour compléter le tableau,
des raisons de comportement. « Mais il fallait le voir
à peine son transfert au FC Porto entériné, que la
à l’échauffement, on disposait deux plots distants de
FIFA se penche sur la transaction pour découvrir
dix mètres, mais lui n’en faisait que cinq en courant…
d’étonnantes choses. Pour faire court, le transfert est
Ce genre de comportement est très énergivore. Entre les
truffé d’irrégularités en tout genre, entre manque
problèmes de ponctualité ou d’irrespect, cette année, je
de liquidités côté portugais, intervention de Doyen
n’ai presque jamais fait mon métier d’entraîneur ».
Sports, agents douteux et tierce-propriété. Et le joueur dans tout ça ? Il déclare vouloir se consacrer
Retour à Stoke pour Imbula qui voit son nom garnir
pleinement sur le football et à sa nouvelle aventure au
la rubrique des rumeurs de transferts de l’intersaison
Portugal. Avec un tel tableau, on imagine aisément la
2018/2019 du côté de Monaco ou Séville, pour
suite idyllique que va prendre la carrière d’Imbula.
finalement rebondir au Rayo Vallecano, toujours en
Pascal Dupraz
Prodige égaré
17
prêt. Une saison à peine correcte plus tard, sans faire de vagues, Giannelli Imbula est à nouveau désirable
« À Porto, ça ne s’est pas bien passé car je n’ai pas eu le
internationalement. Mais, point de Didier Deschamps
rendement qu’il fallait », jugeait-il, dans une interview
et encore moins de combinaisons à venir avec Eden
donnée à SFR Sport. Le Mister, Julen Lopetegui était,
Hazard, non, les Léopards de Florent Ibenge se sont
semble-t-il, très surpris par ses lacunes tactiques,
rappelés à son bon souvenir juste avant la CAN.
son manque d’implication et sa nonchalance. 6
Après avoir longtemps décliné, Imbula accepte
petits mois après son arrivée en grandes pompes
finalement de donner suite à une convocation avec la
sur les rives du Douro, Giannelli Imbula, qui aura
République Démocratique du Congo. Pré-sélectionné
joué 10 matchs de championnat portugais se voit
avec 38 autres joueurs en mai dernier, il échappera
luxueusement exfiltrer en Premier League du côté de
au premier écrémage, mais pas au second. Le 11 juin
Stoke City pour 22 millions d’euros, soit le plus gros
2019, le nom de Giannelli Imbula n’apparaît pas dans
transfert de son histoire pour le club anglais. « Je l’ai
la liste finale des 23 joueurs qui iront défendre les
sorti du onze parce qu’il en avait besoin pour comprendre
couleurs du pays en l’Égypte. Un problème de visa non
qu’il ne contribuait pas assez à l’équipe » avance alors
délivré à temps est avancé d’un côté, un choix fort de
son nouvel entraîneur Mark Hughes pour expliquer
la part du sélectionneur Ibenge est évoqué de l’autre.
les absences d’Imbula. Un onze que l’ancien olympien
Quoiqu’il en soit, le milieu de terrain gaucher va
ne côtoiera jamais régulièrement, n’apparaissant
devoir se résoudre à regarder la compétition à la télé
qu’à 28 reprises, toutes compétitions confondues,
et songer à se trouver un nouveau club pour la saison
en une saison et demie sous la liquette des Potters.
prochaine, lui qui est indésirable mais engagé à Stoke
On continue ? Sauvé en 2017 de ses mésaventures
jusqu’en 2021. Les tribulations de Giannelli Imbula,
étrangères par Pascal Dupraz alors à la tête du Téfécé,
saison 6, épisode 1.
MORA MORA
18
À Madagascar, île pauvre posée au milieu de l’Océan Indien parsemée de lémuriens et de baobabs, le peuple se prépare à vivre un moment d’histoire. Qualifiés pour la première fois de leur histoire en phase finale de Coupe d’Afrique des Nations, les Bareas ont pris le temps de prendre le temps. Mora mora, à la malgache.
19
E
n début 2017, ils sont trente à s’entasser. Vingt convoqués par le sélectionneur et dix par la Fédération sans l’aval de ce
dernier. « Du grand n’importe quoi » se lamente Nicolas Dupuis. Cet ancien footballeur amateur français, qui passe tranquillement la cinquantaine, est à la tête de la sélection malgache depuis peu. Les maillots sont parfois trop grands, parfois trop petits, les ballons sont de qualité douteuse, principalement des répliques dans le meilleur des cas. La débrouille est le mot d’ordre, la Fédération moribonde coche souvent la case « défaillance », des partenaires privés ou des politiques en quête de reconnaissance nationale mettent quelquefois la main au portefeuille pour aider au fonctionnement de la sélection. Le coach lui-même paye les billets d’avions pour ne pas se retrouver en rade de joueurs sur certains matchs. En s’engageant avec les Bareas, Nicolas Dupuis ne s’attendait pas à un tel chantier à ciel ouvert. Auvergnat pur grain, il a pourtant œuvré pendant plus de vingt saisons dans le club d’Yzeure, jonglant entre les casquettes de directeur sportif et d’entraîneur. Avec lui, son
« Enchanté, Monsieur Madagascar »
club passe de la DSR au National et s’offre le luxe d’un 16ème de finale de Coupe de France en 2002. Approché
que la compétition reine du continent
insatiables. En plein cœur du mois
par Madagascar en 2016 pour intégrer le
se jouerait désormais à 24 équipes.
d’octobre 2018, ils affrontent par deux
staff technique de la sélection, il continue
Huit places se libèrent par rapport aux
fois en trois jours leur rival direct du
pendant quelques mois son rôle de coach à
éditions précédentes. Une aubaine pour
groupe 6 : la Guinée-Équatoriale. Résultat,
Yzeure, avant de s’envoler définitivement
les petites nations habituées à regarder
deux victoires par le plus petit des scores
pour prendre les rênes de la 137ème équipe
passer le train des grandes compétitions.
et Madagascar est la première équipe
au classement FIFA, intercalée entre le
« Psychologiquement, la bascule est là. Alors
à composter son billet pour la Coupe
Soudan et le Viêt-Nam. Dupuis, ancien
qu’on est dans la poule du Sénégal, une
d’Afrique des Nations. Une performance
professeur de sport, se lance alors corps-
porte s’ouvre. On se dit que cela se jouera
remarquable mais surtout historique pour
et-âme dans ce projet exotique. Il modèle
entre la Guinée Équatoriale et nous. Là, il
cette île de 24 millions d’habitants. « On
patiemment une sélection faite de bric et
y a une certaine euphorie. Je leur envoie
montre que si on veut, même sans beaucoup
de broc, il met la main à la pâte et même à
un message à tous « Les garçons, je vous
de moyens, on peut faire quelque chose en
la poche. Lui, l’amateur invétéré, impose
ai emmenés dans un projet, vous m’avez
étant ensemble. Le foot est ancré chez nous.
cette touche de professionnalisme qui
suivi, maintenant on va au bout. » Ils me
Cette qualification est une grande fierté
faisait cruellement défaut à Madagascar.
font confiance et je leur fais confiance » se
pour les malgaches. Pour eux, la vie sociale
remémore alors celui que les malgaches
et la situation politique sont compliquées.
surnomment « Le Divin Chauve ». Une
On essaie de leur donner un sourire. C’est ce
double victoire face à Sao-Tomé-et-
que le football peut apporter de plus beau.»
Principe en guise d’apéritif lors du tour
pose calmement Faneva Andriatsima.
« Il a apporté sa rigueur, il est rassembleur,
préliminaire des éliminatoires avait ouvert
Ce pur local qui a vu le jour en juin 1984
fédérateur, il nous a transformé ». En ces
l’appétit tout neuf des Bareas. Un match
à Antananarivo est le mieux placé pour
mots, le capitaine historique Faneva
nul, 2-2, face au Sénégal à Antananarivo
dérouler l’évolution lente de sa sélection.
Andriatsima adoube celui qui leur a enfin
et une victoire, 3-1, à El Obeid en plein
fait croire en leur étoile. Le moment clé ?
milieu du désert du Soudan finiront de
Après le symposium de Rabat, la CAF décide
remplir la panse de ces joueurs devenus
24 équipes, 24 millions d’heureux
20
Enceinte multisports
Coach, vous êtes bientôt qualifiés, je ne veux pas prendre la place de qui que ce soit, mais sachez que je suis d’origine malgache. Jérémy Morel à Nicolas Dupuis
Il a roulé sa bosse dans différents clubs
un mauvais destin, un souvenir du jour
malgaches, même sur l’Île Maurice,
de naissance, une combinaison de noms
avant de rallier la France et le FC Nantes
de parents ou d’ancêtres » explique le
en 2007 à l’âge de 23 ans. S’il ne percera
linguiste Narivelo Rajaonarimanana.
jamais sous la liquette des Canaris, il va
Pour la petite histoire, un malgache
un défenseur de métier, pouvant compléter le
tranquillement gravir les échelons du
peut même changer de nom plusieurs
groupe. »
football français passant par Cannes,
fois au cours de sa vie, en fonction des
Madagascar fait face à une situation
Boulogne-sur-Mer, Amiens, Beauvais
événements qu’il traverse. Mais alors,
nouvelle, que beaucoup de sélections
avant d’exploser à Créteil lors de la saison
quand on se penche sur la liste des 23
africaines subissent à l’approche
2012/2013. L’attaquant auteur de 14 buts
sélectionnés par Pascal Dupuis, pourquoi
d’une grande compétition, l’afflux des
en National, enchaîne en Ligue 2 avec 44
trouve-t-on au milieu des Rakotoharisoa
binationaux qui se découvrent une petite
buts en cinq exercices avec les cristoliens
et autres Andrianarimanana des
nationalité cachée dans la poche, n’en
puis Sochaux. Après un dernier détour au
patronymes comme Fontaine ou Morel ?
déplaise à Andy Delort. Pourtant, encore
Havre, il termine actuellement sa carrière
Ils sont sept. Sept footballeurs réunionnais
une fois, Nicolas Dupuis va gérer ça d’une
du côté de Clermont. Lui qui a connu
qui ont rejoint les Bareas. Jérémy
main de maître. De l’opportunisme ? Exit
nombre de campagnes de qualifications
Morel (Olympique Lyonnais), Thomas
les malgaches de dernière minute, les
infructueuses, des déculottées régulières
Fontaine (Stade de Reims), Jérôme
sept réunionnais appelés sont là depuis
et des matchs exotiques frustrants,
Mombris (Grenoble Foot 38) ou encore
quelques mois déjà et la plupart n’ont pas
savoure aujourd’hui pleinement la
Romain Métanire (Philadelphia Union)
attendu que Madagascar valide son billet
qualification de Mada, pour lui et pour son
apportent leur expérience à un groupe
pour l’Égypte pour renforcer les rangs des
peuple. « Ça ne repousse pas la pauvreté,
qui en a cruellement besoin. Ils viennent
Bareas. Problèmes d’intégration ? Débat
mais ça repousse les soucis. Avec cet exploit,
de la minuscule île d’en face. Ils sont
sur l’identité nationale ? Balayés d’un
on a procuré un peu de bonheur au peuple
binationaux, car français, mais malgaches
revers par Andriatsima « Leurs ancêtres
malgache. Et nous on a pleuré de joie. »
par leurs ancêtres. Aucune chance d’être
étaient des malgaches partis à la Réunion.
poursuit Pascal Razakanantenaia, qui
appelés chez les Bleus, alors ils proposent
Ils nous ont rejoints, c’est un plus, c’est un
ferait cauchemarder n’importe quel
leurs services au coach Dupuis. Ce dernier
beau mélange. On est tous malgaches, on est
commentateur sportif.
explique dans l’émission Midi Ma’nifik
tous ensemble. » Tous ensemble pour écrire
comment Jérémy Morel, le plus connu de
une histoire qui promet d’être encore
cette délégation, s’est retrouvé à défendre
plus belle. Placés dans un groupe plutôt
les couleurs de Madagascar : « Il m’a
clément entre le Nigéria, la Guinée et le
appelé en 2018 et il m’a dit « Coach, vous
Burundi, les Bareas ont une petite idée
êtes bientôt qualifiés, je ne veux pas prendre
derrère la tête. « Je vais leur dire qu’on va
la place de qui que ce soit, mais sachez que
passer les poules. C’est le prochain message.
je suis d’origine malgache. Je serais très fier
Ils vont me suivre, on va le faire » promet
de porter le maillot de Madagascar. » Ça
fermement Nicolas Dupuis.
tombait bien puisque je cherchais justement
Comment ne pas le croire ?
La Réunion des opportunistes ? Ces patronymes si particuliers et aussi longs que compliqués à prononcer sont typiques de Madagascar. « Le nom malgache n’est pas une étiquette. C’est un souhait, un destin, une parole qui contredit
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Nicolas Dupuiandriaralalamanana
TOURNOIS
SAUVAGES
CAN des quartiers : Football & diversité Impossible de passer à côté du phénomène des CAN de quartiers. En effet, depuis quelques semaines fleurissent ces répliques de la Coupe d’Afrique des Nations. Elles permettent à des équipes de s’affronter sous le format d’un tournoi continental représentatif de la diversité de chaque communauté. Les sélections africaines, composées pour l’essentiel de joueurs amateurs issus de la diaspora, s’affrontent sous le format d’une phase de groupe suivie de rencontres à élimination directe. L’engouement dépasse d’ailleurs les limites du terrain. Suivis au minimum par une centaine de personnes, les temps-forts sont généralement retransmis sur les réseaux sociaux. On a ainsi pu apprécier les prouesses techniques d’un joueur à Créteil passant en revue la défense adverse ou encore la liesse des supporters à chaque but inscrit entre fumigènes et envahissements de terrain. Alors que l’on aurait pu penser que ces événements cristalliseraient des tensions, il n’en est rien. Ils ont permis à des communautés de se rassembler autour d’une passion commune : le football. S’il reste aujourd’hui le sport le plus populaire, le football n’en est pas moins un facteur de cohésion sociale. Ces derniers mois, les banlieues ont davantage fait les gros titres au sujet de rixes mortelles entre bandes rivales que pour l’organisation d’événements populaires. Ces faits demeurent isolés et n’ont probablement aucun lien avec les CAN de quartiers. Mais, à sa manière, le ballon rond permet d’exposer une autre réalité de la banlieue. Ces notions de partage, de convivialité et de respect constituent un socle commun, une passerelle entre football et cités. Qui de mieux que les acteurs eux-mêmes pour en parler ?
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UltimoDiez est allé à la rencontre de Saïdou Dia, éducateur au FC Mantois depuis 17 ans et organisateur de la CAN de Mantes la Jolie (CAN 78200).
Naissance du projet Au départ, je n’ai pas forcément eu écho de la CAN organisée à Evry, c’est plutôt celle de Mantes-la-Ville qui m’a interpellé. Elle a été moins médiatisée mais tout est parti de là : l’idée de rassembler du monde. Mon rôle d’éducateur au FC Mantois m’a permis d’en discuter avec un groupe de personnes issues de la même génération (nées entre 1988 et 1991). Au départ, cela devait se limiter aux quartiers de Mantes-la-Jolie. Il y a eu quelques réticences lorsque l’on a évoqué l’idée de rassembler au delà de Mantes. Cela a créé un blocage au sein de ce noyau. Certains se sont retirés et d’autres sont restés. Malgré ces premières difficultés, j’ai décidé de lancer le tournoi en 10 jours. Tout est allé très vite, mon choix s’est fait le 15 mai : il fallait que tout soit prêt pour le weekend du 25 mai. Avec l’appui de certains professionnels nous avons pu donner une plus grande ampleur à ce projet. Senou Coulibaly (Dijon, L1) est venu effectuer le coup d’envoi de l’une des rencontres. Autre exemple, Kalidou Koulibaly (Napoli) nous a envoyé des messages d’encouragement tout comme d’autres internationaux congolais et sénégalais en vue de la finale RD Congo – Sénégal (qui a eu lieu le dimanche 16 juin). Contrairement à la CAN d’Evry (Niska a pu jouer sur sa notoriété), tout est parti de la base. Nous n’avions pas de structure et donc pas d’assurance. C’est à ce moment que le soutien de l’IFEP (ndlr, Insertion Formation Education Prévention), organisme social implanté à Mantes-la-Jolie, s’est avéré être décisif. Maxime Pereira, chef de service de l’IFEP a fourni un travail colossal au sein d’un comité d’organisation composé de 7 membres. Cela nous a permis de bénéficier des infrastructures du stade Jean Paul David. Mohamed Camara, Saidou Fall et d’autres ont fourni un gros travail au niveau de la communication. Nous n’oublions pas le travail des coachs. Sans toutes ces personnes, j’en oublie probablement, ce tournoi n’aurait pas connu un tel succès. Les joueurs participants viennent d’un peu partout, de Normandie et de région parisienne notamment. Il y avait une réelle volonté d’ouverture. Une sélection turque a été invitée par exemple. Il y avait 16 sélections réparties en quatre groupes (15 pays africains + Turquie). Nous recherchons des sponsors afin d’optimiser l’organisation d’autres tournois à l’avenir. 23
Les autorités locales La Mairie s’y est opposée dans un premier temps. Elle a qualifié cela de « tournoi sauvage ». Il y avait cependant un tel engouement qu’ils ont été contraints de nous apporter un soutien. Finalement, les deux parties ont avancé ensemble même s’il n’y a pas eu de réel soutien financier.
Quid de la perception du mantois ? C’est une fête populaire, des familles avec 3 générations représentées se sont déplacées au stade, exprimant avec fierté leur soutien. Je tiens d’ailleurs à féliciter encore une fois les joueurs et l’organisation car sans eux, cela n’aurait jamais pu se réaliser. C’est une source de motivation, les habitants méritent cela. Etant d’origine africaine, je me reconnais dans cette communauté du Mantois, multiculturelle. C’est avec une certaine liberté que nous exprimons notre joie, le football est un vecteur permettant cela. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli pour cette ville et les alentours. Le succès des Bleus lors la Coupe du monde 2018 a pu mettre en valeur la diversité issue de la banlieue. Nous avons besoin d’un cadre mais également de liberté pour nous exprimer pleinement. C’est encourageant pour l’éducateur que je suis. Ce qui fait le charme de notre tournoi c’est à la fois le cadre posé mais également la liberté laissée dans l’expression des célébrations. Nous voulions envoyer une image positive.
LA GESTION DE LA LIESSE POPULAIRE ET DES ENVAHISSEMENTS DE TERRAIN On a mis en place une équipe dédiée à la sécurité. Tous les quartiers du Val Fourré (ndlr, quartier de Mantes-la-Jolie) ont été impliqués. Ils ont contribué de près ou de loin à l’organisation de cet événement. Ils sont bénévoles et ont tous œuvré pour la bonne tenue de l’événement. Au fil du temps, les supporters ont dû être sensibilisés sur la nécessité de permettre au jeu d’avoir une certaine continuité. Les envahissements de terrain peuvent avoir un côté frustrant pour l’équipe concédant un but. Les arbitres ont également eu un rôle prépondérant. Il y a eu quelques cartons jaunes mais aucun rouge. Globalement, ce fut une belle fête. Des communautés se sont rapprochées, elles ont pu renouer le dialogue.
Quel Bilan ? C’est une réussite, mais le plus dur est à venir. Notre objectif est la constitution d’une association afin de s’inscrire sur la durée. La sécurité doit être améliorée par exemple. Sportivement, certains joueurs ont pu être repérés par les représentants du FC Mantois (N2). C’est un bon début. A terme, nous aimerions organiser un tournoi européen sur le modèle de l’Euro 2020. On va avoir besoin de soutien. Nous devrons nous asseoir autour d’une table avec les élus locaux afin de construire un projet solide. A l’heure actuelle, les rivalités entre certaines villes de banlieues ne permettent pas d’organiser un tournoi impliquant plusieurs sites en simultané. Le football reste limité face à certains contextes locaux. Mais nous sommes déjà fiers de ce que nous avons accompli. Le football est une fête !
Un grand merci à tout l’équipe d’Ultimo Diez et à Kévin Kalombo, auteur de cet article, qui nous ont permis de le publier sur ce support. Rendez-sur ultimodiez.fr // @Ultimo_Diez // @KevKalombo
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STAR VIRTUELLE Tijani BABANGIDA - NIGÉRIA ISS PRO EVOLUTION 1999 Premières des grandes stars qui ont égayé les saisons virtuelles de millions de joueurs, Tijani Babangida n’a jamais atteint In Real Life son potentiel numérique. Retour pixellisé sur le recordman de titres en Ligue des Masters, mais qui a terminé sa carrière anonymement au Maroc. Pour comprendre certaines choses, il faut parfois se replonger dans le passé. La machine à remonter le temps nous dépose à Atlanta, le samedi 3 août 1996. Bien calés dans les tribunes du Sanford Stadium, il est 15h45 quand Pierluigi Collina balance son coup de sifflet pour libérer vingt-deux joueurs en quête d’un titre. L’Argentine d’Ayala, Zanetti, Almeyda, Claudio Lopez, Crespo et autres Ortega affronte en finale des Jeux Olympiques une surprenante équipe du Nigéria. Privés de CAN 96 en janvier, pour des obscurs problèmes politiques, les Super Eagles ont débarqué quelques semaines plus tôt en Amérique avec des gueules de revanchards. Dans leurs rangs on y découvre des noms plutôt familiers de l’époque comme Taribo West, Sunday Oliseh ou l’inévitable Jay-Jay Okocha. Et puis, il y a ces jeunes, un peu moins connus. Prodiges en devenir les Nwankwo Kanu, Celestine Babayaro ou Wilson Oruma, rêvent tous de décrocher l’or Olympique. Il faut dire que les africains impressionnent depuis le début du tournoi. Sortis 2èmes de leur poule, ils expédient ensuite le Mexique avant de créer la sensation en demies-finales en renvoyant le Brésil de Roberto Carlos, Bebeto et Ronaldo à la maison. Et cette finale face à l’Argentine ils ne comptent pas la laisser filer. Après avoir été menés 2-1 une bonne partie de la seconde période, à la rage ils parviennent à égaliser par Amokachi, puis à l’emporter grâce à Amunike à quelques secondes de la fin du match. On imagine alors qu’avec cette génération des Gold Eagles le Nigéria va marcher sur l’Afrique et pourquoi pas même, sur le monde. Sur l’aile droite de l’attaque nigériane, il trimballe son mètre soixante-neuf et ses maillots bien trop larges. À 23 ans, Tijani Babangida vient de décrocher le premier titre de sa jeune carrière. Joueur supersonique et insaisissable, il profite de la lumière estivale d’Atlanta pour signer dans la foulée à l’Ajax Amsterdam. Lui qui a été formé du côté des Niger Tornadoes profitait déjà de ses quartiers aux Pays-Bas puisqu’il avait rallié le VVV-Venlo en 1991 puis Roda JC en 1993. Sous les ordres de Van Gaal puis Morten Olsen, il réalise deux saisons pleines ponctuées de 22 buts en 78 apparitions. Faisant parler dribbles et surtout vitesse, il garnit son palmarès de trois nouveaux trophées : un titre de champion et deux coupes des Pays-Bas. Il s’envole ensuite pour la France avec ses potes médaillés pour défendre les chances du Nigéria lors de la Coupe du Monde 98. Ils se retrouvent en 8èmes de finales face au Danemark. Explosés 4-1 par les scandinaves de Laudrup, Babangida étant l’unique buteur nigérian, les Super Eagles retournent au nid après un Mondial plutôt mitigé mais où ils ont réalisé quelques coups d’éclat notamment en sonnant l’Espagne en poules. En 1999, les jeux vidéo qui touchent au football ne sont pas légion. FIFA est déjà là, mais les amateurs de ballon pixélisé se butent généralement sur ISS Pro Evolution des studios Konami. Pas de licences, des équipes nationales, 10 stades, des options météo, différents niveaux… le bonheur absolu. Quiconque a déjà saisi une Sony Dual Analog PS1 considère alors le petit ailier nigérian comme une star. Cela s’explique par un chiffre : 99. La capacité en vitesse de Babangida est hallucinante, à tel point qu’on a dû vérifier que le disque inséré n’était pas celui de Gran Turismo. Positionné dans ses startings blocks à droite du 4-3-3 des Super Eagles, il suffit de maintenir la touche R1 appuyée et la magie opère. La hype est alimentée par le fait que ‘TJ’ est aussi accessible en Ligue des Masters qu’un vulgaire bon plan sur Cdiscount. Un des meilleurs joueurs du jeu à prix réduit, il n’en faut pas plus pour faire de Babangida LA légende virtuelle de la série aux côtés d’Adriano de Pro Evolution Soccer 6. Il est bon de noter que tous ses petits potes de la sélection sont également très côtés dans la simulation, ce qui fait du Nigéria l’une des meilleures équipes de football avec manette de l’histoire. Dans la réalité, la carrière de Babangida est plutôt triste depuis son départ de l’Ajax en novembre 2000. La Turquie avec Gençlerbirligi, l’Eredivisie à nouveau avec le… Vitesse Arnhem, puis l’Arabie Saoudite, la Chine et enfin le Maroc pour une sortie de route définitive en 2005. Babangida est récemment réapparu dans les radars, une première fois en 2016 lorsque Konami, beaux joueurs, ont proposé le natif de Kaduna en « carte légende » pour la Ligue des Masters. Puis il a répondu favorablement à l’appel de Gernot Rohr pour encadrer le Nigéria lors de cette Coupe d’Afrique des Nations 2019 avec… Nwankwo Kanu et Jay-Jay Okocha. Il y rencontrera Ahmed Musa, ailier d’Al-Nasrr, détenteur de la meilleure note en vitesse de l’effectif sur PES version 2019 : 93. Petit joueur.
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LITÓNDI
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*MERCI QUOI 27
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