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Odezenne
Mattia Lucchini, Alix Caillet et Jacques Cormary © Édouard Nardon et Clément Pascal
interview
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En haut lieu
Formé au début des années 2000 par Jacques Cormary, Mattia Lucchini et Alix Caillet, Odezenne dénote dans le paysage musical français, entre spoken word désabusé, poésie enfumée et electro nerveuse. Après les remarquables Dolziger Str.2 et Au Baccara, le groupe bordelais est de retour avec 1 200 mètres en tout, mirifique cinquième album empli de vie, d'amour mais aussi marqué par la perte. Soit 16 compositions hors du temps, parfois loufoques, et surtout foisonnantes de styles – du rap autotuné de Deux traits aux synthés hypnotiques de Mr. Fétis, en passant par le "daftpunkien"Mamour. Entretien avec Jacques, dit "Jaco".
Quelle est l'histoire de votre trio ?
Mattia et Alix se sont rencontrés au collège, en classe de cinquième. Ils avaient déjà fondé un premier groupe lorsque je suis monté dans le wagon. À l’époque je vivais de jobs alimentaires, notamment à Rungis. À côté de ça j’écrivais, produisais un peu de son. On a sorti notre premier album en 2008, sans. chantilly.
Pourquoi vous appelez-vous Odezenne ?
C’est le nom de l’ancienne proviseure d’Alix et de Mattia, on l'a utilisé dans un freestyle puis on l’a gardé, parce qu’il sonne bien.
Justement, comment définiriezvous votre son si particulier ?
On chante toujours en français, et on part dans tous les sens entre le rap, l’electro, le rock, la pop… On est en constante recherche. Avec 1 200 mètres en tout on s’est vraiment fait plaisir, avec la musique autant que les textes.
« On est en constante recherche. »
Comment avez-vous conçu cet album ?
Juste après une grosse tournée qui s’est terminée fin 2019 à New York, le temps s’est arrêté... •••
On est donc retourné en studio plus vite que prévu. À bien y regarder, on est toujours en confinement, à travailler toute la journée dans notre cave... On ne voulait sortir que des singles mais on a tellement bossé que l’album s'est imposé naturellement. Il s’agit d'une "photographie" de cette période inédite. On parle ici d’amitié, d’amour mais aussi de deuil. (ndlr : Vu d’ici, qui clôt l’album, est un hommage à la sœur d’Alix, décédée d'un cancer en fin d’année dernière).
Que signifie ce titre, 1 200 mètres en tout ?
C’est une hauteur à laquelle on atteint la plénitude. Même en restant au niveau du plancher des vaches. L’album reflète cette humeur en dents de scie, de 0 à 1 200 mètres d'altitude. La vie ressemble à des montagnes russes.
Qu'en est-il du clip de San Pellegrino, où Pio Marmaï laisse échapper toute sa rage à coups de club de golf…
Le morceau raconte l’histoire d’un mec marié et père de deux enfants. Un jour, il a un coup de cœur pour une fille, une serveuse. Toute sa vie est alors remise en question : son couple va-t-il exploser ? Pour illustrer cet état, on a proposé à Pio de tout casser dans un appartement, d'arracher le lustre, d'exploser les meubles... et ça l’a bien éclaté !
L’appartement est celui d’Alix, n'est-ce pas ?
Oui, il venait d’avoir les clés ! On l’a décoré pour le clip, car il était vide, avant de tout détruire. En tout cas maintenant, il peut envisager ses travaux tranquillement, Pio lui a fait économiser le coût de la démolition des murs !
Parlons de cette tournée, que verra-t-on sur scène ?
Nous sommes quatre avec le renfort de Stefano (le frère de Mattia) qui est batteur. On joue les titres du dernier album et certains des précédents… On a vraiment hâte de retrouver notre public. D'ailleurs, en novembre dernier on a proposé une écoute de l'album deux mois avant sa sortie dans notre studio. On a payé 100 billets de train ou d’avion à des gens venus d’Irlande, du Portugal et de toute la France. Ils ont passé une semaine à Bordeaux tous frais payés ! C’est notre façon de les remercier.
Propos recueillis par Julien Damien
Liège, 05 & 06.03, Reflektor, 20h, 27,50€ (sam : complet !), www.reflektor.be Bruxelles, 14.03, Ancienne Belgique, 19h, 29/28€, www.abconcerts.be À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
musi q ue
AMBER MARK
À fleur de peau
Résilience. Un mot galvaudé, employé à tort et travers mais, que voulez-vous, on n'a pas trouvé mieux pour définir Amber Mark. Née en 1993 d’un père jamaïcain et d’une mère allemande, la chanteuse passe son enfance à sillonner le monde avant de s’installer à New York. Elle s'est révélée au grand public en 2017 avec 3:33AM. Composé après la mort de sa mère, l'EP raconte la perte d’un être cher, le deuil interminable puis la vie qui, doucement, reprend son cours. Dans Conexão, son deuxième essai, l’intention est la même : trouver dans le chagrin la plus grande source d’inspiration, à l'image de Love Me Right, une ballade R’n’B sur laquelle la jeune femme demande de sa voix puissante : « Ne suis-je donc pas ce que tu veux ? ». Three Dimensions Deep, son premier album, ne déroge pas à cette sincérité. Déboires sentimentaux, ambition professionnelle… Amber Mark expose toutes ses difficultés pour mieux les dépasser, les exorciser. Et, forcément, nous touche. Ses morceaux marient dans un même geste cosmopolite R’n’B, funk, pop, disco, bossa nova ou dancehall, et s’appréhendent comme un voyage intérieur duquel on ne revient pas indemne. Maïssam Mezioud
Bruxelles, 06.03, Botanique, 19h30, 21,50 > 15,50€, botanique.be
TRENTEMØLLER
Anders Trentemøller, c’est beaucoup de choses à la fois. Depuis une petite vingtaine d’années, le producteur et remixeur de génie (de Röyksopp à… Bruce Springsteen !) déploie une musique électronique nourrie à la cold wave. Celui qui appuyait un clin d’œil à Faith (1981) de The Cure sur la pochette de son premier LP (The Last Resort, 2006) organise aujourd’hui la rencontre entre Joy Division et New Order (No More Kissing in the Rain). Accompagné du timbre diaphane de la guitariste Lisbet Fritze (membre de Giana Factory), le Danois amène des effluves gris anthracite sur le dancefloor. Ce n’est pas la fête, et pourtant quel pied ! T.A.
Anvers, 10.03 (reporté au 06.04), Trix, 19h, 29,90€, www.trixonline.be Tourcoing, 11.03 (reporté au 07.04), Le Grand Mix, 20h, 23 > 6€, www.legrandmix.com
© Sofie Nørregaard
© Fiona Torre
POLO & PAN
Franche innocence ou projet millimétré ? Impossible de placer Polo & Pan dans l’une ou l’autre de ses deux catégories pourtant opposées. Alors non, on n’a pas toujours succombé à cette électronique solaire, ces samples estivaux et ces comptines agrémentées de BPM (Ani Kuni, sérieusement…). N’empêche, face au raz-de-marée de bonne humeur provoqué sur les foules par le tandem, on s’incline. L’époque est triste, ces morceaux réconfortent. Pourquoi bouder ce plaisir ? T.A.
LES ENCHANTEURS
Ausgang © Tcho Antidote
Ballades composées
Ce festival itinérant mis sur pied par l’association Droit de Cité enchante depuis plus de 20 ans le bassin minier du Pas-de-Calais. Disséminés dans 28 villes, ces concerts sont organisés dans des lieux pas forcément habitués à ce genre de programme, parfois insolites, mais qui ne demandent qu'à vibrer. La preuve…
Ici une cour d'école, là une salle des fêtes, un complexe sportif ou une petite place de village... Voilà tout le charme de ce festival : apporter la musique là où parfois elle fait défaut. La particularité ? « Nous faisons la part belle à la chanson française, sous toutes ses formes, explique Manon Defrancq, responsable de la communication. Il y a du reggae avec Danakil, par exemple, mais aussi de la pop, du bal musette où même du rap, pour la première fois ». En cela, la venue d'Ausgang, à Rouvroy, constitue l'un des temps forts de cette 23e édition. Emmené par Casey, ce groupe mêle rap et rock pour mieux servir des textes rageurs et ciselés. Dans une autre genre, GiedRé maîtrise bien la plume pour délivrer des merveilles de comptines salées ! Entre autres têtes d'affiche (Juliette, Yseult) ou découvertes (la poésie de Lo’Jo), on ne manquera pas Delgres et son hard blues chanté en créole, histoire d'aborder la belle saison regonflés à bloc. À ce moment-là aussi, on pourra compter sur les Enchanteurs car, autre nouveauté, le festival se déploie cette année en deux autres parties, jusqu'en juillet « avec cette fois des concerts en plein air et gratuits ». Un sacré tour de magie. Julien Damien
PLANÈTE RAP
Toujours boudé par les Victoires de la Musique (pas un mal, lorsqu'on aperçoit la cérémonie), le rap s'est pourtant imposé comme la nouvelle pop, affichant un visage kaléidoscopique – du point de vue musical ou textuel. La preuve en quatre actes, où l’on découvre l'"Irish hip-hop", un laborantin zélé et un pilier de l'underground – avant de se rasseoir sur notre chaise pliante.
REJJIE SNOW
© Llyod Pursall
Voici deux ans, pendant le confinement, on avait lu tout Wikipédia. Fallait bien s’occuper. Eh bien croyez-le ou non, mais la page "Irish hip-hop" était vide ! Les choses devraient changer avec Rejjie Snow. Ce Dublinois signé chez les Américains de 300 (Young Thug, Future…) fut acclamé par Skepta, Odd Future ou le regretté MF Doom – avec lequel il a travaillé. Enregistré à Los Angeles, Dear Annie compte les apports de pas mal de producteurs locaux, mais aussi du Français Lewis OfMan et même un titre chanté dans la langue de Molière. Juste retour des choses : l’Hexagone avait beaucoup fait pour la popularité des lacs du Connemara. T.A.
© Henri Coutant © DR
HUGO TSR
Incorruptible. Depuis 15 ans, Hugo TSR cultive son intégrité, son indépendance et un son typique du boom-bap new-yorkais. Le tout à Paris, coincé entre Marx Dormoy et la Porte de la Chapelle. Les thèmes n’ont guère changé (harcèlement policier, menace de l’extrême-droite, violence économique…) mais Hugo conserve le génie des punchlines jamais gratuites. Six albums plus tard, sans le soutien des grosses radios, le Parisien remplit L’Aéro. Hugo TSR, roi de l’underground ? Non, tranchet-il : « underground c’est d’jà trop mainstream » . T.A.
Lille, 04.03, L’Aéronef, 20h, 21 > 14€ + Bxl, 28.05
JPEGMAFIA
Généralement, on renvoie au hiphop l’image de jeunes désœuvrés trouvant un exutoire dans la musique. JPEGMafia, lui, avait un travail plutôt sérieux lorsqu’il a débuté. Pour cause : il était dans l’armée, d’où le nom de son deuxième LP, Veteran, qui l’a révélé. Depuis, l’Américain joue les insoumis et ses derniers essais en date, All My Heroes Are Cornballs et LP!, jonglent avec le glitch-hop, la noise, le dub et la pop expérimentale. Le tout est autrement plus passionnant que les élucubrations du brave Kanye. T.A
Anvers, 17.03 (reporté au 12.09), Kavka Zappa
HATIK
Révélé par la série Validé et sa reprise d'Angela du Saïan Supa Crew, Hatik a surtout érigé la chaise pliante en totem de la "banlieue way of life", asseyant son succès avec une discographie presqu'exclusivement baptisée à la gloire de ce trône de fortune. Dans les faits, le lyriciste des Yvelines délivre des chroniques urbaines assez sombres (« la rue a d'jà tué mon enfance donc n'appelle pas l'Samu ») sur des productions cloud rap parfois rehaussées de piano et de cordes. Pas franchement la joie, mais on n'est pas là pour ça, non ? J.D.
DOPE LEMON
La beauté du zeste
© Daniel Mayne
Quand il est apparu au bras de sa sœur aînée, Angus Stone passait pour un ado débonnaire un peu réservé. Aussitôt échappé du giron familial, on a découvert un cadet facétieux porté sur les substances à fumer et les choses de l’amour. Quand Julia n’est pas là, Angus se prend carrément pour un citron.
Santé Magazine est catégorique : dans une fratrie, "le cadet est volontiers indépendant et apprécie de faire des découvertes". Une fois mis en orbite grâce au duo familial et à son tube planétaire Big Jet Plane, Angus est en effet parti, seul, en quête de lui-même. Face à l’océan, expulsant d’imposantes volutes de fumée, l’Australien s’est rêvé en stupéfiant citron. Depuis 2016, Dope Lemon est la planche sur laquelle il évite de toucher terre – ce que lui permettent également les royalties des succès passés. Sur son troisième album, Rose Pink Cadillac, paru au tout début de l’année, le jus d’agrume est encore plus psychotrope. Stone n’a jamais aussi bien porté son nom et se rapproche des plus laidback des songwriters, tels Kurt Vile ou Mac DeMarco, avec qui il a l’élégance de partager en outre la maîtrise experte d’un folk aux mélodies radieuses. Dans ce western des glandeurs géniaux, Angus se prend même à chasser sur les terres de Matthew Houck aka Phosphorescent, dont il emprunte le chant traînant pour quelques ballades. Santé Magazine l’avait prédit : le cadet, depuis sa place inconfortable, est obligé de montrer ce qu’il sait faire et, "en général, il réussit". Mathieu Dauchy
© Luigi & Lango
BEBEL GILBERTO
La boss de la bossa
Bénie des dieux. Ou pas loin. Lorsque vous avez pour père João Gilberto, pour mère la chanteuse Miúcha et pour oncle l’illustre Chico Buarque, on peut dire que la bossa, la samba et autres rythmes brésiliens n’ont à peu près aucun secret pour vous. Et c’est également une bonne raison de prendre la tangente, direction New York. C’est là, voici un peu plus de 20 ans, que la Sud-Américaine habile avait mêlé les couleurs bossa à une électronique légère – en France, Daho s’y était essayé sur l’excellent Eden (1996). Époque oblige, les albums de remixes se sont enchaînés et, non, ils ne furent pas tous indispensables. N’empêche, on la gardait à l’œil, et grand bien nous fit : All In Ones, en 2009, fut une heureuse surprise qui la voyait reprendre, entre autres, Bob Marley ou Stevie Wonder avec un égal bonheur. En 2020, paraissait Agora, produit par Thomas Bartlett (complice de David Byrne ou Sufjan Stevens). La Brésilienne revenait alors à un son plus organique, nimbé de cordes soyeuses – et c’est dans cet exercice qu’on la préfère. Thibaut Allemand
QUOI DE NEUF ?
Si vous pensez qu’un musicien a tout dit dans son premier album, passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remettent l’ouvrage sur le métier. Ces quatre noms font partie de notre décor – de celui de nos parents, parfois. Alors, chefs-d’œuvre en péril, baudruches cent fois rafistolées ou monuments incontournables ?
Thibaut Allemand
RANDY NEWMAN
Quelle injustice ! De ce côté de l’Atlantique, Randy Newman est surtout connu pour ses innombrables BO – Toy Story, Cars ou encore Marriage Story… Or, nous avons affaire à un immense compositeur, doublé d’un parolier d’exception. Une sorte d’Elton John à l’humour absurde et caustique. Mais nous n’entravons que pouic. Pourtant, de Short People à Putin, en passant par Rednecks ou I Love LA, l’Américain a manié la plume avec un style sardonique reconnaissable entre mille. Si sa production n’est pas phénoménale (douze albums studio en plus de soixante ans de carrière), son influence, elle, demeure indéniable sur ses contemporains… anglophones.
© Roger Sargent © Pamela Springsteen
© Richard Jones
SOPHIE ELLIS-BEXTOR
2003. Sophie Ellis-Bextor signe le tube disco pop Murder on the Dancefloor et rivalise avec le meilleur de Kylie ou Britney. Depuis, les loyers sont assurés. Les sorties se sont espacées et, si elle possède avec ce single une poule aux œufs d’or (on ne compte plus les remixes et versions orchestrales), l’Anglaise a mené une carrière honorable, comme en témoigne, au hasard, l’ambitieux Familia (2016), collaborant avec Matthew Cars (Nada Surf) ou Ed Harcourt. Bref, il y a une vie après le meurtre.
Bruxelles, 03.04 (reporté au 04.10) La Madeleine, 20h, 34€, la-madeleine.be Il fut un temps rival d’Elvis Costello au rayon "songwriter au physique de clerc de notaire ayant explosé en pleine période punk mais s’avérant bien plus ambitieux et en quête de respectabilité". Rayon où l’on ne se bousculait pas, nous direz-vous. Vrai. Cette relative confidentialité permit à Jackson, passé le sommet Look Sharp ! (1979), de ne s’adresser qu’à une poignée de fidèles en s’essayant à la pop, au jazz, croquant finement son époque planqué derrière des lunettes de soleil.
Anvers, 05.04, De Roma, complet ! Bruxelles, 06.04, Ancienne Belgique, complet !,
ECHO & THE BUNNYMEN
Pas la première fois que Ian McCulloch et ses amis apparaissent dans cette rubrique – mais que voulez-vous, ils sont comme le bon vin et se bonifient avec le temps. D’autant que la grande gueule précitée a conservé sa voix, malgré pas mal d’années d’excès, ce qui n’est pas exactement le cas de tous ses congénères. Auteurs de quelques-unes des plus belles chansons des 80’s (The Killing Moon en tête), les Liverpuldiens ont réussi, en plus, à signer des albums de reformation à la hauteur de leurs grandes œuvres.
ALFIE TEMPLEMAN
Jeune premier
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ici, on ne vous fera pas le storytelling du jeune prodige qui n’avait d’autre choix que la musique pour s’en sortir, panser ses plaies ou mettre du baume sur son mal-être. Doté d’un prénom en hommage possible à Burt Bacharach ou Sonny Rollins, Alfie a grandi dans le sud-est de l'Angleterre, à Bedfordshire, le genre de verdoyant village jadis chanté par The Kinks, dans une famille de musiciens et mélomanes. Naturellement, il s’essaie tôt à la guitare et, à l’âge canonique de 13 ans, signe ses premières démos. Il en aligne 20 aujourd’hui et, déjà, cinq ans de carrière. Forcément confidentielle, elle ne devrait pas le rester longtemps : le bougre possède un talent certain pour la pop accrocheuse qui fait fi des chapelles. Un son né des plateformes de streaming, où tout, genres et époques, est à portée de main, mis sur le même plan, et absolument pas hiérarchisé. Désormais épaulé par Justin Young (The Vaccines), le jeune Britannique se révèle, de plus, pas mauvais du tout sur scène. En attendant un premier LP prévu pour le mois de mai, nous est donnée l’occasion de découvrir de nouveaux titres et de l’applaudir, pour la dernière fois peut-être, dans une salle à taille humaine. Thibaut Allemand
Bruxelles, 28.03, Ancienne Belgique, 20h, 15€, www.abconcerts.be qui sortira le 27 mai. du nouvel album Mellow Moon À écouter / Broken , single
alfiete man.com mple
À TRAVERS CHANTS
29e édition (déjà !) pour ce festival dédié à la chanson française. Excepté Cali, cette affiche fait la part belle à des artistes snobés par les médias, mais pas moins talentueux, à l'instar de Karpatt. Depuis plus de 20 ans, ce groupe enflamme les salles ou bars de France et de Navarre avec ses hymnes à la joie. Dans un autre genre, entre electro et musique orientale, Karimouche livre des chroniques sociétales tout en gouaille et poésie. J.D.
Saint-Saulve, 06 > 27.03, MJC - Espace Athéna, 1 concert : 20 > 6€, www.mjc-athena.org Sélection / 06.03 : Chœur de femmes L // 11.03 : Cali // 12.03 : Karpatt + Karimouche
Cali © DR
Manou Gallo © Stéphane Kone
SI ÇA VOUS CHANTE !
Où l'on célèbre la chanson francophone, selon ses meilleures acceptations. Avec Keren Ann d'abord, qui défend un répertoire naviguant entre pop et folk. Son huitième album, Bleue, fait la part belle aux orchestrations amples, à la lenteur, la mélancolie... En somme, tout le contraire de Ma Pauvre Lucette (MPL). Entre rock, electro ou loufoqueries rap, ces Grenoblois n'ont pas leur pareil pour mettre une salle debout. Samedi soir, Ingrid Nomad et son quartette (piano, contrebasse, batterie et guitare) font retomber la fièvre, mais pas l'émotion. Entre jazz et pop, la chanteuse gantoise clôt le festival tout en douceur et ballades langoureuses. J.D.
La Louvière, 21> 26.03, Le Théâtre & Le Palace 1 concert : 25 > 10€, www.cestcentral.be Sélection / 21.03 : MPL // 22.03 : Anna // 23.03 : Keren Ann 26.03 : Ingrid Nomad 4tet
© Kevin Westenberg THE DIVINE COMEDY
Fantaisie héroïque
Dans les années 1990, Neil Hannon rêvait de domination mondiale. Le Nord-Irlandais pensait sérieusement qu’en s’inspirant de Burt Bacharach et des Walker Brothers, il remplirait des stades. Bon, le farfadet est revenu de ses illusions, mais n’a rien perdu de son talent pour faire jaillir des chansons majestueusement orchestrées qui, sous leur démesure apparente, demeurent avant tout des pop songs remarquablement écrites. Plus de 30 ans après des débuts difficiles (et un premier LP renié et jamais réédité qui, franchement, ne vaut pas grandchose), The Divine Comedy n’a à rougir de rien et fait partie des rares songwriters dont on attend un nouvel album avec autre chose que de la nostalgie. Et sur scène, quelle présence ! T.A.
The Divine Comedy Charmed Life
(Divine Comedy Records / PIAS) Neil Hannon s’est construit une place à part. Une chambre à soi. Un cocon au sein duquel il peut donner lieu à ses fantasmes de pop orchestrale, teintée d’un humour tout en retenue (The Booklovers, hélas absente…). En témoigne cette collection de chansons qui, aussi "best" soient-elles, aurait pu allègrement être remplacée par une autre sélection. Oui, The Divine Comedy a signé des merveilles trois décennies durant : National Express, Something for the Weekend, At the IndieDisco, A Lady of a Certain Age… Si ce florilège est indispensable, les albums originaux le sont tout autant ! T.A.
Caribou © Amber Elise
et aussi…
MAR 01.03
PAULINE CROZE Lille, Le Splendid, 20h, 25€
MER 02.03
BONNIE TYLER Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 94,50>60€ GAËTAN ROUSSEL Lille, L'Aéronef, 20h, 29,80€
VEN 04.03
MAXENCE CYRIN + SEGOLÈNE HOCHART Erquinghem-le-Sec, Eglise SaintVaast, 20h, 1€ OTHER LIVES + GAÉTAN NONCHALANT Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 21>6€
PAULINE CROZE + BAPTISTE W.HAMON Béthune, Le Poche, 20h30, 12/10€
SAM 05.03
VAUDOU GAME + MAX’1 & THE ROOTSMAKER Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13€ / gratuit abonnés YVES JAMAIT Hem, Zéphyr, 20h, 30€
DIM 06.03
TÊTES RAIDES Lille, L'Aéronef, 18h30, 28>20€ AMY MACDONALD Bruxelles, AB, 19h, 40/39€ LUN 07.03
SIMPLE MINDS Lille, Le Zénith, 20h, 70>49,50€
MAR 08.03
BOY PABLO Gand, Vooruit, 20h, 23/19€ CELESTE + CONJURER Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>6€
JOAN AS POLICE WOMAN Bruxelles, Botanique, 19h30, 26,50>20,50€
MER 09.03
BÄRLIN Lille, mF Wazemmes, 20h, 5>3€ CLARA LUCIANI Bruxelles, Forest National, 20h, 55>36€
VEN 11.03
ANIKA Lille, L’Aéronef, 20h, 19 > 11€ POUPIE +ACHILE + KALIKA Oignies, Le Métaphone, 20h30, 16/13€
SAM 12.03
FATOUMATA DIAWARA Anvers, De Roma, 20h, 29/27€ GRÉGOIRE Hem, Le Zéphyr, 20h, 36€ ANIMAL TRISTE + YOU SAID STRANGE Béthune, Le Poche, 20h30, 12/10€
IBRAHIM MAALOUF Lille, Théâtre du Casino Barrière, 18h, 58>49€ MAR 15.03
THE APARTMENTS Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14 > 10€ LYNDA LEMAY Roubaix, Le Colisée, 20h30, 49>15€
MER 16.03
STEPHAN EICHER Mons, Théâtre Royal, 20h, 50>35€ POÈMES : ALEXANDRE BLOCH, NEMANJA RADULOVIĆ, ONL Lille, Le Grand Sud, 20h, 33 > 27€
JEU 17.03
ASAF AVIDAN & BAND Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 40/39€ BERNARD LAVILLIERS Roubaix, Le Colisée, 20h30, 58>15€ ERIK TRUFFAZ QUARTET Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 29>11€
VEN 18.03
CARIBOU Lille, L'Aéronef, 20h, 28>20€
SAM 19.03
ROMAIN WATSON Hem, Zéphyr, 17h, gratuit YSEULT + FILS CARA Oignies, Le Métaphone, 20h30, 17/14€
DIM 20.03
JULIEN DORE Bruxelles, Forest National, 20h, 69>37€
LUN 21.03
ASAF AVIDAN Lille, Le Zénith, 20h, 63>41€ BENABAR Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 49,10>36,30€ THE TOASTERS Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10€
MAR 22.03
BONNIE TYLER Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 71/66€ BENABAR Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 49,10>36,30€
ONL : VIOLON NEMANJA RADULOVIĆ / DIR.A.BLOCH Dunkerque, Le Bateau-Feu, 20h, 15€
MER 23.03
BRNS Anvers, Trix, 19h30, 16>12,50€ KEREN ANN La Louvière, Le Théâtre, 20h, 25/22€ LOW ROAR Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14 > 10€ POÈMES : ALEXANDRE BLOCH, NEMANJA RADULOVIĆ, ONL Lille, Le Grand Sud, 20h, 33 > 27€
JEU 24.03
TÊTES RAIDES Bruxelles, AB, 19h, 34/33€ 47 TER Lille, Le Zénith, 20h, 42>35,50€ FEU ! CHATTERTON Mons, Théâtre Le Manège, 20h, 30>21€
RUFUS WAINWRIGHT Anvers, De Roma, 20h, 36/34€ ASIAN DUB FOUNDATION Boulogne-sur-Mer, Carré-Sam, 20h30, 10>6€
VEN 25.03
AMADOU & MARIAM & BLIND BOYS OF ALABAMA Bruges, Stadsschouwburg, 20h, 38>13€
GRUFF RHYS + THE BREAKFAST CLUB Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 13/10€
Orelsan © Alice Moitié
YUMI ZOUMA Bruxelles, Botanique, 19h30, 10/7€ JONI ÎLE SEULE TOURBE Carvin, Salle d’honneur de la mairie, 20h30, gratuit
SAM 26.03
TIM DUP Woluwe St-Pierre, W:Halll, 20h30, 25/22€
DIM 27.03
ORELSAN Lille, Le Zénith, 20h, 65>50€
LUN 28.03
CATE LE BON + MEGA BOG Lille, L'Aéronef, 20h, 10>5€ MIOSSEC Bruxelles, La Madeleine , 20h, 30,20€ ROBERT GLASPER Anvers, De Roma, 20h, 28/26€ LES SIÈCLES (FX. ROTH, ISABELLE FAUST) 100% STRAVINSKY Arras, Casino, 20h30, 35>15€
MAR 29.03
ZWANGERE GUY Bruxelles, AB, 19h, 26/25€ DINOS Lille, L'Aéronef, 20h, 26/21€ JO WEDIN & JEAN FELZINE + WEEKEND AFFAIR Houplin-Ancoisne, Salle des fêtes, 20h, gratuit KEREN ANN Jeumont, Gare numérique, 20h, 9/4€
NNEKA Anvers, De Roma, 20h, 26/24€ RAG'N'BONE MAN Bruxelles, Forest National, 20h, 39,09€ MER 30.03
BEN MAZUÉ Lille, Le Zénith, 20h, 60>30€ DEBOUT SUR LE ZINC Lille, L'Aéronef, 20h, 26>19€ EMILY JANE WHITE RICHARD ALLEN Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 14>10€ NILÜFER YANYA - LÉA SEN Bruxelles, Botanique, 19h30, 21,50>15,50€
VEN 01.04
MAGENTA Lille, L'Aéronef, 20h, 22>14€ PONGO + UZI FREYJA Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 15/12€ SEA GIRLS Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 15€ UMBERTO TOZZI Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 55>35€ CHAPELIER FOU ENSEMB7E Arras, Théâtre d'Arras, 20h30, 22>5€ DOMBRANCE + CHAMBERLAIN + SYLVAIN GROUD Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h30, 12 > 8€ JOHN TALABOT + PALMBOMEN II (LIVE) + ARNO LEMONS + MISS SCHWARZKOPF Anvers, Trix, 22h, 20>14€ FLASHFORWARD: ACID ARAB Charleroi, Rockerill, 22h, 15/12€
SAM 02.04
MÉLISSA LAVEAUX Bruxelles, Atelier 210, 19h30, 18>15€
VENDREDI-SUR-MER Lille, Le Splendid, 20h, 28€ KID FRANCESCOLI + REQUIN CHAGRIN Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18/15€ KYLE EASTWOOD - JAZZ EN NORD Saint-Amand-les-Eaux, Théâtre des Sources, 20h30, 18>8€
LUN 04.04
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul
Topical Dancer (Deewee / Because)
Charlotte Adigéry précède le conseil de défense sanitaire pour décréter la sortie de crise. Eh oui, son premier album est enfin prêt, trois ans après Zandoli et ses cinq titres électroniques très prometteurs, garantis sans excès de BPM. C’est évidemment dans les studios Deewee que Charlotte et son beatmaker (et partenaire de scène) Bolis Pupul ont couvé ce long format. Topical Dancer bénéficie ainsi de la meilleure patte du royaume (voire d’Europe) en matière de rondeur de production et de justesse des arrangements. À distance respectable de l’eurodance, en plongée douce vers la house chantée d’Ultra Naté ou de Jomanda, cet album est de plus parsemé de touches d’humour et d’authenticité (le featuring de Christiane Adigéry, les paroles de Ceci n’est pas un cliché !) culminant avec l’extraordinaire titre HAHA. Pour clore cet exercice de spontanéité jubilatoire, Adigéry et Pupul adressent un final Thank You mordant d'ironie à tous ceux qui se sont sentis obligés de juger leur musique au début, et achèvent de nous contaminer par leur euphorie. Que vienne donc cette épidémie. Mathieu Dauchy
Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
Hymne au soleil (Heavenly Sweetness) Bien qu’ex-membre de Poni Hoax, le nom de Laurent Bardainne n’est pas forcément connu des amateurs de rock indépendant. Et pour cause : c’est en jazzman ouvert aux quatre vents que ce brillant saxophoniste officie désormais, au sein de la formation Tigre d’Eau Douce – ce nom ! Deux ans après un Love is Everywhere écouté en boucle durant le confinement, paraît cet Hymne au soleil renversant. Ouvert par l’un des plus beaux singles de l’année (le simplement nommé Oh Yeah, rehaussé de chœurs féminins façon Leonard Cohen, mais un Cohen enjoué), ce disque navigue entre soul, jazz, musiques africaines et latines. Cela ne ressemble à rien de particulier, sinon à une certaine idée du plaisir – et ce
Alex Cameron Onyx Music
(Secretly Canadian / Modulor) Alex Cameron a toujours signé des pop songs étranges, jouant avec le bon et le mauvais goût, s’imposant comme un petit cousin d’Ariel Pink – dont il reprit d’ailleurs Picture Me Gone. Ce quatrième album, accrocheur et "cheesy", ne déroge pas à la règle. On songe parfois aux Strokes, ailleurs à Phoenix, plus loin à Bruce Springsteen. Derrière l’apparente légèreté d’une pop taillée pour le cruising le long d’un coucher de soleil californien, Onyx Music raconte la descente aux enfers d’un addict aux opiacés – en témoigne K Hole, à la fois soft-rock détendu et évocation d’une prise de kétamine… Alors, excepté la présence, en fin de parcours, de Jason Williamson (Sleaford Mods) pour un p’tit numéro bien rôdé de gouailleur anglais, voici un fabuleux disque printanier… qui durera plus d’une saison. Thibaut Allemand
Mitski Laurel Hell
(Dead Oceans/ Modulor) Avec son précédent disque, Be the Cowboy, Mitski a opéré un tournant, passant de figure de l’indie rock à artiste pop multifacettes. Une voie qu’elle continue d’explorer dans Laurel Hell. Les premières notes de synthétiseur de Valentine Texas, graves et solennelles, contrastent avec la suite de l’album, aux sonorités beaucoup plus optimistes. Stay Soft, par exemple, est une ballade electro-pop tout en légèreté. De même, The Only Heartbreaker pourrait être le tube d’une compilation synthwave, paroles déprimantes sur une rupture amoureuse en prime ! Malheureusement, la formule n'est pas toujours gagnante. Notamment Love Me More qui voit son premier couplet prometteur gâché par un refrain trop plat. Un morceau inégal, à l’image de cet album.
Hugo Guyon
Yumi Zouma
Present Tense (Polyvinyl Records) Une certaine idée de la légèreté. Depuis huit ans, ces NéoZélandais alignent les mignardises pop avec une régularité et un talent qui forcent le respect. Posée sur des basses fleurant bon une certaine idée des 80’s (avec A-ha en ligne de mire) l’alliance des voix de Christie Simpson et Josh Burgess est pour beaucoup dans le charme de l’ensemble. Il n’y a pas, c’est vrai, de tube aussi imparable que Catastrophe (assurément l’un des hits mineurs de l’an 2015), mais le quatuor s’en tire joliment, parvenant à jouer avec les codes d’une pop trentenaire (on y entend même du saxophone) en ne perdant ni sa fraîcheur, ni son ingénuité. Bref, un groupe dénué de cynisme, des innocents aux mains pleines de mélodies – aucune raison que l’on fasse la fine bouche. Thibaut Allemand