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Hugues Duchêne

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Annette Messager

Annette Messager

re & danse éât t h

© Simon Gosselin

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interview

Reality show

C'est une aventure aussi ambitieuse que jubilatoire. Depuis 2016, Hugues Duchêne et ses complices de la compagnie le Royal velours résument le premier quinquennat d'Emmanuel Macron sur scène… à raison d'une heure par année. Quelque part entre le théâtre documentaire et la comédie, Je m'en vais mais l'État demeure revisite avec un humour mordant les événements qui ont marqué l'actualité, depuis l’avènement d’En Marche ! jusqu'à l'accession au second tour de Marine Le Pen, en passant par la crise des gilets jaunes ou la gestion de la pandémie. À la veille de la présentation de l'intégralité de ce spectacle évolutif à Valenciennes, rencontre avec un metteur en scène disruptif.

© Simon Gosselin

Quand et comment cette pièce estelle née ?

En 2016, on avait débuté l'année persuadés qu'Alain Juppé serait le prochain président de la République, et qu'Hillary Clinton serait élue de l'autre côté de l'Atlantique, mais rien ne s'est passé comme prévu. Ça promettait pas mal de bouleversements, une recomposition du paysage politique. J'ai donc écrit une pièce d'une heure racontant l'année qui venait de s'écouler, soit cinq minutes par mois, pour retracer les faits les plus marquants : la démission d'Emmanuel Macron du ministère de l'Économie, le démantèlement de la "jungle" de Calais, l'élection de Trump...

Que s’est-il passé ?

Ça a très bien marché ! On m'a donc demandé la suite. Il fallait alors imaginer la production au long cours d'une pièce s'écrivant en permanence et qui, à la fin du quinquennat, durerait six heures, abordant chaque fois un thème différent (l'année parlementaire, l'année médiatique...) avec des personnages récurrents, comme une série théâtrale.

Six heures, c’est à la fois très long et très court...

Le zapping est assumé. J'essaie de faire en sorte que le public ne s'ennuie jamais, au risque de céder aux travers de l'époque comme la surinformation. •••

Pour autant, nous présentons tout cela avec beaucoup plus de distance et d'humour qu'une chaîne d'info en continu.

Prenez-vous en compte les derniers rebondissements de ce quinquennat ?

Oui, pour Valenciennes on écrit un passage évoquant le second tour. Les dernières scènes sont toujours très fraîches. Pour cette représentation on apprend nos textes durant les deux jours précédents ! Les cinq

« Une pièce conçue comme une série théâtrale. »

premiers épisodes sont une bonne piqûre de rappel, pour comprendre ce qui a changé et comment on est revenus au point initial, avec ce duel Macron-Le Pen (un peu décevant d'un point de vue narratif...).

Sinon, vous n'avez pas manqué de matière avec ce quinquennat, entre la pandémie, les gilets jaunes, la guerre en Ukraine…

C'est vrai, d'un point de vue très cynique, on a eu beaucoup de chance ! On aurait été bien plus embêtés s'il avait fallu livrer six heures de spectacle sur le quinquennat de François Hollande, assez plat mis à part les attentats ou l'affaire Leonarda.

Qu'en est-il de la mise en scène ? C'est vraiment du théâtre d'acteur. À part un écran en fond de scène, sur

© Simon Gosselin

lequel sont projetées mes photos et des vidéos, puis quelques chaises, le plateau est nu. Il y a aussi une batterie et un piano. On interprète quelques reprises, par exemple de Juliette Armanet, des chansons en rapport avec l'année évoquée.

Vous parlez aussi beaucoup de vous, n'est-ce pas ?

Oui, j'entremêle ma petite vie et celle du pays. Dès le premier épisode, une actrice joue le rôle de ma sœur m'annonçant qu'elle est enceinte. L'enfant grandit au fil du spectacle, qui lui est adressé. Mon neveu aura cinq ans en août 2022 et ne se souviendra pas de ces années-là. C’est donc comme si on lui disait : "voilà comment ça s'est passé, et comment on en est arrivé là"…

Propos recueillis par Julien Damien Valenciennes, 14.05, Le Phénix, 14h, 25 > 10€ www.lephenix.fr (festival iTAK, voir page 90) À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

J'AI ÉTÉ ÉDUQUÉ DE MANIÈRE AUTORITAIRE ET FRANCOPHILE

Belgium Remix - LABO Marni mars 2021 © Cloe Brockmann

Lignes de fracture

C'est un petit pays traversé de grandes contradictions. Une nation composée de frontières intérieures invisibles, où l'on parle plusieurs langues, et parfois même en anglais pour s'entendre… Dans cette pièce, Laurent Plumhans regarde la Belgique pour mieux ausculter nos fractures intérieures, et celles du monde.

Raconter la grande histoire à travers la petite. Telle est l'ambition de Laurent Plumhans. Dans C'est quand la délivrance ?, l'auteur et metteur en scène observait l'impact du chômage de masse sur le quotidien des jeunes générations. Pour sa nouvelle pièce, il s'intéresse cette fois à « la situation explosive contemporaine du monde », entre crises migratoires, environnementales et politiques, et prend pour point d'ancrage la situation de son pays, la Belgique, écartelée entre deux cultures pas franchement enclines au rapprochement. « C'est d'autant plus cocasse et paradoxal que Bruxelles est la capitale de l’Europe » précise-t-il. Sur scène, nous suivons ainsi la vie d'un couple "mixte" : elle est francophone, lui néerlandophone, avec ce que cela suppose d'incompréhensions. Le spectacle, écrit en plusieurs langues, est entrecoupé « de moments de conférence », convoquant quelques apôtres du "vivre ensemble", comme Thomas Piketty ou Cynthia Fleury. Et s'apprécie comme une allégorie de la fracture, à plusieurs échelles, de l'individu à l'Europe voire à celle de la planète. Tout un monde qui, à l'image de la patrie de Magritte, « pourrait être d’une grande richesse » mais demeure un « incompréhensible chaos… ». Julien Damien

LES FLANDROYANTES

Le sens de la fête

Comme une envie de convoquer la devise belge (l'union fait la force) face au joli projet des Flandroyantes. Pourtant, c’est bien du côté français de la frontière que s’épanouit ce festival pluridisciplinaire, mis sur pied par le Vivat d’Armentières et le Bateau Feu de Dunkerque. Cette deuxième édition pose ses valises à Bollezeele et Esquelbecq, pour un week-end artistique célébrant la danse et le cirque. Réjouissant !

Six mois à peine après leur baptême du feu, revoilà les Flandroyantes. Déjà ? « En octobre, nous avons misé sur un programme polymorphe et très riche, avec des spectacles dans des collèges, des maisons de quartier, une escale à Malo-les-Bains…, rappelle Ludovic Rogeau, le directeur du Bateau Feu. Le bilan que nous en avons tiré était à la fois enthousiaste et critique : l’éclatement ne favorise pas l’engouement », reconnaît-il. Pour ce deuxième volet, les équipes ont donc recentré le festival sur un lieu, qui restait à définir. Et c'est le village de Bollezeele, à 20 km au sud de Dunkerque, qui a emporté la timbale, avec une escale à Esquelbecq. « On souhaite changer d’endroit chaque année, et impliquer nos voisins belges », suivant l’esprit de partage qui anime la manifestation.

Tous en selle

Durant trois jours, les voltigeurs-musiciens du collectif Cheptel Aleïkoum et de Circa Tsuïca nous accueillent à bras ouverts sous leur chapiteau. Entre fanfare et vélo-acrobatique, leur spectacle, le bien nommé (V)îvre, nous emmène dans une ville imaginaire à travers une succession de scènes poétiques et burlesques. Le samedi soir, l’Orchestre Grand'Mix donne à la Grand place de Bollezeele des allures de dancefloor à ciel ouvert. Balades, marché de producteurs et autres "impromptus" complètent le tableau d'un week-end… flandroyant. Marine Durand

Bollezeele et Esquelbecq, 13 & 15.05, divers lieux, 1 spectacle : 10 € > gratuit www.levivat.net / www.lebateaufeu.com Sélection / 13 > 15.05 : Collectif Cheptel Aleïkoum et fanfare-cirque Circa Tsuïca - (V)îvre 14.05 : Cie Circonvolution et Crac de Lomme - Hypo, glisse & Mi / Crac de Lomme et Cie Afuma du Togo - Les Acrobates du ciel… // 15.05 : Crac de Lomme - Cirque en folie, Marché de producteurs locaux, Balades nature

LA CONSTELLATION IMAGINAIRE

Sur la route des arts

© Fleas Picture Capuche

Un festival itinérant qui, chaque jour, fait halte dans une nouvelle commune ? Un rendez-vous qui invite les arts des mots et du cirque à se déployer dans l’espace public ? Ne cherchez plus, la Constellation imaginaire rayonne dans les rues, parcs et jardins du bassin minier avec un programme empli de poésie et de surprises.

On embarque dans le petit village d'Houchin, où la compagnie de cirque contemporain Jusqu’ici tout va bien imagine les sentiments de celui qui se dandine sous le corps en mousse d’une mascotte. À peine le temps de profiter de l’initiation offerte par Cirqu’en cavale, que l’attelage repart direction Calonne-Ricouart. Entre buvette et représentation de batucada, on ne manque pas le drôle de vêtement mouvant de Capuche (Cie Luz), un solo mixant cirque, danse et marionnettes pour sonder notre besoin de se soustraire au regard des autres. Prochain arrêt ? Haisnes, où les deux équilibristes de La Mondiale générale s’installent sur un poteau et entament un dialogue intimiste et murmuré. Le terminus en forme de bouquet final est annoncé à la Cité des Provinces de Lens, avec deux jours d’animation sans contrôle des billets. Là, Seb et Blanca, duo de danseurs-acrobates, se jouent des différences culturelles entre Mexique et Etats-Unis en s’inspirant d’un style de catch aztèque, la "Lucha Libre ". Une belle façon de renvoyer tous les clichés dans les cordes. Marine Durand

Houchin, Calonne-Ricouart, Haisnes et Lens, 31.05 > 04.06, divers lieux, gratuit, www.culturecommune.fr Sélection / 31.05 > 04.06 : Cie Jusqu’ici tout va bien – Mascotte // 31.05 > 03.06 : Cie La Mondiale générale - Rapprochons-nous // 01.06 : Cie LuZ – Capuche // 04.06 : Seb et Blanca – Borderless…

GUERRIÈRES !

Dames de pique

© Stephen Vincke Un coup de poing…

Marche salope !, Ruuptuur, Un coup de poing dans la gueule vaut mieux qu’un long discours… Les titres des spectacles affichent la couleur : c’est aussi dans les arts vivants que se joue le combat contre le « patriarcat ronflant » et pour les droits des femmes. Un vent de révolution souffle sur les planches de ce jeune festival. En témoigne Viril, sélection de textes signés de grandes pourfendeuses du sexisme et incarnés ici par Virginie Despentes, Béatrice Dalle et la rappeuse Casey - qui savent frapper là où ça fait mal… Toutefois, ce rendez-vous dépasse la seule pensée féministe pour dénoncer les oppressions étouffant notre société. Exposés au Manège, les portraits de l'"artiviste" Nora Noor magnifient la beauté et le courage de personnes queer et racisées. De leur côté, Céline Estenne et Jean-Baptiste Polge, « peau blanche, bonnes écoles, dents bien alignées », interrogent leurs privilèges sur scène, pour mieux souligner les injustices dont souffrent les minorités. Guerrières ! suggère enfin de passer à l’action via une série d’ateliers, pour aborder « l’autodéfense » ou la façon d’être « un.e bon.ne allié.e ». Le changement c'est maintenant ! Marine Durand

Mons, 09 > 14.05, divers lieux, 20€ > gratuit, www.surmars.be Sélection / 10.05 : David Bobée - Viril // 10 & 12.05 : Céline Estenne & Jean-Baptiste Polge - Un coup de poing dans la gueule vaut mieux qu’un long discours // 10 > 14.05 : Exposition de Nora Noor Queernass // 11.05 : Cie de La Bête noire - Les Yeux noirs // 11 & 12.05 : Céline Chariot - Marche salope ! // 12.05 : Mercedes Dassy - Ruuptuur // 12 & 13.05 : Cie Canicule - Métagore Majeure, Amandine Laval - Domenica // 14.05 : Camille Husson - Let’s talk about sex

MISTER TAMBOURINE MAN

L'un est acteur, l'autre circassien. Les deux sont assurément poètes. Les voici réunis dans un spectacle empruntant à un hymne du "clochard céleste" Bob Dylan. Concrètement, nous voici à Hamelin, bar désertique tenu à bout de bras par un garçon de café pas franchement causant, soit l'immense clown et jongleur Nikolaus Holz. Surgit soudain Denis Lavant, dans la peau de l'homme-orchestre lassé par l'humanité et son métier. Ces deux-là vont peu à peu s'apprivoiser, et refaire le monde à leur sauce. La verve de l'un répond aux pirouettes de l'autre, entre tables et chaises renversées, lors d'un numéro de déséquilibre mené tambourbattant, évidemment. J.D.

Lille, 11 & 12.05, Le Prato, 20h, 15> 5€, leprato.fr © Michel Cavalca

LE IENCH

Un chien. C'est ce dont rêve Drissa, 11 ans. Ce garçon d'origine malienne a grandi dans une HLM, avant que sa famille s'installe dans un pavillon, comme celui des blancs. Ne manque plus qu'un "iench" pour compléter le tableau, soit le symbole de l'intégration. Un soir il croise des policiers, et disparaît… Dans une mise en scène très cinématographique, au rythme du plateau tournant, Eva Doumbia signe une allégorie sensible du rejet des minorités. J.D.

RÉMI

Sans famille racontait l'histoire d'un petit garçon rejeté par son père adoptif et confié à un bonimenteur qui l’initiera à l’art du spectacle. Jonathan Capdevielle transpose ce classique de la littérature jeunesse (signé Hector Malot en 1878) à notre époque, mais ne sacrifie en rien l'essence du récit : un voyage initiatique et artistique. Le Tarbais met en scène un Rémi devenu pop-star et sortant son album (Sans famille). Notre héros croisera ici des personnages incarnés par des acteurs masqués ou de grandes marionnettes… et poursuit même son histoire chez le spectateur, grâce à une fiction audio distribuée au terme de la représentation. J.D.

Douai, 17 & 18.05, Hippodrome, 19h, 22 > 5€, www.tandem-arrasdouai.eu Béthune, 15 > 18.06, La Comédie (Le Palace), mer : 19h • jeu : 14h30 • ven : 14h30 & 19h sam : 18h30, 20 > 6€, www.comediedebethune.org © Marc Domage

LA CHANSON (REBOOT)

Tiphaine Raffier a grandi à Val d'Europe, ville édifiée dans les années 1990 à la lisière de Disneyland Paris. C'est dans cette cité nouvelle, bâtie sur l'imitation et la copie, qu'elle met en scène un trio d'amies un peu paumées. Celles-ci répètent le morceau S.O.S. pour un concours de sosies d’ABBA. Mais un jour, l’une d’elles décide d’écrire sa propre chanson, s’émancipant de ce simulacre d’existence grâce à l’art, en quête de vérité et de liberté. J.D.

© DR

(J. Dell et G. Sibleyras / M. Willequet) Claire et Bruno sont ensemble depuis 12 ans. Au cours d'une journée à la campagne, ils vont prétendre à leurs proches qu'ils se séparent. Drôle ? Peut-être, mais ils n’imaginent pas à quel point ce petit jeu sera lourd de conséquences… Composée par Jean Dell et Gérald Sibleyras, cette comédie aux cinq Molières (en 2003) s’est imposée comme une valeur sûre du théâtre moderne, et n’a pas pris une ride. En témoigne cette adaptation de Martine Willequet, parfaitement à l’aise dans ce genre de répertoire.

Bruxelles, jusqu'au > 22.05, Théâtre royal des Galeries 20h15 (matinée : 15h), 26 > 10€, trg.be

To Tube or not To Tube

(Bernadette Gruson / Cie Zaoum) Un(e) adolescent(e) sur deux aurait déjà vu des images pornographiques avant 14 ans, et l’âge moyen de la découverte de ces contenus serait de… 9 ans. Que faire ? En parler, simplement. C’est tout l’objet de la nouvelle pièce de Bernadette Gruson, qui met en scène un groupe de collégiens. Lors d’une sortie au Louvre-Lens, la nudité des statues antiques offre l’occasion de (joyeusement) causer sexe, de dézinguer les tabous et de porter un regard intelligent sur le corps et le désir.

Lille, 03.05, maison Folie Wazemmes, 20h 10/6€, maisonsfolie.lille.fr Hénin-Beaumont, 12.05, L'Escapade, 20h gratuit, www.escapadetheatre.fr

Sentinelles

(Jean-François Sivadier) Voici trois amis inséparables, tous pianistes virtuoses. Ils passent trois ans ensemble dans une prestigieuse école de musique. Aussi différents que complémentaires, ils s’admirent, s’épaulent, avant de se présenter à un concours international à l’issue duquel ils ne se verront jamais plus. Pourquoi ? Mystère… Inspiré par le roman de Thomas Bernhard, Le Naufragé, J.-F. Sivadier signe une fresque intimiste, dessinant en filigrane le rapport que chacun entretient à l’art.

Amiens, 04 & 05.05, Maison de la Culture, mer : 20h30 • jeu : 19h30, 20 > 8€ Béthune, 11 > 13.05, La Comédie, 20h, 20 > 6€ www.comediedebethune.org

Nyx (Fabrice Melquiot / Théâtre du Centaure) Depuis près de 30 ans, le Théâtre du Centaure vit en symbiose avec les chevaux, à la ville comme à la scène. Pour cette nouvelle création, Camille est portée par Sombre, son étalon frison, et se mue en Nyx, la déesse de la nuit. Armée d'une grande lance blanche, cette amazone erre dans un Paris nocturne et sauvage, sous la neige et dans la brume, tandis qu'une voix off nous raconte son histoire. Celle d'un combat allégorique contre elle-même et pour la liberté des femmes.

(Shakespeare / Benjamin Britten / Laurent Pelly) Une forêt mystérieuse peuplée de fées, des amoureux ensorcelés, des elfes facétieux et autres sortilèges… cet opéra en trois actes signé Benjamin Britten en 1960, et adapté de la pièce de Shakespeare, marie romantisme et conte fantastique avec maestria. Et qui mieux que Laurent Pelly pour lui rendre grâce ? Après Le Roi Carotte, en 2018, le metteur en scène fait une nouvelle fois parler sa science de la fantasmagorie, entre ballets lumineux, jeux de reflets et joutes aériennes.

Lille, 06 > 22.05, Opéra, 20h (sauf dim : 16h), 72 > 5€, www.opera-lille.fr

Booder is Back

« Les mecs bourrés me prennent pour un pélican, les bébés pour de la pâte à modeler ». Passé maître dans l'art de l'autodérision, Booder est plus en forme que jamais. Dans son nouveau one-man-show, et au sein d'un décor reproduisant sa chambre d'enfant, l'homme au débit mitraillette s'amuse de son physique, nous raconte son père « crevard » ou les aléas de la technologie - comme la reconnaissance faciale de son smartphone qui « bugue »... allez savoir pourquoi. Surtout, il réussit l'exploit d'être aussi drôle que touchant.

Hem, 08.05, Le Zéphyr 18h, 30€, www.zephyrhem.fr

Reporters de guerre

(Sébastien Foucault) Que peut le théâtre face à l’horreur de la guerre ? Raconter, pour ne pas oublier. Complice de Milo Rau, le Belge Sébastien Foucault met en scène des acteurs et des témoins du siège de Sarajevo, des massacres de Srebrenica et de Tuzla. Les journalistes Françoise Wallemacq et Vedrana Božinović, Nikša Kušelj (survivant devenu cinéaste) ou Michel Villée (ex-attaché de presse à MSF-Belgique) convoquent leurs souvenirs sur scène, d’autant plus sensibles à l'heure du conflit en Ukraine…

Bruxelles, 10 > 15.05, Théâtre les Tanneurs mar, jeu, ven & sam : 20h30 • mer : 19h15 dim : 15h, 16/10 €, www.lestanneurs.be

Almataha

(Brahim Bouchelaghem & Denis Bonnetier) Figure du hip-hop, Brahim Bouchelaghem a toujours aimé les pas de côté. Pour cette pièce destinée au jeune public, le chorégraphe roubaisien s'associe au marionnettiste Denis Bonnetier, de la compagnie valenciennoise Zapoï. Entre danse et théâtre d'objets, cette pièce revisite le mythe du Minotaure. Sur la musique d'Usmar, trois danseurs-manipulateurs content le voyage initiatique de Shorty, qui apprendra à bouger seul pour trouver son propre chemin vers la liberté.

Arques, 11.05, La Barcarolle, 18h, 5€, www.labarcarolle.org Valenciennes, 17 & 18.05, Le Phénix mar : 19h • mer : 15h & 19h, 15 > 6€, www.lephenix.fr

© Simon Gosselin

(Duncan Macmillan / Théâtre du Prisme) Le Théâtre du Prisme s'est fait une spécialité de dénicher des textes contemporains étrangers. En l'occurrence, la compagnie nordiste nous révèle Toutes les choses géniales, de l’Anglais Duncan Macmillan. Au milieu du public, disposé en cercle autour de lui, un homme nous raconte le suicide d'un être cher. À la façon d'un stand-upper, il dresse la liste de "toutes les choses géniales" qui existent dans le monde, des glaces aux batailles d'eau. Où comment parler de la mort avec une humanité vivifiante.

Villeneuve d'Ascq, 17 > 25.05, La Ferme d'en Haut mar & mer : 20h • lun, jeu & sam : 19h • dim : 16h, 21 > 6€, larose.fr

Les Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce

(Édouard Baer) Élucubration : production déraisonnable, extravagante. La définition sied plutôt bien à Édouard Baer. Dans son nouveau spectacle, ce funambule de la tchatche se glisse dans la peau d’un comédien en cavale, quittant le théâtre où il jouait pour se retrouver dans… le nôtre. Que fuit-il ? Son métier ? La notoriété ? Lui-même peut-être… En incarnant un homme en proie au doute, c’est notre condition qu’il interroge. Que signifie réussir sa vie ? Sommes-nous à la bonne place ? Dans cette salle, avec lui, on n’en doute pas.

Bruxelles, 19.05, Cirque royal, 20h, 60 > 35€ cirque-royal-bruxelles.be // Roubaix, 20.05 Le Colisée, complet !, www.coliseeroubaix.com

Prise directe

(Théâtre du Prisme) Tous les deux ans, ce festival itinérant se déploie dans la métropole lilloise pour proposer des lectures théâtralisées de textes en prise directe avec notre époque. Organisée dans le cadre d'Utopia (voir page 64) cette édition s'annonce singulière. Pour cause, les spectacles se jouent au grand air, dans la nature. D'excursions littéraires en promenades poétiques, on vogue notamment dans les hortillonnages d'Amiens en compagnie, entre autres, du collectif On a slamé sur la Lune. Une grande bouffée d'art.

Lille, Roncq, Amiens, Seclin, Villeneuve

d'Ascq, Seclin, 21.05 > 19.06, divers lieux gratuit (sauf hortillonnages d'Amiens : 10/7€) www.prisedirecte-festival.fr

Jérôme Commandeur

Contrairement à ce qu'annonce le titre de son nouveau spectacle, Jérôme Commandeur n'est pas du genre à faire les choses "toujours en douceur". "Caustique" ou "vachard" seraient des termes plus appropriés à son humour. Tant mieux ! Ici, notre homme s'en prend à peu près à tout, avec une égale mauvaise foi, qu'il évoque ses rondeurs ou le régime de Kim Jong-un : « Les Nord-Coréens ont un avis mais n’ont pas le droit de le donner... alors que nous on n’en a pas et on le donne tout le temps ». Bien vu.

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