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CHRONIQUES

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Hugues Duchêne

Hugues Duchêne

Toro y Moi Mahal

(Dead Oceans)

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Le producteur préféré des designers graphiques ajoute un pixel (le septième en douze ans) à son œuvre. Pour filer la métaphore, la trajectoire de Chaz Bear est celle d’un orfèvre de la palette numérique qui découvre les arts plastiques et finit par troquer son trackpad contre des pigments et des pinceaux. Paresseusement étiquetée "chillwave" à ses débuts, la pop électronique du Californien trouve dans ce Mahal sa pleine expression. Ses compositions retrouvent le relief aperçu sur Outer Peace en 2019, avec le titre Ordinary Pleasure en guise de sommet. C’est désormais au sein de l’écurie Dead Oceans, soit l’open space de Khruangbin, Kevin Morby, Phosphorescent et Shame que l’on retrouve Toro y Moi. À 35 ans, Chazwick n’est plus un geek, et ne se contente plus d’empiler des pistes avec un logiciel. Largement marqué par le psychédélisme, qu’il soit rock (The Medium), funk (Millennium), jazz (Last Year) ou carrément Beatles (Déjà Vu), Mahal étourdit. Cette profusion d’ambiances n’est pas l'œuvre de l’architecte hésitant mais bien celle d’un homme maîtrisant son spectre sonore, qui s’élargit tout en s’affirmant. De la très haute définition. Mathieu Dauchy

Spiritualized Everything Was Beautiful

(Bella Union / PIAS) Il aura marqué les 80’s avec Spacemen3 et les 90’s avec l’un des chefs-d’œuvre de 1997, le fameux Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space, gigantesque somme de soul narcotique. Près de trente ans plus tard, Jason Pierce porte beau et n’a rien perdu de son talent. Présenté, à l’image du précité Ladies…, sous des allures de boîte de médicaments, ce huitième LP marie encore chœurs féminins soul et chant hautain et fatigué, quand guitares, batterie et synthés organisent la noce entre les Stooges, le Velvet et Hawkwind. Comme les précédents, ce disque s’écoute extrêmement fort, afin d’en saisir les reliefs, les creux et les saillies d’une matière sonore sculptée avec un soin maniaque. La meilleure prescription médi-

!!! Let It Be Blue

(Warp / Boogie Drugstore) On aime bien !!! (qu'on prononcera "Chk Chk Chk"). Mais, un peu snob sur les bords, on s’est toujours plu à rajouter, depuis 20 ans : « enfin, le premier EP, surtout ». Mauvaise nouvelle, on ne pourra plus le dire. Car, si au fil de leurs huit albums, les Californiens avaient su se réinventer et conserver une certaine, hum, élégance (et en short lycra, vous essaierez !), jamais la bande de Nic Offer n’avait convaincu et séduit à ce point. Ouvert par un morceau acoustique et déroutant, Let It Be Blue se débat entre bangers hard-house, electrofunk, synth punk 80's, des clins d'œil à Suicide, une reprise de REM et même de potentiels tubes radiophoniques ! Bref, indatable et singulier, ce disque pourrait envoûter pas mal de nouveaux tympans. T. A.

Father John Misty Chloë and the Next 20th Century

(Bella Union / PIAS) Longtemps, on s’est tenu à l’écart. À cause du passé (les Fleet Foxes, bâillements) et d’un pseudonyme étouffe-chrétien. Oublions le Father, c’est Misty qui compte : brumeux. Un écran de fumée. À la manière d’une Lana Del Rey, avec laquelle il a collaboré, FJM joue avec les artifices, mêlant musique et cinéma. Surpassant la rétromania de ces 25 dernières années, l’Américain remonte aux années 1930 dès l’ouverture, digne d’un big band à la Tommy Dorsey. Ailleurs, Funny Girl évoque Chet Baker ou le jeune Sinatra, quand la bossa Olvidado (Otro Momento) est entonnée en espagnol… et non en portugais. Comme pour insister sur l’aspect fake de l’affaire. Faux, mais pas dénué d’émotion ni de savoir-faire. Father John Misty nous enfume ? On s’en remplit les poumons. T. A.

Belle and Sebastian A Bit of Previous

(Matador / Beggars) Un dixième album comme un bilan après pas loin de 30 ans de carrière. Pas mal, pour ce qui avait commencé comme un projet de fin d’études dans lequel les intéressés, timides et complexés, avaient jeté leurs dernières forces sans oser y croire. Sans tourner le dos au passé (Young and Stupid et Do It for Your Country renvoyant à la simplicité des précieux premiers EP) les Écossais poursuivent leur chemin, entre blue-eyed soul (Come on Home) et pop volontiers synthétique (A World Without You, Prophets on Hold…). On peut regretter, évidemment, la fragilité des débuts, ces mélodies célestes jouées de façon un peu gauche. On peut aussi attendre la suite, la curiosité piquée par un morceau comme l’étrange valse country Deathbed of

Théo Lessour Berlin Sampler

(Le Mot et le Reste) Initialement parue en 2009 chez la petite, précieuse et hélas disparue maison Ollendorff et Desseins, Berlin Sampler est une somme (ici augmentée) retraçant plus d’un siècle de musique à Berlin, de 1904 à nos jours. Kolossal, d’autant que l’auteur n’élude rien : Schönberg, Weill et Brecht, Dietrich, Bowie, Ash Ra Tempel, Einstürzende Neubauten, Brian Eno, Nick Cave, le Berghain… Un vrai catalogue ? Non, et c’est là tout l’intérêt. Divisé en quatre parties, l’essai présente d’abord l’ErnsteMusik (les musiques classique et contemporaine). Puis s'intéresse à l’Unterhaltungsmusik – en gros, la pop au sens large, de la chanson allemande traditionnelle à la pop "à l’américaine", du cabaret au jazz. Suit l’A-Musik, pour les créations bruitistes, sonores, plutôt que mélodiques. Et enfin, last but not least, la techno, évidemment. L’auteur se penche généreusement sur chaque œuvre et, à l'opposé d'un bête commentaire factuel et sans vie, offre un point de vue personnel, éclairé et étayé, s’appuyant sur le contexte politique, culturel, économique et social. On peut, dès lors, le butiner au hasard, ou le lire d’une traite, comme une véritable histoire. Genau ! 384 p., 25€. Thibaut Allemand

Justin Fenton La Ville nous appartient

(Sonatine éditions) Considérée comme un modèle par la hiérarchie policière qui saluait son impressionnant rendement, la brigade spéciale menée par Wayne Jenkins s'adonnait en réalité à l'intimidation, au racket, au vol ou encore au recel de drogues. Journaliste au Baltimore Sun, Justin Fenton raconte cette histoire sidérante avec une précision et une limpidité remarquables. Ce qu'il dépeint n'est pas seulement la déroute morale de quelques hommes. C'est le résultat, extrême, d'une politique du chiffre et d'une organisation sociale qui criminalise volontiers la partie noire de la population. S'il fallait une preuve de la qualité de cette enquête au long cours, on indiquera qu'elle vient d'être adaptée en minisérie par le grand David Simon (The Wire,...). 416 p., 22€. Raphaël Nieuwjaer

(H&O éditions) Diffusée entre 1989 et 1998, la sitcom Seinfeld a largement contribué à populariser le stand-up. À la fin de chaque épisode, Jerry se retrouvait sur scène pour un petit numéro. Au fil des 180 épisodes, sa voix et son rythme sont devenus si familiers qu'on croirait encore l'entendre en lisant ce recueil rassemblant l'essentiel des histoires qu'il a écrites entre les années 1970 et aujourd'hui. S'il n'est peut-être pas le plus féroce ou audacieux des comedians, Jerry Seinfeld a un génie évident pour triturer le quotidien. Qui d'autre pourrait faire rire avec le dernier morceau de savon ou le destin d'une éponge utilisée au-delà du raisonnable ? Complété par quelques notes autobiographiques, ce livre est des plus réjouissants. 448 p., 23€.

Raphaël Nieuwjaer

Mathieu Bermann Un Début dans la vie

(P.O.L) Empruntant son titre à Honoré de Balzac, Mathieu Bermann poursuit ici dans la voie de l’autofiction. Le narrateur est ainsi un écrivain, invité à passer un week-end chez les parents d’un proche. Et le romancier s’y rend le cœur en branle, excité et anxieux à l’idée de rencontrer "Malo la terreur", dont on lui a dépeint un portrait peu reluisant. Malo, le neveu de son ami qui, à quatre ans et demi, n’a jamais connu de vraies règles, et ne comprend pas pourquoi sa maman vient de prendre la tangente... En contant l’émotion qui saisit son personnage face à cet enfant avide d’attention, en imaginant un autre destin pour cette famille dysfonctionnelle, l’auteur livre un texte où l’élégance de la plume rencontre la brutalité de la vie. 176 p., 18€.

Marine Durand

Lupano & Ohazar Vikings dans la brume. Tome 1

(Dargaud) On ne présente plus le scénariste prolixe Wilfrid Lupano, derrière la saga à succès Les Vieux Fourneaux mais aussi et surtout Un Océan d’amour ou, plus récemment, la brillantissime Bibliomule de Cordoue. Pour la première fois, il s’associe avec le dessinateur Ohazar, qui n’est autre que son jeune frère. Ici, le tandem renoue avec une tradition du neuvième art typique de Goscinny et Uderzo ou Karibou (Salade César) : découper l’Histoire en grandes tranches de rires. Dans des strips relativement courts (trois ou quatre cases) sont contées la vie d’un village viking et les mésaventures de leurs guerriers partis à l’assaut de… le savent-ils vraiment, au juste ? Certains gags font mouche, d’autres sont plus attendus, mais l’ensemble demeure de très bonne tenue. 64 p., 13€. T. Allemand

© 5A7 Films - Lotta Films

I COMETE

Temps de parole

Premier long métrage du Corse Pascal Tagnati, I Comete saisit les langueurs et les crispations rythmant la vie estivale d'un petit village à flanc de colline. Des familles, des amis se retrouvent, les générations se côtoient… Surtout, cette suite de saynètes suscite une interrogation : pourquoi n'y a-t-il pas davantage de films tournés sur l'Île de beauté ?

Caméra fixe, cadre large : la mise en scène ne dérogera guère à ces principes. Cela pourrait étouffer toute vitalité, c'est le contraire qui se produit. Car ce qui circule avant tout, c'est la parole. Longue introspection au bord du lit, joute violente sur la place publique, conversation graveleuse sur fond de fête... tous les registres y passent. Et les acteurs de se mêler aux habitants, sans que l'on sache toujours très bien qui est qui. Le plaisir du film naît d'abord de cette verve largement partagée. Mais bientôt on s'interroge sur ce qui lie ces fragments. Quelques figures se détachent (le fils adoptif d'un ancien maire tout-puissant, un ex-taulard en quête d'insertion ou un enfant du pays revenu après une déception amoureuse), sans que la mosaïque forme véritablement un tableau achevé.

Moment présent

Pascal Tagnati préfère en réalité les béances et l'opacité, laissant au spectateur le soin d'imaginer là une vieille querelle de pouvoir, ici un amour déçu. L'été est évidemment propice à cette manière de privilégier l'intensité du moment à une quelconque efficacité dramatique. I Comete n'en est pas moins un film d'une grande tenue, dont chaque plan impressionne à la fois par sa maîtrise et sa liberté. Rares sont les œuvres capables de faire entendre, avec une égale justice, la parole de chaque génération. Plus qu'un joli décor, ce bout de Corse devient un lieu que Tagnati nous permet d'habiter. Raphaël Nieuwjaer

De Pascal Tagnati, avec Jean-Christophe Folly, Pascal Tagnati, Cédric Appietto... En salle

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D'ÉTAT

Mémoire vive

Tomasz Ziętek © Łukasz Bąk

Prix du public et de la critique lors du dernier Arras Film Festival, ce thriller politique retrace l'assassinat, en 1983, d'un jeune homme par la police du général Jaruzelski, dernier dirigeant du régime communiste polonais. La tentative d'étouffement de cette affaire par les autorités entraînera un soulèvement populaire et, in fine, annoncera la chute du pouvoir en place.

Varsovie 83, une affaire d'état de Jan P. Matuszynski, rend hommage à Grzegorz Przemyk, fils de Barbara Sadowska, une poétesse et militante anticommuniste. Arrêté avec quelques camarades parce qu’il n’avait pas ses papiers, le jeune homme est battu avec sauvagerie par la milice citoyenne (la police de Jaruzelski). Il décèdera 48 heures plus tard, à l'aube de ses 19 ans. Pour contrer l’engagement de sa mère et le combat de son ami Jurek, le gouvernement et les renseignements polonais font pression sur des proches, travestissent la vérité, traînent la victime dans la boue, organisent une parodie de procès… Filmé avec l’efficacité du cinéma d’action, le récit réveille une époque pas si lointaine : le soulèvement de Solidarność face au régime totalitaire polonais des années 1980. Porté par l’interprétation sidérante de Tomasz Ziętek, galvanisé par la musique d’Ibrahim Maalouf, Varsovie 83, une affaire d'état, est un grand thriller politique, dressant un pont entre passé et présent. Comme le déclare le cinéaste : « en ravivant la mémoire nous espérons que l'histoire ne se répète pas ». Puisse-t-il être entendu… Grégory Marouzé

FIGRA

© Arte Distribution

En prise directe

Le 22 mars dernier, Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka étaient les derniers journalistes à quitter la ville de Marioupol, en Ukraine. Sur France 2, la reporter Stéphanie Perez craignait alors un « trou noir de l’information », nous rappelant à quel point ce travail est essentiel, surtout à l'heure de la propagande et des "fake news", où les faits valent moins que les croyances. Voilà justement 29 éditions que le FIGRA* met à l'honneur les reporters ou documentaristes œuvrant sur le terrain, témoignant avec justesse de l’état du monde. La guerre dont souffre l’Est de l’Europe occupe évidemment une place importante cette année. Dans Poutine, le retour de l’ours dans la danse, Frédéric Tonolli analyse ainsi la politique expansionniste du maître du Kremlin – car oui, l’Ukraine n’est qu’une étape. On découvre aussi l'enquête menée par Ksenia Bolchakova et Alexandra Jousset dénonçant les crimes de la société paramilitaire russe Wagner. D’autres productions remettent également sur le devant de la scène des horreurs n'occupant plus la "une" des journaux, mais qui hélas perdurent. Citons le film Les rêves brisés des Afghanes, dans lequel Pierre Monégier donne la parole à ces femmes dont les espoirs ont été réduits à néant par le retour des talibans… Il s'agit de montrer, et dire, pour ne pas oublier. Maïssam Mezioud

* Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société

Douai, 31.05 > 05.06, Cinéma Majestic, pass festival : 12€ (une séance offerte puis chaque séance à 2€) • 1 séance: 4€, www.lefigra.fr Sélection / Frédéric Tonolli - Poutine, le retour de l’ours dans la danse Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova - Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine Pierre Monégier - Les rêves brisés des Afghanes

Alors qu’une opération a décimé son unité en Afghanistan, le soldat Christian Lafayette revient en France pour renouer avec une vie normale. À son retour, il est mêlé malgré lui à un trafic d’opium. La mission dont ses frères d’armes et lui sont les seuls survivants n’était pas celle qu’ils imaginaient… À la croisée du polar et du cinéma d’action, social et politique, ce premier long-métrage de Mathieu Gérault offre des rôles sur-mesure à deux des acteurs les plus doués de leur génération : Niels Schneider (Diamant noir) et Sofian Khammes (La Nuée). Ce dernier bouleverse dans la peau d’un jeune homme d’origine maghrébine, brisé, mutilé par la guerre, qui a cru à l’armée comme moyen d’intégration. Un film "viril" mais pas dénué de sensibilité ni de pertinence. On aime ! Grégory Marouzé

De Mathieu Gérault, avec Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, Denis Lavant... En salle

© UFO Distribution © Susumu Mitsunaka

DÉTECTIVE CONAN : LA FIANCÉE DE SHIBUYA

Dans le quartier de Shibuya, à Tokyo, le détective Conan doit enquêter sur une affaire complexe, mêlant terrorisme, vengeance, personnages mystérieux et inquiétants… Véritable institution au Japon (où le petit héros créé par Gosho Aoyama est décliné sous forme de séries TV, produits dérivés, jeux vidéo…), Détective Conan connaît avec La Fiancée de Shibuya sa 25e (!) adaptation au cinéma. Cette aventure signée Susumu Mitsunaka (aussi derrière l’anime de volley-ball Haikyū!!) s’adresse, comme ses prédécesseurs, aux publics adolescents et adultes. Naviguant entre action, comédie et drame, cet épisode aux styles graphiques variés impressionne pour ses séquences d’action au découpage impeccable, ses plans de ville vertigineux, que Michael Mann ou Christopher Nolan ne renieraient pas. Grégory Marouzé

WINNING TIME

© © 2022 Home Box Office, Inc.

La main au panier

En 1979, les Los Angeles Lakers sont dans le creux de la vague, distancés par les Boston Celtics et boudés par le public. Un ancien chimiste et investisseur immobilier rusé en profite pour racheter la franchise. Sous sa direction, le basketball va entrer dans l'ère du spectacle...

Produite par Adam McKay (auteur du récent Don't Look Up : Déni cosmique), Winning Time est un tourbillon narratif qui ne néglige rien de son sujet. Didactique mais toujours séduisante, la série envisage le club comme entreprise capitaliste, le jeu comme stratégie et l'équipe comme collectif humain. L'entrée dans les années 1980 marque aussi un passage de relais entre la génération impliquée dans la lutte pour les droits civiques et celle qui se laissera portée par les plaisirs de la célébrité et de la consommation. L'opposition pourrait être caricaturale entre l'austère Kareem AbdulJabbar (Solomon Hughes) et le fougueux Earvin "Magic" Johnson (Quincy Isaiah). Mais la relation se révèle plus subtile, sortant Abdul-Jabbar de sa raideur physique et morale, et soulageant Johnson de sa naïveté adolescente. Portée par l'euphorie du changement, la série est profondément travaillée par l'insatisfaction et la décrépitude. Fugaces, les triomphes sportifs se révèlent moins un acquis qu'une hantise. S'appuyant sur un casting brillant (notamment le toujours formidable John C. Reilly, et le trop rare Jason Segel), cette première saison pose ainsi les fondations d'une fresque qui s'annonce absolument passionnante. Raphaël Nieuwjaer

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